Doc GTH n°5 v3.indd - Géothermie Perspectives
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Doc GTH n°5 v3.indd - Géothermie Perspectives
N°5 a Géothermie MAI 2009 en rance L’ É N E R G I E D U S O U S - S O L >> S O M M A I R E 40 ans de géothermie pour le réseau de Melun >> p.2 et 3 Le fonds chaleur, éléments de contexte >> p.4 et 5 É D I T O >> p ar M. André Antolini, président du Syndicat des Énergies Renouvelables Le SER s’implique pour la géothermie Depuis plus de 15 années, le Syndicat des Energies Renouvelables soutient le développement de l’éolien, du solaire, de la biomasse, de l’hydraulique et de la géothermie. Nous sommes la seule organisation qui représente La géothermie pour acclimater des bonsaïs en Picardie >> p.6 et 7 les professionnels de l’ensemble des filières des énergies renouvelables. Et ceci, en raison de la conviction que nous avons que les différentes énergies renouvelables ne sont pas en concurrence, mais bien complémentaires, et que le développement de chacune d’entre elles sera nécessaire pour atteindre les objectifs politiques que la France s’est assignée, à commencer par celui de produire 20 millions de tep supplémentaires d’énergies Le développement des champs géothermiques en France >> p.8 renouvelables en 2020. D’ailleurs, les travaux réalisés lors du Comité Opérationnel Energie Renouvelable, et Les acteurs de la géothermie : l’AFPAC >> p.9 Parmi celles-ci, la géothermie est très prometteuse. Pour 2020, on attend 1,3 millions de tonnes équivalent pétrole Québec : La géothermie, un outil de développement pour Murdochville >> p.10 et 11 repris dans la loi Grenelle I le montrent : toutes les filières doivent se développer au maximum de leurs capacités pour constituer le mix énergétique gagnant de 2020. de production annuelle : 850 000 tep via les pompes à chaleur géothermiques et 500 000 tep via l’alimentation des réseaux de chaleur par la géothermie profonde. Parce que l’organisation de la filière professionnelle est un enjeu important pour le développement de la géothermie, le Syndicat des Energies Renouvelables a créé une commission géothermie en son sein. Cette commission regroupe des acteurs de la filière géothermie, bureaux d’études thermiques, géologiques, fabricants de pompes à chaleur, foreurs… Des groupes de travail ont été constitués qui devront proposer les éléments Les métiers de la géothermie : l’assistance à maîtrise d’ouvrage >> p.12, 13 et 14 nécessaires au développement de la géothermie. L’implication du Syndicat des Energies Renouvelables pour le développement de la géothermie s’est aussi traduit par le soutien à plusieurs amendements concernant la géothermie préalable à l’élaboration des lois Grenelle ou pour le Projet de Loi de Finances 2009. Le Syndicat des Energies Renouvelables agit également pour améliorer la visibilité de la géothermie. Ainsi, En bref >> p.15 et 16 plusieurs fiches d’informations sur la géothermie ont récemment été réalisées, permettant de mieux faire Agenda, publications, formation >> p.16 L’ADEME et le BRGM sont sans conteste les deux grands acteurs publics qui contribuent le plus au développement connaître cette énergie aux décideurs. de la géothermie. Je suis donc très heureux de pouvoir montrer, par ma contribution à ce bulletin, que le Syndicat des Energies Renouvelables s’associe bien volontiers à leur action pour mieux faire connaître la géothermie et susciter de nouveaux projets. >> Par Jean-Marc Solari, Dalkia [email protected] Focus sur une opération : 40 ans de géothermie pour le réseau de Melun La STHAL (Société Thermique de l’Almont) est un réseau de chaleur géothermal qui alimente plus de 6 000 équivalents logements dans les secteurs nord de Melun. Premier réseau de chaleur géothermique en France il y a 40 ans, le réseau a su pérenniser et se développer au fil des ans. Une fierté pour le gestionnaire de la collectivité et Dalkia. La véritable innovation technologique se situe en 1995 avec le forage d’un nouveau puits de production. Un puits totalement novateur réalisé en fibre composite qui a fait l’objet de subventions de l’Ademe et de fonds européens. Cette première en France est encore la seule réalisée en Ile-de-France. Le débit a ainsi pu atteindre jusqu’à 430 m3 /h. Si l’on remonte toujours le temps, 1998 fut l’année de la réalisation d’un maillage entre le réseau géothermal STHAL et un autre réseau situé dans le quartier de Montaigu, jusque là indépendant. La suppression de la chaufferie existante au charbon et l’installation d’une 2 cogénération faisaient muer ce réseau déjà vertueux en un réseau exemplaire en matière de protection de l’environnement. La fermeture du premier puits historique de production diminuera le débit à 310 m3 /h, mais le taux de couverture géothermique reste actuellement supérieur à 64 % pour le réseau de la STHAL. Depuis juillet 2007, le réseau bénéficie ainsi des nouvelles dispositions fiscales octroyant le bénéfice de la TVA réduite sur l’intégralité de la facture de chaleur des abonnés. « Le réseau géothermal demeure un outil d’accompagnement des projets d’urbanisation de la ville de Melun » explique Guy Lacombe, directeur d’agence Dalkia en charge du réseau de Melun. « Une ZAC de 1 800 logements et le nouvel hôpital devront ainsi être raccordés dans les prochaines années, grâce à l’implication constante des services de la Ville qui considèrent ce réseau comme un équipement urbain incontournable de la collectivité ». Ces besoins de chauffage et d’eau chaude sanitaire supplémentaires nécessiteront une source d’énergie alternative complémentaire pour garantir durablement un taux d’ENR (Énergie Renouvelable) supérieur à 50 % et maintenir le bénéfice de la TVA réduite. C’est l’usine de traitement des déchets située sur la commune de Vaux-le-Pénil qui apportera la chaleur complémentaire. Un réseau de liaison d’un kilomètre sera créé entre la chaufferie et l’usine de traitement des déchets pour disposer d’une puissance additionnelle après l’installation d’un échangeur sur le site de l’usine. De quoi voir l’avenir sereinement et vertueusement puisque le taux d’énergies renouvelables ou fatales utilisés par le réseau passera à 67 %, malgré un développement de 40 % de sa desserte. « La géothermie restera bien sûr l’énergie de base du réseau de la STHAL dans cette future configuration, mais la perspective d’offrir dorénavant plusieurs énergies alternatives aux abonnés est une nouvelle étape dans le développement du chauffage urbain sur Melun. » conclut Guy Lacombe. INTÉRIEUR DE LA CHAUFFERIE © Dalkia L e réseau de la STHAL à Melun fut créé en 1969 pour alimenter les quartiers nord de Melun. Il avait une réelle originalité à l’époque : l’utilisation de la géothermie comme énergie de base du réseau. Il s’agissait, de fait, de la première géothermie