Le Brésil industriel - Etudes économiques du Crédit Agricole

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Le Brésil industriel - Etudes économiques du Crédit Agricole
Apériodique - n° 2 - avril 2011
Le Brésil industriel : des enjeux technologiques sur un
chemin de croissance durable.
 Le Brésil est entré dans un cercle vertueux, avec un pilotage budgétaire et monétaire pragmatique
(voir la série Eclairages Emergents) et une croissance de 7,5% en 2010, qui fait mieux que compenser
l’impact de la récession mondiale en 2009. Celle de ses industries est-elle pour autant durable ?
« Éclairages Industriels » recensait le mois dernier les enjeux d’une agro-industrie richement dotée d’une
rente naturelle, secondée par les politiques publiques, saisissant les opportunités du marché global.
 En matière industrielle, le Brésil déploie également une stratégie nationale, axée sur le développement
de grands groupes. L’exemple de ses principaux champions, le pétrolier Petrobras, le géant minier Vale a
été retenu ici : ils doivent notamment participer au réveil de circuits industriels, telle la construction
navale, tenue pour stratégique, au service de l’exploration pétrolière. Ils donnent une mesure des enjeux
et des risques auxquels fait face le Brésil en quête d’un rang technologique à sa mesure.
Des investissements industriels dirigés ...
... un pays en quête d’infrastructures efficaces
Depuis l’arrivée au pouvoir en 2003 du président Luiz Inacio
Lula da Silva, la croissance annuelle moyenne du PIB
brésilien est de l’ordre de 5%. En 2007, le président avait fait
élaborer un programme d’accélération de la croissance, le
« PAC », doté d’une centaine de milliards d’euros. Ce plan
quadriennal constitue un instrument de politique économique
d’une dimension désormais inconnue dans les économies
matures, exceptés les plans de soutiens développés autour
de la crise financière. De fait, le taux d’investissement
demeure relativement faible au Brésil. En 2010, il représente
18,4% du PIB, un niveau qui ne garantit pas
nécessairement l’amélioration de la productivité, ni la
pérennité de la croissance, dès lors que celle-ci ne serait
plus tirée par l’exportation de matières premières.
Le « PAC » premier du nom, 2007-2011, a drainé de l’argent
public, principalement, et de l’argent privé vers des
réalisations d’urbanisme, d’infrastructures énergétiques. On
lui a attribué un mouvement de création d’emplois significatif
(plus de 5 millions), on a déploré sa lente et complexe
gestion administrative, les lenteurs et les retards sur les
objectifs annoncés. La mise en œuvre du PAC était à la
charge du Ministre de la Maison civile, l’économiste Dilma
Rousseff. Peu avant de rentrer en campagne électorale, la
future présidente faisait l’annonce d’un nouveau PAC, doté
de la valeur de 600 milliards d’euros sur six ans.
Le PAC numéro deux apparaît ainsi comme un
programme gigantesque, essentiellement financé sur
fonds publics, et qui réclamera un mode de gouvernance
rigoureux. Le secteur énergétique y est prioritaire, avec
notamment l’exploration du pétrole « de pré salé », à
l’appui notamment de Petrobras, maître d’œuvre d’un
programme technologique de pointe. L’urbanisme suit
dans les priorités : construction de logements, voirie,
adduction d’eau.
Enfin les infrastructures de transports regroupent le plus
grand nombre de projets tant le déficit est grand
(aéroports et autoroutes - éventuellement en partenariat
public/privé ; trains de passagers, métros et trams...),
retard pointé par nombre d’entreprises.
Dans tous les cas, l’état fédéral et les états fédérés
entendent orienter cette manne de commandes au
bénéfice des industries nationales et de la création
d’emplois locaux. Ce faisant, en confiant des réalisations
majeures à des entreprises parfois créées pour la
circonstance, le pari de la croissance durable est rendu
plus risqué encore.
A contrario, une entreprise comme Vale, le premier
producteur mondial de minerai de fer servi par l’envolée
des cours mondiaux, limite ses ambitions industrielles
dans les activités de l’aval sidérurgique. Il optimise ainsi
son modèle de rentabilité, mais se voit reprocher de ne
pas contribuer à la construction industrielle nationale. 
Noël ISORNI
[email protected]
ECO/Etudes Industrielles et Sectorielles
L’offshore pétrolier brésilien : une opportunité rare... des
enjeux et des défis en conséquence
 En 2006, Le Brésil ayant depuis peu accédé à l’autosuffisance en hydrocarbures, Petrobras
(cf. encadré 1) annonce la découverte d’un nouveau gisement offshore aux caractéristiques géologiques
bien particulières. Les réserves potentielles du pays s’accroissent d’un seul coup de 40%... et ce n’est
qu’un début !
