1 Les États-Unis et le monde (1917
Transcription
1 Les États-Unis et le monde (1917
Chapitre 1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Composition du chapitre Depuis leur entrée en guerre en avril 1917 pour défendre la liberté des mers et le commerce maritime, la démocratie américaine souhaite imposer à l’ensemble de la planète sa conception de l’équilibre mondial, rompant ainsi avec le principe de neutralité et l’isolationnisme préconisés par la doctrine Monroe. Les États-Unis influencent le cours des deux conflits mondiaux et jouent alors un rôle majeur dans les questions internationales notamment dans le règlement de la paix avec les 14 points Wilson en 1919 (Situation 1) et les décisions prises à Yalta en 1944. Mais c’est surtout lors de la Guerre froide que les États-Unis vont accélérer et développer leur participation aux affaires du monde. Leader de l’économie mondiale, ils viennent au secours d’une Europe affaiblie et divisée par le plan Marshall dès 1948 (Situation 2). Ils se présentent alors comme chef de file du bloc Ouest et du monde libre (dossier du sujet d’étude 1). En 1973, leur enlisement au Vietnam puis leur défaite marquent les limites de leur interventionnisme (dossier du sujet d’étude 2). Cependant, à l’issue de la Guerre froide, ils deviennent en 1989 l’unique superpuissance dotée de multiples atouts. De 1917 à 1989, l’histoire des États-Unis est liée par leur politique extérieure à celle du monde, les héros des bandes dessinées ou des films américains apparaissent comme les sauveurs des peuples opprimés (Grand Angle). De 1917 à 1989, la politique extérieure américaine peut se décliner en trois temps : – renforcement de la puissance américaine avec une Europe débitrice et une volonté d’isolationnisme après la Première Guerre mondiale, – multiplication des implications dans les relations internationales pour des États-Unis devenus puissance dominante du monde occidental face à l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, – hégémonie politique, économique, militaire, financière et culturelle (soft power) pour la seule superpuissance de la planète après l’effondrement du communisme en Europe. Ouverture Les trois images permettent de cerner l’implication des États-Unis dans les rapports internationaux et la diffusion de leurs idéaux dans le monde à travers 3 moments-clés de l’histoire américaine. Ainsi, l’affiche (document 3) traduit la volonté américaine de voler au secours de ses alliés européens mais ce d’une manière émotionnelle et lyrique. Telle Marianne, la femme brandit la bannière étoilée comme l’étendard de la liberté et les soldats américains seront accueillis en Europe comme des libérateurs. 50 ans plus tard, c’est une toute autre image des soldats américains qui nous est proposée (document 2), ils semblent moins fringants que leurs aînés. Leur présence au Vietnam est parfois perçue comme une volonté impérialiste. En accord avec leur « théorie des dominos » et leur politique d’endiguement contre l’extension communiste en Europe, les Américains s’engagent économiquement, financièrement, politiquement et 9386_ldp_bacpro_HG.indd 5 militairement en Asie du Sud-Est. En février 1965, les États-Unis décident d’intervenir au Vietnam pour lutter contre les maquisards communistes du Nord-Vietnam soutenus par la Chine et l’URSS. L’envoi de troupes et de matériels militaires pendant les 13 années du conflit (la plus longue guerre qu’aient connue les ÉtatsUnis) révèle l’implication et la volonté américaines de lutter contre l’URSS et la Chine, se présentant ainsi comme les champions du monde libre. Cependant, le nombre de soldats tués, les méthodes employées par l’armée américaine et son enlisement alimentent une contestation grandissante à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis. Le document 1 montre le drapeau américain planté sur la lune, symbole d’une nouvelle étape de la domination des États-Unis dans l’espace avec un empire non borné par des frontières. De puissance mondiale au début du xxe siècle, les États-Unis deviennent une super-puissance à l’occasion de la Guerre froide et une hyper-puissance sans rivale à la fin du siècle. 1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Histoire Copyright Editions Belin, 2015. 1. Réponse à la question pages 10-11 5 22/06/2015 10:41 2. Informations complémentaires Document 1 : le 21 juillet 1969, alors que l’armée américaine combat au Vietnam, à 20h17, Apollo 11 se pose sur la lune et Neil Armstong sera le premier homme à y marcher, rejoint 15 minutes plus tard par Edwin Aldrin. Ces premiers pas marquent la victoire des Américains dans la guerre à l’espace qui les oppose aux Soviétiques. Neil Armstrong avait été choisi pour faire ce premier pas car il était un civil contrairement aux deux autres astronautes militaires. Les deux hommes resteront deux heures et demie sur la lune. Le 12 décembre 1972, Apollo 17 avec 7 astronautes à son bord passent presque 3 jours sur la lune. Ce sera la dernière mission habitée. Document 2 : Après une progression légère durant les 3 premières années, le nombre de soldats envoyés au Vietnam s’envole à partir de 1965 (après la résolution du golfe du Tonkin votée en août 1964) pour culminer en 1969 puis redescendre régulièrement jusqu’en 1973. La moitié des conscrits américains partent pour le Vietnam. Sur place, au départ, sont envoyés essentiellement des conseillers militaires (23 000 à la fin de 1964) et des troupes pour protéger les populations locales. Rapidement la plupart des soldats sont directement engagés dans des combats terrestres appuyés par la marine et les forces aériennes. 57 000 soldats américains sont morts au cours de la plus longue guerre de l’histoire des États-Unis. Le budget de la défense représente durant toutes ces années 45 à 50 % du budget fédéral. De 1965 à 1973, la guerre aurait coûté entre 120 et 150 milliards de dollars. Copyright Editions Belin, 2015. Repères Carte 1 : Les États-Unis dans le monde au lendemain de la Première Guerre mondiale Elle souligne la prépondérance des États-Unis dans l’économie d’après-guerre. Les 130 millions d’Américains constituent un marché important d’où les importations de denrées alimentaires essentiellement en provenance d’Amérique latine et des produits comme la soie ou le caoutchouc d’Asie. L’Europe au sortir d’une guerre dévastatrice bénéficie des exportations américaines aussi bien agricoles qu’industrielles. Elle est débitrice et les ÉtatsUnis sont les grands pourvoyeurs. Ils vont donc ainsi accroître leur puissance économique et leur rôle dans le Document 3 : Cette affiche de propagande est une commande du président Wilson au célèbre affichiste Christy pour obtenir le soutien du peuple américain. Elle montre l’implication en moyens humains et financiers des ÉtatsUnis. À l’instar de Marianne ou de la « Liberté guidant le peuple », la femme brandissant la bannière étoilée (véritable icône de la nation) présente les États-Unis comme les défenseurs de la liberté, et la guerre devient, selon Wilson, « une croisade pour la démocratie ». 