12 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007
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12 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007
FRANCE FRANCE Catholique Catholique 83 ème année - Hebdomadaire n°3054 - 12 janvier 2007 www.france-catholique.fr 2,90 € Jérusalem centre du monde PRESIDENTIELLE Les chrétiens et la politique ŒCUMENISME L’autorité dans l’Eglise CINEMA Le Grand Silence, Terre sainte... ...l’autre Mur 3:HIKLMI=YUW^U[:?n@k@f@e@a; phénomène de société M 01284 - 3054 - F: 2,90 E ISSN 0015-9506 FRANCE Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité BRÈVES MONDE FRANCE EUROPE : Un sondage effectué par l’Institut Gallup à la demande de la Commission de Bruxelles révèle que les Européens sont de moins en moins satisfaits de l’euro. 600 milliards d’euros sont actuellement en circulation dans le monde. La Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l’Union européenne le 1er janvier, tandis que la Slovénie passait à l’euro. D’après les chiffres publiés le 5 janvier par Eurostat, le taux de chômage de la zone euro a atteint en novembre 2006, avec 7,6%, son niveau le plus bas depuis 1993. NIGERIA : Une explosion survenue sur un oléoduc à Lagos a fait plus de 300 morts le 26 décembre. IRAK : Saddam Hussein a été pendu le 30 décembre à l’aube. L’exécution, filmée clandestinement, a été montrée sur internet. ETATS-UNIS : L’ancien président Gérald Ford est décédé le 27 décembre, à 93 ans. BIELORUSSIE : Moscou et Minsk ont signé le 31 décembre un accord de dernière minute sur le prix des livraisons de gaz russe, mais un nouveau bras de fer est commencé à propos du pétrole. PALESTINE : Les forces de sécurité du président Mahmoud Abbas, ont reçu à Gaza le 28 décembre des armes en provenance d’Egypte, avec l’accord d’Israël. ITALIE : Rome a lancé le 29 décembre un appel d’offres en vue de la cession d’au moins 30% du capital de la compagnie aérienne Alitalia. ESPAGNE : Une voiture piégée a explosé le 30 décembre au matin dans un parking de l’aéroport de Madrid, tuant deux personnes. Le gouvernement a annoncé la suspension de tout contact avec l’Eta dont une branche avait revendiqué l’attentat. INDONESIE : Environ 500 personnes ont été portées disparues le 30 décembre après le naufrage d’un ferry au large de l’île de Java. CLIMAT : D’après l’Office météorologique britannique, la température moyenne mondiale devrait atteindre avec 14,5° degrés un niveau record en 2007. La douceur du climat pèse sur les marchés pétroliers : le prix du baril pourrait même chuter à 50 $ contre 78 l’été dernier. Pour la première fois depuis neuf ans, la consommation française d’électricité a baissé de 1% en 2006. POLITIQUE : Le Conseil supérieur de l’audio-visuel a regretté le 5 janvier que certaines chaînes reproduisent la bipolarisation excessive au profit de S. Royal et N. Sarkozy. FISCALITE : Le président de la République a défini le 4 janvier un programme économique et social pour les cinq ans à venir, en particulier l’abaissement de 33 à 20% de l’impôt sur les sociétés afin de lutter contre la concurrence fiscale entre pays européens. Il a également plaidé pour le développement des services publics. LOGEMENTS : Alors que les prix des logements ont atteint des sommets l’an passé, près de 44% des acquisitions ont été le fait de ménages modestes. Le nombre de mises en chantier a établi cette année un nouveau record à près de 430 000 ; les permis de construire ont atteint le chiffre de 565 000 environ. SDF : Nicolas Sarkozy a chargé le 27 décembre l’avocat Arno Klarsfeld d’une mission sur l’hébergement des sanslogis ; l’avocat a proposé la création dans les villes de centres "à taille humaine" avec l’accord des municipalités ; mais il s’est déclaré hostile aux réquisitions. Les centres d’accueil seront désormais plus largement ouverts et le gouvernement s’est donné pour objectif de passer de 1 100 "places de stabilisation" actuellement à 10 500 fin 2007. BOURSE : Après avoir enregistré un gain de plus de 17% en 2006, la bourse devrait, selon les experts, connaître une nouvelle année de hausse en 2007 : le CAC 40 pourrait atteindre jusqu’à 6 300 points en fin d’année ; mais les cours seront vraisemblablement plus volatiles en raison des élections présidentielle et législatives. SOCIAL : Un projet de loi instaurant un "bouclier social" pour les très petites entreprises sous forme d’une modification des charges sociales sera présenté prochainement au conseil des ministres. La Cour des comptes a demandé fin décembre aux élus du comité d’entreprise d’EDF de s’expliquer sur une gestion défaillante et des coûts de revient exorbitants ; depuis 1946, les œuvres sociales des industries électriques et gazières sont dirigées par la CGT. JUSTICE : Fait rarissime, trois enfants de 2 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 10 ans pourraient être mis en examen après expertise psychiatrique pour avoir allumé volontairement un feu qui a détruit la ludothèque de Chelles (Seineet-Marne) le 3 janvier. Le président PS de la région Ile-deFrance, J.P. Huchon, comparaît depuis le 8 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris pour prise illégale d’intérêts dans la passation de marchés publics. ACCIDENTS : Trois personnes ont trouvé la mort le 7 janvier dans un accident d’hélicoptère en Camargue ; les victimes ont été écrasées par l’appareil dont les passagers sont indemnes ; le sous-préfet des Bouches-du-Rhône a critiqué "l’irresponsabilité" qui a entouré cet accident. CHOMAGE : Après une pause en octobre, le nombre de demandeurs d’emploi a repris sa baisse (-0,8% en novembre) à 2 110 000, soit un recul de 10% en un an ; c’est le niveau le plus bas depuis juillet 2001. Le taux de chômage au sens du BIT s’établit à 8,7% de la population active. D’après un collectif d’associations qui s’appuie sur une définition plus large du chômage, le nombre de demandeurs d’emploi serait proche de 4,5 millions. SANTE : Un rapport du président de la Haute Autorité de la Santé sur l’auto–médication, dévoilé le 27 décembre, entend encourager l’achat direct de médicaments en pharmacie par les usagers sans passer par le médecin et donc sans remboursement. Un décret publié le 23 décembre détaille le dispositif "bébés–médicaments", procédure autorisant la conception d’un enfant exempt de maladie génétique en vue de soigner un aîné malade grâce au sang du placenta ou à un don de moelle osseuse. POLYNESIE : Gaston Tong Sang, proche de Gaston Flosse, a été élu président de la Polynésie française le 26 décembre ; il succède à l’indépendantiste Oscar Temaru. ESPACE : Le satellite français Corot, chercheur de planètes hors du système solaire, a été lancé le 27 décembre de Baïkonour. NAVIGATION : Après 41 jours de mer, le rameur Romain Vergé a coupé le 29 décembre la ligne d’arrivée de l’épreuve "Rames Guyane 2006" ; il devançait largement les neuf rescapés de la course partis de St-Louis du Sénégal le 19 novembre. Jacques LECAILLON EDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 AFRIQUE Somalie, un Afghanistan africain Tous logés ? Alice Tulle 6 RETROSPECTIVE 2006, année bioéthique Tugdual Derville DOSSIER 8 TERRE SAINTE Jérusalem, centre du monde Don Patrick de Laubier ESPRIT 14 MEMOIRE DES JOURS Libye : non à la barbarie 15 ECCLESIA Robert Masson Les chrétiens et la politique Cardinal Philippe Barbarin 17 LECTURES 18 ESPRIT 20 ŒCUMENISME Le mariage est-ce si naturel ? Père Michel Gitton Lettres de Polunsky Unit n°889 Père Daniel-Ange L’autorité dans l’Eglise Père Patrice Mahieu MAGAZINE 23 LETTRES Journal, en terminant l’année 26 CINEMA "Le Grand Silence" 31 CINEMA "Harold Crick", "Le petit peintre..." Gérard Leclerc Philip Gröning "Le serpent", "Une grande année" Marie-Christine Renaud d’André / Marie-Lorraine Roussel 32 EXPOSITIONS Katagami 33 EXPOSITIONS Zaborov : livres éternels Alain Solari A.S. 34 THEATRE 35 TELEVISION 36 TELEVISION 38 BLOC-NOTES Fest’hiver à Avignon Pierre François "La traque des nazis" "Le maître du jeu", "La colline aux mille enfants" Marie-Christine Renaud d’André Votre début de soirée M.-Ch. R. d’A. Vie associative et d’Eglise Brigitte Pondaven www.france-catholique.fr Couverture © CHAUNU Rendez-vous sur le stand de France Catholique au salon RELIGIO du samedi 13 au lundi 15 janvier 2007 de 10 h à 18 h Espace Champerret - Paris L’Eglise polonaise à l’épreuve a démission de Mgr Stanislas Wielgus, nouvel archevêque de Varsovie et successeur du cardinal Glemp, juste avant la messe de son installation, constitue un événement douloureux pour l’Eglise de Pologne et indique combien est difficile la période qui succède à la disparition de celui qui fut pour elle un maître incomparable. Jean-Paul II, en effet, disposait de tout le prestige possible auprès de ses compatriotes pour mener à bien la délicate transition du totalitarisme à la liberté. Comment éviter les écueils contraires du relativisme éthique lié d’un côté à la mutation consumériste et de l’autre à un extrémisme politico-religieux prompt aux repliements idéologiques et à la désignation de boucs émissaires ? Par ailleurs, tous les pays délivrés du communisme ont eu à gérer leur passé proche, en cherchant souvent à éviter l’épuration brutale qui aurait ravivé blessures et rancœurs. L’ancien président tchèque Vaclav Havel ne s’était-il pas lui-même montré d’une extrême prudence à l’égard de ses anciens persécuteurs, sachant que le régime policier qui était tombé en 1989 avait fait de ses concitoyens à la fois “des victimes et des coupables” ? L’ouverture des archives, de Moscou à par Gérard LECLERC Berlin, en passant par Varsovie, a non seulement rappelé que la surveillance policière structurait toute la vie sociale des régimes anciens, mais aussi que la règle d’un tel système supposait la complicité la plus vaste possible d’individus dévolus, contre leur gré, à un rôle d’indicateurs. Que l’Eglise polonaise ait été victime de telles pratiques et que son clergé ait été particulièrement utilisé à de telles fins ne saurait étonner. Ce jeu avait d’ailleurs des subtilités qui pouvaient se retourner contre le régime. Dans quelle mesure Mgr Wielgus fut-il victime et coupable ? Peu de gens sauraient vraiment le dire, à un moment où l’utilisation du passé permet les règlements de comptes anciens et des coups justifiés par l’anticléricalisme d’un nouveau genre qui sévit à Varsovie, avec l’appui de quelques publicistes parisiens, peu soucieux de se mettre au net avec leur propre passé totalitaire. La décision prise par l’éphémère successeur du cardinal Glemp, et aussitôt ratifiée par Benoît XVI, est dictée par la sagesse. L’avenir du catholicisme dans la patrie de Stefan Wyszynski et de Karol Wojtyla ne doit pas être grevé par l’apurement indéfini du passé. Il doit largement s’ouvrir à des perspectives créatrices, à des projets missionnaires proportionnés aux enjeux d’un âge qui bouleverse toutes les données. Il faut sortir des pièges où on voudrait enfoncer le christianisme de ce début de millénaire, pour lui permettre, conformément à sa vocation, de féconder un avenir à visage humano-divin. ■ L FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 D.R. Yves La Marck 5 SOCIAL 3 ACTUALITE CORNE DE L’AFRIQUE Somalie un Afghanistan africain L’histoire récente de la Somalie n’est pas sans analogies avec celle de l’Afghanistan. Les leçons de l’une devraient empêcher de nouvelles erreurs pour l’autre. a séquence des événements est un classique : partage du pays entre des chefs de guerre, réaction unitaire islamiste, ici les étudiants (taliban), là les tribunaux (charia), puis renversement du pouvoir déconsidéré par ses excès fondamentalistes, instauration d’un pouvoir semi-démocratique avec appui occidental, direct et indirect via un protecteur régional, ici le Pakistan, là l’Ethiopie. Le pouvoir légal, soutenu par la communauté internationale, ne peut alors durer qu’en s’appuyant à nouveau sur les ex-chefs de guerre. Les trafics continuent, mais au moins les "experts" étrangers peuvent opérer contre les réseaux terroristes. Le pouvoir apparent contrôle les villes principales. Le pays demeure organisé traditionnellement selon les divisions en clans et sous-clans. La négociation interne est le seul mode de gouvernement reconnu. La Somalie présente un intérêt stratégique rigoureusement parallèle à celui de l’Afghanistan. Les deux pays sont équidistants par rapport au centre constitué par l’Irak et le Golfe. Ce sont les deux abris idéaux pour les réseaux terroristes voulant prendre le Moyen-Orient en tenaille. Il est impérieux pour Washington de contrôler et l’un et l’autre. C’est aujourd’hui chose faite. Les Etats-Unis reviennent de loin dans les deux cas. Personne n’a oublié la piteuse expédition de L ( Mogadiscio immortalisée par le cinéma (La chute du faucon noir). La prise de la même ville treize ans plus tard depuis l’Ethiopie est vécue comme une revanche de l’Histoire. Les bases de ce retournement sont cependant fragiles. L’influence américaine y est prépondérante. On ne peut en dire autant du Pakistan, créé idéologiquement comme Etat national musulman. Il faut compter avec l’inimitié ancestrale entre Ethiopiens et Somaliens. “Ramené dans les L’Ethiopie est un allié auquel on peut faire plus de confiance que le Pakistan. Certes, elle compte environ une moitié de musulmans à l’intérieur de sa population, ce qui est souvent méconnu, y compris une partie purement somalie (l’Ogaden, objet de vieilles luttes longues et sanglantes). Le pouvoir d’AddisAbeba demeure néanmoins identifié comme "chrétien". fourgons de l’étranger”, le gouvernement formé à Nairobi en 2004 et péniblement installé dans une bourgade frontalière, Baidoa, va devoir faire la preuve qu’il peut tenir tout seul. Il ne le peut donc qu’en négociant avec les ex-chefs de guerre et les clans. Venant du Nord, il est automatiquement associé aux Darods dominant dans l’Ogaden dont la colonisation Personne n’a oublié la piteuse expédition de Mogasdiscio immortalisée par le cinéma 4 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 par Yves LA MARCK somalie est elle-même venue du Nord, c’est-à-dire de l’actuel Somaliland, Etat quasiment indépendant depuis l’effondrement de l’Etat Somalien en 1991. Un troisième morceau, le Puntland, intermédiaire, vit également sa vie propre. L’un des enjeux du nouveau gouvernement sera de savoir s’il est capable de fédérer ces trois démembrements. Washington, souvent sollicité de reconnaître le Somaliland, avait sagement attendu... Si les Ethiopiens ne sont pas les bienvenus, un retour visible des Occidentaux, Américains en tête, susciterait des réactions de rejet violentes. La solution sera recherchée dans un cadre multilatéral. Comme au Darfour, l’Union Africaine a été sollicitée pour servir de relais à l’ONU. Rwandais, Ougandais, SudAfricains, Sahéliens de l’Ouest, qui sait ? seront approchés pour fournir des contingents chargés de policer Mogadiscio à la place d’autres nationalités trop blanches, ou trop voisines... La communauté internationale doit avancer avant que la résistance ne se réorganise, les milices, comme en Afghanistan, ayant préféré gagner le désert plutôt que de livrer bataille. Ainsi demeurent-elles presque intactes. Gare à la retraite des vainqueurs d’aujourd’hui ! ■ ACTUALITE LEGISLATION par Alice TULLE Tous logés ? ur la question du logement des personnes sans abri, les promesses des dirigeants politiques ont été nombreuses et déterminées. Dans un livre-programme (1) publié en 1994, Jacques Chirac constatait que "plusieurs millions de nos compatriotes privés d’emploi, de logement… sont sur la pente de l’exclusion" (p. 48) et concluait : "Maire d’une grande ville, je connais trop leur détresse pour n’être pas résolu à agir vite" (p. 83). Mais l’action entreprise par le docteur Xavier Emmanuelli à la tête du ministère à l’Action humanitaire n’avait pas été déterminante. Le Parti socialiste s’était engagé en 2002 à résoudre la question, mais en juillet 2006 Bertrand Delanoë, maire de Paris, avait fait prestement déménager les sansabri qui vivaient sous des tentes plantées au bord de la Seine . Le 18 décembre dernier, des SDF qui campaient sous le pont d’Austerlitz avaient été chassés – alors que l’action des "Enfants de don Quichotte” était lancée depuis 48 heures. Cette association récemment créée a pris pour devise une phrase du P. Joseph Wrésinski : « Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ». Et il est vrai que sa charte a été signée par des personnalités très diverses. Elle a installé des tentes le long du canal St-Martin, convié des vedettes, alerté la presse et la S traditionnelle complainte médiatique sur les pauvres pendant les fêtes s’est transformée pendant la non moins traditionnelle trêve des confiseurs en affaire politique de première importance. A toutes les étapes de la mobilisation en faveur des sans abris, la télévision a joué un rôle décisif et certaines associations humanitaires qui agissent depuis des années dans l’indifférence quasi-générale en ont éprouvé une compréhensible amertume. Mais le fait est que le gouvernement veut agir vite. Après consultation des organisations humanitaires (Secours catholique, Emmaüs...) et d’associations de défense des mal logés et des sans abri, après lecture du tout dernier rapport (le 12ème) commandé à Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu Social et président du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, le Premier ministre a annoncé le 3 janvier qu’un projet de loi sera présenté à l’Assemblée nationale à l’issue du Conseil des ministres du 17 du même mois. Principale disposition envisagée : l’institution d’un droit au logement opposable. Le principe est simple : lorsqu’un droit est déclaré "opposable" tout citoyen privé de ce droit peut saisir la justice. Le "droit à un logement digne et décent" avait été reconnu par la loi Besson de 1990 et, en 1995, "la possibilité pour toute personne de disposer d’un logement décent" a été proclamée "principe à valeur constitutionnelle". L’idée de rendre ce droit opposable n’est pas nouvelle : J.-P. Raffarin en était partisan et, en septembre 2005, Christine Boutin avait déposé une proposition de loi en ce sens. Il ne fait pas de doute, désormais, que le projet sera voté par la majorité et probablement par la gauche. La question du logement sera-t-elle résolue pour autant ? Malheureusement pas tout de suite : le droit au logement ne crée pas automatiquement les logements qui permettront de donner satisfaction aux requérants. D’ailleurs, Xavier Emmanuelli estime à six ans "le temps minimum nécessaire" pour répondre aux besoins à partir du moment où le droit au logement opposable sera institué. Le 3 janvier, Dominique de Villepin a prévenu qu’il faudra être patient car ce droit opposable "pourra être mis en oeuvre dès la fin de l’année 2008" pour les personnes en grande difficulté (sans domicile fixe, femme seule avec enfant…) et à partir du 1er janvier 2012 pour l’ensemble des mal-logés. Mais la patience n’est pas la principale qualité des associations très médiatisées qui ont occupé un immeuble vide du centre de Paris pour y installer un "ministère de la crise du logement". La pression sur le gouvernement ne retombera pas de sitôt. ■ La complainte médiatique sur les pauvres s’est transformée en affaire politique ( Grâce à l’appui décisif des chaînes de télévision,"Les Enfants de don Quichotte" vont faire reconnaître par le législateur un “droit au logement opposable” dont on parlait depuis longtemps. FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 5 ACTUALITE RETROSPECTIVE 2006, année b Les controverses liées à la vie et à la famille se sont multipliées en 2006, dessinant une ligne de fracture politique dont l’humanité est l’enjeu. Début de la vie En France, alors que le débat sur l’avortement semblait interdit, des statistiques tendent à le réveiller. Malgré un taux record d’usage de la contraception, on découvre en septembre que l’IVG a grimpé encore de 3,6% de 2003 à 2004. La contradiction n’est qu’apparente : la mentalité contraceptive fait peser sur les femmes une injonction "morale" à n’accueillir que les enfants "programmés". Les techniques de contraception ont une forte "efficacité théorique" mais leur "efficacité pratique" est aléatoire : les "accidents de contraception" sont les premiers mobiles de l’IVG. Entre 1990 et 2003, l’avortement des 15-17 ans a augmenté de 32% ! Face à ce constat, une fuite en avant se dessine : un tiers des filles de 15 à 24 ans ont déjà pris la pilule du lendemain Norlevo, produit aux effets mal connus, partiellement anti-nidatoire, donc abortif précoce. Un million de boites ont été diffusées en 2005 et la tendance est à la hausse. Que le Norlevo qu’on présentait comme ( un recours exceptionnel se banalise comme "oral de rattrapage" interroge les professionnels de l’éducation : serait-il déresponsabilisant ? Fin 2006 les autorités sanitaires préconisent de rendre libre et gratuite la contraception pour les mineures, au risque d’amputer davantage la mission éducative des parents. seuls… où à émigrer. Les "féministes" occidentales découvrent qu’un geste conçu comme libératoire pour les femmes en fait les premières victimes. Un reportage diffusé en octobre sur Arte estime à cent millions le nombre de femmes manquantes en Asie. Dans le monde, le contraste des situations révèle un malaise : au Portugal, interminable débat avant un nouveau référendum sur l’avortement (qui reste quasi illégal) ; en Espagne, scandale des filières catalanes d’avortements tardifs (jusqu’au 8e mois !) ; en Grande-Bretagne rejet d’une proposition de loi qui aurait réduit le délai légal qui demeure donc à 22 semaines ; en Pologne étude d’un projet visant à rendre l’avortement inconstitutionnel ; aux Etats-Unis interrogations sur le renouvellement de la Cour suprême américaine et l’initiative du Dakota du Sud interdisant l’avortement. C’est d’Asie que pourrait venir la prise de conscience : le 2 août, un militant chinois des droits de l’homme est condamné pour avoir dénoncé des milliers d’avortements forcés. En Inde, c’est un charnier de fœtus de sexe féminin qui est découvert pendant l’été. Dans ces pays comme au Pakistan les avortements sélectifs des filles (illégaux) ont pris des proportions gigantesques à mesure des progrès du dépistage prénatal du sexe. Un déséquilibre de la pyramide démographique y induit des problèmes ingérables, compte tenu du nombre d’hommes condamnés à vivre En France, alors que les dernières lois bioéthiques se mettent en place, c’est à l’approche du 20e Téléthon que s’ouvre une controverse inédite. Le décret d’application permettant l’expérimentation sur les embryons "surnuméraires" est signé le 7 février. Pour Mgr