TRANSIT - Ecritures Théâtrales Grand Sud Ouest

Transcription

TRANSIT - Ecritures Théâtrales Grand Sud Ouest
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
TRANSIT.
Acte I
Une voix s’adresse au public qui par la magie du théâtre devient les voyageurs d’une
salle d’attente dans un aérodrome de province. Mais attention, la salle d’attente est
bien une salle de spectacle, et les voyageurs sont bien des spectateurs, car la voix est
celle d’un metteur en scène qui présente une pièce dont le titre est « Transit ».
Voix off : « Chers passagers du vol 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10 bonjour ! Ici le metteur en
scène de la compagnie « Les vagabonds » (La voix annonce le nom de la troupe qui
joue). Je vous informe qu’au lieu de vous proposer comme habituellement un film
pendant votre voyage, vous aurez droit à un spectacle de théâtre… Il doit être
environ 21h15, heure locale, nous sommes à la hauteur de 198m au dessus du
niveau de la mer… Les sceptiques pourront vérifier sur Internet ; la température au
sol est de… (Borborygme qui tente de prononcer la température en degré Celsius ou
Fahrenheit) guère plus, mais pas moins… le vol durera moins de 48 heures… Sauf
grève surprise… Aucun repas ne sera servi à bord, c’est donc une très grande chance
qui s’offre à vous de ne pas tomber malade… Surtout qu’aujourd’hui le menu
proposait du crabe de l’île de Starwahwah. Notre destination n’a qu’un seul but, vous
amener à passer une excellente soirée et bien sûr nous caressons l’espoir de vous
faire rire. Au nom de tout l’équipage, véritable petite troupe, nous vous souhaitons un
bon spectacle... Au nom de la compagnie « Les vagabonds » (Cette appellation n’est
qu’un exemple…), Merci… Ah ! deux petits conseils, le premier : gardez bien vos
bagages avec vous, notre chef de la sécurité est très strict à ce sujet et attention
aussi à vos pieds lors du passage de notre technicienne de surface… Chut… Elle
arrive…»
La lumière se fait sur le décor.
Gertrude, la femme de ménage arrive et après quelques petits passages de balai au
premier rang « Vos pieds ! Merci », elle monte sur scène avec son balai télescopique
et se met à nettoyer une baie vitrée (virtuelle) qui sépare scène et salle.
Une musique d’ambiance se faufile par les haut-parleurs entraînant Gertrude à
chorégraphier son labeur. Soudain une explosion assez sourde la fait sursauter… elle
se jette au sol derrière son seau, la serpillière sur la tête ! Elle écoute, puis la
musique revient, elle reprend son travail non sans inquiétude.
Marie-Thérèse, en costume de bonne sœur, entre dans le dos de Gertrude. Cette
dernière surprise, sursaute.
Gertrude : Bonjour ma mère !
Marie-Thérèse : Ma sœur suffira…
Gertrude : Vous avez l’air perdu ?
Marie-Thérèse : Qui sur cette terre n’est pas perdu ? Les voies du Seigneur sont
impénétrables… Je suis en effet à la recherche du vol… Ouh c’est trop long à lire, trop
de chiffres… Ah, par contre, j’ai la référence de la salle d’embarquement… Oui, j’arrive
de Londres et une charmante hôtesse m’a parlée de… (Elle essaye de lire son titre de
transport) la salle de transit « Be-two… ».
Gertrude : Be-Two ? Connais pas, ici c’est la salle B2… Allez donc vous renseigner à
l’accueil ma mm… ma sœur…
Marie-Thérèse : Merci ma fille (Elle sort).
Gertrude : Gertrude suffira ! (Elle reprend son ménage) Faudrait savoir, je suis sa
sœur ou sa fille ?!
1
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Entre Mélanie, une vieille dame discrète. Elle traîne derrière elle une valise toute
déglinguée sur roulettes maintenue par des cordes… Elle regarde dans tous les coins.
La femme de ménage ne la remarque pas…
Mélanie : Bonjour Gertrude !
Gertrude : Ah c’est malin ! Je t’ai déjà demandé de ne pas me surprendre !
Mélanie : Première fois que je mets les pieds dans cette salle.
Gertrude : Elle vient juste d’être rénovée… (Une nouvelle explosion un peu plus
proche se fait entendre). Je ne supporte plus ce bruit !
Mélanie : Question d’habitude…
Gertrude : Lève tes pattes de là, que j’y passe ma serpillière… (Mélanie obtempère).
Alors, tu pars où aujourd’hui ?
Mélanie : À l’île de Starwahwah…
Gertrude : Connais pas.
Mélanie : Moi non plus !
Gertrude : Alors si tu ne la connais pas, qu’est-ce que tu vas y faire ?
Mélanie : Cela ne t’arrive jamais d’avoir envie d’aller dans un endroit que tu ne
connais pas ?
Gertrude : Quelle drôle d’idée ! Rien que d’observer la tronche des voyageurs toute
la journée, merci bien, cela m’empêche d’aller regarder ailleurs… Ils voyagent pour
moi… Et franchement, pour aller voir quoi ? J’ai tout à la télé !
Mélanie : Alors Gertrude, de quoi va-t-on parler aujourd’hui ?
Gertrude : Pas le temps de causer Mélanie… Je bosse moi…
Mélanie : Qu’est-ce qui t’arrive ? Je ne comprends pas ?
