Orientations en pastorale du baptême des petits enfants

Orientations en pastorale du baptême des petits enfants
dans le diocèse de Gaspé
Aux prêtres, aux diacres, aux agentes et agents de pastorale,
aux membres des équipes de pastorale paroissiale,
aux membres des équipes de préparation au baptême
et à tous les baptisés de l’Église présente
en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine
Introduction
1. Conscients de la mission que le Seigneur ressuscité confie à son Église et de notre
désir de porter cette mission en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine comme des
disciples de Jésus, nous reconnaissons la place première que revêt le baptême dans notre
vie pastorale.
2. La valeur inestimable de la célébration baptismale a toujours été reconnue dans notre
Église diocésaine. Cet intérêt s’est manifesté, entre autres, par la publication en 1990 du
document Orientations pastorales pour la préparation et la célébration du baptême des
enfants 1 . Ces orientations ont animé notre engagement pastoral au cours des deux
dernières décennies. Elles ont permis des démarches riches et fructueuses. Plusieurs des
éléments qui les composent gardent encore aujourd’hui leur actualité et méritent toujours
notre intérêt.
3. Cependant, comme notre société évolue rapidement, les demandes de célébration du
sacrement du baptême connaissent elles aussi des changements. Nous devons en tenir
compte pour que notre action pastorale continue d’atteindre ses objectifs et que la mission
que le Seigneur confie à son Église soit toujours porteuse de sens pour notre monde.
C’est ce que rappellent les évêques du Québec en affirmant que : « si nos pratiques
ecclésiales se figeaient et cessaient de se renouveler, dans un monde aux évolutions
toujours plus rapides, elles finiraient vite par correspondre à un état antérieur de la
1
Blanchet, Mgr Bertrand, Orientations pastorales pour la préparation et la célébration du baptême des enfants, Gaspé,
Diocèse de Gaspé, 1990, 12 p.
1
culture » 2 . Cet écart culturel aurait pour conséquence la perte de la pertinence de la
Bonne Nouvelle dont nous sommes les porteurs.
4. Le présent document se veut donc une proposition pour permettre une mise à jour de
notre réflexion et de notre action pastorale à l’occasion du baptême des petits enfants. Il
est le fruit du travail des membres du Conseil pastoral du diocèse de Gaspé. Il prend la
forme d'orientations, ce qui implique qu'il indique une direction et des objectifs à
atteindre et non une manière de faire qui doit s'imposer partout de la même façon.
5. Je souhaite que ces orientations servent à alimenter l'espérance des personnes engagées
dans la pastorale du baptême des petits enfants et que la Bonne Nouvelle de Jésus
rejoigne aussi la joie des parents qui demandent le baptême pour leur dernier-né.
I. Quelques principes de base
A. Bref regard sur ce que nous vivons
6. Dans la majorité de nos communautés paroissiales, il existe un service de préparation
au baptême des petits enfants. La démarche proposée consiste en une rencontre qui
poursuit deux objectifs. Le premier veut opérer un ressourcement au niveau de la foi. Le
second présente le déroulement de la célébration et répond aux questions techniques que
peuvent porter les parents.
7. Participent à cette rencontre les parents et, dans plusieurs paroisses, les parrains et
marraines. L'animation est assurée, dans la grande majorité des cas, par une équipe
(laïques, religieux et religieuses, agents et agentes de pastorale, ministres ordonnés). Elle
se tient à un rythme régulier ou bien selon les besoins. Ce moment de préparation connaît
de moins en moins de réticence de la part des parents, sauf dans les cas où il s'agit d'un
deuxième ou troisième enfant. Dans certaines paroisses, la rencontre de préparation est
précédée d’une visite à domicile.
8. La célébration du baptême se vit habituellement le dimanche. Dans certaines paroisses,
elle a lieu au cours de la célébration dominicale, de façon régulière ou particulièrement à
certaines fêtes, comme Pâques, la Sainte Famille, etc.
9. Peu de communautés assurent un suivi à la célébration du baptême même si le désir de
ce suivi est assez souvent présent. Certaines paroisses organisent une célébration annuelle
des nouveaux baptisés. D'autres offrent le parcours Grandir avec son enfant ou une
activité de formation du même genre.
