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Dossier pédagogique J e u n e s s e s M u s i c a l e s F é d é r a t i o n Wallonie Bruxelles alek et les japonaises electro-kitch [belgique] Chanson française, Pop / Rock / Electro. Un duo de musique électro-pop kitschissime, un jubilatoire OVNI belgo-japonais à paillettes ! Depuis 2008, ces deux électropicalistes font trépider la Belgique. Munis de leur coffre à jouets surréaliste, ils nous emmènent à bord d’une autodérision musicale chantée en japonais, français, espagnol voire néerlandais ! Leur pop fraîche et déjantée aux mélodies épicées est une mixture de beats électros et de guitare brésilienne accommodée à la sauce Bollywood. Les costumes de ces acrobates font rêver plus d’un patineur artistique… Raison peut-être pour laquelle on les appelle souvent les Candeloro de la musique ou les Rita Mitsouko japonais ! En 2009, ils sortent leur premier CD «Cuillère», enregistré grâce à un prix obtenu au concours «Musique à la française». Leur deuxième opus «Ojamashimasu» est paru en 2010. Alek et Les Japonaises se sont principalement produits en Belgique, enFranceetauJapon(JapanTour2009–OjamashimasuTour2010). Parallèlement, ils animent aussi bien la scène alternative que les salons de coiffure ! Maï Ogawa : Chant, synthé, gadgets divers. Maï est Japonaise et vit en Belgique depuis 2002. Elle est interprète, compositrice et professeur de piano. Issue de la sphère classique, elle reste à l’affût de découvertes musicales et prête ses talents à des projets très divers, qui vont de l’interprétation de pièces classiques à des projets liant la musique à l’image comme le Kamishibaï Musical. Alexandre Boff : Chant, Guitare. Alek est Belge, de père brésilien. Journaliste de formation, il a notamment travaillé comme chroniqueur musical et plus récemment comme rédacteur pour une société de scénographie. Guitariste depuis son adolescence, c’est lors d’un séjour de deux ans au Brésil qu’il s’est passionné pour le tropicalisme et la guitare brésilienne. La musique électronique Historique Les prémisses de l’électronique musicale se situent vers 1897 avec le Telharmonium. Cet instrument électromécanique (et non électronique) est l’ancêtre du synthétiseur. Le son n’était pas produit par un oscillateur électronique, mais par la rotation d’une «roue phonique». On a comparé ce principe à celui d’une dynamo qui produirait des impulsions électriques brèves, d’où le nom Dynamophone qui lui a également été attribué. En 1920 Léon Theremin crée le Theremin Vox, qui peut être considéré comme le premier instrument électronique : les fréquences de vibrations sont commandées par les gestes de la main au voisinage d’une antenne. Dès leur apparition, les techniques de production, de transmission et d’enregistrement du son font l’objet de tentatives de transpositions dans le domaine de la création musicale. Souvent anecdotiques, celles-ci ne doivent cependant pas cacher au moins deux faits d’importance : un élargissement du spectre sonore et une remise en question de l’interprétation, de l’audition, voire de la composition. Les futuristes italiens (Luigi Russolo, Filippo Marinetti...) entendent élargir la matière musicale à tous les sons ; ils publient «L’art des bruits» en 1913. Dès les années 1930, Edgar Varèse tente d’exploiter ces nouveaux appareils pour trouver les sonorités qu’il cherche vainement avec les «instruments classiques». Mais c’est au © Alice Khol lendemain de la Seconde Guerre Mondiale que l’électroacoustique fait réellement irruption dans le champ des musiques contemporaines. La musique concrète est «officiellement» née dans le Studio d’Essai de Radio-Paris en avril 1948. Pierre Schaeffer y fait ses premières expériences musicales à l’aide de sillons fermés sur disques 78 tours (l’effet «disque rayé»). Pierre Henry le rejoint au sein du «Groupe musique concrète» et ils créent la première œuvre concrète d’importance : «Symphonie pour un homme» (1950) dont le titre laisse transparaître cette angoisse ressentie par Pierre Schaeffer : ils sont les géniteurs d’une «musique sans musicien». En 1958, le «Groupe musique concrète» devient «Groupe de Recherches Musicales» (GRM) et s’instaure comme un véritable laboratoire-école d’électroacoustique où se formeront et évolueront les principaux com- positeurs électroacousticiens français : Bernard Parmegiani, Michel Chion, François Bayle, Christian Zanesi...). Le Canada est également devenu l’une des principales terres d’accueil de l’électroacoustique (également appelée «acousmatique») tout particuliè- rement à l’Université de Montréal sous l’impulsion de Marcelle Deschêne et de Francis Dhomont. