actu locale - Fortis Clinique Darné

Transcription

actu locale - Fortis Clinique Darné
12
actu locale
VENDREDI
21 NOVEMBRE 2014
L’UROLOGUE BALBIR VERMA
« L’incidence du cancer
semble très élevée à Maurice »
La Fortis Clinique Darné (FCD) vient de lancer sa campagne de lutte contre le cancer de la prostate, la Prostate Cancer Awareness Campaign. La clinique propose un Prostate
Cancer Screening Package qui inclut le test pour détecter l’antigène spécifique de la prostate et plusieurs autres analyses. Le Package coûte Rs 2 800 et la campagne va durer
jusqu’au 31 décembre 2014. Le Dr Balbir Verma, urologue à la FCD, nous parle de l’importance du dépistage de cette maladie qui touche les hommes d’un certain âge ainsi que
des avancées dans le domaine de la chirurgie liée à l’urologie. - Propos recueillis par Zubair HANSYE
QDr Verma, la FCD a récemment lancé la Prostate Cancer
Awareness Campaign. Pouvezvous nous en dire plus ?
RNous avons lancé cette campagne l’an dernier et avons eu
des retombées favorables de la
part du public en général. Les
problèmes liés à la prostate incluant le cancer, constituent
une préoccupation croissante à
Maurice.
Généralement, les gens en entendent parler de bouche à
oreille ou via Internet. L’Internet
est un couteau à double tranchant. On trouve des informations correctes et scientifiques,
mais également beaucoup
d’informations non soutenues
pouvant induire en erreur.
Donc, en tant que médecins,
nous avons une responsabilité
envers la société. L’objectif principal de cette campagne est de
faire le dépistage du cancer et
éduquer la population sur les
troubles de la prostate.
QA partir de quel âge faut-il
consulter un médecin pour
un dépistage du cancer de la
prostate ?
RLes troubles prostatiques apparaissent vers un âge plutôt
avancé et beaucoup de cas ne
sont, malheureusement, pas pris
en charge. Certaines personnes
vous diront que 50 ans est un
bon âge pour se faire dépister.
C’est une procédure très simple,
incluant une prise de sang et un
toucher rectal. Oui, commencer
à 50 ans est recommandable,
mais je vais aller encore plus
loin. Au cas où il y aurait des
antécédents de troubles de la
prostate dans la famille proche,
je recommanderai le dépistage à
partir de 45 ans.
En vieillissant, les gens sont effrayés de développer des maladies, surtout le cancer. Avoir
peur de développer un cancer
est pire d’avoir la maladie ellemême. Le dépistage aide à dissiper les craintes infondées des
gens. Aussi, le dépistage permet
de détecter les maladies à un
stade facilement traitable et de
trouver une guérison. Les troubles de la prostate et le cancer
n’affichent pas de symptômes
facilement détectables et la
maladie évolue silencieusement.
l’alimentation. Les Mauriciens
consomment beaucoup de
fast-foods, de viande rouge, de
produits de mer et d’aliments
en conserve. Je suis contre les
produits en conserve ou des
surgelés. Les produits frais sont
supérieurs à eux, car il y a des
produits chimiques additionnels
pour aider à les conserver plus
longtemps. Aussi une grande
consommation de viande rouge
augmente les risques de développer des pierres.
Heureusement,
contrairement au cancer, la plupart des
pierres vont se manifester avec
des symptômes tels que des
douleurs aiguës ou des saignements. Aussi, la chirurgie n’est
pas nécessaire dans beaucoup
de cas. Il y a des traitements et
un suivi régulier à effectuer.
Il est souvent trop tard et nous
pouvons uniquement prodiguer
des soins palliatifs, sans espoir
de guérison totale.
QLes chiffres sont-ils alarmants ?
RL’an dernier, en plus de dépister
des cancers de la prostate, nous
avons également découvert quatre cas de cancer du rein. Nous
avons pu traiter la plupart de
ces cas, car ils ont été dépistés à
temps. Ainsi, il est très inquiétant
de dire que le cancer semble être
en hausse à Maurice.
Nous sommes tombés sur quatre cas de cancer du rein, en plus
de sept cas de cancer de la prostate, dans une seule clinique ! Ca
nous ramène à environ 11 cas de
cancers, parmi les quelque 200