en France sur un réseau de chauffage urbain. L’eau était pompée sur la nappe phréatique du Dogger, une eau relativement corrosive, située entre 1 800 et 2 000 mètres de profondeur. Un doublet fut réalisé avec un puits de production et un puits d’injection donnant un débit géothermal de 100 m3 /h. En 1989, pour relancer le réseau, un troisième puit est réalisé en remplacement du premier injecteur bouché suite à des problèmes de corrosion. Le débit passe à 130 m3 /h. La géothermie en France > N°5 Mai 2009 MANŒUVRE SUR LE RÉSEAU DE MELUN © Dalkia Les chiffres du réseau 3 questions à Madame Renée WOJEIK, Adjointe au Maire de Melun 1ère Vice Présidente de la communauté d’Agglomération Melun Val-de-Seine, en charge du suivi de la concession du chauffage urbain de Melun l’Almont « Quel regard portez-vous sur la géothermie de Melun ? La géothermie n’a eu que des retombées positives sur la ville de Melun. Rendez vous compte plus de 6 000 logements sont alimentés en chauffage et en eau chaude sanitaire. Une énergie géothermale qui évite aux habitants de subir les variations des prix des énergies fossiles. La géothermie alimente 30 % des melunais. Et cela apporte à cette population souvent défavorisée une qualité de fourniture de chauffage inégalée et à un coût qui n’a pas varié. Oui la géothermie à Melun est source de fierté pour les élus. Quel est l’avenir d’un réseau géothermal pour une ville comme Melun ? Le réseau géothermal est un réseau qui vit en permanence. Depuis 3 ans, nous avons raccordé plus de 150 logements anciens ou neufs. Et les projets dans le futur sont ambitieux : relier 2 000 nouveaux logements prévus dans un ECO quartier, près du quartier Montaigu et le nouvel hôpital en 2014. Pourquoi une telle réussite ? Une des raisons est d’avoir eu une équipe d’élus qui dès l’origine s’est passionnée pour ce sujet. Car il fallait adhérer à ce projet il y a 40 ans qui prônait déjà le développement durable avant l’heure ! Pour Melun, c’est une source de fierté de posséder un réseau géothermal aussi compétitif. » Moyens de production : • puissance souscrite : 25 MW • puissance installée : 39 MW avec : 1/Géothermie : 5 MW > un puits de production diamètre 9’’ 5/8 tube en résine composite > un puits de réinjection diamètre 9’’ 5/8 casing acier > station de traitement par injection d’inhibiteur de corrosion 2/Cogénération : 5 MW > 2 moteurs gaz 4 MW électrique 3/ Une chaufferie d’appoint/secours au gaz de 24 MW Distribution : • un réseau en tube acier en caniveau d’une longueur de 12 km, • 72 sous-stations de livraison de la chaleur et de l’eau chaude sanitaire. Production annuelle : • 6 500 équivalents logements alimentés • 70 000 MWh par an d’énergie produite pour les besoins de chauffage • 140 000 m3 par an d’eau chaude sanitaire produite. Panier énergétique : • Géothermie : 64 % • Cogénération : 26 % • Gaz naturel : 10 % 3 >> Par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, www.ademe.fr Le fonds chaleur : L’accélérateur de la chaleur renouvelable « Mesure n°20 : La mise en place du “fonds chaleur renouvelable” va permettre une relance à grande échelle de la géothermie. Dès 2009, plusieurs grands projets pourront être financés ». (Extrait des 50 mesures pour le développement des énergies renouvelables à haute qualité environnementale présentées par Jean-Louis Borloo le 17 novembre 2008) Pourquoi un Fonds Chaleur ? L es usages de l’énergie se décomposent en trois grandes catégories : la consommation de chaleur et de froid, l’électricité et les transports. La Loi POPE de juillet 2005 propose un objectif d’accroissement de la production de chaleur renouvelable de 10,1 Mtep (1), avec un objectif de 5,5 Mtep supplémentaires pour l’habitat collectif, le tertiaire, l’agriculture et l’industrie. Cet objectif a été conforté par le Grenelle de l’Environnement. Les financements existants dans le cadre des Contrats de Plan Etat Régions génèrent chaque année 85 000 tep supplémentaires de chaleur renouvelable. Il est possible de multiplier ce résultat par cinq : c’est l’objet et l’objectif du Fonds Chaleur. Le Fonds Chaleur est l’une des 50 mesures opérationnelles en faveur du développement des énergies renouvelables, mises en place conformément aux engagements du 4 © Pierre Dablon La production de chaleur représente environ un tiers de la consommation d’énergie finale en France. Elle est principalement produite par des énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre. Pourtant, la chaleur peut tout à fait être produite à partir d’énergies renouvelables. AÉROPORT DE PARIS, ORLY : UN PROJET DE GÉOTHERMIE POTENTIELLEMENT ÉLIGIBLE AU FONDS CHALEUR Grenelle de l’Environnement. Il a pour objectif d’aider financièrement au développement de la production de chaleur à partir des énergies renouvelables (biomasse, géothermie, solaire) par le remplacement ou la création de nouvelles installations et de diversifier ainsi les approvisionnements énergétiques. Le Fonds chaleur est un outil financier supplémentaire qui complète les dispositifs d’aide actuels et s’intègrera dans les projets des Schémas Régionaux du Climat, de l’Air et de l’Énergie à venir. Il est destiné aux entreprises (industrie, tertiaire, agriculture), aux collectivités et à l’habitat collectif. Le Fonds Chaleur doit par ailleurs contribuer à la création de plus de 10 000 emplois locaux pour l’approvisionnement en biocombustibles d’ici 2020. Comment sera géré le Fonds Chaleur ? La gestion de ce fonds est confiée à l’ADEME et ses délégations régionales. Le montant du Fonds Chaleur prévu dans le Projet de Loi de Finances 2009 est de 1 milliard d’euros pour les trois prochaines (1) Million de tonnes équivalent pétrole La géothermie en France > N°5 Mai 2009 © ADEME Premier appel à projet pour le fonds chaleur années. Il devrait ensuite s’élever progressivement à 800 Me par an pour répondre aux objectifs 2020. Le principe qui sous-tend le calcul des aides attribuées dans le cadre de ce fonds est de permettre à la chaleur renouvelable d’être vendue à un prix inférieur d’au moins 5 % à celui de la chaleur produite à partir d’énergie conventionnelle. Il devrait ainsi permettre de déclencher des projets performants sur le plan énergétique. 