André Vingt-Trois "on nous fait rêver d’un avenir fantasmatique où l’on pourrait guérir les maladies de Parkinson ou d’Alzheimer. Il s’agit d’un acte de foi que l’on n’oserait pas demander dans le domaine religieux". Le professeur Marc Peschanki est le premier chercheur à mettre en œuvre cette transgression en France. Qu’il le fasse avec le financement de l’Association Française contre les Myopathies (AFM) qui héberge son laboratoire n’est pas étranger à la polémique ouverte avant le Téléthon 2006. A partir d’une note de l’observatoire sociopolitique du diocèse de Toulon, des évêques mettent en cause l’usage des fonds récoltés. Ils pointent la chosification de l’embryon humain par la recherche et la pratique du DPI (Diagnostic préimplantatoire ou tri embryonnaire), une technique revendiquée par l’AFM et qui s’est développée grâce aux résultats de la recherche. Science & bioéthique A cause de l’avortement sélectif des filles, 100 millions de femmes seraient manquantes en Asie 6 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 Même si l’Eglise est accusée d’inhumanité, elle a su – sans que s’effondrent les dons à l’AFM – briser le silence sur une dérive inquiétante : est-il "thérapeutique" de supprimer des malades au stade précoce de leur existence ? Avec l’échographie, les tests sanguins, l’amniocentèse et l’avortement "médical" ce sont les personnes trisomiques qu’on tend déjà à éradiquer. Un système de santé très "protecteur" a tellement accru la surveillance des grossesses, qu’elle les rend de plus en plus "anxiogènes"… et sélectives. Le 27 septembre, on découvre que le DPI est désormais utilisé à Strasbourg pour certaines prédispositions génétiques au cancer. Cette nouvelle option divise les scientifiques. La France est l’un des pays du monde qui "flirte" le plus avec l’eugénisme avoue le professeur Didier Sicard. Président du Comité consultatif national d’éthique, il affirme pourtant à propos des positions de l’Eglise sur l’embryon qu’elle "n’a pas le droit d’en faire une manifestation publique". Rendu à la veille du Téléthon un rapport parlementaire préconise de généraliser l’expérimentation sur l’embryon et de légaliser le clonage pour la recherche, renommé "transposition nucléaire" pour échapper à l’opprobre qui pèse sur le mot. Aux Etats-Unis, le 19 Juillet, le président Bush exerce son premier véto historique contre le financement public de la recherche sur l’embryon. Ce succès est attribué aux lobbies religieux. De son côté, le Vatican organise en septembre un congrès scientifique international sur les potentialités des cellules souches adultes. Un ACTUALITE par Tugdual DERVILLE changement de ton est alors observé chez les journalistes spécialisés : pourquoi des recherches ayant déjà fait leur preuve et éthiquement neutres ne bénéficientelles pas de la médiatisation et des financements obtenus par la recherche embryonnaire qui n’a pour le moment donné aucun résultat ? Une "fascination" douteuse pour l’embryon est suspectée. Définition de la famille & sexualité En France, le débat s’est focalisé sur la légalisation du mariage entre personnes de même sexe assortie d’un droit à l’adoption d’enfants. Le non-lieu prononcé le 27 septembre sur l’affaire Sébastien Nouchet (un homme qui s’était dit victime d’une atroce agression en raison de son homosexualité) suggère que c’est sans-doute une tentative de suicide qui nous a valu le dispositif de lutte contre l’homophobie intégré à la loi à la suite de ce drame. Quant aux "mariés" emblématiques de Bègles, ils sont condamnés en octobre pour escroquerie… De son côté, le député Christian Vanneste est condamné le 12 décembre pour avoir jugé l’homosexualité "inférieure" à l’hétérosexualité. Sa liberté d’expression a été sacrifiée sur l’autel du politiquement correct. Mais les députés rejettent un amendement qui prétendait aligner la fiscalité du Pacs sur le mariage. L’année 2006 aura surtout vu se cristalliser les prises de position préélectorales : le 9 juin, le ralliement de Ségolène Royal au mariage et à l’adoption homosexuels lève le dernier obstacle à son adou- bement par le PS. Même Lionel Jospin la suit fin août dans ce revirement (il envisage alors d’être candidat). A droite, François Bayrou reste au milieu du gué en proposant "l’adoption simple". Nicolas Sarkozy tente le compromis avec une Union civile, en mairie mais sans adoption. Les affiches de Philippe de Villiers contestent "le mariage homo" et Jean-Marie Le Pen, qui reste hostile au mariage gay, dit s’accommoder du Pacs. La plupart de ces postures traduisent une érosion de l’opinion, surtout chez les plus jeunes. Pourtant, selon le sondage Ifop commandité en novembre par l’Appel des maires pour l’enfance (12 563 signataires), 74% des maires se disent hostiles au mariage et à l’adoption homosexuels et 81 % souhaitent "maintenir le modèle parental avec un père et une mère au nom de l'intérêt de l'enfant". Leur prise de position rejoint celle de l’entente parlementaire réunie sur le même thème derrière le député Jean-Marc Nesme (174 signataires le 11 janvier 2006, et près de 300 fin 2006, tous de la majorité). Des personnes homosexuelles n’attendent pas la loi pour utiliser des systèmes de procréation artificielle (inséminations "bricolées" en privé, ou modalités plus techniques obtenues à l’étranger) et faire valoir les nouvelles revendications que les dérives bioéthiques leur ouvrent. Pour la troisième fois, une adoption simple est prononcée en octobre (à Belfort) pour la "compagne" d’une femme ayant conçu en Belgique un enfant par insémination artificielle. La Belgique achève de légaliser l’adoption homosexuelle le 20 avril, rejoignant des pays d’Europe du nord, l’Angleterre et l’Espagne. Dans un tout autre domaine, l’approche de la coupe du monde de Football déclenche le scandale sexuel planétaire de l’année : une gigantesque maison close s’est ouverte près d’un stade. En Allemagne, la prostitution est légale et l’on parle de dizaines de milliers de prostituées "importées" des pays de l’Est. Des pays abolitionnistes – qui considèrent que la prostitution porte atteinte à la dignité humaine – menacent l’événement sportif de boycott. Dès le match d’ouverture, le sport reprend ses droits... Fin de vie & euthanasie En France, le procès de Berck n’aura pas lieu. Le 2 janvier 2006, le procureur de Béthune prononce un double non-lieu pour Marie Humbert et le docteur Chaussoy 27 mois après l’euthanasie de Vincent Humbert. Son motif : une "contrainte psychologique" aurait pesé sur la mère de Vincent, par "la pression" de son fils, et sur le médecin réanimateur par les médias. A la fois déçus et soulagés les bénéficiaires des non-lieux se mobilisent : une pièce de théâtre prétendant jouer le procès est présentée à la mairie de Paris le 17 septembre par l’association "Faut qu’on s’active" ; un téléfilm, réalisé à l’automne 2006, doit diffuser en 2007 sur TF1 une version orientée de l’affaire. Le lobby de l’euthanasie se rabat sur un autre fait divers, celui C’est d’Italie qu’est venue, en toute fin d’année, une nouvelle affaire à retentissement international. Après qu’il a demandé en vain à la Justice d’ordonner son euthanasie Piergiorgio Welby, sexagénaire atteint d'une dystrophie musculaire incurable meurt cinq jours avant Noël : son médecin anesthésiste a débranché le respirateur qui le maintenait en vie depuis des années. Comme pour l’euthanasie de Terri Schiavo en 2005, l’Eglise se prononce au plus haut niveau contre le suicide assisté de M. Welby, et le cardinal Ruini, tout en proposant une messe d’intercession, refuse à la famille du défunt des obsèques religieuses. Critiquée, sa position vise à défendre la dignité des personnes dépendantes et à ne pas cautionner un geste suicidaire. Une fois encore la liberté de l’Eglise se manifeste face aux mises en demeure du monde… et aux pressions médiatiques. ■ 81% des maires souhaitent maintenir le modèle parental avec un père et une mère ( ioéthique de Dordogne. Cette fois, la Justice ne peut se dérober sous peine de provoquer une dépénalisation jurisprudentielle de l’euthanasie. Le 18 mai, Chantal Chanel et Laurence Tramois, respectivement infirmière et médecin, sont logiquement renvoyées en Cour d’Assise pour l’euthanasie de Paulette Drouais. Leur procès devrait se dérouler en mars 2007, avant les élections présidentielles… Pendant ce temps, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) obtient au mois d’août un agrément ministériel national pour représenter les usagers des hôpitaux dans leurs instances officielles. L’Alliance pour les Droits de la Vie porte l’affaire devant la justice administrative et lance un "Appel contre le lobby de l’euthanasie à l’hôpital". FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 7 DOSSIER Jérusalem centre du m par Don Patrick de LAUBIER Le 1er janvier, dans un discours qui citait la dernière guerre du Liban, le Pape a adressé ses vœux au monde, “en particulier à ceux qui sont dans la douleur et dans la souffrance, à ceux qui vivent menacés par la violence et par la force des armes”. Il a développé sa conception de “la personne humaine, cœur de la paix”. “S'il est vrai que la paix entre les individus et entre les peuples — capacité de vivre les uns à côté des autres en tissant des relations de justice et de solidarité — représente un engagement qui ne connaît pas de répit, il est aussi vrai, et même encore plus vrai, que la paix est un don de Dieu [...] C'est un point qu'il faut rappeler avec clarté: une guerre au nom de Dieu n'est jamais acceptable !” Après Ratisbonne et Istanbul, beaucoup ont émis l’hypothèse que la prochaine étape de ce discours sur l’alliance de la raison et de la foi contre les idéologies meurtrières, pourrait bien être Jérusalem. C’est en tout cas dans cette perspective que nous rouvrons ce dossier. 8 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 e centre du monde ? Il se trouve à Jérusalem : de Sion l’on dira tout homme y est né (ps 87). D’année en année on peut constater l’extraordinaire importance religieuse, politique et même économique du Moyen Orient dont le centre spirituel est incontestablement Jérusalem ville du monothéisme, ville trois fois sainte : pour le judaïsme, le christianisme et l’islam. La bibliothèque d’ouvrages sur la situation actuelle en Israël ne cesse de s’enrichir et il semble que tout a été dit. Pourtant certains témoins méritent encore d’être entendus parce que leurs diagnostics sont confirmés par les faits. On ne s’improvise pas prophète, mais l’expérience et une certaine connaturalité née de la sympathie et même de l’amour, permettent de voir plus clair. Nous en retiendrons deux, le Père Marcel Dubois (1) , dominicain vivant à Jérusalem depuis 1962, grand prix d’Israël, et Jimmy Carter (2) ancien président des Etats-Unis (1977-1981), qui avait obtenu en 1978 un traité de paix entre l’Egypte et Israël signé par Anouar el-Sadate, Menahem Begin et lui-même. Le prix Nobel de la paix lui fut attribué en 2002 pour son action au service de la paix dans le monde. L’un et l’autre ont montré combien ils étaient attachés à Israël et leurs diagnostics sur la condition palestinienne méritent d’autant plus l’attention que des guerres civiles menacent de se multiplier dans la région en risquant de créer un chaos très dangereux pour Israël mais aussi pour le monde. On se souvient que la première guerre mondiale a été déclenchée par un attentat à Sarajevo qui se produisit L DOSSIER © HUBERT DEBBASCH onde dans les Balkans en proie à des conflits incessants. Aujourd’hui un nouvel élément capital intervient : la religion. Au XXe siècle, des idéologies antireligieuses avaient caractérisé les totalitarismes ; au siècle suivant, c’est au nom de la religion que la politique s’avance masquée et bientôt ce qui n’était qu’un prétexte est en train de devenir la cause principale. La situation géopolitique en Palestine Rappelons d’abord la déclaration établissant l’Etat d’Israël le 14 mai 1948 : L’Etat d’Israël sera ouvert à l’immigration juive et en vue de l’accueil des exilés ; il développera le pays dans l’intérêt de ses habitants, il sera basé sur la liberté, la justice et la paix dans l’esprit des prophètes d’Israël ; il assurera l’égalité des droits sociaux et politiques de tous ses habitants quels que soient leur religion, leur race ou leur sexe ; il garantira la liberté de religion, de conscience, de langue, d’éducation et de culture ; il assurera la garantie des lieux saints de toutes les religions et sera fidèle aux principes de la Charte des Nations unies. Dès les discussions préparatoires de 1947, environ 55% de la Palestine avaient été donnés C’est au nom de la religion que la politique s’avance masquée au futur Etat juif. Après la guerre de 1948, l’armistice de 1949 donna à l’Etat d’Israël 77% de la Palestine. En 1967, Israël, menacé par quatre Etats arabes, occupa les hauteurs de Golan, Gaza, le Sinaï et la Cisjordanie avec Jérusalem. Six mois plus tard, la résolution 242 des Nations unies exigea, en vain, d’Israël le retrait des territoires occupés. En 1973, l’Egypte et la Syrie attaquèrent Israël par surprise, mais furent repoussées. Grâce aux efforts de l’administration Carter, alors président, des contacts furent rétablis entre Israël et l’Egypte. Le Sinaï fut rendu à l’Egypte qui signa un traité de paix avec Israël en 1979, mais les autres Etats arabes refusèrent de s’engager. Le processus de paix sur la base de la résolution 242 des Nations Unies prévoyait un accord de paix entre les belligérants et l’autonomie de la Cisjordanie et de Gaza. Depuis 1967, Israël occupe donc la Cisjordanie dont la frontière avec Israël est maintenant longée par un mur qui ne suit pas celle de 1967 pour pouvoir inclure des colonies israéliennes qui se sont aussi multipliées en Cisjordanie. (3) L’évacuation récente des colonies de Gaza ne signifie pas pour les habitants de cette parcelle, pourtant en bordure de mer et du désert égyptien du Sinaï, une liberté d’action extérieure, car l’Etat d’Israël contrôle étroitement ses frontières. FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 9 © HUBERT DEBBASCH DOSSIER Mur des lamentations En Cisjordanie, les colonies continuent à se fonder illégalement, mais avec l’appui d’instances administratives. Quatre cents barrages entravent les communications et constituent une source permanente d’humiliations pour une population privée de citoyenneté et vivant dans la misère. On se trouve aujourd’hui dans la situation suivante : 9,4 millions de Palestiniens se répartissent ainsi : 3,7 millions vivent en Cisjordanie et à Gaza, 200 000 à Jérusalem Est, 1 million en Israël et 4,5 millions réfugiés dans d’autres pays. A Gaza, A Gaza, les 90.000 habitants de 1948 sont maintenant 1,4 million Lettre du Pape aux chrétiens du Moyen Orient (25 décembre 2006 - extraits) Comme il vous a été dit, très chers frères et sœurs, j’espère vivement que la Providence fasse que les circonstances permettent mon pèlerinage sur la Terre restée sainte des événements de l’Histoire du Salut. J’espère aussi pouvoir prier à Jérusalem, “patrie de cœur de tous les descendants spirituels d’Abraham, pour qui elle est très chère” (Jean-Paul II, Redemptionis anno, 1984). Je suis en effet convaincu qu’elle peut devenir “un symbole de rencontre, d’union et de paix pour toute la famille humaine (…)” La paix est un bien suffisamment grand et urgent pour justifier des sacrifices aussi grands de la part de tous. Et c’est pourquoi il faut honorer et reconnaître les droits de tous. Et Jean-Paul II ajoutait : “Il n’y a pas de justice sans pardon.” Normalement, si on ne transige pas sur les erreurs passées, on ne pourra arriver à un accord qui permettrait de rouvrir le dialogue en vue d’une future collaboration. Le pardon, dans ce cas, est la condition indispensable pour être libre de projeter un nouveau futur. Du pardon concédé et accueilli peuvent naître et se développer tant d’œuvres de solidarité, dans le sillage de celles qui existent déjà amplement dans votre région, du fait des initiatives de l’Église, comme des gouvernements et des instances non gouvernementales. ■ 10 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 les 90 000 habitants de 1948 sont maintenant 1,4 million avec une croissance démographique de 4,5 % par an. Le principe de la formation d’un Etat palestinien est maintenant acquis; ce qui ne l’est pas est le tracé des frontières et sa réalisation effective. Dans les territoires occupés, deux forces politiques palestiniennes sont en présence, l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) et le Mouvement de résistance islamique (HAMAS). L’OLP a été créée en 1964 par Arafat dans un esprit essentiellement politique. Chassée de Jordanie en 1970 (septembre noir), elle renonça au terrorisme et se vit reconnaître en 1980 par l’Union Européenne. En 1993, eut lieu l’échange de reconnaissance entre l’OLP et Israël et le prix Nobel de la paix fut attribué à Arafat et Rabin qui fut assassiné l’année suivante par un juif. La Charte de l’OLP (1968) assure que : Sur le plan spirituel, la libération de la Palestine créera en Terre sainte une atmosphère de paix et de tranquillité, assurant la sauvegarde de toutes les institutions religieuses, et la garantie de la liberté du culte… sans discrimination et sans distinction de race, de langue et de religion. C’est pourquoi le peuple palestinien attend le soutien de toutes les forces spirituelles dans le monde (16). Le peuple arabe palestinien s’exprimant par sa révolution armée, rejette toute solution de rem- DOSSIER © HUBERT DEBBASCH Tombe de Y. Arafat à Ramallah © RYAN BEILER placement à la libération totale de la Palestine… celle de l’OLP qui est essentiellement politique : la libération de la Palestine détruira la présence Le prophète… a dit "Le Temps ne viendra pas avant sioniste et impérialiste et contribuera à l’instauraque les musulmans ne combattent les juifs et ne tion de la paix au Proche Orient et dans le monde les tuent”. Le Hamas considère le nationalisme entier (21). comme une part intégrante de la foi religieuse : Il En 1993, à Oslo, Israël et l’OLP se sont reconn’y a rien de plus noble et de plus profond dans le nus mutuellement. nationalisme que de mener le jihad contre l’enneLe Hamas a été fondé en 1988 par Ahmed mi et de l’affronter dès qu’il pose le pied sur la Yassine qui fut assassiné en terre des musulmans. (12) 2004 par Israël qui avait il n’y a pas de solution commencé par favoriser le au problème palestinien, si mouvement afin de l’oppoce n’est par le jihad (13) au ser à l’OLP. Il constitue une sein du conflit contre le sorte de branche palestisionisme mondial, le nienne des Frères musulHamas se considère mans d’origine égyptienne. comme le fer de lance et Son inspiration est essenl’avant-garde… tiellement religieuse, il se propose d’établir la charia et refuse de reconnaître Israël et la condition l’Etat d’Israël. Ses premières palestinienne attaques terroristes datent Confrontation entre partisans du Hamas et forces de l’ordre présidentielles à Gaza de 1994 (500 entre 2000 Voyons maintenant comet 2006). L’Union Européenne déclara le Hamas ment les Israéliens et les Palestiniens vivent cette organisation terroriste en 2003. Trois ans plus situation compliquée. tard, en janvier 2006, ce dernier obtenait une Le Père Marcel Dubois s’exprime ainsi : L’ercourte mais tout de même spectaculaire victoire reur de la droite israélienne en particulier est de électorale. confondre le choix nationaliste et le dessein de Sa Charte, qui fut adoptée en 1988, revêt une Dieu. Chez ceux qui fondent les nouvelles implansignification d’abord religieuse contrairement à tations, il y a une espèce de nostalgie religieuse FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 11 © HUBERT DEBBASCH © RYAN BEILER © MICHEL VEUTHEY © MICHEL VEUTHEY Commentaires de Jeff Halper, Check point à Ramallah 12 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 © MICHEL VEUTHEY «Dans un “blog” (Virtual Talmud) le rabbin Elyahu Stern a comparé Jimmy Carter avec les juifs orthodoxes qui ont fait cause commune avec le président Ahmadinejad qui a organisé une conférence visant à nier l’existence de la Shoah. Cette comparaison est vraiment pathétique si elle est motivée par le seul titre de l’ouvrage de Carter : Palestine : Paix et non Apartheid. L’emploi par Carter du terme "apartheid" pour décrire ce qui se passe depuis 40 ans dans les territoires occupés par Israël, est à la fois exact et utile. Exact pare que l’apartheid est une réalité en Palestine occupée par Israël. Quest-ce que l’apartheid ? C’est la séparation forcée de populations quand un peuple établit un régime de domination permanente et structurée sur un autre (que ce soit pour des raisons raciales comme ce fut le cas en Afrique du Sud, ou pour des motifs d’ordre national ou religieux comme l’Etat d’Israël le pratique). Cet apartheid est exactement ce qu’Israël met en œuvre en annexant des blocs de colonies considérables derrière des murs et des barrières électrifiées. Je ne comprends même pas quelle "controverse" il peut y avoir à ce sujet.Il suffit d’aller en Cisjordanie, à Gaza ou à Jérusalem Est et d’ouvrir les yeux. L’usage de ce mot par Carter est utile parce qu’il permet de donner un nom à la chose : apartheid est le seul terme qui désigne les caractères systémiques du régime de domination établi par Israël. Ce n’est pas seulement une politique, ou une réponse au terrorisme ou une occupation, c’est très précisément un système de contrôle pensé et délibéré. L’Etat d’Israël désigne lui-même sa politique par un mot (hafrata) qui signifie séparation, et finalement apartheid. Il faut même remercier Carter de nous donner une manière de désigner cette situation. Arrêtons les discussions sémantiques et décidons d’arrêter cette politique. Les juifs, nouveaux Afrikaners ! Voilà une pensée qui donne froid dans le dos ! » ■ © HUBERT DEBBASCH coordinateur du Comité israélien contre les démolitions des maisons (palestiniennes). Ce Comité est basé à Jérusalem. DOSSIER fanatique, le sentiment qu’“on va sur une terre qui est nôtre", l’on renoue avec le passé sur une terre que Dieu nous a donnée. Et cependant, au départ, ce sont les juifs religieux qui ont le plus résisté au sionisme ! En effet les moyens que les colons emploient sont infidèles à la vocation d’Israël. (4) Plus loin il ajoute : en Terre sainte, actuellement, le débat est faussement théologique. Il est évidemment politique. Ce sont des nationalismes qui s’affrontent et qui trouvent pour justifier leur antagonisme, des arguments puisés dans des aveuglements religieux ou des différences religieuses de foi à foi. (5) Et il conclut en ces termes : Comme chrétien, je me suis réjoui