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Après avoir longuement disserté du “comment”, c’est-à-dire de l’aspect technique des photoscopes, il serait interessant pour conforter le lecteur dans son
adhésion à la photographie numérique de comprendre aussi le “pourquoi”, autrement dit, que peut-on bien faire avec un appareil numérique qui justifie son achat ?
Les réponses sont nombreuses et les raisons de ce choix varient énormément
d’un utilisateur à l’autre.
Certains voient dans la photo numérique l’avantage de se passer de l’étape de
développement/tirage en laboratoire, avec toutes les potentialités offertes par
l’infographie en termes de créativité artistique.
D’autres envisagent son utilisation dans le domaine professionnel où le facteur
temps (donc productivité) est crucial.
Le chapitre 3 nous a déjà éclairé sur les utilisations possibles de la chaîne
numérique, et nous avons voulu, a travers deux exemples très différents, montrer
que la photographie numérique n’est pas seulement un gadget ou un phénomène
de mode “high-tech” mais bien une réalité utile.
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PHOTOTEQUE
Plus connue sous le nom familier de “trombinoscope”, il s’agit de présenter
physiquement un ensemble de personnes avec leur patronyme et éventuellement
leur appartenance à un groupe d’intérêt commun.
L’application décrite ici est la réalisation dans un établissement scolaire (un
collège) du classement des élèves par section, avec leur photographie et les
renseignements patronymiques.
Le cahier des charges résultant de l’expérience passée et de la difficulté
d’identification des élèves sur des photos de mauvaises qualité ou trop anciennes,
était le suivant :
◊ Ne pas exiger de photos traditionnelles
◊ Pas d’investissement lourd (<3500, 00 TTC)
◊ Exploitation de l’équipement informatique déjà en place.
◊ Très bonne qualité des tirages même après une photocopie
◊ Une seule classe par document
◊ Renseignements requis : Nom, Prénom, section, année scolaire, Pro-
fesseur responsable.
◊ Dimension des photos mini 30 X 40 mm.
◊ Archivage de l’ensemble des documents sur un seul support (disquette
ZIP)
◊ Facilité de mise en oeuvre et d’éxécution
◊ Possibilité d’exploitation des photos pour d’autres applications.
.
Les limitations financières sont liées au système de fonctionnement budgétaire
des établissements publics.
Le matériel informatique étant déjà présent, le choix s’est porté sur la configuration suivante :
◊ Poste informatique :
- Ordinateur Pentium 133, 32 Mo de RAM, DD de 1.8 Go, écran 15”, lecteur
IOMEGA ZIP externe, imprimante EPSON Stylus Color 600.
◊ Logiciels
- U-LEAD Photo Impact (livré avec un scanner)
- MICROSOFT Publisher 2.0 (licence mixte Education Nationale)
- MICROSOFT Windows 95.
◊ Appareil Photo
- EPSON Photo PC500 (en raison de l’offre du moment, du prix (<3000 F), de
la qualité des images, de la présence du flash, et de l’autonomie (60 vues)).
Protocole
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La difficulté principale dans ce genre d’entreprise est l’identification univoque
de l’élève, sachant que l’opérateur de prise de vue et le responsable de la mise en
page ne peuvent reconnaître les quelques 700 visages de l’établissement.
La solution retenue a été d’effectuer les prises de vue dans l’ordre alphabétique des listes d’effectif par section, en exploitant la numérotation progressive
automatique de l’appareil, fournissant la date, l’heure et un numéro différent pour
chaque fichier (sous Windows 95 uniquement).
La capacité de l’appareil réglé en qualité standard (320 X 240 pixels) permet la
saisie de 60 vues, soit deux classes consécutives.
Le transfert a lieu toutes les deux classes, en stockant les images brutes dans
des répertoires (dossiers) distincts, identifiés par classe, comme “4eme02” par
exemple.
A ce stade, les fichiers-image sont archivés en JPEG (extension .jpg), avec
juste un numéro automatique généré par le photoscope.