2009 constituant une année de calage pour le système, des évolutions éventuelles dans la méthode d’évaluation des aides pourraient être décidées pour les années suivantes. Deux modes de gestion du Fonds Chaleur : • pour les installations biomasse de grande taille (de plus 1 000 tep/an) dans les secteurs industriel, agricole et tertiaire privé, un appel à projets national sera lancé chaque année, avec consultation des services de l’Etat en régions (cellules biomasse) et des services concernés des collectivités. • pour les autres filières - installations collectives de plus de 200 tep et pour les installations industrielles biomasse de moins de 1 000 tep/an - le fonds est géré par l’ADEME dans les délégations régionales, en synergie avec les régions. La gestion de cette partie du Fonds chaleur pourra être intégrée dans les CPER (contrats de plan Etat-Région). L’instruction du dossier, qui permettra à l’ADEME de définir le montant de l’aide, pourra être effectuée dès l’étape «avant-projet sommaire» du projet. Les méthodes de calcul simplifiées permettront au maître d’ouvrage d’appréhender l’ordre de grandeur du montant de l’aide. Quelles énergies sont concernées ? Les énergies renouvelables concernées sont : la biomasse sylvicole ou agricole (objectif de 1,7 Mtep en 2012), l’énergie solaire (objectif de 25 000 tep en 2012) et la géothermie valorisée directement ou par l’intermédiaire de pompes à chaleur (objectif de 1,1 Mtep en 2012). Les énergies de récupération (chaleur issue des UIOM et de process industriels, chaleur issue de production d’électricité ne bénéficiant d’aucun tarif d’achat régulé de l’électricité) et la production de froid par EnR seront également concernées, sous réserve que le projet présente des bilans techniques, économiques et environnementaux satisfaisants. Pour les énergies de récupération, l’aide du Fonds chaleur n’interviendra que sur le réseau de chaleur et les équipements nécessaires à la valorisation de la chaleur. Les aides du Fonds Chaleur seront-elles compatibles avec les dispositifs existants ? Les aides du Fonds Chaleur sont compatibles avec l’encadrement européen. Elles ne seront pas cumulables, ni avec les Certificats d’Économie d’Énergie, ni avec les projets domestiques. En revanche, les entreprises ou réseaux de chaleur soumis au Plan National d’Allocation des Quotas (PNAQ) sont bien éligibles aux aides du Fonds Chaleur. Le niveau d’aide proposé peut être atteint par le Fonds Chaleur seul ou en combinaison avec des crédits régionaux ou FEDER (Fonds européen de développement régional), sous réserve que le cumul des aides publiques ne dépasse pas le niveau d’aide calculé par la procédure du Fonds Chaleur. En savoir plus sur : www.ademe.fr/fondschaleur 5 >> Entretien avec Guy Vanlergerghe, serres horticoles Mitton, [email protected] La géothermie pour acclimater des bonsaïs en Picardie Chauffer des serres de bonsaïs et les arroser par géothermie, une opération originale permettant à l’entreprise de rester compétitive. Changer son chauffage : une urgence pour l’entreprise L’agriculteur doit se positionner en tant que producteur d’énergie Certifié Iso 14 001 depuis 4 ans et utilisant des cartons recyclés pour le transport des plants, représentant une économie de CO2 pour la planète mais aussi une économie de 4 000 € pour l’entreprise, M. Vanlerberghe s’inscrit déjà dans une démarche environnementale : « A l’heure actuelle, l’agriculteur doit se positionner en tant que producteur d’énergie ». Il s’intéresse tout d’abord à un système de 6 © entreprise Mitton E n 2005, Guy et son fils Arnaud Vanlergerghe reprennent l’entreprise Mitton spécialisée dans l’acclimatation de bonsaïs. Environ 70 000 petits arbres en provenance de divers pays d’Asie : Chine, Corée, Japon… reprennent vie chaque année dans les serres après avoir passé près de trois semaines dans des containers à 10°C. Pendant six mois, l’eau d’arrosage ainsi que les racines doivent être chauffée à 20-25°C en continu pour relancer la croissance des plants. Ce besoin important en chaleur représente, avant travaux, un coût annuel de chauffage de l’ordre de 90 000 €. Par ailleurs, la forte augmentation du coût du propane (40 % entre 2000 et 2005, jusqu’à 80 % en 2008) ne peut se répercuter sur le coût de vente du produit, au risque de perdre de nombreux clients. Il devient alors urgent pour la famille Vanlergerghe de modifier son mode de consommation énergétique et d’adopter une source de chaleur non indexée sur la courbe du pétrole. PUITS DE RÉINJECTION chauffage par méthanisation puis à une chaufferie bois. Cependant, la complexité de la réglementation décourage le gérant de la serre. Il se tourne alors vers la géothermie. Trois puits sont à proximité des serres, suggérant la présence d’une nappe. Le forage ainsi que les démarches administratives sont réalisés par l’entreprise Ruckebusch à Vauvilliers dans la Somme que connaissait M. Vanlerberghe. Outre le dimensionnement technique de l’opération par rapport aux besoins, cette entreprise de forage s’est également occupée de toutes les démarches administratives liées au code minier mais aussi au code de l’environnement dite « loi sur l’eau » en raison d’une demande de prélèvement pour l’arrosage. Les forages ont débuté en juin 2007 pour atteindre une profondeur de 50 m dans la nappe de la craie (toit de la nappe à 17 m) avec un diamètre de 9 pouces pour le puits de prélèvement et de 7 pouces pour le puits de rejet. Première constatation, l’eau est plus chaude qu’escomptée. Le foreur attendait 10°C, finalement la nappe est à 11-12°C en moyenne diminuant ainsi le débit recherché. Après réglages, le débit pris sur la nappe est stabilisé à 42m3 /h avec une eau prise à 11°C et rejetée à 2°C. Pour amener l’eau du chauffage à une température comprise entre 50°C et 60°C et une eau destinée à l’arrosage à 25°C , les opérations sont confiées à Michel Legué, installateur et spécialiste de la pompe à chaleur qu’il dé- La géothermie en France > N°5 Mai 2009 Chantier • Date de début des forages : juin 2007 • Date de fin des forages : octobre 2007 • Date d’autonomie : 15 novembre 2008 Serres • Superficie à chauffer : 6 500 m2 LES BONSAÏS cortique depuis plus de 30 ans. Deux circuits de canalisations sont installés, l’un destiné à l’arrosage et l’autre destiné au chauffage. Deux pompes à chaleur Ciat 600V montées en cascade alimentent ainsi soit des kilomètres de canalisations serpentant sous les bacs où reposent les plants de bonsaïs soit le circuit destiné à l’arrosage. Une chaudière fioul de 2MW fonctionnant grâce à un groupe électrogène indépendant est installée comme secours afin d’éviter la perte de production si jamais l’électricité venait à être coupée. Une facture de chauffage divisée par deux et un retour sur investissement de 3 à 5 ans Le budget d’une telle installation s’élève à 190 000 e hors forage; celui-ci représentant 25 000 e pour un chantier débuté à l’hiver 2007-2008 et une autonomie atteinte à la minovembre 2008. Malgré l’instauration par la région Picardie du Fonds Régional pour l’Environnement et la Maîtrise de l’Énergie dans les exploitations agricoles (FREME Agricole) dont la subvention peut atteindre jusqu’à 50 % du coût HT d’une opération de ce genre, la famille Vanlerberghe n’a pas souhaité demander de financement de la part d’organisme . Cela n’empêche pas la famille Vanlerberghe d’espérer un retour