Une manne pétrolière sous un couvercle de sel
Avec la découverte du premier champ pre-salt en 2006, la
plus importante depuis celle du gisement de Kashagan au
Kazakhstan en 2000, les perspectives du Brésil en matière
pétrolière ont changé de dimension. Ce pays, qui contribuait
en 2009 à hauteur de 2% à la production pétrolière mondiale
(2 millions de barils / jour) verrait ainsi sa part passer à plus
de 5 % dès 2020 et à 5,5% en 2025 (5 M barils/jour) selon
les dernières projections de l’Agence Internationale de
l’Energie (New Policy Scenario).
L’industrie pétrolière du Brésil présente ainsi des
perspectives de développement parmi les plus prometteuses.
La découverte en octobre 2006 du gisement géant pre-salt
de Tupi au large de Rio de Janeiro, dont les réserves
récupérables ont depuis été estimées à 8 Mds de barils, a en
effet nettement amélioré les perspectives de production
offshore à long terme ce qui fait du Brésil une des
« nouvelles frontières » pétrolières.
Depuis 2006, d’autres découvertes se sont succédé. Si à fin
2009, on estimait les réserves pétrolières brésiliennes
prouvées à près de 13 Mds de barils, celles-ci devraient
augmenter rapidement au fur et à mesure que l’évaluation
plus fine des champs récemment découverts est réalisée.
Ainsi, fin 2010, Petrobras évaluait ses propres réserves –
situées essentiellement au Brésil – à 16 Mds de barils, dont,
à ce jour, 1,1 Md provenant des champs pre-salt,
comptabilisés pour la première fois en 2010. Il est clair
toutefois que ce processus d’évaluation des réserves pre-salt
n’en est qu’à ses débuts. On parle de 75 Mds de barils,
l’ordre de grandeur des réserves de la Russie.
Leur développement nécessite donc des techniques
d’exploration ou de développement plus élaborées, à la
mesure des particularités géologiques de ces champs.
Encadré 2 : Développement de l’offshore brésilien
« Pre-salt », dites- vous ?
La couche pré-salifère, en vieux français, est un socle géologique
sédimentaire, en situation sous-marine et sur lequel se sont
stratifiées en quelques centaines de millions d’années de lourdes
épaisseurs de sel de mer. Des sédimentations « post-salifères »
viennent terminer ce nappage (2 000 à 3 000 mètres dans le cas
du Brésil et du bassin de Santos). Les parties sédimentaires,
éminemment les pre-salt, sont potentiellement pétrolifères. On
trouve ces blocs « pre-salt » riches en pétrole et gaz en Angola, en
Namibie et au Mexique. Depuis les années 1970, l’Angola exploite
des ressources pré-salifères en eau peu profonde ; ce qui est
également le cas du Mexique.
Les côtes brésiliennes, géologiquement proches de celles de
l’Angola, ont commencé à livrer leur secret en 2006 (cf. article
« l’offshore pétrolier brésilien »). Mais ces structures restent parmi
les plus difficiles à atteindre, à quelques 7 000 m de la surface
(2 000 m d’eau, 2 000 m de sel, 3 000 m de roche). A une telle
profondeur, les conditions de température et de pression rendent
très complexe l’analyse du sous-sol par les outils classiques
(sismique). Les risques liés au différentiel de pression lors du
forage sont élevés, la corrosion amplifiée et accélérée sur le
matériel d’opération (forage et production)… Venir à bout d’une telle
épaisseur de sel à une telle profondeur est rien moins que garanti.
Néanmoins, l’industrie pétrolière considère les champs pré-salifères
du Brésil comme le nouvel Eldorado du secteur, même si ces
derniers temps, les gaz de schistes lui ont un peu volé la vedette.
Encadré 1 : Petrobras
Petroleo Brasileiro SA est l’une des principales compagnies
pétrolières mondiales avec une production (Brésil et International)
1
de 2,5 MBEP pour un chiffre d’affaires net de 120 milliards de
dollars. Créée en 1953 pour reprendre les activités pétrolières de
l’État, elle perd en 1997 son statut monopolistique. A l’issue d’une
augmentation de capital de 70 milliards de dollars, lancée en
septembre 2010 afin de financer l’exploration, l’État brésilien
détient en direct 31% du capital et 54% des droits de vote, sans
compter les participations détenues par des entités publiques (par
exemple BNDES – Brazilian Economic Development Bank) qui lui
confèrent 48% du capital et 64% des droits de vote. Les liens sont
donc forts entre l’État et Petrobras, et si le capital de cette
dernière est de plus en plus ouvert, l’État brésilien reste le garant
de la bonne gestion des ressources en hydrocarbures du pays.
Ces champs pre-salt sont toutefois particuliers (voir
encadré 2). Ils se situent en effet en offshore profond
(2 000 m), sous des couches de sel qui peuvent atteindre
une épaisseur de 2 000 m. Au total, compte tenu de la
présence de couches de roches plus classiques, ces champs
se situent bien souvent 7 000 m sous le niveau de la mer.
