dossier pédagogique du PETIT CHAPERON UF

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dossier pédagogique du PETIT CHAPERON UF
LE PETIT CHAPERON UF
Un bon conte du bon vieux temps
de Jean-Claude Grumberg
DOSSIER PEDAGOGIQUE
C° pUnChiSnOtdeAd - Association aRt eN gAine
Maison des Associations -14 rue Notre Dame 76200 DIEPPE
06 80 07 53 46 // [email protected]
Siret : 481 903 201 0038 – APE : 9001Z – Licences : 2-1025069 et 3-1025070
PREAMBULE
Connaître l’histoire, les histoires, la vraie Histoire, à quoi cela sert-il ? Sinon à alerter les
chaperons d’aujourd’hui, à avertir les enfants que la liberté de traverser le bois pour porter à
sa grand-mère un pot de beurre et une galette n’est jamais définitivement acquise… Cette
liberté appartient à chacun et à tous. Hier ce furent les enfants Ufs et Oufs, ainsi que leurs
parents et grands parents, qui durent fuir, se cacher, changer de noms et de papiers afin
d’échapper aux griffes du loup. Un temps pas si vieux et pas si bon où des loups de noir ou
de vert vêtus pourchassaient des petits enfants – dont l’auteur faisait partie-, les obligeant à
porter du jaune afin d’être facilement reconnaissables. Leur interdisant l’accès aux squares,
aux piscines ou aux théâtres avant de casser les portes de leurs parents, de dévorer leurs
pères et mères grands, ainsi que des millions d’autres petits enfants ou adultes, simplement
parce qu’ils étaient nés Ufs ou Oufs.
Demain, si l’on n’y prend garde, les loups s’attaqueront peut-être aux enfants Ifs ou Gnifs ou
Gnoufs, les loups eux seront toujours les loups et vous savez comme ils savent dissimuler
leur bave et leurs grandes dents sous de belles et trompeuses paroles avant de se mettre à
hurler et à mordre.
Jean –Claude Grumberg, septembre 2005
UN CONTE DU BON VIEUX TEMPS
L’HISTOIRE
À l'orée d'un bois, le Petit Chaperon
Rouge rencontre Wolf, un loup déguisé en
caporal. Il lui apprend la triste vérité : elle
est UF et, comme pour tous les Ufs petits
et grands, tout ou presque lui est interdit.
Plus la pièce avance, plus les droits de la
petite s’amenuisent et l’on observe ces
scènes avec un sentiment de révolte
mitigé, d’autant plus amusé que le ridicule
du loup ne cesse de s’accentuer et que les
dialogues de sourds abondent. La
transposition politique et historique ne
souffre d’aucune imperfection et le
message transparaît avec vigueur. JeanClaude Grumberg revisite avec humour le
célèbre conte populaire qui, sous sa
plume, devient une parabole douce-amère
sur l'intolérance. Pièce en forme
d’avertissement donc, qui prolonge le
conte originel en de multiples échos et lui
apporte une vigueur nouvelle, en phase
avec l’époque - ce qui ne lui ôte
cependant en rien son caractère
profondément ludique et inventif.
EXTRAITS
LA VOIX DE MERE-GRAND
Bon ça va comme ça, je sais ce que vous voulez salopard, foutez-moi le camp ou j’appelle la
police !
WOLF
( soudain hors de lui)
Mère-grand Uf si toi pas ouvrir porte caporal-chef Wolf casser porte et cabane ! Compris ?
(Silence.)
Moi casser tout !
( il prend son élan et se jette sur la porte la tête la première, la porte résiste, il se fait mal et
tombe en arrière.)
Ouah ouah ouah ouah ouah ouah !
Aïe aïe aïe aïe aïe aïe aïe aïe aïe !
LA VOIX DE MERE-GRAND
Le tabatier a tout blindé, tu vas te casser la bobinette.
Wolf de rage frappe le bas de la porte de ses pattes du bas puis le haut avec ses pattes du
haut, il se fait encore très mal.