2
Assemblée des évêques du Québec, Annoncer l’Évangile dans la culture actuelle au Québec, Coll. L’Église au quatre
vents, Montréal, Fides, 1999, p. 13.
2
10. Il ne fait pas de doute que, le souffle de l’Esprit aidant, les efforts et les énergies
investis dans les démarches préparatoires au baptême portent du fruit. Cependant, tant du
côté des parents demandeurs que des équipes d'animation, une certaine insatisfaction
s'installe. On constate de plus en plus que la démarche proposée répond de moins en
moins aux demandes de parents qui sont issus de milieux religieux fort différents.
B. Les demandes que nous recevons
11. Les personnes qui s'adressent à notre Église pour demander le baptême de leur enfant
vivent des expériences religieuses très diversifiées. Certaines connaissent une vie de foi
profonde et dynamisante. D'autres accordent une grande importance aux valeurs de la foi
chrétienne sans pour autant se sentir engagées au sein d'une communauté de foi. D'autres
encore vivent une certaine recherche spirituelle. Enfin, d’autres personnes, dans des cas
de moins en moins nombreux, demandent le baptême pour répondre aux pressions
familiales venant le plus souvent des grands-parents. De par notre situation de région
éloignée, nous recevons aussi un bon nombre de demandes de parents qui résident à
l'extérieur de notre Église diocésaine, mais qui désirent que leur enfant soit baptisé dans
la paroisse d'origine de la famille et où résident encore une bonne partie des leurs. Enfin,
nous voyons apparaître maintenant des demandes de baptême pour des jeunes de 1 à 5
ans ou en âge de scolarité. La demande peut varier aussi en fonction d’un deuxième ou
d’un troisième enfant qu’on présente au baptême.
12. La diversité de ces demandes vient déranger notre pratique. Elle nous incite à porter
une attention particulière aux personnes qui se présentent pour demander le baptême de
leur enfant. Les présentes orientations veulent guider notre action pastorale dans les cas
de demandes de baptême de petits enfants. Mais cette précision n'exclut en rien l'attention
que nous devons accorder aux demandes de baptême à d’autres âges de la vie. Au
contraire, elle nous fait prendre conscience que demander à devenir chrétien peut surgir à
toutes les étapes de la vie, comme nous le rappellent les différents rituels du baptême 3 .
C. Portrait des parents demandeurs
13. La première caractéristique des parents qui se présentent pour demander le baptême
de leur enfant, c’est que ce sont des personnes adultes. En reconnaissant ce fait, nous
sommes conduits à admettre qu'elles possèdent une expérience de vie et donc une
expérience du religieux. Mais cette dernière connaît une très grande diversité. Elle peut
aller d'une foi sincèrement vécue, jusqu’à l’indifférence ou même le rejet. Nous avons à
tenir compte de cette expérience, qu'elle soit positive ou non, puisqu’elle conditionne le
message que nous aurons à livrer et aussi la manière dont nous le communiquerons.
14. Nous pouvons aussi ajouter que, dans le contexte présent, pour bien des parents,
l'expérience de foi relève de la vie privée. Ce qui a pour conséquence, dans bien des cas,
3
Rituel du baptême des petits enfants (1969), Rituel de l'initiation chrétienne des adultes (1972), Rituel du baptême des
adultes (1974), Rituel du baptême des enfants en âge de scolarité (1977).
3
un certain rejet de l'Église qu’ils perçoivent comme une institution qui peut brimer
l'expression personnelle de la foi. Pour d'autres aussi, le religieux est vu comme un menu
où chacun choisit librement ce qui constitue le contenu de ses propres croyances.
15. Pour plusieurs parents demandeurs, il y a aussi la difficulté à exprimer leur
expérience spirituelle. Le vocabulaire manque. Et parfois même, il est possible qu'ils
emploient des mots avec un sens différent de celui que nous leur reconnaissons en Église.
Le mot « Dieu » utilisé par plusieurs n'a pas toujours le sens que la Révélation chrétienne
nous en a donné.
