24 heures, 05.06.2015 - Tennis Club Stade Lausanne
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24 heures, 05.06.2015 - Tennis Club Stade Lausanne
16 Sports 24 heures | Vendredi 5 juin 2015 Page 14 Reto Ziegler et le FC Sion sont prêts à en découdre avec Bâle KEYSTONE CHANTAL DERVEY Les Européens d’escrime de Montreux débutent aujourd’hui Page 15 Tennis Aventure finie, Timea Bacsinszky est partagée entre la tristesse et la fierté Contre Serena Williams, la Vaudoise a touché du doigt la finale. Avant d’exploser. Cruel! Le bonheur de StadeLausanne Arnaud Cerutti Paris U Affichées çà et là, les coupures de presse des exploits parisiens de Stanislas Wawrinka et de Timea Bacsinszky annoncent la couleur. Au Tennis Club StadeLausanne, à Vidy, on n’est pas peu fiers du parcours de ses deux membres. «Qu’ils se retrouvent tous deux en demifinale de Roland-Garros, c’est extraordinaire!» Jonathan Wawrinka a intégré le club lausannois il y a quatorze ans en même temps que son frère. Il y entraîne désormais la relève. Stanislas Wawrinka y revient quelques fois par année, notamment pour préparer sa saison sur terre battue. Toujours sur le court central, et parfois sous les regards des jeunes joueurs. Timea aussi était là il y a quelques semaines. «Pour les jeunes, c’est l’occasion de voir l’intensité qu’il faut pour évoluer au niveau professionnel.» Les plus forts ont la chance d’endosser le rôle de sparring-partner. Responsable de l’école de tennis, Pierre-André Blondel a entraîné Stan de ses 9 à 13 ans. «A l’époque, il ne sortait vraiment pas du lot. Il est arrivé où il est car il a un talent hors du commun pour le travail. Il n’y a pas un enfant dans le club qui ferait autant aujourd’hui.» Erfan Djahangiri a, lui, coaché Timea Bacsinszky pendant huit ans, de 2004 à 2012. De la seconde carrière fulgurante de la Vaudoise, il dit: «Il faut parfois laisser le temps au temps. Timea a profité de ses expériences passées pour être plus forte.» Il est resté ami avec son ancienne disciple. «La gloire ne lui est pas montée à la tête. Elle est toujours aussi agréable, simple et souriante.» G.S. VL5 Contrôle qualité Franche poignée de main entre Serena Williams et Timea Bacsinszky, qui s’est inclinée après deux heures de lutte. AFP défi monstrueux, une sorte d’Everest planté au cœur de sa formidable saison, elle l’a attaqué pied au plancher (16 coups gagnants dans le 1er set, 4/4 au filet, 75% des points gagnés sur sa 1re balle) avant que les circonstances ne l’ébranlent. Oui, hier, la montagne était encore un peu trop haute pour elle. Même harnachée par cette confiance qui a changé sa vie, il lui a manqué ce soupçon de quelque chose, ce «petit rien» susceptible de la faire basculer du bon côté. Mais quoi, au juste? La lucidité au moment où, break en poche dans la deuxième manche, elle s’est peut-être vue en finale? «Cela aurait pu m’arriver il y a quelques années, mais je n’y ai vraiment pas pensé, indique-t-elle. Je suis retournée m’asseoir en pensant à mes tactiques, car je voulais être prête pour le jeu suivant. C’est tout le mérite de Serena que d’avoir su se relancer à ce moment-là. C’est pourquoi elle est une si grande championne.» Un 20e titre? Une championne qui, bientôt, cédera sa place à une autre génération, dont fait assurément partie la No 1 helvétique, future top 15 WTA. Car oui, c’est certain, Timea – qui a adressé un cœur au public parisien – reviendra un jour pour corriger la fin de l’histoire. Dans l’immédiat, c’est Lucie Safarova – laquelle a battu Ana Ivanovic (7-5, 7-5) – qui cherchera à priver Serena Williams de son 20e titre du Grand Chelem. Pour ce qui est de son étoile sur Hollywood Boulevard, c’est une tout autre affaire. Retrouvez notre dossier complet sur RG2015.24heures.ch Stan Wawrinka jouera contre tout un pays U On connaissait les 30 millions d’amis, Stan Wawrinka va (re)découvrir tout à l’heure les 60 millions d’ennemis. Comme en Coupe Davis il y a sept mois, sa demi-finale contre Jo-Wilfried Tsonga (début à 13 h) l’oppose à tout un peuple, promet étincelles sur le court et concert de sifflets dans ses oreilles. Pour avoir «torpillé» le Manceau dans le sprint vers le Saladier d’argent puis ironisé sur le comportement des Français, le Vaudois se retrouve dans le collimateur d’un pays entier qui n’a d’yeux que pour son «Jo». Ce contexte bouillant décuple la taille du défi qui attend Stan, désireux de se qualifier pour la deuxième finale de Grand Chelem de sa carrière, douze ans après avoir remporté… Roland-Garros juniors. Le TGV de Saint-Barth garde pourtant sa sérénité et la belle assurance qu’il promène depuis le début de la quinzaine. «Jouer Tsonga à Paris, je l’ai déjà fait deux fois (ndlr: une victoire chacun), rappelle-t-il. C’est, il est vrai, un