Reprise d`entreprise
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Reprise d`entreprise
Fiche technique Reprise d’entreprise Créer ou reprendre une entreprise, telle pourrait être la question. En cette période incertaine où l’économie vacille, le futur créateur pourra légitimement préférer la relative sécurité d’une reprise à l’hasardeuse aventure de la création. Olivier Nimis, patron de Remi(Com) et spécialiste de la question, nous aiguille sur ces différentes voies. Olivier Nimis Une étude réalisée en 2005 par l’Université de Saint Gall et Price WaterhouseCoopers indique que 18,5% des entreprises suisses devront être transmises d’ici 2010, ce qui représente un chiffre d’environ 53 000 structures. Tout aussi intéressante, l’information qui signale que deux tiers des entreprises existantes ont déjà changé de propriétaire et que, par conséquent, seul un tiers provient d’une création ex nihilo. Cédants et repreneurs doivent être préparés Aujourd’hui, les baby boomers au seuil de la retraite ne sont, pour la plupart, pas prêts à la vente de leur entreprise. Il ne faudrait pourtant pas attendre la dernière minute car une cession, à l’instar d’une reprise, se prépare longtemps à l’avance. Il n’est pas évident de l’expliquer à un chef d’entreprise qui a toujours géré seul ses affaires. En face, le repreneur doit également faire un travail préparatoire similaire. Olivier Nimis est particulièrment clair sur cet aspect: «Il ne s’agit pas de reprendre une entreprise ou un commerce sur un coup de tête parce que votre chef vous a houspillé. Le fantasme du cadre bancaire qui devient tencier de café-restaurant a déjà fait plus d’une victime. C’est une réflexion qu’il faut mener sur plusieurs mois et qui dépend de différents facteurs. Une personne de 50 ans va préférer reprendre quelque chose d’existant alors qu’un plus jeune, plus ouvert à l’innovation, s’orientera spontanément vers la création. Le parcours professionnel intervient aussi, celui-ci détermine une orientation plutôt qu’une autre. Il faut faire quelque chose que l’on aime ou que l’on connaît quand on est un entrepreneur investisseur. On peut avoir une passion, un complément de sa vie professionnel mais on ne peut pas partir dans un domaine que l’on ne connaît pas du tout.» Avantages et inconvénients La reprise d’une société est liée à moins d’incertitudes, elle est plus sûre qu’une création. On compte environ 40% de taux d’échec alors que celui-ci monte à près de 80% lors des démarrages depuis zéro. De plus, l’entreprise a déjà développé un savoir-faire, une clientèle établie qui lui permet de ne pas connaître de problèmes de trésorerie et elle dégage normalement un bénéfice. Elle a une histoire que le repreneur devra prolonger en y ajoutant sa touche personnelle. Ce qui pourra être perçu comme un avantage par certains devient un inconvénient pour d’autres. L’acheteur ne pourra rien mettre en place, il se devra se contenter de poursuivre un projet. Quel prix payer? La question du prix à payer est, bien que fondamentale, très difficile. Il dépend bien entendu en premier lieu du marché mais aussi des différents intervenants (fiduciaire, banque, vendeur). Le cédant aura tendance à surestimer le prix de son entreprise. Il ne se rend pas compte qu’une partie de la valeur de sa société réside justement dans sa personnalité, dans le rapport de confiance qu’il a su instaurer avec ses clients. Il faut donc bien étudier le cahier des charges du patron. Insister sur l’accompagnement Pour Olivier Nimis, le secret de la transmission réussie réside dans le passage de témoin entre le cédant et le reprenant: «C’est au vendeur d’avoir l’intelligence de mettre les choses en place. L’acheteur ne peut pas rentrer dans la société et tout diriger du jour ou lendemain. La cession doit se faire en douceur, petit à petit. L’accompagnement devrait durer trois mois minimum, plus encore si l’entreprise est importante. La cohabitation est difficile entre un vendeur qui se sent encore chez lui et un propriétaire qui ne l’est pas tout à fait. Ce dernier a de surcroît tendance à réduire la société à une somme d’argent à rentabiliser alors que pour le cédant, il s’agit de l’œuvre d’une vie. C’est pourquoi celui-ci n’est pas toujours prêt à entendre les critiques de son acheteur.» Autant d’éléments qui renforcent la nécessité d’avoir un intermédiaire professionnel pour prendre en charge cette dimension émotionnelle qui peut, si elle est mal gérée, faire de cette transmission d’entreprise un enfer. Frédéric Vormus Créateurs No 7 23