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les adeptes du sérialisme trouvent dans les nouvelles techniques le moyen de mener plus loin leur désir de contrôle du phénomène musical. Le studio de la West Deutsche Rundfunk à Cologne fondé par le Dr Werner Meyer-Eppler et Robert Beyer en 1951 (bientôt rejoints par Herbert Eimert et Karlheinz Stockhausen) constitue véritablement le premier studio de musique électronique. De nombreuses autres créations de studios suivront : le Studio de Phonologie Musical de la RAI, à Milan, créé par Bruno Maderna, Luciano Berio et Luigi Nono en 1955 ; le studio de la radio NHK (1956) à Tokyo, par Mayuzumi, Moroî, Takemitsu ; le Columbia-Princeton Electronic Music Center fondéen 1959 par Wladimir Ussachevsky, Otto Luening et Miltton Babbit. Aux Etats-Unis, des initiatives hors du domaine sériel voient également le jour : le San Francisco Tape Music Center fondé par Morton Subotnick en 1959, équipé des proto- types de synthétiseurs de Donald Buchla et où travailleront, entre autres, Terry Riley, Pauline Oliveros et Steve Reich. Le Sonic Arts Union (David Behrman, Robert Ashley, Alvin Lucier, Gordon Mumma) a particulièrement marqué le domaine de la «musique électronique vivante» ; ce collectif met en commun ses propres instruments électroniques bidouillés de façon artisanale. Richard Maxfield enseigne, sans doute le premier aux Etats- Unis, les techniques de création musicale à l’aide de sources électroniques. Mais ces nouveaux outils restent onéreux et se répandent tardivement dans la sphère pop. A la fin des années 1960, débuts 1970, le rock planant allemand, dit «Krautrock» sera l’un des plus fervents utilisateurs des nouveaux synthés. Tout particulièrement la scène berlinoise où Tangerine Dream, Klaus Schulze, Ash Ra Temple explorent en pionniers des espaces musicaux intersidéraux. Cependant, d’autres foyers contribuent à installer cette révolution électronique dès la fin des années 1960, puis au cours des années 1970. Le rock psychédélique amène ainsi quelques pierres fondatrices à l’édifice par l’intermédiaire de groupes tels que Pink Floyd qui, outre son recours intensif aux sonorités synthétiques, utilise la matière sonore d’enregistrements “de terrain” dans ses morceaux. De l’autre côté de l’Atlantique, sur la petite île de Jamaïque, quelques producteurs inventifs (King Tubby, Prince Jammy, Lee “Scratch” Perry) accouchent, début des années 2 0 1 1 / 2 0 1 2 - alek et le s ja p o n a ise s - 0 1 1970 d’un étrange avatar du reggae, le dub, dans lequel le studio acquiert le statut d’instrument central au processus de création, à grand renfort d’effets (réverbérations, delays ...). Les Etats-Unis ne sont pas en reste, avec l’émergence de formes déviantes du funk et du disco qui engendrent les balbutiements du hiphop, de la house et de la techno. Les pionniers du hip-hop tirent pleinement parti de la démocratisation progressive des premiers instruments numériques, en particulier des échantillonneurs (samplers), pour un art du “recyclage” de la matière sonore porté aux nues par des formations telles que Public Enemy dans les années 1980. La musique électronique doit en effet largement sa créativité à son indépendance des studios professionnels d’enregistrement et au développement du home studio (littéralement “le studio chez soi”) en tant que nouveau modèle de production. Ce creuset d’influences conjuguées débouche sur la musique électronique et s’acoquine notamment à la pop anglaise post-punk pour donner naissance à une mouvance qui contribuera à faire entrer ces sonorités dans les hit-parades et l’inconscient collectif : la New wave (Depeche Mode, The Human League, New Order...). Un autre groupe connu des années 1980, The Art Of Noise, mélange séquences électroniques avec des échantillons allant de l’extrait de discours politiques aux bruits de moteurs. Les hybridations se multiplient tous azimuts au cours des années 1990 et ce bouillonnement engendre une multitude de styles (trip-hop, drum ’n ’bass, electronica ...), dont certains réconcilient recherche musicale et accessibilité. Aujourd’hui, l’électronique a envahi le domaine de la création musicale, aussi bien dans