3. Démarche proposée pour traiter le sujet d’étude Exemple 1 Séance 1 = La politique extérieure des États-Unis de 1917 à 1989, entre isolationnisme et interventionnisme : dossier d’étude 1 avec focus sur situation 1 Séance 2 = Les gendarmes du monde contestés à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis : dossier d’étude 2 avec focus sur situation 2. Exemple 2 Séance 1 = La politique extérieure des États-Unis de 1917 à 1989, entre isolationnisme et interventionnisme : dossier d’étude 1 + Repères Séance 2 = Les piliers de la puissance américaine : situation 2 + Grand Angle + Repères Séance 3 = Les gendarmes du monde contestés à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis : dossier d’étude 2 PISTES : Y-H Nouailhat, Les États-Unis de 1917 à nos jours, Armand Colin, 2009. J.-C. Victor, B. Allain Chevallier, « Les États-Unis au xxe siècle – Émergence d’une puissance », Le Dessous des Cartes, Livret pédagogique 3e, Arte/Belin, 2007. pages 12-13 commerce international. La guerre a affermi la machine économique américaine. Pour assurer ces échanges et multiplier ces débouchés extérieurs, les États-Unis s’arment d’une flotte conséquente. Ils apparaissent comme un Eldorado et attirent des migrants de tous les continents principalement de l’Europe. Leurs interventions militaires, hormis celles liées au premier conflit mondial, restent limitées à l’Amérique centrale. La carte montre par ailleurs que les États-Unis ont aussi des colonies comme les Philippines par exemple. 6 9386_ldp_bacpro_HG.indd 6 22/06/2015 10:41 Carte 2 : Le monde la Guerre froide, 1947-1989 Elle montre que la Guerre froide est un affrontement situé dans le temps et l’espace : – dans le temps, avec les bornes chronologiques (19471989) mais aussi les dates des traités et alliances (1948 à 1949) et celles des guerres ou crises (1950 à 1973). – tous les continents, mers et océans sont concernés. Elle présente aussi la division du monde en deux blocs (ligne de confrontation majeure) et les rapports de force entre les deux Grands qui se traduisent par : – un affrontement diplomatique et militaire : bases militaires et navales, OTAN, Pacte de Varsovie, principaux alliés… – une opposition idéologique : pays communistes, Dossier du sujet d’étude 1. Réponse à la question Question 1 : Les défenseurs de l’humanité [1, 2 et En 1917 et en 1941, les États-Unis entrent en guerre pour venir en aide aux démocraties (France et Grande-Bretagne) [1, 2 et 3], contre les régimes autoritaires (empires austro-hongrois et allemand) ou totalitaires (Allemagne nazie et empire japonais) pour défendre la liberté [1, 2 et 3], les droits de l’homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes contre l’oppression [2 et 3]. En 1917, la destruction de navires commerciaux américains par la marine allemande est considérée comme une entrave au commerce mondial et précipite les Américains dans le premier conflit mondial. La plupart des raisons de l’intervention des États-Unis sont énoncées dans le discours du président Wilson : – entrée en guerre de son pays aux côtés des démocraties (France, Grande-Bretagne…) contre les régimes autoritaires (empires d’Autriche-Hongrie et d’Allemagne) ; « la neutralité n’est plus possible » ; « Nous sommes heureux de combattre ». – idéaux de la démocratie américaine : liberté des hommes et des peuples ; droits des nations et intégrité territoriale des États quelle que soit leur taille ; paix universelle et durable ; « guerre contre l’humanité » ; « la revendication du droit humain dont nous sommes les champions » ; « menace pour la paix » ; « liberté politique »… 9386_ldp_bacpro_HG.indd 7 Frise chronologique Elle rappelle les aspects économiques, culturels, diplomatiques et militaires de la puissance américaine. Elle permet de cibler, d’une part, la période-clé que constituent l’après-Seconde Guerre Mondiale et la Guerre froide, et d’autre part, le rôle joué par les États-Unis dans les relations internationales. 1. Un engagement au nom des valeurs américaines pages 14-15 En 1941, c’est attaque japonaise sur Pearl Harbor qui conduit les États-Unis à rejoindre les Alliés contre les forces de l’Axe. Question 2 : Au nom de la liberté [1 à 6] Les valeurs et principes, idéaux inscrits dans la Constitution américaine et évoqués dans l’ensemble des documents, sont la liberté et la démocratie indispensables pour vivre dans un monde en paix : doc 1 : titre de l’affiche « True sons of freedom ». doc 2 : « il en va de la paix du monde et de la liberté des peuples », « pour la paix définitive du monde, pour la libération de tous les peuples », « pour les droits des nations grandes et petites », « la démocratie doit être en sûreté dans le monde », « liberté politique ». doc 3 : « un mode de vie libre », « jouir de la liberté et de l’indépendance », « aider les peuples libres à protéger leurs libres institutions ». doc 4 : « Free Vietnam » sur une pancarte. doc 5 : « justice, équité » « promouvoir la cause des droits de l’homme ». doc 6 : Statue de la liberté. Question 3 : Pour la démocratie [2 et 3 + biographies de Wilson et Truman] Démocratie libérale : système politique dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple ou ses représentants, et qui respecte la séparation des pouvoirs, les libertés publiques, le pluralisme des partis et l’égalité politique entre les citoyens. 1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Histoire Copyright Editions Belin, 2015. 3 + 1 p. 12] – des crises majeures : conflits et crises à Cuba, à Berlin, guerre du Vietnam… – les avancées technologiques : pays possédant l’arme nucléaire, – les changements d’alliances : pays communistes ayant rompu avec la Chine… 7 22/06/2015 10:41 Copyright Editions Belin, 2015. doc 2 : « La démocratie doit être en sûreté dans le monde », « La paix du monde doit être établie sur les fondements éprouvés de la liberté politique», doc 3 : «un mode de vie libre de toute contrainte », « aider les peuples libres à protéger leurs libres institutions ». Question 4 : Entre interventionnisme et impérialisme [5 + biographie de Carter] Aux côtés des autres démocraties (« étroite coopération entre les démocraties industrielles »), les ÉtatsUnis selon Jimmy Carter doivent intervenir dès que la liberté des peuples et les droits de l’Homme sont menacés quel que soit l’endroit de la planète (« questions d’intérêt mondial que sont la justice, l’équité et les droits de l’Homme »). Cependant les interventions américaines ne sont pas seulement d’ordre militaire mais aussi diplomatique, économique et humanitaire (« venir en aide aux pays en voie de développement, afin d’alléger leurs souffrances et de combler, autant que faire se peut, le fossé qui sépare riches et pauvres dans le monde »). Les États-Unis n’entendent pas être seulement les « gendarmes du monde » mais doivent agir