Un monde futur
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Un monde futur
Le Lien # 0 1 NOUVELLE FORMULE FÉVRIER 2016 P U B L I C A T I O N D E L’ A S S O C I A T I O N D E S A L U M N I V I O L E T- E E M I - E I G S I - E I G S I C A Actualités | Vie de l’asso | Dossier spécial | Ils portent haut nos couleurs | Agenda Le Réseau s’active Les promos se réunissent Tous à La Rochelle Afterworks, Conférences, Journées Réseau Et nous racontent le 19 mars pour la Convention - Journée UltraViolet Un monde futur... DOSSIER SPÉCIAL L’INGÉNIEUR DE DEMAIN DEVRAIT-IL ÊTRE UN HUMAIN AUGMENTÉ ? P.08 À la une ! Mission Rosetta : Une eigsienne dans les étoiles P.12 Le Lien | #01 | FÉVRIER 2016 • 03 02 • ÉDITO | SOMMAIRE ACTUALITÉS de l’EIGSI SOMMAIRE 03 DOSSIER spécial ILS PORTENT haut nos couleurs VIE de l’association 04 TOUS À La Rochelle ACTUALITÉS de l’EIGSI RENTRÉE 2015 : EFFECTIFS EN HAUSSE Avec le campus de Casablanca l’effectif total du groupe EIGSI dépasse les L’EIGSI poursuit sa croissance et accueille désormais 1020 étudiants sur ses deux campus (La Rochelle – Casablanca) et rejoint ainsi le club restreint des écoles d’ingénieurs comptant plus de 1 000 étudiants. 1000 étudiants 12 08 ÉDITO 16 Du nouveau ! FORMATION PAR APPRENTISSAGE La 1 promotion d’ingénieurs EIGSI ayant suivi la formation par apprentissage a été diplômée le 12 décembre. # Fierté ! L’EIGSI proposera 40 places à la rentrée prochaine. La recherche d’une entreprise s’effectue sur la période de mai à juillet 2016. Si vous souhaitez plus d’informations sur le recrutement d’un apprenti, contactez l’école : [email protected] ère COLLECTE TAXE D’APPRENTISSAGE 2016 CHÈRE AMIE, CHER AMI, Avec pour objectif de mieux prendre en compte les changements importants de notre environnement, notre publication LE LIEN change de format. Avec cette nouvelle formule, nous souhaitons vous informer des évolutions liées à la vie des alumni, c’est-à-dire des diplômés, mais aussi des élèves. Depuis plusieurs générations notre Association nous rassemble que nous soyons EEMI, EIGSI ou EIGSICA. Pour être plus proche de l’ÉVÈNEMENT EIGSIEN, l’association est maintenant localisée dans les bâtiments de l’École à LA ROCHELLE. Nous serons de ce fait plus réactifs aux changements sociétaux et cela devrait contribuer à abaisser l’âge moyen des cotisants. J’ai donc demandé à notre Conseil d’Administration d’intégrer un plus grand nombre d’élèves afin de renforcer nos moyens, et d’autre part de se donner les possibilités d’une assistance pour répondre aux accidents de la vie de nos adhérents. En tant que Président je veille à respecter nos équilibres budgétaires en lançant de nouvelles actions pour assurer notre pérennité. Nous espérons vous voir nombreux réunis lors de nos événements du Réseau, en commençant par le 19 mars à La Rochelle pour la deuxième édition de notre Convention annuelle. La collecte est en cours ! Soutenez l’EIGSI au sein de vos entreprises. Les modalités de versement de la taxe d’apprentissage sont disponibles sur le site internet de l’école, rubrique entreprise. On compte sur vous. Responsable de la publication : D. LUCCIONI (70) • Comité de rédaction : JP. BLUZE (74) - JC. MARELLI (66) A. QUIQUEREZ (59) - JL. RAUD (70) - R. RIVIÈRE (93) - JP. SAMIER (98) • Conception réalisation : lapetiteboite.eu • Crédits photos : EIGSI - Fotolia.com Le MS accueille ses premiers étudiants. Cette formation, labellisée par la Conférence des Grandes Écoles (CGE) vise à former des experts en études économiques et budgétaires de gros projets de construction à l’international, spécialistes de l’intégration des nouvelles technologies en BTP. Co-conçu en partenariat avec le CESI, le MS sera dès la prochaine rentrée accessible sur les deux campus de l’EIGSI : France et Maroc. Si vous souhaitez-en savoir plus, rendez-vous sur le site internet de l’école rubrique admissions et posez vos questions à [email protected] RÉSIDENCE ÉTUDIANTE EIGSI Après 14 mois de chantier, l’EIGSI a inauguré sa propre résidence étudiante en présence notamment de Messieurs Gérard LARCHER, Président du Sénat, Dominique BUSSEREAU, Président du Conseil départemental de Charente-Maritime, Claude BELOT, Président du Conseil d’Administration de l’EIGSI. 150 logements ont été livrés dès le 01/09/15 aux étudiants EIGSI devenus d’heureux locataires à 50m de l’école. La résidence s’inscrit dans la volonté de l’EIGSI de poursuivre sa politique d’ouverture sociale et de développement international. L’EIGSI La Rochelle accueille des étudiants originaires de toute la France et de 20 pays différents. Daniel LUCCIONI (70), Président COMITÉ DE RÉDACTION | CONTRIBUTEURS 1ÈRE RENTRÉE POUR LE MASTÈRE SPÉCIALISÉ « INGÉNIERIE, ÉCONOMIE ET NOUVELLES TECHNOLOGIES POUR LA CONSTRUCTION À L’INTERNATIONAL » Plus de renseignements sur eigsi.fr L’EIGSI DANS LE TOP 10 DES ÉCOLES D’INGÉNIEURS FRANÇAISES ! Une belle reconnaissance pour l’école d’ingénieurs de La Rochelle qui axe sa stratégie de développement autour de 5 critères fondamentaux : • • • • l’excellence académique l’accès à de nombreux double-diplômes l’ouverture à l’international l’employabilité de ses diplômés et la proximité avec les entreprises Sur ce dernier point, l’EIGSI tisse des liens étroits avec les entreprises depuis de nombreuses années. Ces liens sont multiformes et se traduisent concrètement : gouvernance issue du monde industriel, développement de chaires avec des grands groupes (VINCI ÉNERGIES, ERDF, ALTRAN, STELIA AIRBUS), fort taux d’intervenants d’entreprises (70% des enseignements de dominantes sont dispensés par des professionnels), plus de 300 heures de projets durant la formation. Le Lien | #01 | FÉVRIER 2016 • 05 04 • VIE DE L’ASSOCIATION - REVUE DES ACTIONS DE L’ANNÉE 2015 VIE DE L’ASSOCIATION UN CONSEIL D’ADMINISTRATION INTERPROMOTIONNEL ! UNE COTISATION UNIQUE POUR LA VIE Constitution du Conseil d’Administration pour l’exercice 2015-2016 (Nom, Promotion, Poste) Le Conseil a également validé le nouveau mode d’adhésion à l’Association. MEMBRES DU BUREAU Daniel LUCCIONI - 1970 - Président • Valérie FARRÉ 1993 - Premier Vice-Président • Christian DE PUYMALY - 2002 - Deuxième Vice-Président • Jean-Paul BLUZE 1974 - Secrétaire Général • Florence FORTIN-CLAVIER 2002 Secrétaire Général - Trésorier Adjoint • Jean-Louis RAUD - 1970 – Trésorier ADMINISTRATEURS Nicolas BARDIN - 1995 • Christian BOUSSEAU - 1965 • Renaud COURRIER – 2002 • Raphaël GOULLET DE RUGY 2002 • Xavier JOLY - 2002 • Gérard MABILLE DU CHESNE - 1970 • Philippe MOREAU - 2002 • Jean-Loup OLIVIER - 1974 • Antoine POUEY - 2006 • Michel PRIEUR - 1968 • Rémi RIVIÈRE - 1993 • Marc VEYRES - 1975 D’un système de cotisations annuelles, nous sommes passés à une cotisation à vie. Les étudiants peuvent désormais adhérer dès la première année. Les tarifs votés en Assemblée Générale sont les suivants : EEMI 120 € EIGSI promotions 1993 à 2017 240 € EIGSI promotions 2018 et suivantes JOURNÉE RÉSEAU À NANTES, OCTOBRE 2015 Visite des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, en famille, et soirée nantaise sur les quais de la Loire... 