sacré EPA Deux heures de bataille, menée par moments de manière admirable, mais un torrent de larmes pour terminer. Que même l’ovation d’un stade n’a pas suffi à éponger. Hier, Timea Bacsinszky a touché du doigt la finale de Roland-Garros, tutoyé la sensation de l’année. Ne possédait-elle pas, à 18 h 33 horloge de Paris, plus de la moitié de son ticket pour samedi dans la raquette? Depuis l’entame de sa demi-finale contre Serena Williams, la Vaudoise avait tout fait pour s’octroyer la possibilité de prolonger son rêve. Bousculant l’Américaine, elle venait, au quinzième jeu, de lui subtiliser une seconde fois son service pour mener 6-4, 3-2. Plus que jamais se dessinait alors un exploit immense, susceptible de faire naître de nouvelles étoiles dans ses yeux bleus. Hélas, quarante minutes et dix petits jeux plus tard, c’est les iris détrempés de tristesse et de frustration que la No 1 suisse a quitté le court, emportée qu’elle a été par le tennis d’une joueuse qui se veut revenue d’entre les morts (4-6, 6-3, 6-0). On veut bien que Serena Williams soit grippée, on veut bien que la partie ne lui soit pas apparue aussi facile que son quart de finale contre Sara Errani, mais avait-elle besoin de se livrer à une telle démonstration théâtrale durant deux heures? «Elle peut à peine marcher dans l’appartement», répond son coach Patrick Mouratoglou. Soit. Reste que son comportement a eu tout d’un profond manque de respect pour une Timea Bacsinszky contrainte de finir son Roland-Garros en visitant le court en long et en large. Comme si la tactique de déstabilisation avait pleinement fonctionné. Cruel. Oui, cruel, mais pas assez pour faire perdre le fair-play à la Suisse. «Je ne peux pas dire si elle était vraiment mal, elle seule le sait. Mais, théâtral ou pas, tout cela fait partie du jeu. Et, au tennis, celle qui gagne est celle qui marque le dernier point. Peu importe comment.» Deux heures après sa défaite, la Vaudoise vacillait entre les émotions. «Bien sûr que je suis triste d’avoir perdu. Mais je suis fière, aussi, de tout ce que j’ai fait ici. Je suis heureuse d’avoir pu jouer devant tous les gens qui étaient venus ici pour moi…» Ses proches – «si chers à mon cœur», souffle-t-elle –, Timea Bacsinszky les a quittés d’un regard embué. Elle aurait pourtant mérité de leur plonger dans les bras après avoir franchi une marche de plus dans sa superbe quinzaine. Car elle avait beau savoir que, pour une première demi-finale en Grand Chelem, se retrouver face à Serena Williams représentait un A Lille, Wawrinka avait pris le meilleur sur Tsonga en quatre sets. challenge, mais je trouve ça très excitant.» Pas effrayé de devoir faire face à l’hostilité du public, Stan jouit d’une confiance qui est un luxe, tant ce qui se passera dans sa tête comme dans celle de «JWT» pourrait finir tout à l’heure par prendre le dessus sur les considérations technicotactiques. «Et Wawrinka est plus solide mentalement, observe Marc Rosset, ancien No 9 ATP. Qui plus est, il n’est pas le genre de gars qu’il faut prendre en grippe, car cela le galvanise. Pour lui, le seul risque serait de laisser Tsonga s’enflammer. Ça pourrait en effet devenir chaud. Mais ce sera à Stan de faire en sorte que ça ne se passe pas ainsi.» Comme il l’avait très bien fait en Coupe Davis, donc! «Mais attention, reprend Rosset, il ne faut pas prendre ce match-là comme référence. A Lille, le Vaudois avait joué monstrueusement bien alors que Tsonga était en dessous. La preuve, rien ne sortait de sa raquette, ce qui n’est pas le cas ici.» A Paris, le Manceau a été solide en s’offrant coup sur coup Tomas Berdych et Kei Nishikori. «Il est bien calé au service et frappe fort en coup droit, souligne le Genevois. Il faudra se méfier de sa puissance.» Surtout, «JWT» pourra se servir de l’expérience de 2013, lorsqu’il était passé à côté de sa demi-finale, pour aborder dans de meilleures conditions son face-à-face avec son ennemi helvétique. «Même s’il a gagné l’Open d’Australie, Stan va découvrir un contexte nouveau et il devra faire avec, relève Rosset. Sur le plan du jeu, il a toutefois les armes pour s’en sortir. A lui de ne pas laisser son adversaire s’installer. Il va falloir le bouger, ne pas être sur la défensive…» Heureux présage: en 2003, lorsque Stan s’était offert le titre juniors, un certain Jo-Wilfried Tsonga s’était incliné en… demi-finale. Rebelote? A.CE. Retrouvez l’interview en vidéo sur stade.24heures.ch Nouveau Roland Valls donne le feu vert Manuel Valls a décidé de donner le feu vert du gouvernement au projet d’extension de Roland-Garros défendu par la Fédération française de tennis (FFT), malgré un vote défavorable du Conseil de Paris la semaine dernière. Les premiers coups de pioche seront donnés à l’automne. AFP