en étroite coopération avec les autres États y compris avec les ennemis traditionnels de la Guerre froide comme la Chine et l’URSS (« améliorer nos rapports avec l’Union Soviétique et la Chine »). Dans son discours, J. Carter explique que les Américains ne doivent pas imposer leur décision, ni vouloir à tous prix prendre l’ascendant sur le reste du monde. Pour endiguer le communisme, ils doivent coopérer avec les pays partisans de la démocratie afin de le faire reculer « naturellement ». Il précise ainsi que son pays va élargir son champ d’actions au-delà de la lutte contre le communisme inhérente à la Guerre froide pour renforcer entre autres sa puissance économique et culturelle au-delà d’un conflit militaire localisé. Il semble vouloir rompre avec la politique extérieure menée par ses prédécesseurs. Afin que les États-Unis retrouvent leur leadership, J. Carter veut favoriser une politique extérieure basée à la fois sur l’aide économique, la défense des libertés démocratiques et des Droits de l’Homme, reprenant en cela les idéaux de Wilson et les principes de Truman. Comme pour ces dirigeants avant lui, le contexte international va l’amener à reprendre une politique réaliste de dissuasion. 2. En réponse à la problématique Les libertés individuelles et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la démocratie et le respect des droits de l’Homme sont pour les Américains les valeurs et principes intangibles pour faire valoir la paix dans le monde. Les motivations des interventions américaines s’appuient toujours sur la défense des idéaux démocratiques mais font aussi appel à la défense de leurs intérêts stratégiques et économiques et répondent souvent à une demande de leurs alliés. 3. Démarche proposée 1. Les motifs des interventions américaines dans le monde depuis 1917 [1,2,3,5 et 6 + Repères] 2. Les principes et les valeurs défendus par les Américains [1 à 6] 4. Informations complémentaires Document 1 : Cette affiche rend hommage aux 200 000 soldats afro-américains engagés dans les zones de combat lors de la Première Guerre mondiale et plus particulièrement au 369e régiment d’infanterie, le Harlem Hellfighters, entièrement composé de Noirs (apartheid et discrimination). Elle montre le courage de ces soldats qui combattent les troupes allemandes sous le regard d’Abraham Lincoln dont une citation figure sur l’affiche « La Liberté ne périra pas ». Document 4 : En octobre 1967, le National Mobilization Committee to End the War in Vietnam organise des défilés pour protester contre la guerre. Ces mouvements contestataires reçoivent l’appui de personnalités comme Martin Luther King ou Jimmy Hendrix et vont se renforcer en 1969 avec la suppression des sursis accordés aux étudiants. De nombreux Américains vivent la guerre « en direct » à travers les reportages des chaînes télévisées CBS ou NBC. Les massacres dans les villages, l’utilisation du napalm ou les bombardements des B52 choquent les consciences. Les manifestations prennent de plus en plus d’ampleur : 250 000 personnes à Washington en novembre 1969 et un demi-million en mai 1971. 5. Pistes Le cinéma américain se fera le porte-parole de cette contestation avec des films comme Voyage au bout de l’enfer, Apocalypse Now, Platoon, Full Metal Jacket ou encore Né un 4 juillet. 8 9386_ldp_bacpro_HG.indd 8 22/06/2015 10:41 Dossier du sujet d’étude 1. Réponses aux questions Question 1 : « La Fayette, nous voilà ! » [1, 3 + 1 et 2 p. 12-13] Les deux conflits mondiaux ont contribué à l’entrée en guerre des États-Unis et ont permis, grâce à leur implication, la victoire des démocraties sur les régimes autoritaires ou totalitaires. Par leur participation à l’élaboration de la paix, ils ont pris toute leur place dans l’organisation du monde après les conflits, voire le leadership. Question 2 : Le monde au bord de la troisième guerre mondiale [2 + 2 et 3 p. 12-13] En octobre 1962, la Guerre froide s’invite sur le continent américain. Son président J. F. Kennedy lance un ultimatum à l’Union soviétique lui enjoignant de retirer les rampes de lancement de missiles installées à moins de 200 kilomètres des côtes de Floride sur l’île de Cuba dirigée depuis 1959 par F. Castro. En novembre, après des négociations secrètes et la médiation de l’ONU, N. Khroutchev cède devant les États-Unis. Cette crise après celle de la construction du Mur de Berlin en 1961 marque une nouvelle étape dans les relations entre les deux Grands. Question 3 : « U.S. Go Home » ? [2, 4 à 6 + 2 p. 10 et 2 2. En réponse à la problématique L’histoire des relations entre les États-Unis et le monde est scandée par les décisions des présidents comme W. Wilson, F.D. Roosevelt, H. Truman ou J.F. Kennedy 9386_ldp_bacpro_HG.indd 9 pages 16-17 qui, parfois contre l’avis de leurs concitoyens, impliquent leur pays dans des interventions humainement, militairement et financièrement coûteuses afin de faire régner la « pax americana » sur un empire sans frontières. Certaines de leurs interventions remettent en cause « l’invincibilité » de la première puissance mondiale dont le leadership est de plus en plus contesté. 3. Démarche proposée 1. Les moyens et les types d’actions menés par les États-Unis pour leur politique extérieure [1 à 4, 6 + Repères] 2. Les oppositions aux interventions américaines [2 à 6 + Repères] 4. Informations complémentaires Document 1 : En février 1919, un an après les 14 points du président américain, la Une de l’hebdomadaire d’actualités populaire français J’ai vu donne le beau rôle à Clémenceau en le plaçant au centre avec la posture du décideur alors que L. George et W. Wilson sont en position de spectateurs. Document 2 : http://fresques.ina.fr/jalons, voir vidéo « La crise des fusées de Cuba », fiche 00187, 3’ 34’’. Document 3 : Troupes britanniques au repos sous une représentation des Big Three à Yalta, après la parade de la Victoire, Berlin, 21 juillet 1945 Deux situations historiques sont exposées dans cette photographie. Tout d’abord, la fresque murale renvoie à la conférence de Yalta qui s’est déroulée cinq mois avant la parade de la victoire pour laquelle les soldats britanniques ont défilé dans les rues de Berlin. La présence de cette fresque dans la ville de Berlin préfigure l’enjeu que la ville constituera lors de la Guerre froide. Ce document permet de rappeler plusieurs faits importants du chapitre : – fin de la Seconde Guerre mondiale et victoire des alliés sur l’Allemagne nazie, – Churchill, Roosevelt et Staline sont encore alliés, – les trois Grands ont préparé la fin des opérations militaires et l’après-guerre en février 1945 à Yalta, 1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Histoire Copyright Editions Belin, 2015. et 3 p. 12-13 + 2 à 5 p. 22-24] Les contestations à l’égard de la politique extérieure menée par les États-Unis ont lieu soit à l’intérieur même du pays soit à l’extérieur. À l’intérieur, des opposants organisent des manifestations par exemple contre la guerre au Vietnam. À l’extérieur, cette opposition se marque par des manifestations mais aussi des tentatives pour contrecarrer les interventions américaines (Mur de Berlin, rampes de fusées à Cuba), des prises d’otages (Téhéran 1979) et cela peut même aller jusqu’au conflit (guerres de Corée et du Vietnam). Les événements en Iran et la défaite au Vietnam marquent dans un premier temps un arrêt de la politique extérieure des États-Unis dans leur volonté d’imposer leur vision de l’ordre mondial et les amènent à revoir leur politique extérieure. 