de la pensée que le peuple de la Bible retrouve la terre de la Bible, mais la tragédie actuelle réside en l’infidélité de ceux qui conduisent le destin d’Israël vers un destin terrestre de réussite, de violence et de conquête. (6) Ecoutons maintenant Jimmy Carter qui connaît la situation des Palestiniens pour l’avoir lui-même observée depuis les années 1970 : Nombre de Palestiniens, écrit-il, affirment être privés des droits de l’homme les plus élémentaires. Ils ne peuvent se réunir pacifiquement, voyager sans restrictions ni posséder des biens sans risquer d’en être dépossédé au moyen d’une multitude de ruses légales. En tant que peuple, ils sont stigmatisés par les autorités officielles comme des terroristes, et la plus légère marque de mécontentement leur vaut les plus sévères sanctions des autorités militaires. Ils se plaignent des arrestations sans procès pour de longues périodes, avec parfois des tortures pour obtenir des aveux ; certains sont exécutés et les procès se déroulent avec leurs accusateurs en place de juges. Leurs propres juristes ne peuvent les défendre devant les instances israéliennes et les procédures de recours en appel sont coûteuses longues et en général n’aboutissent pas. Les démonstrations contre les abus israéliens provoquent des arrestations de masse, même s’il s’agit d’enfants qui jettent des pierres ou des spectateurs non impliqués dans les démonstrations, ou encore les familles des manifestants, il suffit même qui d’être connu pour tenir des propos hostiles à l’occupation… cette politique consistant à faire des milliers de prisonniers finit par affecter toutes les familles et être la source d’un vif ressentiment. (7) On compte officiellement 10 000 Palestiniens prisonniers dans les prisons israéliennes. L’ouvrage de l’ancien président a provoqué de vives critiques dans les milieux juifs américains, notamment l’expression d’apartheid et on a contesté l’exactitude de ses informations. .Jimmy Carter a répliqué en disant : Ayant voyagé pendant 33 ans en Terre Sainte, en particulier dans les territoires occupés, j’étais qualifié pour décrire la situation en utilisant mes propres observations… J. Carter explique que cet apartheid n’est pas à proprement parler un racisme mais l’expression d’une volonté de la part d’une minorité d’Israéliens de s’emparer des terres des Palestiniens et d’utiliser la violence pour arriver à leurs fins. Cependant la comparaison, voire l’assimilation avec les Afrikaners en Afrique du Sud n’est pas loin... Elle fait d’ailleurs l’objet de nombreux débats dans la presse et sur internet en Israël, et la propagande pacifiste ou palestinienne s’en font l’écho jusque par des slogans sur le mur lui-même. Quant à la nomination récente, comme vicepremier ministre d’Avigdor Libermann, chef du parti extrémiste Israël Beitenou ("Israël notre maison", parti des russophones), elle a provoqué le commentaire suivant du journal israélien Haaretz : Choisir le dirigeant le plus irresponsable et le plus dépourvu de retenue pour occuper la fonction de ministre des "menaces stratégiques" constitue en soi une menace stratégique. L’absence de modération d’Avigdor Libermann et ses déclarations intempestives - comparables seulement à celles du président de l’Iran - risquent de provoquer un désastre dans toute la région. (9) On compte officiellement 10000 Palestiniens On voit par ces témoignages, comment se pose la question palestinienne. La solution est prisonniers bien difficile à formuler pratiquement, mais il faut commencer par voir la réalité pour éviter dans les que des rêves tournent au cauchemar. prisons Le centre du monde est aussi le miroir de la situation Partout on entend des cliqueisraéliennes tis d’armesmondiale. effrayants et des cris de guerre . Benoît XVI a annoncé un voyage en Israël lorsque les circonstances le permettront. Ce sera le troisième pape à s’y rendre depuis que Pierre l’a quittée pour Antioche puis Rome. Le Christ avait dit : vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Les successeurs de Pierre "doux Christ de la terre" (Catherine de Sienne) préparent, dans l’espérance, la venue de Celui qui doit venir. ■ 48 HEURE POUR LA TERRE SAINTE Journée d'entraide au profit de la Terre Sainte organisée par l'Ordre du SaintSépulcre de Jérusalem, les samedi et dimanche 10 et 11 mars. Vente au profit des chrétiens de Terre Sainte à Notre-Dame de Grâce de Passy, 8 bis, rue de l'Annoncation Paris 16e, métro La Muette ou Passy. Nombreux comptoirs, vaste choix : l'intégralité de la recette de ces 48 h pour la Terre Sainte sera envoyé pour les besoins de première urgence : écoles, maternités, hôpitaux. (1) Marcel-Jacques Dubois, Nostalgie d’Israël, entretiens avec Olivier-Thomas Venard, avec la collaboration d’Annie Laurent, Cerf 2006. Robert Masson en a fait un compte rendu dans FC. (2) Jimmy Carter, Palestine, Peace not Apartheid, Simon Schuster NY 2006 (3) Selon des calculs officiels 40% des terres colonisées ont été prises sur des domaines appartenant à des Arabes. (4) op.cit p.113 (5) ibidem p.128 (6) ibidemp.167 (7) op.cit p.118-119 (8) Jimmy Carter, Lettre du 15 décembre 2006 à l’intention de la communauté juive (américaine) à propos de son ouvrage Peace not Apartheid. (9) Haaretz, Tel Aviv 24 octobre 2006, cité dans Le Monde diplomatique, décembre 2006. FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 13 ESPRIT En mémoire des jours Non à la barbarie Par Robert Masson tupeur dans le monde, après ces verdicts d’iniquité, rendus à l’encontre de cinq infirmières bulgares, et d’un médecin palestinien, accusés sans preuve d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants dont ils avaient la charge. L’affaire remonte à pusieurs années déjà, et elle avait entraîné une première condamnation à mort devant la protestation internationale Tripoli avait dû reculer mais il n'avait pas renoncé. Les vices de forme et de fond sautent aux yeux de tous, et aussi bien les mobiles. Qu'est-ce qui aurait bien pu pousser ces auxiliaires de santé à commettre un crime sans nom et sans raison ? Des centaines d’enfants en effet avaient été contaminés, et quelques dizaines d’entre eux sont déjà morts. Mais les responsables de ce malheur n’étaient pas ceux qu’on prétendait. C’est du côté des hôpitaux libyens qu’il aurait fallu regarder. Les spécialistes en tous cas sont unanimes dans leur conclusion : c’est bien l’état déplorable des hôpitaux, et non les services de santé qu’il faudrait incriminer. Et non des personnes livrées à la vindicte publique, dans des procé- S dures qui n’avaient rien à voir avec ce qu’on appelle la justice. A preuve ce deuxième procès aussi inique que le premier. De grandes compétences avaient rendu leurs conclusions, dont les juges ne tinrent aucun compte. Ce n’est pas la justice dont il s'agit mais de sa parodie. Le problème c’est que ceux qu’on traînait sur des bancs de justice étaient des boucs émissaires. Rien n’a manqué dans ces procédures barbares. Pas même la torture, sous sa forme la plus effroyable. Les femmes en effet, étaient soumises à tous les traitements, y compris le viol. Autant de procédés sans rapport avec la dignité humaine. Un premier procès s’était déroulé, et avait abouti à des condamnations à mort. La réprobation fut telle dans le monde qu’il fallu tout recommencer, mais dans les mêmes conditions. Et avec, bien sûr, les mêmes résultats. Comment aurait-il pu en être autrement dans un pays où ce n’est pas vraiment la justice que l’on rend. On est en présence d’une pratique barbare, qui en dit assez sur la nature du régime qui l’inspire. Il est totalitaire, au sens le plus exact des mots. Les défenseurs du droit humain ne devraient pas se tromper de contestations. Ce n’est pas la clémence qu’il faut demander pour ces condamnés, mais leur libération, et qu’on engage enfin dans la réforme des services hospitaliers. Il y a évidemment urgence, car les sentences sont tombées, et rien ne dit qu’on ne les exécutera pas. L’affaire a de quoi embarrasser Kadhafi, qui espérait depuis un 14 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 moment donner une image de lui-même un peu plus engageante. Il avait pour cela renoncé à poursuivre plus avant les recherches atomiques. Il donnait à croire qu’il n’était plus l’une des incarnations du mal, aux yeux de Washington et aussi aux nôtres. On avait fini par faire reconnaître à Tripoli ses responsabilités dans les affreux attentats dont nos avions avaient souffert. Le procès à charge qui vient de se dérouler à Bengazi est là pour nous rappeler un devoir de vigilance et de stricte humanité. De la manière la plus ferme, nos gouvernants devraient donner de la voix. Sans autre préoccupation que le respect élémentaire de la justice. On peut craindre des faiblesses de notre côté. La Libye tient une place sans rapport avec sa puissance effective. Il y a d’abord le pétrole. Il y a aussi les émigrations de la faim, qui poussent des populations entières à émigrer à travers les sables libyens, dans l’espoir d’atteindre les rivages de nos lieux d’opulence : Kadhafi n’est sans doute pas fâché d’avoir un rôle à jouer comme sentinelle. Toutes ces raisons ne sauraient justifier une quelconque indulgence. Il est grand temps de faire part à Tripoli de notre détermination. On aimerait parler d’autre chose, en ces jours de Nouvel An. Jadis, on respectait ainsi, à des moments semblables "des trêves de Dieu". Les hommes hélas, ont rendu plus fragiles les plus simples espérances. Les forces obscures qui nous habitent ne rendent pas facilement les armes. Parfois il y a malgré tout de bonnes surprises. Comme au Turkménistan, où la dictature sommaire de Saparmourat Niazov alias Turkmenbashi, s’effondre. Elle ne savait guère qu’élever des statues revêtues d’or, à l’effigie du maître des lieux. Sans souci des situations réelles d’un peuple, qui est parmi les plus pauvres du monde. C’est sans illusion sur la suite des temps, où l’on peut se souhaiter les uns aux autres, des vœux de Nouvel An. Demain ne sera pas plus propice qu’hier probablement. Dieu veille qu’il ne le soit pas moins. Et qu’on renonce à toutes ces potences, en haut desquelles des innocents parfois se balancent. Notre monde a grand besoin d’apprendre les chemins de la justice. Mais pas comme on les entend à Tripoli, ou en d’autres lieux de notre univers. L’actualité n'est pas non plus pour nous de tout repos. Elle ne le fut jamais. Raison de plus de travailler à l’avenir d’un monde un peu plus pacifié. Au fait, saurons-nous faire le lien avec nos responsabilités de citoyens, où nous serons appelés à faire des choix d'importance cette année ? Privilège dans un univers en état d’urgence. Il se fait tard à l’horloge de notre histoire, mais pas au point de céder à la tentation du renoncement. Le véritable enjeu, c’est la cause de l’homme. Celle dont De Gaulle disait qu’elle l’emportait sur tout le reste. On en sait quelque chose, à Tripoli et à l’hôpital de Benghazi, en ces heures incertaines où il en va de la barbarie et de la civilisation. ■ IRAK L’engagement politique L © F. LESPES es "présidentielles" et les "législatives" occupent déjà la première place dans les médias, et cela va durer plusieurs mois. De fait, l’enjeu est important, car il touche la vie sociale et l’équilibre politique de notre pays. Les disciples du Christ prennent leur place dans ces débats, et beaucoup s’y engagent personnellement. Ils apportent leur contribution à la réflexion commune et, dans le secret ou dans les rassemblements communautaires, ils prient à par Philippe Barbarin cette intention. Les évêques de France ont écrit, il y a deux mois déjà, un texte intitulé Qu’as-tu fait de ton frère ?, qui parcourt l’ensemble des questions et y porte un regard chrétien. En tant qu’institution, l’Église garde une certaine distance par rapport à la campagne, tout en y étant attentive, car sa mission est de servir la société, et tout ce qui touche l’homme la concerne. Une phrase de Benoît XVI, tirée de l’encyclique Dieu est amour, peut lui servir de boussole en ce domaine : "L’Église ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible. Elle ne peut ni ne doit se mettre à la place de l’Etat. Mais elle ne peut ni ne doit non plus rester à l’écart de la lutte pour la justice. Elle doit s’insérer en elle par la voie de l’argumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles sans lesquelles la justice, qui requiert aussi des renoncements, ne peut s’affirmer ni se développer…" Notre témoignage de chrétiens peut être en ce moment d’énoncer les points qui nous paraissent les plus importants pour le bien commun, pour la bonne marche de notre pays et son avenir, et d’expliquer pourquoi. Nous avons par exemple besoin d’un État fort qui ne se laisse pas influencer par la pression des lobbyes et qui organise la vie commune. À la base de la vie sociale, il y a le respect de la vie humaine et la famille. Le Code civil lui-même énonce cet engagement majeur : "La loi garantit le respect de l’être humain dès le commencement de la vie". Comment se fait-il que depuis trente ans, on permette tant d’exceptions à cet article ? Pour l’instruction des enfants et l’éducation des jeunes à la liberté, l’attente est grande, aussi bien dans les familles que dans le corps social. Personnellement, c’est une grâce que je demande au Seigneur : le renouveau des congrégations vouées à l’éducation ou l’apparition de nouvelles initiatives en ce domaine. Un second point est celui du travail et de sa juste rémunération. Tous les partis sont attentifs à la souffrance que représente le chômage. C’est justice que chacun trouve sa place dans le service et la construction de la société. Pour cela, il faut s’opposer à un capitalisme qui deviendrait purement financier. La question de l’immigration demande aussi un nouveau positionnement. Elle appelle des mesures intérieures pour assurer la possibilité de vivre ensemble et garantir la paix sociale. Mais elle ne sera jamais résolue si l’on ne remonte pas aux causes, au niveau d’une concertation internationale qui fasse sortir chaque pays de ses intérêts propres. Si l’on ne s’y attaque pas, le dramatique déséquilibre des ressources dans notre planète continuera d’appauvrir les pays les plus pauvres, de les priver de leurs élites, et personne ne pourra empêcher les pauvres de quitter leur pays pour tenter leur chance dans un monde occidental qu’on leur présente comme un mirage. La sonnette d’alarme des menaces écologiques est maintenant tirée. Tout le monde comprend qu’il ne s’agit pas d’une lubie des "verts", mais d’un enjeu vital pour la survie du genre humain. L’engagement écologique rencontre une forte résonance dans le cœur des croyants. Respecter la création et ne pas voler les générations futures, c’est un devoir que Dieu nous fait. Il faudrait aussi arriver à s’expliquer sur la place des Eglises et des religions, dans A l’annonce de l’exécution de Saddam Hussein, le P. Federico Lombardi, sj, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, a déclaré le 30 décembre : «Une exécution capitale est toujours une nouvelle tragique, un motif de tristesse, même lorsqu’il s’agit d’une personne qui s’est rendue coupable de graves crimes » ajoutant : « La position de l’Eglise catholique, contre la peine de mort, a été répétée à plusieurs reprises. Le fait de tuer le coupable n’est pas la voie pour reconstruire la justice et pour réconcilier la société. Il y a au contraire le risque d’alimenter l’esprit de vengeance et que l’on sème une nouvelle violence » [...] « En cette époque sombre de la vie du peuple irakien, on ne peut que souhaiter que tous les responsables fassent vraiment tous les efforts possibles afin que dans une situation dramatique il y ait enfin des ouvertures vers la réconciliation et la paix ». ZF07010103 TAIZÉ La communauté de Taizé animera sa 30e rencontre européenne de jeunes à Genève entre Noël et le Nouvel an 2007. Elle répond ainsi à l'invitation conjointe des Eglises protestantes et catholique de Genève et du canton de Vaud. La nouvelle a été communiquée par frère Alois, successeur de frère Roger, au cours de la prière du soir du 30 décembre aux 40.000 jeunes qui ont participé à la rencontre européenne à Zagreb jusqu’au 1er janvier. Frère Alois a annoncé aussi qu'une rencontre latino-américaine de jeunes aura lieu du 10 au 14 octobre à Cochabamba, en Bolivie. Les dernières rencontres ont eu lieu à Lisbonne, Hambourg, Milan, et Zagreb en 2006. ZF07010106 POLOGNE Le nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, 67 ans, et qui avait pris ses fonctions vendredi 5 janvier, a été contraint le dimanche FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 15 la société. Le mot "laïcité" a des sens tellement variés - et contradictoires dans la bouche de ses différents utilisateurs ! La construction de l’Europe, où se mêlent des traditions diverses, peut aider la France à trouver en ce domaine un chemin nouveau. L’influence d’un citoyen peut paraître minime, si elle se limite à son bulletin de vote. Mais l’action d’un chrétien ne saurait s’arrêter à l’accomplissement de son devoir électoral. Nul ne doit minimiser sa responsabilité. La communauté chrétienne encourage tous ses membres, en particulier les jeunes, à s’engager dans la "chose politique" (res publica). Le Pape Pie XI nous a éclairés en affirmant que l’engagement politique est la forme suprême de la charité. Pour autant, les chrétiens n’oublient pas qu’ils ont d’abord pour mission de "toujours prier sans se décourager" (Luc 18, 1). Prions donc pour les candidats aux élections présidentielles, législatives ou municipales. Ce n’est pas facile de prier pour ceux que l’on regarde comme des adversaires ou des dangers pour la vie sociale. Prions aussi pour les électeurs, afin que leur choix soit inspiré par l’amour des autres et le bien commun, plutôt que par l’intérêt personnel. Il est heureux que l’on entende ces intentions à la prière universelle, au cours de nos eucharisties ; j’espère qu’elles ont aussi place dans le secret de notre prière personnelle. Nous avons mission de prier pour l’ensemble de la société civile, afin qu’elle vive les mois à venir comme un vrai débat où les convictions de chacun puissent être exprimées librement et dans le respect des autres. On peut prier dès maintenant pour ceux qui seront élus car les responsabilités qui les attendent sont grandes et difficiles à exercer. Les chrétiens qui assument la responsabilité de gouverner ou de légiférer ont particulièrement besoin de notre aide et de notre soutien dans leur travail. Ils sont appelés à montrer une cohérence entre leur foi et leur engagement, l’esprit de l’Évangile et le service de la société actuelle. Puissent-ils, comme dit le Concile, "Mener toutes leurs activités terrestres en unissant dans une vivante synthèse tous les efforts humains, familiaux, professionnels, scientifiques ou techniques, et les valeurs religieuses, sous la haute ordonnance desquelles tout est coordonné à la gloire de Dieu". (1) Cardinal Philippe Barbarin Archevêque de Lyon (1) Gaudium et Spes, 43. Voir aussi Questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, Note doctrinale de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, in La Documentation catholique, 2 février 2003, n° 2285. suivant à la démission, une démission acceptée par Benoît XVI. L’archevêque n’a donc pas été «installé» et la messe prévue en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Varsovie, a été une messe d’action de grâce célébrée par le cardinal Glemp. On se souvient que face aux accusations récurrentes lancées contre le nouvel archevêque nommé le 6 décembre dernier, le Saint-Siège avait jusqu’ici réaffirmé la confiance de Benoît XVI dans le successeur du cardinal Josef Glemp, qui prenait sa retraite, à 77 ans, tout en conservant son titre de Primat de Pologne. Or, selon une commission d'enquête de l'Eglise catholique polonaise, Mgr Wielgus a été recruté par la police secrète polonaise, la SB en 1967, alors qu'il étudiait la philosophie à l'Université catholique de Lublin. Cependant, la commission ne fait état d’aucun rapport écrit de sa main et n'a pas établi que ses rapports oraux aux services communistes aient nuit à quelqu’un. La note de la nonciature se réfère à l’article du Code de droit canonique de l’Eglise latine selon lequel « l'évêque diocésain qui, en raison d'une maladie ou d'une autre cause grave, se trouve 16 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 moins apte à l'accomplissement de sa fonction est vivement invité à présenter sa démission » (canon 401, § 2). Dans sa longue homélie, le cardinal Glemp a déploré, la façon dont les accusations ont été lancées contre Mgr Wielgus. ZF07010703 Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, sj, a reconnu, au micro de Radio Vatican, que « le comportement de Mgr Wielgus dans les années du régime communiste en Pologne a compromis gravement son autorité, y compris auprès des fidèles. C’est pourquoi, en dépit de son humble et émouvante demande de pardon, le renoncement au siège de Varsovie et sa prompte acceptation par le Saint-Père sont apparues comme une solution adéquate pour faire face à la situation de désorientation qui s’était créée dans cette nation ». Pour le porte-parole du Saint-Siège, l’Eglise de Pologne a maintenant besoin de la solidarité de toute l’Eglise. « C’est, ajoutait-il, un moment de grande souffrance pour une Eglise à laquelle nous devons tous beaucoup, et qui nous a donné des pasteurs de la grandeur du cardinal Wyszynski et sur- tout du pape Jean-Paul II. L’Eglise universelle doit se sentir spirituellement solidaire de l’Eglise qui est en Pologne, et l’accompagner de sa prière en l’encourageant, afin qu’elle puisse retrouver promptement sa sérénité ». Mais surtout le P. Lombardi dénonçait une manœuvre des anciens persécuteurs de l’Eglise en disant : « En même temps, il est bon d’observer que le cas de Mgr Wielgus n’est pas le premier et probablement ne sera pas le dernier cas d’une attaque contre une personnalité de l’Eglise sur la base de documents des services du régime passé. Il s’agit d’un matériel immense et, tout en cherchant à en évaluer la valeur et à en tirer des conclusions fiables, il ne faut pas oublier qu’il a été produit par des fonctionnaires d’un régime oppresseur et maître chanteur ». « A tant d’années de distance de la fin du régime communiste, une fois disparue la grande figure inattaquable du pape Jean-Paul II, la vague actuelle d’attaques contre l’Eglise catholique de Pologne, revêt l’aspect d’une étrange alliance entre les persécuteurs d’alors et d’autres adversaires de l’Eglise, et plus l’aspect d’une vengeance de la part de qui ont été défaits par la foi et par la volonté de liberté