360 € Pour les différentes modalités de paiement, contactez l’Association. Prenez Date ! La prochaine Assemblée Générale se tiendra le 19 mars 2016 lors de la Convention Violet, dans les locaux de l’EIGSI, à La Rochelle. Nous comptons sur votre présence et votre participation. Si vous souhaitez devenir membre du Conseil d’Administration, vos candidatures sont à envoyer avant le 19 février à l’attention du Président, M. Luccioni. Le Réseau s’active NOUS CONTACTER Le siège de l’Association se trouve dans les locaux de l’EIGSI à La Rochelle depuis 2014. Nos bureaux sont accessibles à tous, une permanence y est assurée par Jean-Philippe SAMIER (1998) qui joue le rôle d’animateur du réseau. Association des Ingénieurs VIOLET-EEMI-EIGSI-EIGSICA 26 rue Vaux de Foletier - 17000 La Rochelle - 05 46 45 80 23 [email protected] | www.eigsi-violet.org AlumniVioletEIGSI Alumni Violet - EEMI - EIGSI - EIGSICA ILS NOUS ONT QUITTÉS Des membres de notre famille nous ont récemment quittés • • • • • • • • • • • • • Michel ALBIN (68) Alain BARLUET de BEAUCHESNE (66) Jacky BEAUPOIL (62) Marcel BEGUINOT (66) André BERNARD (49) Jean-Louis CHARRIER (94) Francis DUBOIS (59) Guy DUPORT(44) Nicolas FERBOS (06) Paul KEROMNES (58) Gérard MARTEL (53) Nicolas SOUDEE (94) Robert STIENNE (53) Nous adressons nos sincères condoléances à leurs proches. CARNET ROSE Des (peut-être) futurs ingénieurs nous ont rejoints • Soline Clavier le 14 mai 2015 • Ernest Zubowicz le 13 octobre 2015 Bravo à leur parents ! Faites-nous part des naissances et mariages, nous les annoncerons à la famille. Contactez l’Association. AFTERWORKS, MARCHÉ DE NOËL, SOIRÉE BOUILLABAISSE... à Paris, Bordeaux, Nantes, La Rochelle, Hambourg, Toulouse, Genève… 06 • VIE DE L’ASSOCIATION Le Lien | #01 | FÉVRIER 2016 • 07 Les promos se réunissent... LES 59 DANS LES CÉVENNES LA PROMO 59 SE BALLADE POUR SES 55 ET SES 56 ANS LA PROMO 1965 FÊTE SES 50 ANS À SAINT-PETERSBURG NOUVEAU DÉPLACEMENT DE LA 66 AU « BOUT DU MONDE » À SAVOIR LE DÉPARTEMENT DU FINISTÈRE > Réunion du 04/04/2014 Nous étions 23 participants : Anglade Etienne et Mme, Bagarry Guy et Mme, Batifois Yves, Bondil Albert et Mme, Clessienne Alain, Gleizes Brigitte, Houver Michel et Mme, Hubert Bernard et Mme, Laroche Gilles et Mme, Martin Alain et Mme, Mary Michel et Mme, Moisan Jean-Marie et Mme, Valat Jean-Claude et Mme et c’est avec grand plaisir et joie que nous nous sommes retrouvés pour fêter nos 50 ans de l’obtention de notre diplôme. Pour la 35e année consécutive, la 66 a encore sillonné les routes de France en se donnant rendezvous à la gare de Quimper en ce 2 juin 2015 pour un périple de 4 jours dans le Finistère. (Ce n’est pas une erreur : c’était il y a un an et demi) On était 17 VIOLET et 3 épouses pour les 55 ans de notre diplôme. C’est mieux qu’en 2009 où, à La Rochelle, nous étions 7 pour nos 50 ans... Merci à Michel BARTH pour tout le travail de rassemblement qu’il a effectué. Et patati et patata, nous avons parlé de l’École, des prof., des copains et de nos anciens jobs aussi... Après un déjeuner à Saint-Germain-des-Prés, nous sommes allés (à pieds pour 7 d’entre nous...) à notre ancienne École avenue Emile Zola où l’ÉCOLE ACTIVE BILINGUE nous a chaleureusement reçu. Un bâtiment neuf surplombe le bureau de TOTO, notre cher portier, un merveilleux amphi. sous-terrain de 500 places sous la cour des prépa. du coté de l’Avenue Emile Zola, des panneaux et un terrain de basket couvert remplacent les étaux de l’atelier d’ajustage... Puis un « pot » dans l’ancien labo. des machines tournantes. Mais le drame, c’était le lendemain avec le décès brutal de notre ami Roger PASQUINI qui était venu spécialement de Lorraine pour passer la journée avec nous... (voila le pourquoi de la publication très tardive de ce compterendu...). L’hommage des fleurs de ses copains fût remarquable ! Adieu Roger ! Réunion du 11 au 14/05/2015 En préparant ce 56e anniversaire de notre diplôme, on a été jusqu’à 15 intentions de participer... Puis d’épaule cassée en réunions de famille, de gripettes en importants rallyes-à-ne-pas-manquer-sous-peined’excommunication... on s’est retrouvés à 4 VIOLET et 2 épouses dans une très grande et chaleureuse maison d’hôtes près d’Alès dans les Cévennes. C’étaient : Claude BUZER, Armand PISSART-GIBOLLET, André QUIQUEREZ et son épouse, Georges VETU et la visite de Danièle DUBOIS le 1er soir. Merci à Claude BUZER pour tout le travail de préparation qu’il a effectué. Visites du château de Portes, de la grotte de Balaruc, de l’ouverture (très bruyante) de la Féria d’Alès... Nous sommes convenus qu’à présent il convient de se rencontrer tous les ans, même à 3... ■ Texte d’André Quiquerez Nous avons décidé de faire quelque chose qui marque. Pour cela nous avons programmé un voyage en Russie du 3 au 14 septembre avec une visite de Saint-Pétersbourg puis pour rejoindre la capitale une croisière de plusieurs jours sur un bateau qui empruntera la Neva, les lacs Ladoga et Onega, le canal qui relie la Volga à la Baltique et pour finir la Moskova puis nous sommes arrivés à Moscou. Nous avons tous encore dans notre tête la beauté de Saint-Pétersbourg, avec l’Ermitage entre autre, et ses châteaux puis la croisière qui nous a permis de voir le pays pour finir par Moscou, son Kremlin et le dernier soir l’opéra Boris Godounov au Bolchoï. Il serait trop long pour tout décrire sur la vie des Russes mais ce qui frappe le plus, c’est la vitesse à laquelle le pays évolue dans une société de marché. ■ Texte de Michel Houver Jour 1 À cette même gare les 26 participants faisaient connaissance avec leur guide « Nathalie », qui était venue de Moscou spécialement pour l’occasion (seul le prénom est vrai) et de leur chauffeur « Corentin », capable de faire passer son car dans le chas d’une aiguille. Pour le premier jour, la Bretagne nous accueillit sous un petit crachin du pays, ceci afin de concrétiser le dicton qu’en une journée la Bretagne est capable de vous faire connaître les climats des quatre saisons. Bref après un déjeuner typiquement breton à base de galettes, crêpes et bolées de cidre, nous découvrons la cathédrale, la ville au travers d’une balade en petit train, suivie d’une autre promenade, mais cette fois à pieds, pour faire connaissance des vieilles pierres et des boutiques du chef