Vol. 3, N° 1- Mai 2003 - Conseil régional de l`environnement de
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Vol. 3, N° 1- Mai 2003 - Conseil régional de l`environnement de
Le bulletin de liaison du Conseil régional de l’environnement de Lanaudière - VOL. 3 NO 1, Mai 2003 La gestion des matières résiduelles : nous sommes toujours là Selon son habitude, le CREL demeure actif dans le domaine de la gestion des matières résiduelles. Nous avons agi et agissons encore cette année en tant que membre des commissions de consultation publique sur les Plans de gestion des matières résiduelles (PGMR) des MRC de D’Autray et de Montcalm. Le CREL est aussi membre des conseils d’administration provisoires de deux ressourceries en devenir : la Ressourcerie de Repentigny et celle D’Autray. Notre mission de défense des droits nous amène aussi à être membre de la Coalition JolietteD’Autray pour une gestion écologique et démocratique des déchets, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED) et, depuis l’automne dernier, de la Coalition des Signataires du Rebut Global dont l’objectif principal vise l’inclusion par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dans son PGMR des principes de gestion écologique des déchets, notamment les 3RV. Cet hiver, le BAPE a tenu des audiences publiques sur l’agrandissement du site d’enfouissement de la compagnie BFIUTL à Lachenaie. Dans son mémoire, le CREL a souligné le gigantisme inacceptable de cet amoncellement prévu de 40 millions de mètres cubes, s’étendant sur 156 hectares et s’élevant à 55 mètres de hauteur. Dans un milieu en voie d’urbanisation, la présence d’installation de ce type et de cette ampleur est socialement inacceptable. De plus, ce projet tend à augmenter l’offre d’enfouissement privé au Québec, ce qui, combiné aux autres agrandissements demandés dans la périphérie de Montréal risque sérieusement de nuire aux efforts que doivent consentir les autorités municipales du grand Montréal pour atteindre les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Plusieurs municipalités se sont aussi opposées à l’autorisation de cet agrandissement. Réalisation d'un sentier pour la pratique de sports d'hiver non motorisés Entrepris en l'an 2000 et concrétisé l'hiver dernier, le CREL a investi des efforts considérables afin d’implanter et d'assurer la viabilité, dans le nord de la Matawinie, d'un projet de sentier multidisciplinaire réservé exclusivement à la pratique d'activités de plein air non motorisées et en particulier aux sports canins tels le traîneau à chiens et le ski attelé. Comme le mentionnait le journaliste Louis-Gilles Francoeur du journal Le Devoir dans sa chronique du 7 mars 2003: «On n'imagine pas la somme d'efforts, de compétences et d'institutions publiques ou privées qu'il faut mobiliser pour ouvrir un chemin en forêt de 60 kilomètres». Planifié selon une orientation nord-sud, le tracé relie les villages de Saint-Damien et de Saint-Zénon dans un territoire reconnu comme l'une des zones les plus utilisées par les sports motorisés au Québec. Cette initiative origine de la création d'un partenariat qui réunissait au départ, en plus du CREL, l'Association des amateurs de chiens de traîneaux de Lanaudière (AACTL) et la Zone d’exploitation contrôlée (ZEC) des Nymphes auxquelles se sont jointes les municipalités de StDamien, de St-Zénon et de Ste-Émélie-de-L’Énergie pour former la Corporation de sentiers de sports canins de Lanaudière, organisme reconnu d'économie sociale qui, espère-t-on, assurera la gestion permanente et le développement du sentier, de ses infrastructures et des activités qui y seront proposées. C'est grâce à l’appui financier du Fonds d’action québécois pour le développement durable que ce projet a vu le jour dans le cadre du volet «Réalisation d'infrastructures écologiques et mise en valeur de la biodiversité». D'autres partenaires financiers ou techniques se sont aussi associés au CREL dont la Fondation de la Faune du Québec, les Caisses populaires Desjardins de Lanaudière, Ciment Saint-Laurent et la revue Le Garagiste. Selon M. Michel Lambert qui a coordonné ce projet : «Cette initiative s’est basée sur une cohabitation harmonieuse avec les activités motorisées et les autres utilisateurs présents sur ce territoire. Conçus dans un esprit de conservation, nous espérons également que les aménagements réalisés permettront de protéger et de mettre en valeur les milieux naturels et les habitats fauniques que l'on retrouve tout le long du sentier.» Depuis l’hiver dernier, la région est ainsi dotée d'une infrastructure écologique en milieu naturel de loisirs non motorisés d'une