Si un élève est absent, on effectue quand même la prise de vue du fond uni
pour respecter la numérotation, image de l’ordre alphabétique. Chaque dossier
contient donc autant de fichiers que d’élèves.
L’étape suivante consiste à conformer les images en photos d’identité type
“passeport”, au format 30 X 40 mm.
Ceci est réalisé dans le logiciel PhotoImpact, avec l’outil sélection rectangle
fixe aux dimensions suivantes : 171 X 228 pixels (l’appareil fourni une résolution de
144 Dpi).
Chaque fichier est ouvert, la sélection est effectuée pour cadrer le visage, la
photo est découpée par la commande Edition/découper. Après réglage éventuel de
la luminosité et du contraste (presque jamais necessaire), l’image est sauvegardée
dans le même dossier, en TIFF 256 couleurs (commandes format/type de données/
idéxé 256 couleurs optimisé, puis enregistrer sous/tif) avec comme nom le nom de
l’élève.
Le découpage et la réduction de dynamique des couleurs donnent un fichier
final de quelques 50 Ko en moyenne (à comparer aux 27 Ko de l’original en JPEG).
Après avoir effectué cette opération sur tous les fichiers, on dispose d’autant
de dossiers que de classes, chacun contenant les photos d’identité en TIFF ainsi
que les originaux bruts en JPEG.
Mise en page
Le choix du logiciel Publisher de MICROSOFT se justifie uniquement parce
qu’il faisait déjà partie de la dotation globale informatique, dans sa version 2.0.
La version Publisher 97, plus récente gère maintenant les images directement
en JPEG, ce qui permet de se passer de l’étape conversion TIFF 256, d’où gain de
temps.
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Fig. 101
-phototèque-
Fig. 102 -Anaglyphe-234-
Le cadre est montré ci-après (Cf fig.101)et exploite les marges minimum de
l’imprimante EPSON Stylus Color 600, à savoir 5 mm pour les côtés latéraux et
supérieur et 15 mm pour la marge inférieure.
Une fois complétée les cartouches (Nom, Prénom, classe, effectif, professeur
principal, année), les photos sont collées par simple glisser/déposer dans l’ordre
alphabétique.
Cette opération est rendue plus aisée en ouvrant simultanément sur le bureau,
les deux fenêtres de publisher et du dossier contenant les photos, affichée sous
forme de liste.
Il ne reste plus qu’à ajuster les images dans les cadres et à sauvegarder la
composition dans le dossier de la classe avec un nom évocateur (4eme02.pub par
exemple).
Impression
Ultime étape, les compositions sont imprimées en plusieurs exemplaires, sur
papier ordinaire, en 360 Dpi, qualité parfaitement suffisante pour l’identification, ou
en 720 Dpi sur papier couché, de meilleur aspect, mais exigeant deux fois plus de
temps.
L’impression des 27 classes en 360 Dpi demande un peu plus d’une heure et
demie.
Aspect technique
La prise de vue ne necessite aucun matériel lourd (pas de trépied, de
projecteurs ou de fond) et a été effectué à la main, pendant la période de rentrée
scolaire, où les élèves vont percevoir leurs manuels scolaires.
Le sujet est placé devant un simple panneau gris, non réfléchissant, à une
vingtaine de cm du fond pour éviter les ombres, l’appareil placé à une distance telle
que le visage soit cadré dans le collimateur interne au viseur optique.
L’utilisation du flash a permis d’éviter la dominante bleutée inhérente à la
photographie d’intérieur, en produisant des couleurs bien saturées. Le temps de
recharge du flash correspond à peu près au temps necessaire à la mise en place
des élèves, et il est à noter que l’intervalle entre deux photos ne peut être dans ce
cas inférieur à 10 s.
Pour les absents, un simple déclenchement sans éclair devant le panneau est
suffisant.
Les quelques 700 photos ont necessité 4 jeux de piles alcalines, y compris le
transfert, l’alimentation extérieure n’étant pas parvenue à temps.
