Télécom ParisTech, futur « Collège de l`innovation par le numérique
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Télécom ParisTech, futur « Collège de l`innovation par le numérique
Télécom ParisTech, futur « Collège de l’innovation par le numérique » de ParisSaclay (Y. Poilane) Paris - Publié le mercredi 5 novembre 2014 à 10 h 54 - Interview n° 25275 « Si l’on dépasse les idéologies, l’augmentation des frais de scolarité couplée avec une vraie politique de croissance des bourses est sociale, et pas antisociale. » C’est ce que déclare Yves Poilane, directeur de Télécom ParisTech, dans un entretien accordé à News Tank le 05/11/2014. Après l’augmentation des frais de scolarité de l'établissement, il appelle néanmoins l’Etat à « faire des choix politiques pour déterminer comment il souhaite que l’enseignement supérieur soit financé dans les années à venir ». Le directeur de l'école revient également sur les modalités de l’intégration de celle-ci à l’université Paris-Saclay. Impliquée dans la problématique du big data - sujet sur lequel l'école compte trois chaires Télécom ParisTech veut être, selon son directeur de la recherche, Patrick Duvaut, « le centre de recherche européen pluridisciplinaire de référence dans la science des données ». Mais aussi être le premier centre de formation spécialisée de data scientists en France. Entretien avec Yves Poilane Comment se positionne Télécom ParisTech au sein de l’université ParisSaclay ? Nous sommes une école qui forme des ingénieurs du numérique. Notre développement se base sur deux postulats fondamentaux : premièrement, le numérique est en train de transformer le monde, les économies et les sociétés, deuxièmement, c’est grâce à l’innovation que nous créerons de la valeur pour la France. Cette vision porte notre ambition, liée à notre prochain déménagement sur le plateau de Saclay. Il va se construire là un écosystème rassemblant des établissements d’enseignement supérieur, grandes écoles, universités, entreprises (grandes et petites), organismes de recherche. Cela va participer au rebond économique du pays. Nous voulons devenir le 'Collège de l’innovation par le numérique' de Paris-Saclay Notre ambition est de devenir le « Collège de l’innovation par le numérique » de Paris-Saclay. En effet, dans ce nouvel écosystème, c’est Télécom ParisTech qui a la vision la plus extensive sur ce sujet. Nous ne faisons pas qu’étudier et enseigner les TIC, nous abordons le sujet par d’autres angles, comme celui des Sciences économiques et sociales. L’interaction entre les sciences humaines et la technologie est fondamentale dans le numérique… Le succès d’une entreprise comme Ali Baba en est la preuve : la technologie utilisée n’est pas très complexe, mais elle est mise au service d’un système astucieux. Notre rattachement au ministère de l’Industrie fait que nous sommes intrinsèquement préoccupés par le transfert à l’économie des travaux que nous menons. Ainsi, nous avons vocation à faire pénétrer le numérique dans les entreprises et à l’accompagner. Futurs bâtiments de Télécom ParisTech sur le campus de Paris-Saclay - © D.R. Quelles sont les conséquences de votre intégration à l’université ParisSaclay sur votre offre de formation ? Le niveau d’interaction de nos formations au périmètre de Paris-Saclay n’est pas le même selon que l’on parle de la formation d’ingénieur, la formation doctorale, de nos masters ou de la formation continue. Les formations d’ingénieur resteront élaborées par les écoles d’ingénieurs indépendamment les unes des autres. Bien-sûr nous serons attentifs à l’existence de doublons. Ainsi Supélec est l’école qui nous ressemble le plus. Nous allons attendre sa fusion prochaine avec l’Ecole Centrale de Paris pour nous coordonner sur ce sujet. En matière de formation doctorale, toute l’offre a été reconstruite Pour ce qui est de la formation doctorale, en revanche, toute l’offre a été reconstruite, pour être pensée au niveau de Paris-Saclay. A l’issue de leur cursus les doctorants se verront remettre un diplôme de docteur de l’université Paris-Saclay - mentionnant toutefois l’établissement où a été effectuée la thèse. La formation doctorale sera commune, ce qui cela n’empêchera toutefois pas les établissements de disposer d’une certaine marge de manœuvre, pour ajouter des formations particulières. Les masters, quant à eux, sont refondus entre les établissements pour