du peuple polonais, que celui d’une recherche sincère de transparence et de vérité ». ZF07010704 RDC Le cardinal Frédéric Etsou-NzabiBamungwabi, archevêque de Kinshasa, âgé de 76 ans, est décédé le 6 janvier dans un hôpital de Louvain, en Belgique, où il avait été hospitalisé il y a quelques mois. Originaire du Zaïre, religieux de la congrégation du Cœur immaculé de Marie, le cardinal Etsou avait été ordonné prêtre en 1958. Il avait été nommé évêque coadjuteur de Mbandaka en 1976. Archevêque de Kinshasa depuis 1990, il avait été créé cardinal par Jean-Paul II en 1991. Avec la disparition du cardinal Etsou, le collège cardinalice compte 185 cardinaux dont 111 électeurs et 74 non électeurs. ZF07010705 Vous pouvez envoyer votre cotisation 2007 (20 euros) à l’ADCC (60, rue de Fontenay 92350 Le Plessis-Robinson), association qui soutient France Catholique. LECTURES 2ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE Année C Le mariage, est-ce si naturel ? par le Père Michel GITTON a lecture de ce dimanche nous fait entendre le récit des Noces de Cana. On peut certes commenter cette page d’évangile de bien des manières, on peut y voir, avec saint Jean, le premier des "signes" de Jésus, exemplaire de tous les miracles ultérieurs, y remarquer le rôle de Marie, "femme" jouant le rôle d’aide intelligente jadis départi à Eve, y contempler l’Epoux véritable donné à l’humanité, lorsque l’"heure" (son Heure) sera venue et qu’il pourra partager largement le vin généreux de sa Passion... Mais il ne faut quand même pas oublier que tout ceci se déroule à l’occasion d’une noce villageoise, à laquelle Jésus et ses disciples, ainsi que Marie, étaient invités, des cousins sans doute, habitant Cana, non loin de Nazareth. Si Jésus a accepté cette invitation et si le banquet de noces fut le cadre de son premier miracle, il est difficile de penser que le mariage, dans sa réalité humaine, ne soit pas concerné de quelque façon par sa présence. Il est frappant que le mariage de ces deux-là qui ce jour-là unissaient leur vie pour fonder une famille ait abouti à un manque : le vin, signe de joie, "vint à manquer". Le mariage, promesse de bonheur que se font un homme et une femme, risque de tourner court, si le Christ n’y intervient pas. Et comment y intervient-il ? En prenant ce qui semble à première vue bien éloigné de la joie, l’eau, sans doute nécessaire à la vie, mais passablement insipide. Il fait de cette eau, tirée non sans effort du puits, eau du don de soi et du sacrifice, la matière du miracle, pour en obtenir du vin, un vin capiteux, excellent, bien supérieur à celui qui manquait, un vin surtout qui n’est pas près de se tarir. Il est difficile de ne pas voir là l’annonce du sacrement de mariage, qui transforme l’attente humaine, encore impuissante, en un don plénier. Il s’agit de passer de cette attente de bonheur, que comporte toute promesse de mariage, en un don définitif fondé sur celui du Christ, qui a donné sa vie pour son Epouse. Lui seul, comme nous l’explique saint Paul, a pu aller jusqu’à l’aimer dans ce moment où elle n’avait plus rien d’attirant, plus rien d’aimable, où elle le rejetait. Son amour à lui, crucifié, maintenu dans l’extrême d’une totale "dissymétrie", et maintenant ressuscité, rend possible aux époux chrétiens un amour inconditionnel, qui ne dépend plus de conditions extérieures, et qui peut donc être irrévocable ; c’est ainsi qu’il peut permettre d’affronter le sentiment d’être seul à donner, seul à rester fidèle. Et là est le secret paradoxal du bonheur, car ce don maintenu, peut transfigurer l’amour, il peut souvent le faire renaître, là où il paraissait définitivement compromis. C’est un vin plus riche, qui n’exclue pas les larmes, mais leur donne un sens. On nous dit, et c’est vrai, que le mariage est "de droit naturel", c’est-à-dire qu’il a toujours existé à l’horizon des noces humaines. Et pour cause : l’union indissoluble d’un homme et d’une femme pour donner ensemble la vie résulte du plan créateur de Dieu, et correspond profondément à la requête du cœur humain Mais avouons que dans la pratique, ce n’est pas cela qui existe. Toutes les religions, toutes les cultures, toutes les législations ont accepté la polygamie (au moins successive, c’est-à-dire le divorce). Il a suffi que l’influence sociale du christianisme régresse pour qu’on voie revenir au grand jour les aberrations qu’avait connues le monde antique. Seul le Christ peut assurer à l’amour humain, si grand et si fragile, son avenir. Osons proposer tout à la fois, nous n’en aurons pas fait assez en insistant sur les valeurs humaines de l’amour et du mariage, il faut partager la foi, qui seule rend possible l’impossible. ■ L ESPRIT COULOIRS DE LA MORT Lettres de Polunsky par le Père DANIEL-ANGE fondateur de l’école d’évangélisation Jeunesse-Lumière Condamné à mort pour un meurtre qu’il n’a pas commis, Roger MacGowen croupit depuis vingt ans dans les couloirs de la mort au Texas. Le Père Daniel-Ange correspond régulièrement avec lui. e 13 décembre dernier, en Floride, Angel Diaz était mis à mort par injection létale. Le processus s'enraye. Il lui faut 34 mn pour mourir. La mort prend le temps de torturer sa victime sous les yeux de témoins qui croyaient assister à l'élimination "propre" - et pourquoi pas "humaine" ? - d'un coupable. Et voilà que la souffrance lui restitue aux yeux de tous, ce que le couloir de la mort lui avait arraché : sa dignité d'homme. La Floride décide jusqu'à nouvel ordre, la suspension des exécutions. Lueur possible pour Roger et tous ceux qui comme lui, essaient de survivre en espérant ne pas être exécutés ? Roger : matricule n° 889 au milieu des ombres dans l'enfer de Polunsky Unit (Texas). Une âme, une grande âme comme il en existe peu… Voilà qui vient bousculer notre prêt à penser : "s'il est là, c'est qu'il l'a cherché", "Il n'y a pas de fumée sans feu"... Il y a surtout de sombres détours qui peuvent définitivement fracasser le cours d'une existence. Roger est né dans un des pires ghettos de Houston. A 22 ans, il gère un petit restaurant. Il prête sa voiture à son frère et son cousin qui commettent un holdup : la tenancière d'un bar est tuée. La C ( Le 23 décembre 2006, Roger a “fêté” son 43e anniversaire à Polunsky Unit… police recherche le propriétaire de la voiture : Roger est arrêté. Croyant son frère coupable, il se tait pour le protéger. D'avocats commis d'office en irrégularités graves dans le procès, Roger est envoyé dans le couloir de la mort. Il a alors 23 ans… c'était il y a 20 ans. A Jeunesse-Lumière (2), nous avons le Nous avons le privilège de correspondre avec lui depuis maintenant trois ans 18 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 privilège de correspondre avec lui depuis maintenant plus de 3 ans. Un de ces privilèges dont on mesure la grandeur en tremblant. C'est à lui maintenant que nous laisserons la parole. Laissons–le rompre nos digues intérieures. Déposons nos certitudes comme on dépose les armes et recevons, à travers ses paroles, la certitude qu'aucun enfer ne pourra jamais tuer l'espérance pourvu que l'on consente à chasser de notre enclos, les ombres de la haine. ■ ESPRIT Unit n°889 Oui, les choses semblent aller plus mal chaque jour, et le règlement aussi. Oui, le nombre de timbres, le nombre de livres, tout est limité. Nous ne sommes plus autorisés maintenant à avoir des photos au mur. Si tu jettes un papier quelconque par terre, c’est un cas disciplinaire. Il est interdit de boire de l’eau pendant la récréation. Tu ne peux rien avoir sur la tête pendant que tu es dehors quelles que soient la pluie et la température... Ce n’est pas facile de décrire ce que l’on éprouve ici. Cela change tellement tout au long de la journée. Parfois, il y a tellement de bruit qu’on ne peut réfléchir. Mais j’aime le bruit des conversations. C’est signe qu’il y a encore de la vie dans le couloir de la mort. Rosy. *** L’amour est ici, en ce lieu. Il est caché par l’indifférence, mais il est là. On peut le voir et le sentir. Aimer n’est pas difficile. Je n’ai pas de difficulté à aimer les gens ici. Je suis dérouté par ceux qui ne comprennent pas "pourquoi" j’arrive à aimer. Mais je ne peux donner que ce qui est en moi. Souvent, je souris. Et je me déplace sans jamais dire un mot face aux abus, parfois, le silence indique à lui seul, le chemin de la justice. Les gens ont perdu l’espérance, parce qu’ils n’ont plus de but. Nous devons leur montrer qu’ils sont aussi importants les uns que les autres et que leur vie a un sens. Toutes les prisons sont une offense à la nature humaine, parce que l’homme n’a pas été créé pour être en cage. Polunsky Unit est réputé pour ne pas être un lieu agréable. Les prisons ne sont pas faites pour être des hôtels, mais elles ne doivent pas non plus devenir des chambres de torture. Le seul moyen de vivre cela, est d’embrasser l’amour autant qu’il en est possible. Sinon, cet endroit conduit à la folie. Je suis enfermé 23 heures par jour. Mon plus grand combat est celui contre mon esprit. Dieu peut changer notre route pendant toute une année, seulement pour que l’on puisse offrir 5 minutes de bonté et d’amour à quelqu’un. Dans ce genre de situation, si quelqu’un me remercie je lui réponds toujours : "transmets cet amour". Tout le monde est encore contrarié à cause de la nourriture aujourd’hui. C’est jour férié, une commémoration. La prison a fait un barbecue, et dans le couloir de la mort, on s’est imaginé qu’ils nous serviraient de la même façon, alors qu’ils nous ont littéralement privés de nourriture… Ils ont fait, pour les habitants réguliers de la prison un barbecue et leur ont donné d’autres sucreries, et dans le couloir de la mort, ils ont servi une espèce de viande moulue avec des os dedans. Je n’ai pu manger parce que les os me blessaient à chaque bouchée. J’ai déposé mon plateau par terre, et j’ai commencé à t’écrire. Je n’étais pas en colère parce qu’ils nous ont donné des os. Je sais que quelqu’un quelque part, serait très heureux d’avoir ce repas. J’étais simplement heureux, en fin de compte, que cela m’ait été offert. *** Comment je survis ? Je refuse de participer à la haine qui m'entoure. Je passe mon temps à essayer de rappeler à mes amis, et aux gardiens également qu'ils sont meilleurs qu'ils ne croient l'être. Je suis triste pour ceux qui nous torturent parce qu'ils se font davantage de mal à eux-mêmes qu'à ceux qu'ils persécutent. As-tu déjà fait du mal à quelqu'un en sachant que tu fais du mal ? Tu sais bien que tu ne peux plus en dormir, et quand tu vois cette personne, tu ne peux la regarder dans les yeux. Quand nous faisons du mal aux autres, nous nous faisons du mal à nous-mêmes. Je ne peux pas haïr une personne qui ignore qu'elle se fait du mal à elle-même. *** On ne peut utiliser la peine de mort de manière équitable aux Etats Unis car il y a encore trop de racisme. La population du couloir de la mort est composée principalement d'Afro-américains et de Latinoaméricains. Un reporter qui couvrait un procès pour meurtre est sorti pour fumer, une fois le verdict énoncé et les jurés congédiés. Là, il a rencontré un des jurés qui était un blanc. L'accusé était noir. Le reporter a commencé la conversation avec l'homme qui ne savait pas que celui à qui il parlait était reporter. Celui-ci lui a demandé s'il était difficile de prononcer un tel verdict. Le juré l'a regardé, a souri et a dit que ça ne faisait pas de différence que l'on s'intéresse ou non aux preuves : "ils sont tous coupables". Il parlait des Noirs en Amérique… Le reporter a écrit un article à ce sujet dans “la Chronique de Houston”. *** Nous avons appris que la beauté, c’est la perfection. C’est pour cela que, lorsque nous voulons que la beauté n’ait aucune faille, nous entrons dans la comparaison les uns avec les autres. Nous devons comprendre que la beauté existe jusque dans les failles. La beauté en toute chose vivante, c’est cela la vie ! Personne n’a été créé semblable. Ce qui est une fragilité chez l’un, fera la beauté de l’autre. Ce que nous n’avons pas en nous-mêmes, nous le trouvons dans les autres. Quand nous aurons commencé non seulement à voir mais à reconnaître la lumière et la beauté en nous, alors nous pourrons les voir chez les autres. *** Merci à tous pour vos cartes d’anniversaire et vos souhaits de Noël. Votre amour, votre force et vos prières ont été la terre dans laquelle mes pieds se sont enracinés durant ces deux derniers mois. J’ai senti votre amour et votre force me nourrir quand j’étais affamé et me guider quand je me suis senti le dernier de tous. Nous devons devenir amour et nous consacrer à l’amour. Devenir aimables, doux, compatissants, pleins d’action de grâces. Le don de soi est quelque chose qui devrait être naturel en tout être humain. Nous pouvons apprendre les uns des autres, si nous regardons seulement ce qui est bon dans les autres. Nous avons tous des moments où nous sommes fatigués et tristes. Cela fait partie de notre côté humain. La bonne nouvelle, c’est que notre côté spirituel est plus fort que l’humain et que notre tristesse ne peut durer longtemps. Ta joie, tu dois la proclamer. N’oublie jamais cela ! ■ A lire : Pierre Pradervant, “Roger Mc Gowen, Messages de vie du couloir de la mort”, éd. Jouvence, 224 pages, 16 €. www.rogermcgowen.org FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 19 ESPRIT CIVILISATION L’œcuménisme de aux prises a En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, revenons sur la réception de l’archevêque de Cantorbery par Benoît XVI en novembre dernier et sur la rencontre du Pape avec le patriarche de Constantinople. enoît XVI a vécu les semaines qui ont précédé Noël dans une perspective éminemment œcuménique. D’un côté, on venait lui rendre visite ; d’un autre, il se rendait lui-même en visite. Mais la teneur même des déclarations ne laissait pas place au doute. Les difficultés prenaient la couleur de la crise d’un côté, alors qu’elles s’ouvraient sur l’espérance de l’autre. Au cœur des rencontres, se trouvait la question de l’autorité dans l’Église. Le 23 novembre, Sa Grâce, le docteur Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry vient célébrer le quarantième anniversaire de la mémorable rencontre entre l’archevêque d’alors, le docteur Ramsey, et le pape Paul VI. C’est l’époque du lancement de l’ARCIC, la commission de dialogue théologique entre l’Église catholique et la Communion anglicane. Au cours des années qui suivent, elle publie des documents de première importance, sur l’Eucharistie, l’Église, les questions morales... En 1999, paraît le document The Gift of Authority (le don de B ( l’autorité) qui analyse le mode d’exercice de l’autorité dans l’Église et qui envisage les possibilités d’une forme d’exercice de l’autorité de l’évêque de Rome vis-à-vis de la Communion anglicane. En 2005, la doctrine mariale, avec les dogmes définis sur l’Immaculée Conception et l’Assomption de Marie, sont au cœur du document Mary : Grace and Hope in Christ (Marie : grâce et espérance dans le Christ). Que de chemin parcouru depuis 1966 ! Pourtant, comme le reconnaît la déclaration finale, signée par Benoît XVI et l’archevêque R. Williams, "dans le même temps, notre long parcours rend nécessaire de reconnaître publiquement le défi représenté par les nouveaux développements qui, en plus d’être une source de division pour les anglicans, sont de graves obstacles pour notre progrès œcuménique". En effet, l’archevêque reconnaît publiquement que la Communion anglicane est menacée dans son existence même, par les décisions prises dans certaines de ses provinces, toutes canoniquement autonomes les unes par rapport aux autres, dans le domaine ecclésial et moral. À la suite de l’ordination de femmes au sacerdoce, une crise avait éclaté en Grande Bretagne, obligeant les autorités anglicanes à créer de nouvelles structures pour les fidèles qui refusaient cette décision. Le vote de l’Église d’Angleterre en faveur de l’ordination de femmes à l’épiscopat (ce qui se fait déjà dans plusieurs Églises de la Communion anglicane) va faire surgir des difficultés encore L’Archevêque n’a aucune autorité réelle à l’intérieure de la Communion 20 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 plus importantes, car les moyens alternatifs n’existent pas, et la création d’une province spéciale pour un clergé uniquement masculin (en plus des deux provinces de Cantorbéry et de York) n’est pas envisageable. Aux questions concernant les ministères ordonnés, s’ajoutent les prises de décision en matière morale. L’Église anglicane aux Etats-Unis, appelée l’Église épiscopalienne, a élu comme évêque du New Hampshire Gene Robinson, un prêtre, marié puis divorcé, qui vit publiquement une relation homosexuelle. Dans le diocèse anglican de New Westminster, plusieurs paroisses ont été autorisées à célébrer des cérémonies de bénédiction pour des couples de personnes du même sexe. Lors de la dernière Conférence de Lambeth, en 1998, qui réunit tous les évêques de la Communion anglicane, une résolution avait été adoptée déclarant "qu’il existe de puissants arguments bibliques et théologiques justifiant une compréhension chrétienne historique selon laquelle les relations homosexuelles actives ne représentent pas un témoignage fidèle de chasteté et de sainteté pour les disciples du Christ". Dans la même ligne, le Conseil consultatif anglican de septembre 2002 avait invité "les diocèses et les évêques à n’entreprendre aucune action unilatérale et à n’adopter aucune ligne de conduite susceptible de créer des difficultés à [leur] communion". Néanmoins, ces déclarations sont indicatives et n’ont pas de valeur coercitive. Pourtant, suite aux deux cas mentionnés, les réactions au sein de la Communion anglicane ne se sont pas fait attendre. L’archevêque Peter Akinola, primat du Nigeria, a fait sa- ESPRIT Benoît XVI par le Frère Patrice MAHIEU moine de Solesmes vec l’autorité dans l’Église gagent pas les différentes provinces. Nous nous trouvons dans le cas d’un sérieux déficit structurel d’autorité. Le climat est tout autre les 29 et 30 novembre à Istanbul, l’ancienne Constantinople, où Benoît XVI vient rencontrer le patriarche œcuménique Bartholomaios Ier. Benoît XVI connaît le monde orthodoxe qu’il estime et aime. Le cardinal Ratzinger, archevêque de Munich, fut membre de la commission internationale catholique-orthodoxe pour le dialogue théologique. Il reçut d’ailleurs cette commission à Munich en 1982, où fut rendu public le premier document théologique commun sur le mystère de l’Église et de l’Eucharistie à la lumière du mystère de la Sainte Trinité. Cette rencontre au Phanar comporte une part d’anamnèse des relations entre les deux Églises. Elle intervient un peu plus de quarante ans après la rencontre de Paul VI et Athénagoras Ier, à Jérusalem, les 5 et 6 janvier 1964. En 1967, Paul VI se rendit le premier au Phanar, en juillet, et Athénagoras vint à Rome en octobre. À Jérusalem, lors de leur première rencontre, Paul VI et Athénagoras avaient eu un entretien privé, rendu public seulement à la mort d’Athénagoras. En voici quelques extraits : "Paul VI : Tout ce qui regarde la discipline, les honneurs, les prérogatives, je suis tout à fait disposé à écouter ce que Votre Sainteté croit être le mieux. Athénagoras : La même chose de ma part. Paul VI : Aucune question de prestige, de primauté qui ne soit celle de... fixée par le Christ. Mais d’honneurs, de privilèges, rien de tout cela. Voyons ce que le Christ nous demande, et chacun prend sa position, mais pas avec les idées humaines de prévaloir, d’avoir de la louange, d’avoir des avantages. Mais de servir. Athénagoras : Comme vous m’êtes cher au fond du cœur. Paul VI : Mais de servir." Le programme de Benoît XVI comprenait, à son tour, un long moment d’entretien privé avec le patriarche. L’avenir nous en révélera la fécondité. Quarante ans auparavant, le patriarche Athénagoras nourrissait un désir très vif. Il le confiait au P. Duprey, venu lui rendre visite, le 10 septembre 1966. Le patriarche lui disait : "Nous, n’avons-nous pas, nous, orthodoxes catholiques, la même foi, le même baptême, la même Eucharistie, la même réalité, la même foi eucharistique, et ceci à travers la même succession apostolique ? Nous devons faire tous nos efforts pour arriver à un même calice. Je l’attends le calice commun ! Je le tiens déjà à la main le calice commun !". Benoît XVI et Bartholomaios Ier se sont replacés dans ce même héritage, l’héritage du dialogue de l’amour, du Tomos Agapis. Ils ont souligné les acquis théologiques de ces quarante ans : "Les rapports entre les Églises doivent être enracinés dans une fidélité totale à l’unique Seigneur Jésus-Christ et dans un respect mutuel de leurs propres traditions". Mais la grande question, qui Nous devons faire tous nos efforts pour arriver à un même calice FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 ( voir que l’Église anglicane du Nigeria avait rompu ses relations avec la province de New Westminster. L’ordination épiscopale de Gene Robinson ayant quand même eu lieu, plusieurs primats réagirent. L’archevêque Bernard Malango, primat de l’Afrique Occidentale, a qualifié la décision "de sérieux manquement à la foi et aux principes qui ont maintenu l’Église unie pendant des siècles". Il éprouvait une grande souffrance devant cette décision qui "avait détruit la Communion anglicane" et reconnaissait qu’il ressentait "un sentiment accablant d’une désorientation de la Communion anglicane". Malgré cette situation douloureuse, Benoît XVI et l’archevêque Williams n’ont pas omis de rendre grâces pour le chemin accompli, mais en même temps ont pris acte d’un état de blocage. Le Pape a formé le vœu, dans son discours à l’Archevêque, que "la Communion anglicane demeure enracinée dans les Évangiles et la Tradition apostolique qui forment notre patrimoine commun et qui constituent la base de notre aspiration commune à travailler au service de l’unité pleine et visible". L’archevêque de Cantorbéry prenait acte de la situation, et, semblait demander pardon lorsqu’il reconnaissait que "la façon dont nous appliquons l’Évangile aux défis que pose la société moderne peut souvent obscurcir, voire menacer les résultats du dialogue, du témoignage commun, du service". Paroles pathétiques qui soulignent que l’archevêque n’a aucune autorité réelle à l’intérieur de la Communion anglicane, si bien que les résolutions de la Conférence de Lambeth ou bien du Conseil consultatif anglican n’en- 21 ESPRIT transparaît dans les discours et allocutions concerne l’autorité dans l’Église. C’est précisément le thème actuellement étudié par la commission théologique catholique-orthodoxe qui s’est réunie cet automne à Belgrade : "Conciliarité et autorité