bulletin n° 22 - Association des Amis des Câbles Sous
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bulletin n° 22 - Association des Amis des Câbles Sous
ASSOCIATION DES AMIS DES CABLES SOUS-MARINS Le navire-câblier ARAGO. BULLETIN N° 22 – DECEMBRE 2002 LE MOT DU PRESIDENT par Alain Van Oudheusden N ous avons demandé à Jean Devos, expert international renommé, Président de Suboptic et d’Axiom de faire le point sur la crise actuelle des câbles sous-marins et les conditions du renouveau. En fait, nous reprenons l’article écrit pour le «journal de Bord » avec la double autorisation de l’auteur et de FTMarine. La crise perdure, de nombreux nouveaux opérateurs sont en faillite, les sociétés ayant pignon sur rue souffrent et cette situation dramatique entraîne de nombreux malheurs sociaux. Le Fresnel est redevenu le navire-ravitailleur qu’il était à son lancement et il est désormais prêt pour de nouvelles aventures dans l’offshore, éventuellement sous un autre pavillon. La fin de l’année approche et le René Descartes, navire-câblier tout neuf est resté l'arme au pied. Pour nous rappeler une époque de l’histoire des câbles plus agréable, Jean Devos évoque l’époque pas très lointaine d’Alcatel en Australie. Deux Amis viennent de nous quitter : le commissaire Raymond et le Maître d’Hôtel Louis Mendy. Nous adressons toutes nos condoléances à leurs familles éprouvées. Nous rappelons la saga des câbles sous-marins de la Côte d’Afrique et de la base de Dakar. Une longue histoire franco-africaine, les navires-câbliers Arago, Alsace mais aussi Léon Thévenin en station à Dakar. Les stations télégraphiques de la Côte d'Afrique mais aussi les centres téléphoniques de Dakar et Abidjan. Rendons hommage à tous les marins sénégalais et maliens qui, embarquant sur un navire à Dakar se sont retrouvés à La Seyne sur Mer à partir de 1948. Ils ont fait souche, mais ils ne se doutaient pas, ces courageux marins, qu’en suivant leur navire-câblier, ils devraient aller chaque année à Terre Neuve avec L’Ampère, épreuve remplie avec leur bonne humeur habituelle. Je me souviens particulièrement d’Albert Sadio, chef cuisinier de son état et spécialiste du Capitaine farci à la Wolof (c'est un poisson dois-je préciser) et des Maîtres d’Hôtels Keita et Louis Mendy, toujours très attentif à la hiérarchie. Ils ne sont plus là, mais le dernier carré des africains qui fréquente le marché provençal seynois, nous rappelle le bon vieux temps et les anciens «sages ». Grâce à une équipe éditoriale renforcée et motivée, la parution du Bulletin retrouve son cours normal. Le site Internet a subi un coup de jeune et je vous rappelle son adresse : www.chez.com/cablesm/ : à la technique, Marc Leca et J. L. Carayon, aux programmes J L Bricout et G Fouchard. Vous retrouverez dans ce bulletin quelques morceaux choisis des commandants L.C. Mertz et Francis Lagrippe. Les Mémoires de Henri Renouard, commissaire de la Charente nous ont été confiées par la famille Audic, qui habite toujours la maison de notre « ancien » dans l’anse de Balaguier. Ainsi, nous couvrons toutes les époques de la saga du « câble », bonnes ou mauvaises. Notre ami pierre Romano, infirmier aux armées avant d’intégrer les câbles sousmarins, vient d’être décoré de la médaille militaire. Nos félicitations à l’heureux récipiendaire. Je souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d'année et des archives à découvrir pour le plaisir des Amis. A. Van Oudheusden LA VIE DE L'ASSOCIATION Réunion Le bureau s'est réuni 2 fois ce mois ci : CONFERENCES Le 07 novembre pour échange de point de vue pour la parution du bulletin N°22. Gérard Fouchard, à animé en ce mois de novembre, 3 conférences Le 21 novembre dans les locaux de"bureau conseil" à la Seyne pour la mise à jour du site internet. Le 12 novembre Salle Mozart à TOULON SITE INTERNET Le bureau a rencontré dans les locaux de "bureau conseil" à la Seyne, M CARAYON JL (qui compte faire partie de l'association en 2003 ) M CARO spécialiste des sites web. La mise à jour et l'entretien du site sera réalisé par Mrs CARO et marc LECA qui seront tous deux WEBMASTER L'alimentation en article et rubrique sera faite par Mrs FOUCHARD et BRICOUT JL Théme : le 08 mai 1902 Les câbliers, témoin privilegiés de l'éruption de la montagne pelée. Le 19 novembre A la Seyne sur Mer Colloque HPS Théme : La base de la Seyne sur Mer pendant l'ére du câble téléphonique (1950 – 1990). Le 21 novembre Institut Michel Pacha université de Lyon. Théme : La crise actuelle des télécommunications. ª La nouvelle adresse du site de l'association. www.chez.com/cablesm/ LIVRES parus avec participation des membres du bureau. Edition FLOHIC Le patrimoine des Télécommunications Edition Undersea Fiber communication Sytemes Ouvrage établi sous la direction de José Chesnoy Editeur Elsevier ( USA ) Quelques amis lors de l'ag de juin 2002 LES CÂBLES SOUS-MARINS EN AFRIQUE DE L’OUEST Par Gérard Fouchard Notre Ami louis Mendy vient de nous quitter. Il aurait apprécié que nous rendions hommage à la présence des navires-câblier en Afrique et des africains sur les navirescâblier. Une longue histoire, une page de notre histoire commune, l'histoire d'une amitié de plusieurs générations. Témoignons que notre histoire commune ne fut pas seulement celles des guerres. Le réseau télégraphique Les premiers câbles sous-marins posés le long des côtes d’Afrique de l’Ouest sont des initiatives européennes. Les gouvernements espagnols et français financèrent une guirlande de câbles sous-marins reliant Cadix – Ténériffe (partie espagnole), Tenerife – Saint Louis – Yoff – Dakar (partie française). Les câbles sont posés en 1884 et 1885 par le constructeur britannique Indian Rubber pour le compte de l’opérateur Spanish Submarine Telegraph Co. Puis trois compagnies britanniques ont installé un réseau centré sur Bathurst et Dakar : (i) La West African Telegraph Co pose en 1885 – 86 une guirlande reliant Saint- Bonny (Nigéria). Ces câbles sont prolongés en 1886 – 87 sur Grand Bassam – Accra – Cotonou – Saint-Thomas – Loanda et Saint-Thomas – Principe – Libreville. (ii) Saint-Louis – Dakar – Bathurst – Boloma (Guinée Bissau) – Bissao – Conakry – Freetown – Accra – Lagos – Brass et (iii) L’African Direct Telegraph Co pose un réseau britannique en 1900 (iv) pour relier la Grande Bretagne à Bathurst - Freetown – Iles Ascension et Saint-Vincent puis l’Afrique du Sud. (v) Enfin, la South Américan Telegraph Co (SACC) pose les câbles Dakar – Fernando – Recife en 1892 avec l’aide de capitaux français. Le premier réseau télégraphique d’Afrique de l’ouest s’appuie initialement sur les câbles sous-marins. Ensuite, il rejoint les villes de l’intérieur par de lignes télégraphiques aériennes. Installation d'une ligne terrestre carte du réseau télégraphique terrestre et sous-marin en 1897 (selon l’Illustration) Le journal l’Illustration publie un article sur la situation en 1897 assorti d’une carte du réseau. D’autres pays européens ont des ambitions coloniales en Afrique de l’ouest, et pas seulement la Grande Bretagne et la France. Tous s’inquiètent du monopole britannique sur les communications vers l’Europe. Pour s’en affranchir : (1) La France installe en 1905 un câble direct Brest – Dakar, construit à Calais qui double la liaison existante transitant par Cadix (Espagne). (2) L’Allemagne installe en 1912 un réseau reliant Borkum (Allemagne) – Vigo (Espagne) et Monrovia (Libéria) avec le navire-câblier Stephan. En 1912 également, le Gouvernement français provoque l’achat des câbles Dakar– Fernando et Fernando–Pernambouc de la SACC. Il créé la Compagnie des Câbles Sud-Américains (SUDAM) (décret du 15 octobre 1912). La SUDAM profite du programme allemand pour s’y raccorder à Monrovia. Elle commande à l’industrie allemande les deux liaisons Monrovia – Grand Bassam et Monrovia – Cotonou qui sont posées par le Stephan en 1913. Entre 1914 et 1918, l’Afrique est touchée par la Guerre. En 1915, la France et l’Angleterre détournent les câbles allemands. Le câble allemand Borkum – Vigo – Monrovia devient britannique dans la Manche, et est détourné par la France dans sa partie Atlantique pour constituer une liaison Brest - Casablanca - Dakar. En 1919, ces câbles sont définitivement attribués aux vainqueurs, au titre des dommages de guerre ainsi que les câbles Libreville – Port Gentil, Port Gentil – Pointe Noire et Cotonou - Lomé. 1932 - Un navire câblier à Dakar. En 1932, l'administration des PTT construit à Dakar un dépôt de 2 cuves et y affecte un câblier qui sera progressivement doté d’un équipage africain. L’Arago est un ancien navire-câblier britannique construit en 1914 (Transmitter). Ses dimensions sont les suivantes : longueur 63,5 mètres, largeur : 9,10 mètres et creux 5,9 mètres. L’armement du navire à Dakar coïncide avec la vente des navirescâblier de la CFCT, ce qui permet au service des Câbles sous-marins d’embaucher le personnel disponible. Or, le personnel de la CFCT bénéficie d’un statut conformément à la législation maritime, et l'administration aurait souhaité se dispenser des obligations imposées aux armateurs ! Sous la pression du personnel, elle signe un statut avec les représentants des Equipages et des Etats-Majors. se rendre à Dakar et d’attendre. L’Arago appareille de Toulon pour couper le câble Gènes-Barcelone et se réfugie à Port Vendres puis se joint à un convoi vers l’Angleterre pour regagner Oran puis Mostaganem (L’Arago garde le port de Mostaganem). L’Ampère 2 à Oran lorsque survient l’attaque de Mers-El-Kébir. Fin août 1940, les deux navires sont à Oran. L’Alsace, toujours à Dakar, assiste à l’attaque du 23 septembre 1940 par les Forces Françaises Libres (FFL). Par crainte de le perdre, la Direction lui fait faire mouvement sur Casablanca. Le 8 novembre 1942, au moment du débarquement d’Afrique du Nord (opération Torch), l’Alsace devait retourner à Dakar, mais les Anglais refusent. Il doit aller à Gibraltar ou il y passe Noêl 1942. La première tâche du navire est de reconfigurer le réseau qui prend sa forme définitive indiquée en annexe(Grand Bassan – Cotonou 1935 et Lomé – Douala 1940). La guerre et la fin du réseau des câbles télégraphiques (1938 – 1965). En 1938, la guerre européenne touche l’Afrique. L’Etat-Major et les principaux maîtres qui vivent