L’AUTEUR
Jean Claude GRUMBERG est né dans une famille juive en 1939. Son père et son grandpère, tailleurs, meurent en déportation à Auschwitz-Birkenau. A quatorze ans, Jean-Claude
Grumberg apprit le métier de tailleur. Il exerce différents métiers avant d'entrer comme
comédien dans la compagnie Jacques Fabbri. Il est l’auteur d’une trentaine de pièces, dont
certaines pour le jeune public, toutes parues aux Éditions Actes Sud-Papiers. Il aborde
l'écriture théâtrale en 1968 avec Demain une fenêtre sur rue, puis Mathieu Legros, Chez
Pierrot, Michu, Rixe, Amorphe d'Ottenburg. Il écrit ensuite En r'venant d'l'expo qui raconte le
destin d'une famille de comiques troupiers à la Belle Époque et compose une trilogie sur le
thème de l'occupation et du génocide qui sera jouée dans le monde entier : Dreyfus (1974),
L'Atelier (1979) et Zone libre (1990). Il travaille également pour la télévision ou le cinéma,
notamment avec François Truffaut, Constantin Costa Gavras, Pierre Boutron… Il fait partie
des rares auteurs dramatiques contemporains français vivants à être étudiés à l'école
(notamment sa pièce L'Atelier). Il a reçu le Grand Prix de l’Académie Française en 1991 et le
Grand Prix de la SACD en 1999 pour l’ensemble de son œuvre, le Molière du meilleur auteur
dramatique en 1991 pour Zone libre, et celui de la meilleure pièce en 1999 pour L’Atelier.
LE CONCEPTEUR DU PROJET
Marionnettiste, diplômé d’Etat des Arts et Métiers de la Marionnette de l’Ecole Supérieure
Nationale des Arts de la Marionnette (ESNAM) de Charleville-Mézières en juin 1999, Cyril
BOURGOIS est artiste associé à la Compagnie pUnChiSnOtdeAd gérée par l’association
l’aRt eN gAine. Formé à l’art de l’acteur à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle
de Bruxelles en 1995-96 et sensibilisé à la mise en scène lors d’un semestre de
perfectionnement dans le département de mise en scène de l’Ecole Supérieure d’Art
Dramatique « Ernst Busch » de Berlin en 1999-2000, il joue au théâtre en tant qu’interprète
marionnettiste pour Julie Bérès, Yves Beaunesne, Dominique Pitoiset et Sylvain Maurice.
Au cinéma, il travaille pour Hu Hsiao Hsien avec Juliette Binoche et pour Isabelle Tonnelle.
En musique, il collabore avec PUPPET MASTAZ, groupe berlinois de hip hop. Au sein de la
Cie pUnChiSnOtdeAd, il intervient au niveau de la conception et de l’interprétation sur des
créations plus personnelles pour marionnettes à gaines et boniments. Depuis septembre
2006, il a intégré à Paris l’équipe pédagogique du Théâtre aux Mains Nues d’Alain Recoing.
L’EQUIPE DE CREATION
La création de cette pièce pour jeune public ( à partir de 7 ans) de Jean Claude Grumberg
est envisagée sous la forme d’un duo pour un comédien marionnettiste et un musicien
interprête.Ils seront accompagnés dans leur travail de création par une équipe de
comédiens, marionnettistes, musiciens, plasticiens, vidéastes et techniciens.
Conception et interprétation : Cyril BOURGOIS
Interprétation musicale : Philippe ORIVEL
Direction d’acteur : Stéphanie FARISON
Direction des Marionnettes : Brice COUPET
Dramaturgie: Maud HUFNAGEL
Interprétation : Cyril BOURGOIS
Construction des marionnettes : Paulo DUARTE
Lumière : Boualeme BEN GUEDDACH
Vidéo : Florence BROCHOIRE, assitée de Dimitri DARUL et Sébastien THEVENET
Costume : Aurore THIBOUT
Composition musicale : Philippe ORIVEL et Uriel BARTHELEMI
ORIGINE DU PROJET
Une préoccupation intime et tenace oriente la réflexion théâtrale de Cyril Bourgois,
concepteur du projet :
le paradoxe de la beauté et de la mesquinerie
humaine.
Alfred Jarry, Bertold Brecht et Heiner Müller, ces auteurs ont profondément marqué ses
premières années en tant que jeune artiste, notamment dans la réflexion d’une interprétation
menée avec des marionnettes à gaine.
Ses travaux de fin d’étude à l’ESNAM, s’appuyaient sur Le Dieu Bonheur de Brecht et La
Sainte Famille de Müller, sous forme d’un ballet grotesque mettant en scène les outrances et
les aberrations du totalitarisme nazi et stalinien.