sur investissement dans 3 à 5 ans, calculé avec un prix du baril à 80 dollars et un mégawatt électrique à un coût bloqué pendant 3 ans via un contrat spécifique EDF. L’installation est autonome depuis mi-novembre 2008. Et pour ce premier hiver de chauffe, les machines, dimensionnées pour fonction- ner jusqu’à -5°C, ont été poussées pour être testées : « on a vu le thermomètre descendre à -15°C plusieurs fois, ce fut un hiver très rude... » Ainsi, à début mars, le coût de chauffage est divisé par deux puisque la facture d’électricité représente aujourd’hui 40 000 e. Les pompes à chaleur fonctionnent, avec un COP satisfaisant de 4,5. Bilan : des heureux gérants avec de nouveaux projets en tête: s’agrandir, bien sur, les 6 500 m2 de serres vont bientôt être de 1 hectare : « On avait envisagé dès le départ les possibilités d’agrandissement, s’il faut installer une troisième pompe à chaleur, c’est tout à fait envisageable, on a la place et le débit ». « Un agriculteur va lancer 3 hectares de fruits et légumes juste à côté de nos serres. Aux mois de mars-avril, lorsque nous n’aurons plus besoin de chauffage, nous lui proposerons d’utiliser notre système géothermique pour faciliter la croissance de ses plants ». Et la proximité du village de Baron donne des idées... « Notre système de chauffage fonctionne très bien, pourquoi ne pas raccorder le système de chauffage du village à nos puits ? ». « Un seul regret, j’aurai aimé les conseils d’un expert de ce type d’opération, nous avons beaucoup tâtonné… Par exemple, nous n’avions pas envisagé au départ, utiliser les pompes à chaleur pour chauffer l’eau destinée à l’arrosage... ». Avis aux personnes intéressées par l’aventure : « C’est avec plaisir que nous ouvrirons nos portes aux porteurs de projets, et si le BRGM souhaite se servir de l’installation pour différentes expériences ou mesures, nous sommes partants... ». www.bonsai-mitton.fr Pompes à chaleur • Nombre : 2 en cascade • Marque : Ciat LGP 600 non réversible • Puissance calorifique : > 205 kW chacune (donnée constructeur) • Puissance absorbée : > 42,6 kW chacune (donnée constructeur) • COP constructeur : > 4,81 chacune (donnée constructeur) • COP observé sur la saison : > C OP de 4,25 si température en sortie de 45-50°C (chauffage) > C OP de 7,5 si température en sortie de 35°C (arrosage) © entreprise Mitton © entreprise Mitton Forages • Type de forage : Rotary • Diamètre : 7’’ et 9’’ • Profondeur de forage : 50 m • Nappe : > nappe de la craie > hauteur de toit : 17m • Débits utiles : 3 > chauffage : 42 m /h 3 > arrosage : 2 m /h LA CHAUFFERIE Echangeurs • Marque : Ciat type Aureplack Chauffage d’appoint : • Type : chaudière fioul • Consommation : 4 000 L Coûts : • Études, matériel & installation : 190 000 e • Forages : 25 000 e • TRI évalué : 3-5 ans • Coût chauffage hiver 2008/09 : 40 000 e • Coût chauffage hivers précédents : 80 000 - 120 000 e suivant rigueur de l’hiver 7 >> Par Sylvain Abry, Xéotherm, [email protected] le développement des champs de sondes en France, De plus en plus de bâtiments tertiaires, collectifs et industriels sont chauffés par géothermie. C’est le cas du futur établissement pour personnes âgées de Marcheprime situé en Aquitaine équipé d’un champ de sondes géothermiques. C e projet débuté en novembre 2001 consiste à créer un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes pouvant accueillir 60 personnes dont plus de la moitié présentent une pathologie de type Alzheimer. Le permis de construire est accordé le 05 août 2008 pour une ouverture prévue le 1er décembre 2009. Architecturalement, l’EHPAD promet d’être un bâtiment écologique et intégré dans son environnement. Tout a été prévu pour le développement durable. Ainsi, l’architecture des bâtiments ainsi que les espèces végétales choisies sont en adéquation avec le Parc Régional des Landes de Gascogne accueillant le projet. Pour le chauffage et le rafraîchissement, le choix s’est porté sur la géothermie par une pompe à chaleur sur champs de sondes. Cette énergie est particulièrement bien adaptée aux établissements de soins puisque la géothermie permet de ne pas recourir aux climatisations traditionnelles pouvant être pathogènes dans des populations âgées et fragiles. L’entreprise Xéotherm a ainsi réalisé pour le maître d’ouvrage, 21 forages de 99 mètres linéaires de profondeur pour chauffer et rafraichir les bâtiments. Sur le plan économique, le budget d’investissement dépasse les sept millions d’euros, honoraires et équipements compris dont plus de quatre millions hors taxe pour les seuls travaux. Le budget d’exploitation prévisionnel est évalué à 2 065 000 euros en valeur 2008. Sur le plan social, pour la partie EHPAD, ce projet permet la création de 37 équivalents temps plein soit une cinquantaine d’emplois. 8 © Xeotherm l’exemple de Marcheprime réalisation des forages pour l’EHPAD de Marcheprime EHPAD de Marcheprime Source : Association Autonomie Aquitaine Données économiques Coût de l’opération (hors équipements) Dont effort en performance environnementale 6 365 924 e 554 000 e L’économie globale en consommation d’énergie pour le chauffage du bâtiment est comprise entre 33 000 et 60 000 euros par an en moyenne sur 25 ans selon le scénario d’évolution des prix du gaz de 10 à 15 % par an. Données techniques comparatives (consommation en énergies et émission de CO2 ). Chauffage Climatisation Eclairage Total EHPAD de Marcheprime avec chauffage géothermique et éclairage basse consommation KWh/m3 /an Kg CO2 13 6 488 11 1 218 25 7 359 48 15 065 Sylvain Abry de Xéotherm Quelques références en 2008 nous ont permis d’accroître nos compétences sur ce marché encore méconnu des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre et ceci par manque de prescriptions et d’acteurs majeurs dans ce métier. Et pourtant la géothermie apporte un nombre important d’avantages pour le collectif, le tertiaire, l’industriel et le domestique. En effet, la géothermie avec pompe à chaleur est l’énergie la plus performante en exploitation, les sondes verticales en PEHD requièrent un espace limité et ne génèrent pas de nuisance sur le terrain, les coûts d’entretien sont réduits et le système n’engendre aucune pollution puisque c’est un circuit fer- Établissement avec chauffage joule et éclairage classique KWh/m3 /an 43 14 30 87 Kg CO2 22 475 1 600 8 956 33 031 mé. Pour obtenir un bon résultat dans le temps, il est important de s’intéresser au comportement du sol, au design des champs de sondes, aux besoins énergétiques du bâtiment, à la puissance que nous pouvons espérer extraire du sol et à la méthode qualitative du forage telle que la cimentation, les débits du fluide et les critères de performances de la pompe à chaleur. Les pompes à chaleur qui elles aussi ont beaucoup évolué avec la possibilité de