devenir des masters Paris-Saclay dès la rentrée 2015. La FCS (Fondation de coopération scientifique) [qui constitue la personnalité morale chargée de porter l’opération Campus Paris-Saclay], a ainsi déposé une demande unique et collective auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche comprenant 240 parcours et 40 mentions. D’un point de vue administratif et statutaire, où en est-on dans la création de la Comue ? Les projets de statuts sont déposés, et le décret de création est entré dans le processus de signature par les ministres. D’ici à la fin du mois de novembre, il sera publié au Journal officiel et l’université Paris-Saclay sera alors créée. La Comue sera dirigée par un Conseil d’administration provisoire, qui restera en formation restreinte jusqu’aux élections du personnel et des usagers. C’est seulement ensuite, après une élection en bonne et due forme, que le nouveau CA élira un président. Les années 2015 et 2016 seront ainsi des années de transition durant laquelle la Fondation coexistera avec la Comue. C’est pourquoi, dans un premier temps, le nombre de décisions importantes au CA de la Comue sera limité. Nous avons traversé une période de risque lors du changement de majorité en 2012 Notre déménagement est prévu en 2018, nous sommes en phase d’examen de l’avant-projet définitif - projet architectural, affectation des locaux, évaluation des coûts… Nous avons traversé une période de risque au moment du changement de majorité en 2012, puisque le projet ParisSaclay était assez largement attribué à Nicolas Sarkozy. Or la bonne nouvelle, c’est que l’actuelle présidence de la République et le nouveau gouvernement ont souhaité maintenir un haut niveau de priorité sur ce projet, ce qui est une preuve de son intérêt. Futurs bâtiments de Télécom ParisTech sur le campus de Paris-Saclay - © D.R. Pour ce qui concerne Télécom ParisTech, quelles sont les priorités d’un point de vue pédagogique ? La taylorisation de l’activité d’innovation, cela ne marche plus ! Dans le numérique, comme dans tous les domaines, la taylorisation de l’activité d’innovation - un ingénieur dans un laboratoire imagine un produit, puis passe le relais à un ingénieur de conception, qui l’envoie vers un marqueteur pour le vendre, puis a un designer pour le côté esthétique -, cela ne marche plus ! L’innovation aujourd’hui est tirée par les usages. Dans la plupart des grandes entreprises, on fait travailler ensemble des chercheurs, des ingénieurs, des marqueteurs, des designers. Il nous faut reproduire ces méthodes au sein de la formation, ce que nous faisons dans le cadre de projets de 2ème et 3ème années. Pour ce faire, nous travaillons avec des étudiants de HEC ou Télécom Ecole de Management avec qui nous avons des partenariats. Les étudiants designers, quant à eux, viennent de l’Ensci (École nationale supérieure de création industrielle), de Strate, de l’Esad Reims (École supérieure d’art et de design), des arts décoratifs (Ensad)… Nous avons entrepris une réforme profonde de la formation. Les mots clés, c’est pédagogie inversée, pédagogie par projet, pédagogie active, divergence thinking - c’est à dire du détournement d’objet… Il s’agit d’amener les étudiants à être acteurs de leur formation, mais également à penser différemment. C’est là où le brassage culturel des étudiants est quelque chose de fondamental. A ce propos, où en êtes-vous de l’accueil d'étudiants étrangers ? Nous sommes l’école française qui compte le plus d’étudiants étrangers en formation d’ingénieurs, soit 42 % sur notre campus parisien. Cela a également des vertus au niveau du processus pédagogique de l’école car un Russe ne pense pas comme un Chinois qui ne parle pas comme un Brésilien… Nous avons de plus, via l’Institut Mines-Télécom, une filiale Eurecom à Sophia-Antipolis, qui est un groupement d’intérêt économique partenaire de Télécom ParisTech avec un certain nombre d’institutions européennes, extra-européennes et des entreprises. Celle-ci offre une formation de deux ans totalement en anglais, où les Français sont en minorité - moins de 40 étudiants sur 120. C’est un outil puissant de notre formation à l’international. De même, je voudrais citer la joint-venture que nous avons avec l’université de Jiao-Tong à Shanghai. Avec l’Ecole Polytechnique, Ensta ParisTech, et Mines ParisTech nous avons créé ParisTech-Shanghai JiaoTong, une école franco-chinoise d’ingénieurs