la techno que dans la variété pop rock. La simplicité de programmation des machines actuelles permet à n’importe qui, avec un peu de patience, d’obtenir des résultats satisfaisants. Principaux genres • Electroacoustique : Musique concrète - Musique pour bande - Électroacoustique improvisée - Musique acousmatique - Musique assistée par ordinateur - Art sonore • Techno : Ambient - Breakbeat - Drum ’n’bass - Hardcore - House - Techno Trance • Electronica : New Beat - Intelligent dance music - Synthpop - Glitch – Electro • Hip-Hop : Abstract Hip-Hop - Illbient - Trip-Hop – Turntablism • Dance : Eurodance – Jpop - Industriel : EBM - Electro-Indus - Metal Indus • Noise - Power Noise • Genres périphériques : Big Beat - Downtempo – Dub - Nu Jazz - Post-rock Boîte à rythmes La boîte à rythmes est un instrument de musique électronique imitant une batterie ou des instruments de percussion. Les premières boîtes à rythmes ne reproduisaient que des styles préprogrammés (mambo, tango...). Progressivement, elles ont permis à l’utili- sateur de créer sa propre rythmique grâce à un petit séquenceur intégré. Loop station Le terme «loop station» désigne l’appareil électronique permettant d’enregistrer des boucles musicales en direct, en général utilisé avec une guitare ou la voix. Une boucle est une partie d’une séquence musicale ou d’une onde répétée plusieurs fois. Souvent utilisée dans la musique électronique, elle peut aussi être créée à partir d’un sample. Synthétiseur Appareil électronique permettant de créer, de reproduire des sons à partir de leurs éléments constitutifs (fréquence, durée, hauteur ...) Expandeur Matériel ou logiciel, l’expandeur est un processeur MIDI qui réalise la synthèse de sons. On peut l’assimiler à un synthétiseur dépourvu de clavier. Séquenceur Un séquenceur permet d’enregistrer des événements MIDI de façon séquentielle (les uns après les autres), de les éditer (les modifier), puis de les relire pour commander un générateur de sons. Comme pour un magnétophone multipistes, les pistes peuvent être enregistrées successivement puis subir indépendamment les unes des autres un certain nombre de traitements. Pour éviter toute confusion, il faut toujours se souvenir qu’un séquenceur n’enregistre aucun son mais uniquement des codes MIDI; son efficience est donc intégralement dépendante de la présence d’un générateur de son relié par MIDI. MIDI, abréviation de Musical Instrument Digital Interface Protocole, créé en 1982, per- mettant l’échange de données numériques entre appareils informatiques ou instru- ments électroniques. C’est le point de passage obligé pour quiconque décide d’utiliser plus d’un générateur de son (boîtes à rythmes, sampleurs, expandeurs, séquenceurs...). Les messages MIDI transitent par une interface MIDI et par câble disposant d’une prise MIDI (DIN 5 broches). Le MIDI est capable d’interpréter beaucoup de paramètres, comme le changement d’instrument, le volume, l’attaque, la durée des notes, les modulations... ainsi que les paramètres de son en temps réel (cut off, résonance...). (samples) et de les rejouer ensuite sur un clavier ou à partir d’un contrôleur MIDI ou encore à partir d’un séquenceur. Ce type d’appareil est très utile pour pouvoir utiliser des sons impossibles à réaliser avec un synthétiseur traditionnel, comme un chien qui aboie ou un train qui passe, une boucle jouée par un batteur ou encore un piano ou une trompette ! Le sampling (l’utilisation d’une partie d’un enregistrement, pour produire des effets et de nouveaux sons) peut servir à différents niveaux : certains n’hésiteront pas à récupérer des parties basse/batterie sans même y retoucher, d’autres s’en serviront pour ajouter des interventions vocales... Les styles peu orientés vers les machines peuvent aussi profiter du sampling pour ajouter des sonorités à une petite formation (ajout d’une section de cuivres, de cordes...), ou encore pour obtenir des sonorités impossibles à réaliser en temps réel : samples joués à l’envers, chœurs fait par le chanteur ou sons synthétiques... Le sampling s’est répandu au cours de la fin du 20ème siècle. La plupart des musiques récentes ont recours aux samples : le hip-hop, la jungle, la house... Il faut noter que cette technique a été le sujet de débats sur la propriété intellectuelle et le droit d’auteur. Le manga Le manga est une bande dessinée japonaise. Le mot «manga» est souvent utilisé de façon impropre