Une charrue bien réglée pour un labour de qualité

,
METIER
Travail du sol
Une charrue bien réglée pour un labour de qualité
Bien régler sa charrue est
un préalable indispensable
à l'obtention d'un labour
qui remplir~ ses fonctions
agronomiques, tout en
facilitant la reprise au
printemps et en pèrmettant d'économiser sur le
carburant.
• Qu'est ce qui différencie un bon
labour d'un mauvais labour? Question piège pour un novice, mais pas
pour un expert. Quel que soit le type
de labour, il doit être plat, c'est-à-<:lire
safls raccord apparent. Car un labour
régulier, c'est une reprise au printemps facilitée, que ce soit à la herse
ou vibroculteur. En effet, un labour
irrégulier, ce sont des trous qu'il faudra combler et des bosses qu'il faudra
aplanir pour obtenir un lit de semence
régulier. ecCe qu'il faut éviter, ce sont
les montagnes russes, car elles font
perdre du temps .fors de. la reprise au
printemps>>, indique Patrice Denis,
conseiller agricole à I'Adar de la Plaine
de l'Ill. Alors autant se faciliter la tâche
en misant sur un labour de qualité.
C'est tout l'objectif de la formation
sur le réglage de 'la charrue organisée
mardi 8 décembre par la Chambre
d'agriculture de région Alsace à la
ferme de 1~ Judenmatt à Rouffach.
Une· première née d'un constat:
cc Nous avons pu constater qu'il y é! de
plus en plus dejeunes qui rencontrent
des difficultés â régler leur charrue.
C'est un savoir qui se perd et qui n'est
plus enseigné. Or c'est dommageable
d'un point de vue agronomique et
économique, car il y a des économies
de carburant à réaliser)), constate
Alain Weissenberger, chef du service
filières végétales et agronomie à la
Chambre d'agriculture de région
Alsace. Preuve de l'engouement ·pour
cette formation: elle a rassemblé une
quinzaine d'agriculteurs et quelques
étudiants. cc Et nous avons dû refuser
des inscriptions trop tardives)), note
Alain Weissenberger.
Un labour dressé et plat
à la fois
La formation a débuté par l'observation d'une parcelle labourée la veille
avec une charrue présentant différents défauts de réglage, selon les
allers-retours et, du coup, des défauts
de labour correspondants. Les participants ont bien identifié les défauts
de racc<;>rd . Sur une partie, la largeur
de coupe. du premier corps a été mal
réglée, cc'c'est ce qui eJfplique qu'on
obtient des cubes de terre qui sont
retournés au lieu d'être adossés les
uns aux autres; donc un lapour couché, lissé>>, décrit Patrice Denis. Alors
que ce qui est typiquement recherché, · notamment pour un labour
d'automne, c'est à la fois un labour
dressé ·- pour favoriser le travail du
gel, la circulation de l'air; sans étouffer la matière organique - et plane
pour faciliter la reprise.
Étape 1 : le "tracteur
Alexandre Becker, support .technicocomn'lercial çhez Kuhn, a ensuite
listé les différents points . à régler
pour effectuer un labour de qualité,
à commencer par le tracteur: cc Les
milieux des voies arrière et des voies
avant doivent être alignés et la pression des pneus doit être adaptée.
En effet, une surpression entraîne
Plus les conditions de labour sont difficiles, plus les défauts de réglage se voient.
Quafld le sol s'émiette bien, les défauts sont gommés par la terre fine.
.
un mauvais décrottage et un défaut
d'adhérence puisque le patinage est
favorisé.>> Au niveau du re levage du
tracteur, les chandelles doivent être
à la même longueur à gauche et à
droite. L'attache des chandelles aux
bras de relevage doit se faire cc dans le
trou fixe et pas dans la lumière de la
fixation du bras de relevage. Si on sè
fixe sur le second trou, on gagne en
capacité de relevage. >> Vient ensuite
le réglage du troisième point qui doit
être broché au plus bas côté tracteur
pour avoir un bon comportement de
la charrue: cc Le troisième point doit
fuir vers le pont avant.>>
que cela implique aussi une .charrue
plus longue», note-Alexandre Becker.