N° 2 – avril 2011
Source : Petrobras
Laurent BLONDEAU
[email protected]
Dans ce contexte, les compagnies pétrolières présentes se
préparent à des investissements lourds. Ainsi Petrobras, qui
est de loin le plus gros intervenant dans ce secteur, a prévu
d’investir 108 Mds USD au cours des années 2010-2014
dans l’exploration / production (E&P) au Brésil2. Ces
investissements représentent une augmentation notable par
rapport aux exercices précédents et s’inscrivent bien
entendu dans une perspective de développement significatif
2
ECO/Etudes Industrielles et Sectorielles
des champs offshore, de type pre-salt ou non. Le contenu
brésilien de ces investissements est estimé à 58 Mds
USD, sans compter les investissements réalisés par les
partenaires de Petrobras. Les investissements d’E&P
dans les champs de type pre-salt seraient significatifs tout
en restant encore minoritaires (30 % du total).
Ces investissements devraient permettre une hausse
significative de la production. Les objectifs de Petrobras
pour le Brésil, détaillés dans son plan 2010-2014, sont de
passer d’une production de 2,3 MBEP / jour (pétrole +
gaz) en 2010 à 5,1 MBEP/ jour en 2020, extériorisant un
taux de croissance annuel moyen de 8%. La part de la
production provenant des bassins pre-salt serait de 20 %
en 2020, sachant qu’elle était nulle en 2010 et devrait
débuter en 2011. Le développement effectif de ces bassins
est une affaire de long terme, qui nécessitera des moyens
financiers considérables et la mise en place d’une chaine
industrielle efficiente, ces éléments devant être à la mesure
des enjeux très prometteurs à long terme.
Les autres majors sont également de la partie. Le groupe
pétrolier espagnol Repsol qui possède notamment une part de
25 % dans un des bassins les plus importants (Santos Basin
Block BM-S-9) a ouvert au chinois Sinopec le capital de sa
filiale Repsol Brazil à hauteur de 40% pour un montant de
7,1 Mds USD, ce qui lui permettra de financer ses
développements. BG Group est également très présent avec
une participation de 25 % dans le champ géant de Tupi.
Cham ps
Block
Date de la
découverte
Ressources Profondeur Profondeur
estim ées
totale
d’eau
Guarani
22
juin-09
Iguaçu
9
avr-09
Azulão
22
janv-09
Jupiter
24
sept-08
6,5 Gb
7 900 m
2 200 m
Petrobras (80%) Galp (20%)
Iara
11
août-08
3-4 Gb
7 800 m
2 240 m
Petrobras (65%) BG Group (25%)
Guara
9
juin-08
1-2 Gb
7 100 m
2 140 m
Petrobras (45%) BG Group (30%)
Bem-Te-Vi
8
mai-08
1 Gb
6 700 m
2 140 m
Petrobras (65%) Galp (15%)
Caramba
21
déc-07
1 Gb
7 500 m
2 240 m
Petrobras (80%) Galp (20%)
Carioca
9
sept-07
0,765 Gb
7 040 m
2 140 m
Petrobras (45%) BG Group (30%)
Parati
10
sept-06
2 040 m
Petrobras (65%) Partex (10%)
Operateur
Exxon
2 200 m
-40%
Autres
com pagnies
Petrobras (20%)
Hess (40%)
Repsol (25%)
7 040 m
2140 m
Petrobras (45%) BG Group (30%)
Exxon
2 220 m
-40%
Petrobras (20%)
Hess (40%)
Galp (10%)
Repsol (25%)
Shell (20%)
Repsol (25%)
BG Group (25%)
Galp (10%)
Tupi
11
juil-06
5-8 Gb
Des défis industriels et technologiques
insérés dans des ambitions de politique
industrielle
Il s’agit donc pour le secteur pétrolier de s’organiser dans
une perspective de très fort développement à long terme.
D’un point de vue réglementaire et financier, le Brésil a
accordé une place prééminente à Petrobras dans les
nouveaux champs en lui accordant une participation d’au
moins 30 % dans ceux qui feront désormais l’objet
d’appels d’offre, la compagnie en étant par ailleurs
l’opérateur exclusif. L’État a également participé à
l’augmentation de capital (septembre 2010) rendue
nécessaire par le programme d’investissement, en
procédant notamment à des apports d’actifs (droits de
produire 5 Mds de barils pour une valeur de 42,5 Mds
USD dans une augmentation de capital de 70 Mds USD).
D’un point de vue technologique, il s’agit de mettre en
place des solutions dans un environnement plus
contraignant :
• Mise en œuvre d’analyses sismiques poussées
(l’analyse des données est plus difficile en présence des
épaisses couches salines) ;
N° 2 – avril 2011
2 150 m
Petrobras (65%) BG Group (25%)
• Offshore profond (jusqu’à plus de 2 500 m), même si
l’offshore profond brésilien représente déjà plus de 20 % de
ce segment dans le monde ce qui confère aux opérateurs
déjà présents un effet d’expérience notable ;
• Forage au travers de couches de sel (problématiques
spécifiques de corrosion) ;
• Mise en œuvre de techniques d’amélioration des taux de
récupération des hydrocarbures, stockage et transport du
pétrole vers la terre ferme.