lieu du département. Après avoir pris possession de nos chambres d’hôtel, petit briefing sur l’école par Jean-Paul Bluze (secrétaire général de l’association) : qualité de son recrutement, de son classement parmi les écoles d’ingénieurs, des nouvelles exigences pour obtenir le parchemin, de la vie de l’association des anciens, et d’autres détails propres à la vie de l‘EIGSI… Jour 2 Visite de l’arsenal de Brest en compagnie d’une guide affectée à cette tâche. De nombreuses explications sur : l’histoire de la ville, son arsenal, la base sous-marine qui abrita les fameux U-Boote de sinistre mémoire, les bâtiments à quai, les sous-marins nucléaires stationnés à l’Île Longue, les effectifs de la base, les destructions occasionnées par les bombardements qui détruisirent la ville à 85% et un tas d’autres précisions…. Pour l’après-midi, embarquement sur une vedette pour une petite croisière au pays des Abers sur une mer calme et sous un soleil qui ne nous quittera plus durant tout notre séjour. Remontée dans le car et visite quelques dizaines de km plus loin d’une écloserie d’ormeaux, bizarres gastéropodes se nourrissant exclusivement d’algues, mais, foi de gourmet, dont la chair est succulente Jour 3 Pour nous mettre en forme, arrêt dans une biscuiterie artisanale où chacun put faire ses provisions de bouche, puis l’un des clous de notre déplacement la « Pointe du Raz » , par un vent quasi nul, une visibilité parfaite sur l’île de Sein, les phares environnants, la baie des Trépassés, la statue de la Vierge protégeant les marins, les boutiques du coin vendant force cartes postales, phares en plâtre, babioles à touristes,.. Pour l’aprèsmidi visite du phare d’Eckmühl et de son petit musée affecté au secours maritime, enfin pour la fin de la journée la ville du Guilvinec, surtout son port, où durant deux heures nous avons pu assister: à l’arrivée des bateaux de pêche, au débarquement du poisson, à la vente à la criée, et entendre les explications d’un nouveau guide sur : la (dure) vie des marins, les conditions économiques de la chaîne de distribution, le développement des poissons et des crustacés… et pour conclure une dégustation de langoustines… chacune et chacun d’entre nous faisant la remarque que lorsque, dorénavant, nous achèterons du poisson ce sera avec un œil différent. Jour 4 Visite au pas de course de Concarneau et de sa ville close, histoire de la ville, de ses portes, de ses commerces, quelques anecdotes locales, et dernière étape la ville de Pont-Aven, déambulation de la meute au milieu des galeries, sur le bord de l’Aven et de ses moulins à eau, de ses ruelles et de ses vieilles pierres où logèrent nombre d’artistes. Épuisés nous trouvâmes refuge dans un restaurant où Paul Gauguin posa son sac et où il créa son école avant de partir vers des îles plus chaudes habitées par de splendides créatures. Avant de nous quitter, remerciements appuyés à notre guide, à notre chauffeur, à la bonne humeur qui nous accompagna durant tout notre séjour, embrassades multiples et RdV 2016, pour nos cinquante années de sortie, à Vienne et Budapest au travers d’une croisière sur le Danube. ■ Texte de Pierre Dellis Le Lien | #01 | FÉVRIER 2016 • 09 08 • DOSSIER SPÉCIAL « UN MONDE FUTUR » DOSSIER SPÉCIAL IL ETAIT UNE FOIS L’ENTREPRISE Il n’y a pas si longtemps dans les années 60 je venais après l’École Violet d’être diplômé en Organisation Scientifique du travail. Ce concept mis en place aux USA chez Ford au XIXe siècle suivant les méthodes de Taylor consistait à décomposer le travail en tâches élémentaires pour optimiser la productivité de la main d’œuvre qui devenait elle-même auxiliaire d’une chaîne de production. Une structure dédiée à la planification organisait l’ensemble des ateliers avec des temps de production permettant de prévoir en amont les ressources nécessaires et en aval les charges de travail précises. Dans les années 70, nous avons transposé ce modèle dans les banques. La création d’un fichier client centralisé rationnalise le traitement administratif en agence pour lui laisser une unique vocation commerciale. C’est au Siège que sont créées de véritables usines de production pour les chèques, les effets, les crédits, les cartes pour transférer à l’informatique des informations encodées. Le numérique en était ainsi à ses débuts. Nous passons alors aux années 80 pour expérimenter avec France Telecom le minitel terminal client connecté par une ligne téléphonique à différents serveurs de services comme l’annuaire électronique, la billetterie SNCF et le compte bancaire sans oublier la véritable curiosité appelée minitel rose. L’informatique arrive donc chez le consommateur qui devient lui même opérateur. L’internet s’esquissait déjà. Peu après en 84 j’étais au tour de table de la création du Groupement des Cartes Bancaires. La France devenait le précurseur de la généralisation de la carte à microprocesseur. Ce petit circuit intégré mis en inclusion sur les cartes et composé de plusieurs compartiments de données numériques sécurisées communiquait avec un terminal équipé d’un lecteur. Cela s’appelle aujourd’hui un objet connecté. Il est possible maintenant de dire que la France a été le laboratoire de la transformation numérique des années 90. LES NOUVELLES COMPOSANTES DE LA RESTRUCTURATION DE NOTRE SOCIÉTÉ Le XXe siècle s’est terminé sous la domination de l’internet. 4 sociétés nées dans des garages californiens grâce à de jeunes génies du business deviennent de véritables puissances mondiales dont les actifs représentent la valeur du PIB de la France, imposent leurs normes et étendent leur hégémonie sur le monde. Surnommés les GAFA Google, Apple, Facebook, Amazon (avec paypal) ont changé les comportements sociaux en moins de 10 ans et contribuent avec quelques nouvelles start up à recomposer complètement le paysage social de notre société. La domination technologique des Big four est telle que 50% de la vie numérique passe par ces acteurs américains. Aujourd’hui les NATU (Netflix, Airbnn, Tesla, Uber) viennent déjà challenger les GAFA. Uber symbolise cette transformation sociale vers l’entreprise collaborative. Les adhérents utilisateurs et chauffeurs sont mis en contact pour une prestation de transport grâce à une application mobile. Le conducteur travaille pour son propre compte avec sa voiture personnelle. Les taxis traditionnels sont directement attaqués sur leur marché par cette nouvelle approche du transport. Le terme Uberisation devient un terme qui signifie se faire larguer par manque d’adaptation aux évolutions technologiques et par manque d’anticipation aux phénomènes sociaux. Le monde du travail dispose de peu de temps pour s’adapter sous peine de voir des entreprises disparaître rapidement indépendamment de leur poids ou de leur part de marché. 