à Dakar avec leurs familles doivent regagner la métropole en septembre 1939 lorsque les navires sont militarisés. On confie à l’Arago la pose la liaison Marseille – Oran. Il est ensuite prévu de transférer son personnel de l’Arago sur l’Alsace. Ce nouveau navire qui est en cours de finition au Havre doit prendre la station de Dakar dès sa mise en service. L’Alsace doit prendre la station de Dakar son personnel dès sa mise en service. L’avance des armées allemandes perturbe le programme. Dès la fin de son armement à Brest, le navire est envoyé pour réparer un câble près des Açores quelques jours avant la prise de Brest par l’occupant. Sans nouvelles de la Direction, l’Alsace décide de La permutation des équipages de l’Arago et de l’Alsace a finalement lieu à Casablanca en avril 1943. En décembre, l’Alsace est enfin à Dakar avec son équipage africain. Il y restera jusqu’en 1948 et regagnera définitivement La Seyne sur Mer en conservant son équipage. Le réseau d’Afrique de l’Ouest continuera à être entretenu par les navires basés à La Seyne et l’Ampère sera envoyé chaque année jusqu’en 1965. Les câbles sont alors abandonnés au gré des interruptions. Les câbles téléphoniques (1973 –1995). Pendant l’époque des câbles téléphoniques, les flux de trafic téléphoniques restent orientés Nord-Sud entre les nouveaux pays indépendants et l’Europe. Il y a peu de trafic régional. Deux grands systèmes sont installés entre 1973 et 1980, la guirlande côtière, puis en 1982, le système Atlantis. Atlantis devait être prolongé de Dakar à Abidjan mais la récession ne le permis pas et le trafic intercontinental fut assuré par les satellites Intelsat. Un nouveau dépôt à câble comprenant 4 cuves fut construit dans l’enceinte du port de Dakar pour abriter les réserves et Dakar était une base possible désignée dans l’Accord d’entretien des câbles d’Atlantique (ACMA). Le Léon Thévenin y séjourna à plusieurs reprises. de branchement. Son coût de plusieurs milliards de dollars le rendait irréaliste compte tenu du faible trafic entre les pays Africains. Les câbles à fibres optiques (2000 – 2002). L’idée de l’Afrique du Sud est de s’appuyer sur les systèmes existant entre l’Europe et le Brésil via Dakar (Atlantis 2), et entre l’Europe, l’Egypte Djibouti, l’Inde et Singapour (SEA-ME-WE 2 et 3) puis de compléter les routes entre l’Afrique du Sud, l’Inde et le Sénégal par deux systèmes dans l’océan Indien (SAFE) et dans l’océan Atlantique (SAT 3). Les capitales des pays d’Afrique de l’Ouest reliées au SAT 3 sont Dakar, Abidjan, Cotonou, Lagos, Douala et Libreville. Ce programme fut réalisé entre 1998 et 2002 assurant un raccordement au réseau mondial à fibres optiques à tous les pays d’Afrique de l’Ouest. Ils bénéficient de tous les nouveaux services de télécommunications via l’internet.. A partir de 1990, tous les continents sont reliés au réseau mondial par les premiers câbles à fibres optiques. Le Sénégal prend l’initiative de la construction d’un système reliant Dakar, Conakry, Monrovia et Abidjan. Il est apparu que ce système ne pouvait pas être installé sans la participation du Nigéria et une connexion vers le Nord sur le réseau européen soit à Madère, soit à Casablanca. Le projet Africa One, étudié par l’industrie et des financiers américains devait ceinturer l’Afrique en se raccordant à tous les pays côtiers Africains par l’intermédiaire d’unités Les câbles sous-marins télégraphiques Année Atterrissements Fournisseurs Longueur (km) Premier propriétaire 1884 1884 1885 1885 1892/07 1892 1886/02 1886/02 1886/02 1905 Cadix – Tenerifffe Indian Rubber, G Tenerifffe - Saint-Louis Indian Rubber, G Saint-Louis – Yoff Indian Rubber, G Yoff - Dakar Indian Rubber, G Dakar-Fernando de Norh. Indian Rubber, G Fernando - Pernanbouc Indian Rubber, G Cotonou - Libreville West African Tg Dakar – Conakry West African Tg Grand Bassan - Cotonou West African Tg Brest - Dakar S. Indust. des Tph 1593,307 1664,118 194,780 14,563 3152.381 643.106 1217,201 865,983 822,043 4488.583 Spanish Sb. Telegraph C° Spanish Sb. Telegraph C° 1912 1912 1913 1913 1909/15 1910/16 1910/19 1910/19 Conakry - Monrovia Monrovia – G. Bassan Libreville – Port Gentil Port Gentil – Pointe Noire Brest – Casablanca Casablanca – Dakar Monrovia - Lomé Lomé - Douala Dakar – Conakry n° 1 573.620 926.259 170.258 797.716 2557.582 2959.496 SUDAM SUDAM Ministère PTT Ministère PTT Germ. South Amer. Tg C° Germ. South Amer. Tg C° Germ. South Amer. Tg C° Germ. South Amer. Tg C° Ministère PTT/FCR 1913/35 1913/21 1913/40 1932 Grand Bassan - Cotonou Cotonou – Lomé Cotonou – Douala Dakar – Conakry n° 2 1012.951 152.449 1077.014 1170,464 Ministère PTT/FCR Ministère PTT/FCR Ministère PTT/FCR Ministère PTT/FCR Norddeutche Seek Norddeutche Seek S. Indust. des Tph S. Indust. des Tph Norddeutche Seek Norddeutche Seek Norddeutche Seek Norddeutche Seek Indian Rubber, G Indian Rubber, G South American Teleg C° South American Teleg C° Ministère P&T Ministère P&T Ministère P&T Ministère PTT Les câbles sous-marins téléphoniques Année Atterrissements Fournisseurs Longueur (km) Répéteurs Capacité (3/4 kHz) 1973 1977 1878 1980 1978 Penmarc’h - Casablanca Casablanca - Dakar Dakar - Abidjan Abidjan - Lagos Marseilles – Tetouan Submarcom Submarcom Submarcom Submarcom Submarcom 1916,820 2703,920 2620,580 1118,608 1520,492 92 125 121 53 168 480/640 480/640 480/640 480 2580 1980 1982 1982 Penmarc’h - Sesimbra Burgau – Dakar (ATL) Dakar – Recife (ATL) Submarcom Submarcom STC 1444,560 2818,744 3432,000 166 293 258 2580/3440 2580/3440 1380 G Fouchard OU VA L’ACTIVITE « CÂBLES SOUS-MARINS » ? Jean Devos, Président d’ Axiom Membre de "Don Quichotte Consulting » NDLR. Avec la double autorisation de l’auteur et d’Alain Suard, président de FT-Marine, nous reproduisons l’article du « Journal de Bord » n° 20 de FT-Marine paru en octobre 2002. Introduction La vague était trop forte, pour que la sagesse puisse ces dernières années l’emporter. Des excès inévitables ?. L’Internet, a fasciné, attiré et généré un surinvestissement. Des prévisions trop optimistes et c’est la bulle. Les prix chutent et la bulle éclate ! L’assagissement est là mais les effets dévastateurs vont se faire sentir quelque temps : les infrastructures sont des investissements lourds, un mal nécessaire, dont le cout doit être partagé. On a construit 12 câbles transatlantiques en 1999 et 2000 ayant chacun la capacité suffisante !! Finance Nous sommes entrés brutalement dans un monde où la décision de faire un câble ou pas dépend de la bonne volonté des prêteurs. Mais les marchés financiers mêlent conservatisme et innovation. Ils passent de l’enthousiasme pour les approches innovantes au refus de toute idée, même la meilleure. En outre pas de grandes visions stratégiques, la rentabilité doit être forte et immédiate. La Technologie. La Technologie a été un peu négligée par les nouveaux leaders, plus gestionnaires qu’ingénieurs. La part majoritaire du cout d’un système équipé est dorénavant dans les terminaux, ce qui permet d’étaler le cout dans le temps et la capacité d’un câble a été multipliée par 100 !. Cette possibilité d’étalement de l’investissement est un facteur clé dans un environnement où le cash flow est devenu très important. En ellemême, cette évolution technologique sans précédant aurait suffi à satisfaire des besoins pourtant croissants. Il n’y avait nul besoin à y rajouter une compétition sauvage entre des réseaux surabondants, tous basés sur le même business-plan. Les acteurs . L’idée de « carrier’s carrier » est logique dans un monde dérégulé, mais le modèle semble pour l’instant défaillant. Les grands opérateurs ont continué à investir directement pour leurs besoins essentiels, seul moyen d’avoir la capacité au prix coûtant. Par ailleurs, ils sont lourdement endettés. Les restructurations et les consolidations vont continuer. Il en sortira un petit nombre de grands opérateurs. La capacité mondiale de production a été multipliée par 10 entre 1990 et 2000 ! (de 30.000 km à 300.000 km). Le nombre de navires câbliers a suivi, pour atteindre aujourd’hui le nombre de 80 ! Les fournisseurs se sont lancés dans les services, supposés plus rentables. Alcatel, s’est lancé dans la maintenance terrestre et maritime et s’est équipé d’une flotte de navires. Les Japonais se sont épuisés dans leurs luttes intestines. Tous ont offert de financer les projets. Les fournisseurs sortent donc plutôt exsangues, de cette période d’expansion du marché. La situation n’est pas brillante : des réseaux « activés » à 15% en moyenne, les propriétaires sous « administration », les opérateurs endettés, les fournisseurs exsangues. L’activité est à l’arrêt .. QUEL FUTUR ? La croissance du trafic international est forte, entre 50 et 100% par an. Elle est durable, compte tenu, du potentiel Internet large bande. Il y aura donc des besoins de capacité, et l’activité va reprendre. A quel niveau, quand et avec qui ? 1- Quand ? De nombreuses incertitudes subsistent quand à l’utilisation rationnelle des câbles installés mais on peut affirmer qu’à l’exception des « upgrade », et de quelques projets régionaux , le vrai redémarrage de l’activité ne se fera pas avant 2005 ,peut-être même un peu plus tard . 2- Quel niveau ? On ne retrouvera pas le niveau d’activité des années 2000/2001. On va traiter les infrastructures d’une manière plus raisonnable, plus coopérative. Deux réseaux concurrents seront construits, l’un par un consortium de carriers, l’autre par un « carrier’s carrier ». La communauté financière sera elle aussi plus prudente. La technologie va continuer à évoluer L’ « ultra dense WDM » pourrait multiplier par 10 la capacité d’un câble. La technologie à 40gbits par longueur d’onde est à l’horizon elle aussi. Le marché des câbles sous-marins devrait s’établir à un niveau moyen d’environ 2.5B$/an, environ 60 000Km par an, à un niveau 40% du niveau moyen des années 98/2000. 