très grande qualité et à haut potentiel de réussite. C'est du moins ce que nous ont dit les mushers et les autres utilisateurs du sentier à notre départ/arrivée sud au Cric à David à St-Damien où la municipalité avait aménagé toutes les commodités pour accueillir nos premiers visiteurs à partir de janvier. À souligner également la magnifique opportunité de promotion qui s'est présentée en mars lorsqu'un reportage a été réalisé sur le sentier dans le cadre de l'émission La Poudre d'escampette sur les ondes de Télé Québec. Protection des berges de la rivière Maskinongé : une collaboration qui porte fruit Les Amis de l’environnement de Brandon La rivière Maskinongé, entre le lac Maskinongé et le barrage à Saint-Didace, souffre d’un problème d’érosion et d’instabilité des berges. Quatre hypothèses pourraient expliquer ce phénomène : ♦ La présence de bateaux à moteur et de motomarines; ♦ Le déboisement des berges; ♦ Les variations du niveau de la rivière causées par le barrage; ♦ La présence d’animaux sur les berges. Dans le cadre du programme Action-Environnement du Ministère de l’Environnement du Québec et avec la collaboration des trois municipalités concernées, c’est-à-dire Saint-Gabriel-de-Brandon, Mandeville et Saint-Didace, notre projet a permis une intervention de sensibilisation visant à favoriser la stabilisation et la revitalisation des berges sur la portion navigable de la rivière Maskinongé. Le Conseil régional de l’environnement de Lanaudière a participé aussi au projet en fournissant un soutien technique apprécié. Le projet aura contribué à évaluer la situation et à identifier des pistes possibles pour poursuivre l’action avec les partenaires du milieu (riverains, municipalités, groupes) dans un contexte local pour permettre une prise en charge efficace et durable des problèmes d’érosion et de pollution sur cette portion de la rivière. Le dossier des organismes génétiquement modifiés (OGM) Au cours des derniers mois, le CREL a collaboré à la réalisation d'un important projet sur les OGM en partenariat avec l'Association coopérative d'économie familiale Lanaudière (ACEF), la Fédération de l'Union des producteurs agricoles de Lanaudière (UPA) et le Comité régional d'éducation au développement international (CREDIL) Nous avons d'abord siégé sur le comité d'encadrement d'une imposante recherche portant sur la présence des OGM dans l'agriculture lanaudoise, une première au Québec. Réalisée par Mme Céline Poissant, chercheure, près de 1 000 agriculteurs de la région ont participé à cette étude visant à mieux connaître l'étendue de l'utilisation des OGM, ainsi que leurs connaissances et leurs perceptions qui motivent leurs choix. La recherche a entre autres permis d’apprendre que le quart des producteurs rejoints avaient déjà cultivé des plantes OGM (principalement du maïs) et qu’un peu plus de la moitié d’entre eux l’avaient fait plus d’une année. Par ailleurs, l'étude a démontré que les agriculteurs lanaudois souhaitent obtenir des informations plus objectives sur les OGM et qu’ils se sentent souvent pris au piège d’un système agricole d’abord orienté en fonction d’impératifs commerciaux à la lumière, notamment, du contrôle exercé par les multinationales des semences. Colloque « Des OGM chez-nous? Entre le champ et l’assiette » Le point culminant de la démarche fut l'organisation, le 29 mars dernier, d'un colloque auquel ont participé 150 personnes de tous les secteurs d'activités. En plus de présenter les résultats de la recherche, ce colloque a aussi permis d'aborder la question des OGM sous les angles de la santé, de l'environnement, de la consommation, de la production agricole et de la société civile. Comme c'est aussi le cas d'ailleurs sur tout ce qui touche l'agroenvironnement, le CREL a contribué, une autre fois, à mieux informer afin d'améliorer notre réflexion sur cet autre important débat que constituent les OGM. 2 Une perspective historique : le CREL récupère les résidus domestiques dangereux (RDD) depuis 10 ans On estime que directement ou suite aux initiatives mises de l'avant par le CREL, c'est près de 600 tonnes de RDD qui ont été récupérés au cours de dix dernières années grâce à la participation d'environ 15 000 résidants des MRC de Matawinie, Montcalm, L'Assomption et D'Autray. Si au cours de ses douze années d'existence, la gestion des matières résiduelles a toujours constitué au CREL un dossier de la plus haute importance, il allait de soi que nous proposions aux municipalités un service pour détourner de l'enfouissement les résidus domestiques dangereux (RDD). Voici donc un bref historique des succès remportés par le CREL dans