fatigue à des gens qu`elle rencontre, ce qui me gêne énormément et
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fatigue à des gens qu`elle rencontre, ce qui me gêne énormément et
Marianne Loranger, traumatisée crânienne Lors de mon accident, je travaillais comme palefrenière chez un éleveur de chevaux de course. Le 29 janvier 2002, lorsque j’ai voulu sortir un cheval pour son entraînement quotidien, ce dernier m’a ruée à la tête. Mes collègues m’ont retrouvée dans la stalle de l’écurie une heure après l’accident, couchée au sol, inconsciente, avec une grave blessure au-dessus de l’œil. Lorsque j’ai repris conscience au centre de traumatologie, j’ai appris que j’avais subi un traumatisme crânien. La ruade m’ayant laissé un trou béant dans la tête, j’ai subi deux opérations visant à installer une plaque de titane afin que rien ne paraisse. Par la suite, j’ai tenté de reprendre le travail. J’espérais pouvoir retourner à l’écurie, car j’étais — et je reste — une passionnée des chevaux. Mais, après quelques essais à l’écurie et dans d’autres types d’emplois, le verdict est tombé : j’ai été déclaré inapte à retourner au travail, car à chaque tentative, je vivais trop de stress, et une fatigue extrême m’empêchait de terminer mes journées. L’acceptation de ma nouvelle situation a pris beaucoup de temps. À cause de mon accident, toute ma vie a changé. Par exemple, après avoir passé la journée chez moi, je peux ressentir une fatigue comme si j’avais travaillé à l’écurie du matin au soir. Cette fatigue entraîne de fortes migraines qui m’obligent alors à me reposer. Souvent, je me sens obligée de justifier pourquoi je fais garder mes enfants l’après-midi, alors que je suis à la maison. Aussi, lorsque je sors avec ma fille de quatre ans, il arrive qu’elle parle de ma fatigue à des gens qu’elle rencontre, ce qui me gêne énormément et me met mal à l'aise en société. J’ai un malaise quand des inconnus apprennent que je suis fatiguée, alors qu’ils ne savent rien de ma condition, d’autant plus que ma blessure n’est pas apparente. Rencontrer Janin, mon conjoint, m’a aidée à accepter ma condition et à « faire le deuil » des chevaux, pour ainsi dire. À présent, j’ai une famille, deux filles de quatre et deux ans. Toutefois, je ne peux pas faire toutes les activités que je voudrais avec mes filles, comme jouer avec elles longtemps ou faire des randonnées à vélo. Pour Janin non plus, ce n’est pas facile. Il a dû apprendre, lui aussi, à vivre avec une personne qui a les symptômes d’un traumatisme crânien et les limitations que cela entraîne. Nous vivons au jour le jour. Nous ne pouvons rien planifier sur une longue période. Lors des vacances, nous ne pouvons pas faire de longs voyages. Nous apprenons quotidiennement à vivre avec les séquelles de mon accident. Je dois accepter ma condition comme elle est. Ainsi, je m’efforce de ne plus avoir honte des séquelles et des limitations, mais plutôt de trouver des façons pour améliorer ma qualité de vie et celle de ma famille.