3 Avec qui ? Une situation plus modeste en volume, des acteurs moins nombreux, des comportements plus lisibles, des prévisions plus fiables. -Projets : Les projets seront lancés par de consortiums d’opérateurs, ou parfois par des sociétés adhoc associant opérateurs et investisseurs. Ces deux solutions comportent des difficultés de cohabitation entre carriers concurrents dans un cas, entre carriers et investisseurs dans l’autre. Il faudra du pragmatisme et de la sagesse. -Fournisseurs : Dur dur !.. Il faudra être petit, performant et pas cher !! Il faut diviser par 3 la capacité de production des usines. Il faudra moins de 10 navires de pose et pas plus de 30 pour la maintenance globale. Les grosses structures comme Alcatel et Tyco ont des révisions déchirantes à opérer : soit se replier sur un métier de base, soit continuer à « tout faire » ? Les opérateurs auront intérêt à partager entre eux les couts de maintenance. Les accords par zones géographiques ont un bel avenir. Le modèle japonais, mieux adapté aux temps de crise, va peut-être s’imposer. Une séparation des compétences : l’électronique chez « les Alcatel », le câble chez des spécialistes du type « OCC » et les navires chez les propriétaires des câbles. Ce serait une belle ironie de l’histoire. CONCLUSION : Il y aura un marché, mais la bulle récente ne peut et ne doit se reproduire. La structure du nouveau business reste à inventer, mais pour les fournisseurs de produits et services, l’avenir appartient à ceux qui seront pointus, réactifs, compétitifs, aux dauphins, pas aux hippopotames ! J DEVOS Juin 2002 Marché CSM 9 8 7 6 5 B$ 4 2000 1999 2 1998 1997 3 1 2006 2005 2004 2003 années 2002 1 2001 1996 1995 0 OPERATION ITUR Par Francis LAGRIPPE ODESSA Le Vercors ayant été programmé en début d’année 1995 pour procéder à l’installation du câble ITALIE/TURQUIE/UKRAINE/RUSSIE en commençant par la partie Mer Noire en septembre, il me fût demandé dans un premier temps de me rendre à ODESSA, pour épauler M Sallavuard représentant le courtier BRS, et essayer d’y trouver un ou deux remorqueurs capables de nous assister pour les opérations «charrue » qui ne manqueraient pas durant cette pose. Pourquoi ODESSA ? Parce que les pays concernés voulaient bénéficier du privilège du pavillon et faire travailler leurs navires ! Nous voilà donc, le mardi 6 juin 95 à 14h40, posés sur une piste en plein champ. De suite une impression nous envahit, celle d’être arrivés sur un aérodrome d’Afrique dans les années 50 ; De vieux hélicoptères Sukoy sont en train de rouiller ça et là, un véhicule russe assez fatigué avec une pancarte VIP attend au pied de la passerelle, tiens surprise ! Il est pour nous ! On aperçoit de vieux baraquements au bout du terrain, c’est l’aérogare ! Nous avons droit à une file d’attente spéciale, mais les cloisons de bois grillagé me font penser à un poulailler ! Bref, Sergueï le jeune agent qui nous réceptionne parle un très bon Français et nous précise être d’origine Grecque ce qui n’est en rien surprenant dans cette ville « Mosaïque de Peuples » au passé glorieux . En fin d’après midi nous découvrons notre hôtel le « Londonskaya » le plus prestigieux et le plus ancien de la ville, mais aussi « hôtel d’état » ! La première chose à nous être annoncée est qu’il n’y a pas d’eau chaude, parce que plus de gaz (de Russie) ! C’était après les péripéties du partage de la flotte de la Mer Noire mais la Russie faisait encore pression de tout bord ! Cela n’empêchât pas, durant le dîner sur le patio intérieur, d’avoir droit à l’orchestre Tzigane. Le Lendemain matin petit déjeuner au même endroit, mais le lait, le beurre et le chocolat étaient contingentés. Dans la matinée, après une réunion dans des locaux du port avec l’agent et trois officiels de la société SATCO, nous nous rendons à Alexandrovska à 30 km au sud d’Odessa pour y voir ce que nous proposent les Ukrainiens. Dans ce petit port qui ressemble plutôt à un chantier de démolition, seuls deux remorqueurs vétustes méritent notre attention, mais un seul risque d’être disponible au moment de la pose prévue en septembre. Il s’agit du « SVETLOMOR 4 » dont la taille, 61m semble disproportionnée par rapport aux 3744 CV de puissance, en fait 40 T au croc et un système « joystick » qui commande les 2 hélices, le propulseur Av et la barre, il est normalement armé par un équipage de 24 personnes ! Nous vérifierons par la suite que ce « monstre des mers » était un bon choix. Nous n’étions pas là pour faire du tourisme, mais de retour en ville l’après midi nous décidons d’explorer les lieux, en fait notre hôtel se situe a l’extrémité sud d’une promenade qui surplombe le port ; à l’autre extrémité se trouve le fameux escalier « à la poussette » du film « Potemkine « d’Eisenstein, nous sommes très fiers de l’emprunter, en bas nous constatons que près du port a passagers sont amarrés de rutilants petits bateaux hôtels, qui, nous apprit-on, naviguaient auparavant sur le Dniepr et le Dniestr , sans orchestre mais avec eau chaude et surtout beaucoup moins chers que notre hôtel d’état ! Il en faut bien des « Agents Patriotes » ! En haut de l’escalier se trouve la statue d’un célèbre émigré devenu Gouverneur, Monsieur Le Duc De Richelieu qui avait embelli la ville au début du XIXème , et je pense après quelques pas dans le centre, qu’il serait grand temps pour lui d’y revenir donner un sérieux coup de balai ! Sans commentaires ! Je vous signale seulement que la bière locale ressemblait à du mauvais sirop et que la demie boite de camembert coûtait à peu de chose près le prix de la boite de caviar, soit quelques millions de koupons la monnaie locale ! Autre anecdote, Sergueï nous avait offert pour le soir même, deux places à 90 000 Kps pour le très bel opéra baroque ou se jouait « Tristan et Iseult » Cette sommes devait représenter quelques francs, mais le programme, pour ceux qui le désiraient coûtait 6 US Dollars, la seule monnaie qui fût réellement utile et dont nous avions fait provision avant notre départ. Le jeudi 8 dans l’après midi nous reprenions un avion de la compagnie Autrichienne « Lauda Air » et les hôtesses vêtues comme des pilotes (de Formule 1) furent aux petits soins des passagers jusqu'à Vienne ! Moscou Les hautes autorités Rostelecom réclamant la présence du Commandant qui serait sur le Vercors pour la pose, à peine rentré en France il me fût demandé par la direction de me rendre à Moscou avec la délégation Alcatel pour la réunion finale avant l’opération partie Russe . Le 21 juin en soirée nous nous posions à Moscou et nous étions conduits au plus bel hôtel de la capitale de toutes les Russies, j’ai cité le « METROPOL » Le prix de la chambre était astronomique, mais le service unique ! Les 25 dollars US supplémentaires déboursés pour le petit déjeuner pris dans l’immense salle « Tchaïkovski », une sorte de Chapelle Sixtine aux plafonds couverts de fresques, étaient bien compensés par le le coup d’oeil . Le lendemain matin, meeting au siège de Rostelecom où toutes les phases de l’opération sont étudiés par le truchement de deux interprètes, puis réglés dans les moindres détails, Nous sommes ensuite invités dans un grand restaurant Arménien très typique où le repas à l’ambiance très conviviale, est entrecoupé de nombreux toasts où chacun doit trinquer au succès de l’opération ! Promenade d’après midi dans un grand parc près de la Moskova, puis retour au Metropol, qui très judicieusement se situe à deux pas de la Place Rouge, ce qui me permet enfin de fouler ses pavés et de voir le Kremlin de près ! Malheureusement et malgré l’heure peu tardive, tous les édifices sont fermés et la place est quasiment déserté ! Je ne fais donc aucune mauvaise rencontre mafieuse ou autre, comme me l’avait prédit le personnel hôtelier ! Psychose ! Psychose ! Le 23 très tôt nous reprenons l’avion pour Paris et là se termine mon incursion moscovite. ISTANBUL Le 17 août à 22h15 le VERCORS largue les amarres et quitte BREST son port d’attache pour rejoindre Istanbul où doit débuter l’installation du câble ITUR . La traversée se déroule sans encombres et le 25 à 06h30 nous embouquons le détroit des Dardanelles , puis après avoir doublé Canakkale, Kümren Burnu et Gelibolu (Gallipoli) nous pénétrons en Mer de Marmara ; tant de noms évocateurs et de lieux chargés d’Histoire ; je pense à Mustafa Kemal « Atatürk » Le père de la Turquie moderne ! Ce même jour à 17h09 nous mouillons l’ancre Bd, 3 maillons à l’écubier, dans le 235° de Ahirkapi Burnu soit, exprimé autrement, avec vue imprenable sur la Mosquée Bleue, Sainte Sophie, les vieux murs Byzantins et le Palais de Topkapi ! En tant que féru d’histoire de l’Empire Ottoman, je suis à mon comble d’aise ! Malheureusement, malgré mes demandes réitérées auprès de l’agence Sohtorik, impossible d’avoir une place à quai, alors que nous allons assurer une relève partielle et souter quelques 300m3 ! Priorité aux incessants paquebots Russes qui déversent leur flot de touristes, grands consommateurs de produits de bazar, peu chers ou introuvables sur les bords de la Mer Noire. Dans la soirée du 26 le Vercors pénètre pour la première fois de sa carrière dans le goulet très encombré qu’est le Bosphore, surtout aux heures de pointe, et à proximité de Saray Burnu ; c’est là que débouche tout le trafic transversal en provenance de la Corne d’Or vers Usküdar sur la rive Anatolienne, et vice versa. Après avoir laissé Besçiktas avec le Palais de Dolmbahçe et l’ancien yacht de Kemal Ataturc sur nôtre bâbord (1), nous passons sous les deux immenses ponts suspendus, Bogaz Köprulu et Fathy Mehemet Sultan Köprulu, qui relient l’Europe à l’Asie, puis nous voyons défiler les deux rives et, qui se font face, chacun sur son continent, les très bien conservés châteaux Forts Ottomans, Anadolu kavagi et Rumeli Kavagi ! 