Gertrude : Tu ne comprends pas ? D’habitude tu devines tout ! Même pas le temps
de finir mes phrases… Et des trucs auxquels je n’avais jamais pensé ! On ne te l’a
peut-être jamais dit, mais tu es une sorcière.
Mélanie : Est-ce ma faute si les gens me questionnent sur eux et, une fois les
réponses données, ils le regrettent ! La réponse est toujours dans la question,
Gertrude !
Gertrude : Foutaises ! (Elle regarde vers le tarmac). Tiens ? Bizarre, l’avion qui doit
partir sur Starwahwah n’est plus là.
Une nouvelle explosion retentit, plus violente que la précédente.
Mélanie : T’as entendu ? Cela ne te stresse pas ces explosions ?
Gertrude : Encore une valise qui vient de sauter, c’est tout. (Entre la chef de la
sécurité par derrière Gertrude qui ne la voit pas…). La nouvelle chef de la sécurité
veut battre un record de valises explosées… Une malade de la tête ! Une sadique !
(Mélanie lui fait des signes pour qu’elle se taise, mais Gertrude continue…) Tiens, si je
l’avais devant moi, je lui dirais… (Elle la voit). Bonjour Carmela ! Belle journée n’estce pas ?
Mélanie : Alors on fait joujou avec ses pétards ?!
Carmela : Il vaut mieux prendre le risque de péter une valise plutôt que de risquer la
vie de pauvres innocents…
Mélanie : Moi je vous soupçonne d’avoir l’obsession de faire éclater les valises ! Et je
crois avoir deviné pourquoi !
Carmela : Tu gardes tes réflexions pour toi ! Ne recommence pas à me chercher des
poux dans la tête… Pas aujourd’hui !
Mélanie : Vous pouvez vous les garder vos poux… Mais où se trouve votre chien ?
2
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Carmela : Cet idiot de clébard vient de sauter avec une valise ! Heureusement, rien
de grave. Mais il est indisponible pour un bon moment… Par bonheur, un vétérinaire
se trouvait là !
Arrive Natacha, le commandant de bord. Suivie de son équipage. Ulrika, chef de
cabine et Sophie, hôtesse de l’air.
Commandant : (Belle frimeuse, veste sur l’épaule, main dans la poche, elle est
faussement décontractée). Bonjour tout le monde ! Les voyageurs ne sont pas
arrivés ?
Ulrika : (à Mélanie) Vous êtes encore là vous ? Gertrude ! Combien de fois, je vous ai
dit de ne pas faire le ménage en présence des voyageurs !
Sophie : Mais il n’y a pas de voyageurs, chef ?
Ulrika : Je vous ai demandé quelque chose ? Non ? Alors taisez-vous ! Faites déjà ce
que je vous demande et cela sera parfait…
Sophie : (En toute naïveté) Mais vous ne m’avez rien demandé Ulrika ?
Ulrika : Sophie !
En réaction contre Ulrika, aboie non loin de là, Mirador, le chien de Carmela.
Carmela : Mirador ! Couché !
Commandant : Un conseil ! Ne stressez pas le personnel. La dernière fois, Sophie
était tellement terrorisée par vous, Ulrika, que les passagers étaient persuadés qu’on
allait s’écraser…
Ulrika : Commandant ! Ne faites jamais ce genre de réflexion devant mon
personnel ! Et encore moins devant ces deux…
Gertrude et Mélanie : Ces deux ?
Ulrika : S’il n’y avait eu que moi Sophie, vous seriez restée au sol… (Sophie fâchée
retourne derrière son comptoir et se met à observer les produits d’entretien que
Gertrude lui enlève des mains).
Carmela : Bon, ce n’est pas que je m’ennuie, mais les valises m’attendent !
Commandant : Nous vous suivons… Carmela, vous commencez à m’inquiéter…
(Carmela sort). Venez Mesdames, allons préparer notre vol… Vous n’auriez pas
quelques euros, Ulrika ?
Ulrika : Combien cette fois ?
Commandant : Un petit billet de 500… Et cela ira !
Ulrika : Vous vous êtes remise à jouer ? Vous me devez déjà 5.000 € hors intérêts !
Pas question d’un nouvel emprunt. Débrouillez-vous…
Commandant : Oh, c’est pas sympa… (Elle se tourne vers Gertrude et Mélanie… Mais
elle n’a aucun espoir) Euh à vous, je ne le vous demande pas… (Contre toute attente,
Mélanie, lui donne un euro, tandis que Gertrude lui offre un bras d’honneur). Merci
Mélanie, c’est vous la meilleure…
Le commandant sort, suivi des hôtesses. Retour catastrophé de la bonne sœur.
Gertrude : Eh bien ma sœur ? Que se passe-t-il ? Vous avez vu le diable ou quoi ?
Marie-Thérèse : Oh mes filles ! J’ai bien cru le rencontrer ! Les flammes de l’enfer se
sont emparées de ma valise ! Je n’y avais que des livres de prières, mes effets
personnels et des objets rituels… Notre sainte Bible a été miraculeusement sauvée…
C’est bien là l’essentiel… Un pauvre chien a même été blessé, heureusement sans
gravité, une charmante vétérinaire a pu le remettre sur pieds…
Mélanie : Il faut faire comme moi ma sœur, ne jamais vous séparer de votre valise !
Sinon, Carmela, la chef de la sécurité prendra un malin plaisir à vous la faire sauter !
Marie-Thérèse : Merci Seigneur ! Une épreuve vient de m’être envoyée, je saurai
m’en montrer digne ! J’ai rêvé du dépouillement le plus total…
3
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Mélanie : Il vous a gâté votre seigneur !