2 exemples illustrent ce propos : Kodak n’a pas géré le passage de l’argentique au numérique et Nokia n’a pas anticipé les services accompagnant les Smartphones comme Apple ou Samsung. Aujourd’hui le modèle économique de type Uber attaque non seulement les taxis mais de grands groupes traditionnels. La SNCF est concurrencée par Blablacar et son service de covoiturage Un monde futur... (60 0000 voyageurs par mois) ou par Google et la vente de billets par son moteur de recherche. L’hôtellerie est menacée par Airbnb qui propose des logements de particuliers à 30 millions de voyageurs dans 190 pays. Et le système de réservation Booking.com. La location de voitures est entrée en pleine effervescence devant le succès de Drivy lancé en 2010 qui compte 50 0000 membres. L’INGÉNIEUR DE DEMAIN DEVRAIT-IL ÊTRE UN HUMAIN AUGMENTÉ ? La valeur morale ne peut être remplacée par la valeur intelligence et j’ajouterai Dieu merci. Albert EINSTEIN Depuis la loi de Moore ou plutôt ses conjectures, la capacité des semiconducteurs double tous les ans en restant au même prix. De même la puissance, la capacité et la vitesse doublent tous les 18 mois. Les conséquences de ces performances nous ont fait entrer dans l’ère du numérique. A la transformation sociale et aux réseaux sociaux, il faut ajouter la mobilité des utilisateurs qui peuvent accéder à partir de PC, tablettes, smarphones à des services clients de partout et à n’importe quel moment suivant l’expression tout, toujours, partout. Ces accès génèrent un flot de données qui sont analysées pour connaître les comportements et anticiper sur les besoins clients. Ce qui se résume sous le terme Big Data. Des énormes fermes de serveurs informatiques stockent toutes ces informations sous le nom de Cloud. On peut résumer la transformation digitale sous l’acronyme SMAC : Social, Mobile, Analytic, Cloud... APRÈS LE MOBILE, LA 2E VAGUE TECHNOLOGIQUE L’internet des objets : l’objet connecté est entré dans notre vie ; il vient compléter la 1ère vague de connexion du Smartphone et ses applications photos, météo, plan, santé wallet, ou Apple Watch. Pour cela il aura fallu modifier en 2010 le système d’adressage IPV4 en IPV6 afin de disposer d’un nombre d’adresses IP illimitées. L’objet connecté commence à rendre la voiture intelligente. Une compétition est engagée entre les constructeurs industriels et les nouveaux entrants de l’internet pour les soft de commande des fonctions de conduite : ouverture des portes, contact, connexion GPS, diagnostic motorisation, maintenance. La promesse client est de passer d’une conduite assistée avec des écrans tactiles à l’émergence de véhicules autonomes. En ce cas la voiture ne serait plus une carrosserie signe extérieur de statut avec ses performances pour le plaisir de la conduite mais un simple objet « datamobile » de commodité pour se déplacer. Le domaine de la santé avec l’avènement de la silver économie, celle du 3ème âge devient le segment de l’internet des objets le plus prometteur. Déjà en inclusion dans les Smartphones un ensemble de données de santé sont sous surveillance : sommeil, nutrition, forme physique. De nombreux objets connectés tiennent l’historique du poids ou de la tension. Le cerveau, le cœur, les yeux, les pieds sont évalués et connectés. Ce sont des compteurs auxiliaires de santé aussi bien pour le diagnostic que pour corriger des défaillances. Il est à noter que le textile intégrera dans ses fibres différents capteurs. Entre 20 et 50 milliards d’objets pourraient être connectés d’ici à 2020. Le Lien | #01 | FÉVRIER 2016 • 11 10 • DOSSIER SPÉCIAL « UN MONDE FUTUR » Certains pourront communiquer directement entre eux suivant de nouveaux protocoles de communication mis au point par la Société Qualcomm déjà opérationnelle pour la domotique. D’autres passeront par des réseaux bas débit et peu chers mais qui nécessitent d’être maillés par un réseau d’antennes. Par exemple il en faut 1500 en France pour Sigfox. Autant d’informations très intéressantes pour les Assureurs pour ajuster leurs contrats de prévoyance. La numérisation permet de traiter des volumes importants de données qui sont indispensables pour le séquençage ADN d’une tumeur. Par la suite la technologie permettra de pallier les défaillances du corps pour nous faire entrer dans l’ère de l’homme augmenté. Une nouvelle lame de fond se prépare dans différents laboratoires californiens. Ces avancées nous entraînent vers le concept de l’intelligence artificielle. Nicolas NEGROPONTE du Massachusetts Institute va encore plus loin, il prédit que l’on pourra en avalant une pilule mémoriser tout Shakespeare. Ray KURZWEIL Directeur de recherche chez Google mène des travaux sur un « néocortex artificiel » qui d’ici une trentaine d’années se brancherait sur nos synapses eux mêmes directement connectés sur le WEB . Le cerveau devenant lui-même objet connecté. Dans le livre Sapiens, l’auteur en arrive à imaginer une nouvelle espèce humaine où les cerveaux communiqueront entre eux sous une forme d’internet cérébral. Si autrefois les robots ont permis d’automatiser des tâches de production industrielle ils deviennent maintenant des assistants de l’homme dans sa vie quotidienne à la maison au bureau ou à l’hôpital. Le robot (du tchèque robota travail et corvée) occupera bientôt une place aussi importante que l’ordinateur personnel. La transformation s’est accélérée par l’arrivée de l’impression 3D. Conçue au départ pour reproduire des objets simples elle évolue rapidement en pouvant imprimer des circuits électroniques complexes avec des encres argentiques 5 000 fois plus conductrices que les actuelles. Ce qui ouvre diverses possibilités de reproduction d’organes humains ou de production à grande échelle de robots intelligents adaptés à différentes fonctions relationnelles ou commerciales et bien sûr d’usines entièrement automatisées. L’application logistique d’Amazon connue sous le nom de Kiva comporte 15 000 robots représentant un investissement de 800 millions de $. Ces robots auront des capacités de mémorisation , de rapidité d’analyse factuelle supérieure à l’homme. Il leur manquera toujours l’intuition et l’émotionnel. Selon Einstein les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune ne pourra en poser un. Un nouvel objet connecté le drone «dérivé de son ancêtre le cerf volant » devient lui aussi un élément d’optimisation de notre monde. Il a montré toute son efficacité dans les conflits militaires pour surveiller ou attaquer. Et il est aussi expérimenté dans de nombreuses applications civiles pour informer, livrer, cartographier, guider. Le