Ki Tissa 5776

Transcription

Ki Tissa 5776
‫בס"ד‬
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KI TISSA
Ce fascicule est dédié à la mémoire de
Chmouel Claude ben Mouni
La faute du Veau d'or
(Par Rav Elie Lemmel)
La Faute du Veau d’Or comme si vous y étiez
(Par Dan Devash)
Quand le Ayin hara a-t-il de l'emprise ?
(Par Rav David Temstet)
Moché Rabbénou, un avocat
hors-pair !
(Par Rav Gabriel Haccoun)
Le remède avant le coup
(Par Rav Yonatan Chocron)
Y a-t-il un interdit de travailler le
vendredi après-midi ?
(Par Rav David Sitbon)
Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme
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La faute du Veau d'or
(Par Rav Elie Lemmel)
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Dans la paracha de Ki-Tissa, la Torah
nous parle de la faute du Veau d'or. Cette
dernière est incroyable. En effet, comment
est-il possible qu'à peine quelques jours
après avoir reçu la Torah, le peuple
d'Israël se tourne vers une statue d'or
pour s'y prosterner ? C'est extrêmement
surprenant et bouleversant.
Cependant, en analysant les versets qui
parlent de cette faute, cette dernière nous
apparaît comme étant l'expression d'une
crise d'angoisse que les Bené Israël
ont eu parce que, ne voyant pas Moché
revenir, ils se demandent s'il a disparu.
Ils veulent alors un intermédiaire. Ils ne
renient pas Dieu, mais cherchent à faire
une chose qui jouera un peu le rôle et la
fonction de Moché.
Même si ce qu'ils ont fait est interdit, il est
quand-même intéressant de l'analyser.
Et, pour l'instant, la faute du Veau d'or
semble donc provenir d'un sentiment
d'angoisse.
Cependant, nous voyons que le lendemain
du jour où ils ont fait le Veau d'or, les
Bené Israël lui offrent des sacrifices de
Ola et de Chelamim, puis ils s'installent
pour manger et rire. Le mot "rire (‫")לצחק‬
employé ici est un euphémisme pour
traduire "Ils se sont livrés à l'orgie".
Nos maîtres font remarquer que les Bené
Israël ont d'abord commencé à faire des
korbanot Ola (c'est-à-dire des sacrifices
qui étaient entièrement consumés) puis
des korbanot Chelamim (c'est-à-dire des
sacrifices dont une partie pouvait être
mangée par les personnes qui les avaient
amenés). La démarche des Bené Israël a
donc été progressive:
-au début, ils ont voulu n'agir que pour
Dieu, que ‫לשם שמים‬, que pour le futur
spirituel du peuple d'Israël ;
-ensuite, ils ont offert des korbanot
Chelamim, c'est-à-dire des sacrifices qui
n'étaient plus totalement pour Dieu mais
dont ils allaient eux aussi manger une
partie ;
-puis ils ont agi totalement pour euxmêmes et aucunement pour Dieu, en
s'installant mangeant, buvant, et en
pratiquant
l'immoralité.
En faisant le Veau d'or, les Bené Israël
ont donc cherché à s'affranchir du divin
pour faire ce qu'eux-mêmes voulaient.
Mais, au début, ils n'ont pas voulu
s'avouer cette motivation. Ils se disaient
donc qu'ils agissaient pour Dieu.
De même, il y a des gens qui choisissent
de mettre de côté certaines mitsvot de
la Torah, en se disant que sans cela,
certains n'accéderaient pas au Judaïsme.
Ils pensent alors agir pour Dieu. Mais, au
bout d'un moment, il devient clair qu'ils
agissaient en fait pour eux-mêmes, dans
leur propre intérêt. Pas du tout pour Dieu
mais, au contraire, pour s'affranchir de
Sa loi.
Ceci ressemble à des personnes qui,
lorsqu'elles jouaient aux fléchettes,
avaient toujours 100. Pour une raison très
simple: parce qu'elles tirent d'abord leur
fléchette sur le mur, et ce n'est qu'ensuite
qu’elles dessinent autour de la flèche un
rond dans lequel elles écrivent 100. Elles
reconstruisent la loi selon leur désirs,
leurs appétits, leurs envies.
Parfois, nos intentions nous semblent
pures. Mais si nous sommes lucides,
nous réalisons parfois que ce sont des
intérêts beaucoup plus petits et mesquins
qui guident nos mouvements; seulement,
nous ne voulons pas nous l'avouer.
La faute du Veau d'or nous rappelle de
faire attention à ce genre de choses
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La Faute du Veau d’Or comme si vous y étiez
(Par Dan Devash)
Inspiré de textes du RaBaSH, Rabbi Baroukh Shalom Ashlag ‫זצ"ל‬, fils du Baal HaSoulam ‫זצ"ל‬
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L’image que l’on conserve de la faute du
Veau d’Or est très souvent puérile. On
imagine les Enfants d’Israël, qui 40 jours
après avoir écouté la voix de D., vont
se prosterner devant un veau en or en
s’écriant : « Voici (‫ )אלה‬tes dieux, Israël
! ». Comment penser que les Enfants
d’Israël aient pu atteindre un tel degré
de déchéance spirituelle en partant de
si haut et en si peu de temps ?