Marie-Thérèse : Je demande chaque jour au Seigneur une épreuve pour me donner
la certitude qu’Il pense à moi…
Gertrude : Eh bien vous voilà tranquille pour la journée…
Mélanie : La journée est loin d’être terminée…
Marie-Thérèse : Je me présente Sœur Marie-Thérèse du couvent du Calvaire…
Mélanie : Avec un nom pareil, faut pas vous étonner d’avoir des problèmes…
Marie-Thérèse : (Elle s’adresse à Gertrude) Êtes-vous croyantes, mes filles ?
(Gertrude lui tourne le dos, alors Marie-Thérèse se retourne vers Mélanie).
Mélanie : Ça dépend des jours, quand cela m’arrange, oui… Si tout va, j’y crois pas
trop. En fait je n’y pense pas. Et quand j’ai des ennuis, je L’appelle. La ligne doit être
encombrée, car j’ai beau laisser des messages sur Son répondeur, j’attends toujours
une réponse…
Marie-Thérèse : Il vous a répondu ma fille, Il vous a répondu… À Sa manière… Mais
savons-nous déchiffrer Ses messages ? Ils peuvent nous arriver d’une manière très
subtile et inattendue !
Une nouvelle explosion se fait entendre…
Gertrude : Ah ?! Pour qui ce message ?
Marie-Thérèse : Oh mon dieu ? Mais j’ai deux valises ! (Elle s’apprête à sortir).
Gertrude : Ah là ? Message très clair ! Vous « aviez deux valises… » (Marie-Thérèse
est sortie, mais Gertrude la suit en haussant la voix, puis parle fort en direction des
coulisses). Vous avez beaucoup de chance aujourd’hui… Deux épreuves dans une
même journée, Il vous gâte !
Mélanie : Et toi Gertrude ? Tu es croyante ?
Gertrude : Je bosse ! (Mélanie hausse les épaules).
Retour de Sophie qui se met derrière le comptoir d’embarquement…
Sophie : Ulrika ! Je te hais ! Je te hais ! Méchante, méchante, méchante… (Elle sèche
ses larmes) Je vais mettre les voyageurs de chaque côté de l’avion pour éviter qu’il
penche comme la dernière fois… Notre commandant en avait marre de tourner en
rond… pfuuu…. Ulrika était folle de rage… Sont jamais contentes ces deux-là… Alors,
qui avons-nous aujourd’hui ? Ouah ! Juliette Mayacruz est là ?! Je veux un
autographe d’elle ! (Elle sort vite et heurte sans la reconnaître Juliette. Elle a un style
très branché, look fashion… …) Oh pardon Madame ?!
Juliette : (La corrigeant) Mademoiselle ! Faites donc attention !
Mélanie et Gertrude la regardent avec envie et animosité… Juliette s’approche du
devant de scène, sort un miroir, se recoiffe et se remaquille. Les deux filles se
moquent d’elle en parodiant ses gestes. De temps en temps Juliette se doute de
quelque chose et se retourne mais les deux amies sont plus rapides… Finalement, elle
va s’asseoir, attitude très distinguée et très fière, Mélanie fait de même… Gertrude se
met à pouffer…
Juliette : (Sans les regarder) Si vous croyez que je n’ai pas vu votre petite manège…
J’ai l’habitude vous savez…
Gertrude : Non mais, pour qui vous prenez vous ? Je ne vous avais même pas vue.
Je bosse moi ! Pas le temps de me peinturlurer la tronche ou de me passer le râteau
sur la crinière !
Juliette : (Ton ironique :) Quelle délicatesse. Vous êtes vraiment délicate… Je ne
vous conseille surtout de ne pas vous maquiller, restez ainsi, cela serait dommage de
changer quelque chose… Vous avez un charme, comment dirais-je ? Un charme de
terroir local ! Le charme d’une vraie authenticité… (Mélanie pouffe).
4
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Gertrude : Tiens, je préfère aller faire le ménage ailleurs. Ici, il y a bien trop à faire…
Et puis, j’aurai trop peur de me salir… (Elle sort).
Juliette : Qu’est-ce que je vous disais… Elle vient de se rendre compte de la femme
que je suis, c’est forcément très dur pour elle… Mon charme dévastateur déclenche
toujours chez mes rivales de l’hystérie ou de l’agressivité.
Mélanie avance vers Juliette, mais ayant oublié sa valise, elle revient la chercher à
petits pas et s’installe auprès de Juliette. Juliette comprend qu’elle n’a pas d’autre
choix que de supporter Mélanie, qui, une fois assise, fait tout pour attirer son
attention…
Mélanie : Faut pas lui en vouloir, sa seule distraction c’est de se moquer de la tête
des gens, et il y a de quoi faire dans un aéroport… Je ne dis pas cela pour vous, bien
entendu… Ce lieu de transit est un vrai microcosme de notre planète… Je vous
expliquerai, les gens n’ont aucun secret pour moi… Alors vous aussi, vous vous
rendez sur l’île de Starwahwah ? Une destination très à la mode. (Comme Juliette ne
réagit pas, Mélanie l’aborde d’une autre manière) Je me présente : Mélanie Auffret.
Juliette :, Vous devez sûrement me connaître ? (Grimace de Mélanie) Vous ne
m’avez pas reconnue ? Juliette Mayacruz !
Mélanie : Enchantée.
