Gad, le rire aimant…

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Gad, le rire aimant…
Gad, le rire aimant…
A Rabat, Gad entame la tournée de son nouveau spectacle. « Sans tambour », c’est la décision
de venir sur scène sans esbroufe, de ranger au placard les effets de manche après avoir vécu
les choses intensément durant 17 ans dans le métier comme dans la vie, après avoir clamé son
bonheur d’être père dans le précédent spectacle, après avoir coulé pour l’éternité la figure de
ses propres parents dans le moule du premier , après avoir inventé moult personnages qui
hantent encore certains textes, -clin d’œil affectueux à la mythique madame Tazi qui sort
régulièrement du panthéon des marionnettes qu’il a créées en miroir de cette société pour
laquelle il éprouve tant de tendresse-, le voilà, lui, Gad, heureux d’être
« bla zwa9
».
Chick, au cinéma comme sur scène…
D’un côté au cinéma, il est promis à devenir bientôt le funambulesque personnage de Chick,
inoubliable héros de « l’Ecume des Jours » de Boris Vian, que tourne prochainement Michel
Gondry avec Audrey Tautou et Romain Duris. Un personnage pris dans la fantaisie et le monde
merveilleux de l’écrivain, en sublimant le caractère tragique de la maladie qui ronge
inexorablement Chloé, l’héroïne, pour apporter cette bouffée d’espoir que livre et livrera
toujours la poésie… Et comme son futur personnage de ciné, Gad affiche son incompréhension
face aux bizarreries de la vie, montrant que c’est la vie qui se révèle au fond incroyable, que la
vie ne cesse de proposer un sens décalé aux situations.
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A propos de différence et de diversité…
Au-delà du sketch sur les légumes dont il observe la capacité à exister en mode de vie grégaire
–yaourts et bananes-, ou de sa sortie sur les animaux et l’improbable langage qui nous ferait
dialoguer avec eux, ou des subtiles différences entre les chauffeurs de taxi à New-York, Paris
ou Casa, Gad observe notre incapacité à rationnaliser notre propre fonctionnement. Ce ne sont
jamais que des clins d’yeux, même éloignés, à la façon dont s’envisage la diversité, et au-delà,
le sentiment de la différence…
Le parcours de Gad est celui d’un humoriste dont les rôles, au cinéma, prennent une densité de
plus en plus importante, des débuts orchestrés avec l’inénarrable « Chouchou » ou le
sympathique « C
oco
» à sa prestation dans « Le capital »
de Costa-Gavras ou l’humanité tragique de son personnage dans
« La rafle
», de Roselyne Bosch. Si le souci de la différence comme richesse l’inspire depuis toujours,
aujourd’hui le rire ne s’en nourrit plus de la même façon, comme si l’homme était en transition
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vers un nouveau modèle d’écriture, souhaitant raconter en suivant le cheminement d’un fil
rouge et pour le moment se contentant de semer ici et là, de façon pointilliste mais brillante, ses
anecdotes toutes périodes de vie confondues, en testant quelles vannes font effet et lesquelles
doivent être gentiment délestées en chemin…
Evoquant les mimes que son père affectionnait particulièrement, et auxquels il l’a initié, Gad
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montre combien ce qui se donne passe par ce que l’on donne à imaginer de voir, au-delà de ce
qui est visible. C’est le sentiment que l’on peut avoir, avec « Sans tambour », comme si le mur
que recrée Gad par la magie du geste laissait entrevoir d’autres possibles. Un mur lisse et
coloré derrière lequel se lit beaucoup de profondeur, inavouée mais tangible.
Dire en achevant le spectacle que c’est au public qu’on doit d’être là, c’est à la fois un salut et
un hommage à ceux qui croient en vous depuis 17 ans. C’est le dire, « bla zwa9 ». Terminé cut,
on pouvait se demander le 25 février, -première date du spectacle-, où était le Gad trublion et
protéiforme d’antan, ou se dire aussi que le personnage était cette fois à l’intérieur du
personnage…D’une soirée l’autre, Gad renégocie son côté cabotin chaque fois autrement,
trublion s’il le veut, pour le plus grand bonheur du public… Sans fioriture mais avec du chien ! Et
c’est nourri de cette extraordinaire capacité à dialoguer avec lui, à l’aimer et à partager ce qu’il
est, qu’il nous invite cette fois encore à confirmer sa garantie d’authenticité : fidèle à lui-même
et cependant toujours différent…
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