2. Une politique extérieure entre leadership et contestations 9 22/06/2015 10:41 – Berlin, ville enjeu, – préfiguration des 2 blocs (Ouest et Est). Cette représentation des « trois Grands » à Yalta marque la position centrale des États-Unis. W. Wilson avait échoué en 1919 dans son désir de maintenir la paix en Europe. Roosevelt apparaît comme un arbitre entre la Grande-Bretagne et son empire colonial d’une part, et l’Union soviétique et son désir d’expansion d’autre part. Si l’on compare avec le document 1 de marge « Les trois grands ouvriers du Monde Nouveau », on s’aperçoit que Staline a pris la place de Clémenceau et que les États-Unis se retrouvent en position centrale. Au moment de Yalta, l’Armée rouge occupe déjà la Roumanie, la Bulgarie, la quasi-totalité de la Pologne, des pays baltes et de la Prusse orientale, les deux-tiers de la Tchécoslovaquie, une partie importante de la Silésie et de la Poméranie. Roosevelt souhaitait que les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’URSS et la Chine soient les « quatre agents de police » du monde après la guerre. secteurs américain, anglais et français de la ville mais aussi à Berlin-Est et par là-même en RDA. Vidéo : 1963, Kennedy à Berlin http://www.ina.fr Document 4 : Le Président américain leader du bloc Ouest Lors de son dernier jour en RFA, le 26 juin 1963, accompagné de W. Brandt (maire de Berlin) et de K. Adenauer (chancelier de la RFA), le président américain prononce face au « mur de la honte » sa célèbre déclaration [« Ich bin ein Berliner »] et confirme la solidarité des États-Unis avec les habitants du « monde libre ». Cette photo permet de visualiser les deux zones distinctes de Berlin-Ouest et de Berlin-Est. La présence du président Kennedy, très proche du mur de Berlin et le surplombant même, atteste de la volonté des Américains de s’occuper de ce qui se passe dans les H. Zinn et P. Buhle, Une histoire populaire de l’empire américain, Éditions Vertige Graphic, 2009 (BD tirée du livre d’H. Zinn, politologue américain très critique à l’égard de la politique des États-Unis à l’intérieur et à l’extérieur du pays). C. Julien, L’Empire américain, Livre de poche, édition 1973. Dang Thoy Tram, Les Carnets retrouvés (1968-1970), éditions Picquier, 2010. J.-C. Victor, « Les logiques d’intervention extérieure », Le Dessous des Cartes, Arte, 2002. E. Guibert, La Guerre d’Alan, L’Association, 2008 (3 tomes sur le parcours d’un soldat américain pendant la Seconde Guerre mondiale). Document 5 : Les Américains humiliés Après la chute du Shah d’Iran soutenu par les ÉtatsUnis et l’instauration de la République islamique dirigée par l’Ayatollah Khomeini, depuis février 1979, les relations entre les deux États se sont envenimées. Le 4 novembre 1979, l’ambassade américaine de Téhéran est prise d’assaut et 56 personnes de l’ambassade sont retenues comme otages. Pour leur libération, les Iraniens exigent le retour du Shah afin qu’il soit jugé. Cette crise va durer 444 jours et sera à l’origine de relations conflictuelles entre les États-Unis et cette région du monde. Vidéo : Téhéran, otages américains http://www.ina.fr 5. Pistes Situation 1 pages 18-19 Les 14 points du président Wilson (1918) 1. Réponses aux questions Copyright Editions Belin, 2015. Question 1 : L’interventionnisme wilsonnien [2 à 5 + biographie de Wilson + 3 p. 11] Rompant avec la doctrine Monroe et la neutralité des États-Unis depuis le début du conflit, W. Wilson décide d’engager les troupes américaines dans la Grande Guerre. Il s’appuie sur les valeurs défendues par la Constitution américaine mais il désire aussi protéger le commerce maritime américain. Les principes sont la liberté et la démocratie : doc 2 : articles 10, 13, 14 par exemple, doc 3 : « chaque peuple doit être libre de déterminer lui-même le régime sous lequel il veut vivre. Puissions-nous ne jamais voir, en violation de ce principe, les soldats d’un peuple libre étouffer la liberté hors de leurs frontières », doc 4 : La « brute » visée est l’empire autoritaire d’Allemagne et celui d’Autriche-Hongrie, doc 5 : « La victoire pour le peuple et le droit ». 10 9386_ldp_bacpro_HG.indd 10 22/06/2015 10:41 Question 2 : Les 14 points du président Wilson [2, 3] Les différentes dispositions proposées par le président Wilson s’appuient sur les idéaux et valeurs de la démocratie américaine sans négliger les intérêts économiques de son pays. Par exemple, l’article 2 reprend l’idée énoncée dans la première phrase du discours de W. Wilson en avril 1917. Les articles peuvent être regroupés en trois grandes rubriques : – liberté économique et commerciale : art. 2 et 3 – paix durable et universelle : art. 4 et 14 – droit des peuples et intégrité territoriale : art. 5, 6, 8, 9, 10 et 13. Les articles relatifs aux dispositions territoriales peuvent être rapprochés des frontières dessinées sur la carte. Question 3 : La démocratie américaine, instigatrice de la paix en Europe [1 à 4 et 6] L’entrée en guerre des États-Unis va accélérer la fin des opérations militaires. Lors des règlements de paix, les Américains vont s’imposer comme les arbitres des différends entre les nations du « vieux continent ». L’intervention américaine participe à l’instauration de la paix en Europe : – l’intervention américaine dans le conflit en Europe met un terme à celui-ci ; – les 14 points Wilson redessinent une nouvelle carte de l’Europe qui tient compte des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ; – la création de la SDN a pour but d’éviter de nouveaux conflits entre les États européens. Question 4 : « America First » Avec les 14 points du président Wilson, les États-Unis apparaissent comme l’arbitre des conflits entre les Européens. Fort de sa puissance économique et navale, W. Wilson entend obtenir l’adhésion des États européens aux principes libéraux et démocratiques américains (face au communisme de Lénine). Ainsi, ses propositions reprennent ces idéaux mais elles s’appuient également sur le droit international comme le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et aussi sur de nouvelles frontières respectant les nations et les peuples. Cependant, il rencontre des oppositions sur le continent européen et dans son propre pays. Entre les deux guerres, les États-Unis optent pour l’isolationnisme et une relative neutralité. Mais des limites se précisent dès 1919 : – certains problèmes territoriaux ne sont pas résolus, comme le précise la carte (régions contestées, ligne Curzon...) ; – les États-Unis ne veulent pas s’impliquer davantage dans les affaires du monde et refusent de signer le traité de Versailles. Ils préfèrent se replier sur euxmêmes et porter leurs efforts en Amérique latine et dans le Pacifique avec comme objectif « America first ». – les nouvelles frontières se font sans l’aval des pays vaincus, notamment de l’Allemagne. – Cependant, ils vont rapidement retourner durant l’entre-deux-guerres à leur stratégie isolationniste en n’intervenant pas réellement dans les conflits nés des traités de paix et en choisissant la neutralité lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. – L’analyse de la caricature [6] parue dans le magazine britannique Punch en 1919, l’année des traités de paix, aide à percevoir les critiques adressées au président Wilson, et jette le doute sur le devenir des 14 points du Président américain. 