Juliette : Je croyais que les gens n’avaient aucun secret pour vous…
Mélanie : Nous nous sommes mal comprises… Je peux vous deviner sans vous
connaître…
Juliette : Soyons concrètes. Les parfums Mayacruz sont bien arrivés jusqu’à votre
nez ?
Mélanie : Je ne me parfume jamais.
Juliette : Je comprends mieux votre ignorance… La ligne Mayacruz ne vous dit rien ?
À voir comme vous êtes attifée, je comprends que vous ignorez la ligne de haute
couture Mayacruz !
Mélanie : Ah bon… Je croyais que c’était une compagnie d’aviation. Désolée.
Vraiment désolée. Est-ce si important pour vous d’être connue ? Moi, vous ne me
connaissez pas, eh bien cela ne me perturbe en rien.
Juliette : Parce que vous n’êtes rien. Ne pas connaître Mayacruz, c’est ne pas habitez
notre planète.
Mélanie : Nous sommes sûrement quelques milliards à ne pas vous connaître !
Juliette : Je suis très célèbre en Chine !
Mélanie : Si aujourd’hui, plus d’un milliard de chinois vous connait et bien moi,
désolée, je ne suis pas chinoise.
Juliette : Incroyable… Il n’est pas possible que des milliards d’êtres humains ignorent
l’existence de la grande Mayacruz.
Mélanie : La reconnaissance d’une seule personne suffirait à mon bonheur.
Juliette : Que voulez-vous dire ?
Mélanie : Ouh ! Une longue histoire ! À plus tard… Je vais me dégourdir les jambes…
(Elle sort en oubliant sa petite valise, revient la chercher avec la même démarche
lente… Elle fait un petit coucou avant de sortir, mais se fait bousculer par Ulrika.
Sophie est présente également…).
Sophie : Je vous assure que Juliette Mayacruz fait partie du voyage.
Ulrika : Sûrement un homonyme, Juliette Mayacruz voyage toujours en première
classe et… (Elle voit Juliette). Sophie, vous êtes stupide !
Sophie : Pardon ?
5
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Ulrika : Chut ! Nous sommes très honorées de vous avoir parmi nous… Juliette
Mayacruz !
Sophie : C’est elle Mayacruz ?
Ulrika : (à voix basse) Idiote ! Elle déteste passer inaperçue !
Sophie : Tout comme moi ! Bonjour Madame Juliette Mayacruz, je suis votre hôtesse
de l’air… Sophie pour vous servir.
Ulrika : Je suis vraiment désolée de n’avoir pas d’autre hôtesse à vous offrir, aussi en
tant que chef de cabine, je vous conseille fortement de vous adresser à moi…Je
m’appelle Ulrika, pour vous servir.
Sophie : Puis-je avoir un autographe ?
Juliette : Mais bien sûr, là je suis occupée… Plus tard.
Ulrika : Bon, Sophie… Disparaissez, arrêtez d’importuner notre gloire nationale ! Je
pourrais voir… (Juliette acquiesce) Merci ! (Juliette sort une photo…) Que voulez-vous
que je fasse de cette photo ? Euh pardon, je voulais voir votre passeport, trop de
gens se font passer pour ceux qu’ils ne sont pas et… (Vexée, Juliette reprend sa
photo…)
Sophie : Je peux avoir cette photo ? (Juliette la lui remet avec mépris. Sophie fixe
admirative la photo) Mais oui… Ulrika… C’est… C’est bien Juliette ! Elle a signé !
Regarde !
Carmela revient au pas de charge, mains derrière le dos…
Carmela : Tout se passe bien ici « Oulrika » ?
Mirador (Son off) : Ouarf !
Carmela : Mirador ! Couché ! Pardonnez mon chien, mais quand je prononce Ulrika !
Mirador (Son off) : Ouarf !
Carmela : Mirador ! Couché ! Mon chien aboie… (À voix basse) « Oulrika », vous
faites toujours aussi peur à mon chien…
Ulrika : Il a compris à qui il avait affaire ! (En sortant, elle interpelle sa collègue :)
Sophie !
Les deux hôtesses de l’air sortent…
Carmela : (Sèchement à Juliette) Bonjour…
Juliette : Vous voulez une photo dédicacée ?
Carmela : Pourquoi faire ? Vous n’êtes pas Pénélope Cruz que je sache ?
Juliette : Mais Pénélope Cruz ne vous dédicacerez rien du tout. C’est une amie…
Carmela : Je m’en fous ! Je suis plus branchée mec. Genre Antonio Banderas ! Ouh !
La bonne sœur qui revient, je préfère filer en douce, à la revoyure… (Elle sort très
vite…).
Le commandant revient avec à son bras la bonne sœur…
Commandant : Calmez-vous ma sœur, venez vous asseoir… Cette Carmela possède
une nature très explosive… Encore merci pour votre offrande… (Elle glisse un billet
dans sa poche) Dieu vous le rendra !
Marie-Thérèse : Il faut bien aider son prochain… Quitte à me dépouiller, allons
jusqu’au bout !
La sœur va s’asseoir toute désemparée, toute discrète… Juliette se lève, va lui
embrasser la main, salue de la tête le commandant et reste auprès d’elle…
Juliette : Vous avez un problème, ma sœur ?
Marie-Thérèse : Un petit problème d’adaptation… Je me suis dépouillée.
Juliette : Pardon ?