dans l’Église". Benoît XVI insiste dans son homélie, à l’issue de la divine liturgie du 30 novembre, sur la complémentarité des missions. "Simon Pierre et André furent appelés ensemble à devenir des pécheurs d’hommes. Mais cette même mission prit une forme différente chez chacun des deux frères". Tous les deux ont servi l’Évangile ; tous les deux ont exercé une responsabilité, un ministère, mais ceux-ci ont pris des formes différentes. La responsabilité universelle de Pierre "a malheureusement été à l’origine de nos différences d’opinion que nous espérons surmonter" précise le Pape, avec des mots emplis de délicatesse. Le Patriarche se situe dans une perspective liturgique. C’est dans la liturgie qu’orthodoxes et catholiques sont déjà unis, même si des différences qui n’ont pas encore été toutes clarifiées empêchent la participation au calice commun. "La liturgie nous enseigne à élargir nos horizons et notre vision. À parler le langage de l’amour et de la communion". Lors de sa visite au Phanar, le 30 novembre 1979, Jean-Paul II avait posé la question suivante : "Qu’estce qui peut justifier le fait que nous soyons séparés ? Cette question constitue l’arrière-plan de la déclaration commune signée par Benoît XVI et Bartholomaios Ier. "Nous ne pouvons pas ignorer la montée de la sécularisation, du relativisme, voire du nihilisme, surtout dans le monde D.R. Le travail du groupe Saint Irénée Le Groupe de travail orthodoxe-catholique Saint-Irénée a tenu sa troisième session au monastère bénédictin de Chevetogne (Belgique) du 29 novembre au 3 décembre 2006. La rencontre coïncidait avec la visite du pape Benoît XVI au patriarche œcuménique Bartholomée, elle avait pour thème : "La doctrine et la pratique de la primauté au premier millénaire". Les écrits des Pères fondés sur l’Écriture sainte montrent qu’il existe un charisme de la primauté, dont la fonction spécifique est de préserver l’unité de l’Église. Cette fonction doit être assumée au niveau local, régional et patriarcal, et au sein de l’Église entière. Au premier millénaire ces fonctions primatiales furent toujours enracinées dans une structure synodale. On ne peut pas traiter légitimement de la primauté sans traiter de la synodalité, ni traiter de la synodalité sans traiter de la primauté. En ce qui concerne la primauté de l’évêque de Rome, les études menées en commun ont montré qu’il n’existe pas, au premier millénaire, d’acception univoque de la primauté romaine. [cependant] la conscience commune n'en reconnaissait pas moins que l'évêque de Rome jouait un rôle primatial dans l'Église entière. Le Groupe de travail Saint-Irénée a été fondé à Paderborn (Allemagne) en 2004. Il se définit comme un groupe international de travail théologique, sur le long terme, transcendant les frontières linguistiques et culturelles. Il comprend 13 théologiens orthodoxes (appartenant aux patriarcats de Constantinople, d’Antioche, de Moscou, de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie, aux Églises orthodoxes de Grèce, de Pologne, de Slovaquie, d’Estonie, ainsi qu’à l’Église orthodoxe en Amérique), et 13 théologiens catholiques (appartenant à l’Église catholique en Allemagne, Autriche, Belgique, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, États-Unis). La deuxième rencontre du Groupe de travail avait eu lieu en novembre 2005 au monastère Penteli d’Athènes, la prochaine session se tiendra en novembre 2007 en Serbie. ■ 22 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 occidental. /.../ En Europe, nous devons unir nos efforts pour préserver les racines, les traditions et les valeurs chrétiennes /.../ pour contribuer à la culture de la future Europe". Les difficultés sont donc d’un autre ordre que celles qui sont allées s’amplifiant avec la Communion anglicane. Dans les relations orthodoxes-catholiques, elles se situent autour du respect des différences qui sont compatibles avec la communion - différences théologiques, liturgiques, canoniques... -, et autour de l’autonomie des Églises orthodoxes, suivant leurs traditions canonique et ecclésiologique, autonomie qui pourrait être articulée sur une certaine forme de service d’unité remplie par l’évêque de Rome. Le Pape affirmait : "Ce n’est qu’à travers la communion fraternelle entre les chrétiens et à travers leur amour mutuel que le message de l’amour de Dieu pour tous les hommes et les femmes deviendra crédible". Et le patriarche reprenait en écho : "Nous confessons dans une profonde affliction de ne pas pouvoir encore célébrer unis les saints sacrements. Prions pour que vienne le jour où cette unité sacramentelle sera pleinement réalisée". Cette première rencontre entre le Patriarche œcuménique et le Pape et les espérances qu’elle a revivifiées ont trouvé aussitôt leur prolongement dans la visite de l’archevêque d’Athènes à Rome, le 14 décembre. Ce qui était impensable, il y a seulement six ans, a pu se réaliser, grâce à la décision prophétique de Jean-Paul II de ce rendre à Athènes en 2001. Le trait marquant de la rencontre du 14 décembre est peut-être un vrai réalisme évangélique, gage d’avancées décisives. Benoît XVI lui-même a donné le ton en disant : "Aujourd’hui, nos relations reprennent lentement, mais en profondeur et avec un souci d’authenticité". L’archevêque Christodolous, de son côté, confie son désir de "transcender les obstacles dogmatiques qui entravent le chemin de l’unité dans la foi [...], de vivre par le consensus la pleine unité et de communier au Corps et au Sang précieux du Seigneur ". À la lumière de ces rencontres, la meilleure attitude des fidèles n’estelle pas l’espérance active ? ■ IDEES JOURNAL DE GERARD LECLERC En terminant l’année 6 DECEMBRE Lundi, débat sur Radio Courtoisie avec l’abbé Claude Barthe, sous l’arbitrage de Philippe Maxence, rédacteur en chef du bimensuel l’Homme Nouveau. C’est moi qui suis à l’origine de cette rencontre puisque j’ai analysé dans France Catholique l’intervention de l’animateur théologique de la revue Catholica en lui posant quelques questions. Je continue donc à défendre Vatican II en terre traditionaliste, ce qui me semble assez bien accepté parce que je ne rejette pas les arguments contraires in infernis. La discussion n’en est pas moins assez pointue, bien que souvent incomplète. Nous demeurons sur le bord de beaucoup de sujets, parce qu’il y a trop à dire et qu’il faut du temps pour démêler les difficultés. Et pour reprendre une expression que j’affectionne (je ne l’ai pas inventée) il est nécessaire de s’évaluer mutuellement pour saisir exactement les zones d’accord, et si l’on n’est pas d’accord, énoncer de bons désaccords, c’est-à-dire des désaccords intéressants, prometteurs de futurs développements. Des désaccords assez nettement perçus, car ne résultant pas d’une incompréhension réciproque. Nous sommes revenus sur l’allocution de décembre 2005 où Benoît XVI avait énoncé les principes d’une herméneutique de Vatican II. Celle-ci ne saurait se concevoir hors de la tradition ecclésiale et donc de la continuité de l’enseignement de l’Eglise. Là-dessus, l’abbé Barthe pose une objection assez redoutable. Jusqu’alors en effet la perspective était plutôt inverse. C’était le dernier des conciles qui permettait d’interpréter les précédents, dans la mesure où il ajoutait en précisions doctrinales. Si Vatican II doit être analysé à la lumière de ce qui a précédé, n’est-ce pas qu’il a péché par imprécision et qu’il est parfois même hasardeux au point d’appeler des éclaircissements, aventureux au point d’appeler des mises au point. Je n’ai pas répondu directement, mais en invoquant le témoignage du père de Lubac sur “un concile trahi” et sur les clivages post- conciliaires, j’ai amorcé une direction de réflexion. Même s’il est atypique par rapport aux autres conciles, Vatican II a voulu formuler une synthèse ecclésiologique permettant d’accéder à “la Lumière des nations”. C’est ce côté synthétique qui est inédit, ainsi que ce qu’il y a de programmatique dans certaines directions nouvelles. Mais cette synthèse est éclairante, elle permet de comprendre l’économie de la Révélation, ses développements et son actualité. Et, s’il y a besoin d’une herméneutique, c’est parce que tout un “péri-concile” a caché le concile et qu’un “esprit du concile” sans cesse invoqué a concouru à dévaloriser le concile en ses enseignements au profit d’une aspiration censée inaugurer une Histoire après l’Histoire, une Eglise après l’Eglise. Quand Michel de Certeau déclarait qu’il n’attendait plus rien d’une Eglise-institution et tout des prophètes d’une “rupture instauratrice”, il indiquait exactement la cause de la méprise à propos de Vatican II. Un certain nombre d’interprètes ont signifié la fin d’un certaine Eglise pour l’avènement d’un vrai christianisme. D’où la longue étude du père de Lubac sur la “postérité de Joachim de Flore” qui dénonçait, avec toutes les ressources d’une vaste érudition, le mythe d’un nouveau christianisme. Malheureusement je n’ai pas eu l’occasion de développer complètement ma réflexion, qui grâce au père de Lubac, aurait pu éclaircir complètement le problème de la vraie et de la fausse herméneutique de Vatican II. J’ai avalé hier le mémoire d’une universitaire hollandaise Dirkje Donders, thèse de théologie, 1997, à l’université de Nimègues, sur “La femme dans la société et l’Eglise”. Il s’agit pour l’essentiel de l’analyse des travaux d’une commission pontificale qui avait été nommée par Paul VI (1973-1976). J’ai peu à dire sur le mémoire lui-même qui n’exprime jamais que l’idéologie régnant au sein de la mouvance progressiste de ces années post-conciliaires. L’auteur est délibérément partiale, tout au service de sa démonstration, désagréable avec l’adversaire “réactionnaire”. L’intérêt tient cependant dans le rappel des oppositions frontales entre des figures de premier plan de la théologie : d’un côté, Ignace de La Potterie, de l’autre : Karl Rahner. 7 DECEMBRE J’ai relu aujourd’hui la lettre de Karl Rahner adressée à Ignace de La Potterie en date du 30 août 1973 qui est reproduite en annexe de la thèse de Mme Donders. La recopier ici serait par trop fastidieux. Il est d’ailleurs possible d’en concentrer le contenu, sans trahir, dans une proposition simple : l’Ecriture sainte ne peut rien nous apprendre, en ce qui concerne la différence entre les sexes., de plus que ce que le savoir ordinaire nous apprend et qui est lié à la contingence historique. Le grand argument est d’ordre herméneutique : il s’agit de distinguer constamment le domaine de la révélation de ces conditions historiques. De plus, l’utilisation incontestable des catégories sexuées pour signifier les relations de Dieu avec l’humanité (l’Eglise-épouse, ou l’Esprit-Saint comme lié à une “fonction féminine” dans la Trinité) ne peut être majorée car ces catégories métaphoriques ne sont pas pensables en termes de principes rigoureux. Dans un tel domaine, la preuve n’est pas possible. Je le croirais volontiers, car il est vrai qu’il est problématique de traduire directement, en logique formelle, ce qui relève de la suggestion symbolique ou poétique. Jusqu’à un certain point seulement, car la réflexion peut rebondir sur la suggestion pour donner lieu à des spéculations tout à fait décisives. C’est une des découvertes de la psychanalyse, mise notamment en évidence, par Pierre Legendre. Les travaux de Marie Balmary vont tout à fait dans ce sens, lorsqu’elle étudie la Genèse et en fait ressortir une signification anthropologique dont la pertinence nous atteint directement malgré la distance considérable qui nous sépare de son insertion culturelle et sociale. FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 23 IDEES 10 DECEMBRE Rahner toujours. Sa relativisation des expressions bibliques relève de la logique de démythologisation qui a travaillé toute l’exégèse scientifique à la suite de Bultmann. Un des gros défauts d’une telle réduction est de substituer à une herméneutique biblique, une herméneutique philosophique. En l’espèce, avec Bultmann, heideggerienne ou existentialiste. Si on utilisait des termes polémiques, on pourrait parler de passage à la moulinette existentialiste. Serait-ce si injuste ? Et même si Rahner est moins sensible à la démythologisation que d’autres, j’imagine que son interprétation est commandée par des idées “modernes” comme celle de l’émancipation féminine, qui, en ellemême, n’est pas critiquable. Mais l’idée que l’on a de la femme n’est pas neutre. On s’en aperçoit mieux aujourd’hui avec l’idéologie des genders. En se privant de toute théologie de la différence sexuelle - et de l’amour humain - la question de la vocation de la femme est livrée à l’arbitraire, à la manipulation idéologique. 11 DECEMBRE La vocation de la femme et Edith Stein... Un essai de Vincent Aucante (éd. Parole et Silence) sur sa philosophie politique me rappelle le “féminisme” de celle qui a lutté de toutes ses forces pour la promotion de la femme, ses droits civiques, son accession à toutes les professions. Est-ce à dire qu’elle partageait, comme on l’a donné à croire, les revendications pour le sacerdoce féminin ? Il y a méprise sur le sujet : “Cette question de l’ordination des femmes, chez Edith Stein a fait l’objet de plusieurs interprétations erronées”. Vincent Aucante renvoie à la mise au point définitive de S. Bingelli dans la Nouvelle revue théologique de Louvain. Notre amie Janine Hourcade, dans son ouvrage, Des femmes prêtres ?, (également chez Parole et Silence), fait une mise au point intéressante qui me paraît rejoindre le point de vue d’un Balthasar sur le charisme marial et le charisme pétrinien. Ce n’est pas la première fois que je suis amené à confronter les figures de Simone Weil et d’Edith Stein dans leur contraste sur fond d’appartenance commune. Les appartenances sont manifestes : familles ( juives, attirance pour le christianisme, compétence et génie philosophiques, intérêt pour les questions politiques et sociales, passion pour la théologie... Leurs différences sont déjà évidentes sur le terrain de la pensée pure, leur formation n’est pas identique, l’une disciple d’Alain, l’autre assistante de Husserl, la première éloignée de saint Thomas, la seconde proche en raison de la phénoménologie. Sur le terrain civique, Edith n’a jamais partagé l’extrémisme révolutionnaire de Simone. Sur Israël, elles sont aux antipodes l’une de l’autre. Il est vrai que Simone n’était pas d’une famille pratiquante comme Edith et qu’elle n’a pas sa sensibilité native à l’égard du peuple juif. Si elles s’étaient connues, Edith n’aurait pas compris les sévérités de Simone sur l’Ancien Testament (pas tous les livres !) et sur les violents reproches à Israël d’avoir accaparé le Dieu unique. On rêve, en revanche, du dialogue qu’elles auraient noué sur Jésus et le christianisme l’une sur le seuil de l’Eglise, l’autre entrée au Carmel. Les convergences eussent été profondes et même décisives. Qui sait ? Simone aurait-elle eu les réponses qu’elle attendait de la part d’un être de pareille envergure, une sainte de la dimension d’un docteur de la foi ? dispose d’une légalité incontestable. Certes, il reste des menaces. La réussite et la fiabilité de ces dirigeants ne sont pas assurées. J’ai des sentiments contradictoires quant à la justice qui aurait dû condamner Pinochet et aux regrets amers des victimes. Il m’est arrivé de traiter de la question de la sortie du totalitarisme et de la dictature avec les solutions diverses qui ont été choisies ici ou là - celle de l’Afrique du Sud se distinguant par sa volonté de pacification et de réconciliation. Il faut faire attention de ne pas prolonger règlements de compte et haines réciproques. Par ailleurs on ne peut pas ne pas s’interroger sur la différence de traitement des anciens dirigeants selon les pays et les idéologies. Pour un Saddam Hussein qui sera pendu combien de dictateurs sanguinaires morts dans leur lit ? En découvrant la couverture bien sentie que mes collègues de Libération ont dédiée à Pinochet, je n’ai pu m’empêcher de songer à celle que le même journal avait consacrée à Mao-Tsé-Toung. Certes je n’ai plus exactement en tête le style des articles nécrologiques sur le Grand Timonier. Mais je doute que leur sévérité ait été égale à celle déployée pour le dictateur chilien. 19 DECEMBRE 18 DECEMBRE Je n’ai eu aucune envie de commenter la mort du général Augusto Pinochet. Son coup d’Etat ne m’avait laissé rien présager de bon et ses mesures de répression brutales - le stade de Santiago - me répugnaient profondément. Même si je m’étais auparavant interrogé sur la viabilité de l’expérience Allende et si l’ébullition du continent sud-américain dans son ensemble, m’avait fait craindre une instabilité politique défavorable aux Etats de droit. C’est une dimension un peu oubliée aujourd’hui. Les Américains soutenaient Pinochet - ils avaient sans doute préparé le pronunciamento - parce qu’une gigantesque lutte d’influence les opposait aux Soviétiques et à leurs alliés. L’exemple cubain était censé être contagieux et il l’était dans une certaine mesure. En contrecoup : les dictatures d’extrême-droite. Nous en sommes heureusement sortis et je préfère mille fois l’expérience Lulla au Brésil à tout ce qui a précédé. Même Chavez Il existe une logique implacable de refoulement du religieux 24 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 La question des sectes revient en France avec un rapport de la Commission parlementaire qui se charge de suivre les dossiers. C’est une occasion de plus pour constater le fossé - plus que cela - qui nous sépare, sur ce terrain, de la mentalité anglo-saxonne. On l’a bien vu avec l’affaire Gettliffe dont le traitement judiciaire au Canada a scandalisé toute la France alors qu’il apparaît tout à fait normal là-bas. Qu’un père, membre d’une secte, ait la garde de ses enfants à la suite de son divorce nous scandalise, d’autant que la mère, retournée inopinément au Canada a été retenue en prison, puis sévèrement condamnée. Dans le monde anglo-saxon, c’est notre attitude à nous qui scandalise. Qui a raison ? Ceux qui prônent la liberté de conscience à tout prix ? Ou ceux qui veulent à tout prix protéger cette liberté de ce qui risque de la supprimer à force de manipulation mentale et d’encadrement sectaire ? Il me semble que la suspicion française va parfois un peu loin, jusqu’à soupçonner certaines formes de vie communautaire de type charismatique. C’est à partir d’un débat comme celuilà que nous pouvons donc apprécier notre IDEES différence dont la nature est d’ordre philosophico-religieux et dont la portée englobe tout l’ordre socio-politique. Nous sommes renvoyés aux origines des EtatsUnis - le Canada vit de la même civilisation - avec la segmentation religieuse originaire et les principes inentamables de la pluralité confessionnelle. Au même moment, la Révolution française se distingue d’abord par une tentative d’assujettissement de l’Eglise catholique à l’Etat, puis par une persécution qui vise à l’éradication du christianisme. Bien sûr nous sommes loin de ces origines. Le temps a fait son œuvre. Mais il nous en reste beaucoup de choses. La conception française de la laïcité par exemple, et la farouche détermination américaine à défendre la liberté religieuse ainsi d’ailleurs que la liberté d’expression. Après discussion avec un ami avocat québecois, il faudrait apporter des compléments à ces réflexions rapides, notamment d’ordre juridique. L’attitude de la justice canadienne à l’égard de la maman qui a “enlevé” ses enfants a des motifs liés à une situation particulière par rapport à un tribunal donné. Il y a des contrastes entre le Québec et les autres provinces canadiennes, et même les Etats-Unis sont divisés en plusieurs grandes zones où les mentalités et les pratiques juridiques divergent. 27 DECEMBRE Radio-Vatican m’a interrogé assez longuement à propos de la polémique qui a sévi ces derniers temps sur la célébration publique de Noël, que des pays comme l’Angleterre sont enclins à limiter afin de ne pas indisposer les non-chrétiens. Il y a même eu, à Rome, une manifestation gauchiste contre la crèche du Vatican ! J’ai été pris un peu au dépourvu, n’ayant guère réfléchi au problème. Mais il ne m’est pas possible de ne pas réagir à une tendance à l’éradication de l’identité chrétienne des anciennes nations européennes. Je sais bien qu’il y a une tendance de fond, dans un contexte de pluralisme religieux et de forte immigration, à mettre en valeur les principes de laïcité, et en tout cas de réserve sur les connotations confessionnelles. Jusqu’à quel point cette tendance est-elle suscitée ou renforcée par des évolutions internes à la société et par une sorte de juridisme laïciste qui serait le point d’aboutissement du phénomène de sécularisation ? Il me semble qu’il y a des deux, l’un appelant l’autre... Je ne suis pas sûr que les exigences de déconfessionalisation de Noël viennent “d’en bas”. Les musulmans d’Angleterre ou de France ne m’apparaissent pas indisposés par le souvenir explicite de la naissance de Jésus, qui est mentionné dans leurs Ecritures. Je crois beaucoup plus aux méfaits d’une idéologie qui fait d’autant mieux l’économie de la religion qu’elle est pressée de la voir disparaître de l’espace public où elle lui pèse et où elle voudrait avoir le monopole de l’expression philosophique et en général de ce qui fait lien social. Le lien social renvoit précisément à l’étymologie de religion, ce qui relie. Il existe une logique implacable de refoulement du religieux, désormais interdit de créer du lien social, cette fonction étant désormais dévolue à une religion civile seule habilité à organiser l’espace public. Telle est du moins ma réaction spontanée à cette phobie du Noël chrétien. Retour à Albert Camus grâce à Jean Daniel, dont l’essai sur l’auteur de L’Etranger, m’a instruit sur une des raisons essentielles de ma connivence avec l’éditorialiste du Nouvel Observateur, Camus, précisément, dont il a été l’ami très proche, dont il a toujours professé le culte, et poursuivi l’ambition journalistique. Le sous-titre choisi me plaît énormément : “Comment résister à l’air du temps”. C’est toute une philosophie ! Certains la caractériseront sans doute comme réactionnaire, ce qui ne serait me terroriser mais demande quand même quelque explication. Résister à l’air de son temps ne signifie sûrement pas qu’on voudrait être d’un autre temps parce qu’on déteste le sien. Cela, c’est plutôt la nostalgie des ailleurs rêvés et des âges d’or disparus. Ce n’est pas non plus prendre une pose négative de contempteur de ses contemporains. C’est plutôt ne jamais abdiquer sa liberté et sa liberté de jugement. Dans la dernière conversation que Camus a eu avec Daniel, un mot de ce dernier l’avait indisposé : “inéluctable”. L’indépendance de l’Algérie, en fait la prise de pouvoir par le FLN était “inéluctable”. N’était-ce pas le sens de l’Histoire tant célébré à l’époque, et qui correspondant au canon le moins discuté du marxisme ? Et bien ça ne marchait pas du tout avec lui. Sûrement pas avec son idée de la justice et ce qu’il avait de commun avec une Germaine Tillon, à laquelle Jean Daniel consacre quelques belles pages. Je ne veux pas revenir ici sur l’affaire algérienne, mais tout ce qu’en rappelle cet essai me ramène à des années de jeunesse où elle a énormé- ment compté. Et, a posteriori, ce que je retiens de l’attitude de Camus qui y fut impliqué dans sa chair, sa sensibilité, ses réflexes les plus profonds, c’est ce qu’elle eut de non-idéologique. C’est sans doute pour cela que l’écrivain peut être reconnu aujourd’hui sur les deux bords de la Méditerranée (Avec Camus, Gallimard). 