Voici une Guémarra très surprenante qui
va nous en apprendre plus sur ce sujet :
« Les Enfants d’Israël n’ont commis la
faute du veau d’Or que pour pouvoir
répondre aux arguments de ceux qui
doivent se repentir. »
‫וא''ר יהושע בן לוי לא עשו ישראל את העגל אלא‬
‫ליתן פתחון פה לבעלי תשובה‬
Et Rashi d’expliquer :
« (Les enfants d’Israël étaient)
inébranlables et maitrisaient leur
penchant (au point que) celui-ci était
incapable de prendre le dessus sur eux.
C’est un décret du Roi (du Monde) qui
permit au penchant de les dominer, afin
de pouvoir répondre à l’argument de
celui qui veut se repentir. (C'est-à-dire
que) Dans le cas où celui qui faute venait
à dire : ‘Je ne peux pas revenir parce
qu’on ne m’acceptera pas’, on pourra lui
répondre : ‘Va apprendre de la faute du
Veau d’Or. Eux ont demandé le pardon
et leur repentir a été reçu »
‫ כלומר גבורים ושלי־‬.‫לא עשו ישראל את העגל‬
‫טים ביצרם היו ולא הי' ראוי להתגבר יצרם עליהן‬
‫אלא גזירת מלך היתה לשלוט בם כדי ליתן פת־‬
‫חון פה לבעלי תשובה שאם יאמר החוטא לא‬
‫אשוב שלא יקבלני אומרים לו צא ולמד ממעשה‬
‫העגל שכפרו ונתקבלו בתשובה‬:
Cela revient à dire que les Enfants d’
Israël ont été poussés à fauter par D.
lui-même ! Et tout cela, pour que les
fauteurs, quelles que soient leurs fautes,
ne se découragent, et puissent tenter de
se repentir.
Ainsi, cette interprétation de Rashi insiste
bien sur la grandeur des enfants d’Israël
au moment même où ils commettent la
faute ! Rien à voir avec l’image d’une tribu
d’Afrique qui se prosternerait devant leur
idole ! Avant de chercher à comprendre
ce qui a provoqué cette faute, il nous
faut reconnaitre tout d’abord, que Rashi
nous met mal à l’aise.
À savoir, si c’est D. qui pousse l’homme
à fauter, où se situe donc son libre
arbitre ? De plus, tout l’enseignement de
la Torah est là précisément pour nous
éloigner de la faute. Comment dès lors
comprendre que D. ait voulu les pousser
à fauter ?
Le Maharal repousse des deux mains
cette idée. Il explique ainsi l’intention de
Rashi. Selon lui, C’est uniquement sur
la Téshouva que porte le décret de D.
(‘Nétivot ‘Olam).
‫עיקר הגזירה מן השם יתברך לא היה על החטא‬
‫רק על התשובה‬
C'est-à-dire que si un homme faute et
fait Téshouva, il retourne à l’état ou il se
trouvait avant la faute. Comme si rien
ne s’était passé ! C’est cela qui méritait
d’être décrété parce qu’il s’agit d’une
chose extraordinaire (id.).
‫כי התשובה שישוב האדם מן החטא ויקבל אותו‬
‫הש"י בתשובה הוא דבר גדול מאוד‬
‫כי אחר שחטא האדם ישוב אל התחלתו כאשר‬
‫ היה בראשונה‬...
Cette interprétation à vrai dire, ne se
retrouve pas dans les mots de Rashi
lorsqu’il affirme que les Enfants d’Israël
étaient ‘inébranlables et dominaient leur
penchant’, et que c’est par un décret, que
D. ‘permit au penchant de les dominer’.
Le ‘Ets Yossef (Sur le ‘Ein Ya'akov)
propose quant à lui, une interprétation
disant que le décret porte bien sur la
faute et non sur la Téshouva. Quant à
savoir comment il est possible que D.
les ait poussés à fauter, il en donne une
explication qui s’appuie sur la guémarra
suivante (Soucca 52a) :
« Le penchant de l’homme prend chaque
jour plus d’emprise sur lui et cherche à
le tuer (d’après le verset) : ‘Le Méchant
observe le Juste et cherche à le tuer’.
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S’il ne reçoit pas l’aide du Saint ‫ב"ה‬, il ne
peut pas lui résister. »
‫יצרו של אדם מתגבר עליו בכל יום ומבקש לה־‬
‫לב} צופה רשע לצדיק‬-‫מיתו שנאמר {תהילים לז‬
‫ומבקש להמיתו ואלמלא הקב''ה שעוזר לו אינו‬
‫יכול לו‬
Le ‘Ets Yossef explique que les Enfants
d’Israël étaient susceptibles de recevoir
l’aide du Ciel, mais que D. a décrété de
ne pas la leur accorder, afin de répondre
aux arguments de ceux qui doivent se
repentir. Nous proposerons plus loin, une
raison pour laquelle D. ne les a pas aidés.
Quoi qu’il en soit, il ressort de tout cela
que Les Enfants d’Israël avaient atteint
un très haut niveau spirituel et que donc
ils n’auraient jamais dû fauter.
COMPRENDRE LA FAUTE DU VEAU
D’OR
Il nous reste à présent à découvrir ce qui
a pu, compte tenu de leur grandeur, c'està-dire de leur crainte du ciel, les pousser
à fauter ? Rappelons tout d’abord leur
faute :
« Ils se sont vite détournés de la voie que
Je leur ai ordonné. Ils se sont fabriqué un
veau de métal, se sont prosternés à lui,
lui ont offert des sacrifices et ils ont dit
‘’Voici tes Dieux Israël, ceux qui t’ont fait
monter de la Terre d’Égypte.»
