Réforme du collège
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Réforme du collège
Lyon, le 25 janvier 2016 Réforme du collège Rectorat Note pédagogique Cabinet de la rectrice 92 rue de Marseille BP 7227 69354 Lyon CEDEX 07 www.ac-lyon.fr Le présent document a pour objet de répondre à certaines questions fréquemment formulées lors des journées de formation. Privilégiant l’intérêt pédagogique de la réforme et considérant la multiplicité et les potentialités des organisations envisageables, cette note n’a pas pour fonction de reprendre des éléments déjà contenus dans les décrets, arrêtés et circulaires sur la réforme mais cherche à réaffirmer le sens, la portée et les enjeux des enseignements communs et complémentaires. Elle propose enfin des axes de travail susceptibles d'assurer une meilleure continuité au sein du cycle 3 et un fonctionnement plus inclusif des SEGPA. 1. Concernant les enseignements complémentaires A. L’accompagnement personnalisé (AP) : L’accompagnement personnalisé n’est pas un dispositif de remédiation. Il est exclusivement intégré à l’enseignement disciplinaire et peut concerner toutes les disciplines, pas seulement le Français et les Mathématiques. Sa mise en œuvre : • s’appuie sur un diagnostic suffisamment fin des besoins des élèves en termes de compétences, notamment en prenant en compte les bilans de fin de période et de cycle ; • suppose de définir des stratégies différenciées et diversifiées pour permettre à chaque élève d’apprendre dans les conditions qui lui conviennent le mieux, pour valoriser ses forces et pour soutenir sa motivation à apprendre, pour préparer aussi son entrée au lycée ; • s’inscrit dans un projet d’équipe formalisé qui inclut des démarches et des contenus, des modes de suivi et d’évaluation, ainsi que des modes d’organisation ; • implique de la part des enseignants un accompagnement des élèves qui induit un changement de place (le professeur qui accompagne est à côté de l’élève ou des élèves) et de posture (le professeur qui accompagne pense l’apprentissage possible). L’objectif prioritaire de l’accompagnement personnalisé est la maîtrise et la validation des compétences du socle par tous les élèves à travers des approches traditionnelles (soutien, entraînement, renforcement…) ou plus innovantes (ateliers, tutorats…). B. Les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) : C’est un enseignement qui s’appuie exclusivement sur les programmes des disciplines impliquées. Ainsi, chaque professeur traite une partie de son programme dans l’EPI. Ce qui change : • c’est la manière d’impliquer l’élève dans des stratégies d’apprentissage qui vont le rendre acteur, partie prenante dans une démarche de projet collaborative, une action, pour une réalisation concrète, individuelle et collective ; • c’est l’approche interdisciplinaire et les possibilités de mettre en rapport les thèmes des programmes traités d’un point de vue strictement disciplinaire. Par nature, l’EPI est un espace privilégié pour construire et développer les compétences du socle, parmi lesquelles celles relatives aux usages du numérique et la pratique des langues étrangères. Les choix en matière d’EPI devront être envisagés sur les trois années du cycle 4, en veillant à respecter les contraintes réglementaires (six à huit thématiques réparties sur les trois ans, à raison d’au moins deux par an) et à balayer l’ensemble des domaines et composantes du socle et des disciplines. Quelques propositions et recommandations : Pour chaque niveau, les thématiques retenues doivent impérativement être les mêmes pour tous les élèves. Chacune d’entre elles peut être portée par des associations de disciplines différentes et s’appuyer sur des sujets et problématiques distincts. Cette souplesse permet de ne pas rendre obligatoire (même si cette option est envisageable) un jumelage systématique de deux disciplines pour une même thématique et un même niveau. De même, l’EPI n’étant qu’une modalité pédagogique particulière, l’horaire dévolu à chaque projet s’ajustera à son contenu et à l’envergure de la réalisation finale, l’essentiel étant de garantir à chaque élève et chaque année un volume de 108h d’enseignement en EPI (ou de 72h si le choix de 2h d’AP est fait). Les programmes de cycle permettent de proposer la même thématique plusieurs fois, voire de manière filée. Il faut toutefois veiller à l’équilibre général et prendre en compte la richesse potentielle de chaque thématique avant de l’écarter ou de la traiter plusieurs fois. Sans aboutir à un calcul des heures à l’unité près, il est nécessaire que toutes les disciplines soient impliquées dans l’enseignement des EPI, à hauteur des potentialités de chacune (en considérant par exemple le volume représenté par l’horaire de la discipline dans les 26 heures hebdomadaires des élèves). Plusieurs options sont possibles dans la construction des emplois du temps, ayant chacune sa pertinence, avec ou sans plages communes à plusieurs classes pour organiser des EPI et les éventuelles co-interventions. Comme l’indique la DGESCO, il est possible, dans un emploi du temps classique, de situer les moments d’enseignement des EPI, dans les horaires ordinaires des disciplines impliquées, au fil de l’année scolaire et du déroulement des différents projets. Il est nécessaire dans ce cas de bien cadrer les contenus et les objectifs des EPI (exemples de fiches-projet proposées sur le site académique). Les heures de co-intervention, lorsqu’elles sont souhaitées et jugées nécessaires, seront alors organisées sur les plages hebdomadaires de « concertation EPI » laissées libres pour les élèves et les professeurs. Celles-ci seront donc utilisées par les enseignants lorsqu’ils en ont besoin et aussi avec les élèves dans les moments de co-enseignement souhaités. Dans un souci de rigueur et de transparence, il paraît essentiel de formaliser l’organisation pédagogique des EPI, de manière à la rendre accessible aux différents acteurs éducatifs et à la communauté scolaire dans son ensemble. De même, il conviendra de garder trace et mémoire des projets conduits dans le cadre des EPI, pour que le parcours EPI puisse se développer sur les trois années du cycle et être éventuellement reconsidéré, chaque début de cycle, pour les générations à venir arrivant en 5ème. Des liens forts unissent l’ensemble des enseignements obligatoires et les parcours (avenir, citoyen, éducation artistique et culturelle). Du fait de leur spécificité, les EPI sont des 2 espaces privilégiés pour faire vivre ces liaisons et garantir leur vitalité. Articulation entre EPI LCA et enseignement de complément : Il convient de préciser ici qu’une seule ouverture d’un EPI LCA (Langues et cultures de l’antiquité) dans le cours du cycle 4, à quelque niveau que ce soit et de quelque durée qu’il soit, rend possible la mise en place de l’enseignement de complément à partir de la 5ème. Il peut être recommandé de proposer cet EPI dès le début de l’année de cinquième, pour sensibiliser les élèves à cette thématique et leur permettre, assez tôt, d’envisager de bénéficier de l’enseignement de complément Latin ou Grec. 2. Points particuliers liés à l’enseignement des sciences et des arts A. La mise en place de l’enseignement de « sciences et technologie » en classe de sixième : L’arrêté du 19 mai 2015 relatif à l'organisation des enseignements dans les classes de collège fixe les volumes horaires des enseignements obligatoires applicables aux élèves du niveau sixième. L’enseignement de « sciences et technologie » du cycle 3 a un rôle spécifique dans la continuité pédagogique entre l’école et le collège. Cet enseignement, dispensé par un seul professeur en CM1 et CM2, apparaît volontairement en classe de 6ème sous la forme d’un horaire globalisé de 4 heures, adossé aux disciplines constitutives de celui-ci : les sciences de la vie et de la terre, la technologie et la physique-chimie, sans préciser le volume horaire propre à chaque discipline. Le programme du cycle 3 précise : « Toutes les disciplines scientifiques et la technologie concourent à la construction d’une première représentation globale, rationnelle et cohérente du monde dans lequel l’élève vit. ». L’idée est d’amener peu à peu les élèves à découvrir à la fois ce qui est commun aux trois disciplines et ce qui est spécifique, et donc de découvrir leur complémentarité pour répondre à une question scientifique. Des problématiques communes induisant l'étude "d'objets" plus spécifiques à chaque discipline peuvent permettre de construire des connaissances et compétences, elles aussi spécifiques. Le poids horaire de la classe de 6ème représente 50% de l’enseignement de « sciences et technologie » du cycle 3. Deux principes s’imposent : • l’implication de professeurs des trois disciplines dans une co-construction de cet enseignement ; • la mise en œuvre d’une progression pédagogique commune prenant appui sur le programme et les repères de progressivité ainsi que sur une harmonisation des pratiques et des attentes en termes de compétences, de langages, de démarches et de méthodes, supposant donc un projet pédagogique. L’organisation de cet enseignement s’appuie sur des modalités propres à chaque établissement. Si les collègues ont mis en place un enseignement intégré de sciences et de technologie (EIST), ils peuvent bien sûr le poursuivre. Des exemples d’organisation sont proposés en