28 DECEMBRE J’ai toujours aimé Camus, lu dès la terminale. Je suis resté attaché à La Peste alors que c’est sans doute aujourd’hui le roman le plus mal considéré de l’écrivain. D’une fable se détachent des figures qui me touchent, celle de Grieux, celle de Panelou aussi (où on a voulu reconnaître le futur cardinal Daniélou, ce qui m’intéresse directement car j’ai toujours été fasciné par ce grand jésuite si vivant). A ce propos Jean Daniel rappelle que Camus ne s’est jamais reconnu dans l’anticléricalisme qui l’avait pourtant formé et qu’il appréciait la conversation des jésuites et des dominicains : « Il voyait dans le combat anticlérical une sorte de vulgarité, sinon de bassesse [...] Il disait volontiers qu’il était préférable d’avoir quelques religieux autour de soi, “on ne sait jamais, on ne peut jamais savoir”. Laïc, agnostique, athée peut-être, cet homme n’a jamais voulu dire un non radical aux religieux, sinon à la religion». Il aimait Bernanos, celui de Dialogues des Carmélites, avait adapté la pièce de Faulkner, Requiem pour une nonne et s’était consacré à la première édition des œuvres complètes de Simone Weil... Avec Michel Onfray, changement de registre assuré. J’ai tenu à vérifier l’intuition que j’ai depuis plusieurs années et qui se trouve confirmée clairement dans La puissance d’exister (Grasset), le dernier essai de l’athéologien. Décidément, ce qu’il y a de plus intéressant chez lui ce sont les préfaces. C’était déjà le cas avec Fééries anatomiques où une longue préface en forme de confession m’avait beaucoup plus instruit que les développements suivants qui ne m’avaient nullement paru féériques. Cette fois, il suffit de trente pages pour saisir le drame d’un gosse abandonné par ses parents dans un orphelinat dont la description, d’évidence véridique, fait frémir d’indignation. Que serais-je devenu si j’étais passé par là ? Je suis bien obligé de me poser la question en m’interrogeant de surplus sur une expérience personnelle ri(à suivre) goureusement contraire. FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 25 CINEMA DOCUMENTAIRE SUR LA GRANDE CHARTREUSE Le grand silence Nous avons eu la grâce de voir “Le grand silence” le jour de Noël, à Paris, dans une salle archi-comble et recueillie. Le film de Philip Gröning, évocation de la relation des moines de la Grande Chartreuse avec Dieu, beaucoup plus que simple reportage, et plus qu’une œuvre d’art réussie, est une sorte de phénomène de société. Comme chez nos voisins espagnols et italiens ou belges, un faible nombre de copies est diffusé, mais sur la longue durée, avec un bouche à oreille remarquable. Quand le film arrivera chez vous, ne le manquez pas. Malgré sa durée de 162 minutes, il n’y a aucun temps mort. Le18 janvier les éditions Jade sortent le CD de la bande son du film qui sera encore un autre défi artistique (le bruit du silence) contribuant à faire du “Grand Silence” un événement marquant. L’autorisation de tourner un tel film avait été demandée en 1984. En 1999 les Chartreux avaient répondu positivement... Une chose est certaine : le moment était bien choisi pour montrer la communauté en parfait équilibre. La galerie des visages qui ponctuent différentes parties du film en témoigne d’ailleurs merveilleusement. 26 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 Entretien avec Philip GRÖNING réalisateur du film Philip Gröning est né à Düsseldorf en 1959. Il a grandi dans sa ville natale et aux Etats-Unis. Il a beaucoup voyagé en Amérique du Sud et a étudié la médecine et la psychologie avant de se tourner vers la réalisation cinématographique en 1982. ■ Pourquoi avez-vous choisi de faire un film sur le monastère cartusien ? Au début, je ne pensais pas tourner un film sur la vie dans un monastère. Je voulais plutôt faire un film concernant le temps. Parmi les Ordres où le silence est observé, j’ai trouvé que celui des Chartreux était le plus intéressant, puisque chacun des moines reste centré sur lui-même. Ils vivent dans une petite cellule avec des lits de paille et pour se chauffer, ils n’ont qu’une petite boîte en métal. Si le feu s’éteint, il fait un froid terrible. D’un autre côté, la vie communautaire est très stable et intense. Les journées sont tellement structurées qu’ils ont rarement le temps de se retrouver seuls. Il y a des prières même pendant la nuit. C’est la vie d’ermite, mais dans une communauté. ■ Comment un film sur le temps est-il devenu un film sur le silence ? Un film “normal” fonctionne avec le langage et le langage couvre le temps. La plus grande expérience qu’un spectateur puisse faire en regardant un film est de ressentir le temps. D’ordinaire cette expérience est masquée par l’histoire. Dans un film sur le silence (un film “muet”), cette expérience du temps est repoussée vers la surface. Et rien ne peut l’en déloger. Ceci est directement relié à la façon dont vivent les moines : dans une structure temporelle extrêmement rigide qui impose le moment où l’action doit se faire et les règles selon lesquelles elle doit se faire. ■ Votre film parle du temps sur deux niveaux : nous, spectateurs, avons le sens du temps réel, mais nous expérimentons aussi le changement des saisons... Quelqu’un qui vit toujours dans un même endroit où les jours se ressemblent à la perfection ressentira le changement de saisons plus fortement que les autres. Imaginez-vous, passer votre vie à regarder par la même fenêtre (toujours la même et unique fenêtre), un même morceau de jardin ou une certaine montagne. Le changement de la nature ainsi que du temps prendra forcément une signification différente. ■ La valeur du travail et des objets semble être différente pour les Chartreux... Les Chartreux vivent dans une grande pauvreté, mais ils sont pauvres consciemment. Par exemple, le tailleur garde chaque petit bouton et chaque morceau de tissu. Lorsqu’un moine meurt, ses boutons sont réutilisés. Dans une scène du film, on voit la collection de boutons dans l’atelier du tailleur. Il y a également des boîtes entières de fils, et même les plus infimes parties des habits des moines sont recyclées. Si vous Dans le silence ambiant, tout déplacement semblait démesuré regardez de près, vous verrez qu’il s’agit d’assemblage de bouts de tissus. On ne jette rien chez les Chartreux et tout l’argent qui n’a pas été utilisé est reversé à des œuvres de charité. ■ Est-ce une philosophie ? Oui. Je me souviens d’une fois où j’ai jeté quelque chose. Le tailleur est aussitôt venu me demander pourquoi j’avais fait ça. N’avais-je donc aucun respect pour celui qui avait travaillé ? Pourquoi pensais-je que tout à coup, ça n’avait plus de valeur ? Ce n’est pas de l’avarice, mais de l’attention. L’attention avec laquelle on se préoccupe de tout ici : les objets, le temps, soimême et son âme. ■ La liberté individuelle existe-t-elle dans le monastère ? Mais oui, absolument ! Je n’ai rencontré que des individus décidés. Contrairement aux Cisterciens ou aux Trappistes, qui observent eux aussi le silence, les Chartreux vivent chacun à leur manière. Leur individualité trouve son expression très fortement dans leur cellule : on peut voir comment Benjamin, l’Africain, a assemblé un tas de choses après seulement 6 mois, alors que Francis, lui, vit dans une cellule pratiquement vide depuis 7 ans. ■ Pendant le tournage, vous avez vécu comme un moine. Est-ce parce que vous n’auriez pas pu faire autrement ou était-ce la volonté d’expérimenter ce style de vie ? FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 27 CINEMA Il était préférable de vivre sur place pour comprendre ce que vivent les moines. Si on tourne un film sur le monastère en vivant dans un hôtel, on ne peut pas capturer le rythme de cette vie. C’est parce que j’ai vécu sur place et parmi eux pendant plusieurs mois que j’ai pu pénétrer dans les rythmes de travail des moines. J’ai tout fait seul : j’étais derrière la caméra, j’ai enregistré le son, j’ai porté 20 kilos de matériel. J’ai souvent cru que je ne n’y arriverais pas jusqu’à ce que je découvre une autre image qui me fascinait. C’était plus particulièrement épuisant le soir et je reconnais que j’ai loupé quelques prières de nuit... ■ Mais vous étiez quand même sur place chaque nuit... Oui. Durant toute leur vie, les moines chartreux ne dorment jamais une nuit complète. 3 heures de sommeil sont suivies de 2 ou 3 heures de prière, puis de nouveau par 3 heures de sommeil. Ils ne se détendent jamais complètement, mais restent concentrés en permanence, aidés par des vagues d’adrénaline. Les Chartreux n’ont ni vacances ni temps libre. C’est la nuit qu’ils poursuivent une activité pendant le plus longtemps : la prière de la nuit. Puis il y a la messe du matin (45 minutes) et celle du soir (30 minutes), sans oublier les prières dites en cellule 7 fois par jour. En plus de ça, chacun lave ses propres affaires, fait la vaisselle, travaille dans le jardin, coupe du bois, lit des livres et fait des corvées dans le monastère. Le temps pour soi n’existe pas. Quand je pensais enfin avoir un peu de répit, une cloche sonnait appelant à une activité. ■ Combien aviez-vous de pellicule à la fin du séjour ? Environ 120 heures. Je tournais une cassette par jour, soit 49 minutes. Et comme je suivais les tâches quotidiennes des moines (lessive, vaisselle, jardinage...), je n’avais que 2 à 3 heures par jour pour mon travail de réalisateur. J’ai essayé de ne répéter aucune prise. Si une scène était bonne, je me forçais à ne pas la retourner. Mon premier objectif était d’éviter les clichés et de ne pas filmer le type de scènes qu’on s’attend à voir dans un monastère. ■ Comment avez-vous communiqué si personne ne parlait ? Durant toute leur vie, les moines chartreux ne dorment jamais une nuit complète Dans le film, on voit dans l’antichambre, la boîte dans laquelle les moines se laissent des messages. Par exemple, un moine était contre l’idée du tournage. Dans ce cas, j’ai insisté pour le rencontrer. S’il s’y opposait au point de quitter le monastère, je ne tournerais pas. Je lui ai donc laissé un mot avec les lieux et les heures de tournage pour le jour suivant en lui demandant s’il était d’accord. J’ai fait la même chose pour les scènes avec le jardinier et le tailleur. Chez les Chartreux, une règle dit qu’on peut parler si c’est nécessaire pour son travail. Et comme le tournage était mon travail, j’ai pu lui dire : “Là, j’ai besoin d’une prise à trois broches.” ■ Il n’y a pas de vœu de silence à proprement parler ? La règle des Chartreux veut que l’on parle le moins possible. Dans certains endroits, il ne faut absolument pas parler : dans la chapelle, l’antichambre et dans les couloirs. Par contre, dans d’autres endroits, il est demandé de parler, par exemple lors des promenades du dimanche. On demande tout de même à ce que chacun se tienne dans une bulle de solitude. C’est pour cette raison que les ateliers et les pièces sont très grands. Si quelqu’un coupe des légumes dans la cuisine, une autre personne (effectuant la même tâche) doit être assez éloignée de la première pour oublier sa présence. C’est évidemment un mécanisme qui rend le fait de rester silencieux plus facile. Dans cette atmosphère, j’ai essayé d’être le plus discret et le plus silencieux possible. Au début du tournage, le plus difficile a été de contrôler le bruit que je faisais moi-même. Dans le silence ambiant, tout déplacement ou grincement de matériel semblait démesuré. J’avais même du mal à supporter le bruit insupportable du mouvement de tissu de ma veste. ■ C’était une idée dramaturgique formidable d’accompagner un novice, nouvel élément dans cette communauté... Ça a été un pur hasard. Je venais d’arriver quand on m’a informé qu’un nouveau arriverait le lendemain matin à 9h et qu’il était primordial que je filme cet événement. Je ne me sentais pas prêt à filmer des moments aussi intimes, mais l’occasion ne se représenterait pas de sitôt... Quatre nouveaux moines sont arrivés dans la communauté pendant mes 6 mois de présence chez eux. Ils ne sont pas tous restés. Beaucoup sont persuadés qu’ils veulent devenir moines, mais ils se rendent compte que ce n’est vraiment pas conforme à leurs envies. Je dirais qu’environ 80% des novices ne restent pas. Parmi les autres 20%, certains sont renvoyés par les moines. 28 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 29 CINEMA ■ N’est-ce pas épouvantable d’être renvoyé par le monastère ? Dans la cérémonie d’admission, il est bien spécifié que chacun est libre de partir et que la communauté a également le droit de renvoyer qui elle le souhaite. C’est une protection pour les postulants : si les moines s’aperçoivent que le postulant ne sera pas capable de vivre dans un Ordre aussi strict, il est renvoyé. Au début, j’ai essayé de convaincre les moines qui étaient contre mon film que ce serait une bonne publicité pour leur monastère. Mais cette idée est absurde pour un Chartreux. Admettons qu’après 25 ans dans le monastère, un moine décrète que ce n’est pas le genre de vie qu’il espérait et décide de quitter les lieux. Il n’y a rien de pire, parce qu’où ira-t-il ? Aucun des Chartreux ne se soucie de l’avenir de l’Ordre. Il existe depuis presque 1000 ans. Si Dieu décide que demain, c’est terminé, qu’il en soit ainsi. ■ Pourquoi avez-vous choisi de ne pas mettre des commentaires en “voice over” ? On ne peut pas utiliser le langage pour décrire un monde qui évolue aussi loin des mécanismes du langage. Les moines s’évertuent à approfondir leur connaissance des choses. Je ne peux que souhaiter que le spectateur expérimente également la même chose. Mais ça ne peut pas fonctionner si j’offre des explications à tout ce qu’il voit. Il était évident pour moi que je ferais un film sur la vision des choses et l’écoute de ces mêmes choses avec précision. Bien entendu, les commentaires se font après le montage... Mais ils ont une qualité différente. A travers le montage, le spectateur décide ce qu’il veut voir et entendre, quand c’est clair ou quand ça l’est moins. C’est un film calme, mais pas muet. La bande sonore est très intéressante. On entend et on voit tout différemment dans un monastère. A travers le silence, les objets deviennent notre double, comme par exemple les boutons pour le tailleur. Certains spectateurs ne comprennent pas tout de suite ce que font les moines... Ça ne me dérange pas. Mon film n’a pas la réponse à toutes les questions. S’il suscite l’intérêt du spectateur, celuici pourra surfer sur internet et faire ses propres recherches. Aujourd’hui, on croule sous l’information. Ce qui manque, et c’est ce que chacun doit trouver par luimême, c’est la signification des choses. Mon film veut également être un film sur le spectateur lui-même, sur ses perceptions, ses pensées. Il devrait se concentrer sur lui-même. C’est également un film sur la contemplation. Pensez à ceci : en moyenne, un moine passe 65 ans de sa vie là-bas. 65 années au cours desquelles il se livre au même rituel jour après jour. Je ne peux pas expliquer sa signification au spectateur, qui ne peut avoir qu’une vague impression à travers les répétitions dans le film. C’est la seule manière dont je pouvais faire le film : sans donner aucune direction au spectateur, mais en lui laissant une liberté totale. ■ Une liberté que les moines ont également ? 30 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 Les moines ont une certaine liberté malgré la sévérité des règles, puisqu’ils doivent contrôler leur vie. On pense qu’on peut se modeler une vie, ou qu’on devrait la modeler afin d’atteindre le bonheur. C’est pour cela que beaucoup de personnes ont peur de la vie. Le monastère est un endroit où la peur n’existe pas. Les moines ont cette confiance séculaire que Dieu dirige tout. “On ne peut pas utiliser le langage pour décrire un monde qui évolue aussi loin des mécanismes du langage.” On entend et on voit tout différemment dans un monastère ■ Dans certaines scènes, les moines ont un côté enfantin... Absolument. Par exemple, dans une des scènes, ils s’amusent à glisser sur une pente enneigée et se lancent des boules de neige. Il ne faut pas oublier que les moines sont très athlétiques. Ils m’ont aidé à porter mon matériel sur la montagne quand je ne n’en pouvais plus. Même ceux qui avaient un a priori sur le film m’ont aidé. Pour moi, il y avait un mystère : le contact physique. Existe-t-il dans le monastère ? Après tout, c’est une composante primordiale de la vie humaine. C’est pour cela que les scènes chez le coiffeur sont si importantes, notamment quand on coupe les cheveux d’un moine ou quand on passe de la pommade au vieux moine. ■ Quelle est la position actuelle des Chartreux ? Leur influence est-elle importante ? Vous trouverez ces réponses ailleurs. Je n’ai pas voulu faire un film sur le monastère, mais sur la vie des moines. Surtout que je vois des parallèles évidents avec la vie d’artiste. Et sur ma vie quotidienne en tant que réalisateur. Je suis conscient des sacrifices qu’il faut faire et de ce qu’il faut rejeter. Dans les deux mondes, on gère des concepts comme la concentration, la perception et la signification de ces actes. ■ Monastère de la Grande Chartreuse 38380 Saint Pierre de Chartreuse CINEMA L’incroyable destin de Harold Crick LE PETIT PEINTRE DU RAJASTHAN Harold Crick, un inspecteur des impôts fasciné par le pouvoir des chiffres, mène une existence très ordonnée, où chaque moment de sa journée est soigneusement minuté. Un jour, il entend une voix féminine commenter ses faits et gestes... À partir d'une intrigue originale, Marc Forster tisse une réflexion passionnante sur le rapport entre fiction et réalité (qui était déjà le sujet de son précédent film, le thriller psychologique «Stay»). Si l'on peut regretter la facture conventionnelle de sa mise en scène, et un traitement parfois trop superficiel de certaines questions soulevées par le scénario, le film parvient à séduire par la tournure que prend le récit et le soin accordé à ces savoureux détails de la vie auxquels le film rend hommage. Menant une existence solitaire et réglée comme du papier à musique, Harold Crick découvre que de petites surprises peuvent être agréables à vivre. Sa vie se remplit peu à peu d’émotions communicatives. M.-L. R. Comédie dramatique américaine (2006) de Marc Forster, avec Will Ferrel (Harold Crick), Dustin Hoffman (Jules Hilbert), Emma Thompson (la romancière) (1h45). (Adolescents). Sortie le 10 janvier 2006. Le serpent Un photographe sur le point de divorcer subit la vengeance d'un ancien camarade de classe. Eric Barbier signe un thriller efficace et bien ficelé qui tient le spectateur en haleine de bout en bout. Yvan Attal et Clovis Cornillac sont épatants. L'atmosphère de cette sombre histoire, sur fond de vengeance, est particulièrement oppressante avec quelques scènes morbides et très violentes. M.