secteur bancaire se trouve dans le même engagement de la course à la digitalisation pour son développement commercial et pour la partie back office. De multiples initiatives ont pour principal objectif de simplifier le parcours client avec pour priorité la sécurité de l’authentification à la conservation des données. La signature électronique et les technologies d’identification par la biométrie vont en ce sens. Pourtant les banques françaises sont confrontées à plusieurs défis. Les banques sur internet se sont multipliées surenchérissant sur la gratuité de gestion du compte et les moyens de paiement par cartes. les nouveaux entrants. La baisse des interchanges sur les paiements par carte rend difficile les investissements nécessaires aux nouvelles offres que sont les wallets, le sans contact, le paiement mobile sous forme de HCE (host card émulation) où la carte est dématérialisée et transportée vers le cloud avec un Token (identifiant virtuel). Pour la grande distribution l’important n’est plus le paiement mais la donnée qui accompagne l’acte et permet sa fidélisation. Dans ces conditions le seul moyen d’optimiser les coûts c’est le volume des données à traiter. Le cours de l’action VISA ou Mastercard est corrélé à leur volume de processing. Visa US vient de racheter Visa europe 20 milliards $. De ce fait l’Europe ne dispose plus de système carte indépendant des US et de sa politique. Un embargo décidé outre atlantique s’appliquerait à nos systèmes. L’avenir des usines de traitement pour l’émission et l’acquisition sera vraisemblablement externalisé avec des partenaires industriels comme ATOS/Equens. La numérisation bancaire s’accompagnera de la fermeture de bon nombre d’agences de moins en moins fréquentées par les clients. N’oublions pas qu’il existe depuis 2009 une devise numérique le « bitcoin » utilisée sur les 5 continents à partir d’une plateforme d’échange commune le CoinDesk inventée par Sotochi Nakamato. Cette monnaie virtuelle non régulée s’achète à un cours variable ; en 2013 il était à 113$, il est monté en 2 ans à 1 000$. Le Bitcoin est supporté par une tehnologie disruptive le Blokchain. Les banques collaborent pour le mettre en œuvre afin de diminuer leurs coûts d’échange de leurs transactions. Elles seront échangées en temps réel avec un stockage réparti et distribué sur un réseau décentralisé d’ordinateurs. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre avec des systèmes consensuels de certification distribuée sur le web sans autorité centrale. Dans le livre Sapiens, l’auteur en arrive à imaginer une nouvelle espèce humaine où les cerveaux communiqueront entre eux sous une forme d’internet cérébral. Avec le compte Nickel la banque low cost est accessible dans les bureaux de tabac. Moneygram en partenariat avec Photomaton reconvertit aux USA son self service photo en distributeur de billets pour les transferts d’argent. Les opérateurs téléphoniques équipent les Smartphones d’application de paiement comme le fait apple avec l’applepay sur apple Watch. Bill Gates résume ce propos par la formule : we need banking, but we don’t need banks anymore. Le vrai sujet de la Banque c’est de garder la relation globale avec le client et de ne pas se faire désintermédier par LE CHANGEMENT DEMAIN Tous les ingrédients sont présents pour démontrer que le plein emploi ne pourra jamais revenir. Il faut repenser l’organisation taylorienne des entreprises basée sur une hiérarchie pyramidale. Il nous faut comprendre comment le digital change radicalement le fonctionnement de la société civile. Et pourquoi l’économie de partage restructure notre vision du monde de demain et les nouvelles valeurs induites. Le mode projet a initié les systèmes de partage dans l’entreprise. On a constitué des équipes dont les participants sont devenus des contributeurs au projet avec un changement de taille, grâce à l’informatique répartie tous ont accès au même niveau d’information. Google exploite ses avancées technologiques avec pour base des plateformes logicielles s’appuyant sur des réseaux sociaux formant ainsi un nouveau modèle d’entreprise 2.0. Un management transversal anime des communautés sans hiérarchie reposant sur la compétence, la confiance, la motivation et la reconnaissance. L’utilisateur de Facebook est lui même le producteur. Il n’est plus le propriétaire de ses données, de ses photos, de ses amis. Ce qui se résume dans l’expression "if you are not paying for it you are the product". L’entreprise évolutive vers plus de coopération se trouve à l’inverse du pantouflage, du favoritisme, et de la progression à l’ancienneté apanage des entreprises issues du secteur public de l’après 2e guerre mondiale. Elle amorce un changement dans sa relation avec le salarié. L’emploi fixe et engageant sur une longue durée n’est plus adapté à la demande de flexibilité des équipes projet. La demande en ressources humaines de l’économie numérique correspond davantage à une relation contractuelle avec un travailleur indépendant freelance ou profession libérale définie par un livrable. Ce mode de relation répond mieux aux périodes de crise et chômage mais pose de nouveaux problèmes par rapport à la législation du travail. Les règles comptables de valorisation de l’entreprise à partir de ses actifs techniques, humains, brevets et de propriété intellectuelle devront aussi être adaptées. Dans une économie de partage la consommation repose plus sur l’usage que la propriété. Cette mutation sociale prend en compte les aspirations des nouvelles générations qui recherchent indépendance et liberté. La formation permanente devient indispensable. Aux USA les 800 meilleurs diplômés des Universités ont été formés par des cours en ligne « e-learning ». La transformation se fera lentement mais ne sera pas sans incidence sur la vie politique et ses rentes de situation au gré des élections. L’influence des réseaux sociaux où chacun peut donner son avis par un « like » ou tweeter sur l’actualité nationale nécessitera une adaptation nationale et une plus grande harmonisation internationale. QUI EST QUI ? En tant que Président d’une Société de Certification, « tiers de confiance », je suis très attaché aux notions de sécurité dans l’espace digital. La certification et l’agrément assurent l’utilisateur de la conformité du matériel technique commercialisé. Cependant la faille réside dans l’absence d’une identité numérique unique et reconnue. En fait nous sommes connus par nos comportements d’usage chez les GAFA. Les traces sont laissées dans le cyberespace par nos e-mail, consultations, achats. Nous sommes 3 milliards d’internautes connectés sous une véritable identité sans droit sur nos données et images