6
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Marie-Thérèse : Je suis un peu tête en l’air et j’ai laissé comme une idiote mes deux
valises, boum ! Il n’en reste rien. Le pire, c’est la perte d’une photo à laquelle je
tenais beaucoup… (Elle pleurniche…).
Juliette : Une photo ? J’en ai plein à votre disposition. Oh ! Pardonnez-moi ma sœur.
Un parent ?
Marie-Thérèse : Plus ou moins…
Commandant : Je vous en prie Mesdames, faites très attention à vos bagages…
Marie-Thérèse : (En se mouchant, fait tomber sa Bible, une photo s’en échappe, elle
est aussitôt ramassée par le commandant…) Oh ! Ma photo !
Commandant : Mais… C’est Antonio Banderas ? Et avec une belle dédicace ? « À ma
chère Pétula ! » Pétula ? C’est vous ?
Marie-Thérèse : (Elle lui arrache la photo…) C’est un simple marque page…
Commandant : Désolée… (Regard sur Juliette) On se connaît n’est-ce pas ?
Juliette : Évidemment… (Le commandant se lève et va s’asseoir à côté de Juliette).
Commandant : C’est bien ce qu’il me semblait, Paulette Chauffeau ?
Juliette : (Après une profonde respiration) Je suis Juliette Mayacruz.
Commandant : Ah oui, la collection de fringues ! Pas mal, pas mal. Par contre, vos
parfums ont un goût de… de… de…
Juliette : Mes parfums ne sont pas faits pour être bus…
Commandant : (Ton amusé) Ah bon ?… Ils servent à quoi alors ? Bon et bien je vous
laisse, si nous voulons décoller à l’heure… (Elle se lève).
Juliette : Quelle muflerie ! (Le commandant sort, mais en chemin, soudain, elle se
serre le ventre).
Marie-Thérèse : Ne me dites pas qu’elle absorbe vos parfums ?
Juliette : Cela vous étonnerait ?
Marie-Thérèse : Avec la mère supérieure et mes sœurs, nous nous autorisons une
petite liqueur le dimanche… Un produit de notre abbaye ! (Elle sort une petite fiole) Il
nous faut bien la tester, n’est-ce pas ?
Juliette : Vous parfumez vous, ma sœur ?
Marie-Thérèse : (Excitée comme une petite fille) Oui, mais chut, en cachette, la
nuit… Le matin, je me savonne bien pour ne pas me faire prendre. J’ai croisé tout à
l’heure notre chef de cabine, une femme assez autoritaire, je ne sais plus son
prénom… Rustica, je crois. Mais ce n’est rien à côté de notre mère supérieure…
Juliette : (Elle sort un petit échantillon de parfum pour Marie-Thérèse) Tenez ma
sœur, c’est pour vous…
Marie-Thérèse : Oh merci. Cela sera notre petit secret… Tenez goûtez ma fille !
Vous m’en direz des nouvelles ! (Juliette prend la fiole mais a tendance à boire assez
goulûment, ce qui ne plaît guère à Marie-Thérèse…) Hum… hum… (Juliette rend la
fiole, Marie-Thérèse avant de la ranger, essuie le goulot avec sa robe et en avale une
bonne gorgée…).
Juliette : Vous allez me trouver indiscrète, qu’allez vous faire sur l’île de
Starwahwah ?
Marie-Thérèse : Vous n’allez pas me croire : c’est pour un voyage d’affaires… nous
avons des contacts pour vendre notre liqueur. En tant que sœur économe, j’ai un
certain talent pour la promotion de notre produit…
Juliette : Vous allez sourire : je m’y rends pour une retraite spirituelle…
Arrive Jérôme Nibus, comédien en manque de contrat… Il marmonne en faisant des
gestes… Il va s’asseoir sous le regard amusé des deux femmes… Juliette se lève
7
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
également, prend son cellulaire… Mélanie est revenue, elle sort un casse-croûte et
une bouteille de vin… Elle en propose à la sœur qui décline l’offre…
Jérôme : (Obsédé par son rôle, il se met à le répéter en haussant la voix jusqu’à tuetête ; ce qui gêne considérablement Juliette…) « Merci ! Vous êtes venues pour moi !
Et pourtant, vous ne me connaissez pas encore, mais vous… (Sur les deux femmes)
vous voudriez bien me connaître ! Moi ! Je vous connais ! Tous les soirs, j’essaye de
vous plaire, de vous séduire, de vous émerveiller, de vous faire peur, de vous faire
rire aussi… Exercice bien redoutable ! Oh pas la peine de me regarder ainsi ! Ah vous
n’êtes pas habituées à être dans la lumière ? Question d’habitude… (Il s’approche de
Juliette) Moi, elle me réchauffe, m’illumine, me maintient en vie… Sans elle, je
n’existe pas… Sans elle, je ne serais qu’un souffle, un son, une voix… »
Il se place à côté d’elle, mais Juliette s’écarte pour téléphoner, Jérôme ira de l’autre
côté répéter son texte…
Juliette : Allô ? Maman ? Oui, c’est… oui, oui… mais… je… oui, hum… non… si tu me
laisses dix secondes, je veux bien te donner de mes nouvelles… Promis, je fais vite…
ça va… au revoir Mam… raccroché ! (Elle observe du coin de l’œil le comédien qui a
parasité sa communication. Elle reprend son téléphone et appelle une de ses
assistantes…) Virginie ? Juliette à l’appareil ! Je suis bloquée pour l’instant… Nous ne
savons rien… oui, oui, en transit… Je ne connais même pas le nom de l’aéroport, c’est
pour dire… Oui, ils parlent notre langue… Non, non sans accent, mais je ne sais même
pas si nous sommes encore en France ! Tu as encore de ces questions stupides ? Non,
juste une petite escale de rien du tout, et un voyage très court… As-tu fait le
nécessaire pour diffuser l’info que la grande Juliette Mayacruz se trouvera bien sur
l’île de Starwahwah ? Tous les meilleurs paparazzis m’attendent déjà ! Formidable ! Je
tiens à faire la couverture de tous les magazines peoples, c’est bien compris Virginie ?