-L. R. Thriller français (2006) de Éric Barbier, avec Yvan Attal (Vincent), Clovis Cornillac (Jospeh Plender), Pierre Richard (Cendras), Simon Abkarian (Sam), Minna Haapkyla (Hélène) (1h59). (Adultes) Sortie le 10 janvier 2006. Un par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ regard sur l’Inde Les havelis sont de grandes maisons richement ornées construites sur la fameuse «route de la soie». A vec l'essor économique que connaît l'Inde, c'est la société tout entière qui vit une profonde mutation. Les valeurs traditionnelles se confrontent sans cesse au défi de la modernité. Le cinéaste Rajkumar Bhan a choisi une belle histoire, pleine de charme et de tendresse, pour commenter habilement cette situation. Aniket, dix ans, vit avec ses parents, à Poona, une de ces villes dortoirs situées au sud de Bombay. Son père, qui travaille beaucoup, fait tous les jours de longs trajets jusqu'à la mégalopole indienne. Ses parents le confient quelque temps à sa grand-mère, qui habite une petite ville du Rajasthan au cœur du désert. Le jeune garçon découvre alors avec émerveillement les magnifiques fresques qui ornent les palais de la ville et prend conscience de sa passion pour la peinture. Cette jolie chronique de l'enfance touche par l'universalité des thèmes qu'elle aborde (la découverte d'une passion, la difficulté à la faire accepter par son entourage…) et séduit par son style à la fois simple et poétique. Le récit, d'une belle fluidité, dresse un portrait réaliste et passionnant de l'Inde d'aujourd'hui. Certaines scènes sont très touchantes, comme celles où le jeune Aniket est saisi ( Chaque personnage représente une sensibilité de l'Inde d'aujourd'hui d'émotion à la vue des fresques. Certes, le film n'évite pas quelques petites maladresses, comme un sentimentalisme parfois un peu trop appuyé pour notre regard d’Occidentaux blasés, mais il s'agit d'une réserve mineure tant un sentiment d'enchantement prédomine. La tendre complicité et la sensibilité artistique qui unissent l'enfant et sa grand-mère sont particulièrement bien rendues. ■ Le petit peintre du Rajasthan. Comédie dramatique indienne (2005) de Rajkumar Bhan, avec Salabha Deshpande (la grand-mère), Omkar Leke (Anirudh), Nandu Madhav (Aniket), Seetharam Panchal (le peintre), Maithili Zaokar (Malati) (1h28). (Adolescents). Sortie le 10 janvier 2007. Une grande année Alors qu'il mène une brillante carrière à Londres, Max apprend qu'il a hérité de son oncle un vignoble provençal. Ce film est l'adaptation d'un roman de Peter Mayle. Il est assez surprenant de retrouver derrière la caméra Ridley Scott, plutôt réputé pour ses films d'action spectaculaires, et qui ne semble pas vraiment à l'aise pour filmer la nonchalance méridionale. L'ensemble manque d’ailleurs d'émotion même si l'on passe un agréable moment. Entièrement voué à son travail et au profit qu'il lui procure, Max va, peu à peu, redécouvrir les petits plaisirs de la vie et renouer avec un passé qu'il avait oublié. Sabine PEROUSE Comédie dramatique américaine (2006) de Ridley Scott, avec Russell Crowe (Max Skinner), Albert Finney (oncle Henry), Marion Cotillard (Fanny), Abbie Cornish (Christie Roberts), Tom Hollander (Charlie Willis), Freddie Highmore (Max jeune), Archie Panjabi (Gemma), Didier Bourdon (Francis Duflot), Valeria Bruni-Tedeschi (Auzet) (1h58). (Adolescents). Sortie le 3 janvier 2007. FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 31 EXPOSITIONS DU JAPON A L’EUROPE © LES ARTS DÉCORATIFS, MUSÉE DE LA PUBLICITÉ, PARIS - © PHOTO L. SULLY JAULMES Katagami La Libre Esthétique, Salon annuel, Gisbert Combaz, 1899. ’exposition "Katagami", ne se limite pas aux élégants pochoirs en papier utilisés par les Nippons pour teindre les tissus. Elle prend toute sa dimension en s’étendant à l’influence qu’ils ont pu exercer sur les arts décoratifs en Occident. Les katagami sont apparus au XIIIe siècle, mais c’est vers les années 1860 qu’ils inspirent le "japonisme", prélude à une durable fécondation de l’art européen. Plus de deux cents pièces sont présentées. Elles proviennent d’institutions du Pays du Soleil levant et d’Europe : Musée d’Orsay et des Arts décoratifs de Paris, Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, MAK de Vienne, Musée des Arts décoratifs de Hambourg. Si l’impression avec pochoir en papier apparaît donc au Japon à l’époque de Kamakura, son emploi n’est réellement maîtrisé que quelques siècles plus tard. Le découpage des katagami se fait au poinçon ("kiri-bori") ou au canif ("tsuki-bori"). A partir de l’époque Edo, les petits motifs appliqués sur le lin ou la soie sont généralement appelés "komon", et "chûgata" ceux, relativement grands, utilisés sur les cotonnades. Aucun katagami antéKasane en crêpe à motif komon rieur au XVIII e siècle Epoque d’Edo – ère Meiji (XIXe siècle) L © BU NKA GAK UEN COS TUM EM USE UM Le découpage des katagami se fait au poinçon ou au canif 32 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 n’a été conservé. La première partie de l’exposition présente des modèles qui datent, pour la plupart, des XVIIIe et XIXe siècles. Ces modestes outils de l’industrie textile présentent des dessins, élégants et précis, de toutes sortes. Le résultat de leur emploi se présente sous forme de vêtements raffinés : kamishimo (habit de cérémonie des hommes de la classe des guerriers), suô (à l’origine guerrier, également utilisé dans le théâtre kyôgen), kasane (costume de femme composé de deux kimonos), hakama (pantalon) ou plus humble yukata (à l’origine sortie de bain, devenue vêtement d’été des classes populaires). Le milieu du XIXe siècle voit la fin de l’isolement du Japon et, avec elle, le développement du commerce avec l’Occident. Commence le japonisme et le goût pour les objets venus de l’archipel. Au moment où l’industrie textile, en voie de modernisation, délaisse les katagami, ceux-ci font leur apparition en Europe où ils inspirent les artistes. C’est de cette histoire que traite la seconde partie de l’exposition en s’intéressant aux grands foyers artistiques : Vienne, Paris, Bruxelles, Londres… De jeunes artistes Vêtement à motifs bingata se séparent XVIIIe-XIXe siècle d’institutions conservatrices. La première "Sécession" est fondée à Munich en 1892, la seconde à Vienne, cinq ans COLLECTION PARTICULIÈRE - DR Avec l’exposition "Katagami", la Maison de la Culture du Japon met en valeur l’influence de ces pochoirs sur le japonisme, puis sur l’Art nouveau et l’Art déco. par Alain SOLARI EXPOSITIONS plus tard. On peut observer l’influence des katagami dans le décor floral d’une jardinière en argent d’un Josef Hoffmann ou dans celui, plus géométrique, d’une corbeille à pain de Koloman Moser. En 1862, l’exposition universelle de Londres présente pour la première fois une section consacrée au Japon. Le mouvement Arts & Crafts, fondé deux ans plus tôt par William Morris, prône un retour aux sources artisanales. On peut trouver des correspondances entre ses œuvres et les motifs japonais. Dans les années 1890, Bruxelles est un berceau de l’Art nouveau. Le japonisme y parvient via Paris et le mouvement Arts & Crafts y exerce également une influence. Les artistes bruxellois sont de fervents amateurs d’art japonais. C’est frappant dans le dessin – quatre tachibana, orangers japonais – d’un tapis d’Henry Van de Velde, ou dans celui – trois poissons en cercle - du coffret de toilette hexagonal de Philippe Wolfers. L’exposition se termine en apothéose avec l’évocation de l’Art nouveau et de l’Art déco en France. Alors que le japonisme a déjà engendré une nouvelle esthétique, "l’idée d’utiliser le style japonais pour donner un nouvel essor aux arts décoratifs prend forme autour de l’Union Centrale des Arts décoratifs" dans les années 18701880. A Nancy, Gallé (dont on peut voir une chaise avec un dossier au motif végétal) et les frères Daum intègrent des motifs japonais dans leurs œuvres. Jacques Gruber, qui a travaillé avec Majorelle et les Daum, est présent avec un vitrail au japonisme évident. Une gravure sur bois de Félix Vallotton, "la paresse" 1896, mise en présence d’un katagami de type chûgata, est très parlante. Quant à René Lalique, avec ses créations aux courges sinueuses et aux motifs végétaux, il est particulièrement bien représenté avec de nombreux et très beaux bijoux, des peignes, une écharpe "Champ de marguerites", et de magnifiques vases. Deux d’entre eux, "Baies" (1924) et "Marguerites" (1923), rapprochés de deux suô aux motifs de chrysanthèmes, introduisent d’ailleurs le visiteur à l’exposition. "Modèles d’un japonisme tardif auquel ils donnent un nouveau souffle, les katagami ont inspiré non seulement l’Art nouveau, mais aussi bien Composition des aspects du style Art déco des avec ovale. années 1925". ■ 1998. "Katagami, les pochoirs japonais et le japonisme", jusqu’au 20 janvier. Maison de la Culture du Japon, 101 bis quai Branly, 75015 Paris. Du mardi au samedi (12h19h), nocturne le jeudi (jusqu’à 20h). Zaborov : livres éternels Peintre, sculpteur et photographe, Boris Zaborov demeure méconnu du public français. Pourtant, de nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées en Europe. La Monnaie de Paris expose en ce moment une vingtaine de ses sculptures, sur le thème des "Livres éternels", ainsi que la maquette de "monument au livre" qui lui a été commandé par l’université Technion d’Haïfa. L’artiste est né en Biélorussie, à Minsk, le 16 octobre 1935. Après des études à l’Ecole des Beaux-Arts de la capitale biélorusse, puis à l’Académie des Beaux-Arts de Moscou, il réalise des décors de théâtre et illustre des ouvrages littéraires. 1980 est une grande étape puisque Relief. 1987. Boris Zaborov émigre. Depuis, il vit et travaille à Paris. Il a exposé ses œuvres en de nombreuses villes de France et d’Europe. En 1989, le Palais de Tokyo, à Paris, lui consacre une rétrospective. En 1995, c’est au tour du Musée d’Etat d’Art ouest-européen Pouchkine, de Moscou, puis au "Manège" de Saint-Pétersbourg d’en faire autant. Des collections publiques possèdent des œuvres de Zaborov en Russie, en Biélorussie, en Autriche, en France… "Il est difficile de trouver dans l’histoire une découverte qui ait joué un rôle plus important dans l’évolution et dans la civilisation de l’humanité que l’écriture et le livre", écrit Boris Zaborov. "En tant qu’objet, le livre est souvent une œuvre d’art remarquable. Aujourd’hui, le livre, dans ce sens-là, est menacé de disparition. Les nouvelles technologies commencent à remplacer le livre dans sa fonction… C’est ce qui m’a conduit à l‘idée d’ériger un monument au livre. Il serait un signe fort de notre estime infinie à son égard". On n’est donc pas surpris de trouver, au centre de la première salle, un livre d’où jaillit un flot de caractères typographiques de toutes tailles. Il s’agit de la maquette, à l’échelle 1/4, du monument commandé au sculpteur. L’effet est très réussi. Il le sera certainement encore plus en grandeur réelle, Couverture de livre. 1990. lorsque l’œuvre sera installée, en mars 2007, sur le parvis de l’université Technion d’Haïfa, un prestigieux institut technologique. Autour de la maquette, dans cette première salle, les "Compositions" I, II et III, "tableaux" formés eux aussi de caractères d’imprimerie entre lesquels s’inscrivent d’autres éléments qui apportent une part de mystère, entrent en résonance avec l’œuvre centrale, "alphabets échappés de vieilles casses de typographes morts depuis longtemps"*. Au dos d’une "Bible", surgit un Christ en croix… Ces bronzes de Zaborov ne sont pas lisses, brillants ou polis. Ils ont leur part de mystère ; ce que confirme la douzaine d’œuvres, de différentes tailles, exposées dans la seconde salle, présentées sur des piédestaux autour desquels on peut tourner. Les livres de Zaborov ont l’air vieux, gris, comme empoussiérés, fatigués d’une lourde histoire suggérée. "Aimer les sculptures de Zaborov, c’est s’engager dans un débat… entre ce que l’on voit et se qui se cache. Entre le réel et l’énigme. Car il y a énigme"*. Enigmes et symboles ; mais lesquels ? Ce que confirme l’artiste lorsqu’il déclare n’avoir aucune intention délibérée en ébauchant une œuvre, qu’il se laisse porter. Pourtant, parfois, le voile du mystère se déchire. Observons bien la couverture du "Livre D" (2006) et ce couteau dont la lame laisse deviner un profil connu : c’est celui de Staline ! "La guerre ! Elle est là, coulée dans les bronzes de Zaborov… ses sculptures témoignent des terreurs, des fuites, des derniers combats..."*. En quittant la Monnaie de Paris, on se rappelle longtemps les "livres torturés pour qu’à jamais on se souvienne de ceux qui les ont brûlés…". A.S. * Philippe Bidaine "Zaborov : livres éternels", jusqu’au 14 janvier, tous les jours (13h-18h). Monnaie de Paris, 11 quai Conti, 75006 Paris, tél. 01.40.46.55.35/33. FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 33 THEATRE FEST'HIVER Les festivals d’Avignon par Pierre FRANÇOIS Seconde édition d’un festival régional à Avignon, après le succès de la première, du 12 au 20 janvier prochains. Ambiance. out le monde connaît le festival d’Avignon, et beaucoup la distinction à faire entre le in et le off. Mais depuis l’an dernier il y en a un troisième, qui se donne en janvier. Et a pour objet de procurer des scènes aux troupes provençales nomades. Ce sont les cinq théâtres permanents de la ville, les cinq directeurs les plus anciens (1), qui se sont regroupés depuis l’an dernier pour offrir leurs lieux. Il est simplement demandé aux compagnies de préparer une création pour l’occasion (cette condition étant encore assez souple) et d’être choisies par un des responsables. Moyennant quoi il offre une résidence, qui peut aller jusqu’à un mois, pour préparer la mise en scène en fonction de la configuration de sa salle. En plus est prévue la mise à disposition de tous les moyens professionnels dont ces théâtres disposent, des compétences du régisseur aux contacts avec la presse. Il n’y a pas de thème imposé pour ce festival. Comment pourrait-il en être autrement alors que ces cinq complices n’ont pas les mêmes options artistiques et que tous s’interdisent d’interférer dans la mise en scène de la création qu’ils accueillent, ce qui conduit l’un d’eux à définir ce Fest’hiver (2) comme un arc-en-ciel. Arc électrique aussi car ce festival privilégie les moments de rencontre entre professionnels de la scène. Et la réflexion sur le monde culturel. Ainsi sera organisé un débat entre un homme désormais libre - Robert Abirached - et un autre encore en fonction au ministère de la Culture Jean-Luc Bredel – qui devront échanger autour des enjeux de la décentralisation culturelle. Des coups de cœur ont lieu, avec la confiance qui les accompagne. Certes l’Uppercu Théâtre joue du Camus chez Serge Barbuscia qui aime cet auteur. Certes Quai Vide, dont la responsable connaissait Gérard Gelas depuis des années, 34 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 D.R. T Des moments de rencontre entre professionnels de la scène aborde un thème local qui n’est pas indifférent à ce dernier (la réouverture d’une ligne ferroviaire). Mais il y a aussi Thierry Alcaraz, qui a voulu venir au Chien qui fume à cause de la réputation familiale et sereine de son équipe. Ou Frédéric Poty qui est heureux d’avoir été choisi par le théâtre des Halles. Et même Tandaim, qui a déjà de beaux succès à son actif, est là, chez André Benedetto. Car toutes ces compagnies, quelle que soit leur notoriété, estiment avoir à gagner en jouant dans de tels lieux. Les unes espèrent simplement une meilleure visibilité, les autres y voient une reconnaissance de leur travail, et pour toutes s’y ajoute ce qui fait l’âme même de leur métier : le plaisir de jouer. ■ (1) Alain Timar du théâtre des Halles, Gérard Vantaggioli du théâtre du Chien qui fume, Gerard Gelas du théâtre du Chêne noir, André Benedetto du théâtre des Carmes et Serge Barbuscia du théâtre du Balcon. (2) Fest’hiver, Scènes d’Avignon & Compagnies. Du 12 au 20 janvier, 5 spectacles, 10 représentations, un forum. "Caligula", au théâtre du Balcon, les 14 et 18 janvier ; "Les Valeureux", au théâtre des Carmes, les 16 et 19 janvier ; "Quai vide", au théâtre du Chêne noir, les 13 et 18 janvier ; "Pièce dure", au théâtre du Chien qui fume, les 13 et 16 janvier ; "Ca me laisse sans voix", au théâtre des Halles, les 14 et 19 janvier. Forum sur les enjeux de la décentralisation culturelle le 17 janvier. www.scenesdavignon.com TÉLÉVISION La traque des nazis Le maître du jeu par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ maîtres dans l’art de mettre en scène leur procédure judiciaire, qui est spectaculaire. L’intérêt de cette histoire passionnante, c’est qu’elle met en relief un dysfonctionnement du système : la manipulation des membres d’un jury. Gary Fleder («Le collectionneur», «Pas un mot») sait conduire un thriller, et c’est le mode qu’il a adopté pour cet extraordinaire suspense. John Cusack est ambigu à souhait, tandis que Gene Hackman et Dustin Hoffman (c’est leur premier film ensemble, bien qu’ils soient très amis depuis longtemps) s’affrontent dans un brillant combat d’avocats. De La guerre est terminée et tout le monde songe à la reconstruction. Pourtant, le président des États-Unis, Harry Truman, veut traduire en justice les principaux responsables nazis survivants. Il parvient à convaincre ses alliés, au départ réticents, et c’est le procès de Nuremberg qui verra la condamnation à mort et l’exécution de la plupart d’entre eux. Pourtant, de nombreux criminels nazis ont échappé à l’arrestation, et, après quelques années de clandestinité, ont repris tranquillement leurs activités, que ce soit en Amérique du Sud ou tout simplement en Allemagne. C’est un rescapé des camps de la mort, Simon Wiesenthal, qui a entrepris la difficile tâche de rechercher ces criminels et de les faire traduire en justice. C’est à lui que l’on doit d’avoir retrouvé la trace d’Adolf Eichmann, qui fut ensuite enlevé par les services secrets israéliens, puis jugé, condamné à mort et exécuté à Jérusalem. Après Simon Wiesenthal, c’est au tour du couple franco-allemand formé de Beate et Serge Klarsfeld de consacrer sa vie à débusquer les anciens nazis. Il faut avoir le cœur bien accroché pour regarder certaines scènes de ce documentaire. Car Daniel Costelle a réussi à trouver des images inédites (et abominables !) pour raconter l’histoire de cette traque des nazis. En mettant en parallèle les documents nazis des années 30 et ceux des années 45, il dénonce la barbarie nazie avec vigueur. Puis il raconte de quelle manière les uns et les autres ont consacré leur vie à obtenir que les coupables soient jugés. Chacun à sa manière (on peut préférer celle, plus digne, de Simon Wiesenthal) se bat pour la justice. Un rappel historique aussi nécessaire qu’intéressant, notamment à l’heure des polémiques sur l’exécution de Saddam Hussein ou le procès des derniers Khmers rouges... En automne 1941, le sud de la France est encore en zone libre. C’est ainsi que de nombreux réfugiés, qui ont réussi à passer la ligne de démarcation, frappent à la porte des habitants d’un village des Cévennes. Très vite, le pasteur Fontaine prend fait et cause pour eux et exhorte ses paroissiens à faire de même. Au départ, il y avait un fait authentique (qui eut lieu au Chambon-sur-Lignon), que les scénaristes ont repris, en l’arrangeant un peu. Avec sobriété et talent, Jean-Louis Lorenzi, le réalisateur, raconte cette belle histoire de résistance devant la barbarie. Chacun à sa place, de la plus modeste à la plus exposée, refusera l’inacceptable et sauvera le maximum d’enfants. Cette bouleversante histoire d’héroïsme au quotidien a été récompensée de nombreux prix dans le monde. Inutile de préciser que l’interprétation est impeccable. C’est le pasteur, le personnage principal de ce beau téléfilm. Avec sa foi vibrante (ses sermons sont magnifiques !), son courage et son sens de la charité, il saura entraîner derrière lui toutes ses ouailles. Docu. français (2006) de Daniel Costelle et Isabelle Clarke. Commentaire dit par Mathieu Kassovitz. Lundi 15 janvier, sur France 2, à 20h50. Téléfilm français (1995) de Jean-Louis Lorenzi, avec Patrick Raynal (le pasteur Fontaine), Ottavia Piccolo (Martha Fontaine), Jip Winjngaarden (Clara), Dora Doll (Émilienne), Jean-François Garreaud (Robert Vitrac), Benoît Magimel (René), Philippe Lefebvre (Marc) (1h58). Diffusion le jeudi 18 janvier, sur France 2, à 20h50 Dans un procès très médiatique, le roi de la manipulation des jurys rencontre un juré particulièrement retors. eux monstres sacrés de l’art dramatique, des dialogues brillants et une mise en scène nerveuse, il n’en faut pas davantage pour réaliser un film palpitant. Lorsque, en prime, le sujet est passionnant, avec une réelle dimension politique, le téléspectateur est à la fête. Rankin Fitch est le spécialiste incontesté de l’art d’analyser le comportement des jurés, afin de les sélectionner ou de les récuser, suivant les besoins de son client. Mais Nick Easter a réussi à tromper toutes les analyses et à être choisi comme juré dans un procès opposant une veuve à un puissant marchand d’armes. Très vite, Nick offre de manipuler le jury dans le sens de la partie qui le paiera le mieux, et il prend contact avec les deux parties. Les Américains sont passés D ( Ce film brillant dénonce les dérives du système judiciaire américain, tout en distrayant coup de théâtre en retournements de situation, cette œuvre maintient l’intérêt jusqu’à la fin. Cette sévère critique du système américain met en scène, fort heureusement, un avocat intègre. C’est aussi une dénonciation des dangers de la vente libre des armes à feu. Quelques violences, notamment une bagarre assez pénible. ■ Le maître du jeu. Comédie dramatique américaine (2003) de Gary Fleder, avec John Cusack (Nick Easter), Gene Hackman (Rankin Fitch), Dustin Hoffman (Wendall Rohr), Rachel Weisz (Marlee), Bruce Davison (Cable), Bruce McGill, Jeremy Piven, Nick Searcy (2h07). Diffusion le lundi 15 janvier, sur Canal +, à 20h50. La colline aux mille enfants FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 35 TELEVISION Dimanche 14 janvier Lundi 15 janvier Mardi 16 janvier TF1 TF1 TF1 TF1 20.50 Le grand concours des 20.50 Opération Espadon GA. 20.50 Les experts, Manhattan : 36 FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 «Hold-up», «Le tunnel de l’enfer», «L’œil du témoin». Série avec Gary Sinise, Melina Kanakaredes 2. 23.15 Le droit de savoir «Radars automatiques, permis à points : Enquête sur la face cachée de la répression». Magazine présenté par Charles Villeneuve. France 2 20.55 Football «Coupe de la Ligue : Reims /Bordeaux». 23.05 Vivre et laisser mourir GA. Policier (1972) de Guy Hamilton, avec Roger Moore, Jane Seymour (1h56). ឭឭ Efficace. France 3 20.55 Boomtown : «Sous pression», «Chimère» GA. Téléfilm de John Avnet, avec Donnie Wahlberg, Neal McDonough 2. ឭ Pas mal, mais sans plus. 22.30 Ce soir ou jamais. Magazine présenté en direct par Frédéric Taddéi. (et à 23h25) 00.40 NYPD blue. Série avec Dennis Franz. Arte L’argent du foot 20.40 Fifa «Du foot au fric» J. ឭ Orienté, mais peu convaincant. 21.30 Le match des marques. Documentaire. 22.00 L’intouchable J. ឭ Peu convaincant. 22.45 Les oreilles sur le dos A. Téléfilm avec Béatrice Dalle, Gérald Laroche (1h29). ឭឭឰ Une bonne atmosphère, mais des longueurs. M6 20.50 Super Nanny. Divertissement. 21.50 C’est du propre. Divertissement. 22.45 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine présenté par Marc-Olivier Fogiel. Canal + DR DR DR animateurs. Divertissement préPolicier (2001) de Dominic Sena, senté par Carole Rousseau, avec avec John Travolta, Hugh Jackman Nikos Aliagas, Denis Brogniart, (1h35) 3. ឭឭឰ Bien ficelé, Benjamin Castaldi, Sophie Costes, mais un peu sensuel. Alexandre Debanne, Sophie Favier, 22.40 New York section crimiLaurent Fontaine, Jean-Pierre nelle. Série avec V. D’Onofrio 2. Foucault, Thierry Gilardi, etc. 20.50 Premier suspect GA. France 2 23.10 New York, unité spéTéléfilm avec Natacha Amal, ciale. Série avec Christopher Bruno Madinier, Alain Doutey. Émissions religieuses : Meloni 3. ឭឭ Un policier original et 08h30 Émissions religieuses : «Voix boudbien mené. France 2 dhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Source 23.10 Incroyable, mais vrai ! 20.50 Le plus grand cabaret de vie», «Présence protestante» - 10h30 Le Magazine présenté par Bruno du monde. Divertissement jour du Seigneur «Tout à la foi : La grâce» - Roblès et Nathalie Vincent. présenté par Patrick Sébastien, 11h00 Messe, en direct de l’église Saint00.45 Vol de nuit. Magazine avec Gérard Jugnot, Nathalie Boniface, à Ixelles (Belgique). de Patrick Poivre d’Arvor. Delon, Jean- Paul Rouve, TcheFrance 2 ky Karyo, Guy Marchand, Frédé20.50 À couteaux tirés GA. rique Bel, Clovis Cornillac, Agnès Aventures (1997) de L. Tamahori, 20.50 La traque des nazis GA. Soral, etc. avec Anthony Hopkins (1h53) 2. Documentaire de Isabelle Clarke 23.15 On n’est pas couché. ឭឭឰ Superbe, mais sanglant. et Danielle Costelle 3. (Voir notre Magazine présenté par Laurent 22.55 Un jour/une heure : «Deanalyse page 35) Ruquier. waere : Le dernier jour», «Otages : 22.25 Complément d’enquête Jour de liberté», avec Évelyne «Présidentielle : Tous les coups France 3 Bouix, Bertrand Blier, Yves Boisset, sont permis». Magazine. 20.50 Famille d’accueil «À 1 000 Roger Auque, etc. France 3 mètres du bonheur» J. Téléfilm France 3 avec Virginie Lemoine, Christian 20.55 Le temps des yé-yé. Charmetant, Ginette Garcin. 