3. Démarche proposée 1. Les raisons de l’implication américaine dans les relations internationales [2, 3, 4 et 5] 2. Les solutions du président Wilson [2, 3 et 4] 3. Les limites de l’intervention américaine [1, 2, et 6] 4. Informations complémentaires Document 2 : H. Broquet, C. Lanneau et S. Petermann, Les 100 discours qui ont marqué le xxe siècle, André Versailles éditeur, 2012 (discours dans son intégralité). Document 3 : C’est la première fois qu’un président américain en exercice se rend en France. W. Wilson vient participer à la Conférence de la Paix et y proposer son programme en 14 points. En décembre 1918, les socialistes de la SFIO comme la plupart des Français voient le président américain comme un sauveur. Mais la volonté de ce dernier de ne pas écraser l’Allemagne va les faire changer d’attitude. Avant la venue du pré1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Histoire Copyright Editions Belin, 2015. 2. En réponse à la problématique [1, 3 et 6 + 1 p. 12 + 1 p. 22] 9386_ldp_bacpro_HG.indd 11 – À court terme, les propositions du président Wilson furent accueillies en Europe avec espoir et confiance dans un meilleur monde à venir. Les propositions américaines redessinent une nouvelle carte de l’Europe et mettent en place la Société des nations. Aux ÉtatsUnis, le Sénat refuse de ratifier le traité de Versailles ; le pays retourne vers une politique isolationniste et défend le principe de l’ « America First » désavouant ainsi le président Wilson. – À moyen et long termes, les litiges territoriaux non réglés forment les germes d’un nouveau conflit mondial. 11 22/06/2015 10:41 sident américain, L’Humanité publia plusieurs articles favorables à Wilson. Ainsi le 30 novembre 1918, Marcel Cachin écrivait : « Les messages de Wilson au milieu de la tourmente ont touché au plus profond la sentimentalité et l’idéalisme de notre prolétariat. Le président n’est pas socialiste ; cependant, seul parmi les gouvernants, il a su parler […] un langage de bonté, d’humanité, de justice internationale : seul, il a protesté, avec les socialistes, contre l’impérialisme d’où qu’il vienne ». Documents 4 : Cette lithographie de H. R. Hopps était une commande du gouvernement américain. Le gorille représente un soldat allemand reconnaissable à son casque à pointe et à la moustache qui rappelle celle de l’empereur Guillaume II. Les Allemands sont dépeints comme des animaux sans culture (si ce n’est celle de la barbarie visible sur le gourdin ensanglanté), aimant la guerre (« militarism » écrit sur le casque), et s’en prenant aux plus faibles (la jeune femme). Cette brute immonde menace les États-Unis (« America » écrit sur le sol) et il est donc urgent pour les Américains de Situation 2 s’engager dans l’armée pour défendre la civilisation contre la barbarie. Document 6 : Punch est un hebdomadaire satirique anglais. Cette caricature de L. Ravenhill montre que l’isolationnisme américain met en péril l’action de la Société des Nations voulue par W. Wilson. Le gouffre sous le pont fragilisé montre le risque que court l’Europe si le Sénat américain persiste dans sa volonté de ne pas suivre la proposition de Wilson. 5. Pistes http://americanhistory.si.edu : site du musée national d’histoire américaine. Accès aux collections du musée (photographies, commentaires). Site uniquement en anglais Les États-Unis dans la Première Guerre mondiale http://www.histoire-image.org/ Un président américain à Paris http://www.assemblee-nationale.fr pages 20-21 Le plan Marshall et le début de la Guerre froide Copyright Editions Belin, 2015. 1. Réponses aux questions Question 1 : Le Dollar en première ligne [2] Les États-Unis sont les grands vainqueurs économiques et financiers au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre, leurs usines ont tourné à plein régime (« ayant doublé pendant la guerre leur capacité de production »), ils détiennent les plus grandes réserves monétaires (« vu qu’ils détiennent la plus grande place…..3 100 millions »). Renonçant à leur isolationnisme, les Américains vont se lancer dès 1945 dans la course aux marchés mondiaux et imposer le dollar comme monnaie d’échanges (« politique d’expansion sur une grande échelle »). En outre, ils vont pouvoir profiter de la situation de faiblesse dans laquelle se trouvent entre autres les États européens (« Ce n’est certes pas par humanité », « Beaucoup devront acheter à crédit »). Le pouvoir du dollar contribue à cimenter leur puissance économique et politique. Question 2 : L’aide américaine aux États d’Europe occidentale [1, 2, 3 et 6] En apportant leur force militaire et leur puissance matérielle, les États-Unis ont largement contribué à la victoire des démocraties sur l’Allemagne nazie. Pendant deux ans, les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale vont rester alliés mais peu à peu leurs idéologies opposées vont les conduire à la défiance. – Contexte historique : en avril 1948, trois ans après la fin du conflit et la conférence de Yalta, l’Europe n’a pas encore effacé les ravages de la guerre aussi les ÉtatsUnis décident-ils, dès 1947, d’aider économiquement les États européens qui le demandent. H. Truman avait préparé les esprits à la création du plan Marshall. Les troupes américaines sont encore présentes en Europe occidentale et l’Armée rouge stationne toujours en Europe de l’Est. W. Churchill a dénoncé dès 1946 le rideau de fer qui sépare l’Europe en deux. En février 1948, lors du coup de Prague, les communistes tchécoslovaques profitent de la présence des troupes soviétiques pour éliminer leurs opposants. 