L’intérêt pour ces deux monstres du Théâtre allemand du 20ème siècle l’ont poussé, de 1999
à 2002, à vivre à Berlin pour prolonger cette recherche.
L’innommable Epopée du Père UBU, créée lors de sa seconde année à l’ESNAM de
Charleville en 1998, revisitée à Berlin en 2002 et rafraîchie en 2004, le suit cette année
encore sur des festivals. Le travail sur UBU a ouvert une réflexion sur le bouffon
qui se prolonge jusque dans ses dernières créations.
Avec VANITATUM CABINETUM, il s’est intéressé à l’archétype de Polichinelle et des figures
européennes du bouffon. Polichinelle incarne la violence populaire, la perfidie et la vulgarité.
Il n’hésite pas à dire au
monde ses quatre vérités avec la simplicité et l’évidence
populaires.
Son langage est grossier, ses manières sont lubriques.
Le parcours de ce personnage est lié depuis le XVIe siècle au répertoire de
la
marionnette à gaine. Cette technique est un outil simple à la force terrible
qui puise son énergie dans la terre, danse à travers le corps pour exploser dans la main du
montreur.
Polichinelle, c'est la révolte du peuple, la révolte de l'instinct contre les interdictions légales
et morales, c'est
l'éloge de la simplicité contre l'hypocrisie des
complexités.
En mettant en jeu Polichinelle, l’objectif était de mettre en jeu la bête humaine dans sa
beauté et dans sa mesquinerie.
Une préoccupation intime et tenace qui rencontre quelques difficultés à s’accorder avec un
intérêt grandissant de créer des spectacles en direction du jeune public. Comment en effet
poursuivre cette exploration dans les méandres nauséabonds mais tellement passionnants
de la bête humaine, tout en s’adressant aux oreilles (chastes et naïves ???) du jeune
public ?
jamais consensuelle et
refusant toujours la tentative du larmoyant, sur une thématique aussi
L’écriture de Grumberg en forme d’avertissement ludique,
explosive que la Shoah, s’est imposée comme une évidence.
LE DEVOIR DE MEMOIRE
LA SHOAH
Entre 1939 et 1945, l’Allemagne nazie, secondée par de nombreuses complicités, a
assassiné entre 5 et 6 millions de juifs européens dans le silence quasi complet du
monde. Le temps lui a manqué pour détruire le peuple juif tout entier comme elle l’avait
décidé. Telle est la réalité brute du génocide juif, en hébreu Shoah. La décision de « faire
disparaître » le peuple juif de la terre, la détermination à décider de qui doit et ne doit pas
habiter la planète, poussée en ses conséquences ultimes, signait la spécificité d’une
entreprise, unique à ce jour, de modifier la configuration même de l’humanité. Les
contemporains ont perçu l’inouï de la situation mais un lent travail de recouvrement de la
réalité historique a longtemps empêché de mettre en lumière l’unicité de la destruction
raisonnée d’un peuple. De massacres en holocauste et en génocide, cette réalité a
finalement trouvé son assise dans le mot Shoah (tempête, destruction, désolation), issu
de la langue liturgique des communautés anéanties. (…)
Le meurtre de masse du peuple, juif est (…) soigneusement programmé et passe par la
définition du groupe des victimes, leur spoliation, leur concentration, leur déportation
et leur assassinat. (…) Ce que les Allemands désignent sous l’expression de « Solution
finale » se déroule rapidement (la moitié des victimes sont assassinées durant la seule
année 1942), et, pour l’essentiel, hors du monde concentrationnaire. (…)
L’étude historienne met en lumière un contexte sans lequel il n’est aucune intelligence
possible de cette catastrophe. Elle met en avant également la préparation administrative
et technique du meurtre de masse. Le crime ne fut pas perpétré par une équipe de tueurs
(un millions de personnes auraient été concernées à un titre ou à un autre), mais par une
société tout entière. Pars ses racines, par ses exécutants, par la géographie même du
massacre, la destruction des juifs d’Europe ne relève pas de la seule histoire
allemande, mais s’inscrit dans l’héritage de l’Europe entière.