19h35 Nous entrons en Mer Noire, qui comme je le constate, est réellement noire, de pollution ! Nous allons rester dans les parages à la sortie du Bosphore jusqu'à la nuit du lundi 28 pour nettoyer, grâce au « Tracteur » et au « Rouillard » la partie où le câble sera ensouillé durant la pose ; je passe sur le trafic et les nombreux pêcheurs qui patrouillent dans le secteur . Le Vercors fait ensuite à nouveau route sur Istanbul et retraverse le Bosphore, en sens inverse et de nuit cette fois. Au petit matin, nous sommes accostés par le caboteur Turc « Yasar Dogü » sur lequel nous transférons le câble d’atterrissement à Odessa, qui sera réalisé par une équipe Britannique. Etant en fin de mois c’est aussi le moment de la grande relève qui est faite sur rade grâce aux vedettes de l’agence. Je profite d’une de ces navettes pour me rendre « en ville », accompagné de nôtre agent francophone, M Yasar Ozel ; arrêt obligé dans une pâtisserie orientale pour déguster « Loukoum et Baklava » puis visite à l’agence, non loin de la grande place Taksim, enfin passage à l’Ambassade de France qui se situe tout en haut de la célèbre rue Istiklal, parcourue par un antique tramway qui descend jusqu'à la tour de Galata ; ce sera là, l’unique occasion pour moi, de fouler ces rues de la métropole et de pénétrer furtivement dans un petit bazar typique, grouillant d’une population cosmopolite et bigarrée . Le mardi 29 nous levons l’ancre puis rejoignons pour 8h la plage de Yesilköy en Mer de Marmara, et commencent les travaux d’atterrissement. Nous embarquons quatre observateurs Turcs qui à midi, à table sont fort surpris et rient beaucoup quand je leur apprend qu’à La Seyne sur mer nous avons la belle corniche « Michel Pacha », fameux bâtisseur d’édifices maritimes dans tout l’Empire Ottoman (2). En fin d’après midi tout est clair; mais la pose ne débutera qu’a 19h30, car un douanier pointilleux réclame à plusieurs reprises certains documents importants, puis les contemple et les manipule durant de longs moments, sans rien dire ! Nous sommes tous circonspects ! Enfin tout se débloque et va alors très vite lorsque nôtre Commissaire Yves LeFloc dépose sur le bureau, trois cartouches de cigarettes Américaines ! Quand je pense que lorsque la question du « Bakchich » avait été par moi évoquée, il avait été rétorqué : Ce n’est pas Suez ici, Monsieur ! Alors commencent les opérations sérieuses, et à la vitesse moyenne de 1 noeud nous posons notre câble au beau milieu d’un trafic important, traversant de part en part le « Rond Point » zone de séparation très théorique au débouché du Bosphore ; aucun pilote n’a voulu embarquer avant que nous ne soyons au travers de la Pointe du Seray où nous nous présentons à 00h00 précises, le 30 août donc ! Arrive de même le guard ship, une vedette un peu poussive, qui aura beaucoup de mal à écarter les curieux, qui malgré l’heure tardive viendront avec leur canots rapides, passer tout près de nos formes arrières notamment ; il faut dire que même dans le Bosphore, il est rare de voir de nuit un si gros navire, illuminé, qui à très faible vitesse, vient par endroits, raser le rivage en dehors des chenaux habituels ! A six heures du matin nous changeons de pilote devant Silvi Burnu, et le débarquant, harrassé, car lui aussi peu habitué à de si longs service, me réclame quelques paquets de cigarettes Françaises ! Je pense qu’il les a méritées ! Mais il nous faudra encore deux heures (de jour) pour atteindre la Mer Noire sous un fort grain de pluie, pour finir en beauté cette portion de pose peu habituelle ! Je me dois d’ajouter ici que tous , chef de mission compris(M Bourgeois), nous nous étions étonnés de cette traversée du Bosphore par un câble sous marin, dans le sens longitudinal s’entend, et des problèmes qui seraient très certainement rencontrées en cas d’intervention de maintenance ! Environ un mois après le câble était endommagé par une ancre de pétrolier, près de la Pointe du Seray, bien sur, et mon colègue (le Cdt Jarrige) qui effectua la réparation avec le R Croze, rencontra, pour la mener à bien, beaucoup de difficultés liées au trafic . Plusieurs mois plus-tard, suite à un autre défaut, le projet fût révisé et les trois quarts du câble furent relevés, de l’atterrissement jusqu'à un endroit assez large avant la Mer Noire, cette portion fût remplacée par un câble terrestre, beaucoup plus onéreux, il va de soi ! (1) Notre Ami Boreicha, a été Commandant de ce yacht un certain temps (2) M. Michel, Capitaine au Long Cours, était Directeur Général des Phares et Balises de l’Empire Ottoman. Il avait choisi de se retirer à Tamaris parce que l’endroit lui rappelait le Bosphore. A Suivre. Lieutenant sur le Baudot (1955-1956) Par L.C Mertz Loisirs et Etudes. Je dois à la vérité de dire que sans être une sinécure, les fonctions de lieutenant à bord d’un câblier, ne sont pas absorbantes. J’ai donc le temps de me livrer au modélisme naval, à la photo et au cinéma d’amateur. En fait je suis loin d’être le seul, entr’autres, mon ami Le Pache est un remarquable modéliste. Comme j’ai fait une coque de thonier à voiles, « Marie Jeanne » de Concarneau, et que je ne me sens pas capable de faire les engrenages du treuil à brinqueballe, je lui offre le modèle bordé et ponté. Il tire de mon ébauche un véritable petit bijou, une fois terminé. Il y fallait toute l’habileté d’un excellent mécanicien. A cette époque, Le Pacha construisait des modèles de grands voiliers qu’il mettait en bouteille. L’idée nous vint que je pourrais le filmer en 8 m/m entrain d’agir. Rendez vous fut pris et, pour que les prises de vues ne soit pas trop longues, il avait apporté plusieurs de ses modèles à divers stades d’exécution. Le réglage des projecteurs, et celui du macrocinéma avec une mise au point très précise me prenaient beaucoup de temps. Enfin nous pûmes voir le résultat sur l’écran. Hélas les ongles de mon collègue étaient irrémédiablement noirs, (comme tout bon mécanicien..) et cela se remarquait à la projection. Le film, à sa demande, fut donc interrompu après ce dernier « rush » Par ailleurs, après avoir fait des croquis cotés, sur les plages de Bretagne, j’avais construit, sur membrures ployées un « canot » du pays qui navigua fort bien. Pendant les longues nuits de garde, nous faisions la pêche à la palangrotte, le long du bord, sous les projecteurs. Nous quittions la garde avec un sac de pommes de terre plein de poisson. Je donnais à mon médecin ces poissons car il avait une famille nombreuse qu’il avait du mal à nourrir. Ayant fait la connaissance d’un ingénieur électricien, il me confia qu’il n’avait jamais pris de poissons. Je l’invitai à bord, une nuit où j’étais de garde, et il partit avec plusieurs sacs pleins. Il me raconta qu’à son retour, sa femme, déjà couchée, lui aurait dit : « alors bredouille, comme d’habitude ? » En guise de réponse, il versa triomphalement, un monceau de poissons sur la couette du lit.(C’est d’un délicat…) Nous sommes restés amis jusqu’à mon départ de Brest. Nous avions tous de bonnes histoires à raconter, le Commandant venait aussi avec les siennes et il nous faisait rire sans flagornerie de notre part. Il avait aussi inventé de les numéroter et quand il disait, par exemple »75 », nous nous tordions de rire, au souvenir de la galéjade évoquée par ce nombre. Car il faut dire, pour la mémoire de Buneau, qu’il avait beaucoup d’esprit et nous en faisait profiter. Quel dommage qu’il ait eu cette tendance au sadisme car il aurait été un charmant compagnon. En fait je n’ai jamais pu le détester franchement et lui serait toujours reconnaissant de ses efforts pour m’enseigner le métier de cableman. Emile Baudot M. Mesnier qui commandait le « Baudot » était plus taciturne. Il circulait par le bord en chantonnant : »Pom popo pom pom ». C’était son refrain d’homme calme et tranquille. Cependant, malgré son attitude paisible, il avait ses inimitiés, il n’aimait guère le Commandant Buneau (lui, non plus !) et certains chefs de mission. A l’occasion de mon anniversaire, je fis une petite fête à bord du « Baudot », les deux commandants y vinrent mais passèrent leur temps à se disputer. Je compris qu’il y avait eu un gros contentieux entr’eux. Pour ma part, j’entretenais de bonnes relations avec tous ceux des deux navires. Mon père m’avait offert une petite annexe de 2,3 mètres de long, 1,3 mètre de large et 0,5 mètre de creux. Elle avait été baptisée : « Coque de Noix » et son aspect justifiait son nom. Avant de prendre mon service, vers 8 heures, elle me servait à relever mes casiers à crabes, qui grouillaient d’étrilles et, si j’en avais le temps, je pêchais, à l’ouvert du bassin des orphies ou aiguillettes dont les arêtes sont vertes car leur sang contient du cuivre. C’est un régal pour les gourmets. Mais j’étais toujours Capitaine de la Marine Marchande et non Capitaine au Long Cours. Il était temps de me mettre au travail et je délaissai mes loisirs pour reprendre mes études. J’avais passé, sans succès, deux fois l’examen de sortie d’Elève Officier au Long Cours. Atteint par la limite d’age, je m’étais rabattu sur les épreuves du Cabotage où j’avais réussi largement. Il me restait à me présenter, pour la troisième fois à l’examen d’Elève Officier. Je repris donc mes anciens cours et, dans le calme de ma cabine, je travaillai surtout le soir, jusqu’à tomber de sommeil. Patient et obstiné, seul, sans professeur, je repris mes études. D'Arsonval On a vu que je passai, d’un bâtiment à l’autre, chaque fois qu’il manquais un lieutenant à bord du « Baudot »,pour revenir sur le « D’Arsonval », la campagne terminée. Le « Baudot », ancien câblier britannique était très différent de son matelot. Très classique dans ses formes, il était propulsé par deux machines à vapeur alternatives tellement silencieuses qu’il y avait, sur la passerelle, un mouchard indiquant, pour chaque hélice, le nombre de tours car, autrement, on n’aurait pas su si on était en route ou stoppé (Ce silence est d’autre part un des agréments incontestables de la vapeur) En raison du nombreux personnel embarqué, pour les missions, on avait ajouté derrière la longue cheminée blanche à bague noire, des constructions en bois pour y loger les deux lieutenants. Cet ajut avait été baptisé les « H.L.M. ». Au port c’était assez confortable mais, à la mer, l’ensemble faisait le parallélogramme déformable et je craignis plus d’une fois de me retrouver à l’eau. Tout ceci ne m’inspirait pas confiance. Heureusement, sa stabilité faible donnait un roulis assez lent, si bien que je me trouvais mieux à bord que sur le voisin. En travaux Les campagnes dont il me souvient furent celle de la pose du Hollande/Danemark (voir bull. N° 9) et celle de travaux en Loire, entre St Nazaire et Mindin Pour le Hollande/Danemark, nous avions la charge de baliser, avec nos bouées, le tracé du câble à poser, le navire poseur étant l »Ampère », troisième du nom, qui avait la vedette tandis que nous, pauvres minables, nous ne faisions que signaler la route à ce bateau de construction récente mais que je n’avais jamais vu. L’itinéraire du futur câble traversait