‫סָ רּו מַ הֵ ר מִ ן הַ ּדֶ ֶרְך אֲ ׁשֶ ר ִצּוִיתִ ם עָ ׂשּו לָהֶ ם עֵ גֶל‬
‫מַ ּסֵ כָה וַּיִׁשְ ּתַ חֲ וּו לֹו וַּיִ ְזּבְחּו לֹו ו ַּי ֹאמְ רּו אֵ ּלֶה אֱ ֹלהֶ יָך‬
‫י ִׂשְ ָראֵ ל אֲ ׁשֶ ר הֶ עֱ לּוָך מֵ אֶ ֶרץ מִ צ ְָרי ִם‬:
Rappelons que 40 jours auparavant, ils
avaient eu une révélation extraordinaire
sur la montagne du Sinaï : D. Lui-même
s’est adressé à eux.
Cette Révélation hors du commun, a
laissé en eux des traces indélébiles.
Plus aucun doute ne subsistait pour eux.
Cette vie troublée qu’ils aient vécue, les
souffrances qu’ils ont subies en Égypte,
la servitude et l’oppression, tout cela avait
à présent un sens : ça les avait rendus
aptes à recevoir cette Révélation. Celle-
ci avait permis d’effacer tout ce trouble,
toute cette souffrance. Ils voyaient
clairement toute la Bonté du Créateur. Ils
étaient prêts, à présent, à Le suivre là où
Il les conduirait.
Mais le Seigneur avait un autre projet
pour eux.
Moshé est monté sur la montagne et les a
prévenus que pendant quarante jours et
quarante nuits il devait recevoir la Torah.
Le peuple l’attend patiemment quarante
jours durant, mais voilà que Moshé tarde.
Les évènements se précipitent. Un bruit
court dans le camp, ‘’Moshé est mort’’
son cercueil apparaît dans le ciel.
C’est alors que la nature humaine fait
son travail, le Yetser Hara s’éveille. Leur
hauteur spirituelle aurait dû faire taire le
mauvais penchant, mais D. a conçu les
choses autrement (Soucca 52a) :
« Celui qui est plus grand que son ami,
son penchant aussi est plus grand que
lui »
‫כל הגדול מחבירו יצרו גדול הימנו‬
C’est une règle : plus l’homme est grand
et plus son penchant est grand. Or, nous
avons vu que les Enfants d’Israël avaient
atteint un très haut niveau spirituel au
point que même D. témoigna de leur
hauteur (Devarim 5, 26) :
« Qui pourrait faire en sorte qu’ils
conservent une telle crainte en leur cœur
pour toujours … ? »
‫מי יתן והיה לבבם זה להם ליראה אותי כל הימים‬
LA NATURE DE LA FAUTE DU VEAU
D’OR
Essayons à présent, de comprendre la
nature cette faute.
(Inspiré du Ma’agalot Hashana de ‫מוה"ר‬
Mordekhai Gottlieb (‫שליט"א‬
L’origine de cette faute, tout d’abord, est
précisément liée à la Révélation qu’ils
ont eue. Avant ce contact direct avec D.,
cette Révélation, ils vivaient dans une
situation toute différente. Une situation
qui faisait appel à la Foi, à la Emounah. Ils
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avaient accepté de se retrouver dans un
désert sans vivres et sans eau. Ainsi, par
exemple, leur nourriture, la Manne, leur
était certes envoyée du Ciel, mais elle ne
pouvait pas être conservée. Ils n’avaient
aucune assurance d’en recevoir le
lendemain. Ils étaient en quelque sorte,
contraints de vivre avec la Emounah.
Quant à Moshé, il était leur guide. C’est
lui le Berger, modèle de la fidélité à D.,
qui entretenait leur Emounah.
Le retard de Moshé et l’annonce de sa
mort provoque un grand trouble. Non
seulement ils risquent de se retrouver
dans le même état qu’avant la Révélation,
c'est-à-dire une situation où ils doivent
faire appel à leur Emounah, mais en plus,
ils seraient privé de Moshé, leur guide,
l’incarnation même de la Emounah ! On
a vu qu’ils étaient malgré tout capables
de subir cette épreuve. Mais D. ne leur
apportera pas Son aide, et donc (Soucca
52a) :
« S’il ne reçoit pas l’aide du Saint ‫ב"ה‬, il
ne peut pas lui résister (à son penchant).
»
‫ואלמלא הקב''ה שעוזר לו אינו יכול לו‬
Ils furent alors, livrés à leur penchant.
Ils vont tuer Hor, le fils de Myriam, qui a
tenté de les contenir. Puis ils se pressent
autour d’Aaron, le frère de Moshé :
« Lève-toi, fais nous un dieu (eloh-im) qui
marche à notre tête … »
‫וַּיִּקָ הֵ ל הָ עָ ם עַ ל ַאהֲ רֹן ו ַּי ֹאמְ רּו אֵ לָיו קּום עֲ ׂשֵ ה לָנּו‬
‫אֱ ֹלהִ ים אֲ ׁשֶ ר יֵלְכּו לְפָ נֵינּו‬
Et, lorsqu’Aaron jette dans le feu l’or
qu’ils lui remettent, et qu’il en sort
miraculeusement un Veau, voilà le
peuple qui se prosterne et s’écrie :
« Voici (‫ )אלה‬tes dieux Israël, qui t’ont fait
monter d’Égypte ! »
‫אֵ ּלֶה אֱ ֹלהֶ יָך י ִׂשְ ָראֵ ל אֲ ׁשֶ ר הֶ עֱ לּוָך מֵ אֶ ֶרץ מִ צ ְָרי ִם‬
La Torah n’est pas un livre d’histoire. Elle
est intemporelle et chaque situation y est
décrite afin que nous puissions en tout
temps, en tirer une leçon. Or cet épisode
est tellement invraisemblable, que nous
ne voyons pas ce que son récit peut
nous apporter. Il nous faut donc admettre
que toute cette narration est codée.