Et si l’antisémitisme séculaire du Vieux continent est bien ce semis du mépris et de la
haine sans lequel rien n’eût été possible, d’autres facteurs ont concouru à cette catastrophe
qui ressortissent aux aspects les plus modernes d’un état hautement civilisé.
(Introduction à l’Histoire de la Shoah de Georges Bensoussan.)
L’ANTISEMITISME EUROPEEN A TRAVERS L’HISTOIRE :
VIe siècle avt JC : les juifs sont forcés à l’exil après la 1er destruction de Jérusalem.
Dès le moyen âge, dans les pays catholiques, les juifs doivent porter la rouelle, un rond
jaune (la couleur de la trahison, de la félonie et du mensonge) sur leur vêtement. En
Allemagne, ils doivent porter un chapeau, le judenhut.
XIe au XIVe siècle : Les croisades se traduisent par le massacre de milliers de juifs.
1349 : 2000 juifs tenus responsables de la peste noire sont brûlés vifs à Strasbourg.
1394 : Expulsion des juifs du royaume de France.
1492 : Expulsion des juifs du royaume d’Espagne
1516 : apparition du premier ghetto juif à Venise
1543 : Expulsion des juifs des principautés germaniques
1789 : reconnaissance de la liberté de culte en France.
1791 : décret d’émancipation des juifs en France.
1808 : « décret infâme » de Napoléon qui restreint les droits acquis par les juifs en 1791.
1879 : l’allemand Treitschke définit l’antisémitisme moderne.
1881 : premiers pogroms en Russie suite à l’assassinat du Tzar Alexandre II
1886 : énorme succès en France du livre « la France Juive » de Drumont
1906 : réhabilitation de Dreyfus accusé faussement d’espionnage en 1894.
1917-1920 : 60 000 juifs sont tués en Ukraine durant la guerre civile qui suit la révolution
bolchevique.
1935 : lois de Nuremberg qui privent les juifs allemands de leurs droits civiques.
9 novembre 1938 : Nuit de cristal.
Septembre 1939 :déclenchement de la seconde guerre mondiale.
Mai 1940 : ouverture d’Auschwitz I
Septembre 1941 : port obligatoire de l’étoile jaune dans le reich. Premiers gazages au
zyklon B à Auschwitz.
20 janvier 1942 : Conférence de Wannsee qui met en place la « Solution finale » par les
principaux dirigeants nazis.
16 juillet 1942 : la Rafle du Val d’hiv : Près de 13000 juifs sont arrêtés par la police
française.
6 juin 1944 : débarquement des Alliés en Normandie.
17 août 1944 : dernier convoi pour Buchenwald au départ de Drancy
novembre 1944 : début des marches de la mort.
27 janvier 1945 : libération d’Auschwitz par l’Armée rouge
8 mai 1945 : capitulation de l’Allemagne.
20 novembre 1945 : ouverture du procès de Nuremberg
LA SHOAH : NOTRE SOCIETE EN QUESTION.
L’horreur de la Shoah interroge notre société. Le fait que la mise à exécution d’un plan
concerté pour écarter des hommes de la communauté des hommes ait eu lieu, convoque la
vigilance pour nous, et pour les générations futures. Avec la mise en application de la
« solution finale », les hommes ont montré jusqu’où ils pouvaient aller dans la négation de
l’humanité. Les enfants d’aujourd’hui seront les hommes de demain. Il est donc fondamental
de témoigner et d’informer les jeunes générations que le génie humain peut se retrouver au
service de la haine de l’humain. Il est de notre devoir de donner à ces générations qui n’ont
pas vécu cette période ni été en contact avec des rescapés de ces temps odieux les moyens
de reconnaître les aspects des doctrines qu’ils l’ont engendrée et de lutter contre cette
abomination pour éviter que l’histoire ne se répète.
PROPOSITION DE RENCONTRES AVEC D’ANCIENS DEPORTES ET VISITES DE
MEMORIAL
Des rencontres avec des anciens déportés dieppois qui pourront venir témoigner en classe
de leur histoire seront proposées aux enseignants.
Des visites du mémorial de la Shoah à Paris seront proposées aux enseignants.