Parfait… oui, bien sûr… nous pourrons ensuite intenter des procès contre eux…
comme d’habitude… Sinon, as-tu reçu des appels pour moi provenant de… (Jérôme
continue de répéter son texte sur Juliette qui essaye de résister en haussant sa voix).
Jérôme : « Je n’existe pas… Sans elle, je ne serais qu’un souffle, un son, une
voix… ».
Juliette : Votre voix ! Vous ne pouvez pas la placer en « moderato cantabile » Merci !
Bon à plus tard, Virginie ; je te rappelle…
Jérôme : Excusez-moi Madame…
Juliette : Mademoiselle…
Jérôme : Mademoiselle ! (Oeil gourmand) Désolé de vous avoir importunée, mais je
travaille sur un monologue dont je suis l’auteur et que je compte faire tourner dans
un one man show sur l’île de Starwahwah et ainsi m’assurer une renommée
internationale !
Juliette : Votre vie ne m’intéresse pas, parlez moins fort, c’est tout ce que je vous
demande…
Jérôme : C’est la meilleure de l’année celle-là ! JE PARLE FORT ? MOI ?
Juliette : NON, VOUS NE PARLEZ PAS FORT ! VOUS HURLEZ !
Jérôme : Je ne hurle pas madame, non je ne hurle pas ! Je clame ! Oui, je clame du
théâtre ! Un comédien clame son âme, Madame !
Juliette : Mademoiselle !
Jérôme : Vous tenez vraiment que l’on sache que vous êtes célibataire ?
Juliette : Vous estimez qu’être Mademoiselle condamne à la solitude ?
8
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Jérôme : Si vous ne souhaitiez pas être importunée par un inconnu au demeurant
charmant comme moi, vous auriez dit Madame ! Par contre, Mademoiselle, cela ouvre
forcément une porte ! (Mélanie se met à pouffer).
Juliette : La porte, je vous la claque au nez, monsieur ! (Mélanie pouffe à nouveau.
Chacun va s’asseoir de son côté).
Marie-Thérèse : Frères et sœurs… Acceptons nos différences…
Carmela est de retour.
Carmela : Ouah ! Mon comédien préféré ! Stop ! Ne pavanez pas ! C’était bien vous
qui beugliez tout à l’heure ?
Jérôme : Je clamais mon âme, Madame ! Je travaille sur un monologue, l’artiste face
au public, seul et dénudé…
Carmela : Vous vous foutez à poil ?
Jérôme : C’est une métaphore !
Carmela : Métaphore ou pas, je voudrais savoir si vous vous mettez à poil. J’ai fait
du théâtre moi aussi, mais en amateur et toute habillée… (Elle lui pique son texte
malgré la protestation de Jérôme) Qu’en pensez-vous ? « Merci ! Vous êtes venus
pour moi ! » Pas gêné le mec ! « Et pourtant, vous ne me connaissez pazzz’encore »,
sous-entendu, cela ne devrait pas tarder… (Carmela écarte ses bras, Jérôme en
profite pour lui arracher le texte des mains).
Jérôme : Arrêtez le massacre ! Le théâtre est un art !
Carmela : Je ne sais pas qui a écrit ça, mais c’est franchement de la daube ! Allez
salut… (Carméla ne peut s’empêcher de saluer Jérôme d’une claque virile sur son
épaule… Elle sort. Gertrude revient de très mauvaise humeur… Elle balaye d’une
manière très énergique).
Gertrude : Plus haut les pieds ! Non mais sans blague… Non, ne bougez pas ma
sœur…
Marie-Thérèse : Savez-vous Gertrude que vous êtes de plus en plus proche de notre
Seigneur ?
Gertrude : Hé ! Ho ! Parlez pas de malheur ! J’suis encore jeune moi !
Marie-Thérèse : Je veux dire que certaines âmes par leurs tâches quotidiennes aux
services des autres… (Tâches souvent bien ingrates…) seront récompensées, un jour…
Gertrude : Ce genre de truc avec moi… euh… cela coince.
Jérôme : « Heureux les pauvres en esprit… ». Et alors elle ! (Il se met à rire,
Gertrude fonce sur Jérôme…).
Gertrude : Tu t’es déjà pris un balai télescopique à travers le dentier toi ?
Jérôme : Premièrement, ne me tutoyez pas, deuxièmement, je n’ai pas de dentier…
Marie-Thérèse : Mentir est un péché, mon fils…
Jérôme : T’es pas ma mère !
Marie-Thérèse : Mon frère…
Gertrude : Faudrait savoir Marie-Thérèse, tantôt vous êtes notre sœur, tantôt vous
être notre mère…
Jérôme : Et… et troisièmement, je n’ai jamais voulu me moquer de vous, je
travaillais sur une réplique et…
Gertrude : C’est ça… c’est ça… accroche-toi aux branches, mon pépère…
Rose : (Une journaliste très dynamique entre à son tour, en parlant très fort au
téléphone) Allô ? Allô ? Mais parlez plus fort.