pour désigner, par extension, une bande dessinée non japonaise respectant les codes des productions populaires japonais ou pour nommer d‘autres produits visuels rappelant certaines de ces bandes dessinées (dessins animés, style graphique, etc.). Origine Le mot japonais «manga» souvent traduit littéralement par «image dérisoire» ou «dessin non abouti», est composé de «ga» qui désigne la représentation ©dauphinimages.centerblog.net graphique («dessin», «peinture» ou toute image dessinée - comme l‘estampe), et «man» «involontaire», «divertissant», «sans but», mais aussi «exagérer», «déborder» (qui peut être interprété comme caricature), ainsi qu‘«au fil de l‘idée». Ainsi on pourrait aussi bien traduire ce mot par «dessin au trait libre», «esquisse au gré de la fantaisie», «image malhabile» ou tout simplement caricature ou grotesque dans le sens de Léonard de Vinci ! Le terme devient courant à partir de la fin du 18ème siècle avec la publication d‘ouvrages tels par exemple que «Mankaku zuihitsu» (1771) de Kankei Suzuki ou «Shiji no yukikai» (1798) de Kyoden Santo. En 1814, Hokusai, futur peintre de La Grande Vague de Kanagawa, donne à ses recueils d‘estampes parfois grotesques le titre «Hokusai manga». C‘est ce dernier ouvrage qui fait connaître le mot en Occident. Il ne prend le sens précis de «bande dessinée» qu‘au cours du 20ème siècle, avec l‘introduction de celle-ci au Japon. Lorsqu‘elle y devient très populaire, après 1945 et grâce à Osamu Tezuka, le terme s‘impose pour finir par ne plus désigner qu‘elle. C‘est ce terme qui a été utilisé à l‘étranger (France, États-Unis, Allemagne, etc.), pour caractériser la bande dessinée japonaise, dont il est devenu un synonyme, et parfois grossièrement ramené à un genre. Quelques notions Le dessinateur de mangas est appelé mangaka. Il est soumis à des rythmes de parution très rapides, et ne bénéficie pas toujours d‘une liberté totale sur son œuvre, selon la réception auprès du public. Si le manga connaît un fort succès, l‘auteur devra prolonger son histoire, même s‘il voulait la terminer. À l‘inverse, certaines œuvres peu connues ne verront pas leurs suite et fin publiées. Les mangas se lisent souvent dans le sens inverse des bandes dessinées occidentales : de droite à gauche, ce qui correspond au sens de lecture japonais. Diffusion au Japon Sampleur et sampling À la différence de l‘Europe et des États-Unis, le marché de la bande dessinée au Japon n‘est pas un marché de niche mais un phénomène de masse qui touche une part énorme de la population et génère une importante activité économique. Les mangas japonais sont moins chers qu‘en Europe, leur prix avoisinant les 500 yens (4 euros en mars 2009). Les mangas publiés dans les magazines de prépublication sont considérés au Japon comme des objets de grande consommation plutôt que comme des objets de valeur. Cependant, des éditions reliées et brochées à l‘image de celles paraissant en Occident, sont destinées à être collectionnées et conservées. Depuis son ouverture en novembre 2006, le musée international du manga de Ky to offre une impressionnante collection de mangas (200 000 volumes). L‘énorme popularité des mangas rivalise avec les grosses pointures de la bande dessinée européenne ; ainsi, les 42 tomes de Dragon Ball se sont vendus à plus de 250 millions d‘exemplaires dans le monde, un chiffre qui surpasse, dans l‘absolu, celui enregistré par «Les Aventures de Tintin et Milou» avec 24 albums édités à plus de 200 millions d‘exemplaires. Un sampleur (appelé également échantillonneur) est un appareil électronique permet- tant d’enregistrer une source audio externe, d’échantillonner des sons Les mangas japonais sont très rarement édités directement sous forme de Rayon de mangas Jeunesses Musicales de la Fédération Wallonie Bruxelles - 2 0 1 1 / 2 0 1 2 - alek et le s ja p o n a ise s - 0 2 volumes reliés. Ils paraissent tout d‘abord de manière découpée dans des magazines de prépublication, des revues spécialisées qui leur sont consacrées. Les rythmes de publication de ces magazines peuvent beaucoup varier, allant de l‘hebdomadaire aux publications mensuelles voire trimestrielles. Les séries y sont souvent publiées par chapitres d‘une vingtaine de pages pour les magazines hebdomadaires et souvent davantage pour les magazines à rythme mensuel. À l‘intérieur d‘un même magazine, le papier peut parfois changer de couleur, afin de distinguer rapidement les