Aussi allons-nous tenter de déchiffrer le
message qu’il contient.
LES CLES POUR COMPRENDRE LA
FAUTE DU VEAU D’OR
Les clés de ce récit vont nous être
fournies par le Zohar.
Celui-ci explique que le premier nom
de D. qui apparait dans la Torah ‫אלהי"ם‬
(Elohi’m) est en fait une association de
deux mots. D’une part le mot ‫( אלה‬éléh) qui
signifie ‘ceux-ci’ le pronom démonstratif,
et d’autre par le mot ‫( מי‬mi) qui signifie
‘qui ?’, la préposition interrogative.
Le Zohar explique que la Création a
débuté par le mot ‫( מי‬qui ?) et elle s’est
ensuite habillée du ‫( אלה‬ceux-ci). Le ‫מי‬
(qui ?) étant ce qui est caché, c'est-à-dire
le Créateur, quant au ‫( אלה‬ceux-ci), ce
sont les éléments visibles qui composent
la Création.
En d’autres termes, la Nature, c'est-àdire ce qui est visible dans la Création, est
un habillage qui ‘’cache’’ le Créateur. Ce
sont ces deux mots qui, en s’associant,
définissent le premier nom de D., Elohim ‫אלה‬-‫( ))אֱ ֹלהִ ים מ''י‬Zohar Introduction
2a).
‫ ָרצָה לְהִ תְ ־‬.‫ ֹלא נִקְ ָרא אֶ ּלָא מִ ''י‬.‫עָ מ ֹק וְנִסְ ּתָ ר ּבַּׁשֵ ם‬
‫ ו ְהִ תְ ַלּבֵׁש ִּבלְבּוׁש י ְקָ ר‬,]‫ּגַּלֹות ּולְהִ ּקָ ֵרא ּבַּׁשֵ ם [הזה‬
‫ הִ תְ חַ ּבְרּו‬.‫ ו ְעָ לָה אֵ ּלֶה ּבַּׁשֵ ם‬,‫ׁשֶ ּמֵ אִ יר ּוב ָָרא אֵ ּלֶה‬
-‫ וְנִׁשְ לְמּו ּבַּׁשֵ ם אֱ ֹלהִ ים (מ''י‬,‫הָ אֹותִ ּיֹות אֵ ּלּו ּבְאֵ ּלּו‬
‫)אלה‬.
Tout cela est exprimé aussi dans un
verset (Yésh’ayia 40,26) :
« Levez les yeux au Ciel et voyez qui a
créé ceux-ci …»
‫ּוראּו מִ י ב ָָרא אֵ ּלֶה‬
ְ ‫ׂשְ אּו מָ רֹום עֵ ינֵיכֶם‬
Quel rapport tout cela a-t-il avec la faute
du Veau d’Or ?
C’est la suite de ce Zohar qui va nous
guider :
« Et eux, qui ont fauté par le Veau, c’est
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sur la base de ce secret qu’ils ont dit : ‘Voici (‫ )אלה‬tes dieux, Israël’ »
‫ ו ְעַ ל‬,‫ו ְהֵ ם ׁשֶ חָ טְ אּו ּבָעֵ גֶל‬
‫סֹוד זֶה ָאמְ רּו (שמות‬
‫לב) אֵ ּלֶה‬
‫אֱ ֹלהֶ יְך י ִׂשְ ָראֵ ל‬
LE DECODAGE
La faute du Veau
d’Or a été causée
par la peur de
devoir quitter l’état
d’élévation absolu
dans laquelle ils se
trouvaient, après
la Révélation. Le
choc causé par la
vision de la mort
de Moshé leur a
fait craindre de revenir à l’état d’avant la révélation. Ils étaient prêts à servir D., mais
en connaissance de cause. Ils refusaient à présent de retourner à l’état du ‫מי‬, c'està-dire à l’état ou D. est caché et où il faut agir sur la base de la Foi. Ils voulurent que
la Révélation continue et qu’il n’y ait plus nécessité de faire preuve d’Emounah. Bref
ils voulaient que D. soit visible dans la Nature au point que l’on puisse le d
ésigner à tout moment : « Voici (‫ ) אלה‬tes dieux ».
POURQUOI D. A-T-IL PROVOQUE LA FAUTE ?
Le projet de D. est que chaque juif se construise grâce à sa foi. Les Sages l’ont
compris, ils ont réduits toutes les mitzvot de la Torah dans une seule, la Emounah
(Makot 24a) :
« Lorsque Habakouk (le prophète) est venu, il les a fait tenir (toutes les mitzvot) dans
une seule : ‘Le Juste vivra par sa Emounah’’ »
‫ באמונתו יחיה‬,‫"בא חבקוק והעמידן מצוה אחת שנאמר [חבקוק ב] "וצדיק‬.