Avec un prix du pétrole plus élevé que dans le passé,
l’exploitation de ces champs devient économiquement rentable
face à des coûts de développement élevés. Il s’agit toutefois de
mettre à profit les innovations technologiques de ces dernières
années en vue de contenir au mieux ces coûts.
D’un point de vue industriel et logistique, le développement
des champs offshore imposera une forte augmentation des
moyens alloués qui devront être disponibles en temps et en
heure : plates-formes de forage en eau profonde, navires de
soutien, plates-formes de production, FPSO3, etc. Il s’agira
pour les compagnies pétrolières de lancer les appels
d’offres et pour les soumissionnaires de satisfaire aux
contraintes réglementaires locales, notamment celles
touchant au contenu brésilien des investissements.
3
ECO/Etudes Industrielles et Sectorielles
A cet effet, un groupe comme Technip a récemment
annoncé un projet d’investissement au Brésil pour
augmenter sa capacité de production de conduites
flexibles, en vue de satisfaire une demande croissante liée
au développement des gisements pre-salt. Vallourec
renforce également sa présence, tant industrielle qu’en
matière de R&D.
Dans une perspective de forte augmentation de l’activité,
les intervenants du secteur devront également recruter et
former du personnel en nombre. Le développement de
besoins humains et matériels très importants pourrait
partiellement assécher les ressources disponibles à
l’échelle mondiale ou à tout le moins créer un appel d’air
significatif. Il pourrait en résulter une pression à la hausse
sur les coûts que les acteurs de cette filière devront donc
contrôler et gérer avec une extrême vigilance.
Petrobras se trouvera donc être, de fait, une des chevilles
ouvrières d’une politique de développement industriel de
l’amont fournisseur au Brésil même. La relance de tout le
secteur de la construction navale en particulier s’appuie sur
une commande réservée de plates-formes et navires de tous
types (voir ci-après l’article « Renaissance de la construction
navale brésilienne »). L’État fédéral brésilien veillera de près
à la part locale des énormes investissements de l’offshore et
notamment aux emplois induits.
Ces perspectives représentent une formidable opportunité
pour l’industrie brésilienne, celle de renforcer ou d’acquérir
un savoir faire technologique de premier plan. C’est aussi
un défi, car les enjeux sont gigantesques ; la chaîne
technologique, industrielle et logistique doit donc être
suffisamment maîtrisée pour faire face aux inévitables aléas
auxquels les compagnies pétrolières et tous les acteurs de
la filière seront confrontés afin que les perspectives
annoncées puissent être réalisées. 
Bertrand ALLARD
[email protected]
1
MBEP : Millions de barils équivalents pétrole. Unité de mesure
permettant de tenir compte à la fois de la production de pétrole et
de gaz.
2
Petrobras a annoncé que son business plan 2011-2015 serait
rendu public fin avril-début mai.
3
Floating Production Storage and Offloading (Unit). Ce type de
vaisseau est essentiel à l’exploitation pétrolière offshore, spécialement
en eau profonde : recueil des produits d’extraction des plates-formes
de forage en mer, traitement et stockage de ces produits, pétrole et
gaz ; la liaison côtière est ensuite assurée par tankers.
Renaissance de la construction navale brésilienne
 Le boom du secteur offshore au Brésil et les récentes découvertes de gisements « pre-salt »
redonnent une seconde vie au secteur naval brésilien. Celui-ci figurait en bonne place, il y a 40 ans, avant
que la crise de la dette des années 80 et le contre-choc pétrolier ne le privent de commandes et ne
conduisent à sa quasi-disparition à la fin des années 90.
A
morcé à cette époque par la relance des
investissements offshore, le renouveau de la
construction navale brésilienne a reçu à partir de 2003
avec le gouvernement Lula une impulsion décisive.
Volonté politique de se réapproprier une industrie
stratégique, moyen de soutenir la croissance économique et
la création d’emplois, la relance de la construction navale
restaure un instrument de souveraineté. Elle vise à réduire la
dépendance aux constructeurs asiatiques et aux flottes
affrétées étrangères, une politique qui fait sens alors que le
Brésil est déjà l’un des premiers exportateurs de ressources
minérales et agroalimentaires, toujours plus intégré dans
l’économie globale.
Actualité de la politique industrielle...
A la différence du modèle chinois initialement tourné vers
l’export et jouant sur la compétitivité par les coûts (industrie
de main-d’oeuvre), le « modèle » brésilien de développement
de la construction navale consiste à rendre captive la
demande intérieure, émanant principalement du secteur
énergétique. Le soutien de l’Etat s’avère ici essentiel,
notamment par l’organisation des financements (fonds de la
marine marchande, programme Promef 1 , fonds de garantie
des chantiers, plan massif de formation, ...). Par le levier qu’il
1
Le plan d’expansion de la flotte (Programa de Modernizacao e
Expansao a Frota), inséré dans le plus vaste cadre du
« Programme d’Accélération de la Croissance » (PAC), supervise
les besoins du programme pétrolier en navires de tous types et
leur construction par des chantiers brésiliens.
