Estimation du budget annuel consacré à la recherche en alcoologie

Transcription

Estimation du budget annuel consacré à la recherche en alcoologie
Estimation du budget annuel consacré à la
recherche en alcoologie en France
janvier 2016
Méthodologie
Au cours de l’été 2015, la Fondation pour la recherche en alcoologie a interrogé
42 équipes de recherche issues des principaux instituts, universités et laboratoires français
(Inserm, CNRS, Universités…). L’échantillon comprenait 25 équipes en sciences
biomédicales et 17 équipes en sciences humaines et sociales.
On peut estimer, sur la base de l’expérience du comité scientifique de la Fondation, que
ces 42 équipes représentent au moins 70 % des équipes françaises travaillant sur l’alcool,
ne serait-ce que ponctuellement.
La Fondation a demandé à chacune de ces équipes de lui communiquer à titre
confidentiel la part de son budget de recherche consacrée à la thématique alcool. Près de
la moitié des équipes interrogées ont répondu (19).
Résultats
Le budget déclaré par les équipes ayant répondu atteint 1 153 7 00 € en 2014 et
1 363 500 € en 2015, soit une moyenne d’un peu plus de 51 000 € par équipe en 2014 et
d’un peu plus de 56 000 € en 2015.
Cette moyenne reflète mal la réalité des budgets de recherche car six à sept laboratoires
de recherche seulement font état d’un budget « alcool » annuel de 30 000 € ou plus, et ce
uniquement dans le champ des sciences biomédicales. Dans le domaine des sciences
humaines et sociales, les budgets sont le plus souvent de quelques milliers d’euros (et
presque toujours inférieurs à 10 000 €/an).
A noter que l’alcool n’est jamais, sauf exception, la thématique unique de recherche des
équipes interrogées.
Si l’on extrapole ces données à l’ensemble des équipes de recherche en France, en
multipliant le budget annuel moyen par un nombre total d’équipes estimé à 60, on
parvient à un montant total de la recherche alcool de 3.1 M€ en 2014 et de 3.4 M€ en
2015.
A nouveau, ce montant est probablement surestimé car il intègre quelques très gros
laboratoires qui représentent l’essentiel des budgets spécifiques « alcool » et font
augmenter la moyenne servant de base à l’extrapolation.
Limites et apports de cette estimation
Bien entendu, l’estimation conduite par la Fondation pour la recherche en alcoologie
comprend un certain nombre d’incertitudes ou de facteurs d’approximation. N’est pas
prise en compte par exemple la part « alcool » des enquêtes de santé publique conduites
régulièrement par des organismes tels que l’OFDT (étude ESCAPAD par exemple),
l’INPES (Baromètre Santé). De même, dans leurs réponses, les équipes de recherche ont
souvent eu du mal à évaluer la part « alcool » du matériel ou du personnel des
laboratoires. Certaines équipes en ont tenu compte, d’autres pas.
Toutefois, on peut estimer que ces facteurs d’incertitude ou d’approximation ne
remettent pas en cause de façon radicale le budget estimé entre 3.1 et 3.5 M€ / an. Celuici se trouve d’ailleurs confirmé par d’autres études conduites il y a quelques années et
ayant conclu à un budget de recherche alcool d’environ 10 M€ sur cinq ans (soit 2 M€
par an).
Comparaisons internationales
La comparaison des moyens financiers pour la recherche en alcoologie en France et dans
un pays comme les Etats-Unis est cruelle. Le budget du seul NIAAA américain (National
Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism), premier organisme de recherche sur l’alcool
dans le monde, est de 450 millions de dollars 1 (soit près de 430 millions d’Euros).
Rapporté à la population des deux pays2, ce financement équivaut à 1,35 € par Américain
consacré à la recherche alcool contre 5 centimes d’Euro par Français.
Au Royaume-Uni, l’institut privé Alcohol Research UK finance à lui seul près de
16 millions d’Euros de recherche en 2015 (12 M£).
Le retard français en matière de recherche alcoologique a été également souligné dans
une analyse bibliométrique publiée en 2013 par le Centre de Recherche Norvégien sur les
Addictions3. Elle montrait que, rapporté à leur population, le nombre de publications
scientifiques sur l’alcool (et autres substances) de certains « petits » pays européens
rivalisait avec celui des Etats-Unis (Danemark, Finlande, Suède, Pays-Bas, Norvège…).
En revanche, quelques grands pays, notamment la France et l’Italie étaient
particulièrement en retard, tant vis-à-vis des Etats-Unis que des autres pays d’Europe
(voir schéma).
Conclusion
Avec un montant estimé total compris entre 3.1 et 3.5 M€ par an, le financement de la
recherche en alcoologie en France est largement sous-dimensionné par rapport aux
enjeux de santé publique. La comparaison avec l’organisme américain de recherche
(NIAAA) montre un écart de 1 à 27 entre les deux pays pour ce qui concerne les
dépenses de recherche alcool par habitant.
http://www.niaaa.nih.gov/sites/default/files/budgets/FY2016CJNIAAA.pdf
Etats-Unis : 430 M€ / 318 millions d’Américains - France : 3.5 M€ / 66 millions de Français
3 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23921359
1
2
Source : A bibliometric analysis of European versus USA research in the field of addiction.
Research on alcohol, narcotics, prescription drug abuse, tobacco and steroids 2001-2011.
Bramness JG, Henriksen B, Person O, Mann K.

Documents pareils