Quand Il s’est révélé au peuple, D. a inscrit dans les gênes des Enfants d’Israël, la
connaissance du plaisir extrême de la proximité avec Lui. Cette jouissance qu’ils
avaient acquise sans effort, ils doivent à présent l’acquérir par leur propres moyens,
grâce aux mitzvot et à la Torah.
C’est la raison pour laquelle, quand ils eurent l’occasion de fauter, D. ne les a pas
aidé, Il laissa leur penchant prendre le dessus.
Cette faute, nous la commettons, en fait, chaque fois que la situation dans laquelle
nous nous trouvons nous déplait. Ces situations nous cachent la bonté de D. et nous
préfèrerions tous, comme le peuple dans le désert, qu’Il se révèle à nous.
Dédié à l’élévation de l’âme de Shmouel Claude ben Mouni et Isaac Ben Yéhoudah
et Myriam
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Quand le Ayin hara a-t-il de l'emprise ?
(Par Rav David Temstet)
Au début de parachat Ki tissa, Hachem
demande à Moché Rabbénou de compter
les Bené Israël. Mais Il lui précise bien
de ne pas les dénombrer directement;
de les compter en utilisant des pièces
d'un demi-chékel. Car, comme l'explique
Rachi, le fait de compter entraîne le Ayin
hara et la peste, comme cela s'est produit
à l'époque du roi David. A cette époque,
David a demandé à son général, Yoav,
de compter les Bené Israël. Au début,
celui-ci a refusé, car il savait que c'était
dangereux. Mais David a insisté; et,
finalement, Yoav a obéï au roi. Ce compte
a entraîné une terrible épidémie.
Pourquoi ? En quoi le fait de compter
entraîne-t-il l'emprise du mauvais œil ?
Dans son Séfer Doudaé Réouven, sur
parachat Bamidbar, le Rav Réouven
Timstit, pose une question encore
plus forte. Il demande: s'il ne faut pas
compter les Bené Israël directement mais
seulement par l'intermédiaire d'un objet
(comme nous le voyons dans parachat
Ki tissa), comment se fait-il que cette
précaution n'ait pas été prise lors du
décompte dont la Torah nous parle dans
le paracha de Bamidbar?
A cet endroit, nous voyons que le compte
a été fait par tête. Et même si d'après
Rachi, des pièces d'un demi chékel ont
aussi été utilisées à cette occasion,
plusieurs autres commentateurs disent
que le décompte des Bené Israël dont la
Torah nous parle dans parachat Bamidbar
a été fait sans ma'hatsit hachékel. Qu'à
cette occasion, les Bené Israël ont été
comptés directement.
Comment comprendre cela ? N'avait-on,
alors, plus peur du Ayin hara ?
Avant de répondre à ces questions,
faisons une petite parenthèse sur le Ayin
hara: d'où vient cette force destructrice
du regard ?
Dans parachat Béréchit, nous voyons
qu'Hachem a créé le monde par la parole,
par dix paroles. Mais nous voyons aussi
qu'Hachem a vu (comme par exemple
lorsqu'il est dit, au quatrième verset du
premier chapitre, qu'Hachem a vu que la
lumière était bonne).
Et, en fait, Hachem
a créé le monde par
la parole, mais Il
l’a maintenu par le
regard.
Cela signifie que la
parole crée, et le regard
positif maintient.
La
parole
peut
construire. Et le regard
peut soit maintenir
(s'il s'agit d'un regard
positif), soit détruire
(s'il s'agit d'un Ayin
hara).
La force de l'œil,
du regard, qu'elle soit créatrice ou
destructrice, existait déjà depuis la
création du monde.
Mais revenons à notre question: pourquoi
dans parachat Ki tissa a-t-on peur du
Ayin hara au point de ne pas compter
directement les Bené Israël, alors que
dans parachat Bamidbar on n'a pas cette
crainte ?
Le Rav répond que la grande différence
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entre ces deux dénombrements, c'est
que lors de celui qui est raconté dans
Bamidbar, la construction du Michkane
avait déjà eu lieu. Il se situe au moment
où Hachem va faire résider Sa Chékhina
sur le Michkane. Alors que le décompte
relaté dans Ki-tissa a eu lieu avant la
construction du Michkane et après la
faute du Veau d'or. Il servait à déterminer
le nombre de survivants à cette faute,
et montrait l'amour d'Hachem envers
le Klal Israël qui existait même à ce
moment-là. Mais en quoi le fait que le
dénombrement des Bené Israël raconté
dans Bamidbar ait eu lieu après la
construction du Michkane justifie-t-il la
non-crainte du Ayin hara ?
Le Ayin hara existe. La preuve: Rachi
en parle, et chaque matin nous prions
pour ne pas être touchés par le Ayin
hara. Cependant, il ne faut pas que le
Ayin hara devienne "une grande porte
de sortie", c'est-à-dire L'explication de
n'importe quel malheur ou la cause
d'une trop grande peur.
Le Ayin hara existe, c'est vrai. Mais
attention! Il ne faut pas tout confondre.
Certaines personnes ont peur du
mauvais œil, au point de vouloir par
exemple "cacher" leur belle voiture
neuve, pour ne pas que les voisins y
mettent leur Ayin hara. Il y a toute sorte
de paranoïa autour du mauvais œil, qui
entraîne mensonge, séparation d'amis,
problèmes dans les familles...