Jérôme : Faudrait savoir… Je clame ou je beugle ?
Marie-Thérèse : Pardon, savez-vous où se trouve la salle d’embarquement ? (Avec
un super accent anglais :) Be-Two !
9
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
Rose : Mais c’est là.
Marie-Thérèse regarde Gertrude qui regarde à son tour l’énorme panneau indiquant
B2 et se tape sur le front…
Gertrude : D’accord… Be-Two, B2…
Rose : Je vous dis que mon article sera une véritable bombe !
Marie-Thérèse : Par pitié, ne me parlez plus de bombe !
Rose : Ah ? Euh… Bonjour ma sœur… (Elle reprend sa conversation) Hein ? Mais non,
je ne me moque pas de vous ! Mais si ! Ah ? Vous connaissez mon sens de l’éthique !
Paparazzi ? Moi ? Ah, là, chef, vous me décevez beaucoup ! Mais puisque je vous dis
que l’on fait d’une pierre deux coups ! D’un côté, nous avons un article sur un sujet
d’ordre économique… Je peux vous dire que la marque Mayacruz c’est du lourd !
L’une des premières fortunes de France. Forcément, il y aura une incidence ! (Regard
intrigué de Mélanie et Juliette). Je sais qu’elle se rend sur l’île de Starwahwah.
Pourquoi ? Mais enfin chef, l’île de Starwahwah est devenue un lieu incontournable
pour toutes celles et ceux qui recherche la consécration. D’un côté nous intéressons la
presse people et de l’autre… (Elle voit Juliette) et de l’autre, je vois… hum… un grand
problème, un grand danger à l’horizon, je… je vous rappelle chef… (Elle raccroche et
se retourne).
Juliette : Qu’est-ce que c’est que cette histoire, vous me suivez ? Surprise, n’est-ce
pas ? J’ai raté mon avion. Vous ne pensiez pas me trouver là ? Que me voulez-vous,
sale fouineuse ? Pour quel journal travaillez-vous ?
Rose : Je suis en free lance.
Juliette : Je sais qui vous êtes.
Mélanie : Tout le monde se connaît et personne ne fait attention à moi…
Jérôme : (Il se lève) Je suis aussi quelqu’un de connu !
Mélanie : Vous ? Qu’est-ce qu’ils ont aujourd’hui à vouloir être reconnus à tout prix !
Juliette : Vous êtes Rose Button ! Chaque fois que vous avez fait un article sur moi,
vous n’avez écrit que des inepties, d’odieux mensonges !
Rose : Vous oubliez que j’ai gagné tous mes procès ! Il n’y a pas de fumée sans feu !
Juliette : Vous savez bien aussi que : « Semez une fausse rumeur, il en restera
toujours quelque chose » ! Ouh ! J’ai une incroyable envie de souffleter votre faciès
de garce !
Marie-Thérèse : Retenez-vous, ma sœur ! Nous ne devons pas nous faire justice
nous-mêmes… La justice divine y pourvoira !
Jérôme : Allons, Mesdames !
Rose & Juliette : Mademoiselle !
Jérôme : C’est parfait, deux portes ouvertes ! (Les deux femmes le regardent
intriguées…).
Marie-Thérèse : Vous êtes un vrai chevalier, mon frère…
Jérôme : Mon fils, mon frère ! Bon, écoutez Sœurette, vous êtes bien gentille, mais
nous n’avons pas les mêmes parents !
Marie-Thérèse : Faites taire cette colère en vous… Si en vous appelant mon fils ou
mon frère je vous ai offensé, alors je vous appellerai désormais Monsieur… Cela vous
convient-il ?
Jérôme : Mouais… Jérôme, et cela sera très bien… Vous c’est ?
Marie-Thérèse : Petu… Sœur Marie-Thérèse…
Juliette : (Elle revient à la charge sur Rose) Pourquoi cette enquête sur moi ?
Rose : Je sais que vous partez sur cette île pour une raison inconnue, et comme
votre entreprise ne fonctionne pas très fort en ce moment… (Ton ironique) Sûrement
10
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
une fausse rumeur… J’ai pensé que cela serait très instructif d’éclaircir cette affaire.
Vous ne pouvez pas m’empêcher d’informer nos lecteurs…
Juliette : Oh la démagogie ! Le cynisme déplorable… Et des gens achètent vos
torchons ?!
Rose : Faut-il vous rappeler que je n’écris pas que pour la presse people… Les plus
grands journaux s’arrachent mes articles !
Juliette : Moi, c’est vos yeux que je vais arracher ! (Elle se fait arrêter par la femme
de ménage, serpillière en avant).
Gertrude : Tout doux les poulettes ! Ici, la loi c’est moi !
Jérôme : Dommage !
Marie-Thérèse : Pax ! La loi du talion n’a plus cours, mes sœurs !
Jérôme : C’est vraiment regrettable.
Gertrude : Toi, si tu ne veux pas te faire coiffer par une serpillière et , toi, te faire
rafraîchir par mon seau d’eau, vous allez gentiment vous rasseoir et attendre bien
sagement le décollage qui ne devrait pas tarder ! Non mais sans blague !
Mélanie : Super Gertrude !
Gertrude : Je n’ai pas toujours eu une serpillière à la main, ma petite poulette ! Et
toi, va arracher des yeux, ailleurs ! (Juliette sort très fâchée… applaudissement de
Jérôme). Touchée coulée… Ah cela fait du bien… À la revoyure… Super Gertrude prend
son envol ! (Jérôme l’interrompt).