20.55 Le voyageur de la TousDivertissement présenté par ឭឭឰ Plein d’humour, mais saint GA. Téléfilm avec Renaud Frédérique Courtadon, avec outrancier. Cestre, Danièle Lebrun, Michel Johnny Hallyday, Richard Anthony, 22.50 Personnel et confidentiel Duchaussoy. ឭឰ Une adaptation Eddy Mitchell, les Chaussettes «Quai Branly, l’autre musée». très moyenne de Simenon. Noires, Françoise Hardy, Sheila, 23.45 La case de l’oncle Doc 23.20 France Europe Express. France Gall, Sylvie Vartan, Jean«Bêtes de scène». Documentaire. Magazine de Christine Ockrent. Jacques Debout, Michèle Torr, etc. 01.15 Nuits de feu GA. Drame en 22.50 Ce soir ou jamais. Arte NB (1937) de M. L’Herbier, avec Magazine. (et à 23h25) L’aventure humaine Gaby Morlaix, V. Francen (1h36). 00.40 NYPD blue. Série. ឭឭឰ Brillant, mais artificiel. Arte Arte 20.40 ReGenesis (3 et 4/26) : «Le L’habit fait le moine visage de Dieu», «Le fantôme d’Hira» GA. Série avec Peter Outerbridge (1h40). ឭឭឰ De plus 20.45 Pleins feux sur le en plus prenant, mais terrible. Turkmenistan : Karakoum, la 22.20 Des moines en laboratoire civilisation des oasis J. ឭឭឭ GA. ឭឭ Intéressant, mais limité. Superbe. 23.10 Grand format «Les arbres 21.40 Les secrets du Karakoum de Josh» J. ឭ Émouvant. J. ឭឭឭ Fascinant. 20.40 Drôle de frimousse J. CoM6 Musica médie musicale (1957) de Stanley 20.50 Harry, un ami qui vous 22.35 L’homme qui danse. Donen, avec Audrey Hepburn, Fred veut du bien A. Thriller (2000) de 23.35 Dans l’ombre du pouvoir Astaire (1h39). ឭឭ Délicieux. Dominik Moll, avec Laurent Lucas, (2/2) GA. Téléfilm avec Michael 22.25 Des rêves sur mesure J. ឭ Sergi Lopez, Mathilde Seigner Mendl, Jürgen Hentsch (1h30). Très moyen. (1h51) 2. ឭឭឰ Original et bien ឭឭ Très bien fait. 23.50 Les codes vestimentaires fait, mais la fin est décevante. Des «S’habiller comme il faut» J . ឭឭ M6 images suggestives. Intéressant. La trilogie du samedi 23.00 Anatomie A/Ø. Horreur M6 20.50 Les 4400 «La nouvelle ère». (2000) de S. Ruzowitzky (1h35) 3. Série avec Patrick Flueger 2. 20.50 Zone interdite «Profession ឰឰ Affreux. 22.30 Threshold «Premier juge : Enquête sur la justice au Canal + contact». Série avec Robert Patrick quotidien». Magazine présenté par 20.50 Le maître du jeu J. ComéBenedict, Carle Gugino 3. Mélissa Theuriau. die dramatique (2004) de Gary 00.20 Dead zone. Série. 23.00 Enquête exclusive «Police, Fleder, avec John Cusack (2h03) chauffards, SDF : La vie cachée du Canal + 2. (Voir notre analyse page 35) périphérique». Magazine. 20.50 In her shoes A. Comédie KTO Canal + (2005) de Curtis Hanson, avec 20.50 Patrons chrétiens. Cameron Diaz (2h05). ឭឭឰ 21.00 Football «Rennes/Marseille». Comment concilier la direction Amusant, mais assez sensuel. KTO d’une entreprise avec sa foi ? KTO 20.50 La foi prise au mot «Éthique 21.45 Un jour, une foi «Chemins de 20.50 VIP. Magazine. et entreprise», avec Régis Burnet. vie». 21.45 Concert gospels «Les grou21.45 Un jour, une foi «La vie des 22.10 KTO magazine «Le drame des pes Tsefanyah et Soul Spirit». diocèses». enfants morts-nés». TF1 - F Pages Samedi 13 janvier 20.50 Une belle journée J. Comédie dramatique (2005) de Gaby Dellal, avec Peter Mullan, Brenda Blethyn (1h35). ឭឭ Émouvant et bien fait, mais un peu trop sentimental. KTO 20.50 Du bleu sur les hauts-fourneaux. Pour lutter et aider les chômeurs, trois hommes créent une entreprise qui leur vient en aide. 21.45 Un jour, une foi «Que deviennent-ils ?». 22.10 La foi prise au mot «Chemins de vie». TELEVISION Mercredi 17 janvier Jeudi 18 janvier Vendredi 19 janvier TF1 TF1 TF1 DR Alexandra Vandernoot, Jérémie Covillault, Richard Gotainer, Edward Meeks. ឭ Très moyen. 22.35 Preuve à l’appui : «Meurtre à la morgue», «Innocentes victimes». Série avec Jill Hennessy 3. France 2 20.50 Mémoire de glace GA. Téléfilm avec Yannis Baraban, Ludmila Mikaël, Natalia Dontcheva, Patrick Fierry (1h30). ឭឭឰ Les paysages sont splendides, mais c’est un peu confus et dramatisé à l’extrême. 22.30 L’arène de France : «L’humanitaire est-il une arnaque ?», «Peut-on divorcer à l’amiable ?». Magazine présenté par Stéphane Bern. France 3 20.55 Football «Coupe de la Ligue : Lyon/Le Mans». 23.25 Ce soir ou jamais. Magazine présenté en direct par Frédéric Taddéi. 00.40 NYPD blue. Série avec Dennis Franz. Arte DR 20.50 RIS police scientifique «Le cercle des initiés» GA. Téléfilm 20.40 Mercredis de l’histoire «Guerre du Pacifique : Le blues des GI noirs» GA. ឭឭឰ Intéressant, mais un peu simpliste. 21.35 Zoom Europa. Magazine présenté par Bruno Duvic. 22.20 Le dessous des cartes «Mongolie : Au milieu des empires». Magazine. 22.30 Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans oser le demander A/Ø. Comédie (1972) de et avec Woody Allen, et avec John Carradine (1h30). ឭឰឰ Décevant, inégal et très vulgaire. M6 20.50 L’inventeur de l’année. Divertissement. 22.20 The unit. Série avec Dennis Haysbert, Scott Foley, Robert Patrick 2. Canal + 20.50 Terrain d’entente. Comédie (2005) de Bobby et Peter Farrelly, avec Drew Barrymore, Jimmy Fallon (1h40). KTO 20.50 Les oubliés du XXIe siècle ou la fin du travail. Une enquête sur la détérioration du travail au Mexique, en France et au Canada. 21.45 Un jour, une foi «La famille en questions». avec Jean-Pierre Michael, Laurent Olmedo, Coraly Zahonero, PierreLoup Rajot, Aurélie Bargeme, Barbara Cabrita 3. ឭឭឰ L’histoire est complexe et sanglante, mais très prenante. 22.55 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet. France 2 20.50 La colline aux mille enfants J. Téléfilm de Jean-Louis Lorenzi, avec Patrick Raynal, Ottavia Piccolo, Jip Wijngaarden, Dora Doll, Jean-François Garreaud (1h58). (Voir notre analyse page 35) 23.00 Infrarouge «Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures» GA. Documentaire de Claude Lanzmann. ឭឰ Des témoignages bouleversants, mais l’ensemble est assez ennuyeux. France 3 20.55 Les valseuses Ø. Comédie (1974) de Bertrand Blier, avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Jeanne Moreau, Isabelle Huppert (1h57) 3. ឭឭឰឰឰ Brillant et très amusant, mais très corrosif également. 23.25 Ce soir ou jamais. Magazine présenté en direct par Frédéric Taddéi. 00.40 NYPD blue. Série. Arte 20.40 Aimée et Jaguar. Drame (1998) de Max Färberböck, avec Maria Schrader, Juliane Köhler, Johanna Wokalek (1h59). 22.45 La vie en face «Chacun son histoire». Documentaire. M6 20.50 NICS, enquêtes spéciales : «Air Force One», «Le dernier saut», «Réactions en chaîne». Série avec Michael Weatherly. 23.30 Killer instinct. Série avec Johnny Messner 2. Canal + 20.50 24 heures chrono : «19h00 - 20h00», «20h00 21h00». Série avec Kiefer Sutherland 3. KTO 20.50 Fragile main-d’œuvre. Les CAT, qui emploient des personnes handicapés, connaissent des difficultés économiques. 21.45 Un jour, une foi «Art et culture». marqué les Français». Magazine présenté par Carole Rousseau et Jean-Pierre Pernault. France 2 20.50 Boulevard du Palais «Le récidiviste» A. Téléfilm avec Anne Richard, Jean-François Balmer, Philippe Ambrosini, Marion Game (1h31) 2. ឭឭឰ Une histoire prenante, mais sordide et avec des longueurs. 22.30 Central nuit «Accident diplomatique» GA. Téléfilm avec Michel Creton, Clovis Cornillac, Lucie Jeanne (0h53). ឭឰ Un épisode outrancier et assez invraisemblable. 23.30 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand. France 3 20.55 Thalassa «En direct de l’île de Bréhat». Magazine présenté par Georges Pernoud. 23.30 C’est ça, la France «L’épicier du coin». Documentaire. Arte 20.40 Poison d’avril GA. Téléfilm de William Karle, avec Olivier Gourmet, Bruno Todeschini, Anne Brochet, Patrick Descamps, Valérie Leboutte (1h33). (Voir notre analyse ci-contre) Voyages en enfer 22.20 Dante, de l’enfer au paradis J. ឭឭ Une belle analyse de l’œuvre du poète, illustrée d’une riche iconographie. 23.35 Vade retro, Satanas GA. ឭឭឰ Une étude intéressante, mais pénible. 00.30 Le peintre, le poète et l’historien J. ឭឭ C’est passionnant, mais un peu ardu et très didactique. M6 20.50 Bones : «Le prix de la vérité», «Faux frères», «Une homme bien». Série avec Emily Deschanel, David Boréanaz 2. 23.35 Sex & the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2. Canal + 20.50 La musicale. Magazine musical présenté par Emma de Caunes, avec Gnarls Barkley, Ayo, Kasabian, Fishbone, Jamelia, etc. KTO 20.50 KTO magazine «L’entreprise à visage humain». 21.45 Un jour, une foi «Églises du monde». 22.10 À la découverte de la Bible (3/4) «La méditation». RADIOS Samedi 13 janvier 12h Face aux chrétiens, forum avec Xavier Bertrand (Ministre de la Santé et des Solidarités). 16h30 Chrétiens dans le monde 20.50 2006 «Les images qui ont "Jean-Pierre Delpech, Père blanc, missionnaire au Mali depuis 38 ans" 19h30 Il était une foi "Les grands moments de la vie du Christ", avec Sr Hugonnard (théologienne) Dimanche 14 janvier 17h Dialogue "Emmanuel Mounier : un chrétien au cœur du monde", avec Bernard Comte (historien) Lundi 15 janvier 14h30 Halte spirituelle "Spécial Semaine de l'Unité : 'Le Christ fait entendre les sourds et parler les muets'" (1/5) [Tous les jours de la semaine, à 14h30, 20h45 ou 23h] Jeudi 18 janvier 10h A votre service "Comment re- trouver ses ancêtres avec Internet ?", avec Eric Maubant (Président de la société "aide-ordinateur"). France Culture Dimanche 14 janvier 10h Messe, en direct de l'Eglise St- DR 20.50 Carla Rubens «Un enfant en otage» GA. Téléfilm avec RCF Nicolas Saint-Marc, à Ville d'Avray, commentée par le Père Carron de la Carriere. Prédicateur : Père Francis Cagnac. 18h10 Cultures d'Islam, "Entre Venise et l'Orient", par Abdelwahab Meddeb, à l'occasion de l'exposition "Venise et l'Orient" à l'Institut du Monde Arabe, à Paris. 20h30 Atelier de création radiophonique "Des Indes à la Planète Mars" Lundi 15 janvier 10h Les Humanités "La religion de l'Etat", par Jacques Le Goff 14h Les sciences "Dieu, l'univers et la sphère infinie", avec J. Seidengart (Professeur des universités au département de philosophie). Jeudi 18 janvier 14h Les sciences "Les scientifiques", avec J.-J. Salomon (philosophe et historien des sciences, auteur de "Les scientifiques, entre savoir et pouvoir" Ed. A. Michel) M.B. sur Arte Vendredi 19 janvier, à 20h40 Poison d’avril GA Peu avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2002. ឭឭឰ Brillant documentariste, William Karel s’attaque à la fiction avec beaucoup de rigueur. Ses personnages sont bien dessinés et l’ensemble est souvent drôle et pertinant. Mais la thèse du réalisateur est très simpliste et manichéenne. ឭឰ Il y a un beau personnage de journaliste lucide et intègre, mais l’ensemble n’est pas objectif, car le réalisateur veut nous faire croire que ce sont les journalistes qui ont fait perdre Jospin. T : J : GA: A : Ø : ឭ: ឰ: Tout public Repères Adolescents Grands adolescents Adultes Œuvre (ou scène) nocive Elément positif Elément négatif FRANCECatholique N°3054 12 JANVIER 2007 37 BLOC-NOTES ✂ Paris ✔ Le père Michel Gitton propose, le 20 janvier, un pèlerinage à pied de Paris à Saint-Prix (Val-d'Oise) avec l’Arche de Noé et plusieurs paroisses, occasion de donner vie à une antique route de pèlerinage, messe solennelle et déjeuner à l’arrivée. Rens. ✆ 01.44.92.70.29. ✔ Les Semeurs d'Espérance organisent une Nuit d'Adoration, introduite par le nouveau spectacle de Damien Ricour "Bienvenue au Paradis !". Rendez-vous le 19 janvier (20h) à la paroisse St Séverin, 75005 Paris, avec sac de couchage et tapis de sol. Entrée par le 3 rue des Prêtres. Au programme : enseignement... messe animée... adoration guidée... relais devant Jésus... sacrement de réconciliation... petit déjeuner. Rens. ✆ 06.13.16.29. 08 / www.semeurs.org ✔ L'Association Familiale Catholique de Notre-Dame de Grâce de Passy, propose, dans la salle Rossini, 8 bis rue de l'Annonciation, 75016 Paris, ✆ 06.61.78. 32.71, une conférence par le père Jean-Marie Verlinde, le 24 janvier (20h30) "«Face aux défis de l'Esotérisme», spiritisme, films d'horreur, sorcellerie, hard rock, satanisme, jeux de rôles... «Jeunes : quels dangers, comment s'en sortir ?»", animée par Thomas Wallut (journaliste, France 2, France Culture). Hauts-de-Seine ✔ A l'Eglise Notre-Dame de la Paix, Place de la Paix, 92150 Suresnes, une "Fête des Peuples" est organisée le 14 janvier (11h-17h). La célébration eucharistique (11h15) sera présidée par Mgr Gérard Daucourt (évêque de Nanterre). Un buffet commun sera alimenté par tous les participants. Les boissons et plats seront déposés à l'église à partir de 10h. Indre ✔ Du 20 (10h) au 21 janvier (16h), rencontre animée par le père Yannick Bonnet au santuaire N-D de Miséricorde, 36180 Pellevoisin, ✆ 02.54.39.06.49, sur le thème "L'éducation aujourd'hui : le grand défi à relever", pour les parents et les éducateurs, organisé(e) par le sanctuaire et les frères de Saint Jean. Deux jours pour découvrir ou approfondir les notions fonda- mentales de l'éducation face à un monde en perte de repères. [email protected] Pas-de-Calais ✔ Au Foyer de Charité, 19, rue Sacriquier, BP 105, 62240 Courset, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21. 83.87.13, une récollection est prévue les 27 et 28 janvier, sur le thème, "L'Eglise, la famille de Dieu sur la terre", par le père Nicolas Van Lathem. (Accueil des enfants à partir de 4 ans). Egalement le témoignage de Tim Guénard le 30 janvier (19h) à l'Espace Louis Blanc, Allée Louis David, rue du Chemin vert, et au Foyer de Charité le 31 janvier (14h). Rhône ✔ L'association des amis de L'abbaye d'Ainay (11 rue Bourgelat, 69002 Lyon, ✆ 04.78.42.43.61), des origines à la dédicace de l'église Saint-Martin par le pape Pascal II en janvier 1107, prévoit un colloque les 26 et 27 janvier, à l'Université Catholique de Lyon, salle Jean-Paul II, 25 rue du Plat, 69002 Lyon. Des spécialistes en histoire, archéologie, architecture... traiteront des thèmes : "Antiquité tardive et culte des Martyrs", "Histoire et architecture de l'Abbatiale au XII ème siècle", "Réforme grégorienne, la dédicace et le décor". Une conférence "grand public" sera donnée sur la fête des Merveilles à Lyon. Entrée libre. Inscription recommandée. Sarthe ✔ Le centre spirituel Notre-Dame du Chêne, 2 rue des Bleuets, 72300 Vion, ✆ 02.43. 95.48.01, fax 02.43.92.31.72, propose une "Prière pour les malades" à la basilique Notre-Dame du Chêne, le 10 février (14h30), animée par le Renouveau Charismatique, à l'occasion de la Journée Mondiale de prière pour les malades. Seine-et-Marne ✔ Le foyer de Combs-la-Ville, 10, rue Sommeville, 77380 Combsla-Ville, ✆ 01.60.60.20.62, fax 01.60.34.07.48, organise une retraite en silence, les 27 et 28 janvier, prêchée par le père Michel Gitton, sur le thème "Sacrifice : un mot qui fait peur, un amour qui fait signe". Var ✔ L'Association des Pèlerins de Notre-Dame-de-Grâces, Sanctuaire, 83570 Cotignac, ✆ 04.94. FRANCE Catholique HEBDOMADAIRE s! Abonnez-vou nnement ! Offrez un abo Avec un premier abonnement, en cadeau, DEUX CD "Missa Russica" 1/ Le concert à l'église au XVIIIème siècle 2/ Le concert à l'église au XXème siècle 76 € pour un an (au lieu de 110 €) A retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois en cadeau DEUX CD "Missa Russica" (1) Le concert à l'église au XVIIIème siècle (2) Le concert à l'église au XXème siècle ❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté... 1 an = 76 € et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****) Adresse où France Catholique doit être envoyé : ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur NOM/prénom : ................................................................................................................. Adresse : ........................................................................................................................................... .................................................................................................................................................................... .................................................................................................................................................................... Code postal : ....................................... Ville : ............................................................................................ Je joins mon règlement par : ❒ chèque bancaire à l'ordre de FRANCE CATHOLIQUE NOUVEAU❒ carte bleue : numéro de carte : Date d'expiration : Les 3 derniers chiffres au dos de la carte (à côté de votre signature) : Votre téléphone : ........................................ 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BLOC-NOTES 69.64.90 (Marion) fax 04.94.69. 64.91/sanctuaire@nd-de-graces. com, site : www.nd-de-graces. com propose les 20 et 21 janvier, deux journées d'Initiation à la philosophie, par le Frère Stéphane-Marie, "Comment réussir son BAC et comment réussir sa vie ?". Et aussi, les 20 et 21 janvier, deux journées sur Sainte Hildegarde, "Les maladies cardio-vasculaires et leurs remèdes", avec le Dr Pascal Mensah (phytothérapeute et spécialiste de la micro-nutrition), Elodie et Pedro Telechea (des "Jardins d’Hildegarde") et le Père SamuelBernard, fsj. Yvelines ✔ Au Foyer de Charité "La PartDieu", 78300 Poissy, une retraite sera animée par le Père Jean Meeûs s.j., du lundi 19 (20h) au samedi 24 février (9h). "Reste avec nous..." (Luc 24, 29). Rens. et inscriptions : Mme Huyghues Despointes, 4 place de Barcelone, 75016 Paris. Yvelines ✔ Le Petit Salon des Antiquaires, crèches anciennes et tables en fêtes, jusqu'au 15 janvier. Venez découvrir meubles et tableaux, argenterie et bibelots, broderies et dentelles ainsi que beaucoup d’autres objets de curiosités dans une des plus jolies villes Renaissance de la région parisienne. Les vendredis (14h-19h), samedis et dimanches (11h-19h), dans la galerie du 8, rue de la Moutière, 78490 Montfort-L'Amaury. Alliance pour les Droits de la Vie ✔ Le Docteur Xavier Mirabel (médecin cancérologue et président de l'Alliance pour les Droits de la Vie), donnera deux conférences sur le thème "Comment mettre le respect de toute vie humaine au cœur de nos débats de société ?" à Mulhouse, le mercredi 17 janvier (20h15) au Collège Jean XXIII, 18-24 rue de Thann (A36 sortie Mulhouse Dornach, voie privée au coin du journal l'Alsace), rens. ✆ 03.89.32.82.18 ; à Strasbourg, le jeudi 18 janvier (20h15) au Foyer St Pierre le Jeune, 4 rue Gloxin (près de la place de Haguenau), rens. ✆ 03.88.79.41.20. Libre participation aux frais. Itinéraires artistique et spirituel ✔ Pour les collégiens, lycéens, étudiants et jeunes professionnels, un semaine exceptionnelle en Italie est prévue du 13 au 22 avril, avec le mouvement Résurrection (28 rue de la Convention, 75015 Paris), [Une expérience passionnante à travers les villes de Vérone, Venise, Padoue, Ravenne, Milan, Turin, et de grandes figures de Saints : Saint Jean Bosco, Saint Ambroise de Milan, Saint Antoine de Padoue], avec les pères de Raucourt, Leverrier, Roder et Michel Gitton. Voyage en car, logement auprès des communautés religieuses locales ou en hôtel, repas du soir et petits déjeuner pris au restaurant. Environ 430 €. Rens. ✆ 01. 45.78.33.77. ✔ Du 28 mai au 4 juin, un voyage à Rome est prévu "L'église et les images : «un regard à deux voix sur l'art sacré»" proposé par le p. Alexis Helg (prêtre de la Communauté Saint-Jean et historien d’art), et le pasteur Flemming Fleinert-Jensen (de l’Église Réformée de France et du Groupe des Dombes) . Les œuvres d’art sacré témoignent aussi bien de la foi des artistes que des sensibilités confessionnelles à une époque donnée. Ce parcours de l’art sacré au fil des siècles depuis l’antiquité, la période romane, la renaissance, le baroque à nos jours a pour but d'essayer de comprendre ces sensibilités y compris durant la réforme et la contre-réforme pour mieux connaître et aimer notre Eglise sans masquer les différences. Ce voyage propose une vraie démarche spirituelle et une découverte unique de Rome. Rens./insc. ✆ 06.11.45.27.48 ou [email protected] ✔ La paroisse de Notre-Dame de l’Assomption, 90 rue de l'Assomption, 75016 Paris, propose aux enfants de CM2 et 6ème, des vacances spirituelles et de découverte à Lourdes, du 24 février au 3 mars prochain. Voyage en train. Prix du séjour 260 €. Hébergement au centre spirituel des sœurs de l’Assomption. Inscriptions, ✆ 06.60.55.63.27. Circuits touristiques en Terre Terre Sainte ✔ Des séjours, d'une semaine, en Terre Sainte, sont proposés avec MS Conseil Voyage, 15 place d'Aligre, 75012 Paris, ✆ 01.55. 78.23.01, fax 01.55.78.23.02, (licence n° LI07595088) [email protected] Le 1er départ est prévu le 21 janvier. TelAviv, Jaffa, Césarée, Haïfa, SaintJean d'Acre, Tibériade, Nazareth, Jérusalem, Yardenit, Vallée du Jourdain, Massada... Tarif : environ 1000 € (règlement en 4 mensualités possible), qui comprend les vols Paris-Tel-Aviv-Paris, transferts, circuit en car climatisé, avec guide, entrées des sites. Ne sont pas compris : les taxes d'aéroport (85 €), frais de visa (si nécessaire), pourboires, et quelques options... Pour passer un communiqué, contactez [email protected] fax : 01.46.30.04.64 ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an : 122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056.330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèque postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août. PETITES ANNONCES Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans le bloc-notes, forfait : 20 € ➥ Paroisse parisiennne recherche secrétairecomptable, tél. 01.49.96.49.10. ➥ A vendre, à 100 km de Paris, proche de ChâteauLandon, maison, pierres et petites tuiles, 6 pièces, chauffage central, terrain 2300 m2, prix 340.000 €. Tél. 06.74.77.81.49. ➥ Chambres d'Hôtes de Charme, B & B, Jacuzzi, boxes et prairies pour chevaux, au Manoir de Magneville, chez Murielle et Philippe Bazillou, 50310 Fresville, tél/fax 02.33. 01.02.24, port. 06.83.82.10.10, [email protected] (italien parlé). ➥ Compositions florales pour fêtes et cérémonies "Le Pois de Senteur", fleuriste, 67, rue Jean-Longuet, 92290 Chatenay-Malabry, tél. 01.43.50.53.96, commande par téléphone, paiement par carte bleue. ➥ Petite fraternité de consacrés fondée il y a 65 ans, vieillissante, espère relève, milieu rural, un certain patrimoine. Tél. 06.88.26.87.96. ➥ Sud Bourgogne, Nord Lyon, réalisation de vos maquettes pour des bulletins, site web pour associations. Tél. 03.85.37.71.32. FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1006 I 85771 en cours de révision CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 08.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 327.136 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Grégoire Coustenoble - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven - Abonnements/Comptabilité : Marie-José Carreira. Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. France Catholique est une marque déposée à l'Inpi. 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