cinema/cinéma - Revues Plurielles
Transcription
cinema/cinéma - Revues Plurielles
CINEMA/CINÉMA “Gens du Salto” de José Vieira Manuel Madeira a saga des “Gens do Salto” dans un coffret qui contient deux disques et un feuillet de quarante-huit pages de texte, se trouve actuellement disponible sur le marché des DVD-vidéo. Edité et distribué par La Huit Production, sa réalisation et sa conception sont de José Vieira. L’œuvre sous-titrée M é m o i res de Portugais qui ont fui vers la France dans les années 60 comporte cinq documents audiovisuels : La photo déchirée - 52mn, Les chants du déserteur - 27mn, Seixas, Paris, Londres - 40mn, L a traversée pour Paris - 13mn, U n aller simple - 13mn, Complices d’évasion - 13mn et Passagers clandestins - 17mn. Le DVD-rom re nf e rme également deux volets contenant : Les archives du Salto, les Portugais à la une. Ces enquêtes de presse de l’époque concernent l’immigration portugaise et Les sans papiers des Trente Glorieuses à travers divers documents (lettres, films, articles) dénonçant ceux qui exploitent L 98 cet exode. Il s’agit d’un matériau énoncé à la première personne du singulier par quelqu’un qui porte les stigmates de cette triste histoire d’hommes en fuite. Le narrateur organise et expose l ’ h i s t o i re de l’émigration et celle de sa famille, ayant comme point réfé- rentiel l’image du père. “Mon père ne m’a jamais parlé de ce voyage et moi, je n’ai aucun souvenir de son départ.” C’est par cet interstice que se glisse la rupture - d é c h irure, l’oubli et la perte des origines. Comme la mémoire de l’homme ne fut, ni ne sera jamais, une page blanche, il faudra un jour qu’il s’engage dans la quête archéologique de son passé occulté pour la re m p l i r. Faute de quoi, il ne pourra se re t ro u v e r. Mais c’est aussi à cette interc e s s i o n que se croisent le destin de l’individu immigré et celui de l’émigration collective comme phénomène social. La sociologie et les statistiques ignorent cela, car les sociétés modernes, qui prônent l’individuation, craignent l e “communautarisme”. Car le s entiment communautaire conforte les citoyens comme f orce organisée d’opposition aux classes dirigeantes. Un homme, une v oix secrète dans les urnes de la pseudo-démocratie, ne fera jamais une grande chorale. L’objectif de ce coff ret vise à établir une passerelle entre les deux s p h è res : l’immigration familiale et i ndividuelle et l’immigration macro sociale. Les documents audiovisuels se fondent sur des déclarations d’un vécu par les t émoins qui évoquent en direct leur l ’ h i st o i re personnelle ainsi que l’histoire collective. Ils commentent certains évènements historiques de leur pays d’origine, c o mme la guerre coloniale, la désertion des jeunes du service milit a i re, la répression politique du régime fasciste ou les conditions déplorables que les pays dits “d’accueil” leur réservèrent, comme l’illustrent les propos du réalisateur : “En décembre 1963, mon père part donc pour la France avec, en poche, une adresse à Champigny-sur-Marne, en région parisienne. En mai de cette année-là, Georges Pompidou, alors P remier ministre du général de Gaulle, confie à l’Assemblée Nationale la possibilité qu’offre l’immigration de “créer une détente sur le marc h é du travail’.” Les textes du feuillet se penchent surtout sur les aspects plus généraux de l’immigration. Ce coff re t présente indéniablement un caractère d’instrument pédagogique pour les enseignants et le personnel éducatif, sans pour autant lui enlever sa vocation grand public l LATITUDES n° 25 - décembre 2005