différentes séries les unes des autres. Ces magazines, bon marché, s‘écoulent en grand nombre, c‘est-à-dire en millions d‘exemplaires pour certains, et se lisent un peu partout. On en retrouve parfois abandonnés dans les trains, les rames de métro, les cafés, etc. Ils alimentent un système de lectures multiples : un magazine serait lu par plusieurs personnes. Différence entre la réalité et sa transcription dans les mangas. On observe une utilisation fréquente d‘onomatopées relatives aux mouvements, actions ou pensées des personnages. Notons d’ailleurs que le japonais est beaucoup plus riche que le français en onomatopées et que leur champ d‘application est plus large, incluant des concepts surprenants tels que l‘onomatopée du sourire (niko niko), du silence (shiiin) ou encore du scintillement (pika pika, d‘où le nom de Pikachu). Une particularité à noter est que la plupart des personnages ont souvent des traits occidentaux, au-delà du simple tracé des grands yeux des personnages. Un samouraï roux, un exorciste aux yeux bleus ou une écolière blonde n‘ont rien d‘étonnant pour le lecteur japonais, même s‘ils sont censés être japonais ou de culture japonaise. La simple nécessité de distinguer physiquement entre deux personnages ne suffit pas toujours à expliquer cet aspect de la narration, puisque certains mangaka choisissent de donner à tous leurs personnages un aspect purement japonais, sans que cela ne pose de problème à la compréhension de l‘histoire. Certains y voient une façon d‘afficher un attrait pour l‘Occident, qui apparaît largement ailleurs dans la vie quotidienne au Japon. Les décors des scènes sont parfois moins fouillés que pour une bande dessinée occidentale. Cela peut aller jusqu‘à faire évoluer les personnages dans un décor blanc. Ce parti pris a pour conséquence de focaliser l‘attention du lecteur sur l‘histoire en général et sur les dialogues en particulier. On note ainsi une certaine résurgence de l‘aspect théâtral. Enfin, les personnages ont souvent des attitudes expressives à outrance : la colère, la jalousie ou la gêne se montrent facilement, alors que cette attitude est plutôt mal vue dans la culture japonaise, où le calme et la retenue sont de rigueur dans les rapports sociaux. Le passage de l‘absurde et du comique au sérieux ou au drame, sans aucune transition, fait également partie de la narration, sans jamais susciter d‘interrogation de la part du lecteur qui accepte par avance cette convention de lecture. Types Les mangas ont un panel de sujets très large qui peut aller de la musique («Detroit Metal City», «Nodame Cantabile», «Beck», etc.) au vin («Les Gouttes de Dieu») en passant par la boulangerie («Yakitate!! Ja-pan»). Le traitement des thèmes varie selon le public visé et les revues de mangas sont généralement destinées à une catégorie estimée d‘âge (qui s‘apparente davantage, pour certains, à une stratégie commerciale). Produits dérivés Souvent, les séries à succès sont adaptées en «animes», sous forme de séries télévisées mais aussi de jeux vidéo. Mais parfois, ce sont les animes qui sont utilisés pour créer des bandes dessinées, soit simplement inspirées de la version animée, soit directement copiées à partir des images animées. Pour cela, on met en page des images extraites de l‘œuvre souhaitée, sur lesquelles on ajoute du dialogue. De nombreux mangas ont aussi été adaptés en «drama» (série télévisée), dont certains sont très populaires. Associés aux mangas, on trouve les «artbooks», recueils d‘illustrations en couleur et d‘images originales, incluant parfois des histoires courtes. De même, du fait de la popularité grandissante des mangas, les produits dérivés sont de plus en plus nombreux : figurines, cahiers, calendriers, porte-clés, peluches, habits, costumes, accessoires, etc. On trouve également des jeux de rôle développant un riche univers post-apocalyptique. Bollywood C’est le nom donné à l‘industrie cinématographique indienne basée à Mumbai (Bombay) et dont les films sont réalisés en hindî (et en ourdou). Il s‘agit de la composante la plus populaire du cinéma indien, le plus important au monde en nombre de films tournés. Les films de Bollywood, diffusés dans toute l’Inde, s’exportent dans le monde entier, © madir-music.com notamment dans les pays du Maghreb, du Moyen-Orient et du sud-est asiatique. Le terme «Bollywood» est un mot-valise combinant l‘initiale du nom «Bombay» ancien nom de la ville