N° 2 – avril 2011
exerce sur les entreprises publiques, Petrobras et sa filiale de
transport maritime, Transpetro, l’État a surtout mis en place
une politique de préférence nationale (flotte d’appui sous
pavillon brésilien, seuil croissant de contenu local). Ainsi les
acteurs nationaux – et aussi bien internationaux – sont-ils
amenés à passer commande dans les chantiers brésiliens.
Les développements offshore brésiliens sont à l’origine de
vagues successives de commandes concernant des platesformes de production (plates-formes semi-submersibles,
FPSO) et des navires de forage, initialement contractées
chez les spécialistes asiatiques puis progressivement
auprès des chantiers brésiliens. Le carnet de commandes
s’élargit à de nombreux navires d’appui aux plates-formes ;
une cinquantaine de tankers destinés à Transpetro et
financés dans le cadre du programme Promef de
modernisation et d’expansion de la flotte. Les autres
secteurs en croissance contribuent dans une moindre
mesure à alimenter la demande avec des commandes de
convois fluviaux, de remorqueurs portuaires, et de quelques
navires de charge. Malgré les pressions politiques, Vale a
jusqu’ici préféré commander ses grands minéraliers dans
les chantiers coréens et chinois, plus compétitifs.
Le bond des commandes adressées à la construction
navale brésilienne depuis 2006 a permis de générer des
investissements conséquents dans la réactivation, la
modernisation, ou la création de chantiers. Exemple
emblématique, Atlântico Sul, le plus grand chantier brésilien
en activité, a été ouvert en 2009 dans l’État du Pernambouc
dont l’ex-président Lula est originaire.
4
ECO/Etudes Industrielles et Sectorielles
Le secteur naval compte désormais une trentaine de
chantiers actifs. Entre 2001 et 2010, ses effectifs sont
passés de 2 000 à 56 000 emplois directs (plus de
200 000 avec les emplois indirects). Si sa part dans la
construction mondiale, entre 1 et 2%, reste encore
modeste, le Brésil se classe au 4e rang mondial pour les
tankers en commande, au 2e rang pour les navires d’appui
offshore et il se positionne surtout dans le cercle fermé
des pays capables de construire des plates-formes
offshore, secteur le plus prometteur.
Paradoxe dans une industrie mondiale menacée de
surcapacités, la construction navale brésilienne s’apprête
à changer d’échelle. En 2010, le groupe d’ingénierie
brésilien Engevix, nouveau propriétaire du chantier de Rio
Grande, a pris commande pour 3,5 Mds$ de huit coques
de FPSO destinés à l’exploitation des champs pre-salt.
Record battu en février 2011, Atlantico Sul ayant signé
avec Petrobras un contrat de 4,6 Mds$ pour construire
une première tranche de sept navires de forage. Le long
des côtes du Brésil, une quinzaine de chantiers sont en
construction ou à l’étude pour répondre aux futurs appels
d’offres. Les besoins du secteur offshore sont
gigantesques : 150 plates-formes de production, une
trentaine de navires de forage et de nombreux navires
d’assistance et de transport. Sans compter les
développements dans les autres secteurs, dans le militaire
(construction de cinq sous-marins avec DCNS) ainsi que
les ambitions affichées à plus long terme à l’exportation.
... Au risque de la complexité et des délais...
Pour les opérateurs pétroliers, Petrobras en tête, il s’agit
d’un pari risqué puisqu’il leur revient de relever le défi
technique du développement des gisements pre-salt tout en
confiant à une industrie renaissante une part croissante de
leurs investissements critiques. Les plates-formes de
production et de forage en offshore profond comptent parmi
les unités les plus chères, les plus complexes et les plus
longues à construire, et les chantiers expérimentés ne sont
pas eux-mêmes à l’abri de surcoûts et de retards. La
politique industrielle brésilienne suppose donc une forte
mobilisation de ressources financières et de qualifications
pour que les chantiers nationaux, longtemps privés de
commandes, redeviennent rapidement compétitifs, à la fois
en qualité, en coûts et en délais de production.
Les constructeurs étrangers jouent dès lors un rôle central
dans la modernisation de la filière. Intervenant en direct ou
plus souvent dans le cadre de partenariats noués avec les
groupes privés brésiliens majoritaires au capital des
chantiers, ils participent à l’ingénierie des sites de
production, et assurent non seulement le transfert des
technologies et des designs les plus modernes, mais
également l’apport du savoir-faire indispensable pour
atteindre un niveau de qualité et de productivité satisfaisant.
Implantés au Brésil dès 2000-2001, le spécialiste
singapourien de l’offshore Keppel et le groupe européen
Aker (aujourd’hui STX Europe, sous contrôle coréen) ont été
rejoints par d’autres constructeurs de premier plan comme
les Coréens Samsung Heavy, partenaire technologique
d’Atlântico Sul, ou Hyundai Heavy,
associé du futur chantier OSX. Nouvel
Les chantiers navals brésiliens
Eldorado, le Brésil est devenu
Source : Sinaval
incontournable pour les spécialistes
internationaux de l’offshore. Mais leur
activité semble étroitement corsetée
par les règles du jeu imposées par les
pouvoirs publics.