Essayons donc de comprendre quelle
est la véritable force du Ayin hara.
Lorsqu'il y a le Michkane, on n'a plus
peur du Ayin hara, car la Chékhina c'est
la berakha. Lorsqu'il y a Chékhina, il
y a berakha; et lorsqu'il y a berakha,
il y a Chékhina. Lorsque la Présence
Divine réside parmi les Bené Israël, il
y a automatiquement la bénédiction.
Lorsqu'il y a la Chékhina, le mauvais œil
n'a pas d'emprise.
De nos jours, il n'y a pas de Michkane.
Alors où est la Chékhina ? Et y a-t-il Ayin
hara ou pas ?
Le principe selon lequel la Chékhina
entraîne la berakha et la non-emprise
du Ayin hara reste valable même de nos
jours, où nous n'avons pas de Michkane.
Car lorsqu'un Juif fait des mitsvot et
étudie la Torah, lorsqu'un Juif est en
cohérence avec son Créateur et il peut
donc faire résider la Chékhina sur lui.
Pour faire résider la Chékhina sur nous,
il ne faut pas forcément ne jamais avoir
fauté. Il n'existe pas d'homme qui n'ai
jamais fait d'erreur, et même Moché
Rabbénou en a fait. Dans une course,
les participants ne courent pas tous au
même rythme. Mais ce qui compte, c'est
de commencer à courir. Car celui qui sait
qu'il faut aller plus vite, et qui pourtant
refuse cela et continue à marcher, n'a
aucune chance de gagner la course...
De même, dans la Torah, celui qui fait
ce qu'il peut, mais qui veut vraiment
s'améliorer et progresser, peut faire
résider la Chékhina sur lui. Même s'il y
en a d'autres qui "courent plus vite que
lui", c'est-à-dire qui étudient davantage
la Torah ou qui accomplissent mieux les
mitsvot. Ce Juif a la Chékhina. Il a la
berakha. Il est protégé du mauvais œil.
Mais lorsqu'un Juif n'est pas en paix avec
lui-même parce qu'il fait des choses qu'il
sait qu'il ne doit pas faire, lorsqu'il peut
s'arrêter de faire ces choses-là mais qu'il
ne le veut pas, là la Chékhina s'en va.
La Chékhina ne reste pas là où on ne la
souhaite pas. Là où on ne la désire pas,
elle se retire. Et alors le mauvais œil à
de l'emprise.
Le Ayin hara n'a pas de force en luimême.
C'est un instrument qui est actionné par
la midat hadine. Il est l'un des moyens
par lequel cette dernière peut frapper.
Par conséquent, la cause n'est pas le
Ayin hara. La cause, c'est les fautes de
chacun d'entre nous. C'est la mauvaise
direction qu'on a prise. C'est là que le
mauvais œil peut avoir de l'emprise.
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Il est donc illogique d'avoir peur du mauvais œil sans avoir peur des fautes qu'on a
faites. Il vaut mieux avoir peur de ses propres fautes que du regard de l'autre. Car sur
nos propres fautes, nous pouvons avoir une maîtrise. Alors que le pouvoir qu'aura le
regard de l'autre sur nous est une conséquence de nos fautes.
Le regard de l'autre n'a pas de force en lui-même. C'est une force qui a été créée à
partir de mes faiblesses. Par conséquent, le fait de fuir le regard de l'autre et de mettre
en place une stratégie pour l'éviter équivaut en fait à se fuir soi-même. Car le principal
responsable de ce qui arrive, c'est toujours nous-mêmes.
La force destructrice du regard de l'autre est un outil utilisé par la midat hadine.
Mais si nous avons confiance en Hachem, si nous cherchons à être chaque jour meilleur
que ce que nous étions la veille, si nous essayons d'être constamment en progression,
le regard de l'autre n'a aucun effet. Parce que ce qui joue, ce sont mes fautes. L'autre
n'est qu'un instrument. La midat hadine peut frapper par son intermédiaire, ou par un
autre moyen. Par conséquent, ce que nous devons faire, c'est la volonté de Dieu.
Ne pas avoir peur des gens, ne pas avoir peur de leur regard.
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'
Moché Rabbénou, un avocat
hors-pair !
(Par Rav Gabriel Haccoun)
Dans la paracha de Ki-Tissa, la Torah
parle de la tragique faute du Veau d'or,
suite à laquelle le peuple juif a failli être
anéanti. Finalement, Moché Rabbénou
l'a défendu auprès d'Hachem, lui
permettant ainsi d'être épargné de cette
terrible sanction. Mais que Lui a-t-il dit
pour plaider en sa faveur ? "‫חטא העם הזה‬
‫( חטאה גדלה‬ce peuple a fait une grande
faute!)".
Ceci est plutôt surprenant... Car, en
effet, le fait de dire cela est-il vraiment
une façon de défendre les Bené Israël ?
On dirait plutôt une accusation contre
eux, une affirmation du fait qu'ils sont
responsables de ce qu'il s'est passé!
Or normalement, lorsqu'un avocat défend
une personne, il essaye d'amoindrir la
gravité de sa faute, ou l'étendue de sa
responsabilité. Il ne dit en tout cas pas
clairement: "Oui, Monsieur le juge, c'est
vrai! Mon client a affectivement commis
une grave faute!!". Car à première vue,
de tels propos ne feraient qu'envenimer
la situation!
