ANTARCTICA NEWS2 par Thomas Gillon
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ANTARCTICA NEWS2 par Thomas Gillon
ANTARCTICA NEWS 2 Thomas Gillon Cela fait maintenant plus de 15 jours que j’ai quitté la Belgique et j’ai tendance à me dire que les vacances vont bientôt se terminer mais non, je ne suis même pas encore à la moitié … et vaut mieux ne pas commencer à compter les jours. Je les décompterai deux semaines avant le départ. Je ne dis pas cela parce que c’est dur, c’est l’absence de tout ce qui m’entoure au pays qui me manque un peu. Mes amis, mon confort, les sorties et l’alcool à profusion ☺. Bref, comme je dis plus haut, cela ne fait que 15 jours mais ce sont les semaines qui arrivent qui m’interpellent. On verra … Quelles sont les dernières nouvelles ? Beaucoup de travail. Les journées se résument à : 8h au plus tard debout, diner à 13h et on arrête vers 20h pour le repas du soir. La première installation solaire thermique tourne depuis maintenant une semaine. On a de l’eau chaude mais … il nous manque du matériel qui devrait arriver d’ici 2 jours. Jeudi passé, le bateau est arrivé à la côte avec les 17 containers. 8 personnes étaient parties pour l’accueillir et le premier convoi est arrivé dimanche soir. Réapprovisionnement de vivres et de bois pour monter les extensions aux garages. Il y a 190 km d’ici à la côte et les « Prinoth » mettent 10 à 12h pour descendre et entre 12 et 14h pour remonter. S’il n’y a pas de problème … Il peut arriver qu’il y ait des casses mécaniques ou encore le « White out » C’est un vent violent et imprévisible qui se lève et qui déplace la neige. En 5 min, tout peu changer et on n’y voit plus à 3m, tout doit se faire au GPS et il s’agit d’être attentif afin de ne pas tomber dans une crevasse. Si le « White out » arrive lorsqu’on est au camp de base, soit on reste dans la tente ou la station, soit on suit la corde pour rentrer à la dernière. Corde et assistance fournie par nos militaires sur place, Alain, Sanne, Jürgen et Kristof. Alain et Sanne sont les deux spécialistes de l’armée belge pour toutes les opérations en montagne. Alain étant le plus haut gradé des soldats belges. Le confort du pôle … Comme je le disais, nous avons de l’eau chaude mais… en plus du manque de matériel, il nous manque également la scientifique qui doit venir mettre en route le système de recyclage des eaux usées. Alain Hubert préférant et nous obligeant à la vie dure, pas de douche et pas de wc utilisés dans la station. On a quand même une salle de bain aménagée dans un container mais … on se lave à la bassine. Pour ceux qui se lavent ! De mon côté je deviens fou, j’aimerais tremper dans ma baignoire bouillante pendant deux heures. Côté wc, tout se fait dehors. On a un petit coin aménagé où on pisse dans un fût et pour le reste, on a quand même des lunettes mais pas de chasse. Sciure de bois pour absorber et un tableau à remplir. Au bout du dixième passage, il faut refermer le sac, le mettre dans la poubelle appropriée et remettre un nouveau sac. Côté odeur, pas besoin de vous tracasser, c’est à l’air libre et ca gèle vite. Les jambes, le scrotum et les fesses aussi sont à l’air et la chair de poule, on connait tous ! J’espère pouvoir utiliser toutes les commodités intérieures avant mon départ. Pour revenir à l’installation solaire, les résultats sont plus que probants ! Le soleil arrivant sur les capteurs vers 4h du mat, à 8h tout est à l’arrêt et 1500 litres d’eau passent de 45 à 75°C. A l’arrêt puisque l’installation n’est pas complète et donc nous n’utilisons pas le système à fond. Une fois que tout sera lancé, nous devrions encore aller chercher beaucoup de calories. Jeudi soir, nous avons réveillonnés. Une ambiance de fou. Nous avions deux jours avant pêchés des petits papiers avec dessus le nom d’une personne sur place à qui nous devions offrir un cadeau. Par cette idée imprévue, nous avons du nous adapter et les cadeaux n’étaient que conneries sur conneries, allant d’une bière à un petit morceau de bois sculpté à une bobine de câble électrique en chocolat. Photos à l’appui … J’ai reçu une caisse remplie de MERRY CHRISTMAS neige avec un chocotof et deux mon chéri accompagné d’une carte postale de la station. Fou rire sur fou rire à chaque personne ! J’ai été me coucher à 3h du matin rond comme une queue de pelle. Vendredi, pas possible de me réveiller. Je me suis levé à 11h30 dans les derniers. Noël étant un jour comme les autres ici en antarctique, tout le monde travaillait déjà … Ballade en skidoo … à la recherche de nos ancêtres La journée est vite passée ! Le soir, trois japonais étaient à notre table. Ils sont basés pas trop loin et passaient par chez nous pour une expédition qui devait les emmener à 60km de notre base pour chercher des cailloux et étudier la morphologie des pierres et des roches. Passionnant … Samedi soir, on ne savait pas où sortir donc on a fait la fête ici. Quand je dis on : cela veut dire les quelques jeunes pour qui le samedi soir ne se résume pas à être devant Julie Lescaut. Les vieux, eux étaient au lit depuis belle lurette. Nous sommes allé dormir vers 1h … pff le soleil est toujours là, il ne veut pas se