Plus largement, le développement du
programme offshore brésilien est un
vrai challenge opérationnel et financier
pour tous les acteurs impliqués –
groupes pétroliers, chantiers, sociétés
d’ingénierie, opérateurs de navires ou
de plates-formes – et la flambée
récente du real avec les risques
inflationnistes associés ne va pas
faciliter leur tâche. En témoignent les
récentes rumeurs prêtant à Petrobras
l’intention de faire assouplir les règles
de contenu local. 
Bertrand GAVAUDAN
[email protected]
2
FPSO: pour Floating Production Storage
and Offloading (Unit), voir plus haut.
N° 2 – avril 2011
5
ECO/Etudes Industrielles et Sectorielles
Vale : le second poumon économique brésilien
 Deuxième société du Brésil au plan de la capitalisation boursière1 (146 Mds USD mi-mars 2011), Vale
occupe le premier rang mondial du minerai de fer transporté par voie maritime (part de marché de 30%),
devant le duopole australien BHP/Rio Tinto (17-18% chacun). À la faveur de prix très favorables et de bas
coûts d’extraction, le champion carioca affiche des performances remarquables (marge d’EBITDA
moyenne de 48,8% entre 2006 et 2010). La société réinvestit en grande partie cette manne dans
l’extension de ses mines brésiliennes. Sa stratégie pourrait être remise en cause en cas de décélération
de la demande chinoise et de baisse des prix du minerai à moyen terme.
Environ 15 % de ce budget d’investissement (7 à 8 Mds
USD sur les cinq prochaines années, source Macquarie),
seraient à consacrer aux investissements logistiques.
Doubler la capacité pose un défi logistique qui implique
pour éviter tout goulet d’étranglement une infrastructure
N° 2 – avril 2011
Minerai de fer
2010
2009
2008
2007
2006
2005
160
140
120
100
80
60
40
20
0
Prix contrats de Vale (en USD par tonne)
2004
Dans la perspective d’une croissance chinoise soutenue,
Vale envisagerait d’investir à horizon 2016 de 45 à 55 Mds
USD selon les sources. Dans la continuité des
investissements consacrés jusqu’à présent aux sites
d’extraction, environ 30 Mds USD iraient au minerai, en
vue d’une extension de capacité de 250 millions de tonnes
soit un quasi doublement par rapport au niveau actuel.
Plus de la moitié de ces tonnages additionnels
proviendraient de Carajás.
Plusieurs experts tablent sur un déficit persistant de minerai
de fer au plan mondial pour encore 3 à 5 ans, compte tenu
des délais de mise en exploitation des projets. Ce scénario
suppose la poursuite d’une progression à deux chiffres de la
production sidérurgique chinoise.
2003
Vale alloue des montants considérables à l’augmentation
de ses capacités d’extraction. Sur les cinq derniers
exercices, la société y a consacré 45 Mds USD toutes
branches confondues, dont une grande partie pour le
minerai de fer au Brésil. Grâce à ses marges d’exploitation
élevées, le champion brésilien a largement autofinancé
ces sommes. Cela lui permet d’afficher une structure
financière saine, avec une dette nette de 16 Mds USD à
fin 2010 soit seulement 0,6 fois son EBITDA.
Perspectives de prix et orientations
stratégiques
2002
Enjeux : des investissements colossaux,
éviter un goulet d’étranglement logistique
2001
Malgré une diversification dont le rachat en 2006 du
Canadien Inco (n°2 mondial du nickel) a marqué le point
d’orgue3, l’EBITDA du leader brésilien provient pour 90%
du minerai de fer (base 2010, source : Morgan Stanley).
Cette prépondérance résulte de la combinaison de
tonnages importants (~ 300 millions de tonnes annuelles)
et d’un différentiel prix-coût parmi les plus avantageux au
monde (aujourd’hui voisin de 80 USD la tonne selon nos
estimations). Vale exploite en effet des gisements
facilement accessibles (à ciel ouvert) et riches en fer2,
dont le bassin de Carajás (État du Pará au nord), constitue
l’un des fleurons.
En 2008, échaudé par la flambée du taux de fret, Vale
réinvestit dans le transport océanique en passant
commande de 19 minéraliers de 400 000 tonnes4. On ne
peut y voir une orientation de politique économique publique
(voir ci-après : la renaissance de la construction navale)
puisque cette commande est adressée intégralement en
Asie et en majorité (12 VLOC) au chantier chinois Jiangsu
Rongsheng Heavy, pour 1,6 Mds USD. Les livraisons sont
attendues en 2011 et 2012, conférant à Vale une maîtrise
partielle de ses flux – un tiers environ – en direction des
marchés asiatiques. Une liaison à grande capacité,
amortirait partiellement le différentiel de coût entre le trajet
Brésil-Chine et le trajet Australie-Chine qui est celui des
concurrents (trois fois plus court). Eventuellement, le géant
brésilien se démarque de ses concurrents australiens, en se
présentant comme fournisseur de minerai... et acheteur de
navires. En tout état de cause, la persistance de la
demande asiatique apparaît comme un des enjeux du
modèle de développement retenu.
