KINO-32-A4 - Philippe Cote

Transcription

KINO-32-A4 - Philippe Cote
«TU CROIS À LA LOI COMME LES BIGOTS À LA CONFESSE ! »
WHY MAN CREATES - Saul Bass - 1968 - 25 min. - États-Unis
Il s'agit d'un court-métrage réalisé par le génial concepteur de
génériques de certains films de Preminger, Hitchcock, Wilder, Kubrick,
Frankenheimer ou encore Scorsese. La nature pédagogique du sujet
n'est qu'un prétexte créatif afin d'expérimenter une hybridation
d'idées plastiques et graphiques très différentes...
Traduction inédite et exceptionnelle de Patrick Fuchs !
FRANCE TÉLÉCOM (Live Hard) - Avant-première
Derek Woolfenden - 2013 - 25 min. - France
Le réalisateur s’insurge contre une grande tour en verre représentant
France Telecom à la suite de la suspension de sa boîte mail… Ou
le remake français à peine dissimulé de Piège de Cristal (Die Hard)
que John McTiernan réalisa en 1988. Cette nouvelle production
Curry Vavart est un essai documentaire.
REVOLVER (La Poursuite implacable)
Sergio Sollima - 1973 - 100 min. - Italie-France-Allemagne
Un sous-directeur de prison (Oliver Reed) doit faire équipe avec un
criminel (Fabio Testi) pour retrouver sa femme kidnappée (Agostina
Belli) à la suite d'un assassinat politique.
"Buddy movie" avant l'heure (on pense au tandem de 48 heures
de Walter Hill), écrit et réalisé par le plus méconnu des trois Sergio
(Leone et Corbucci) : Sergio Sollima.
Solide scénariste et rigoureux metteur en scène, Sollima n'a certes
pas l'épure baroque d'un Jean-Pierre Melville ou la radicalité
formelle et narrative d'un Fernando Di Leo dans le paysage
cinématographique déjà riche de la série B policière en 1973.
C'est pourtant l'un des plus grands cinéastes du cinéma transalpin
d'exploitation de la décennie soixante-huitarde.
A l'instar du film d'horreur plus tardif d'un Lucio Fulci où tout est
corruptible et gangréné, chez Sollima, du western spaghetti tendance
"zapata" (Colorado, Saludos Hombre, Le Dernier Face à Face avec
Tomas Milian) au "poliziotteschi" (La Cité de la Violence avec Charles
«TU CROIS À LA LOI COMME LES BIGOTS À LA CONFESSE ! »
WHY MAN CREATES - Saul Bass - 1968 - 25 min. - États-Unis
Il s'agit d'un court-métrage réalisé par le génial concepteur de
génériques de certains films de Preminger, Hitchcock, Wilder, Kubrick,
Frankenheimer ou encore Scorsese. La nature pédagogique du sujet
n'est qu'un prétexte créatif afin d'expérimenter une hybridation
d'idées plastiques et graphiques très différentes...
Traduction inédite et exceptionnelle de Patrick Fuchs !
FRANCE TÉLÉCOM (Live Hard) - Avant-première
Derek Woolfenden - 2013 - 25 min. - France
Le réalisateur s’insurge contre une grande tour en verre représentant
France Telecom à la suite de la suspension de sa boîte mail… Ou
le remake français à peine dissimulé de Piège de Cristal (Die Hard)
que John McTiernan réalisa en 1988. Cette nouvelle production
Curry Vavart est un essai documentaire.
REVOLVER (La Poursuite implacable)
Sergio Sollima - 1973 - 100 min. - Italie-France-Allemagne
Un sous-directeur de prison (Oliver Reed) doit faire équipe avec un
criminel (Fabio Testi) pour retrouver sa femme kidnappée (Agostina
Belli) à la suite d'un assassinat politique.
"Buddy movie" avant l'heure (on pense au tandem de 48 heures
de Walter Hill), écrit et réalisé par le plus méconnu des trois Sergio
(Leone et Corbucci) : Sergio Sollima.
Solide scénariste et rigoureux metteur en scène, Sollima n'a certes
pas l'épure baroque d'un Jean-Pierre Melville ou la radicalité
formelle et narrative d'un Fernando Di Leo dans le paysage
cinématographique déjà riche de la série B policière en 1973.
C'est pourtant l'un des plus grands cinéastes du cinéma transalpin
d'exploitation de la décennie soixante-huitarde.
A l'instar du film d'horreur plus tardif d'un Lucio Fulci où tout est
corruptible et gangréné, chez Sollima, du western spaghetti tendance
"zapata" (Colorado, Saludos Hombre, Le Dernier Face à Face avec
Tomas Milian) au "poliziotteschi" (La Cité de la Violence avec Charles
Bronson) (1), tout est corrompu dans une Italie bouleversée sur tous
les fronts, de la Mafia aux partis politiques. Ce sont les fameuses
années de plomb (attentats, kidnapping, assassinats politiques...) !
Mais les personnages de Sollima sont à la fois des exemples et des
contre-exemples démontrant l'axiome critique de son auteur face
aux "grandes gueules" rentrant dans le rang, des (anti-)modèles
qui correspondent à une imagerie d'Épinal, voire des stéréotypes
fonctionnels trop bien définis pour être honnêtes. L'art de Sollima,
naïf de prime abord, est d'opérer un glissement à l'égard de