La totalité de l’établissement (705 fichiers bruts en JPEG, 705 fichiers en TIFF
256 et les 26 compositions au format Publisher) représente un volume de 85 Mo,
archivé sur un disque ZIP de 100 Mo.
L’utilisation du lecteur Ioméga ZIP externe (port parallèle) permet d’assurer la
portabilité des informations d’un poste informatique à un autre, autorisant l’accès
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aux fichiers à quiconque dispose d’un ordinateur et du logiciel MS Publisher (le
transfert des 85 Mo sur le port parallèle exige quand même plus de 25 mn).
Les 27 pages ont été imprimées en trois exemplaires, à 360 Dpi, et en tenant
compte des essais et réglages, ont vidé la moitié des cartouches.
Les photos en TIFF ont plus tard dans l’année, été utilisées dans la fabrication
de badges pour l’accès à la demi-pension, sur des cartes de licence sportive, des
cartes de transport, puis par les enseignants de technologie dans la réalisation d’un
projet technique, un porte clé-photo lumineux, où les élèves ont pu incorporer les
images et ainsi personnaliser leur produit.
Associées ensuite au logiciel PhotoAlbum de l’éditeur U-LEAD, compris dans
l’offre logicielle, les mêmes photos constituent désormais l’un des éléments d’une
base de donnée visuelle comportant tous les renseignements administratifs relatifs
à chaque élève.
Conclusion
Ceci est l’exemple typique dans lequel la photographie numérique est interessante et montre sa suprématie associée à l’outil informatique.
Certains établissements ont demandé aux élèves des photos d’identité traditionnelles, et les ont ensuite numérisées une à une sur un scanner à plat.
Outre le fait que le procédé est assez lourd, il faut encore que les élèves
apportent les photos et que celles-ci soient de bonne qualité.
Le dernier avantage, et pas le moindre, est la garantie de conservation et de
réutilisation des fichiers, d’une année sur l’autre, avec pour seuls impératifs à
chaque rentrée, la saisie des nouveaux arrivants (1/4 de l’effectif seulement) et la
réorganisation des divisions par ventilation des élèves.
Le système a été depuis amélioré par l’utilisation de Publisher 97 et d’une
EPSON Photo. Le photoscope est toujours le PC500, qui après plus de 2300 photos
continue de donner pleine satisfaction.
Il est cependant difficile de calculer l’économie ainsi réalisée par rapport au
système traditionnel, car une partie du matériel était déjà présent.
En tout état de cause, les élèves n’ont plus à fournir de photos (2 ou 3 en
général). En prenant pour base une dépense de 5,00 F l’unité, en tenant compte du
prix des consommables (piles, encre, papier ...) et de l’appareil lui-même (2990,00
F à l’époque), l’investissement s’élève à moins de 5.000 F, ce qui somme toute, pour
un établissement assurant un service public, est loin d’être exagéré.
ANAGLYPHES
Place à la détente avec cette fois une application ludique de la photographie
numérique, difficile a réaliser en photo traditionnelle sans matériel spécial (donc
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cher).
Tout le monde a déjà fait l’expérience des images en relief que l’on regarde au
travers de lunettes spéciales.
Le système que nous allons utiliser, est basé sur l’application d’un filtre coloré
sur chaque oeil (un rouge et un cyan), effectuant ainsi la séparation stéréoscopique
dans le cerveau, au niveau perceptuel, à partir de deux images en deux dimensions,
colorées de la même manière, et décalées spatialement.
Ce procédé exploitant deux filtres colorés et deux images décalées porte le
nom de vision anaglyphique, et les images spéciales sont les anaglyphes.
Les lunettes utilisées sont souvent offertes dans les revues spécialisées à
l’occasion d’un nulméro spécial, ou parfois dans des boîtes de céréales, bref assez
faciles à trouver et gratuites.
Dans le cas ou vous ne pourriez vous les procurer, il est aisé de les fabriquer
à partir d’un masque de carnaval (un loup plus exactement) et de deux morceaux
de cellophane rouge et cyan (mélange de vert et de bleu) comme ceux utilisés pour
les emballages cadeau.