2000
L’Empire du Milieu, qui concentre la moitié de la
production mondiale d’acier, couvre 80% de ses besoins
en minerai de fer par des importations, ses mines
domestiques touchant à leurs limites géologiques2. Dans
un contexte de croissance soutenue de sa sidérurgie
(2010 : +10,1%, moyenne 10 ans : +16,5%/an), cette
dépendance de la Chine alimente des tensions sur l’offre
et une hausse des prix internationaux du minerai de fer,
dont Vale bénéficie directement.
d’expédition complète : rail, port minéralier, et flotte de
vraquiers. En ce qui concerne les navires, Vale possédait
dès 1962 une compagnie maritime, Docenave, mise par la
suite en sommeil. Au début de la décennie, le géant minier
n’entendait conserver que ses terminaux d’expédition et
quelques navires caboteurs. Mais la demande chinoise et
l’évolution simultanée du taux de fret ont changé la donne.
1999
Des prix tirés par les importations chinoises,
une rentabilité centrée sur le minerai de fer
Source : Datastream, Crédit Agricole S.A.
A contrario sous l’hypothèse, peu probable à court terme,
d’un ralentissement économique en Chine, le lancement de
nouvelles capacités conduirait potentiellement à des
6
ECO/Etudes Industrielles et Sectorielles
excédents et, partant, à des baisses de prix durables. Vale
pourrait alors décider d’accentuer sa diversification hors
minerai de fer, avec toutefois des limites en matière de
croissance externe (anti-trust5). Évoquée par certains
observateurs, l’option d’une intégration aval vers l’acier,
visant à rapatrier un éventuel transfert de marge au
détriment du minerai, apparaîtrait en revanche plus
aléatoire, en raison d’un retour sur investissement moins
favorable et de la relative dispersion de la production
sidérurgique.
En tout état de cause, avec des coûts d’extraction 5 à
6 fois inférieurs au niveau actuel des prix spot, Vale
résisterait à un retournement même sévère des prix du
minerai de fer, attestant de la solidité de son modèle
économique (prix -30% / EBITDA ~ 15 Mds USD au
rythme de production actuel). 
1
Derrière Petrobras, 256 Mds USD au 14 mars.
Teneur ne dépassant pas 20 à 25%, contre 65 à 70% au Brésil et
en Australie, et réserves en baisse après un triplement des
tonnages extraits au cours des dix dernières années.
3
Outre le nickel, Vale est également présent dans les secteurs du
cuivre, des engrais et du charbon. En 2010, le Brésilien a cédé le
contrôle de ses actifs aluminium au Norvégien Norsk Hydro pour
4,9 Mds USD (dette comprise).
4
Les minerais empruntent essentiellement des vraquiers de gabarit
« capesize », de 170-180 000 tonnes. Les minéraliers géants
(VLOC : Very Large Ore Carriers) permettent de réduire les coûts
additionnels à l’affrètement (carburant).
5
En novembre, BHP a dû renoncer à l’acquisition du Canadien
Potash (potasses) par décision des autorités de la concurrence.
2
Patrice MAGNE
[email protected]
Encadré 3 - La technologie Flex-fuel au Brésil
Les premiers usages automobiles de l’éthanol au Brésil datent du premier choc pétrolier, avec la mise en place d’un Programme National de
l’Alcool en 1975 et le lancement de véhicules carburant uniquement à l’éthanol issu du traitement du sucre de canne. Cette expérience durera
une dizaine d’années pour s’arrêter au début des années 90, en raison de la baisse du prix du pétrole. La hausse simultanée des prix du
sucre sur les marchés internationaux incitera les producteurs de canne brésiliens à orienter leur production vers le sucre et l’export plutôt que
de la vendre aux producteurs d’éthanol, allant ainsi jusqu’à provoquer des ruptures d’approvisionnement en 1989.
En parallèle, le gouvernement brésilien avait progressivement baissé les subventions, mettant ainsi un terme à la production de véhicules
utilisant l’éthanol (11% de la production d’automobiles brésilienne en 1990 contre 76% en 1986). Malgré l’arrêt du « tout éthanol », la R&D
s’est poursuivie durant les années 90, en particulier par les filiales brésiliennes des équipementiers autos Bosch et Magneti Marelli. Ceux-ci
mirent au point des capteurs analysant en permanence l’arrivée de mélange au moteur et adaptant la cartographie d’allumage en
conséquence. Les moteurs devinrent dès lors « flexibles » face à toute proportion de mélange essence + éthanol (au Brésil : de l’alcool
hydraté, autre spécificité). Les automobilistes arbitrent depuis leurs achats de carburant en fonction des prix respectifs des hydrocarbures et
de l’alcool-carburant proposés simultanément en station-service !