un champ de mines, reliquat de la dernière guerre mondiale. L’année précédente, un dragueur de mines français avait déminé le trajet et sauté sur une mine. Le chenal était d’une largeur d’un demi mille dont il ne fallait pas s’écarter, sinon on était au milieu des mines. Heureusement, le Decca navigateur comportait une hyperbole qu’il fallait suivre rigoureusement pour ne pas quitter le tracé du futur câble et la zone de sécurité. Pour nous escorter, la Marine Nationale nous avait adressé un dragueur de mines nommé »Dompaire ». Ce nom pouvant être confondu avec celui d’Ampère, pour les communications radio, nous avons convenu d’un nom de fleur pour le dragueur. Le Commandant du « Dompaire » nous indiqua de passer devant, alors que lui se chargeait de vérifier la position de nos bouées. Si bien que si une mine avait été oubliée, c’était nous qui sautions. Pour nous rassurer il nous dit que dans cette éventualité, il serait bien placé pour sauver le personnel à la mer. Tout se passa bien jusqu’au jour où nous vîmes une aurore boréale, c’était splendide mais les décomètres (du Decca) se mirent à tourner sans plus donner aucune indication fiable, nous ne savions plus où nous étions, certains priaient pour que nous ne soyons pas au milieu des mines, le Commandant, toujours calme stoppa et fit mouiller une ancre, en attenant que le Decca nous donne une meilleure position. Les décomètres furent baptisés : déconomètres et chacun serra les fesses. L’orage magnétique passé, notre position s’avéra être au milieu du chenal dragué. Cette campagne se termina sans gloire et sans aucun mal. Pour la pose d’un câble en travers de la Loire, presqu’à son embouchure, le « Baudot » entra dans le port de St Nazaire et s’y amarra tandis que les embarcations du bord et un chaland affété pour la circonstance faisaient la pose Le Commandant n’y prit pas part car il ne s’entendait pas avec le Chef de Mission. C’est moi qui fus chargé de la partie nautique de l’affaire. A cet effet je fis planter des poteaux dans la vase, comme repères en alignement avec d’autres objets plus lointains. Tout allait bien quand la Douane se mêla de nos affaires. Ces débarquements de matériels étranges étaient des plus suspects, comment nous permettions nous de décharger tout cela sans en faire la déclaration. Il fallut tout expliquer et remplir des liasses de documents. Le commissaire et son écrivain s’en chargèrent et surtout, les chefs douaniers et leurs épouses furent invités à déjeuner à bord. Ils nous invitèrent chez eux et nous devînmes amis. Au coin du feu le receveur des Douanes me conta qu’il ne devait son rang, dans les douanes, qu’à son flair infaillible pour repérer les fraudeurs, dans la foule des voyageurs. Sa naïveté m’amusa et nous passâmes une bonne soirée à parler de taxations et de délits que j’ignorais. La loi est bien compliquée ! (à suivre) Coll. . par A Van oudheusden (Les notes en italique sont des ajouts au texte original) Une mission côtière parmi tant d'autre. Par JL Bricout. La Direction Régionale de Corse nous a sollicités, pour une intervention sur le câble Ruppionne-Propriano, le défaut se situe par 25 mètres de fond et à environ 600 mètres de la plage, symptôme évident du mouillage de navire. Pour cette réparation, nous avons mobilisé le "CASTOR 02" comme support, bateau appartenant à la société Fossélev ex " Serra Frères" dont les caractéristiques : 43 M long, 10 de large, 1.90 M de tirant d'eau, équipé d'un positionnement dynamique, de treuils, d'une machine à câble, d'une "chèvre" avec une poulie hydraulique, un portique avec croc de 25 tonnes et 2 de 5 tonnes, d'une plage arrière dégagée, nous permettant d'envisager cette réparation sous les meilleurs hospices. Lundi 15 octobre. Arrivée du Castor dans la darse à 08 H 00, embarquement du câble ( AKN 24 fibres ) à l'aide de dockers. Pendant ce temps, les soudeurs embarquent leur matériel ( Banc de jointage, tente, soudeuse, kits de réparation etc, etc ) en faisant en sorte de ne rien oublier, car la Corse n'est quand même pas la porte à côté. Nous avons aussi besoin de plongeurs, nous faisons donc appel à la SAMAR, avec Léo et Fifi, que l'on ne présente plus dans le milieu des câbles sous-marins seynois. Ils embarquent bon nombre de bouteilles d'air, du matériel sous-marin, et une embarcation en aluminium qui leur servira de soutien une fois sur place. Le Cdt Peyronné, Commandant du Castor et Dominique Vergnole, chef de mission, ont fixé l'appareillage à 14 H 00, à la fin de l'embarquement du câble et de tout le matériel. Le Castor, appareille à l'heure, les 2 Schottels font un bruit d'enfer pour nous décoller du quai, ce qui promet une fois arrivé sur travaux bien du plaisir. Pendant la route, l'équipe de soudeurs composée de M Bourguignon, N Rouvier, J Rouger, et Jean-Louis Bricout prépare l'extrémité de câble pour les mesures, mesures traditionnelles pour s'assurer que la section embarquée (2 Km de câbles doubles armures)est saine et sans défauts. Pendant les mesures réalisées par Alain Lefèvre Technicien. Nous "amarrons" tout notre matériel sur le pont malgré une météo des plus clémente jusqu'en Corse, mais on ne sait jamais ! la Méditerranée est traître et ne se laisse pas faire. Nous n'avons plus qu'à attendre l'arrivée sur site ( 21 H 00 de route ). Aussi, pour passé le temps, Fifi a prévu d'embarquer une canne de traîne, et 2 ou 3 "rapalas". Mise en place de la canne sur l'arrière du Castor qui file à 7 nœuds et tout le monde retourne à ses occupations. En fin d'après-midi en allant sur l'arrière nous constatons que 3 "Gabians"s'amusent à piquer sur ce qui nous semble être notre "rapala" Fifi décide de remonter la ligne et là, surprise, il sent une résistance, il pense que c'est un sac plastique, plaie de notre environnement, qui se serrait accroché. Léo intervient auprès du commandant, pour faire ralentir un peu le navire afin de pouvoir remonter l'ensemble, le poids de plus en plus lourd fait penser à une saleté prise, et quelle n'est pas notre surprise de voir monter une bonnite de 2,5 Kg qui fait le bonheur du cuisinier, et qui nous sert le lendemain un plat de poisson frais. Mardi 16 octobre. Nous arrivons à 14 H 00 sur les lieux, petite escale d'une heure au port de propriano pour débarquer le matériel des plongeurs, mettre à l'eau leur embarcation et les voilà partis sur la zone du défaut. En accord avec le chef de mission, il est convenu de couper le câble au fond de chaque côté du défaut présumé, d'éloigner de la zone de travaux cette longueur de câble endommagée, et de remonter à l'aide de ballons les 2 extrémités pour faire des mesures complémentaires. Une fois le défaut éclairci, on a appareillé et rejoint les plongeurs qui nous passent l'extrémité du câble coté large. Nous procédons aux mesures pour nous assurer qu'il ne reste aucun défaut. Pendant ce temps là, les plongeurs partent côté terre pour résorber une suspension du câble qui peut être dangereuse pour les baigneurs, la plage de propriano étant très fréquentée en été. Le Cdt vient nous voir dans l'après-midi, avec un bulletin météo qui n'est pas des plus réjouissant. Force 6 /7 est annoncée, pour mercredi soir ou jeudi matin, mauvais présage, nous décidons de changer de tactique, et de changer le sens de la réparation, à savoir l'épissure initiale côté plage et la finale côté mer ce qui nous permettra d'avoir le bateau "bout" à la lame. Aussitôt dit aussitôt fait, capuchonnage du bout côté mer, mis sur ballon et route pour prendre le côté terre quand que les plongeurs auront terminés. pour pouvoir accuser le coup de vent, le Cdt ne peut positionner le bateau que parallèle au câble et étant mouillé devant et derrière, il n'est pas possible de faire autrement. Tout se passe bien, les plongeurs avec leur embarcation tirent la boucle de chaque côté pour bien l'ouvrir et ainsi bien l'étaler au fond, une fois positionnée. Jeudi et vendredi 18 et 19 octobre. Le bateau se positionne en mouillant une ancre devant et en mouillant un corps mort de 8 tonnes derriére,.avec cela on devrait voir venir. L'épissure initiale se déroule sans problème, mais le coup de vent annoncé prend du retard. Après la fermeture de la boite de jonction et les vérifications par les techniciens de "terre " nous partons en pose ( 360 mètres ce n'est pas la mer à boire ). Le Cdt repositionne l bateau pour la finale, 2 ancres à l'avant, le corps mort à l'arrière et le câble en double, donc bien ancré. Grand bien nous en a pris, car pendant les mesures et le jointage, de l'épissure finale, le vent s'est levé force 7, une houle de 2 à 3 mètres rentre dans le golfe comme un cheval au galop, la pluie se met de la partie, bref un vrai temps d'hiver. Nous sommes obligés, de ceinturer la tente qui a des instincts de liberté, de colmater avec des bâches les entrées de câbles, le courant d'air nous empêchant de souder les fibres, nous terminons temps bien que mal le joint vers minuit, et décidions d'attendre le jour pour mouiller la finale. Samedi 20 octobre. Le vent s'est calmé, la houle est tombée, nous allons pouvoir mettre la finale à l'eau en expérimentant une nouvelle méthode. Nous faisons flotter l'épissure finale sur ballons, car Ils coupent les ballons un par un, pour poser en douceur cette finale au fond de l'eau sans contrainte. Ils font ensuite une survey sur toute la longueur du câble posé. Pendant ce temps nous allons prendre le bout du câble défectueux resté au fond, pour le relever, le débiter en morceaux de 6 mètres et l'évacuer une fois arrivé à la Seyne. L'opération de relevage dure 1 heure environ. Nous avons ressorti notre savoir-faire de matelot pour le mouillage de la finale et le relevage du vieux câble, mais comme on dit " C'est comme le vélo ça ne s'oublie pas" L'opération terminée, nous faisons une petite escale de 1 heure pour rembarquer l'embarcation des plongeurs ainsi que leur compresseur. Avec Martial nous avons profité de cette petite escale pour nous éclipser en vitesse pour aller en ville acheter un peu de charcuterie corse tellement bonne à déguster. Vers 15 heures nous appareillons pour la Seyne, dans la nuit nous avons de la forte houle, le Castor de part son fond plat tape au tangage à nous faire sortir de la bannette. Après toutes ces péripéties nous