en six ans, avec prépa intégrée. Télécom-ParisTech porte le volet numérique de cette formation. Comment évoluent vos relations avec les entreprises ? Nous comptons neuf chaires d’entreprises Comme toutes les autres écoles d’ingénieurs, la relation au monde de l’entreprise est dans nos gènes. Télécom ParisTech a été conçue pour fournir les cadres et les managers dont les entreprises avaient besoin. C’est pourquoi nous avons de nombreuses modalités d’interaction avec les entreprises, en enseignement comme en recherche. Parmi celles-ci, nous comptons neuf chaires d’entreprises aujourd’hui - dont certaines en collaboration avec d’autres grandes écoles -, des laboratoires communs et une fondation qui s’appelle la fondation Télécom. Cette dernière est commune à toutes les écoles de Télécom. Comme le numérique est partout, nous sommes engagés dans une diversification de nos partenariats. Il n’y a aucune entreprise que nous ne pouvons pas légitimement aller voir. Par exemple, les trois chaires que nous avons sur le sujet du big data, ont fait rentrer des sociétés aussi diverses que BNP Paribas, Deloitte, Yves Rocher, PSA, Voyages-SNCF, l’Imprimerie nationale, Safran, Critéo dans nos partenaires… Comment se décompose votre budget ? Quelle est la part de vos fonds propres ? Nous nous attendons à une baisse de 30% de nos revenus issus de la taxe d'apprentissage La recherche contractuelle représente 12 M€, la fondation - ce qui comprend également les chaires - totalise 1 M€ et la formation continue, 2 M€. La taxe d’apprentissage c’est 1,3 M€ (900 000 au titre du barème, 400 000 au titre du quota), mais nous nous attendons à une baisse de 30 % de ces revenus avec la réforme du financement de la formation professionnelle, votée par le Parlement cette année. Au total, tout cela représente 30 % de notre budget. Les recettes des droits et frais d’inscription, plus les dons des diplômés correspondent à 7 % de notre budget. Les 63 % restant, c’est l’Etat. Vous avez récemment augmenté vos frais de scolarité et déclaré que c'était le seul moyen d’assurer la pérenité des écoles… Je ne considère pas qu’il soit forcément plus vertueux d’avoir un système payant qu’un système gratuit, mais il faut que l’Etat ait les moyens de sa politique. Considérant l’endettement de la France, nous n’avions pas d’autre solution que d’augmenter les droits de scolarité. Cela part d’une position pragmatique, je ne suis pas un idéologue. Augmenter de 1000 euros les frais pour les européens, et de 3000 euros pour les non-européens, cela va tout de même nous permettre, en année pleine, d’augmenter notre budget de 500 000 euros. 500 000 euros, cela ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval et produit un vrai effet levier sur notre école. L'augmentation de nos frais de scolarité nous permet d’augmenter notre budget de 500 000 euros en année pleine Je ne suis pas de ceux qui considèrent qu’il faut toujours plus de moyens financiers pour faire toujours plus. Je suis connu pour rechercher d’autres moyens. On peut par exemple améliorer la qualité du recrutement des enseignants-chercheurs. Avec le campus Paris-Saclay, l’Idex nous a permis d’avoir des financements pour faire des choses intéressantes. Et je me suis engagé personnellement dans des actions de recherche de fonds ! Par ailleurs, nous avons engagé dès le début un plan de réduction de dépense pour faire face à l’érosion de la subvention de l’Etat et le budget de fonctionnement de l’école a ainsi été réduit de 30 % sur 4 ans. Néanmoins, l’Etat ne nous a pas laissé d’autre choix que d’augmenter les frais de scolarité. L’augmentation des frais de scolarité couplée avec une vraie politique de croissance des bourses n'est pas antisociale C’est à celui-ci, à présent, de faire des choix politiques pour déterminer comment il souhaite que l’enseignement supérieur soit financé dans les années à venir. C’est un sujet évidemment très sensible. Si l’on dépasse les idéologies, l’augmentation des frais de scolarité couplée avec une vraie politique de croissance des bourses est sociale, et pas antisociale. Parmi nos élèves en grandes écoles, il subsiste une surreprésentation d’enfants de famille aisées. Pour nous, les frais de scolarité ne doivent pas être la réponse « facile » au désengagement de l’Etat, et nous pensons d’ailleurs, en tant qu’établissement public, qu’il y a une limite à l’augmentation que nous