12 9386_ldp_bacpro_HG.indd 12 22/06/2015 10:41 – Plan Marshall : aide économique, financière et militaire apportée aux vainqueurs et aux vaincus en Europe (nourriture, matériaux de construction, dons, emprunts, matériel militaire…). Les principaux pays à bénéficier du Plan Marshall sont les États d’Europe occidentale aussi bien les vainqueurs comme la France que les vaincus comme l’Allemagne, la Grèce et la Turquie. Les États-Unis comptent bien faire de la Turquie leur alliée dans la région des détroits face à l’URSS. De même, la Grande-Bretagne soutient la monarchie grecque face aux communistes soutenus par les Soviétiques. Question 3 : Les États-Unis défenseurs du « monde libre » [3 + biographies de Truman et Marshall] Tout comme W. Wilson auparavant, G. Marshall s’appuie sur les principes et les idéaux de la démocratie américaine notamment la solidarité (« fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour favoriser le retour du monde à une santé économique ») et la liberté (« institutions libres ») indispensables au maintien de la paix dans le monde (« sans laquelle il ne peut y avoir ni stabilité politique, ni paix assurée »). La dernière phrase vise l’Union soviétique et annonce le déclenchement de la Guerre froide. Question 4 : Le début de la Guerre froide [1 à 6 + 3 p. 12] 2. Réponse à la problématique Les États-Unis utilisent leur puissance politique mais surtout économique pour enrayer l’extension communiste en Europe. Le plan Marshall est proposé à tous les pays européens mais l’URSS interdit à ceux de l’Est de solliciter cette aide économique et financière 9386_ldp_bacpro_HG.indd 13 3. Démarche proposée 1. Les motivations de l’aide américaine [1, 2, 3 et 5] 2. Le plan Marshall [1, 3, 5 et 6] 3. Le début de la Guerre froide [3, 4, 5 et 6] 4. Informations complémentaires Document 1 : Cette affiche de propagande réalisée par le Français T. de Champrosay glorifie l’aide apportée par les Américains (Oncle Sam avec chapeau aux couleurs du drapeau, inscription et statue de la Liberté qui éclaire l’Europe). Le ciment évoque l’aide en argent, produits agricoles et industriels... qui va permettre aux démocraties occidentales de se reconstruire après la Seconde Guerre mondiale. La carte préfigure ce qui sera 10 ans plus tard la C.E.E. Elle peut être rapprochée de la carte (document 4). Document 2 : La conférence de Bretton Woods réunit 45 États dont la France mais les deux leaders en sont la Grande-Bretagne avec Keynes et surtout les ÉtatsUnis qui sont les principaux bailleurs de fonds de la planète. Ils imposent leur vue et le dollar « as good as gold ». Les monnaies seront donc fixées par rapport à l’or et au dollar. Cette conférence définit le cadre économique du futur bloc Ouest et montre les rapports de force entre les États-Unis et leurs alliés. Document 6 : Entre 1948 et 1952, les États-Unis accordent 12,8 milliards de dollars dont 85 % sous forme de dons et 15 % sous forme de prêts. Les produits agricoles et industriels représentent 90 % de l’aide. 5. Pistes « La guerre froide », La documentation photographique française n° 8055, 2007 http://www.guerrefroide.net Video « Le plan Marshall » http://education.francetv.fr/ video/truman-2nde-guerre-mondiale-et-plan-marshall 1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Histoire Copyright Editions Belin, 2015. Les enjeux : – Exercer le leadership mondial – Imposer le modèle américain – Empêcher l’extension du communisme en Europe Les moyens : – Dollar première monnaie d’échange mondiale – Puissance militaire – Puissance navale – Idéaux démocratiques des États-Unis – Organisation des Nations unies Les conséquences : – Dès juin 1948, blocus de Berlin – Déclenchement de la Guerre froide et naissance des blocs – Partage de l’Europe, de l’Allemagne et de Berlin – Course aux armements acceptée par 16 États européens de l’Ouest et du Sud. Le plan Marshall, en venant soutenir les alliés européens affaiblis par la guerre, participe de fait à la politique de l’endiguement voulue par H. Truman. Il sera donc l’élément déclencheur de la politique des blocs et la première étape d’un monde bipolaire avec entre autres la division du continent européen. Tout comme en 1919, la guerre finie, la paix signée, les sujets de discorde ne manquent pas entre les deux Grands aux objectifs divergents. 13 22/06/2015 10:41 L’essentiel 1. En marge Les États-Unis et le monde (1917-1989) p. 22 et 24 Document 1 : L’analyse de la caricature, parue dans le magazine britannique Punch en 1919, l’année des traités de paix, aide à percevoir les critiques adressées au président Wilson. Celui-ci, souriant, optimiste, présente à la colombe (symbole de paix) un énorme rameau d’olivier (autre symbole de paix) qu’elle ne pourra pas emporter. La Société des Nations (inscription sur le rameau) apparaît aux yeux du magazine britannique plus comme un fardeau qu’une solution, et jette le doute sur le devenir des 14 points du Président américain. Document 2 : Présentation des deux blocs rivaux durant la Guerre froide. Ce document peut venir compléter l’étude de la situation 2 et de l’essentiel en image. Document 3 : Complémentaire du document précédent, ce schéma peut être étudié en lien avec la partie Repères et la situation 2. Document 4 : Cette couverture du magazine américain Time suggère la dimension économique et culturelle de la Guerre froide à travers un produit fort connu des élèves. On peut noter que la partie visible du globe terrestre représente les continents en bordure de l’océan Atlantique, en gros le bloc Ouest. Dans l’article, le journaliste écrit « le soleil ne se couche jamais sur Coca-Cola ». Il est possible de faire réfléchir les élèves sur la pertinence de ce phénomène encore d’actualité Document 5 : La Central Intelligence Agency fondée en 1947 est une des agences de renseignement américaines. Ses deux axes principaux sont l’espionnage (la recherche de renseignements sur les individus, les gouvernements et les entreprises de tous les pays) au service de l’empire américain et l’organisation d’opérations clandestines. Ainsi elle a mené : – l’installation de la dictature au Guatemala en 1954, – l’attaque de la Baie des Cochons contre Fidel Castro à Cuba en 1961, – l’organisation d’une armée secrète au Laos de 1962 à 1975, – l’opération Phoenix (renseignements et opérations contre le Nord-Vietnam) lors de la guerre du Vietnam, – intervention au Chili en 1973. 2. Essentiel en image 1. Le plan Marshall vu par l’Union soviétique, fin des années 1940 Cette affiche de propagande soviétique dénonce le plan Marshall et l’alliance militaire de l’OTAN signée le 4 avril 1949 comme une duperie des Américains pour imposer leur capitalisme et leur domination militaire aux autres États par la force et le mensonge. La citation de Staline, écrite en russe et en lettres capitales au bas de l’affiche, insiste sur le fait que le plan Marshall et le pacte nord atlantique peuvent générer la guerre et que les Américains en seraient les déclencheurs. Les deux personnages symbolisent les deux blocs et leur opposition. Personnage de gauche : le camp américain Copyright Editions Belin, 2015. pages 22-25 Personnage de droite : le camp soviétique Visage Caricature de H. Truman, mine patibulaire Jeune, déterminé, regard franc Tenue vestimentaire Chapeau haut de forme et gilet aux couleurs du dra- Casquette et salopette d’ouvrier peau américain de l’oncle Sam (financier capitaliste) Accessoires Boîte avec inscription en anglais « EGGS » = don ali- Aucun mentaire Fusil à baïonnette enveloppée dans un journal portant l’inscription en anglais « pacte nord atlantique » Posture Attitude fourbe : dans une main de la nourriture et Poing fermé et main qui d’un geste ferme écarte la dans l’autre une arme cachée proposition américaine Environnement Seul Derrière lui tout un peuple de femmes et d’hommes brandissant fièrement le drapeau rouge avec l’inscription « Vive l’URSS » écrite en français et en anglais pour traduire le soutien des autres peuples y compris occidentaux à la politique de Staline 14 9386_ldp_bacpro_HG.indd 14 22/06/2015 10:41 L’affiche peut aussi être étudiée en parallèle avec le discours de Truman et le rapport de Jdanov page 27. 