L’apparition des premiers véhicules Flex-fuel au Brésil date ainsi de 2003, avec la sortie du modèle « Gol » de VW, qui pouvait rouler avec
une proportion d’éthanol allant de 20% à 100%. Les moteurs Flex-fuel actuels acceptent tous les mélanges essence/éthanol et représentent
aujourd’hui 94% des ventes de voitures particulières au Brésil (chiffres 2010).
Brésil - Production de voitures particulières selon le type de carburant
3 000 000
2 500 000
2 000 000
1 500 000
Diesel
Flex-fuel
Ethanol
Essence
1 000 000
500 000
0
1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
Source :ANFAVEA – Brazilian Automotive Industry Yearbook, Crédit Agricole S.A.
Il n’y a pas d’autre exemple de programme de « carburant national » à une telle échelle, résultat d’une politique agricole originale utilisant les
avantages du pays, ici dans la culture de la canne à sucre. Les constructeurs d’automobiles ont su développer une technologie spécifique,
adaptée à la double offre énergétique, offrant ainsi au Brésil une certaine sécurité énergétique. L’action de soutien de l’État persiste dans la
fiscalité, relativement plus favorable à l’éthanol.
N° 2 – avril 2011
7
ECO/Etudes Industrielles et Sectorielles
Encadré 4 - Le transport aérien au Brésil : l’État entrepreneur à la recherche d’un second souffle
Des infrastructures dépassées par la croissance du marché
Au Brésil, l’armée a la responsabilité d’une grande partie de l’aviation civile : du contrôle aérien d’abord (les trois quarts des contrôleurs sont
des militaires) ; de l’infrastructure ensuite : un militaire dirige statutairement INFRAERO, (Empresa Brasileira de Infraestrutura Aeroportuária)
l’entreprise publique chargée des aéroports, construction et gestion. L’aviation... civile a une forte empreinte sur le pays, compte tenu des
dimensions de celui-ci. Infraero contrôle au total plus de 700 aérodromes, en considérant les structures dédiées à l’aviation légère (la
deuxième structure au monde pour l’aviation légère, après celle des Etats-Unis).
Les mouvements réguliers concernent 67 aérodromes principaux, dont 35 internationaux, tous contrôlés par Infraero et représentant 97% du
trafic aérien (2009). Quatre se classent parmi les dix premiers d’Amérique latine en nombre de vols au départ : Sao Paulo Guarulhos, Sao
Paulo Congonhas, Brasilia et Rio de Janeiro. Les routes Brasilia-Sao Paolo et Rio de Janeiro-Sao Paulo sont les plus importantes d’Amérique
latine devant Mexico City-Monterrey. Au départ de Sao Paulo, les capacités offertes (nombre de sièges) présentent une croissance moyenne
annuelle de 15% sur la période 1999-2009 et dans le même temps le nombre de vols n’a enregistré qu’une croissance annuelle de 1%. Au
niveau national, le trafic a doublé sur la période (65 millions de passagers en 1999, 123 millions en 2009) et doit tripler sur la décennie en
cours.
Infrastructures insuffisantes, parfois dangereuses par carence du contrôle aérien, mise en relief par les accidents catastrophiques de 2007 qui
conduisirent à la démission du ministre de la Défense. Une agence nationale de l’aviation civile (Anac) venait d’être créée (2006). Son rôle est
d’abord d’assurer le contrôle technique du secteur aéronautique brésilien ; l’Anac cependant devrait prendre pied dans le contrôle du trafic,
tout en ménageant la susceptibilité des militaires.
Des évolutions nécessaires
La saturation des principaux aéroports brésiliens alors même que le Brésil se prépare à accueillir la coupe du Monde de football en 2014 et
les Jeux Olympiques en 2016 est un dossier urgent. L’augmentation des capacités aéroportuaires réclame des investissements lourds que la
complexité du contexte administratif rend difficiles à mettre en œuvre. Or le recours au privé pour la construction de nouveaux aéroports
paraît, par surcroît, indispensable.
L’État brésilien a décidé de confier à un consortium privé la construction de l’aéroport de Sao Gonçalo do Amarante, dans l’État de Rio
Grande do Norte. Cet aéroport, situé dans une région particulièrement touristique et prévu pour accueillir annuellement 5 millions de
e
passagers, devrait rapidement devenir le 4 aéroport brésilien. La piste sera certes construite par l’armée mais la construction des autres
infrastructures aéroportuaires et la gestion de l’ensemble seront assurées par des acteurs privés. L’Anac – et non Infrareo – en assurera le
contrôle. Ce premier pas pourrait ouvrir la voie aux investissements privés (sous contrôle public civil ?), voire à la privatisation de certains
aéroports actuels. Ici également, la croissance de l’économie brésilienne impose un calendrier serré au déploiement des infrastructures.
Directeur de la publication : Jean-Paul Betbèze
Rédaction en chef : Noël Isorni
Réalisation et secrétariat d’édition : Véronique Champion-Faure
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Achevé de rédiger le 5 avril 2011
N° 2 – avril 2011
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