arrivons à la Seyne le dimanche à 13 Heures au quai de Fosselev. BJL L'affaire «tasman » Jean Devos, Président d’Axiom. J’ai eu la joie de signer pour Alcatel le contrat Tasman 2. La signature intervint sur un bateau chargé de personnalités australiennes, le 18 décembre 1987, par un soleil de plomb, dans la baie de Sydney. C’était une victoire historique, surprenante à bien des égards, que j’avais personnellement voulue ardemment. Et pourtant, personne de la Direction Générale Alcatel, ne s’est déplacé pour la circonstance. La prise de conscience de l’importance de ce succès ne viendra qu’un peu plus tard. Il est vrai que personne n’avait cru en la victoire, que notre équipe commerciale n’avait pu compter que sur ses propres forces. Ce jour là, je savourais cette victoire sur les Anglais, nos véritables concurrents. En effet, je sentais qu’on se dirigeait vers un monde tripolaire, US/Asie/Europe et que bientôt il y aurait un seul grand fournisseur européen. Cette victoire aux antipodes a impressionné le petit monde des câbles sous-marins, et a créé un véritable traumatisme chez STC ! Le soir de la signature, les journaux australiens rendront compte de la déclaration de STC : « L’Australie vient de prendre une décision qu‘elle regrettera très vite, car les Français ne seront pas capables de tenir leurs engagements ! ». C’EST LOIN L’AUSTRALIE ! L’histoire avait commencé 10 mois plutôt ! OTC avait organisé à Sydney un grand show de deux jours destiné à annoncer urbi et orbi, son plan de câblage fibre optique du Pacifique et son ambition de disposer d’une industrie de câbles sousmarins. L’ensemble de la communauté politique, industrielle et financière Australienne était présente. Le langage était à la mesure du pays et du projet : technologie nouvelle, matières premières locales, emplois nouveaux, ère nouvelle. Les fournisseurs intéressés furent invités à réagir et à présenter leurs savoir-faire. Un écran géant présentait le futur réseau, Tasman2, pacrim-est, PacRim-ouest. A l’autre bout on voyait l’Amérique et le Japon. C’est là que j’ai eu la révélation d’une adéquation possible entre leur ambition et la nécessité pour nous d’accéder à de nouveaux marchés. L’Australie voulait devenir un acteur adulte face aux américains et aux Japonais. Leur solution devait donc logiquement venir d’Europe. Le discours de STC ce jour là fut très révélateur, cherchant à dissuader OTC de vouloir une industrie locale. L’Australie était depuis longtemps un des clients naturels de STC ! Par contre, je pris conscience que les Australiens ne nous connaissaient pas ! C’est grâce à un Français implanté à Sydney que nous fûmes invités. Il était le représentant officiel du Groupe Alcatel-Alsthom en Australie, un peu frustré par son manque d’intérêt pour l’Australie. Il avait eu son heure de gloire en gagnant un contrat militaire. Depuis, plus rien. Il était membre du comité Franco-Australien dont le président avait été président d’OTC. Je rentrai à Paris très excité par cette perspective. J’expliquai à ma Direction Générale que nous pouvions gagner à deux conditions : (i) Nous faire connaître. (ii) Offrir sans réserve l’industrie dont ils rêvaient. On me prit pour un naïf ! L’accueil fut plus que mitigé, franchement sceptique. On me fit cette remarque que je n’ose qualifier : « Vous savez, Devos, l’Australie, c’est loin ! » .. Je compris que je n’aurai aucune aide et que je devrai me contenter de leur neutralité. L’essentiel était qu’on ne me bloque pas ! J’appelai le DG de STC pour lui demander d’arrêter ce jeu ridicule, que notre coopération devait s’appuyer sur la confiance et le respect mutuel. Nous étions en 1987, le TAT8 n’était pas encore posé et les technologies optiques étaient en développement. Il m’avoua que ses ingénieurs étaient sceptiques sur notre choix de jonc rainuré et qu’ils ne pourraient s’engager dans une coopération sans un processus formel de qualification du câble à fabriquer en Australie. Il s’interrogeait aussi sur la possibilité de faire accepter notre câble par le client. Je mis fin à cette tentative de rapprochement qui ressemblait trop à un piège. SUBOPTIC 1987 COOPERATION FRANCOBRITANNIQUE. Mon premier réflexe fut de tenter une approche commune avec les Anglais. Pourquoi pas une offre européenne, face aux américains et aux Japonais. ? Cela permettrait de partager les risques et cela me semblait augmenter nos chances. Il y avait là aussi, le germe d’une fusion plus complète ! Le Directeur de STC, à qui je m’en ouvrais, se montra ouvert ! Je lui proposais que le système (et donc les répéteurs) soient anglais et que le câble soit français. Nous eûmes deux réunions de travail sur le sujet. Un Protocole d'accord assez détaillé fut rédigé. En toute dernière minute, STC demanda le rajout d’une «précaution de langage » concernant la «qualification » de notre câble. Quelques jours plus tard je reçus une demande de quelques renseignements chiffrés sur les caractéristiques de notre câble. Puis arriva une autre demande, beaucoup plus significative. La décision d’organiser en France une conférence internationale sur les câbles- sousmarins fut un coup de génie. Nous devînmes le centre de gravité de l’activité, l’objet de toutes les attentions y compris des Australiens et néo-zélandais ! Ils écoutèrent nos conférenciers, visitèrent nos labos et usines, et furent aussi reçus par le CNET et France Telecom. Cette coopération entre l’industriel et l’administration était exactement le modèle qu’ils souhaitaient ardemment. L’Australie face aux américains et aux japonais, comme la France face aux américains et anglais ! Et pourquoi pas une coopération Franco-Australienne ! Ceci ne nous devint évident qu‘après. Nous avancions alors dans le noir, mais nous avons senti progressivement que notre chance résidait là : leur vendre la solution française. Après tout, la technologie ne pouvait être transférée qu’avec l’accord des PTT français. Jean Grenier m’apporta tout son soutient : une lettre signée de lui fut même intégrée dans notre offre. USINE AUSTRALIENNE : Pour pouvoir faire une offre crédible sur ce point il me fallait deux éléments : (i) Un descriptif d’une usine de câbles sous-marins et d’un atelier de montage de répéteurs. Un dossier suffisamment étayé pour que ceci soit crédible comprenant des lignes de fabrication modernes, des procédures de travail, des qualifications de personnels et des coûts. (ii) Un partenaire industriel australien qui apportera le savoirfaire local en management, soustraitances et relations. J’ai demandé l’aide de la Direction Industrielle d’Alcatel Câble pour le premier point. Après s’être engagé auprès de moi, le Directeur industriel voulut se faire couvrir par le Président. Celui-ci : « Ne perdez pas votre temps avec çà ! Que les commerçants fassent leur offre ! de toute manière, je n’y crois pas ! ». Ma colère m’a rendu plus déterminé encore ! Je constituais une petite équipe chargée de monter le dossier. Mes quinze années passées à Calais m’ont été utiles, sans oublier la contribution discrète d’un ami habitué aux transferts de technologies. Le dossier était magnifique : professionnel, documenté, chiffré et en couleurs. C’est dans le courant de cette préparation que tomba l’annonce du rachat d’ITT par Alcatel-Alsthom. Notre agent avait commencé quelques approches d’industries locales, mais pas la principale : STC Australia, du groupe ITT, cousine de notre grand concurrent STC (UK). Voilà que nous apprenons que cette dernière STC ne fait pas partie du périmètre acheté, la part de propriété de ITT y étant devenue minoritaire : Décevant pour notre ambition inavouée de devenir le seul européen, mais «super » pour notre offre australienne. Mon entretien à Bruxelles, siège d’ITT avec le président de STC Australie reste l’une de mes expériences fortes. Cet homme dont la société allait devenir «alcatel », n’avait encore, soit rien compris, soit pas accepté sa nouvelle situation. « Voilà 10 ans que je coopère avec les Anglais dans le Pacifique. J’ai une salle blanche où ont été assemblés des répéteurs STC pour le câble ANZCAN. J’ai un accord avec eux. Ils sont bien placés pour le projet à venir alors que vous français n’avez aucune chance, compte tenu du contexte politique et de vos essais nucléaires en cours dans le Pacifique ». J’étais abasourdi. Je le serai encore plus quand ma propre Direction Générale me dit ne rien pouvoir faire à ce sujet, car il fallait attendre la fin du processus formel de rachat d’ITT, soit plusieurs mois ! Nous fûmes sauvés par les Anglais eux-mêmes qui dénoncèrent l’accord en question, justement inquiets de voir leur partenaire devenir «français » ! Ce président enverra alors en France une équipe méfiante, sceptique. Passer d’ITT à Alcatel était vécu par eux comme une catastrophe ! Nous gagnâmes assez vite leur confiance et leur engagement sera alors exemplaire. Ils furent pour beaucoup dans notre réussite. Le seul vrai point d’achoppement avec eux fut ma décision d’offrir le Vercors comme bateau de pose de Tasman 2 et non celui de C&W qui aurait, selon eux la préférence du client. De mon coté, j’avais perçu la force du message que constituerait une offre 100% française, le navire de l’administration française devenant le symbole du plein soutien de celle-ci. Nos partenaires australiens pensaient le contraire mais je restais ferme sur ce point. Et on gagna ! La photo du Vercors sur fond d’Opéra de Sydney reste l’une de mes fiertés. Elle symbolise le fait qu’une fois la victoire acquise, tout le monde a suivi et transformé l’essai en une belle aventure de 10 ans. J Devos HENRI RENOUARD (1856-1931) Commissaire sur la Charente NDLR – Nous devons à la famille Audic, descendant d’Henri Renouard, habitant la maison familiale de Balaguier, le témoignage de leur ancêtre, Henri Renouard,commissaire à bord des deux premiers câbliers français : l’Ampère 1 et la Charente. Nous les remercions sincèrement, ce témoignage clarifiant l’époque des origines des câbles sous-marins et les débuts de La Seyne sur mer. La vie était difficile pour tous, les conditions de travail rigoureuses. Henri Renouard est né le 1er décembre 1856 à Montpellier. Son père Joseph est alors agent d’affaires et magistrat au Tribunal de Commerce de Montpellier et son oncle