Jérôme : Pour les autographes, j’ai toujours sur moi une petite photo…
Gertrude : Range ta photo, bonhomme, l’original en face de moi me suffit largement.
Vous ressemblez vachement à mon beau frère, un sacré con… Gertrude sort.
Jérôme : Elle devrait se lancer dans le théâtre, si, si ! Belle présence… Sens de la
réplique… J’aime beaucoup… Permettez que je répète un peu ? (Tout le monde se
prend la tête dans les mains, sauf Rose…).
Rose : Que faites-vous exactement ?
Jérôme : (Il n’attendait que cela… Se lève et va s’asseoir près de Rose…) Auteur…
Rose : Quel genre ?
Mélanie : Dramatique… (Elle pouffe avec Marie-Thérèse).
…/… à suivre…
12 pages sur 34…
Pour obtenir la fin, il vous suffit de commander le volume n°14 à l’ETSGO
(Écritures théâtrales Grand Sud-Ouest)
Joël Contival
7 Place de l’Esplanade
81570 Vielmur sur Agout
05.63.82.07.88
11
TRANSIT – Comédie théâtrale. (Tous droits réservés S.A.C.D.) E.T.G.S.O. Vol.14.
AVIS DE PARUTION
VOLUME 14
VOLUME 14 : THEÂTRE-BOUFFE.
« Tout le monde sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées et
je ne conseille de lire celles-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour
découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. » MOLIÈRE.
13
PIECES PUBLIEES chez ETGSO jouées
en 2010 et 2011: Lulu de A.H.Cortès.
La vie assez brève de Simon Edgar
Funkel de B.Jarrigeon et F.Negri,,Le
tueur de Venise de JM. Florensa, Miel
et pierre de M.Macre-Rouyer,Noir
Café de A.Rodriguez. God’ass de
R.Federmann et M.Delvigne,La vieille
dame aux 35 cocktails molotov de
M.Visniec. Destins de rues de
Ecritures Théâtrales Grand Sud-Ouest
P.Vintejoux.Tranches 85 d’
Éditeur
E.Flachat,No pasaran
de
C.L.Charbonnier, Aristides de
B.Hammer,Ne donnez pas de
pommes aux vaches de B.da
Des volumes généralistes
et des
Costa,Desiderata
Meridian
deN.F.
volumes thématiques comme Théâtre et
Vargas,et …F.Arrabal et… d’autres !
Engagement, Rire et sourire, Jeune
public. public… …
TRANSIT de Joël CONTIVAL:
Un huis clos surréaliste. Un aéroport de province piège
des passagers en partance pour une île paradisiaque. Durant
cette escale interminable, les voyageurs acculés finissent par
craquer… Partiront-ils un jour vers l’avenir meilleur qui leur a
été promis ?
BAMBILLE, LE SURINEUR DE ROMORANTIN
de Jean Manuel. FLORENSA :
Le monde carcéral a ses codes, mais la nouvelle Alcatraz
est l’emprisonnement de l’individu par l’image, celle de
l’assassin. Louis Bambille est accusé d’avoir égorgé toute une
famille de Romorantin. La presse s’en empare. Il devient un
monstre fascinant. Il est adulé, choyé, aimé, adoré. Tout
l’entourage le pousse à avouer ce merveilleux crime. Mais
Louis Bambille nie...
L, COMME OISEAU de Mateï VISNIEC:
C’est l’histoire d’un homme né avec une aile à la place
de son bras droit. Il va traverser le siècle le plus noir, celui qui
a engendré deux guerres mondiales et deux formes terribles de
totalitarisme. Peut-être est-il né pour délivrer un message à
l’humanité ? On ne sait pas, mais on constate que tout le monde
veut se l’approprier, fasciné par cette anomalie… naturelle.
LE PRIMERISSIMO de Eduardo MANET :
Le Primerissimo est un hommage que l'auteur rend au
théâtre itinérant italien qu'il a connu au cours de ses études au
pays de Pirandello. Une compagnie où, sauf un Belge, tout le
monde est membre de la même famille. Le chef (il Capo) est un
la grande vedette. Une sorte de soleil. Le Primerissimo" se veut
une comédie où l'amour, la haine; la trahison, la fierté forment
un melting-pot. Seul sentiment commun: la passion pour le
théâtre.
A paraître en 2011 : Volume 15 :
octobre.
ÉCRITURES THÉÂTRALES GRAND SUD OUEST, association d’auteurs est née en 2006. Nos volumes présentent de 4
à 6 œuvres inédites avec cette variété de styles qui nous caractérise. A côté d’auteurs dits émergents, nous avons le
plaisir de grands noms du théâtre comme Fernando Arrabal, Matéï Visniec et Eduardo Manet. 15 membres constituent
notre comité de lecture. De même notre ambition éditoriale poursuit sa volonté de collaboration active avec les auteurs,
avant la publication. Notre but est que ces pièces atteignent la scène grâce aux troupes qui sont nos partenaires : une
quinzaine ont atteint cet objectif en 2010 et 2011. Parallèlement nos actions se diversifient sous la forme de lectures,
ou de participations à diverses manifestations.
12
Notre site : http://www.etgso.com.
Prix : Remise sur volumes 1 à 6 : 11 € ; volumes 7 à 14 : 17,90€ ;
Abonnement pour les 3 volumes annuels: 35€ +frais de port.