personnes dépistées sur une
période de deux mois et demi
uniquement ! Si nous considérons les statistiques recueillies
chez nous par rapport aux au-
tres institutions privées et les
hôpitaux publics, l’incidence du
cancer est très élevée.
La majorité d’entre eux avaient
plus de 50 ans et la plupart ont
été guéris. Malheureusement,
quelques-uns de ces patients
ne pouvaient être guéris à cause
d’un dépistage trop tardif. Donc
le dépistage précoce est la clé de
la guérison.
QEst-ce lié à une faible consommation d’eau ?
RBoire une grande quantité d’eau
aide beaucoup les personnes atteintes de lithiase urinaire. Plus
vos urines sont concentrées
plus les chances de former des
pierres sont élevées. Donc, si
vous buvez beaucoup d’eau, vos
urines sont encore plus diluées
et cela diminue la formation des
pierres. Malheureusement, les
patients ne sont pas nombreux à
suivre ce conseil.
Je ne vais pas dire qu’il faut
boire x litres d’eau par jour. Cela
dépend de chaque personne et
de quelle quantité d’eau cette
personne perd. Donc, c’est très
simple. Votre corps va manifester de la soif. Si un verre d’eau
vous suffit pour étancher votre
soif, buvez en un verre et demi,
ce qui vous donne la garantie de
ne pas être en manque d’eau.
QParlez-nous du problème de
lithiase urinaire (ou calcul
rénal). Pourquoi se formentils et est-ce un problème
fréquent chez les Mauriciens ?
RLes recherches effectuées indiquent que les causes sont
multifactorielles. Aujourd’hui,
les chercheurs se concentrent
au niveau moléculaire, indiquant
que la formation des pierres
pourrait également être d’ordre
génétique.
Il y a beaucoup de cas à Maurice, et la raison principale est
QLors du dernier sommet de la
santé de la FCD, le 7 novembre,
vous avez parlé des avancées
concernant les techniques
de chirurgie mini-invasive
(Minimally Invasive Urology).
Pouvez-vous nous en dire plus.
RNous avons constaté beaucoup
d’évolutions dans le domaine
de l’urologie, dont une grande
partie axée sur les nouvelles
technologies. L’approche a
changé, et la taille des incisions a
graduellement été réduite, voire
miniaturisée. Il y a deux types de
chirurgie mini-invasive, soit en
passant par les voies naturelles,
soit en effectuant des incisions
très minimes.
L’appareil urinaire a un passage
naturel que nous utilisons pour
accéder aux parties à traiter. Auparavant, s’il y avait un problème
au niveau de la vessie, il fallait
faire une grande incision pour
y accéder. De nos jours, grâce à
la laparoscopie, on ne fait plus
d’incision.
On insère un mini télescope dans
l’appareil urinaire pour y accéder.
Quand on ne peut pas passer par
les voies naturelles, nous faisons
de très petites incisions clés,
assez grandes pour passer les
équipements. Tout se fait à l’aide
de caméras qui sont reliées à un
écran. Cette démarche réduit
énormément la gêne, les risques
d’infections, les longues hospitalisations et même le taux de
mortalité.
QQue pensez-vous de la lithotripsie extracorporelle (LEC),
un temps considéré comme la
solution miracle à la lithiase
urinaire ?
RLa LEC est une technique qui
consiste à réduire les calculs
en fragments, en utilisant des
ondes de chocs ultrasonores.
Elle a été qualifiée de non-invasive, car le traitement se fait de
l’extérieur.
Les ondes de choc sont dirigées
vers l’endroit où se trouve la
pierre, pour la détruire. Sur le
long terme, des résultats plus
probants ont été réalisés grâce
aux évolutions technologiques.
Toutefois, on a conclu que
la LEC n’est pas bonne pour
traiter tous les calculs, surtout les calculs rénaux. Cette
méthode réduit les pierres
en de nombreux fragments, qui
sont encore plus compliqués à
les faire passer naturellement.
Aussi, dans beaucoup de cas, on
n’est pas certain que la session a
fonctionné, ce qui rend le traitement plus long et compliqué.
Donc, après des années d’essais,
il a été convenu que la LEC ne
peut pas être utilisée pour éliminer tout type de calculs. Cette
méthode est utile et apporte des
résultats concluants dans 5 à
10% des cas.

Documents pareils