16. Ces parents sont aussi des personnes qui vivent dans un monde que les valeurs
chrétiennes interrogent. Nous connaissons l'influence actuelle de l'individualisme, de
l'instant présent, de la réussite matérielle, de la loi du plus fort, de l’attirance des sciences
et techniques. Ce monde est aussi celui de la raison. Pour plusieurs, il n’y a de vérité que
là où l’intelligence peut constater, comprendre, analyser, prouver.
17. Ces quelques traits confirment la nécessité de nous arrêter pour saisir le mieux
possible ce que vivent les personnes qui s'adressent à nous pour demander le baptême de
leur enfant. Et plus nous prendrons conscience de la réalité concrète de leur vécu, plus
nous sentirons le besoin de nous donner des idées claires sur le contenu de la foi
concernant le sacrement de baptême.
D. Le baptême pour la communauté d'Église
18. L’enseignement de foi qui fonde le baptême et donne son sens à la célébration de ce
sacrement s'enracine dans la Parole de Dieu elle-même. Il constitue aussi une donnée
constante de la Tradition ecclésiale que nous trouvons résumée dans les documents
officiels de l'Église.
19. Le baptême est le sacrement de la foi. Et cette foi est la réponse libre, éclairée et
responsable qu’une personne donne à l'Évangile du Christ proclamé par l'Église4 . Le
baptême est aussi le sacrement de l'incorporation à l'Église, c’est-à-dire le signe sensible
par lequel une personne devient membre de l’Église, participante à sa mission, par la
puissance de l'Esprit 5 .
20. Par le baptême, la personne accède aussi à la vie même de Dieu par sa plongée dans
la mort-résurrection de Jésus Christ (Rm 6, 3-4). Elle participe à la vie nouvelle par son
adoption en Jésus le Fils unique de Dieu. Cette assimilation au Christ fait de la personne
baptisée quelqu'un qui s'engage à sa suite pour vivre par Lui, pour et comme Lui 6 . Enfin,
4
Rituel de l'initiation chrétienne des adultes, 3, 207; Catéchisme de l'Église catholique, 1226.
5
Rituel de l'initiation chrétienne des adultes, 4; Catéchisme de l'Église catholique, 1213; Lumen gentium, 11
(Constitution dogmatique sur l’Église du concile Vatican II promulguée le 21 novembre 1964).
6
Rituel de l'initiation chrétienne des adultes, 6; Catéchisme de l'Église catholique, 1227; Lumen gentium, 7.
4
par le baptême des petits enfants, nous est manifestée la pure gratuité de l'amour de Dieu
qui nous sauve 7 .
E. Contenu du parcours préparatoire à la célébration du baptême
21. Tenant compte des types de demandes qui lui sont adressées aussi bien que de la
situation concrète des parents, l'Église, quand elle célèbre le baptême d'un petit enfant,
doit proposer ce qu'elle croit, la Bonne Nouvelle du Christ.
22. Devant la richesse de ce contenu, il faut aussi nous rappeler une vérité fondamentale :
le baptême appartient à la démarche de l'initiation chrétienne. Il est donc en lien direct
avec l'ensemble du parcours qui inclut d'autres étapes de croissance dans la foi comme
celles préparant à la célébration des sacrements du premier pardon, de la première des
communions et de la confirmation. Cette entrée dans une démarche plus large qui peut
durer toute une vie nous rappelle que nous n'avons pas à tout donner d’un seul coup aux
parents qui se présentent pour le baptême de leur enfant.
23. Ceci dit, il est tout aussi nécessaire de rappeler aux parents que demander le baptême
pour leur enfant les conduit à vivre un temps de préparation aux gestes qui seront posés et
les engage à assurer l'éducation chrétienne de leur enfant. Cet engagement se traduira par
l'éveil de la foi, la catéchisation et la célébration des autres sacrements de l'initiation
chrétienne. Les parents doivent comprendre qu’ils sont responsables de l'éducation
chrétienne de leur enfant comme ils le sont de l'ensemble de son éducation. Cependant, il
n'en demeure pas moins indispensable de présenter les notions essentielles qui donnent
sens au baptême et qui font partie de l’enseignement et des gestes qui se font depuis
toujours lorsque l’Église accueille une personne au baptême.