fournir du chauffage mais aussi du rafraichissement. Pour les maisons de retraite, les bureaux, les hôtels et les bâtiments collectifs avec les normes en vigueur, le système géothermique vertical semble très approprié. La géothermie en France > N°5 Mai 2009 >> Par Pierre Sabatier, président de l’AFPAC [email protected] Les acteurs de la géothermie : l’Association Française des Pompes à Chaleur Depuis bientôt 10 ans, les solutions de chauffage par pompes à chaleur géothermiques comme aérothermiques connaissent une croissance très forte. Plus de 150 000 pompes à chaleur ont été installées en 2008 soit plus du double de l’année précédente. PRINCIPE DE LA POMPE À CHALEUR POMPE À CHALEUR sur capteur horizontal © AFPAC L e consommateur a pris maintenant conscience de l’efficacité énergétique des pompes à chaleur, de l’intérêt écologique des solutions proposées et de la maturité de la filière. L’enjeu majeur pour la profession est bien celui de la pérennité du développement. Pour assurer et conforter cet avenir, la filière, à travers l’AFPAC, s’est engagée dans une lourde démarché qualité. Lancée en avril 2007 en présence de Madame PAPPALARDO et soutenue par l’ADEME, la démarche s’appuie sur deux grands piliers. Côté produits, une marque NF PAC a été créée et les industriels sont incités à y participer. Aujourd’hui, 36 marques et 117 gammes certifiées AFPAC permettent au marché de proposer 718 modèles de pompes à chaleur. Côté installation, l’appellation QualiPAC a été élaborée pour distinguer et reconnaître l’installateur ayant satisfait aux exigences du référentiel qui prévoit, notamment, des audits d’installation. La filière travaille au développement du marché et à la satisfaction du client qui est l’arbitre ultime. La pompe à chaleur représente par ailleurs l’un des principaux moyens pour les atteindre. 9 >> Par Jasmin Raymond, géo., M.Sc Candidat au doctorat, Université Laval [email protected] >> André Lemieux, Ph.D. >> René Therrien, ing., Ph.D. Commissaire industriel, Murdochville [email protected] Québec : la géothermie, Directeur, Département de géologie et de génie géologique, Université Laval [email protected] un outil de développement pour Murdochville L’énergie géothermique issue de sites miniers actifs ou abandonnés est exploitée à plusieurs endroits dans le monde, dont les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Canada. Un nouveau projet d’exploitation d’énergie géothermique dans l’environnement minier est en développement à Murdochville au Québec. Cette ville construira en 2009 un système énergétique de quartier géothermique approvisionné par l’eau inondant les anciennes Mines Gaspé. Le projet se distingue puisqu’une fois mis en place, le système constituera un outil de développement économique pour la municipalité. A saires à l’installation sont cependant élevés. La période de retour sur l’investissement d’un système géothermique au Québec peut parfois être longue, par exemple plus de 10 ans, puisque le prix de l’énergie demeure bas comparativement à l’Europe. Le principal distributeur d’électricité de la province, Hydro-Québec, vend son énergie à un prix moyen de 0,05 e/kWh, ©Université Laval u Québec, la géothermie a bonne mine. L’exploitation de l’énergie du sous-sol s’effectue à l’aide de pompes à chaleur installées dans les secteurs résidentiels et commerciaux. L’utilisation de ces systèmes est en pleine croissance puisqu’ils offrent d’importantes économies d’énergie. Les coûts d’investissement reliés aux forages néces- FIGURE 1 - Carte géologique du Québec indiquant les mines actives et fermées. 10 soit environ 30 % moins cher qu’en France. Les Québécois sont ainsi à la recherche d’innovations technologiques pour réduire les coûts d’investissement des systèmes géothermiques afin d’accroître leur utilisation. On retrouve sur les sites miniers, actifs comme désaffectés, d’importants bassins d’eau offrant un milieu propice à l’installation des systèmes de pompes à chaleur à eau de surface ou à eau souterraine. Par exemple, un système géothermique utilisant l’eau inondant des galeries souterraines peut être aménagé en effectuant très peu de forages, voire même aucun. L’exploitation des ressources géothermiques associées à l’environnement minier permet par conséquent de réduire les coûts d’investissement des systèmes géothermiques. Cette idée a été mise en application au Canada à la fin des années 1980 à Springhill en Nouvelle-Écosse, où la compagnie Ropak Can Am a installé un système géothermique utilisant l’eau stockée dans des anciennes mines de charbon. Le coût d’installation était à l’époque de 68 700 e alors que le système procurait des économies annuelles nettes d’environ 28 145 e. Un deuxième projet d’envergure au Canada est en développement à Murdochville. Située en plein cœur de la péninsule gaspésienne (Figure 1), cette ville d’une population de 850 habitants aménagera un système énergétique La géothermie en France > N°5 Mai 2009 ©Université Laval FIGURE 2 - Photo aérienne montrant la ville de Murdochville sur laquelle l’étendue des galeries souterraines a été superposée. Le parc industriel de la ville se situe près du puits 1100 où l’on retrouvait anciennement les bâtiments des Mines Gaspé. de quartier de type géothermique dans son parc industriel. L’eau alimentant le système sera puisée dans les galeries des anciennes Mines Gaspé, exploitées de 1953 à 1999 pour leurs gisements de cuivre. Les galeries minières (Figure 2) contiennent près de 4 millions de m3 d’eau à une température moyenne de 6 à 7 °C et ont plus de 600 m de profondeur. L’eau contenue dans les galeries sera captée dans le puits 1 100 dont le diamètre est 4,57 m et la profondeur est environ 375 m. Cet ouvrage était anciennement un puits de ventilation. Une station de pompage sera aménagée au-dessus du puits et un réseau de pipeline transportera l’eau vers les bâtiments du parc industriel qui seront équipés de pompes à chaleur pour chauffer et climatiser avec l’énergie géothermique du réseau. La puissance de chauffage fournie par le système énergétique de quartier sera d’environ 900 kW. Les coûts d’installation associés à une première phase d’opération sont estimés à 437 500 e. Murdochville construira le système en 2009 grâce à des contributions financières obtenues auprès du Fonds municipal vert canadien et du Ministère québécois des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire. L’objectif de la ville derrière ce projet est de stimuler son développement économique. Elle désire offrir la géothermie à tout commerce ou industrie voulant s’installer sur son territoire. Une entreprise qui compte opérer des installations au parc industriel de Murdochville n’aura qu’à raccorder ses pompes à chaleur au système énergétique de quartier afin de bénéficier d’économies