pouvons demander. Entretien avec Patrick Duvaut Quelles sont les spécificités de la recherche à Télécom ParisTech ? Télécom ParisTech se veut être le centre de recherche pluridisciplinaire de référence en Europe dans le domaine du numérique. Ses activités couvrent toutes les composantes Stic et SHS de la mutation digitale : circuits électroniques, communications numériques, sécurité, réseaux, informatique, Cloud, Internet des Objets, images, 3D, signal, sciences des données, mais aussi tous les usages, les interactions Homme-Machines, les réseaux sociaux, les nouveaux business modèles, l’innovation, l’entrepreneuriat, les questions sociologiques, éthiques et juridiques de la société numérique. Conference de rentrée Ecole Télécom Paristech - © ManuelleTOUSSAINT/ Image en Marche Notre recherche combine un très haut niveau scientifique, avec une forte prise sur le monde socio-économique. L’impact scientifique de Télécom ParisTech se traduit par de nombreux prix et distinctions prestigieux : deux médailles d’argent CNRS, des prix de l’académie des Sciences, des Google Awards. Nous produisons approximativement 600 publications chaque année dans les revues et congrès d’envergure internationale. Notre reconnaissance dans la résolution de défis sociétaux et industriels nous a permis de monter neuf laboratoires communs, neuf chaires et de réaliser chaque année près de 12 millions de contrat de recherche. Télécom ParisTech dépose une quinzaine de brevets chaque année et héberge un des tout premiers incubateurs nationaux, « ParisTech Entrepreneurs ». 164 enseignants chercheurs et chercheurs permanents « La recherche de l’école s’appuie sur 164 enseignants-chercheurs et chercheurs permanents un nombre élevé, ce qui est une grande force -. Ils se répartissent selon deux familles qui correspondent à nos deux tutelles : 139 enseignants-chercheurs de Télécom ParisTech et 25 chercheurs rattachés au CNRS. Notre combat pendant une décade a été de faire en sorte que toutes nos recherches se fassent au sein d’une UMR (Unité mixte de recherche) CNRS de haut niveau, le LTCI. .. A ces 164 enseignants-chercheurs et chercheurs, s’ajoutent 46 ingénieurs de R & D qui font du support transversal. Ce support peut concerner la maintenance et la mise en œuvre opérationnelle équipements, du développement logiciel, mais aussi de la réalisation et/ou des dépôts de projets. Nous avons un parc de 320 doctorants et diplômons environ 70 docteurs annuellement. » Comment est-elle organisée ? P.D. : Nos enseignants-chercheurs et chercheurs se répartissent dans 17 équipes disciplinaires. Elles sont rattachées à quatre départements d’enseignement et de recherche qui constituent autant de piliers thématiques du numérique. Chaque département compte entre 30 et 50 enseignants-chercheurs / chercheurs. Quatre départements de recherche -Comelec - Communications et électronique -Infres - Informatique et réseaux -SES - Sciences économiques et sociales -TSI - Traitement du signal et des images] Aux quatre départements qui représentent les « silos verticaux d’expertises fondamentales » du Numérique se superposent six axes stratégiques d’établissement transversaux. Il s’agit de thématiques portant un gros potentiel fédérateur d’activités interdisciplinaires en adéquation de surcroît avec des défis sociétaux contemporains. Six axes stratégiques transversaux -Big data : dynamique des données et des connaissances -Confiance numérique : sécurité, sûreté et risques -Très grands réseaux et systèmes -Interaction Réel-Virtuel -Modélisation -Approche inter-disciplinaire de l’innovation Vous avez ouvert une nouvelle chaire sur le sujet du big data l’année dernière. Quelles est l'étendue de vos recherches en la matière ? Nous couvrons les principaux enjeux du big data avec trois chaires de recherche. En partenariat avec Criteo, Safran, PSA, une chaire se focalise sur les aspects mathématiques et statistiques de la science des données. Elle s’intitule « Machine learning for big data » et étudie tout ce qui a trait à l’analyse prédictive. Comment l’analyse des données de millions de personnes peut-elle permettre de prévoir les envies ou les besoins d’un seul individu ? Le public a souvent en tête des applications commerciales, notamment la publicité ciblée. Néanmoins, on en imagine de nombreuses autres. Par exemple, avec le vieillissement de la population, de plus en plus de personnes