indienne appelée officiellement Mumbai - et celui d‘un autre symbole de l‘industrie cinématographique, en l‘occurrence américaine : «Hollywood». Il ne désigne pas un lieu spécifique mais plutôt un genre cinématographique. Conventions du genre Musique Les films, tournés en hindi, s‘apparentent au genre du film musical, voire de la comédie musicale, et comportent généralement plusieurs clips musicaux. La musique a ses compositeurs attitrés (tels Rahul Dev Burman, Jatin Lalit, Anu Malik… ) dont le style est un mélange de musique indienne et occidentale. Elle s‘accorde avec précision au scénario ; elle est toujours pré-enregistrée par des chanteurs de playback professionnels très prisés et les acteurs qui se doivent d‘être de bons danseurs, peuvent se contenter de mimer le chant car les caméras indiennes sont trop bruyantes. La bande originale du film est toujours réalisée et distribuée avant même le tournage du film, qui dépend d‘ailleurs de son succès. Il y a très souvent alors des scènes tournées à l‘étranger pour accompagner ces clips ; les Alpes suisses ou les plages des Seychelles en sont des thèmes récurrents, symbolisant le rêve et la richesse. Danse Les scènes de danses sont dérivées de variétés de la danse indienne : kathak classique, danse de courtisanes tawaif, bharata natyam, Bhangra et danse folklorique. Dans les films les plus récents, la chorégraphie a largement évolué : aujourd’hui, les danses traditionnelles font place à des danses modernes notamment occidentales (disco, salsa, Hip Hop, Break Dance). Les chorégraphes sont eux-aussi très demandés et le succès d‘un film dépend souvent de leur seule présence. Le héros ou l‘héroïne ne danse jamais seul : il y a toujours une troupe ou un chœur de danseurs ou danseuses les accompagnant afin de créer un effet de masse, accentué par un champ panoramique. Ces scènes sont très soignées et imposent souvent aux comédiens des changements multiples de costumes ou de lieux appelés «picturisation». Script Le script et les dialogues sont écrits en hindi courant, la langue principale du nord de l‘Inde, ou en hindoustani, qui est un mélange de hindi et d‘ourdou tel qu‘il est parlé couramment dans une grande partie de l‘Inde du nord ou encore en hinglish, un mélange de hindi et d‘anglais qui témoigne de la modernisation et de la mondialisation de ce cinéma. Scénario Les scénarios de films (comme les musiques) de Bollywood sont parfois inspirés de succès de ceux d‘Hollywood. Plutôt que de prendre des risques avec une œuvre originale, quelques producteurs préfèrent une adaptation à l‘indienne d‘un thème déjà éprouvé par le box-office. Les économies budgétaires ont souvent provoqué des plagiats assez importants que couvraient le laxisme des lois indiennes et l‘absence de contrat écrit en la matière. Les films de Bollywood ont la particularité de mêler durant trois heures plusieurs genre en un seul film appelé souvent «masala» (terme désignant un mélange) et comportant une histoire d‘amour mélodramatique d‘une certaine pudeur, des scènes d‘action, de violence, de vengeance, de sport, de fêtes, de réincarnation, de comédie, voire des gags, etc… Bien souvent le héros ou l‘héroïne riche est sur le point de se marier selon la coutume traditionnelle du mariage arrangé, et le scénario tourne autour d‘un mariage sentimental avec un outsider pauvre rendu possible par un membre de la famille complaisant ou absent face à des parents rigoristes. Il existe aussi des scénarios plus sérieux où la politique, la corruption, le terrorisme, le crime, le colonialisme sont dénoncés. Bollywood est devenu récemment plus varié, plus original et plus riche en termes de scénarios et de scripts. Le public indien est exigeant non pas sur la qualité technique du film ou la crédibilité de l‘histoire, mais plutôt sur le caractère divertissant. Le public aime aussi ses stars et il n‘est pas gêné de voir le même Shahrukh Khan par exemple jouer dans 5 ou 10 films de suite en un an. Il semble que sous l‘influence de la diaspora indienne, Bollywood soit de plus en plus amené à se rapprocher des productions d‘Hollywood. Les codes traditionnels (pudeur, pas de baiser à l‘écran..) ont disparu depuis maintenant 5 ans, l‘audience indienne a évolué et est maintenant capable d‘accepter ce type de scènes voire même des tenues occidentales pour les actrices (bikinis, mini shorts...). La musique brésilienne Outre Heitor Villa-Lobos, de nombreux