d’énergie. Il n’y aura pas de coûts de forage à défrayer, c’est la ville qui distribuera l’eau de la mine via son réseau. L’entretien du système sera également assuré par les services municipaux. Les entreprises intéressées par le chauffage et la climatisation de bâtiments ou le chauffage d’eau de procédés industriels y trouveront des avantages. L’eau de la mine sera acheminée aux pompes à chaleur installées en boucle isolée pour assurer l’efficacité et une facilité d’entretien. Les économies seront particulièrement intéressantes pour les grands consommateurs d’énergie tel un complexe de serre ou une entreprise agro-alimentaire ayant besoin d’eau à 35-45 °C pour ses procédés de transformation. Le réseau du parc industriel répondra également aux besoins de climatisation que pourraient avoir par exemple une compagnie en technologie de l’information avec de nombreux serveurs informatiques. En plus d’offrir un parc immobilier à prix compétitif, une disponibilité de main d’œuvre et des mesures incitatives pour les entreprises, la ville offrira des économies d’énergie d’au moins 60 % avec son système énergétique de quartier. Dans un contexte où les prix de l’énergie sont à la hausse, le pari est fait sur cette stratégie qui devrait bien fonctionner. Le concept en développement à Murdochville pourrait être reproduit ailleurs au Québec puisque le patrimoine minier est considérable car on dénombre plus de 165 mines potentiellement inondées (Figure 1). Les plus anciennes mines de la province ont été développées dans le sud des Appalaches de 1860 à 1900. Les années 1950 à 1970 ont été marquées par le développement des gros gisements dont plusieurs en Abitibi. On retrouve maintenant des mines inondées près des villes de taille moyenne comme Thetford Mines, RouynNoranda, Val d’Or, Sherbrooke ou Gatineau. Plus près des grands centres urbains, entre Québec et Montréal, on retrouve aussi des carrières actives ou fermées pouvant être utilisées afin de capter l’eau nécessaire à l’approvisionnement de systèmes géothermiques. Face à la période de récession actuellement envisagée, d’autres villes pourraient trouver avantage à développer leurs ressources locales comme la géothermie pour stimuler leur économie. 11 >> Par A. Boisdet, Cabinet Boisdet, Les métiers de la géothermie assistance à la maîtrise d’ouvrages en énergies renouvelables [email protected] L’assistance à maîtrise d’ouvrage L’AMO est un sachant qui a pour mission de défendre les intérêts du maître d’ouvrage. La géothermie profonde en Île-de-France concerne principalement l’exploitation de la ressource géothermale du Dogger. Afin d’exploiter le potentiel thermique de la ressource, située à une profondeur de 1 600 m à 1 900 m, pour une température comprise entre 55 et 85 °C il est nécessaire de mettre en place un ensemble d’éléments complexes constitutifs de la «chaudière géothermale». La réalisation d’un projet géothermique passe par différentes étapes : diagnostic, faisabilité, financement des études d’avant projet, business plan, mise en place des financements des investissements, obtention des permis miniers, réalisation et, enfin, exploitation. Elle fait appel à de nombreuses compétences : génie civil, thermique, électricité, électronique, géologie, forage pétrolier, modélisation, métrologie, montage administratif, juridique et financier. Les acteurs sont nombreux. Au plan technique ce sont le chef de projet du maître d’ouvrage, l’AMO, la maîtrise d’œuvre (aspects soussol et surface), les entreprises (techniques et financières), le contrôle. Auxquels il faut ajouter les acteurs publics que sont l’administration, l’ADEME, la Région Île-de-France et la SAF-Environnement. Les compétences requises ne se trouvent pas, en général, dans les effectifs du maître d’ouvrage ; la formulation des besoins, le diagnostic, l’interfaçage technique, la défense des intérêts du maître d’ouvrage. L’Assistance à la maîtrise d’ouvrage se justifie par le caractère complexe et inhabituel des opérations de géothermie profonde. L’AMO est un sachant qui a pour mission de défendre 12 AMO : ENTRE MAÎTRE D’OUVRAGE ET MAÎTRE D’ŒUVRE © Geodynamics Limited Justification de l’AMO en géothermie les intérêts du maître d’ouvrage : la réalisation, dans le respect des délais, d’un ouvrage sûr, pérenne et au meilleur coût. Les Maîtres d’ouvrages sont soit des collectivités locales ou leurs émanations, soit des entreprises d’exploitation de chauffage. Dans les deux cas, les équipes en charge du suivi de la réalisation d’une opération de géothermie profonde, n’auront que très rarement l’occasion de réaliser plus d’une opération dans leurs carrières. Les entreprises d’exploitation de chauffage, rompues à l’exploitation des installations de surface, se trouvent, le plus souvent, dans la même situation que les services techniques des collectivités, pour la réalisation des ouvrages en sous-sol. En définitive, on peut dire que plus le produit de la compétence par la disponibilité est faible au sein de la maîtrise d’ouvrage, plus l’implication de l’AMO doit être importante. Les enjeux d’une opération de géothermie profonde Les enjeux d’une opération géothermique peuvent être résumés par les chiffres suivants, représentant des moyennes statistiques pour les opérations actuellement en exploitation en Ile-de-France : • Fourniture de chaleur à un ensemble important de logements ou équivalents logements, 4 500 en moyenne ; • Économie d’énergie fossile moyenne de 4 300 tep/an pour un taux de couverture de 60 % ; • Diminution des émissions de gaz à effet de serre de 13 000 t/an d’équivalent CO2 ; Il s’agit d’une opération capitalistique et complexe. Dans le cas d’un réseau neuf, destiné à alimenter 5 000 logements, l’ordre de grandeur des investissements est le suivant : La géothermie en France > N°5 Mai 2009 © A. Boisdet COÛT D’UN PROJET DE GÉOTHERMIE • Chaudière géothermale avec son appoint secours 15 M€ ; • Réseau de chaleur de 5 km avec 40 sousstations 8 M€. En contrepartie, la réalisation d’une opération de géothermie permet aux usagers de disposer d’une source de chaleur fiable dont le coût est indépendant de la conjoncture internationale. Dans certaines configurations, l’économie annuelle réalisée sur l’achat de combustible fossile est de l’ordre de 2,5 M€. A cela peuvent s’ajouter des baisses de charges par l’application d’un taux réduit de TVA à 5,5 % si le taux de couverture par géothermie est supérieur à 60 %. Contrats d’AMO Au plan juridique les contrats d’AMO dépendent de la nature publique ou privée du maître d’ouvrage : contrat de droit privé pour les maîtres d’ouvrage privés, contrat conforme au code des marchés public et à la loi MOP pour les maîtres d’ouvrages publics. Deux types de marché public sont bien adaptés à l’AMO en géothermie, la procédure adaptée (Art 28 de Code des marchés publics) avec un seuil de 206 000 € HT pour les collectivités (133 000 € HT pour l’Etat), avec des modalités libres, et le marché à bon de commandes (Art 77) qui peut être attribué avec ou sans maximum, qui autorise une réalisation graduelle pour une durée inférieure à 4 ans. Enfin, il est rappelé que les collectivités peuvent passer des commandes sans aucune formalité particulière pour des montants n’excédant par 4 000 € HT, ce qui peut convenir pour un pré-diagnostic. Pour mémoire on peut rappeler quelques ordres de grandeur dans le cas de la réalisation d’une chaudière géothermale sans réseau de chaleur: • 15 M€ pour les investissements ; • 1,5 M€ pour les études, la maîtrise d’œuvre, les contrôles, la supervision de forage ; • 0,3 M€ pour la maîtrise d’ouvrage et l’AMO. Cette répartition est illustrée par le schéma en infra. Ce schéma illustre également l’équilibre paradoxal des opérations dont la base étroite supporte tout l’édifice … Exemple de mission d’AMO Différentes responsabilités peuvent être assurées par l’AMO, depuis le simple conseil ponctuel, jusqu’à la maîtrise d’ouvrage déléguée. Les tâches dévolues à l’AMO, portent sur l’accompagnement de la mise en place des différents contrats administratifs, techniques, financiers et de couverture du risque spécifique à la géothermie. Réflexion préalable et diagnostic L’objet du diagnostic est d’examiner la faisabilité de l’opération, il comporte trois volets. • Un diagnostic technique (bilan énergétique, situation de la chaufferie) et économique (situation financière, remboursement des emprunts) de la gestion actuelle du réseau de chaleur à travers les documents qui seront fournis par le maître d’ouvrage. • Une première évaluation de l’intérêt d’une opération de géothermie et la définition d’une stratégie pour lancer les études d’avant projet (coût de revient de la géothermie, montage financier, dossier technique, couverture du risque etc.) à travers la mise au point d’un dossier de demande de subvention à l’ADEME. Il comportera l’organisation et la tenue d’une réunion entre le maître d’ouvrage, l’ADEME et la Région Île-de-France. • Une analyse de la situation du maître d’ouvrage ou de l’exploitant vis-à-vis du Plan national d’allocation de quotas d’émission de CO2 (PNAQ) et des possibilités de financement attachées à la cession de crédits d’émission dans l’optique de la réalisation de l’opération de géothermie. Description du projet L’AMO, en étroite liaison avec le maître d’ouvrage, élabore les grandes lignes du projet sur les points suivants : • Spécifications techniques concernant le réseau de chauffage urbain et les installations d’appoints secours. • Description du doublet de forage destiné à capter des eaux géothermales du Dogger et de l’ensemble des équipements nécessaires aux transferts hydrauliques des eaux géothermales et aux échanges thermiques avec le chauffage urbain. 13 • Formulation de règles spécifiques concernant la délégation de service public de distribution de la chaleur et la sélection d’un délégataire. 2007 - ÉLABORATION DU DCE EN INGÉNIERIE POUR ORLY NOUVELET Assistance au montage de l’opération Durant le montage et le suivi du projet, l’AMO assumera les tâches suivantes : • Définition des aspects sous-sol et liaison avec la partie surface • Analyse économique du projet • Analyse de risques • Recherche de subventions, auprès de l’ADEME et de la région Île-de-France • Saisine de la SAF-Environnement pour les garanties du risque géologique à court terme et à long terme • Participation aux relations avec l’Administration • Participation à la mise en place des financements • Participation au montage juridique • Participation à la coordination avec les aspects surface > Sélection de la maîtrise d’œuvre La maîtrise d’œuvre a la responsabilité de réaliser les études, d’assurer les liaisons avec l’administration et, le cas échéant, de piloter les entreprises de réalisation. L’AMO assiste le maître d’ouvrage pour la sélection de la maîtrise d’œuvre en exécutant les tâches suivantes : • Écriture du cahier des charges de la mission de maîtrise d’œuvre • Formulation du CCTP de l’appel d’offre • Participation au choix du bureau d’études > Contrôle des études L’AMO valide l’avant projet détaillé réalisé par la maîtrise d’œuvre notamment les aspects suivants : • Études géologiques, géotechniques, hydrogéologiques et thermiques • Schémas techniques des ouvrages • Programme général • Budget prévisionnel • Écriture des documents administratifs • Suivi administratif • Plus généralement obtention de tous les permis nécessaires au lancement des travaux 14 ©BRGM Mise en place et contrôle de la maîtrise d’œuvre > Assistance en phase travaux Avant le lancement des travaux, l’AMO participe à la consultation des entreprises et la mise au point des marchés par la maîtrise d’œuvre. Durant les travaux, l’AMO assume les tâches suivantes : • Vérification du déroulement du programme • Vérification des demandes de travaux supplémentaires • Contrôle de la planification des opérations • Assistance à la réception des ouvrages • Assistance à la levée des réserves éventuelles • Toutes les tâches visant à protéger au mieux les intérêts du maître de l’ouvrage La géothermie en France > N°5 en ref (NF15450, janvier 2009) La nouvelle norme NF15450 spécifie les critères de conception des systèmes de chauffage dans les bâtiments qui utilisent des pompes à chaleur à moteur électrique seules ou combinées à d’autres générateurs de chaleur. Les systèmes de chauffage par pompe à chaleur suivants sont pris en compte : eau - eau ; eau - air ; eau glycolée - eau ; fluide frigorigène - eau (systèmes à détente directe) ; fluide frigorigène - fluide frigorigène ; air-air ; air - eau. Cette norme tient compte des besoins en chauffage des systèmes auxiliaires (par exemple, eau chaude sanitaire) dans la conception de la production de chaleur, mais ne couvre pas la conception de ces systèmes. De même, elle couvre uniquement les aspects concernant la pompe à chaleur, l’interface avec le système de distribution de chaleur et le système d’émission de chaleur (par exemple, le système tampon) et la régulation de l’ensemble du système, ainsi que les aspects liés à la source d’énergie du système. Les systèmes conçus principalement pour le refroidissement et les systèmes qui peuvent fonctionner soit en mode de refroidissement soit en mode de chauffage n’entrent pas dans le cadre de cette norme. Renseignements sur : www.afnor.org >> Le chantier de la CPCU Depuis fin avril, les forages des puits du futur réseau de chaleur de la porte d’Aubervilliers sont achevés. Le toit du Dogger a été atteint à environ 1 625 m en vertical et 1 830 m en profondeur forés. Ce chantier a commencé bien avant l’arrivée de la foreuse au mât de 36 