Note d`expert sur le projet de centrale thermodynamique

Transcription

Note d`expert sur le projet de centrale thermodynamique
FRENE 66
____________________________________________________________________________________________
Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement – Pyrénées-Orientales
Membre de France Nature Environnement
____________________________________________________________________________________________
Siège social : FRENE 66 - 16, rue Petite-la-Réal 66000-Perpignan
Tél. 04 68 34 98 26 Mail : [email protected]
___________________________________www.frene66.org__________________________________________
Note d'expert
sur le projet de centrale thermodynamique de LLO
Rappels.
Les centrales thermodynamiques (dites à concentration) sont bien moins fréquentes que les centrales
photovoltaïques car leur technologie est plus lourde et coûteuse du fait du processus de conversion d’énergie qui
implique souvent un réacteur à sels fondus, des échangeurs et des turbines. Leur avantage est de permettre le
stockage de l’énergie grâce à la masse des produits caloporteurs. Dans certains cas (Crescent Dunes par exemple
aux USA) des durées de fonctionnement de 9 à 10 heures peuvent être obtenues hors de tout apport solaire.
Parmi les 100 implantations de centrales thermodynamiques existantes ou projetées on distingue 4 types suivant la
forme des miroirs utilisés pour concentrer l’énergie solaire. Les plus utilisées sont celles à miroirs cylindroparaboliques (60%). Les centrales à miroirs de Fresnel sont moins utilisées puisqu’elles ne sont que 4 à fonctionner
(USA, Inde, Australie, Espagne), En France il en existe une de ce type en Corse à Ghisonaccia (Alba Nova 1 de la
société Solar Euro Med en voie d'achèvement).
Leur avantage est la simplicité des longs miroirs plans disposés presque à plat sur le sol (mais pivotant en fonction
de la course du soleil) comparée aux formes complexes des miroirs paraboliques ou cylindro-paraboliques.
L’inconvénient des miroirs de Fresnel est de produire un flux moins chaud que les autres et donc nécessite plus
d’ensoleillement. Typiquement cette filière dont le rendement est inférieur de 30 % aux 3 autres sera réservée aux
pays chauds et secs à l’ensoleillement exceptionnel comme c’est le cas dans les territoires insulaires d’outre-mer.
Après les renoncements d’Aréva il n’existe que 2 acteurs dans ce domaine en France, Solar Euromed et CNIM.
La centrale prévue à LLO
Originalité de la solution proposée par CNIM et sa filiale Suncnim
Elle n’est pas liée aux miroirs de Fresnel mais dans les solutions spécifiques dans la technologie du réacteur et des
liquides caloporteurs.
Le pilote de CNIM situé dans le Var fonctionne sur le principe des sels fondus capable d’emmagasiner de l’énergie.
La technologie Thémis/CNRS/CEA/ Solar Euromed utilise la vaporisation directe et le stockage d’énergie par
batteries lithium.
A bien des égards l’opération de LLO est la quasi duplication de celle d'Alba Nova en Corse avec les mêmes
surfaces de miroirs (environ 130 000 m 2) et des puissances comparables (12 MW pour Alba Nova et 8 pour LLO)
mais avec 2 à 3 ans de retard. Sauf que la technologie de vaporisation directe d’Alba Nova semble plus originale
que les solutions plus classiques à base de sels fondus.
On comprend mal pourquoi les tutelles ont fait ce choix d'une concurrence franco-française alors que les 4 grands
pays qui mènent la course technologique ont fait des choix diversifiés avec chacun une seule centrale Fresnel.
Le choix de deux centrales françaises à miroir de Fresnel est incompréhensible car cette filière reste marginale
même si elle semble présenter des avantages à termes pour les équipements insulaires nationaux.
Les objectifs d’une capacité de stockage d’énergie de 3 heures sont très insuffisants pour être compétitif face
aux réalisations déjà fonctionnelles.
Pourquoi ce site ?
S'il existe une justification historique liée aux initiatives locales originelles de Félix Trombe et à la présence voisine
de la centrale Thémis, cette dernière sert de base à différentes équipes du CNRS et d’EDF - dont celles qui avec le
CEA est à la base de l’opération Alba Nova en Corse pilotée par Solar Euromed - et est donc en concurrence avec
la Sté CNIM !
L’ensoleillement est aussi un critère mais il n’est pas une obligation pour un site qui restera expérimental et dont la
justification n’est pas de contribuer à la fourniture significative d’électricité. On comprend encore moins bien
l’intérêt de rester loin de toute entreprise industrielle et surtout d'un environnement universitaire diversifié
indispensable à la maîtrise de la physico-chimie qui est loin d’être optimisée pour ce type de réacteur.
Il n’y a aucune obligation à choisir ce site plutôt qu’un autre du Midi de la France sauf l’opportunité de
terrains « gratuits». Il y a des inconvénients évidents liés aux difficultés d’accès en hiver et à un environnement
peu propice en R et D autres que la physique de captation solaire, défavorable à l’industrialisation et aux visites
de commercialisation.
On ne comprend pas la logique de rapprochement avec Thémis, site engagé avec la société Solar Euromed
(soutenue par la Caisse des Dépôts) concurrente de CNIM, pas plus que la stimulation de ce domaine par des
appels d’offre du gouvernement qui éclatent les acteurs au lieu de les rapprocher.
Choisir un site en altitude élevée avec des restrictions importantes en termes de facilité d’accès (enneigement)
comme une vitrine de démonstration internationale est très discutable.

Documents pareils