le domaine de la récupération et du traitement sécuritaire des RDD. Le tout a débuté à l'été 1993 lorsque le CREL met sur pied son premier programme de récupération des DDD - acronyme encore utilisé à l'époque. Prudence oblige, à ce moment là, nous nous étions limités aux huiles et aux peintures usées, alors qu'avaient participé au-delà de 400 citoyens de Ville St-Gabriel, St-Jean-de-Matha et St-Félix-de-Valois, ces deux dernières municipalités instaurant d'ailleurs une tradition qui perdure encore aujourd'hui. Lors de ce premier essai, nous avions aussi expérimenté une façon de faire que nous n'avons jamais modifiée depuis, à commencer par l'excellente collaboration que nous avons constamment obtenue des services des incendies des municipalités participantes. De même, nous avons toujours été convaincus que c'est uniquement par l'entremise d'un service public que le citoyen peut avoir la certitude du bien-fondé du geste en faveur de la protection de l'environnement qu'il pose en venant porter ses RDD. De 1995 à 1997 ou l'époque des collectes municipales De 1995 à 1997, le CREL offre partout dans la région ce service environnemental dorénavant devenu essentiel. C'est ainsi que dans la MRC de Matawinie les municipalités de St-Donat et de Entrelacs s'ajoutent à St-Félix-de-Valois et à St-Jean-de-Matha. Dans la MRC de Montcalm , les municipalités de St-Lin (Ville des Laurentides), St-Jacques, St-Liguori, St-Calixte, St-Alexis et Ste-MarieSalomé organisent leur première collecte, alors que Berthierville, Ste-Geneviève-de-Berthier et Lavaltrie font de même dans la MRC de D'Autray. Dans la MRC de L'Assomption, la ville de l'Épiphanie emboîte le pas en 1996. Et ce n'était qu'un début. Un premier système permanent en Matawinie L'année 1998 constitue une année charnière dans la reconnaissance par le milieu de l'expertise développée par le CREL en matière de RDD. En effet, pour la première fois dans Lanaudière, les citoyens de l'ensemble des seize municipalités de la MRC de Matawinie ont accès à un dépôt permanent et à une collecte municipale annuelle; une initiative marquée par un grand succès. Depuis, le service est géré par la MRC avec des résultats très satisfaisants année après année. Un dépôt original dans Montcalm En l'an 2000, c'est au tour des onze municipalités de la MRC de Montcalm de se doter d'un système permanent de gestion des RDD, incluant l'organisation de collectes municipales annuelles, ainsi que la mise en opération d'un dépôt permanent localisé à SteJulienne. Ce projet est aussi l'occasion pour le CREL de tester avec succès une formule économiquement avantageuse grâce à l'utilisation de conteneurs maritimes sécurisés et d'un réservoir hors terre pour les huiles usées. Là aussi, le service est géré par la MRC depuis 2001. Un service quatre étoiles dans la MRC de L'Assomption Pour le CREL, l'année 2001 marque une autre étape déterminante par la réalisation du Système permanent de récupération des RDD de la MRC de L'Assomption, une MRC fortement urbanisée et très populeuse. Ainsi, grâce à l'appui du Fonds d'action québécois pour le développement durable et de la MRC, nous avons permis aux quelques 107 000 résidants que comptent Repentigny, L'Assomption, Charlemagne, L'Épiphanie et St-Sulpice de venir porter leurs RDD l'année durant au dépôt situé sur le Chemin des Commissaires dans le Parc industriel de la ville de L'Assomption. Et aux dires des responsables de la MRC, de qui relève le service depuis mars 2002, notre centre de récupération des RDD connaît toujours un haut taux d'achalandage accompagné d'une grande appréciation de la part de la population. Ah! oui, soit dit en passant, si on prend connaissance du Rapport sur les matières résiduelles de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), on constate que sur tout son territoire, c'est le service public de récupération des RRD de la MRC de L'Assomption qui est le moins coûteux et aussi l'un des plus performants. Ont collaboré à ce numéro : Téléphone: (514)-756-0186 Télécopieur: (514)-756-6538 Michel Lambert, Huguette Plante, Courriel: [email protected] Gilles Côté, Lise Corbeil est tiré à 300 exemplaires par le Conseil régional de l’environnement de Lanaudière 365 rue Saint-Louis, C.P. 658 Joliette (Québec) J6E 7N3 3 Vers le bilan environnemental de Lanaudière Le CREL entreprendra sous peu la réalisation du portrait environnemental régional. Avec ce bilan, Lanaudière sera la 5e région du Québec à se doter d'un tel outil d'information, d'éducation et de gestion environnementale après les régions du Saguenay - Lac St-Jean, de Chaudières-Appalaches, de Montérégie et du Centre-du