24. Des parents se reconnaîtront dans ces éléments essentiels et pourront poursuivre un
approfondissement de leur vie de foi. Par ce même enseignement de base, d’autres
personnes pourront acquérir certaines données qui leur permettront de se retrouver dans
des gestes ecclésiaux plus occasionnels qui parsèmeront leur vie : sacrements de
l'initiation chrétienne, mariages, funérailles, grandes fêtes liturgiques.
F. Des moyens possibles
25. Pour en arriver à une proposition sur le contenu de l'essentiel de la foi qui s'exprimera
dans la célébration du baptême, tout en tenant compte des personnes et de leur situation
d'origine, l'Église invite à nous laisser guider par le catéchuménat qui constitue pour elle
la démarche par excellence de l'initiation chrétienne. Et l’élément caractéristique de cette
démarche, c’est la mise en relation de la vie d’une personne et de la Bonne Nouvelle de
l'Évangile en vue d’une réponse de foi.
26. Dans cette perspective, «le récit de vie» se révèle un moyen privilégié. En partageant
l'expérience qu’ils ont vécue à l'occasion de la naissance de leur enfant, les parents nous
7
Catéchisme de l'Église catholique, 1227; Pastoralis actio, 26 (Instruction sur le baptême des petits enfants publiée par
la Congrégation pour la Doctrine de la foi le 20 octobre 1980).
5
fournissent des pistes où nous pouvons présenter le contenu de la foi. L'arrivée d'une
nouvelle vie et l'émerveillement qu'elle provoque ouvre naturellement à cette vie nouvelle
en Jésus inaugurée par le baptême. La présence de ce nouvel être dans une famille et les
conséquences qu'elle entraîne offrent l'occasion de parler de l'appartenance à la famille
des enfants de Dieu qu'est la communauté ecclésiale qui va bientôt l’accueillir. Et nous
pourrions poursuivre ainsi pour chaque élément du contenu essentiel de la foi que nous
avons identifié et qui est révélé par la célébration du baptême.
27. Un autre moyen présent dans la démarche catéchuménale et qui est fort inspirant,
c’est la présentation des différents symboles qui parsèment la célébration du baptême. On
peut demander aux parents ce qu'ils comprennent par l'eau, le feu, la lumière, l'huile, le
vêtement blanc, le signe de la croix, la Parole de Dieu. Le partage sur la signification de
ces différentes réalités nous donne l’occasion de présenter le message de la foi. Par
exemple, le feu qui éclaire et réchauffe permet de parler de l'appel qui est adressé au
baptisé de vivre à la suite de Jésus et de faire comprendre comment sa lumière l’éclairera
pour répondre à l'amour gratuit de Dieu. L'eau, élément essentiel à la vie, devient un
moyen pour partager autour de la vie du baptisé qui devient vie féconde en Jésus Christ.
G. Le rôle de la communauté
28. Un des points constitutifs du noyau essentiel de la foi que nous avons identifié
affirme que le baptême représente l'entrée dans la communauté qu’est l'Église. D’où
l’importance qui doit être reconnue à la communauté. Plus fondamentalement, c'est
l'Église dans son ensemble, qui a reçu la mission de proclamer la Bonne Nouvelle et de
conférer le baptême à ceux et celles qui adhèrent à cette Bonne Nouvelle.
29. Cette responsabilité première de l’Église, la communauté l'exerce donc en créant les
temps, les lieux et les espaces requis pour que la foi soit célébrée, vécue, annoncée et
approfondie. Pour conférer le baptême en tel lieu bien précis, il appartient à chaque
communauté chrétienne de mettre sur pied un service de préparation au baptême et de
prévoir des célébrations de qualité dans des lieux bien aménagés. Et pour que toute
communauté assure bien cette responsabilité, il est nécessaire qu'elle soit informée de ce
qui se vit en pastorale du baptême, des personnes qui agissent en son nom, des moments
où se tiennent les célébrations. Car il ne faut jamais perdre de vue que la pastorale du
baptême n'est pas un élément isolé de la vie pastorale d’une paroisse : elle fait partie de la
vie même de la communauté et constitue un élément essentiel de la réalisation de sa
mission.
