« Real Politik » et Retour de Vacances

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« Real Politik » et Retour de Vacances
« Real Politik » et Retour de Vacances
L’IDL reprend le collier et pour ne rien cacher au lecteur, les choses ne se sont guère améliorées
pendant cette pause estivale, tant l’Europe et les USA sont gouvernés par des gens dont on ne
sait pas s’ils sont simplement criminels ou totalement incompétents. En particulier nos dirigeants
n’ont aucune idée de ce qui doit diriger la diplomatie, c’est à dire une bonne analyse des rapports
de force,et que les spécialistes appellent la « REAL POLITIK ».
Si mes souvenirs sont exacts, ce terme a été utilisé pour la première fois par ce cher Bismarck. Ce
qu’il voulait dire était simple : une politique étrangère qui n’était pas appuyée sur une analyse
convenable des réalités sous-jacentes et des rapports de force était vouée à l’échec.
Voila une idée qui parait fort juste. Essayons de l’appliquer au conflit qui semble opposer l’Otan à
la Russie. Et ici, je veux préciser un point essentiel. Analyser les forces ou les faiblesses de la
Russie de Poutine ne veut pas dire que l’auteur apprécie ou déteste le Président Russe.Comme ne
cessait de le dire Schumpeter, un esprit scientifique commence par une analyse débarrassée de
ses préjugés personnels pour arriver à comprendre ce qui est faisable, gardant toujours en
mémoire la maxime de Richelieu « ce qui est difficile en Politique, ce n’est pas de choisir entre
une bonne et une mauvaise solution, mais entre deux mauvaises »
Commençons par le début : qu’est que la Russie nous vend ? Réponse de l’énergie.
Existe-t-il une solution de remplacement à ces importations, absolument indispensable à toute
activité économique ? Dans le court terme, non
Qu’est ce que nous vendons à la Russie ?Des biens de consommation, des biens d’investissement
de la nourriture, des services financiers, de l’immobilier sur la cote d’Azur ou à Londres…
Existe-t-il des remplacements à tout cela ? Autant que les Russes en veulent. Voila une
négociation qui s’annonce mal, des le départ.
Continuons sur les sanctions. Que peuvent faire les Européens ou les Américains pour gêner les
Russes ?
Deux choses.
1. Essayer de faire baisser les prix du pétrole en demandant l’aide de l’Arabie
Saoudite (en cours).
2. Essayer de faire monter le dollar pour soulager un peu les Européens (en cours).
Fort bien.
Que peut faire Poutine pour déstabiliser les Etats- Unis et l’Europe ?
Il n’a que l’embarras du choix.
Commençons par le plus évident.
1. Une grande négociation est en cours avec l’Iran sur l’enrichissement nucléaire et la
diplomatie Russe est partie prenante de ces discussions. Rien n’est plus facile pour
Poutine que de faire comprendre aux ayatollahs que dans le fond, il est assez
d’accord avec eux, par exemple en signant un accord sur des centrales nucléaires
avec eux, ce qui a été fait.
Comme de plus les Américains vont avoir besoin de l’aide de l’Iran pour se sortir du bourbier
Irakien, chacun comprend que l’Iran va avoir l’arme atomique. Consternation en Arabie Saoudite
et en Israël, qui va peut être se sentir obligée de frapper les centrifugeuses Iraniennes. Voila qui
ne va pas faire baisser les prix du pétrole ni stabiliser le Moyen-Orient.
2. La Sibérie est un peu la nouvelle frontière de l’exploration pétrolière. Pour l’instant,
des accords ont été passés entre les sociétés Russes et nos grandes entreprises du
style Shell, BP, Exxon etc. Rien n’est plus facile que de dénoncer ces accords et d’en
signer de nouveaux avec des sociétés Chinoises, Brésiliennes ou Japonaises. Voila qui
n’aidera guère à la croissance de l’emploi chez nous.
3. La Russie et les oligarques Russes ont d’immenses dépôts dans la City ou à WallStreet. Retirer ces dépôts pour les mettre à Hong-Kong en dollars de HK est un jeu
d’enfants et le dollar de HK a un taux de change fixe vis-à-vis du dollar US.
L’immobilier à HK va beaucoup monter. Retirer des dépôts n’est pas vraiment ce dont
nos grandes banques ont besoin en ce moment…
4. La Russie est un grand producteur d’or avec la Chine. Vendre des dollars pour
acheter de l’or peut contribuer à une panique financière qui n’arrangerait personne,
sauf la Russie bien sur.
5. La Russie a un vieux contentieux datant de la seconde guerre mondiale avec le
Japon sur les iles Kouriles. Faire comprendre au Japon que la Russie est prête à les
défendre militairement contre la Chine en organisant par exemple des grandes
manoeuvres du cote de Vladivostok (ce qui vient d’être fait) avant d’ouvrir des
négociations sur les Kouriles serait une bonne façon de « détacher » le Japon des
Etats-Unis, ce qui,paradoxalement plairait beaucoup aux Chinois.
6. Poutine est un ancien du KGB, lequel avait de multiples réseaux d’influence un peu
partout et de très anciennes relations avec Cuba, le Venezuela ou l’Argentine, dont le
moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas été très bien traités par les USA depuis
bien longtemps. Rien ne serait plus simple que de signer des accords militaires avec
Cuba par exemple, ce qui aurait un effet remarquable sur la Floride.
7. Ces mêmes réseaux d’influence, particulièrement forts en France pourraient être
réactivés pour créer des troubles sociaux et politiques, en prenant pour cible Israël
par exemple, ce qui ne sera guère difficile compte tenu de l’incompétence
inimaginable de nos classes politiques.
8. Soyons cyniques : Les candidats éventuels à des poses de bombes dans des
métros ou des bus ici ou là ne manquent pas à l’heure actuelle. Organiser une petite
campagne de terrorisme ne fait sans doute pas peur à un homme qui l’a fait dans
son propre pays pour pouvoir intervenir en Tchétchénie.
9. En définitive, je n’ai pas le moindre doute que de nombreux plans de
déstabilisation de l’Europe et de son économie doivent dormir depuis bien longtemps
dans les cartons du KGB. A mon avis, ces cartons doivent être en train de sortir des
archives et dépoussiérés et un certain nombre de vieux réseaux désactivés depuis
longtemps doivent être réactivés en ce moment.
En conclusion:
Revenons au début de ce petit papier et à la Real Politik.Une brève analyse factuelle aurait du
montrer aux responsables Européens et Américains qu’il n’était pas raisonnable d’aller chatouiller
l’ours Russe trop prés de ses frontières historiques.
Cette même analyse aurait montré que si un conflit éclatait c’était l’Europe continentale qui avait
le plus à perdre, et de loin, dans la bagarre
Le risque ultime pour l’Europe est bien sûr que l’Allemagne retourne à ses anciennes habitudes et
ne fasse une alliance avec la Russie, ce qui laisserait la France, la Pologne et les USA dans une
situation impossible. Voila qui nous pend au nez.
Pour ceux qui s’intéressent aux placements, cela veut dire qu’il faut avoir la moitié de son argent
en Asie, l’autre aux USA tant l’Europe est mal partie.

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