Québec. Prévue en deux phases sur une période de deux ans, nous souhaitons associer à notre démarche l'ensemble des acteurs socio-économiques et politiques régionaux. En fait, par le constat de la situation qu'il permettra de dresser, le bilan sera une source unique de références pour toutes les personnes et les organismes publics ou privés qui, de près ou de loin, sont concernés par l'environnement et le développement durable. Toute la population de tous les secteurs d’activités pourront se servir et bénéficier des outils d'information, d’éducation et d’aide à la décision qui seront développés. Cette nouvelle initiative fait suite aux demandes répétées d'intervenants régionaux, ainsi que des membres du CREL qui, lors de la dernière assemblée générale, avaient inclus dans le plan d'action la réalisation d'un bilan environnemental régional. Il faut aussi dire qu'aucun document global en environnement régional n'a été produit depuis 1989, sauf le bilan sommaire réalisé en 1996 dans le cadre du colloque provincial ÉcoSommet et de quelques projets sectoriels tels le bilan en Santé environnementale réalisée par la Direction de Santé publique en 1998. Nos objectifs sont donc de: 1) Doter notre région d’un outil d'information et d'éducation environnementale adapté à sa réalité propre; 2) Consolider la conscience de l’importance de l’environnement et du développement durable pour maintenir et accroître le développement socio-économique dans Lanaudière; 3) Construire des consensus autour des objectifs et des perspectives à l'égard des données recueillies et des actions à entreprendre qui leur sont associées; 4) Donner une attention particulière aux grandes problématiques environnementales régionales ou globales qui ont des incidences pour la région, tout en tenant compte des grandes tendances contemporaines en la matière et leurs applications potentielles; 5) S'assurer que les informations recueillies bénéficient de la plus grande diffusion et utilisation possible dans tous les secteurs d'activités pour toutes les classes de la population. À noter que nous avons reçu l'appui des six MRC de la région, de même que des directions régionales des principaux ministères concernés dont le MENV, le MRN et le MAPAQ. Le Conseil régional de développement Lanaudière (CRD) étant un organisme régional intéressé à ce genre d’initiative, une demande financière y a été acheminée dans le cadre du programme FDR. Nous sommes persuadés que ce projet répond de façon toute particulière à un manque de connaissance et de reconnaissance du CRD face aux questions environnementales et nous souhaitons que le CRD nous accorde toute l’aide possible, technique et financière. Mémoire sur le développement durable de la production porcine Dans le cadre de la Consultation publique sur le développement durable de la production procine au Québec, le CREL a rédigé et présenté un mémoire devant la Commission itinérante du BAPE le 31 janvier dernier à Joliette. Tout en reconnaissant que l’apport économique de l’agriculture dans la région de Lanaudière est très important, le CREL a souligné un certain nombre de conditions au développement durable du secteur porcin dans notre agriculture, dont la plus importante est : la nécessité de reconnaître, de la part de tous les intervenants socio-économiques du monde rural, la grande diversité du tissu social de la population et la grande diversité d’intérêts économiques en découlant. Parmi les autres conditions, notons que l’industrie porcine doit être sans impact sur la qualité des sols agricoles, sur la qualité bactériologique et physico-chimique de l’eau, sur les habitats fauniques, sur la biodiversité et sur la qualité de vie des citoyens ruraux. De plus, l’industrie porcine doit être rentable pour tous, elle doit assurer la restauration des dégâts qu’elle a déjà causés et elle doit se diversifier dans des pratiques d’élevage alternatives plus respectueuses des composantes biophysiques et sociales du milieu. En conclusion, nous apportions la réflexion suivante : « Le développement durable de l’industrie porcine doit être étudié et planifié dans le respect des citoyens du monde rural. Il ne sera acceptable socialement que s’il réussit à prouver qu’il est sans impact sur la qualité de vie et sur la santé des citoyens, incluant les agriculteurs eux-mêmes. Il ne sera acceptable économiquement que si l’essentiel des retombées en terme de profits et d’emplois peuvent être réinvesties dans la région. Il ne sera acceptable environnementalement que s’il peut démontrer que ses impacts sur le milieu naturel, sur les habitats fauniques et sur la qualité de l’eau sont nuls. » 4