Pourquoi donc Moché, alors même qu'il
cherche à défendre les Bené Israël
auprès d'Hachem, Lui dit-il qu'ils ont
gravement fauté?
Le Rav Lévinstein explique cela à travers
le machal suivant:
Un jeune garçon qui venait de faire sa Bar
Mitsva s'habillait désormais comme un
adulte (en costume noir, chemise blanche
et chapeau), et non comme lorsqu'il était
enfant (en jeans et T-shirt). Cependant,
certains amis à lui, qui n'avaient encore
que douze ans, s'habillaient encore
ainsi. Et c'est avec envie qu'il les voyait,
à la récréation, grimper dans les arbres
et faire d'autres activités auxquelles lui,
avec son costume neuf et qui avait coûté
si cher, ne pouvait se livrer de peur de
déchirer le précieux vêtement.
Pendant un certain temps, il les observa
jouer ainsi, sans participer à leurs activités
pour ne pas abîmer son costume. Mais à
un moment, n'en pouvant plus, il se mit
lui aussi à courir, à grimper et à sauter
avec ses camarades...
Et évidemment, ce qui devait arriver
arriva: son pantalon tout neuf se
déchira...
Comment allait-il annoncer cela à son
père, qui avait payé l'habit si cher ?
Et, pour couronner le tout, passa près
de lui à ce moment-là (constatant donc
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'
l'état dans lequel se trouvait le pantalon) son voisin de palier.
Celui-ci allait sûrement annoncer la nouvelle à son père... Que faire ??
A un moment, le jeune garçon eut une idée: il se mit à courir très rapidement en direction
de chez lui, appela son père et pleura sans pouvoir s'arrêter...
Le voyant dans un tel état, son père lui dit: "Mais qu'y a-t-il, mon fils ? Pourquoi pleurestu tellement? Que s'est-il passé ? Dis-le-moi, s'il te plaît! Et n'aies pas peur, je ne t'en
voudrais pas! Je ne me mettrai pas en colère!". Le fils avoua alors qu'il avait déchiré le
nouveau pantalon...
En voyant cela, le voisin (qui, entre-temps été arrivé chez le père de l'enfant, dans
l'intention de lui dire ce que celui-ci avait fait à son vêtement) comprit qu'il n'était plus
nécessaire de dire ce qu'il comptait dire. Et il rentra donc chez lui.
Rav Lévinstein explique que c'est dans la même logique que Moché Rabbénou a agi: il
savait pertinemment que la faute du Veau d'or avait suscité une terrible accusation contre
le peuple juif (qui, s'il ne l'avait pas défendu, aurait été exterminé). Il choisit donc d'avouer
lui-même cette faute, pour qu'en conséquence, le Satane ne puisse plus continuer à
accuser. En effet, à quoi bon, pour lui, accuser des gens qui s'accusent déjà eux-mêmes
?
Et une fois que Moché Rabbénou a vu que le Satane n'allait plus accuser, une fois qu'il
a constaté qu'il l'avait détourné, il a commencé à défendre les Bené Israël en suppliant
Hachem de leur pardonner.
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Le remède avant le coup
(Par Rav Yonatan Chocron)
'
Dans la paracha de Ki-Tissa, il est dit:
"‫( "וראית את אחרי ופני לא יראו‬cf. Chémot
33-23)
À propos de ces mots, le Rav Zilberstein
explique que chacun, dans sa vie, a
souvent vécu des événements qu'il ne
comprenait pas, mais au bout desquels
il a vu le chemin tracé. C'est-à-dire
qu'au bout de plusieurs années, il a
pu constater que tel ou tel événement
difficile à vivre sur le moment était en
fait voulu par Hachem pour le bien. Que
‫הכל לטובה‬. Que tout est pour le bien.
Après la Seconde Guerre mondiale,
un jeune enfant a pu raconter
l'extraordinaire histoire qui va suivre, et
dans laquelle il explique comment il a pu
sauver la vie de sa petite sœur:
Durant la Seconde Guerre mondiale, le
jeune garçon avait perdu ses parents,
et il se trouvait seul, à s'occuper non
seulement de lui-même, mais aussi de
sa petite sœur, sur laquelle il veillait de
toutes ses forces. Avant d'être séparé
de ses parents, cet enfant leur avait,
en effet, promis qu'il la protégerait
tout le temps, quoi qu'il arrive. Et,
effectivement, tous les matins, il veillait
à ne pas la quitter d'un pas. Toute la
journée, il la protégeait, pour que rien de
mal ne puisse lui arriver. Mais une fois,
en se levant le matin, il constata que le
lit dans lequel elle dormait était... vide!
Que s'était-il donc passé ?? Où avaitelle pu aller ?
Il partit immédiatement à sa recherche,
et on lui dit qu'elle avait été prise, avec
d'autres enfants, par les Nazis.
Avec beaucoup de détermination,
l'enfant se dirigea vers l'endroit où se
trouvaient les enfants. Et il n'hésita pas
à y entrer, sans tenir compte des risques
encourus pour avoir osé pénétrer dans
ce lieu sans en avoir reçu l'autorisation...
Une seule chose le préoccupait: sa
sœur, sur laquelle il avait promis de
veiller !