2. Les présidents Carter et Sadate avec le Premier minsitre israélien lors des accords de Camp David, 1978 Anouar-el-Sadate, président de l’Égypte, Jimmy Carter, président des États-Unis et Menahem Begin, Premier ministre d’Israël, se félicitent de la signature des accords de Camp David, le 17 septembre 1978 à la Maison-Blanche. L’Égypte reconnaît Israël qui évacue Compétences le Sinaï occupé depuis 1967. Derrière les trois protagonistes, se trouvent leurs drapeaux nationaux. La place centrale du président américain et le lieu des accords attestent du rôle essentiel joué par les États-Unis pour régler une partie des conflits au Proche-Orient, foyer de tensions majeur dans les relations internationales, tout en défendant leur allié Israël. Les États-Unis, à travers le président J. Carter, apparaissent comme les arbitres dans ce conflit international, des apôtres de la paix et les initiateurs d’un nouvel ordre mondial. Cette photographie est à rapprocher de celles de la page 16. MÉTHODE pages 26-27 Expliquer le contexte, le rôle des acteurs et les enjeux de la situation 1. Application 2. Identifiez les protagonistes Plusieurs acteurs sont en présence : – le monde : sera partagé en deux camps – l’Europe : sera séparées en deux blocs – les États d’Europe de l’Ouest : se rangent du côté des États-Unis – les États d’Europe de l’Est : se trouvent inclus dans la zone d’influence soviétique – les États-Unis : proposent le plan Marshall aux pays d’Europe de l’Ouest et deviennent le leader du bloc ouest – l’Union soviétique : s’oppose à l’aide américaine et ordonne aux pays d’Europe de l’Est de la refuser, est le leader du bloc est. 9386_ldp_bacpro_HG.indd 15 1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Histoire Copyright Editions Belin, 2015. 1. Repérez le contexte historique L’année 1947 (11 mars : début de l’année) marque la fin de l’entente entre les deux ex-alliés et le début de la Guerre froide (22 septembre : fin de l’année). Entre temps, le 5 juin, le général américain Marshall annonce un plan d’aide pour l’Europe. Les événements se déroulent en Europe et mettent l’accent sur la scission qui s’annonce entre les États d’Europe de l’Ouest et ceux d’Europe de l’Est. 3. Analysez les enjeux de la situation Ces deux documents traitent de l’organisation du monde après la fin du second conflit mondial mais s’opposent sur les motivations et les objectifs de l’aide américaine apportée à l’Europe avec le plan Marshall. Ils traduisent la naissance de la politique des blocs aux idéologies opposées. Jdanov dénonce l’impérialisme américain et entend lier les pays communistes à l’Union soviétique. Le plan Marshall et la doctrine Truman stigmatisent la menace que fait peser l’expansionnisme communiste sur l’Europe et évoquent la nécessité de l’aide économique américaine pour lui faire barrage. À court terme, le plan Marshall déclenche la Guerre froide et voit les alliés d’hier devenir des rivaux. Cette rivalité engendrera des crises qui feront craindre pour la paix dans le monde et se traduira par des conflits locaux, par un monde bipolaire jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. Cette situation marque un véritable tournant puisque alliés contre l’Allemagne nazie, les deux grands vainqueurs de 1945 vont s’affronter pendant près d’un demi-siècle sur les plans idéologique, politique, économique, culturel et parfois militaire par pays interposés. 15 22/06/2015 10:41 Compétences EXAMEN 1. Sujet d’étude 1 Connaître les dates 1. Crise des fusées de Cuba 1962 Entrée des États-Unis dans le Second conflit mondial 1941 Plan Marshall 1947 Bombe A sur Nagasaki et Hiroshima 1945 Les 14 points Wilson 1918 Fin du blocus de Berlin 1949 2. a) Première Guerre mondiale : 1914-1918 : aide aux démocraties et défense des intérêts commerciaux + réponses sujet d’étude 1. b) Seconde Guerre mondiale : 1939-1945 : aide aux démocraties et intérêts américains dans le Pacifique + réponses sujet d’étude 1. c) Guerre de Corée : 1950-1953 : politique de l’endi guement. d) Guerre du Vietnam : 1963-1975 : lutte contre l’expansion communiste en Asie + réponses sujet d’étude 2. 3. Voir réponse 4 de la situation 2 et la partie Compétences méthode, Application. Copyright Editions Belin, 2015. 2 Analyser une situation historique et la relier à ses connaissances La crise des fusées de Cuba : Réponse 2 dans sujet d’étude 2 (montrer que la crise de Cuba est révélatrice de la Guerre froide, que c’est un enjeu local et mondial, et la nécessité pour les deux Grands de dialoguer). 3 Confronter des documents Ces deux affiches présentent une approche contradictoire du Plan Marshall. La première affiche réalisée par le gouvernement français avec l’aide des États-Unis fait l’éloge des bienfaits du plan Marshall : – l’arbre encore frêle avec des fleurs sous un ciel bleu : la renaissance de l’Europe après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, – le tuteur en bois : l’aide américaine qui soutient une Europe encore fragile, – les rubans avec les drapeaux européens : la nécessaire union des États européens pour bâtir une nouvelle Europe avec l’aide américaine, pages 28-29 – le commentaire insiste sur l’unité de l’Europe et l’amélioration du niveau de vie grâce au plan Marshall. La seconde affiche, réalisée par le caricaturiste Curry reprend la vision traditionnelle des anti-américains, souvent communistes, et dénonce les projets des États-Unis : – l’homme au cigare entre les dents (en référence au communiste souvent caricaturé avec un couteau entre les dents par leurs opposants) : la morgue et l’arrogance des États-Unis, – la corpulence et la tenue vestimentaire : la richesse et la puissance des États-Unis, – le commentaire sur le drapeau américain est explicite et cible le plan Marshall comme un acte de banditisme : « 1 000 et 1 méfaits ». Les affiches de propagande relayaient les idéologies de chaque camp ici à l’occasion du plan Marshall. Elles traitent de l’organisation du monde après la fin du second conflit mondial mais s’opposent sur les motivations et les objectifs de l’aide américaine apportée à l’Europe avec le plan Marshall. 