l'identification primale de son spectateur, depuis ses préjugés, ses
opinions les plus tenaces - quant aux fonctions sociales préjudiciables
de ses personnages - vers une empathie des plus profondes qui soutient
toujours les plus démunis : les exclus, les criminels, les marginaux,
les pauvres, les étrangers... Cinéaste militant (d'extrême gauche
semble-t-il, Franco Solinas n'est pas loin) dont le propos souvent
didactique est toujours tempéré grâce au cinéma d'exploitation de
ces années-là et ses innombrables rebondissements.
La leçon du maestro à travers ses contes sociaux : incarner ces
personnages avec une morale à défendre comme un vrai résistant
pendant la guerre, comme un Indien contre les colons, comme un lion
contre une justice féroce (Le corsaire noir avec Kabir Bedi). Et défendre
et protéger à travers l'un d'eux (devinez qui dans Revolver ?)
ses idéaux philanthropes jusqu'à la mort !
Revolver n'est d'ailleurs pas très tendre avec les artistes, mise en abîme
ironique de l'impuissance sournoise mais vantarde du 7e art...
et complice souvent des pires exactions politiques (drogues,
proxénétisme, chantage, manipulation). Derrière la légèreté naïve
affichée de la série B, le brûlot... Revolver a été très mal distribué en
salles à sa sortie (2) et demeure encore aujourd'hui rarement visible,
et cela malgré la partition musicale culte de Ennio Morricone qui
transforme, au passage, un thème de Beethoven en ritournelle
angoissante et infernale...
Derek Woolfenden
(1) Genre policier italien très actif des années 70 et plutôt de droite : Enzo Castellari et
Umberto Lenzi en sont les représentants les plus connus.
(2) Les producteurs, ruinés par Ludwig de Visconti, sortirent Revolver en fin de saison,
sans campagne publicitaire.
Bronson) (1), tout est corrompu dans une Italie bouleversée sur tous
les fronts, de la Mafia aux partis politiques. Ce sont les fameuses
années de plomb (attentats, kidnapping, assassinats politiques...) !
Mais les personnages de Sollima sont à la fois des exemples et des
contre-exemples démontrant l'axiome critique de son auteur face
aux "grandes gueules" rentrant dans le rang, des (anti-)modèles
qui correspondent à une imagerie d'Épinal, voire des stéréotypes
fonctionnels trop bien définis pour être honnêtes. L'art de Sollima,
naïf de prime abord, est d'opérer un glissement à l'égard de
l'identification primale de son spectateur, depuis ses préjugés, ses
opinions les plus tenaces - quant aux fonctions sociales préjudiciables
de ses personnages - vers une empathie des plus profondes qui soutient
toujours les plus démunis : les exclus, les criminels, les marginaux,
les pauvres, les étrangers... Cinéaste militant (d'extrême gauche
semble-t-il, Franco Solinas n'est pas loin) dont le propos souvent
didactique est toujours tempéré grâce au cinéma d'exploitation de
ces années-là et ses innombrables rebondissements.
La leçon du maestro à travers ses contes sociaux : incarner ces
personnages avec une morale à défendre comme un vrai résistant
pendant la guerre, comme un Indien contre les colons, comme un lion
contre une justice féroce (Le corsaire noir avec Kabir Bedi). Et défendre
et protéger à travers l'un d'eux (devinez qui dans Revolver ?)
ses idéaux philanthropes jusqu'à la mort !
Revolver n'est d'ailleurs pas très tendre avec les artistes, mise en abîme
ironique de l'impuissance sournoise mais vantarde du 7e art...
et complice souvent des pires exactions politiques (drogues,
proxénétisme, chantage, manipulation). Derrière la légèreté naïve
affichée de la série B, le brûlot... Revolver a été très mal distribué en
salles à sa sortie (2) et demeure encore aujourd'hui rarement visible,
et cela malgré la partition musicale culte de Ennio Morricone qui
transforme, au passage, un thème de Beethoven en ritournelle
angoissante et infernale...
Derek Woolfenden
(1) Genre policier italien très actif des années 70 et plutôt de droite : Enzo Castellari et
Umberto Lenzi en sont les représentants les plus connus.
(2) Les producteurs, ruinés par Ludwig de Visconti, sortirent Revolver en fin de saison,
sans campagne publicitaire.
Vous pouvez consulter notre programme et vous
tenir informés des activités du collectif
à l’adresse internet suivante :
http://www.curry-vavart.com
http://shakirail.blogspot.fr/
La programmation est assurée par
la revue de cinéma INSERTS
INSERTS
ne pas jeter sur la voie publique
ou sur
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La programmation est assurée par
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INSERTS
ne pas jeter sur la voie publique
ou sur

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