Et il aperçut effectivement la petite fille
parmi les autres enfants qui avaient été
pris par les Nazis. Alors, avec une rage
folle et incroyable, il se mit à hurler à ces
derniers: "Rendez-moi ma sœur!! Vous
ne me la prendrez pas!!". Mais les Nazis
n'étaient évidemment pas disposés à lui
rendre l'enfant... L'un d'eux s'approcha
même du jeune garçon, et lui dit d'un ton
moqueur et méprisant: "Si tu me prouves
que tu as des poils dans la main, je te
rends ta sœur!".
A ce moment-là, et à la surprise générale,
l'enfant ouvrit sa main et montra... les
poils se trouvant au creux de celle-ci!
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'
Le Nazi fut évidemment très surpris, et il n'eut pas d'autre choix que de rendre l'enfant.
Ainsi, la petite fille fut sauvée. Mais, au fait, d'où provenaient les poils ?
Avant la guerre, ce même enfant avait accompagné son père à l'usine dans laquelle il
travaillait. Et, intrigué par une immense machine dans laquelle tournait une sorte d'hélice
en fer, il y avait plongé sa main et...
Après ce terrible accident, il avait fallu remplacer le morceau de chair déchiré et, la
médecine de l'époque étant bien moins performante que celle d'aujourd'hui, on lui avait
greffé à la place un bout de peau sur lequel poussaient des poils. Et ceux-ci ont continué
à pousser même après l'opération...
Cette histoire illustre un magnifique enseignement: Hachem envoie le remède avant le
coup. Avant d'envoyer un problème, Il a déjà préparé sa solution.
L'accident à la main qu'a eu l'enfant aurait pu être perçu comme un événement horrible,
susceptible de lui gâcher sa vie (quelle honte, en effet, devait-il ressentir avec ce morceau
de peau poilue "collé" sur sa main, et qu'il devrait garder à vie!). Mais, des années plus
tard, on a pu constater que c'est en fait ce qui lui a permis de -littéralement- sauver une
vie: celle de sa sœur.
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Y a-t-il un interdit de travailler le
vendredi après-midi ?
(Par Rav David Sitbon)
L'interdit de faire une mélakha existe
pendant Chabbat. C'est concernant ce
jour que la Torah a dit "‫לא תעשה כל מלא־‬
‫( כה‬tu ne feras aucune mélakha)". Le
vendredi, il serait donc apparemment
permis d'en faire, sans aucun problème.
Mais, en vérité, le Choul'hane Aroukh
(simane ‫רנא‬, séif ‫ )א‬dit qu'il est interdit
de faire un travail le vendredi aprèsmidi, environ 2h30 avant la ‫שקיעת החמה‬
(le coucher du soleil), en raison d'une
‫( גזרה‬d'un décret) que les 'Hakhamim
ont fait pour le kevod Chabbat.
Avant Chabbat, il est en effet important
de s'occuper du kevod Chabbat
en préparant certaines choses en
l'honneur de ce jour (de bons aliments,
de beaux vêtements, des chaussures
bien cirées etc...). Or s'il était permis de
travailler librement le vendredi aprèsmidi, on risquerait d'arriver à l'entrée
de Chabbat sans s'être préparé à ce
jour (et en ayant donc, par exemple,
des habits froissés, au lieu qu'ils soient
bien repassés).
Cela ressemble un peu à 'Hol Hamoed,
où les Hakhamim ont interdit de se
couper les cheveux et de laver ses
habits même en machine, afin qu'on
n'entre pas dans la fête en étant ‫מנובל‬
(négligé, repoussant).
Car, en effet, s'il était permis de se
couper les cheveux et de laver son
linge à 'Hol Hamoed, certains n'auraient
pas cherché à faire ces activités avant
la fête, puisqu'ils se seraient dit qu'ils
auraient largement le temps de s'en
occuper à 'Hol Hamoed. C'est pourquoi
les 'Hakhamim ont interdit de faire
certains travaux en cette période (parmi
lesquels se couper les cheveux et laver
son linge).
Dans le même ordre d'idée, environ
2h30 avant Chabbat, les 'Hakhamim ont
interdit de faire certains travaux, pour
que lorsque le Chabbat entre, on soit
bien prêt à l'accueillir et qu'on n'y arrive
pas en dernière minute, sans avoir pris
le temps de s'y préparer, parce qu'on
était par exemple trop préoccupé par
son commerce.
Nous ne listerons pas aujourd'hui tous
les travaux qui sont permis ou tous
ceux qui sont interdits (cela pourra faire
l'objet de prochaines questions), mais
nous pouvons déjà retenir le principe
suivant:
-tout travail qui est autorisé à 'Hol
Hamoed l'est aussi environ 2h30 avant
Chabbat;
-tout travail qui est interdit à 'Hol
Hamoed l'est aussi environ 2h30 avant
Chabbat.
Si une personne a fait une mélakha
pendant le temps du issour (le
Choul'hane Aroukh parle de plusieurs
temps, mais ce temps correspond
environ à 2h30 avant Chabbat) au lieu
de préparer Chabbat:
-ce n'est pas aussi grave que si elle
l'avait faite pendant Chabbat, au point
de lui interdire d'en profiter en ce jour;
-mais le Choul'hane Aroukh dit
clairement (et c'est donc un témoignage
de son auteur, Rabbi Yossef Karo)
qu'elle ne verra pas de simane berakha
dans ce travail (c'est-à-dire que l'argent
que ce dernier lui rapportera, Hachem
s'occupera de le lui faire perdre
autrement).
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