2. Situations Situation 1. Replacer un événement dans son contexte Question 1. La Société des Nations, créée en 1918 à la suite de la Première Guerre Mondiale, correspond à l’article 14 du programme du président américain Wilson. « Chacun des alliés » : coalition réunissant au départ les pays membres de la Triple Entente, rejoints par les États-Unis lors de la Première Guerre Mondiale (19141918). Le contexte historique est celui de l’après guerre mondiale qui a vu les États-Unis dans le camp des vainqueurs et être partie prenante dans le règlement de la paix. + réponses de la situation 1 Question 2. Président de la République, s’appuyant sur les valeurs de liberté et de démocratie chères aux Américains, Wilson a poussé les Américains à sortir de leur isolationnisme et à entrer dans le conflit pour soutenir les démocraties européennes. Il sera l’instigateur du programme en 14 points qui porte son nom et qui a pour but de régler les conflits en Europe et d’organiser la paix dans le monde. 16 9386_ldp_bacpro_HG.indd 16 22/06/2015 10:41 Question 3. Ces principaux adversaires lui reprochent son interventionnisme dans les affaires de l’Europe, ce qui pourrait nuire aux États-Unis. Une partie de ses compatriotes refuse de sacrifier des vies américaines pour régler les différends entre Européens et reste fidèle à la doctrine Monroe prônant l’isolationnisme. Certains États européens dont la France l’accusent de vouloir épargner l’Allemagne. W. Wilson est perçu par bon nombre de ses contemporains comme un idéaliste. Par ailleurs, les traités de paix laissent en suspens des problèmes frontaliers non résolus (entre la Russie et la Pologne par exemple). Situation 2. Connaître les acteurs Question 1. George Catlett Marshall est le général américain à l’origine du plan d’aide annoncé en 1947 et adopté par une loi en avril 1948. Prévu pour 4 ans, ce programme prévoit l’envoi de nourriture, de produits agricoles et industriels mais aussi une aide financière sous forme de dons et de prêts pour aider à la reconstruction et au développement après les destructions de la Seconde Guerre mondiale. Question 2. Ce plan est proposé essentiellement aux États européens aussi bien vainqueurs et vaincus de la Seconde Guerre mondiale mais sous l’injonction de l’Union soviétique les États d’Europe de l’est refuseront l’aide américaine. 16 pays acceptent l’aide américaine : Autriche, Belgique, Danemark, Irlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède, Suisse et Turquie, puis la RFA en 1949. Question 3. L’Allemagne est occupée par les troupes des pays vainqueurs mais aussi séparée en deux par le « rideau de fer » depuis 1949 : la République fédérale allemande (RFA) et la République démocratique allemande (RDA). Cette séparation est le résultat de l’opposition entre les Américains et les Soviétiques. La création de deux Allemagne rivales est l’un des symboles de la Guerre froide dont les Américains et les Soviétiques sont les principaux instigateurs. Comme le montre la carte page 21, l’Allemagne à l’instar de l’Europe est divisée en deux. Grand Angle pages 30-31 ricains Les Super héros amé « Les super héros sont les dieux de l’Amérique, sa mythologie, comme chez les Grecs et les Romains ». Lancés par les Américains dans les années 1930, ces justiciers fictifs apparaissent dans les comics (bandes dessinées américaines), puis à la télévision et au cinéma. Ils vont cheminer en parallèle avec l’histoire des États-Unis et donneront toujours une image positive de leur pays. Superman créé en 1938 est suivi de Batman, Captain America, Spiderman… Tous font œuvre de justice et incarnent le rêve américain. Ils combattent contre les ennemis de l’Amérique. Cependant, ces super-héros de papier n’ont pas pour unique but le divertissement de leurs lecteurs, ils participent aussi à l’image que les États-Unis veulent donner d’eux-mêmes au reste du monde, une image pas toujours objective. Suivre les aventures de ces super-héros est aussi une façon d’aborder l’histoire des États-Unis. 9386_ldp_bacpro_HG.indd 17 2. Réponses aux questions Question 1 : La bande à Captain America [1 à 3, 5 et 6] Les éléments qui permettent d’identifier les super-héros américains tiennent d’abord à leur tenue vestimentaire aux couleurs de la bannière étoilée (et la lettre A comme America sur son casque ailé pour Captain America). Ces costumes très colorés permettent d’identifier rapidement le super-héros mais aussi de cacher sa véritable identité. Ils sont le porte-drapeau de leur pays. Ce sont souvent des hommes beaux, à la puissante musculature et dotés de pouvoirs surnaturels. Ils utilisent la violence contre les « méchants » et volent au secours des opprimés. Leur courage et leur puissance sont aussi des caractéristiques de ces super-héros. 1 Les États-Unis et le monde (1917-1989) Histoire Copyright Editions Belin, 2015. 1. Introduction 17 22/06/2015 10:41 Question 2 : Paix et liberté [1 à 6] Leurs valeurs et leurs principes sont ceux de la démocratie américaine : la liberté, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la justice et la paix. Les super-héros représentent le Bien (les États-Unis) contre le Mal (l’Union soviétique), les gentils contre les méchants. Question 3 : Les super-héros, reflets de l’histoire américaine [1 à 6] Ces super-héros nous donnent à voir des moments de l’histoire des États-Unis et leur vision du monde dont ils sont à la fois les témoins et les acteurs. Ils peuvent être considérés comme le « miroir » de l’Amérique. Dans un élan patriotique, ils interviennent pour aider les démocraties contre l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale ou défenseurs des libertés contre leur ennemi soviétique lors de la Guerre froide au nom des idéaux américains. 3. En réponse à la problématique Copyright Editions Belin, 2015. Ces super-héros servent la propagande américaine particulièrement pendant la Seconde Guerre Mondiale ou pendant la Guerre froide. Ils participent à la guerre idéologique qui oppose les États-Unis aux Soviétiques. Reprendre l’introduction et les réponses aux questions. 4. Informations complémentaires Documents 1 et 5 : Le personnage de Captain America est né en décembre 1940 pour lutter contre le nazisme, avant l’entrée en guerre des États-Unis. Ses auteurs, Joe Simon et Jack Kirby, tous deux juifs ainsi que Martin Goodman (propriétaire de Timely Comics) veulent dénoncer la barbarie nazie qui touche particulièrement les Juifs d’Europe. Cette bande dessinée connaît un véritable succès puis les ventes chutent dans les années 1950. Il faut attendre la Guerre froide et 1963 pour voir Captain America ressusciter et se lancer à l’assaut du communisme. 5. Pistes Les Super-Héros : sentinelles de l’histoire du xxe siècle, Historia, Spécial n°18 daté juillet 2014. Les super-héros, L’éternel combat, Video produite par Arte ou http://www.arte.tv/ Super-héros, Jean-Marc Lainé, Éditions Les moutons électriques, 2011. 18 9386_ldp_bacpro_HG.indd 18 22/06/2015 10:41