Brésiliens font partie des grands noms de la musique du 20ème siècle, comme Antônio Carlos Jobim, João Gilberto, Baden Powell, Vinícius de Moraes, ou encore Gilberto Gil, ce dernier ayant été nommé Ministre de la Culture en 2002. Musique classique et sacrée Gilberto Gil © bossanovabrasil.fr Suite à l‘arrivée des Jésuites la musique baroque (baroco mineiro) et le chant grégorien furent introduits dès 1549. Jeunesses Musicales de la Fédération Wallonie Bruxelles - 2 0 1 1 / 2 0 1 2 - alek et le s ja p o n a ise s - 0 3 La musique dite classique, est notamment représentée par les compositeurs José Maurício Nunes Garcia (1767-1830), Antonio Carlos Gomes (1836-1896), Elias Álvares Lobo (1834-1901), Brasílio Itiberê (1848-1913), Heitor Villa-Lobos (18871959). Camargo Guarnieri (1907 - 1993), Cláudio Santoro (1919 - 1989) et Osvaldo Lacerda (1927). La musique traditionnelle se scinde quant à elle en une grande diversité de genres. • Aboio : Par «aboio», on désigne le chant en rythme libre, modal développé par les «vaqueiros», les vachers, lors de la transhumance. En effet, les «aboios» imitent le cri du bétail et caractérisent l‘identité d’un certain mode de vie. Les vachers se déplacent le long de la côte du Nordeste du Brésil, c‘est pourquoi l‘on retrouve ce genre dans de nombreuses régions, de Bahia au Maranhão. «Boi» désigne le bœuf et «boiada», le troupeau. Dans ces régions, le bœuf est au centre du système économique des vaqueiros. A l‘origine utilisé pour guider les troupeaux, l’«aboio» s‘est développé en joutes vocales improvisées entre vaqueiros, dans lesquelles chacun va pouvoir affirmer sa personnalité et son talent d‘improvisateur. L‘ «aboio» a inspiré de nombreuses compositions et chansons. • Bumba-meu-boi : Bumba-meu-boi, boi-bumbá ou pavulagem sont des danses du folklore populaire brésilien, avec des personnages humains et animaux fantastiques, qui tendent à raconter l‘histoire légendaire de la mort et la résurrection d‘un bœuf. Très populaire dans la Région Nord du Brésil. • Capoeira : Le terme capoeira désigne un poulailler en Portugais, mais étymologiquement, on peut aussi renvoyer à la langue Tupi, où «ka» signifie «forêt». A l‘origine, la capoeira est une lutte pratiquée par les hommes d‘origine africaine dans les plantations. Très vite, elle fut réprimée par le code pénal brésilien, en raison de son pouvoir de rébellion. Accompagnée à ses débuts de percussions membranophones, la capoeira a adopté le berimbau, arc musical issu de la culture bantoue (Congo, Angola, Afrique du sud) par le biais de la déportation des esclaves. Le berimbau désigne la guimbarde en Portugais. Utilisé au départ par les vendeurs de rue à la criée, le berimbau s‘est étoffé en trois tessitures au sein de la capoeira : gunga, medio et viola. • Carimbo : Danse ancienne d‘origine indienne dont le rythme rapide est joué sur le tambour nommé carimbo accompagnant cavaquinho et banjo. Elle a été mêlée aux tendances modernes (lambada). • Choro : Le Choro (qui signifie «pleur») plus connu sous le nom de «chorinho» («petit pleur»), est un style de musique populaire et instrumentale brésilienne qui existe depuis 130 ans. Malgré son nom, le style est en général d‘un rythme agité et joyeux, caractérisé par la virtuosité et les improvisations des participants, qui font preuve de beaucoup d‘étude, de technique et d’une maîtrise totale de leur instrument. Le choro est considéré comme la première musique populaire urbaine typique du Brésil. • Lundu : Ou lundum, danse licencieuse d‘origine africaine importée par les Portugais au 18ème siècle. Le tropicalisme C’est un courant qui a fortement influencé la démarche d’Alek et les Japonaises. Gilberto Gil et Caetano Veloso inventent une musique psychédélique qui mixe rock et musique traditionnelle brésilienne : le tropicalisme. «Je mélange le chewing-gum avec les bananes», déclara Gilberto Gil pour symboliser la fusion entre une culture dominante (américaine) et populaire ou folklorique. Le coup d’État de 1964 instaure un régime autoritaire au Brésil : les opposants politiques sont poursuivis et la censure est à l’ordre du jour. Dans un premier temps, la musique populaire semble y échapper. Elle devient une prise de parole en faveur de la démocratie lors de festivals de la chanson organisés par les chaînes de télévision. Ainsi, les premières années de la dictature sont paradoxalement une époque d’innovation musicale. Tout