qui sont exploitées par de puissants algorithmes dans un but commercial ; ou par le principe de l’avatar fausse identité dans un but d’anonymat éventuellement pour commettre des escroqueries. Le pire étant l’usurpation d’identité qui mixe fausse identité sous véritable identité. Il y a donc urgence à combler un vide juridique sur le chemin de la construction de l’humanité numérique. À lire... ■ Texte de Jean-Claude Marelli (66) [email protected] BIBLIOGRAPHIE LES ECHOS : Finances et Marchés Idées et débats ENJEU LES ECHOS LA CROIX : Sciences et Ethique CHALLENGES : Chroniques L’OBS : Cahiers et tendances REFLETS ESSEC ICONOMIE : L’entreprise hyper coopérative WE DEMAIN : La Singularity University Homo Sapiens : Yuval Noah Harari Le Lien | #01 | FÉVRIER 2016 • 13 12 • ILS PORTENT HAUT NOS COULEURS ILS PORTENT HAUT NOS COULEURS Rosetta s’est ainsi rapproché jusqu’à moins d’une dizaine de kilomètres de la surface de sa comète, afin d’en faire une cartographie complète et des mesures détaillées de composition, température, albédo, masse, champ gravitationnel… Il s’agit de la première mission à se satelliser autour d’une comète, qu’elle doit ausculter et observer pendant plus de 18 mois. C’est aussi la première mission à s’éloigner autant du Soleil (5.3 AU, 790.000.000 km) avec pour seule source d’énergie des panneaux solaires et à subir une phase d’hibernation complète antérieure à la phase scientifique principale. C’est également la première mission à utiliser la navigation optique comme mode principal de navigation. Enfin, c’est la première mission à tenter l’atterrissage en douceur d’un petit module de recherche sur un petit corps du système solaire. Corps actif qui plus est. Les scientifiques parlent ainsi d’une révolution dans les connaissances sur l’origine du Système Solaire, les ingénieurs n’ont pas peur de comparer la difficulté de cette mission au programme Apollo de la NASA… Armelle, savais-tu déjà ce dont tu avais envie, professionnellement, lors de ton entrée à l’EIGSI ? En entrant en première année à l’EIGSI en septembre 1998, je n’avais pas encore vraiment d’idée bien définie sur le métier que je voulais faire. Je savais que je voulais une expérience à l’étranger, que je souhaitais faire quelque chose de “différent”, quelque chose qui me passionne, qui m’amuse… restait à trouver ce que ce serait. Depuis toujours, l’espace et les étoiles m’ont attirée. Mais faire ma carrière dans ce secteur ? Cela me paraissait hors de portée. Je me maintenais au courant des différentes missions spatiales des grandes agences, de plus en plus fascinée au fur et à mesure que mes études approfondissaient mes connaissances notamment en physique et en mécanique. Ce n’est pas un hasard si nous avons demandé à Armelle Hubault, eigsienne promo 2003, ingénieur spatial, d’être la première à témoigner de son parcours dans ce LIEN nouveau format : active dans le réseau Violet, engagée pour transmettre sa passion pour les sciences notamment auprès des jeunes générations, et elle porte si haut les couleurs de l’école… En 4ème année, je saisis l’opportunité de passer 3 mois à Darmstadt au sein de la Fachhochschule-DA. Cela me donnait ma première expérience solide à l’étranger, mais surtout ce fut le déclic de ma carrière. C’est déjà le début de ton aventure « Rosetta » ? À Darmstadt se trouve en effet l’ESOC, le centre de contrôle des satellites et sondes spatiales de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). C’est de là que des missions telles ENVISAT, XMM, GAIA, Mars Express ou GIOTTO furent et sont pilotées. Je laissais donc une candidature spontanée à l’ESOC à la veille de mon retour en France, en vue de mon stage 5ème année. J’avoue avoir été surprise et incrédule quelques semaines plus tard lorsqu’un courrier de l’Agence m’informait que ma demande était acceptée ! 13 ans plus tard je travaille toujours à l’ESOC. J’ai rejoint dès la fin de mon stage la Flight Control Team de la mission Rosetta. Cette mission incomparable de l’ESA a pour but d’observer de près et en détails la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, plus simplement surnommée CG ou 67P. Contrairement aux missions cométaires qui avaient été lancées en 1986 pour observer la fameuse comète de Halley, le but de Rosetta était de rester auprès de CG et de l’escorter pendant son passage au périhélie, fournissant ainsi aux scientifiques des données uniques sur la composition et le comportement d’une comète. Ces données quant à elles servent à alimenter les théories sur la construction du Système Solaire et l’apparition de la vie. 10 ans de voyage, 3 assistances gravitationnelles autour de la Terre, une autour de Mars et une hibernation de 30 mois. Peut-on avoir quelques détails techniques sur Rosetta et Philae ? La sonde elle-même consiste en un cube d’environ 2 m de côté, paré de deux immenses panneaux solaires de 16 m chacun. Ils permettent de générer l’énergie nécessaire au satellite, soit environ 650 W pour les systèmes de service et 400 à 500 W pour les instruments scientifiques. À cela s’ajoute l’atterrisseur Philae, qui pèse une centaine de kilo pour la taille approximative d’une machine à laver. Le tout pesait au lancement un généreux 3t, dont la moitié en carburant. Les télécommunications sont assurées principalement par le bais d’une antenne parabolique grand gain de 2 m, en bande X (8500M Hz), et reçues sur Terre par les antennes Deep Space (35 m et 70 m) de l’ESA et de la NASA. De là, les informations sont relayées à l’ESOC en temps réel. À noter que la distance entre Rosetta et la Terre est telle que le signal met entre 15 minutes (été 2015) et 45 minutes (au réveil en Janvier 2014) pour nous parvenir. La sonde est donc capable d’une grande autonomie afin de réagir rapidement en cas d’anomalie. L’intervention de la Terre n’est nécessaire que pour reconfigurer les systèmes une fois l’erreur analysée et solutionnée, ou bien en cas de problème majeur. La température à bord est maintenue à l’aide d’une régulation thermique complexe rassemblant des réchauffeurs commandés par logiciel et des unités radiatives passives, le tout isolant les unités sensibles du froid spatial comme de la chaleur intense du Soleil. La sonde est enveloppée d’une couverture thermique protectrice multicouche qui agit également comme protection contre les impacts de poussières cométaires. Enfin, le satellite est orienté par 4 roues de réaction, et navigué grâce à 24 propulseurs fournissant chacun 10N de poussée (à mettre au regard des 3 t de masse totale de la sonde). Après le réveil de Rosetta de ses 30 mois d’hibernation – durant lesquels tous les systèmes de bord avaient été éteints à l’exception des réchauffeurs