barrer ! Avec un demi-litre de whisky, pas trop de difficulté à s’endormir ! Dimanche, jour de congé, grasse matinée et déjeuner à 13h. Qu’allons-nous faire ? Je propose d’aller à Teltet pour cueillir des cailloux. Météo pas trop bonne, nous partons quand même ! Au départ, nous devions être deux (un autre liégeois toujours prêt à faire la fête mais vite fatigué) et au final, nous partons à 7 en skidoo. Ce pic qui d’apparence est juste à côté, se situe à 6 km. Au programme était prévu d’aller jusque là puis de repartir vers deux autres pics et ensuite rentrer au camp. Différent modèle de skidoo sont à notre disposition et puisque Alain Hubert n’était pas là, nous avons pris les plus puissant. Youpi ! Un moteur et des chevaux ! Une fois sur place, je me dis on reste un petit moment puis on repart. Oui, c’est cela ! Si j’avais su, j’aurai vraiment recommencé le sport avant de partir. Les autres ont commencé à grimper, je me suis dis qu’il devait y avoir des plus beaux cailloux plus haut ! En montant, les autres me disent, ne te charge pas trop, on prend les pierres en redescendant. Mais quand est ce qu’on redescend ? Ben une fois arrivé au dessus ! C’était mon premier sommet et évidement, je suis arrivé le dernier en pompant tout l’oxygène que je pouvais croiser ! N’ayant jamais eu de difficultés à grimper dans un arbre mais toujours à en descendre parce que je regarde en bas, c’était chose faite ! Nous ne redescendons pas par là où nous sommes venus mais par la crête qui se trouve de l’autre côté. 200 mètres de presque vide sur chaque flanc. Waouh … euhhhh … bref je regardais où je mettais les pieds et pas à côté ! Une fois en bas, faut retourner reprendre les skidoos. Ils ne s’appellent pas « KIT » et ne viennent pas nous reprendre. La descente m’ayant permis de reprendre mon souffle, c’était reparti pour la marche. Je ne veux pas connaitre le nombre de kilomètres que j’ai marché. En retournant vers les skidoos, le temps à commencer à changer et la visibilité à diminuer. Tout était blanc devant nous … et nous nous rapprochions d’une corniche. Corniche qui depuis la base, n’a pas l’air énorme étant donné que le pic à l’air proche mais une fois sur place, elle fait au moins 20m à pic en rentrant sur elle-même sur quelques mètres puis cela continue à descendre pendant au moins 50m. Pas question de s’en approcher de trop ! On continue … mais faut encore remonter le glacier pour rejoindre les véhicules. Et les mètres défilent … Je n’en peux plus, je suis en nage ! Surtout avec le sac à dos qui pèse son poids (boissons, chocolat, les pierres évidement, les crampons et autres) une fois arrivé, j’ai envie de me changer et je me retrouve torse nu ! Un ami n’hésite pas à me frotter le dos avec de la neige ! Et bien, détrompez vous, cela réchauffe ! J’enfile ma salopette pour la route … Même s’il n’y a pas de vent à l’arrêt, c’est quand même indispensable lorsqu’on roule … ou plutôt lorsqu’on chenille. Nous voilà reparti pour aller voir des restes de l’expédition Roi Baudouin de l’année 1957. Quelques fûts vides et de la neige. Il parait que lorsque celle-ci n’est pas trop épaisse, on peut encore retrouver des objets usuels laissé sur place. Rien pour nous à part les 4 fûts British Petroleum… De là, les autres veulent encore faire un autre pic mais pas pour moi car le dimanche est le jour de congé pour notre cuisinière et j’ai eu la bonne idée de faire un spaghetti bolo pour tout le groupe. Ne pensant pas rentrer tard, j’étais dans l’obligation de rentrer à la base. Boire et manger, les besoins de base Pas seul évidement car il nous est interdit d’être seul dans cet environnement hostile. Je repars donc avec Jürgen notre ami militaire pendant que les autres continuent leur aventure. Nous nous sommes guidé au début avec des drapeaux placés pour éviter la corniche décrite plus haut car le temps avait changé et nous ne voyons plus à 30m. Gaz presqu’à fond, avoisinant les 60km/h, nous n’avions qu’une pseudo ligne droite à faire. Je dis pseudo car on dévie vite d’une trajectoire dans ces conditions. Quelques bosses et je râlais de ne pas en avoir de plus grosse et d’aller plus vite pour essayer de sauter. Mais bon, on ne voyait même pas Utsteinen qui est le pic à côté de la station alors c’était déjà pas si mal. Une fois arrivé, Jürgen m’a dis que je conduisais bien. Evidement lui dis je, j’ai fais ca toute ma vie ! lol Le soir, tout le monde a été séduit par mon spaghetti bolo … c’est un peu ce que je fais de mieux ! Notre cuisinière française en a pris pour son grade … On commence tous à en avoir marre de sa bouffe de refuge de montagne. Bien vite que notre cuistot belge arrive pour la remplacer début janvier ! Rrrrrrrrrrrrr avec les trois palettes de bières et de vins qui sont arrivé dimanche avec le premier convoi, tout devrait être plus facile et moins froid !!! Il est minuit et en écrivant ces nouvelles, j’ai trois japonais qui viennent de débarquer de la côte en skidoo pour venir chercher des pièces pour leur Prinoth qui est en panne. Etant le seul encore debout, je vais donc en rester là aujourd’hui pour m’occuper de nos trois invités surprise … La suite au prochain épisode …