en conservant ses racines, la Musique Populaire Brésilienne s’ouvre aux horizons pop et rock. Le tropicalisme de Caetano Veloso, Gilberto Gil, Gal Costa et Tom Zé prône une certaine esthétique de la citation ; l’heure est à l’exubérance, signe de résistance et de liberté. Le mouvement se brise en 1968, lorsque les militaires imposent l’acte institutionnel no 5 qui suspend les droits civiques et renforce le pouvoir du général président. Caetano et Gil sont emprisonnés puis contraints à l’exil, alors que Chico Buarque mène le combat du verbe contre les censeurs. L’année 1984 marque la fin de la dictature. Le combat reprend pour que le retour à la démocratie se fasse à travers des élections directes. Et à nouveau, les musiciens s’engagent. Chico Buarque, Martinho da Vila, Fagner, João Bosco et d’autres mettent leur voix, leurs chansons, leur notoriété au service de cette cause. Pistes pédagogiques Afin que les jeunes spectateurs puissent pénétrer les univers musicaux présentés, en constante évolution, et ainsi goûter la rencontre artistique proposée, il est essentiel de leur fournir quelques clés. Une préparation adéquate décuplera les émotions et facilitera l‘imprégnation musicale. De même, une exploitation judicieuse a posteriori favorisera la mise en commun des ressentis, des expériences et des savoirs. C‘est pourquoi nous vous invitons à parcourir les pistes pédagogiques suivantes, à vous en inspirer, à les pratiquer, les développer, les enrichir… A l‘issue du spectacle, les élèves et les enseignants qui le souhaitent ont la possibilité de poster un commentaire sur le site des Jeunesses Musicales, dans la rubrique «Témoignages» (via Présentation). Une sélection des messages y sera peu à peu insérée. 1. Quelles sont les angoisses que génère la musique électro-acoustique quand elle commence à se populariser ? Qu’en pensez-vous ? Organiser un débat collectif : pour ou contre, selon quels arguments ?; 2. Pourquoi la musique électro a-t-elle suscité des plaintes pour plagiat ? Pensez-vous qu’il en soit vraiment question ? Pourquoi ?; 3. Que signifie pour vous le terme «kitch» ? Qu’évoque-t-il ? Pouvez-vous citer/ décrire/ apporter en classe des objets kitch afin de comparer votre impression à celles de vos condisciples ? Une situation peut-elle également être «kitch» ? Pouvez-vous donner des exemples ?; 4. Visionner ensemble un film à la «sauce bollywood» représentatif du genre. Reprendre les différentes caractéristiques évoquées ci-dessus et vérifier leur validité au sein du film considéré ; 5. Proposer à ceux qui le souhaitent d’apporter un manga en classe. Les comparer, relever les thèmes envisagés, les personnages présentés, vérifier la présence des caractéristiques évoquées ci-dessus… ; 6. Ecouter des musiques brésiliennes (samba, bossa, choros,..) et des musiques pop «internationales» des années 60 puis écouter les Tropicalistes (Os Mutantes, Tom Zé, Caetano Veloso, Gilberto Gil) et comparer. Quelles traces de ces deux courants s‘y retrouvent ? Comment ? On peut aussi écouter des musiques tropicalistes en les comparant aux originaux (Beatles vs samba par exemple,...) ; 7. Comment imaginer un «tropicalisme de nos régions et de notre époque» ? Quels types de musiques et de courants pourrait-on mixer dans une telle perspective ? Y aurait-il de nombreuses possibilités ? Pourquoi ? Que pensez-vous de la démarche d’Alek et les Japonaises ? Discographie «Cuillère» - 2009 «Ojamashimasu» - 2010 Liens Internet www.myspace.com/aleketlesjaponaises Rue Defacqz, 1 Bruxelles Fédération des 1000 T +32 2 2071300 Jeunesses Musicales E [email protected] Wallonie Bruxelles www.jeunessesmusicales.be BRABANT-WALLON Rue Albert Croÿ, 2 1330 Rixensart T 02 653 36 11 E [email protected] CHARLEROI-METROPOLE Rue Léopold, 46 6041 Gosselies T 071 70 23 12 E [email protected] LIÈGE Rue des Mineurs, 17 4000 Liège T 04 223 66 74 E [email protected] MONS-BORINAGE Chaussée de Maubeuge, 430 7022 Hyon T 065 31 76 07 E [email protected] BRUXELLES Rue Ravenstein 23 1000 Bruxelles T 02 507 83 31 E [email protected] WALLONIE PICARDE Rue de la Citadelle, 124 7500 Tournai T 069 35 43 28 E [email protected] LUXEMBOURG BELGE Rue Camille Joset, 24 6730 Rossignol T 063 41 22 81 E [email protected] NAMUR Avenue Reine Astrid, 22 5000 Namur T 081 74 63 53 E [email protected] Jeunesses Musicales de la Fédération Wallonie Bruxelles - 2 0 1 1 / 2 0 1 2 - alek et le s ja p o n a ise s - 0 4