Au niveau de la conduite, il s'agit
d'adopter un régime de conduite
ccdans la réserve de couple>> pour
éviter d'augmenter inutilement la
consommation de carburant. Il n'est
d'ailleurs par rare de sentir les zones
tassées lors du labour : le tracteur
saute, prerid en consommation. Pour
éviter de tasser les mêmes zones,
ccc.'est bien ·de pouvoir travailler. en
travers par rapport au chantier précé-
·
Bérengère de Butler
Adapter les réglages au terrain
Au niveau de l'attelage de la charrue, la barre d'accouplement vient à
l'intérieur des mains d'attelage. Puis,
il s'agit de brocher la bielle du troisième point au niveau de la tête de la
charrue. L'agriculteur a le choix entre
différents points d'attelage, avec des
trous oblongs ou des trous fixes. Ces
derniers sont à réserver aux conditions difficiles pour donner de l'adhérence grâce au poids du tracteur. cc Les
trous oblongs sont davantage adaptés
aux conditions vallonnées pour avoif
un bon suivi du terrain>>, poursuit
Alexandre Becker. Les stabilisateurs
doivent être laissés libres, cc car c'est la
charrue qui tient le tracteur, si on les
bloque, on bride l'ensemble>>. Reste
ensuite à brancher l'hydraulique.
1
dent», a pu constater un participant.
Lors de cette formation Alexandre
Becker a livré deux astuces qui per- ,
mettent d'obtenir une bonne base de
réglage : cc Lorsqu'on àccroche la charrue, si on soulève la pointe du premier
corps à environ 3 cm, qu'on vient brocher le troisième point et qu'on ajuste
la longueur, on doit normalement
obtenir un labour correèt. Pour les vis
d'aplomb, en les préréglant à 7 cm, on
ne sera pas trop mal. >>
Alexandre Becker, support techniccxommercial chez Kuhn, a listé les différents
points à régler pour effectuer un labour de qualité. Photos Bérengère de Butler
Parallèle et perpendiculaire à
la fois
Cette première série de réglages
peut être effectuée à la ferme. Mais
les réglages de la charrue elle-même
doivent se faire à la parcelle: ccOn
tire une longueur, on revient dans la
raie et on effectue les réglages, une
fois de chaque côté de la charrue>>,
indique Alexandre Becker. Mais une
fois que ces derniers réglages ont
été effectués, normalement, ce n'est
plus la peine de toucher à la charrue,
d'où l'importance de les soigner lors
de chaque attelage. Premier élément
à régler: la roue, qui dicte la profondeur de labour sur la partie arrière de
la charrue. Il s'agit ensuite de régler
la hauteur de relevage, qui va régler
la profondeur de labour de la partie
avant de la charrue, l'objectif étant
d'avoir la même profondeur de travail
à l'avant at à l'arrière. Le talonnage
permet de faire en sorte que la poutre
de la charrue soit parallèle au sol,
cela se règle grâce à la bielle du troisième point: si on rallonge la bielle,
on pousse la charrue vers l'arrière. Le
réglage de l'aplomb permet de positionner les corps perpendiculairement
au sol. Un réglage qui s'effectue en
jouant sur les vis de réglage d'aplomb.
Reste à régler la largeur de coupe du
premier corps, pour qu'il prenne la ·
même largeur de coupe que les corps
suivants, ecce qui permet d'avoir un ,
labour régulier et plat sur toute la
largeur de la charrue>>. Au niveau du
Les réglages de la charrue permettent de réaliser des économies de carburant.
réglage du premier corps, on peut
rencontrer deux défauts principaux:
sa largeur de travail est inadaptée,
engendrant soit un bourrelet soit un
creux se traduisant par un défaut de
raccord. Ou alors sa profondeur de
travail est trop importante et alors
il pioche beaucoup et remonte de la
terre en surface.
Sur chaumes de maïs: miser
sur un bon dégagement
En ce qui concerne les rasettes,
Alexandre Becker signale qu'il est
possible de les avancer d'un cran pour
les écarter des corps et donc laisser
davantage de place pour les résidus
et éviter les bourrages. En Alsace, où
les labours sur chaumes de maïs sont
fréquents, il est d'ailleurs intéressant
d'avoir un dégagement sous bâti (de
la poutre au sol) et entre les corps (de
pointe à pointe) le plus grand possible, toujours pour éviter les bourrages. cc Mais le dégagement entre les
'
corps ne se règle pas, c'est un choix à · Les participants se sont exercés sur des charrues
Kuhn (vari-master) tirées par
faire ~ l'achat de la charrue, sachant
des tracteurs prêtés par le concessionnaire Haag.