et d’un compteur indiquant à l’ordinateur de bord à quel moment se réveiller – l’objectif principal de l’équipe était de recommissionner tous les systèmes de bord et tous les instruments afin d’être prêts pour la manœuvre d’arrivée à la comète. A l’approche de 67P, nous nous sommes satellisé autour d’elle au rythme d’une manœuvre par semaine. Cette activité était extrêmement critique car une manœuvre manquée aurait conduit à passer devant la comète sans pouvoir s’arrêter (similairement au passage près de Pluton réalisé par la NASA l’été dernier). Après 10 ans de voyage, 3 assistances gravitationnelles autour de la Terre, une autour de Mars et une hibernation de 30 mois, cela aurait été pour le moins décourageant… Tout fut donc mis en œuvre pour réussir notre approche. Pour garantir un positionnement parfait de la sonde, tant au niveau spatial que pour l’orientation, nous utilisons les caméras de navigation avec lesquelles nous prenons régulièrement des images de la comète. Pendant la phase d’approche, grâce à la carte fournie par le fond étoilé en arrière-plan, il était donc possible de déterminer la position exacte de l’une en fonction de l’autre. La navigation n’est pas faite en fonction de la position de Rosetta par rapport à la Terre, mais par rapport à la comète. Chaque manœuvre était ainsi définie de manière itérative, ne corrigeant qu’une partie finie de la différence de vélocité entre Rosetta et 67P, et optimisée en fonction de la performance des précédentes. Ceci afin de réduire progressivement l’erreur de navigation de plusieurs m/s à quelques dixièmes de mm/s. Le 6 Août 2014, Rosetta devenait le premier objet artificiel à se satelliser autour d’une comète. En orbite à 100 km de la surface, nous disposions de quelques semaines pour cartographier la comète et en découvrir les principales caractéristiques. Au fur et à mesure que nôtre connaissance de ce corps unique et à la conformation inattendue progressait, nous descendions progressivement jusqu’à quelques dizaines de kilomètres de la surface afin d’obtenir des données d’une précision sans précédent. Là encore, le planning était critique car ces données étaient indispensables pour pouvoir choisir un site d’atterrissage où déposer Philae, suffisamment tôt pour que l’activité réduite de la comète ne mette pas la mission en danger. Là où les missions spatiales classiques disposent de plusieurs mois, voire de plusieurs années pour observer et choisir le meilleur lieu d’atterrissage, nous ne disposions que de quelques semaines. Une fois le site déterminé, il restait à calculer la trajectoire de largage, dont la précision de l’ordre du millimètre par seconde était indispensable pour que Philae – qui ne dispose pas de moyen de propulsion et qui suit donc une trajectoire balistique – se pose correctement. Le Lien | #01 | FÉVRIER 2016 • 15 14 • ILS PORTENT HAUT NOS COULEURS « …la distance entre Rosetta et la Terre est telle, que le signal met entre 15 et 30 minutes pour nous parvenir… » Nous sommes alors à plus de 500 millions de km de la Terre et le signal de Rosetta met environ 28 minutes à nous parvenir. Pour comparaison, si la Terre est une balle de tennis posée dans le forum de l’EIGSI (la Lune serait alors un poischiche 1,5 m plus loin), cela revient à essayer de poser depuis cette balle de tennis un objet de la taille d’une molécule (Philae) sur une tranche de cheveu humain (la comète), situé à 2 km de là en haut de la tour Saint-Nicolas… Malheureusement, après un contact parfaitement centré, Philae n’a pas réussi à s’amarrer au sol de la comète. Aucun des 3 systèmes développés pour fixer l’atterrisseur n’a fonctionné. Les vis à glace n’ont pas pu percer le sol trop dur, les harpons et le propulseur de maintien ne se sont pas déclenchés. Si l’analyse des données de Philae croisées avec les observations de Rosetta ont permis de reconstituer la trajectoire des rebonds de Philae, son nouvel emplacement n’a malheureusement pas permis de réaliser les observations scientifiques optionnelles qui avaient été définies par les équipes scientifiques. Qu’importe, Rosetta et Philae sont d’ores et déjà un succès. Mais les challenges ne s’arrêtent jamais avec Rosetta. A peine la phase critique du largage était-elle terminée que de nouvelles difficultés commençaient. Les startrackers, ces caméras qui permettent à la sonde de s’orienter dans l’espace grâce à la position des étoiles ont commencé à être aveuglés par les poussières s’échappant de 67P. A tel point qu’en mars 2015 l’ordinateur de bord, après avoir détecté une erreur d’orientation particulièrement critique, a choisi de redémarrer complètement le système afin de reprendre à zéro la détermination de la position de Rosetta. Plus de 24 h ont été nécessaires pour récupérer l’attitude de la sonde, le risque de perdre Rosetta n’a jamais été aussi élevé. Ainsi, après s’être approchés à quelques kilomètres à peine de la surface du noyau, ce vrai blizzard cométaire nous força à nous éloigner de plusieurs centaines de Le Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas est, depuis 50 ans, un miroir incontournable de l’innovation technologique. Cet événement a attiré plus 165 000 visiteurs pour l’édition 2016 ! kilomètres, réduisant à néant toute chance de contact avec Philae, qui pourtant nous avait donné un faible signe de vie au début de l’été alors que la distance entre Rosetta et le Lander était déjà très marginale. Depuis le passage au périhélie le 13 Août 2015, l’activité se réduit rapidement et Rosetta peut de nouveau observer le noyau cométaire à moins de 100 km. Philae quant à lui reste silencieux. Y aura-t-il une fin pour ce fabuleux projet ? Dans les mois qui viennent, Rosetta devrait à nouveau pouvoir s’approcher au plus près de la surface afin d’observer les changements qui y ont eu lieu au cours des derniers mois. La trajectoire sera aussi affinée pour obtenir des images haute résolution du lieu de repos de Philae et tenter de nouveaux contacts. Enfin, en Septembre 2016, l’altitude de l’orbiteur sera réduite jusqu’à ce que Rosetta se pose à la surface de 67P. La plus grande aventure spatiale de ce début de siècle s’achèvera alors pour les ingénieurs. Les scientifiques, eux, auront encore besoin de plusieurs dizaines d’années pour analyser les données fournies par les deux sondes. Jérôme PASQUET Co-Fondateur de 10-Vins EIGSI Promo 1997 Je pense que c’est fondamentalement ça le travail de l’ingénieur : donner à d’autres les moyens de faire et de savoir. Merci Armelle et à bientôt dans le Réseau ! ■ Texte d’Armelle HUBAULT Zoom... Qui est 10-Vins ? Une jeune entreprise nantaise née de la collaboration de trois amis unis par une passion commune du vin : Thibaut Jarrousse, Jérôme Pasquet (EIGSI Promo 1997) et Luis Da Silva. La vision un peu folle de ces trois ingénieurs : apporter le concept du vin au verre dans votre salon et vous offrir une nouvelle expérience de dégustation avec pédagogie et simplicité. « 10-Vins : le vin au verre à la maison » Une utilisation simplissime De la machine au flacon, le courant passe grâce à la technologie RFID ! Cette petite puce présente sur les flacons permet d’indiquer à la machine la température et le carafage à apporter au vin sélectionné. Insérez votre flacon, posez votre verre, quand le voyant vert s’arrête de clignoter... 