annexe. B. La mise en place de l’enseignement des arts L’établissement peut moduler à la marge la répartition du volume horaire par discipline en veillant toutefois à ce que les Arts plastiques et l’Éducation musicale soient enseignés chaque année des cycles 3 et 4. Pour être effective, si elle est choisie, la semestrialisation devra s’inscrire dans le cadre d’un projet d’établissement défini collégialement, en concertation avec l’ensemble de l’équipe éducative. On veillera tout particulièrement à ménager une continuité et une régularité des apprentissages des enseignements artistiques, par exemple dans le cas d’un regroupement par quinzaine (à savoir deux heures en alternance tous les quinze jours). 3 Les organisations, qui induiraient deux heures consécutives de pratiques artistiques ou vocales, ne favorisent pas nécessairement un travail, permettant la diversification et l’articulation dynamiques sur le cycle, des notions travaillées du programme, ni une pleine conception « spiralaire » des progressions. De plus, la pratique vocale intensive n’est physiologiquement pas conseillée. Concernant la chorale, il s'agit d'un enseignement facultatif qui réunit tous les élèves sur un même créneau. La chorale peut s'inscrire sur le temps de pause méridienne, comme une activité dont le contenu développe d'autres compétences que celles des disciplines. 3. La continuité du cycle 3 : cycle de consolidation des apprentissages fondamentaux La mise en place du cycle 3 de consolidation des apprentissages, à l’articulation entre école primaire et collège, avec pour référence commune aux enseignants de CM1, CM2 et sixième, les compétences du socle commun et des nouveaux programmes de cycle qui incluent des repères de progressivité, nécessite une étroite collaboration entre les professeurs des écoles et ceux du collège. Les instances pédagogiques (conseil écolecollège, conseils de cycle 3, conseil pédagogique, conseils d’enseignement) doivent servir d’appui à ces échanges devant porter sur le cœur des apprentissages, pour établir des progressions pédagogiques et travailler à l’harmonisation des pratiques et des attentes en termes de compétences, de méthodes, de langages et de démarches. Il est nécessaire pour cela d’envisager de nouvelles modalités de fonctionnement de ces instances, pour aborder de façon concrète et suffisamment approfondie la progressivité des apprentissages sur les trois années, les méthodes, les outils d’apprentissage et de suivi, l’évaluation, les aides proposées aux élèves les plus fragiles… La difficulté étant que chaque collège accueille des élèves issus de plusieurs écoles et que les enseignants de collège sont des spécialistes de disciplines contrairement à leurs collègues professeurs des écoles (PE), il est par exemple nécessaire de mettre en place des commissions au sein du conseil écolecollège qui étudient, par grands champs disciplinaires ou interdisciplinaires ou transversaux, les possibilités de continuité pédagogique. Ces commissions permettraient d’initier des relations entre des PE et des professeurs de collège. Mais il est nécessaire de mettre en place une coopération pédagogique et des échanges allant au-delà des instances, en s’appuyant sur des objectifs pédagogiques partagés : observations croisées, échanges de services, formations d’initiative locale… Il est aussi envisageable de proposer ces mêmes commissions au sein d’un conseil de cycle 3 « élargi » concernant les écoles d’un même secteur et associant des enseignants du collège. Les nouveaux outils institutionnels de suivi des parcours et d’évaluation des acquis des élèves devront utilement apporter leur concours à la mise en place d’une véritable cohérence et continuité des apprentissages du cycle3. Ils devront être largement utilisés. 4. La réforme appliquée aux classes des sections d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) Si la circulaire n°2015-176 du 28-10-2015 réaffirme que la SEGPA est une structure qui a toute sa place dans le traitement de la grande difficulté scolaire, elle indique également qu’elle doit évoluer pour mieux répondre aux besoins éducatifs particuliers, notamment en favorisant les projets communs avec les classes du collège et l’inclusion comme levier d’évolution des compétences et d’influence sur le comportement des élèves. Comme pour tous les collégiens, les enseignements délivrés aux élèves de la SEGPA s’appuient sur les mêmes programmes et visent les mêmes compétences ; les élèves de la SEGPA bénéficient des enseignements complémentaires (AP et EPI) et ils participent à la vie de l'établissement et aux projets communs du collège. L’inclusion vise un double 4 objectif : la SEGPA ne doit plus