H. Parrain et marraine
30. Dans notre description de la situation présente de la pastorale du baptême des petits
enfants dans nos communautés, nous avons mentionné qu'en plusieurs lieux les parrains
et marraines sont invités à la rencontre de préparation. Il s'agit là d'une pratique à
maintenir et à encourager.
6
31. Pour le choix du parrain et de la marraine, nous avons une tradition qui veut que,
souvent, ce choix se fasse au sein des familles des parents. Cette pratique n'est pas à
rejeter mais à compléter en rappelant la mission spécifique du parrainage pour que les
parents puissent faire un choix mieux éclairé.
32. Déjà, en établissant certaines exigences 8 pour devenir parrain ou marraine, l'Église
manifeste l'importance qu'elle accorde à cet engagement. Dans les premiers siècles de
l’Église, le parrain ou la marraine était la personne qui présentait personnellement le
candidat ou la candidate au baptême. Tout au long de sa démarche, elle avait à
l’accompagner et à être pour cette personne témoin de la foi de la communauté. De plus,
le parrain ou la marraine avait à rendre compte auprès de cette communauté des progrès
accomplis par le candidat dans son cheminement de foi. Cette situation convenait pour la
grande majorité des baptêmes de l'époque puisqu'il s'agissait de candidats adultes.
33. Pour ce qui est du parrainage de petits enfants, les rôles dévolus au parrain et à la
marraine d’être témoins de la foi, représentants de la communauté, soutiens aux parents
dans l'éducation de la foi de l'enfant, montrent encore l'importance de cette mission. Et
c’est d’abord par leur vie personnelle de foi qu’il ou elle joue ce rôle. C’est pourquoi
nous avons à porter une attention spéciale au parrainage dans la démarche de préparation
au baptême.
II. Pour une mise en œuvre
34. Les principes que nous venons d'énoncer demandent maintenant à être traduits en
pistes d'action afin qu'ils puissent servir une action pastorale qui corresponde mieux à la
réalité de notre Église.
A. Équipe de pastorale du baptême
35. Au cours des dernières décennies, les équipes de pastorale du baptême ont démontré
leur efficacité dans la majorité de nos communautés paroissiales. Il faut les maintenir et
les soutenir là où elles existent. Dans les milieux où, pour diverses raisons, on constate
leur absence, il s'avère nécessaire de les mettre sur pied.
36. En tenant compte de notre manière de faire Église en secteur pastoral et dans le but de
nous donner davantage de possibilités pour répondre à la diversité des demandes de
baptême qui nous sont faites, il peut être très utile d’établir cette équipe au niveau d’un
secteur pastoral. En regroupant les énergies provenant de diverses paroisses, on pourra
même envisager des parcours diversifiés qui permettront, par exemple, de tenir compte
8
Être de foi catholique, avoir seize ans et plus, avoir complété son initiation chrétienne (être confirmé), vivre une vie
en conformité avec la foi confessée, accepter cette mission après avoir été choisi par les parents ou les personnes qui en
tiennent lieu (c. 874). Il faut aussi rappeler que la notion de « témoin » ne s'applique qu'à une personne de foi
chrétienne, mais qui n'appartient pas à la Tradition catholique.
7
des différentes demandes pour un premier ou un deuxième enfant; ou encore de prévoir
un parcours plus long pour des parents qui auraient besoin d’un accompagnement
prolongé ou désireraient vivre un tel parcours.
37. Pour soutenir ces équipes dans leur mise en place ou dans leur développement,
l'Église diocésaine par l'entremise des Services diocésains, et plus particulièrement par
celui de la Formation du personnel, offre sa disponibilité afin de répondre aux différents
besoins locaux. Elle peut ainsi offrir des sessions de ressourcement et de formation
portant sur l'établissement d'une démarche, le sens du sacrement de baptême, l'animation
des rencontres, la célébration du sacrement, les différents instruments disponibles,
l'approfondissement des présentes orientations.
B. Les différentes étapes d'une démarche possible
L'accueil de la demande
38. Dans la majorité de nos communautés paroissiales, les demandes sont adressées au
secrétariat de la paroisse. Ce point de référence semble le plus facilement identifiable. Il y
a là une habitude qui n'a pas à être changée. À l'occasion de ce premier contact, il est
nécessaire d'accueillir avec joie et respect la demande des parents. Déjà aussi, la personne
qui reçoit la demande peut transmettre aux parents les félicitations de la communauté
chrétienne pour la naissance de ce nouvel enfant et pour leur décision de demander le
baptême.