âgées devront être prises en charge chez-elles, avec un suivi médical qui s’effectuera en partie à distance. La collecte de données permettra d’améliorer cette prise en charge ! Qui garantit la destination et l’usage des données qui s’échappent de nos objets connectés ? La chaire« Big data for market insights », en partenariat avec Télécom École de Management, Deloitte, Voyage-SNCF, Yves Rocher, est de connotation plus informatique et vise à innover dans la gestion et la fouille de données massives, ainsi que développer des solutions pour extraire des connaissances et des « patterns comportementaux ». La chaire « Valeurs et politiques des informations personnelles » avec Télécom École de Management et Télécom SudParis est pilotée par une juriste et a pour partenaires : l’Imprimerie nationale, BNP Paribas, Dassault Systèmes, Deveryware et Orange. Une de ses thématiques de recherche concerne le degré de confiance des utilisateurs des Tic quant à ce que deviennent et comment sont protégées leurs données personnelles. L’idée serait à terme de mettre en place une vraie labellisation. Qui garantit la destination et l’usage des données qui s’échappent de tous nos objets connectés ? C’est un enjeu de taille. Quels développements souhaitez-vous opérer ? Télécom ParisTech a plusieurs ambitions dans le big data. Tout d’abord, nous voulons être le centre de recherche européen pluridisciplinaire de référence dans la science des données. Ensuite, notre objectif est d’être le premier centre de formation spécialisée de data scientists en France. D’où le lancement d’un mastère spécialisé dès septembre 2013, suivi d’un CES, puis d’un Master 2 avec l’X en 2014. On évalue que le marché peut absorber d’ici 2020, 400000 à 500000 data scientists On évalue que le marché peut absorber d’ici 2020, 400 000 à 500 000 data scientists qui sauront créer et mettre en œuvre des méthodes et des logiciels adaptés aux données massives. Sans compter le fait que d’ici là, 10 millions d’emplois auront également besoin d’être sensibilisés à la science des données à hauteur de 10 à 20 % de leurs compétences. Ainsi, le mastère spécialisé mis en place l’année dernière apprend aux étudiants à mettre en œuvre de manière opérationnelle des méthodes et des logiciels pour le big data, dans le cadre de projets d’entreprise. Faire en sorte que le big data soit un grand levier d’innovation Une autre de nos ambitions consiste à faire en sorte que le big data soit un grand levier d’innovation, via la constitution d’un portefeuille de propriété intellectuelle, la création de start-up. L’idée ici, vu l’ampleur de la tâche et de la demande, notamment de la part des PME-TPE, est de sceller des alliances stratégiques afin de créer une masse critique autour du « Big Data pour l’Innovation », notamment avec l’Ecole Polytechnique et l’Inria Saclay-Ile de France… Un besoin accru de data scientists - © D.R. Quels moyens financiers ont-ils été dégagés pour la recherche dans le cadre de l’université Paris-Saclay ? Télécom ParisTech a co-créé avec l’Inria "l’Institut de la société numérique". L’Etat a mis 1 milliard d’euros sur la Comue Paris-Saclay. Cet argent est placé et les intérêts rapportent 32 millions d’euros chaque année que la FCS utilise dans le cadre de la recherche concertée entre les établissements. 16 millions d’euros vont au Labex, Equipex, et les 16 autres millions sont affectés sur la base d’appels à propositions ciblés sur certaines thématiques. A cet égard, Télécom ParisTech a co-créé avec l’Inria « L’Institut de la société numérique », pour lequel nous avons obtenu 2 millions d’euros en 2013. Il nous appartiendra de renouveler les moyens financiers par la suite, notamment auprès des industriels. Au niveau de Paris-Saclay, Télécom ParisTech est rattaché à trois écoles doctorales : l’école des Stic (1 000 doctorants), celle des Sciences économiques et sociales (1 000 doctorants), et celle des mathématiques. Et Télécom ParisTech est notamment en charge de construire la stratégie de l’Université Paris-Saclay sur les Stic, en examinant bien sûr les axes de travail des autres établissements. En définitive, ce sont 6 000 doctorants qui participeront pour 50 000 étudiants à ce futur campus Paris-Saclay. Ce qui aboutit à un ratio distinctif de 12 % (plutôt 5 % dans les autres Comue). A l’échelle mondiale, les meilleures universités (MIT, Stanford, Cambridge) sont à 20 % !