En général, on place le filtre rouge sur l’oeil gauche, et le cyan sur l’autre.Le
principe est très simple, le filtre rouge efface l’image rouge, l’oeil gauche ne voit
donc que la partie cyan de l’image (l’image droite).
A l’opposé, le filtre cyan renforce l’image rouge (celle de gauche) qui sera
donc percue par l’oeil droit. Le cerveau fait le mélange des deux images décalées et
reconstitue la sensation de relief.
L’obtention des deux images décalées est très facile, il suffit de prendre deux
photos, avec un léger déplacement horizontal de l’appareil.
Ce déplacement horizontal correspond à l’écart entre les deux yeux, de l’ordre
de 6,5 cm.
Cette mesure porte le nom de base stéréoscopique et dépend le l’effet de
profondeur recherché, de la distance au sujet et surtout de la focale de l’objectif.
La base moyenne pour un angle de champ de 47° est de 1/30ème de la
distance.
Dans l’exemple qui suit, les photos ont été réalisées avec un KODAK DC200,
donc de focale fixe de 38mm. La base est de 4 cm pour une distance de 2m.
Il est évident que la prise de vue s’effectue avec un trépied stable pour
maintenir la cohérence verticale.
Après la prise de vue et le transfert, l’opération suivante va être de séparer les
images en couche primaires : garder la couche rouge pour l’image de gauche et
garder les couches bleue et verte (cyan) pour l’image de droite.
Nous allons pour ce faire utiliser le logiciel Paint Shop Pro, qu sait gérer la
séparation en couches RVB (Photo Impact ne gère que les couches CMJN).
La copie d’écran ci-après illustre la démarche : On ouvre l’image de droite, on
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la sépare en trois couches par la commande Image/Channels/Splitting, on ferme la
fenêtre rouge. On ouvre l’image de gauche, même opération de séparation, mais on
ferme cette fois les couches bleue et verte.
Il faut ensuite reconstituer l’image finale (l’anaglyphe) en combinant les trois
couches restantes : canal rouge = rouge1(ou numéro le plus petit), canal vert = vert2
, canal bleu = bleu2.
L’anaglyphe apparait alors à l’écran, il ne reste plus qu’à l’enregistrer.
L’impression de relief est en général assez bien rendue, mais il faut quand même
respecter quelques règles :
- La base ne doit pas être trop grande sinon l’oeil a du mal à accomoder et
l’effet de relief disparait.
- La base doit être autant plus petite que la focale est courte.
- Il faut éviter de photographier des sujets extérieurs en cas de fort vent
- Il faut éviter les sujets comportant des couleurs trop vives ou saturées.
- L’emploi du trépied est obligatoire.
PHOTOGRAPHIE 3D
Encore une application inédite des photoscopes, la génération d’images en
trois dimensions réelles, à partir d’une prise de vue classique.
Le premier constructeur à avoir réaliseé un système grand public véritablement
opérationnel dans ce domaine est MINOLTA avec son modèle 3D-1500, qui est en
fait un appareil classique (le Dîmage 1500) auquel vient s’adjoindre entre les partie
traitement et optique, un boîtier spécial, développé conjointement par la société
METAFLASH.
Le système est très simple : la prise de vue s’opère en deux temps, une
première photo normale, en couleur pour obtenir la texture et les couleurs, puis une
deuxième pendant laquelle le sujet est éclairé par des bandes lumineuses horizontales de différentes couleurs destinées aux calculs des formes.
Les clichés sont ensuite transférés dans le logiciel spécial MétaflashStudio où
il vont encore subir un traitement en trois étapes (determination des points communs
aux deux clichés, alignement et assemblage avec texture).
Le résultat est saisissant : en moins d’une minute, on obtient un objet en 3D
que l’on peut sauvegarder dans un des nombreux formats proposés pouvant être
exploités directement sur le web par exemple.
Le coût de l’ensemble est quand même de quelques 20.000,00 F !
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