39. Cependant, il n'est pas à propos que la personne qui assure le secrétariat soit aussi
celle qui présente aux parents la démarche de préparation au baptême, ou qui réponde à
toutes les questions, ou encore fixe la date du baptême. Par contre, elle peut manifester
l'importance que la communauté accorde à cette demande en mentionnant qu'un membre
de l'équipe de la pastorale du baptême prendra contact très bientôt avec les parents et que
cette personne pourra répondre à leurs questions. Il convient bien, dans ce cadre, que le
secrétariat prenne les coordonnées des parents et transmette cette demande à la personne
responsable de l'équipe de pastorale du baptême.
Une rencontre préliminaire
40. Suite à la demande, un membre de l'équipe prend contact avec les parents. Dans
certains milieux, ce contact peut se faire uniquement par voie téléphonique. Pour d'autres,
après un rendez-vous fixé au téléphone, le membre de l'équipe se rend au domicile des
parents.
41. L'objectif de ce deuxième moment est de renouveler l'accueil joyeux de la demande
des parents, d'accueillir leur questionnement et de présenter aux parents la démarche qui
leur est offerte pour les aider à préparer la célébration du baptême de leur enfant. Et si les
parents acceptent de s'engager dans cette démarche, il est possible d'en informer la
communauté par une publication ou même par une célébration. Mais il n'est pas
souhaitable de fixer la date du baptême à ce moment.
8
Les étapes préparatoires
42. Il semble évident que la démarche préparatoire sort gagnante si on sépare les
enseignements de la foi des informations plus techniques qui concernent la célébration du
baptême. Ceci a pour conséquence de prévoir au moins deux rencontres auxquelles seront
invités les parents, parrains et marraines.
43. La présentation de l'essentiel du contenu de la foi, comme nous l'avons indiqué plus
haut, se fait par une relecture du vécu des parents éclairée par la Bonne Nouvelle dont le
baptême est porteur. Cette démarche permettra de dégager la signification concrète de la
célébration du baptême dans la vie de cet enfant, mais aussi dans celle de ses parents, de
sa famille, des parrains et marraines. Elle conduira aussi à la prise de conscience des
responsabilités qui découlent de la célébration du baptême d'un petit enfant.
44. Cette proposition du noyau de la foi mise en œuvre par le baptême pourra exiger plus
d'une rencontre si on tient compte de la situation concrète des personnes en cause ou des
moyens utilisés pour atteindre cet objectif. Il sera aussi possible de poursuivre
l’explication de cet enseignement de foi lors de rencontres de préparation du baptême
d'un deuxième ou d'un troisième enfant. Par exemple, on pourrait approfondir ce que
signifie la découverte de la vie nouvelle inaugurée par le baptême.
45. Les renseignements techniques concernant la célébration du baptême pourront être
donnés à l'intérieur d'une seule rencontre.
46. Après avoir pris connaissance du sens du baptême et de ses implications, les parents
pourront décider s'ils maintiennent leur volonté de faire baptiser leur enfant parce qu’ils
adhèrent à cette compréhension de la vie à la suite de Jésus et acceptent les
responsabilités qui en découlent. Il s'agit ici de vivre de manière concrète une des
significations du baptême d'être un engagement de foi. Si la réponse des parents est
positive, la date du baptême pourra alors être établie en tenant compte des règles que la
communauté s'est données pour la célébration des baptêmes.
47. Pour la réalisation de ces différentes étapes préparatoires, il apparaît qu'une durée
minimale de trois mois entre la demande du baptême et sa célébration est requise.
La célébration du baptême
48. Il n’est pas nécessaire d'insister sur la qualité que doit revêtir la célébration des
baptêmes dans une communauté chrétienne, comme tout autre acte liturgique d'ailleurs.