Jacques Durand bijoutier à Montpellier. Aîné d’une famille de 3 garçons, son père décède prématurément le 3 février 1863 à l’age de 36 ans. Il fait ses études à Nîmes au pensionnat saint Charles des Frères des Ecoles Chrétiennes, revenant à Montpellier pour les vacances passées dans la maison de campagne chez sa grand mère paternelle avec ses cousines. Au début de 1872, alors âgé de 15 ans, il apprend le métier de télégraphiste. Employé le jour, quelquefois la nuit comme surnuméraire, il alterne 24 heures de travail et 24 heures de repos. Il est nommé à Marseille en 1876 dans un grand bureau et utilise les appareils Breguet, Morse et Mayer. Il prend son service à 6 heures pour un longue journée entrecoupée de cours de télégraphie. Ses pensées vont souvent à Marie, une cousine de 16 ans, qui habite Metz, ville passée sous le contrôle de la Prusse depuis quelques mois et venant passer quelques jours à Montpellier. « Mon esprit est loin du jeu des cames de correction de l’appareil Hugues qu’on nous explique. Il se sent incapable de suivre le mécanisme de l’impression des lettres et des chiffres et le maintien du synchronisme ». écrit-il alors. Avec sa mère et son frère, ils habitent 119 rue de Rome, près du Prado, non loin du bureau télégraphique. Il continue ses études littéraires et scientifiques. Il se dévoue également au service des pauvres dans les conférences Saint Vincent de Paul. En février 1877, Henri et quelques amis créent l’Association Internationale des Etudiants Electriciens afin de favoriser la communication de leurs travaux et l’échange d’idées qu touche au progrès réalisés dans le domaine électrique. Henri est nommé secrétaire et les premiers adhérents sont les collègues anglais de la « Submarine Telegraph Company ». L’Administration, qui vient pourtant de signer plusieurs conventions avec l’Eastern, s’oppose à la poursuite de ce projet ambitieux et désintéressé. NDLR – Cette compagnie exploite les lignes de la Manche et de la Mer du Nord, dont les France Angleterre depuis 1851. Par ailleurs, l’Eastern bénéficie de Concessions qui lui ont permis de poser deux liaisons Marseille – Bône – Malte en 1870 et 1877. L’Administration a concédé une ligne entre la Manche et Marseille pour permettre à l’Eastern d’acheminer son trafic entre l’Angleterre et Malte en contre-partie de l’utilisation exclusive du ca^ble Marseille – Bône 1877. Son métier le passionne et accapare une grande partie de son temps. En avril 1877, il peut utiliser le Hugues et en mai, il émet 144 dépêches en 2h15 sur la ligne Marseille – Lyon. Son traitement est alors 1.200 francs par mois. Le clavier comporte autant de touches que les lettres et les chiffres et permet l’envoi de signaux qui sont imprimés sur un ruban de papier en réception. Il partage son bureau avec son ami Paul Bayol, un ami sincère qui partage ses moments de travail et ses discussions. Mais les discussions sont interdites sur les lieux de travail et Henri, comme Paul profitent de leurs moments de liberté pour améliorer leurs performance et traduire toujours plus de dépêches. « En sortant, j’avais en moi une tranquillité apparente. Rien ne me faisait mal, mais l’agitation était sourde et latente à l’intérieur. Mes nerfs étaient surexcités, mon poul battait avec vitesse et se gonflait fortement. Mon front était serré étroitement comme une chappe de plomb. Mes yeux et particulièrement leur pupille, étaient percés et appesantis de bas en haut. Une sueur moite me couvrait tout le corps. ». Le 8 août 1878, Henri se présente à l’examen d’aptitude au service de l’appareil à miroir Thomson du câble d’Alger. C’est un échec. Le 10 septembre, c’est un nouvel échec dont sa myopie est la cause principale. Le 12 septembre, son ami Paul le quitte. Il est mis en disponibilité pour préparer le diplôme d’ingénieur des télégraphes au lycée de Marseille. Nous sommes en septembre et le Directeur lui accorde un congé à Montpellier. logement de fonction, et lorsqu’il est à La Seyne, les Renouard font de nombreux va et vient entre Balaguier et l’usine. Henri est très occupé, en particulier à traduire les articles techniques qui paraissent en anglais dans l’Electrical World ou dans le Scientific American et les transmet au journal français Cosmos. En 1886, Henri embarque sur la Charente pour la Tunisie. Ce navire de 1.000 tonneaux est affecté depuis 1873 à La Seyne. Il embarque un équipage de 54 hommes et parcourt la Méditerranée occidentale. Le 18 janvier 1879, il réussit l’examen et sera proposé comme élève câbliste avec une augmentation conséquente. Mais il est muté à Nice sans l’avoir demandé par arrêté du 30 janvier 1879 et rejoint Nice le 6 février, quittant sa famille. Henri fait alors un pèlerinage d’adieu à ND de la Garde et rejoint sa nouvelle affectation par le train. Il est affecté à la poste principale de Nice, rue François de Paule dans la vieille ville. Il y reste 4 ans. Henri est alors nommé au service des câbles sousmarins de La Seyne sur Mer. Il y retrouve son ami Paul Bayol, devenu ingénieur et désormais chef du service des câbles sous-marins et des navires télégraphiques. Il s’installe 30 quai Hoche avec sa mère dans cette ville de 12.000 habitants dont 3.000 ouvriers travaillent aux chantiers navals. L’usine à câble est située sur la route de Toulon aux portes de la ville. Henri a alors 28 ans. Il rencontre Reine Cabissol, 21 ans fille d’un négociant en bois de Toulon. Les Cabissol habitent Marseille, 25 rue Fontanges mais viennent souvent dans le Var pour leurs affaires. Les jeunes gens se marient le 19 novembre 1884 et s’installent à Balaguier entre La Seyne et Tamaris dans une spacieuse maison de la tante Emilie Lieutaud, née Allemand. Elle est la soeur de la mère de Reine. Fin novembre, les époux partent en voyage de noce à Lourdes après avoir visité la famille d’Henri à Montpellier. Fin avril 1885, Henri quitte son épouse une première fois pour embarquer sur l’Ampère. La séparation, prévue 6 semaines pour réparer un câble à Belle-Ile et un autre près de Bordeaux, se prolonge jusqu’au 6 juin. En juillet, il appareille à nouveau pour une longue campagne en Méditerranée et en Atlantique. Sa fille Marie naît le 28 août alors qu’il est en mer. Il est informé le 3 septembre, alors que l’Ampère se trouve au large de l’île Chausey. Henri bénéficie d’un L'état major de la Charente en Mai 1901 Après l’intervention sur le câble de Bizerte, la Charente se rend à Antibes pour réparer le câble de Corse.. Interminable réparation qui ne s’achève que le 11 décembre. En 1887, ces deux câbles occupent la Charente du 15 avril à la fin juin. Henri n’assiste pas à la naissance de sa seconde fille Thérèse qui voit le jour le 6 juin 1887. Il apprend la nouvelle le 14 juin. Début août, la Charente repart pour la Corse pour remplacer 130 km du câble Antibes-Saint Florent 1878 fort mal posé par le navire anglais John Pender 1 et fourni en coques. Depuis le 22 avril, la Charente a posé 25 bouées et mené 68 dragues par plus de 2000 mètres et l’équipage est fatigué. « Hier, la lune se levait à l’horizon et l’atmosphère brumeuse la couvrait d’un voile sanglant. Mais bientôt, son mouvement ascensionnel la dégageait de ces nuées qui cachaient sa pure blancheur », note Henri sur son journal. En 1888, appareillage de la Charente le 9 juin : Ajaccio, Bonifacio, Bastia. La réparation se situe à 7 milles de Livourne puis la Charente charbonne à Bastia (27 juin). Le navire se rend à Tunis le 29 juin, puis à Sousse, Djerba. La campagne se termine par une visite de Tunis le 26 juin avec ses quartiers juifs, arabes et le casino. A Malga, l’équipage se rend sur le tombeau du roi Louis (Saint Louis)à la cathédrale et visite le musée archéologique. Le navire est de retour au port d’attache le 1er août. Henri repart sur l’Ampère et rejoint Brest après une visite de la famille à Paris. Le navire appareille le 2 septembre avec au programme les réparations des câbles des îles d’Yeu, d’Aix, Oléron, Belle-Iles, Hoédic et retour à Brest le 29 septembre. Henri rentre à La Seyne le 9 octobre par le train. Henri est présent lors de la naissance des enfants suivants : Louise, le 21 juillet 1889 et Henri le 20 octobre 1891. Malheureusement son premier fils décède le 13 août suivant à Balaguier. Trois autres filles : Gabrielle, Hélène et Louise naîtront en 1893, 1894 et 1896. de place aux activités professionnelles, plus à la vie familiale. La visite d’Alexandre Millerand à La Seyne en mai 1891 n’y est pas notée. Henri est nommé commis principal le 1 mai 1892 avec un salaire de 3.000 francs. Son ami Paul Bayol, nommé Ingénieur en chef, quitte le service et est nommé Ingénieur en Chef des Postes et Télégraphes à Marseille. Il est remplacé par Charles Morris. En juillet 1892, Henri est le commissaire de la Charente pour la pose du câble Marseille – Bizerte. Pose principale ou assistance, le journal ne le précise pas. Il y retourne le 5 février 1895 pour l’inauguration. Henri est fait à cette occasion officier de l’Ordre du Nichan - Iftikhar, ordre de la Gloire par Ali Pacha Bey, Possesseur du royaume de Tunis. Cet ordre, créé en 1837 s’obtient qu’à la suite de services réels et importants. Henri a été proposé par le Résident général de la France, Ministre des Affaires Etrangères de Tunisie. Il est âgé de 38 ans. Fut-il le seul récompensé ? Le journal ne le rapporte pas.