m, première semaine de février, puisque les travaux de terrassement et autre génie civil ont commencé dès le mois de novembre 2008. Les premiers tests et essais de performance ont commencé dès la fin des forages et 5 avril 2009 se poursuivront au mois de mai. La réception des ouvrage est, quant-à-elle, prévue au mois de juin 2009. Puisant une nouvelle fois dans le Dogger, le futur exploitant, la CPCU recherche, à travers ces forages, un débit de 320 m3 /h à une température de 57°C pour la rejeter à 20°C. Ce nouveau réseau de chaleur produira ainsi 52 000 MWh par an ce qui permettra de chauffer 12 000 logements. Le recours à la géothermie évitera la production de 14 000 tonnes de CO2 chaque année dans ce secteur de la capitale qui va ainsi bénéficier d’une chaleur produite à 75 % à partir d’énergies renouvelables. Ces travaux ont reçu des aides de la part de la Région Île-de-France ainsi que de l’ADEME à hauteur de 5,5 millions d’euros de subvention pour un chantier de 12 millions d’euros. © BRGM >> U ne nouvelle norme pour les pompes à chaleur Mai 2009 >> Les forages à la Duranne et à Meyreuil ont débutés Fin mars dernier, les 200 premiers mètres étaient forés à Meyreuil. La profondeur de ce forage devrait être de 900 m où la nappe devrait atteindre les 40°C. Un second forage est prévu sur la commune de la Duranne où les études prévoient une eau « douce, claire et consommable » à une température de l’ordre de 60° C. Ce gisement présente un intérêt considérable pour les communes du Pays d’Aix qui pourraient trouver là une source d’énergie locale, propre et renouvelable. Ainsi le forage de Meyreuil devrait permettre de chauffer, en autre, les bâtiments administratifs de cette commune. Entre le début des forages et la réception finale des ouvrages, il devrait s’écouler six mois. © BRGM LE DÉVELOPPEMENT Des réseaux de chaleur géothermique en Île-de-France : ÉTAT À AVRIL 2009 15 >> Le chantier de la Cite du design © forez-info.com de Saint-Étienne s’est achevé. Sur le toit de la Platine, les techniciens terminent l’enveloppe du bâtiment. Projet phare du chantier, la création de la Platine, un espace de 7 465 m2 SHON d’un seul tenant. Pour ce bâtiment HQE, les besoins en chauffage sont couverts par un plancher chauffant relié à une pompe à chaleur Carrier de 374 kW de puissance. L’échange de chaleur s’effectue grâce à 100 pieux géothermiques de 700 mm de diamètre enfoncés entre 4 et 10 m. « Le principe est de tirer profit des pieux utilisés pour les fondations en leur ajoutant une fonction géothermique », explique René Meunier, chargé de clients chez Herve Thermique dans une interview accordé à « Les cahiers Techniques du Bâtiment » en mars dernier. Le nombre de pieux n’étant pas suffisant pour assurer la couverture totale des besoins thermiques, 24 sondes géothermiques enfoncées à 100 m de profondeur complètent le dispositif. Larges de 150 mm, elles sont munies d’une boucle de tubes de 32 mm de diamètre en polyéthylène. L’échange de calories s’effectue sur toute la longueur de chaque tube. Le dispositif de chauffage est complété par une ventilation par puits canadien installé sous la Platine. Celui-ci a été réalisé le plus simplement possible en fermant le vide sanitaire sous le bâtiment. formation POMPES À CHALEUR GÉOTHERMIQUES EN COLLECTIF ET TERTIAIRE : MONTAGE DE PROJET • Acquérir les compétences nécessaires pour assurer le montage d’un projet de mise en œuvre de pompes à chaleur géothermiques en collectif et tertiaire • Mieux appréhender toutes les solutions notamment les PAC Géothermiques • Utiliser les outils et intégrer le développement durable dans tous les aspects du montage de projet. 09 juin 2009 au 11 juin 2009, Paris Date limite d’inscription : 19 mai 2009 17 novembre 2009 au 19 novembre 2009, Orléans Date limite d’inscription : 27 octobre 2009 16 Vient de paraître RÉÉDITION DES RÈGLES TECHNIQUES DE L’AFPAC Le succès du chauffage thermodynamique s’affirme d’années en années en même temps que se poursuit la quête d’une qualité toujours plus grande de la conception, de la mise en œuvre et de la maintenance des installations. La réédition des Règles Techniques et Conseils de Mise en œuvre s’inscrit dans cette démarche d’exigence qualitative. Mis à jour et complétés, les fascicules PAC eau glycolée/eau sur plancher chauffant ou plancher rafraîchissant en capteurs horizontaux et PAC eau glycolée/eau sur plancher chauffant ou plancher rafraîchissant en capteurs verticaux sont à nouveau à disposition des professionnels du chauffage par pompe à chaleur. A noter également, un nouveau guide Les pompes à chaleur dans l’existant sur réseaux hydrauliques. Février 2009, Edition AFPAC, 84p. et 102p., 42.65 HT. Plus d’information sur www.afpac.org, et auprès de Gestion PAC sarl c/o CERTEX 22, rue de la Pépinière 75008 PARIS [email protected] A noter, la publication récente de plusieurs PLAQUETTES «DÉVELOPPEMENT DURABLE» DE L’AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION dont “Pompes à chaleur géothermiques à usage principal de chauffage, principes généraux” et “Pompes à chaleur géothermiques à usage principal de chauffage, les points sensibles en conception et mise en œuvre”. Ces fiches «Prévention Développement Durable » s’adressent aux professionnels comme aux maitres d’ouvrages, concernent les principes généraux et recouvrent les principales techniques utilisées. Janvier 2009, Edition AQC, 6p., consultable sur www.qualiteconstruction.com. agenda GEO-HP 2009 GEO-SOURCE ENERGY AND HEAT PUMP TECHNOLOGIES > 18-20 mai, Budapest, Hongrie L’objectif de cette conférence regroupant des représentants de l’Europe et des Etats-Unis est d’échanger sur les technologies les plus avancées pour encourager et aider à développer l’utilisation d’énergie géothermale et les pompes à chaleur. LES RENCONTRES SCIENTIFIQUES DE L’IFP : INTERNATIONAL CONFERENCE ON DEEP SALINE AQUIFERS FOR GEOLOGICAL STORAGE OF CO2 AND ENERGY La journée du 28 mai sera consacré aux perspectives de stockage de chaleur en aquifère. > 27-29 mai 2009, IFP, Paris Vous souhaitez réagir à nos articles, vous voulez annoncer des évènements en rapport avec la géothermie, vous avez des informations ou vous souhaitez écrire un article, contactez Cécile Chery, [email protected] ISSN : 1629 - 887X en ref DIRECTEUR DE PUBLICATION : P. Laplaige ADEME RÉDACTEURS EN CHEF : M.-L. Falque-Masset / ARENE Ile-de-France, A. Desplan / BRGM COMITÉ DE RÉDACTION : F. Boissier / BRGM, F. Sovignet / DRIRE Ile-de-France D. Lenoir / AGÉMO - J. Cazas / ARENE Ile-de-France, N. Bommensatt / ADEME Ile-deFrance - M. Amjahdi / ADEME Ile-de-France - SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : C. Chery ÉDITION / RÉALISATION : CONNEXITÉS / ISAK 02 38 55 32 70 DIFFUSION : BRGM/DÉPARTEMENT GÉOTHERMIE - BP 36009 - 45060 ORLÉANS CEDEX 2