Un environnement beau, simple, bien décoré contribuera à l'atteinte de cette qualité. Afin
d'aider la communauté à garder vive sa responsabilité en regard du baptême, il pourrait
être signifiant que les fonts baptismaux soient installés de manière permanente dans un
endroit bien visible de l'église. Cette installation devra tenir compte, bien évidemment, de
l'architecture de l'édifice. La beauté des vêtements liturgiques contribue aussi à donner un
caractère de dignité à la célébration. L'intégration de musique et de chants appropriés fera
9
également de la célébration du baptême un moment qui marquera les mémoires.
L'utilisation d'un bon système de son est essentiel à toute action liturgique.
49. Comme dans toute célébration sacramentelle, la proclamation de la Parole de Dieu
mérite une attention particulière. Elle constitue un élément majeur de l'action baptismale.
Le choix des lectures doit être fait avec sérieux. Pour les membres de l’assemblée
liturgique, leur proclamation soignée ouvre au mystère célébré. Les différents rituels
proposent un choix d'extraits de la Parole qui n’est pas limitatif. Il pourrait même être
signifiant parfois de reprendre un extrait d’une des Paroles proclamées lors de la
célébration du rassemblement dominical de la communauté. On prévoira aussi une
homélie de qualité qui ne sera pas d’abord une catéchèse du baptême, mais l'actualisation
de la Parole qu’on vient d’entendre appliquée à l'événement qui nous rassemble : le
baptême d’un ou plusieurs enfants bien identifiés.
50. Des gestes symboliques faits avec respect, dignité et sans précipitation sont porteurs
en eux-mêmes de sens. À ce sujet, le principe liturgique est le suivant : le symbole doit
déjà parler en lui-même et n'a donc pas besoin d'explication. Ces gestes symboliques
peuvent être mis en évidence par une courte monition. Il est aussi souhaitable que la
portée de ces gestes ne soit pas amoindrie par la multiplication des photographies.
51, Dans une communauté où le nombre des baptêmes n’est pas très grand dans une
année, les baptêmes pourraient être célébrés régulièrement dans le cadre de son
rassemblement dominical. Dans les paroisses qui connaissent un trop grand nombre de
baptêmes pour que cette pratique soit réalisable, on pourrait choisir certains dimanches ou
certaines fêtes de l'année liturgique pour y intégrer une célébration de baptême. Dans tous
les cas, on fera le nécessaire pour bien informer la communauté de la célébration des
baptêmes et pour l'inviter à y participer.
La présidence
52. Un des éléments du noyau de foi développés dans le baptême est d’affirmer que, par
ce sacrement, une personne entre dans l'Église et devient membre à part entière de la
communauté ecclésiale. Cet aspect trouve une expression forte dans le fait que la
présidence de la célébration du baptême est assurée par le président de la communauté, à
savoir le ministre ordonné à qui est confiée la responsabilité pastorale de cette
communauté. C'est ce qu’on affirme lorsque l’on dit que les ministres « ordinaires » du
baptême sont l'évêque, le prêtre ou le diacre.
53. Là où une nécessité pastorale le demande, une personne laïque peut être désignée
comme ministre « extraordinaire ». Dans de telles situations, des personnes seront
suggérées à l'évêque qui pourra leur accorder un mandat à cet effet. Ce mandat sera d'une
durée déterminée et pourra être renouvelé. Les personnes mandatées devront avoir suivi
une formation sur le sens de la charge qui leur est confiée et son fondement, de même que
sur les habilités requises pour exercer ce ministère. De plus, les communautés pour
lesquelles un ministre « extraordinaire » du baptême a été mandaté seront informées de
cette décision et des raisons qui la motivent.
10
C. Les demandes en provenance de parents qui résident à l'extérieur
54. Dans les communautés paroissiales de notre Église diocésaine, de nombreuses
demandes de baptême sont faites par des parents résidant à l'extérieur de la paroisse où ils
veulent célébrer le baptême, ou même à l'extérieur du diocèse. Les raisons qui justifient
plusieurs de ces demandes s’expliquent par le fait que les parents sont originaires du
milieu et qu'une grande partie de leur famille y réside toujours. Pour la démarche
préparatoire au baptême, ces demandes peuvent être à la source de certaines difficultés,
qui ne doivent cependant pas nous empêcher de les accueillir. Pour certains parents, le
lieu d'origine constitue une communauté d'appartenance, peut-être la seule, à laquelle est
rattachée la dimension festive et visible de la foi. Cela mérite notre respect et notre
attention.