( Voir photo N°1) Campagnes en Méditerranée sur la Charente ou la langue poétique d’Henri s’enflamme pour décrire les escales et en Atlantique sur l’Ampère qu’il semble retrouver sans joie particulière alternent. Il note le remplacement de l’hélice de l’Ampère, brisée en Loire. Les travaux ont lieu à La Rochelle le 2 septembre 1899. En 1902, Henri est sévèrement sanctionné et muté à Vannes au début de l’année pour avoir distribué l’Almanach du Pélerin à des ouvriers et des marins. Il a 46 ans et une nouvelle vie commence. Sous le bloc des Gauches et le Ministère Combes, farouche radical anti-clérical, on ne badine pas. Henri demandera sa mutation à Marseille mais l’Administration reste ferme. C’est à Vannes qu’ il prendra sa retraite le 12 décembre 1916. Henri peut rejoindre la demeure de Balaguier devenue la propriété de son épouse Emilie et de son frère Louis depuis la mort des parents Cabassol. Henri, Emilie, Marie et Thérese Cette dernière disparaîtra quelques heures après sa naissance. Dès lors, le journal d’Henri accorde moins Retraité et Président du conseil central des Conférences de St Vincent de Paul, son existence est paisible. Sa vue, qui lui avait empêché de lire au miroir et de devenir ingénieur reste un souci qui, à la fin de sa vie rend la lecture de plus en plus difficile. Il décède en 1931 à l’âge de 75 ans. INFO PRESSE DERNIERE ..... INFO PRESSE DERNIERE ..... DECEMBRE 2002 EN BREF BESOINS de l’INTERNET. (Le Figaro – Le Monde) Selon le Figaro du mois de septembre, il y aurait environ 450 millions d’internautes en cette fin de 2002 et il y en aurait 630 millions en 2005. Or, le Monde daté du 24 novembre, citant une étude de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), annonçait 655 millions d’internautes dans le monde en cette fin de 2002. La croissance des besoins, comprise entre 50 et 100 % par an serait durable. D’ou la vanité des faits annoncés par des « sources dignes de foi ». Que dire des prévisions ? En France, l’internet rapide (ADSL) démarre très fort en cette période de fin d’année. On prévoit 1,3 millions d’abonnés d’ici le 31 décembre 2002, selon « Le Monde ». De nombreux abonnés souscrivent d’emblée un abonnement ADSL parmi les 3 formules disponibles sur le marché (128, 512 et 1024 Kbit/s). PROJETS DE CÂBLES SOUS-MARINS. 1 - Un nouveau câble de 1.200 km, « CAMRING », a été attribué par Portugal Télécom à Alcatel pour relier Madère aux Açores. Ce câble fermerait la boucle entre les Açores, Madère, et Lisbonne avec Colombus 3 et SAT 3. Prix non communiqué. 2 – Le câble « Farice » reliant l’Ecosse, les Iles Féroé et l’Islande (2*450 km) a été attribué à Tyco par Telecom Iceland. Le câble est disponible et le prix tournerait autour de $32m. 3 – Augmentation de la capacité de la partie de FLAG reliant l’Italie à l’Angleterre : Contrat attribué au japonais NEC pour $1-2 m attribué au japonais NEC. 4 – Une paire à fibres optiques du TAT 14 a fait l’objet de mesures dans le but d’évaluer la possibilité d’une augmentation de capacité. Ce système a été construit par l’industriel japonais KDDI-SCS de préférence à la proposition Tyco-Alcatel en 1999. Tous les constructeurs se retrouvent en compétition pour la fourniture d’équipements visant à augmenter sa capacité. 6 - Projets en cours. Prolongation de Med Nautilus (Italie – Israel – constructeur Alcatel) vers la Turquie. Polarnet. Liaison reliant l’Angleterre, la Chine et le Japon par la route du Nord-Est. Les promoteurs ont confié l’étude de faisabilité à Cable and Wireless. TMIS (Thailande, Malaisie, Indonésie, Singapour) est en cours d’adjudication. C2C – Prolongation en cours d’étude vers le Vietnam. Discussions entre Singtel Singapour) et VTI (Vietnam). 7 – Marché offshore. On cite l’extension du réseau FiberWeb dans le golfe du Mexique, d’un second projet en Arabie Saoudite entre plate-formes offshore dans le Golfe Persique et d’un réseau entre plate-formes offshore au Gabon. VIE DES SOCIETES Global Crossing, société américaine sous la protection de l’Article 11, vend sa filiale Asia Global Crossing à China Netcom, le second opérateur chinois résultant de la séparation de l’opérateur historique China Telecom en deux sociétés. NAVIRES Nous apprenons le vente du FRESNEL à un armateur spécialisé dans l’Offshore le 26 Novembre 2002 . Nouveaux navires de 140 mètres pour Tyco : Après le Tyco Reliance, le Tyco Transponder construit chez Keppel Hitachi Zosen. SATELLITES.... C’est également la crise. « Même si la place des télécommunications spatiales est modeste comparée à l’immense toile d’araignée des câbles installés au fond des mers et à la surface des continents leur rôle reste essentiel car les satellites offrent une couverture globale de la planète qui facilite notamment l’accès à des régions isolées ou difficiles d’accès. Plus de cent satellites sont aujourd’hui en orbite. C’est dire si ce secteur, en croissance de 5 à 7 % par an, est bien vivant. » (J-F Augureau – Le Monde du 28 novembre). Les derniers satellites de télécommunications. Trois échecs ont été enregistrés lors du lancement de quatre derniers satellites de télécommunications et ils affectent trois satellites européens ; ASTRA 1K (constructeur Alcatel Space – Acheteur luxembourgeois SES Astra). Ce plus gros satellite construit au monde, lancé de Baikonour par une fusée russe Proton n’a pas été placé sur orbite géostationnaire. Le sauvetage est en cours d’étude mais en cas d’échec, le sinistre serait de 290 millions de dollars. (Tous journaux – 26 novembre). HOT BIRD TM7 d’Eutelsat et STENTOR, satellite d’essai pour les télécommunications de demain. Ce dernier a été construit par la plupart des entreprises européennes (France, Allemagne, Espagne et Italie). Par contre, le lancement du satellite INTELSAT 906 @ 64°E, construit par Loral (EU) et lancé avec succès le 6 septembre 2002 par Ariane 5 est une réussite. Positionné au-dessus de l’océan indien, il peut relier l’Europe ou l ‘Afrique au Sud Est Asiatique ou à l’ Australie. La compétition entre lanceurs. Le paysage mondial du secteur des lanceurs de satellites est bi-polaire (Europe et Etats-Unis). Il n’y a pas encore d’intervenant asiatique dans la compétition. Le pôle européen Arianespace (EADS) a longtemps bénéficié d’un avantage technologique dans le lancement des satellites géostationnaires. Face aux fusées Ariane d’EADS, la concurence est rude : deux Américains Lockeed Martin (Atlas 5) et Boeing (Delta 4) et Krounitchev (Proton) opérent des bases de Cap Canaveral, Baïkonour et de la barge Sea Launch. Boeing opère le lanceur russe Zenit sur Sea Launch et Lockeed Martin propose Proton lancé de Baïkonour. Demain, il existera des lanceurs japonais, chinois et indiens à plus long terme. Quatre fusées offrent des mises en charge orbitale comprises entre 5 et 6 Tonnes : - la version classique d’ Ariane (5 G) d’Arianespace en service depuis le 4 juin 1996. - la fusée russe Proton mise en service sur le marché concurrentiel en 1996. - Delta IV (Boeing), qui compte un lancement réussi le 20 novembre 2002. - Atlas 5 (Lockeed Martin) dont le premier lancement réussi date du 22 août 2002. En dopant la fusée Ariane 5 (version 5 E – Charge utile 10 tonnes), Arianespace pensait prendre un avantage décisif sur ses concurrents ce 11 décembre 2002 (23h21 - heure de Paris). En perdant ses 2 engins (Eutelsat Hot Bird TM7 et Stentor) de 6,6 tonnes, c’est une somme de plus 550 millions d’Euros qui se perdent dans l’Océan Atlantique au large de Kourou. (Le Figaro du 13 décembre) Les 3 pôles de lanceurs ont une capacité de lancement nettement supérieure à l’offre qui n’excède pas plus de 15 lancements annuels, capacité du site de Kourou (Le Monde – 16 octobre 2002). L’américanisation des opérateurs de télécommunications. Les entreprises américaines sont les premiers opérateurs du secteur des satellites de télécommunications. Le podium est entièrement américain : 1 - SES Global (Astra pour l’Europe et l’ancien General Electric pour la partie américaine). 2 - Intelsat, qui n’est plus un opérateur multinational, mais une entreprise privée dont le capital est détenu par Lockheed Martin et plusieurs opérateurs américains. 3 – PanAmSat propriété de General Motors. 4 –Eutelsat est le numéro 1 européen devant Astra. Eutelsat diffuse 1250 chaînes de télévision et 550 radio à plus de 100 millions de foyers recevant le câble ou le satellite et son capital est détennu à plus de 60% par 4 opérateurs historiques fortement endettés : France Telecom, Deutsche Telecom, British Telecom et Telecom Italia. Comme ceux-ci souhaitent céder leurs parts, les rédacteurs du journal « Le Monde » notent le 14 décembre qu’Eutelsat est davantage menacé par l’appétit de ses rivaux que par la perte de son satellite. Eutelsat est à vendre et interresse fortement ses rivaux américains au grand dam des ouvernements et des fabricants européens de satellites Alcatel Space et Atrium. Recherche et industrie. On avance un budget de 500 millions d’euros pour la recherche spatiale européenne alors que la recherche américaine bénéficie de 2 milliards de dollars injectés par les budgets militaires. Ceci explique sans doute celà. C’ETAIT HIER, IL Y A ... 150 ans …le 2 décembre 1852, le câble sous-marin France-Angleterre, posé depuis le 19 octobre 1851 est exploité entre Paris et Londres sans relais intermédiaire. Les équipements terminaux sont des Cooke – Wheastone . 100 ans …le 31 octobre 1902, le câble posé par un consortium britannique entre Vancouver, Fanning, Fidji, Australie et Nouvelle Zélande boucle le réseau britannique autour de la terre. Il était alors centré sur Londres. En 1902 également, le Baudot-Picard permet d’accroître le trafic sur les liaisons sous-marines de moyenne longueur en introduisant un multiplexage temporel (multi-secteur) sur les câbles sous-marins. C’est également en 1902 que le gouvernement français achète les câbles Dakar-Conakry, Grand Bassan – Cotonou et Cotonou – Libreville à la société anglaise Western African Telegraph Ltd. 50 ans …en 1952, la première liaison téléphonique coaxiale Cannes – Nice 1950 est relevée et la technologie des câbles téléphoniques français est ainsi validée. 40 ans … en 1962 que le site de Pleumeur-Bodou est choisi pour y installer la première station spatiale française. 20 ans .. le 30 avril 1982 qu’est signée la Convention sur le Droit de la Mer à Montego Bay (Jamaïque) qui, si elle était correctement appliquée devrait éviter les catastrophes écologiques du type « Prestige ». C’est également en 1982 que les deux premières liaisons expérimentales à fibres optiques françaises et américaines étaient installées entre Cannes et Juan les Pins et au large des Bermudes. C’est en 1982 que le premier câble du type Consortium est installé (Atlantis). 10 ans .. en septembre 1992 qu’est signé l’Accord MECMA. En 1992, Alcatel installe son usine de Port Botany en Australie qu’elle ferme en 2002. Quelques jours ...le 3 décembre 2002 qu’Alcatel annonçait la première fermeture d’une usine française avant la fin de 2003, celle de Conflans-Sainte-Honorine, unité de fabrication de fibre optiques dont l’effectif est passé de 615 unités en 1999 à 380 en 2002. (Le Monde du 7 décembre 2002).