1,2,3 dégustez ! Une aventure «Made in France» Coordonnées 7 rue La tour d’Auvergne 44200 Nantes 02 51 86 10 58 À la une ! Que retiens-tu de cette mission, et de ton parcours de façon général ? Ces années passées à piloter Rosetta m’ont appris mon métier, m’ont démontré que l’esprit d’équipe, l’ouverture d’esprit, la patience et la concentration sont aussi importantes que les compétences techniques. Travailler à l’étranger au sein d’un groupe international et multiculturel a changé ma perspective par rapport aux autres. J’ai appris à comprendre au lieu de simplement écouter. Enfin j’ai le sentiment d’avoir participé activement à une mission attendue depuis presque 30 ans, qui permettra aux scientifiques de résoudre certaines énigmes de la formation du Système Solaire… et d’en créer de nouvelles, encore plus passionnantes. DES SOLUTIONS INNOVANTES D’ÉCLAIRAGE PUBLIC SOLAIRE SPÉCIFIQUEMENT ADAPTÉES AUX ENVIRONNEMENTS CLIMATIQUES CONTRAIGNANTS Créée en 2010, l’entreprise, qui conçoit et fabrique à Blanquefort des lampadaires solaires innovants, en a maintenant installé plus de 5000 dans une vingtaine de pays. Thomas SAMUEL Fondateur de SunnaDesign EIGSI Promo 2005 Son fondateur, Thomas Samuel, alors jeune ingénieur EIGSI, s’était promis d’atteindre son objectif de trouver une solution fiable et durable pour l’éclairage public autonome, mais qui reste accessible à tous, même aux zones rurales des pays en développement. Coordonnées 17 rue du Commandant Charcot 33295 Blanquefort Cedex 05 47 74 86 03 [email protected] « Histoire de voir la vie sous une nouvelle lumière... » GRAND PRIX DE L’INNOVATION VINCI 2015 QU’EST-CE QUE L’ESA ? L’Agence spatiale européenne représente pour l’Europe une porte d’accès à l’espace. Sa mission consiste à façonner les activités de développement des capacités spatiales européennes et à faire en sorte que les citoyens européens continuent à bénéficier des investissements réalisés dans le domaine spatial. L’ESA compte 20 États membres. Son effectif est de 1900 personnes permanentes et son budget annuel est de 3750 M€. 10-VINS A ÉTÉ ÉLUE MEILLEURE STARTUP DE L’ANNÉE AU CES DE LAS VEGAS ! En savoir plus En français > www.esa.int/fre/ESA_in_your_country/France/Rosetta En anglais > www.esa.int/Our_Activities/Space_Science/Rosetta > blogs.esa.int/rosetta Les étudiants de l’EIGSI remportent le grand prix de l’innovation Vinci 2015 devant 126 grandes écoles et universités françaises et étrangères. Ghislain Collinet, Olayemi Chogolou et Amine Daali, eigsiens Promo 2016, avec le Président Directeur Général de Vinci Xavier Huillard. « Un grand bravo à eux. La relève est assurée…» 16 • TOUS À LA ROCHELLE LE 19 MARS POUR LA CONVENTION - JOURNÉE ULTRAVIOLET TOUS À LA ROCHELLE LE 19 MARS AGENDA En 2015, outre les très appréciés afterworks (une quinzaine organisés à La Rochelle, Paris, Bordeaux, Nantes, Toulouse, Hambourg et Genève), la première édition de notre Convention annuelle s’est tenue au mois de mai à l’EIGSI ainsi qu’une Journée Réseau à Nantes avec la visite des Chantiers de l’Atlantique. Des conférences, principalement à destination des étudiants mais accessibles en ligne ont été proposées. Nous tenons à remercier tous les alumni ayant accepté de se prêter à l’exercice : Benoît DUMON (promo 97) En 2016, la liste des lieux des afterworks pourraient s’étendre à Lyon, Lille, Londres et Casablanca. Les conférences seront animées par Armelle HUBAULT (promo 01) Ingénieur pour l’ESA, Laurence LANGRAND (promo 04) Plant Manager CHIMEXL’OREAL, Jean-Claude LAFONTAINE (promo 93) Fondateur d’Innaxys à Londres, et LIONEL PELLOQUIN (promo 93) STA Program Manager chez Land Rover Jaguar en Angleterre. Ne manquez pas non plus l’ « Alumni Violet International GOLF Challenge » du mois de mai. Une Journée Réseau sera organisée à Bordeaux en octobre. Et aussi, notre Convention annuelle : M&A Integration Manager GOOGLE, USA JOURNÉE ULTRAVIOLET 19 MARS 2016 À L’EIGSI LA ROCHELLE Véronique VAIDIE (promo 01) Supply Chain & Quality Operations Manager AIRBUS, Allemagne Alexis OGER (promo 98) EMEA Marketing Executive Director DELL, France Jean-Marie JACQUET (promo 76) Directeur Commercial Grands Comptes EMERSON, France PROGRAMME Christophe BELLONCLE President & CEO EVERCIL, Mexique • 10h00 : Accueil, café, visite de l’école Vincent DESVERONNIERES (promo 98) • 12h30 : Cocktail Software Sales Manager IBM, France • 14h00 : Conférence de Christian MORALES (promo 79, EMEA Global Manager et VP d’INTEL) : « Digitalisation... Numérisation... Objets connectés... Big data... L’innovation transforme et révolutionne tous les secteurs économiques. Quel est, quel sera, le rôle de l’ingénieur dans ce nouvel environnement ? » Nicolas BARDIN (promo 95) Directeur ACCIARIS, France Suivie d’une table ronde avec Alexis OGER (promo 98, Directeur Marketing DELL), Rémi RIVIERE (promo 93, Expert digital) Olivier QUIBEL (promo 01) Président SERIOUS FRAMES, France • 16h00 : Pause • 17h00 : Assemblée Générale de l’Association des ingénieurs VIOLETEEMI-EIGSI Nicolas MIRAIL (promo 98) Entreprise Sales Manager LINKED IN, France • 20h00 : Soirée Dîner Prestige au Bar-Restaurant de l’Aquarium de La Rochelle NOS PARTENAIRES « La publicité de votre entreprise ici » ASSOCIATION DES INGÉNIEURS VIOLET-EEMI-EIGSI Bureau au 1er étage de l’EIGSI 26 rue de Vaux de Foletier 17000 La Rochelle Tél : 05 46 45 80 23 - 01 45 63 46 97 Emails : [email protected] et [email protected] www.eigsi-violet.org AlumniVioletEigsi Alumni Violet - EEMI - EIGSI - EIGSICA Devenez acteur privilégié de votre réseau et profitez d’une visibilité importante sur tous nos médias et lors de toutes nos actions : Magazine Le Lien, Newsletter (bimensuelle), Annuaire (papier et en ligne), Flash Info, Convention annuelle à La Rochelle, Journée Réseau, site internet, FaceBook, LinkedIN Parlez-en au département communication de votre entreprise ! © lapetiteboite.eu - Crédits photos : EIGSI - Skylight - Gilles Delacuvellerie - Xavier Léoty - Martin Charpentier - Document non contractuel • 11h00 : Ateliers/Débats « Digitalisation et...»