être pensée comme le lieu unique où les enseignements sont dispensés. Les élèves qui ne relèvent pas de la SEGPA doivent pouvoir bénéficier ponctuellement de l'appui des enseignants spécialisés, notamment lorsqu'ils cointerviennent avec l'enseignant de la classe ordinaire. Des points importants de la circulaire à souligner et des recommandations : • En matière de pilotage, le projet d’établissement du collège inscrit le fonctionnement inclusif de la SEGPA et en précise l’organisation spécifique. Il précise également les conditions d’une organisation permettant aux élèves ne bénéficiant pas de la SEGPA de profiter d’un enseignement adapté à leurs besoins spécifiques. • Une mutualisation d’expertise sur la gestion de la grande difficulté, entre le professeur spécialisé et un professeur de la classe d’intégration, peut s’exercer à plusieurs niveaux de l’action pédagogique. • Chacun des élèves de la SEGPA bénéficie d’un projet pédagogique individualisé construit à partir d’une évaluation de ses acquis, des compétences à acquérir et d’une analyse de ses besoins éducatifs. Tous les enseignants qui interviennent et pas seulement les professeurs spécialisés, apportent leur contribution à ce projet. • La classe de 6ème a pour objectif de permettre à l'élève de réussir son insertion au collège, de s'approprier ou de se réapproprier des savoirs ; plusieurs propositions d’organisation pour une inclusion partielle ou totale sont envisageables. • La scolarité en SEGPA doit permettre aux élèves de se situer progressivement dans la perspective d’une formation professionnelle diplômante qui sera engagée à partir de la classe de troisième. L’enseignement de découverte professionnelle y contribue tout au long du cycle 4. - Les EPI, portant par exemple sur les thématiques « corps, santé, bien-être et sécurité » ; « monde économique et professionnel », peuvent contribuer à une découverte professionnelle ; - Dès la 5ème, dans le cadre d’un enseignement de complément, les professeurs de lycée professionnel (PLP) assurent ponctuellement des enseignements préprofessionnels ; - En classe de 4ème, grâce aux 6h de découverte professionnelle, la démarche de projet utilisée par le PLP s’inscrit dans le cadre de situations empruntées à au moins deux champs professionnels ; - En classe de 3ème, grâce aux 12h de découverte professionnelle le PLP vise prioritairement, dans le cadre des activités qu’il met en œuvre, la préparation à l’entrée dans une formation diplômante. L’élève fait le choix d’un champ dans lequel il reste toute l’année. Annexe : Deux principes d’organisation sont envisageables pour l’enseignement « sciences et technologie » : • S’inspirer de l’expérience de l’enseignement intégré des sciences et technologies (EIST), éventuellement en regroupant deux classes de sixième pour faire trois groupes. L’enseignement co-construit par des professeurs des 3 disciplines peut alors être dispensé devant un groupe d’élèves par un enseignant unique. Cette solution permet de donner un sens certain à l’approche par compétences mise en 5 avant par le socle et à l’interdisciplinarité. Elle permet aussi une meilleure continuité au sein du cycle 3 entre l’école primaire et le collège ; • Répartir équitablement les 4 heures entre les 3 disciplines, ce qui pourra se traduire par des organisations très diverses, par exemple : - proposer deux séquences de deux heures par trimestre en permutant les disciplines (par exemple 1er trimestre 2 h de SVT et 2 h de technologie, 2ème trimestre 2 h de SVT et 2 h de physique chimie, 3ème trimestre 2 h de technologie et 2 h de physique chimie). Ce choix de plages horaires de deux heures permet la mise en œuvre de démarches d’investigation dans de bonnes conditions ; - attribuer une heure pour chaque discipline et la dernière heure qui alternera successivement entre les trois disciplines ou qui pourra être attribuée à chaque discipline pour un trimestre. Ce choix rassurera certainement les professeurs mais créera du cloisonnement dans les apprentissages ce qui serait dommage. Dans ce cas, un support écrit commun pourrait être un élément de continuité. Une évaluation commune, serait aussi un élément intéressant ; - attribuer une heure à chaque discipline et dédier la quatrième heure à l’accompagnement personnalisé. Cette solution permet d’impliquer les disciplines scientifiques et technologiques dans l’accompagnement personnalisé dans une perspective d’aide aux élèves en difficulté et d’excellence, pour les élèves demandeurs. On pourrait mettre ainsi en œuvre une vraie diversification des apprentissages. D’autres organisations sont bien sûr envisageables, à condition qu’elles respectent les principes énoncés. 6