55. Dans de telles situations, les indications suivantes pourront être appliquées. Si les
parents ne peuvent pas participer à la démarche préparatoire dans la paroisse où sera
célébré le baptême, on leur demandera de participer à la préparation au baptême dans leur
paroisse de résidence et de fournir une attestation de cette participation. Cette manière de
faire permettra aux parents un contact avec la communauté où grandira le nouveau
baptisé. Après cette préparation et quelques jours avant la célébration, il serait
souhaitable que ces parents soient rencontrés au moins une fois par un membre de
l'équipe locale de pastorale du baptême, de préférence avec le parrain et la marraine.
D. Peut-on refuser le baptême?
56. Il n'est pas facile de répondre à cette délicate question. La position officielle de
l'Église à ce sujet est que s'il n'existe aucun espoir que l'enfant soit éduqué dans la foi
catholique, le baptême est différé 9 . Il n'est donc pas question de refus catégorique, mais
de vérifier s’il y a fermeture totale à une éducation catholique du nouveau baptisé.
57. Pour arriver à cette certitude, certaines réalités peuvent être observées. Par exemple,
le fait que les parents acceptent de participer à la démarche préparatoire est déjà un indice
d'ouverture. On peut saisir cette occasion pour accompagner les parents afin de les aider,
par un cheminement approprié, à solidifier leur foi et leur permettre une rencontre avec le
Dieu vivant.
58. Certains parents qui refusent de participer à la démarche préparatoire peuvent
cependant être d'accord pour que des personnes croyantes et signifiantes pour la famille
et l'enfant prennent la responsabilité de l'éducation catholique de l'enfant. C’est souvent le
cas avec les grands-parents. Le choix de ces personnes devra se faire en accord avec les
parents et les responsables de la communauté. Pour d'autres, la demande du baptême peut
n'être que sociale, sans aucune référence religieuse. À ce moment, il faut entrer en
dialogue avec ces parents afin de les amener à une décision qui corresponde à leur choix
de vie. Et si, malgré ces efforts, ils maintiennent la demande du baptême pour leur enfant,
c'est à l'Église, par l'entremise des personnes responsables de la communauté, de prendre
position et même de différer le baptême en donnant les raisons qui motivent cette
9
Code de droit canonique, canon 868 § 1, 2o.
11
décision et en affirmant qu'elles demeurent disponibles si les parents changent d'avis et
qu'ils acceptent une des solutions envisagées qui permettrait de célébrer le baptême.
Conclusion
59. Comme nous le disions dans l’introduction, ces orientations sur la pastorale du
baptême des petits enfants veulent être une occasion de redécouvrir la richesse et la
grandeur du sacrement de baptême. Elles veulent aussi tenir compte de l'évolution de la
société dans laquelle notre Église est envoyée pour annoncer la Bonne Nouvelle à tous les
humains.
60. Les propositions que nous présentons s'inscrivent dans la volonté constante de
manifester l'importance que notre Église diocésaine a toujours accordée à la pastorale du
baptême. Elles doivent aussi être une occasion de renouveler le dynamisme de notre
engagement dans ce volet de la mission que le Seigneur nous confie à un moment où
notre Église s'engage avec espérance sur la route d’un effort renouvelé d’évangélisation.
61. Je vous demande de recevoir ces orientations dans un esprit pastoral où l'accueil
respectueux des personnes qui s'adressent à nous doit prendre plus d’importance que la
forme que pourra prendre leur accompagnement. Que l'Esprit du Seigneur qui construit
l'Église en lui donnant toujours de nouveaux membres nous guide sur la route qui fait de
nous des collaboratrices et des collaborateurs heureux de faire connaître le Dieu qui
donne la vraie vie.
Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom
du Père, et du Fils, et du Saint Esprit; et apprenez-leur à garder tous les
commandements que je vous ai donnés. (Mt 28, 19-20)
Donné à Gaspé ce vingt-cinquième jour du mois de février deux mille onze (25-02-2011).
† Jean Gagnon
Évêque de Gaspé
Julien Leblanc, diacre
Chancelier
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