UN BON CONTE
DU BON VIEUX TEMPS
AUX ORIGINES DU PETIT CHAPERON ROUGE:
Le Petit Chaperon Rouge est un conte de la tradition populaire, qui a connu de nombreuses
versions au cours de l’histoire. Il s’agit à la base d’un récit pour enfant, mais qui contient des
thèmes ayant trait à la sexualité, à la violence et au cannibalisme. Le conte oppose, dans
une convention toute médiévale, l’univers sûr du village aux dangers de la forêt, même si
aucune version écrite ne remonte à cette époque. C'est d'ailleurs du Moyen-Âge que le Petit
Chaperon tient sa couleur rouge
1697 : La version écrite la plus ancienne est celle de Charles Perrault, parue dans les
Contes de ma Mère l’Oye. Cette version sera plus malheureuse et moralisatrice que celles
qui suivront. Pas de fin heureuse pour l’héroïne, la morale de Perrault est sans appel.
1800 : Ludwig Tieck, homme de théâtre allemand du XIXe siècle, introduit la figure du
chasseur sauveur lorsqu’il met en scène le conte sous le titre Mort et vie du Petit chaperon
rouge.
1812 : deux versions distinctes furent rapportées à Jakob Grimm et son frère Wilhelm, les
fameux frères Grimm. La première par Jeannette Hassenpflug (1791–1860) et la seconde
par Marie Hassenpflug (1788–1856). Les deux frères firent de la première version l’histoire
principale et de la seconde une suite. L’histoire de "Rotkäppchen" (La Capuche Rouge) parut
dans la première édition de leur collection "Kinder- und Hausmärchen" (Contes des Enfants
et du Foyer (1812)). Dans cette version, la fillette et sa grand-mère sont sauvées par un
chasseur pistant le Loup. La suite montre la fillette et sa grand-mère piégeant et tuant un
autre loup, anticipant ses gestes grâce à l’expérience acquise au cours de la première
histoire.
En plus des nombreuses versions issues de la tradition orale, ils existent de nombreuses
adaptations qui ont inspiré tant des romanciers que des chansonniers du monde entier.
VERSIONS DE REFERENCE
DU CONTE DU PETIT CHAPERON ROUGE
-
Version de Charles Perrault
Version des frères Grimm
Version Nivernaise
Version touraine
Version du Velay
Version de Roald Dahl (angleterre)
Version chinoise
Version anonyme en patois
Chanson de Lisette Jambel
La Chanson du Petit Chaperon de ta couleur
De Vincent Malone
LE PETIT CHAPERON ROUGE DE CHARLES PERRAULT
Grand commis protégé par Colbert, Charles Perrault (1628-1703) publie des
œuvres parodiques et galantes avant de prendre parti pour les Modernes
contre les Anciens, à l'Académie française dont il était membre (1671). Publiés
en 1697, ses Histoires ou Contes du temps passé (appelés aussi Contes de
ma mère l'Oye) assurèrent sa célébrité et inaugurèrent le genre littéraire des
contes de fées. Le Petit Chaperon rouge, sans doute son conte le plus célèbre,
présente un dénouement rare pour le genre : la mort de l’héroïne.
Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu'on eût su voir : sa mère en était folle,
et sa grand-mère plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge
qui lui seyait si bien, que partout on l'appelait le petit Chaperon rouge.
Un jour, sa mère ayant fait des galettes, lui dit : "Va voir comment se porte ta mère-grand :
car on m'a dit qu'elle était malade; porte-lui une galette et ce petit pot de beurre." Le petit
Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre
village.
En passant dans un bois, elle rencontra compère le Loup qui eut bientôt envie de la
manger ; mais il n'osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt. Il lui
demanda où elle allait. La pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il était dangereux de s'arrêter
à écouter le loup, lui dit : "Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette, avec un pot
de beurre que ma mère lui envoie."
"Demeure-t-elle bien loin?" lui dit le loup.
"Oh ! Oui", lui dit le petit Chaperon rouge ; "c'est par-delà le petit moulin que vous voyez
tout là-bas, là-bas à la première maison du village."
"Eh bien !" dit le Loup, "je veux l'aller voir aussi : je m'y en vais par ce chemin-ci, et toi par
ce chemin-là, et nous verrons à qui plus tôt y sera."
Le Loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court ; et la petite
fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant à cueillir des noisettes, à courir après des
papillons et à faire des bouquets de petites fleurs qu'elle rencontrait.
Le Loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la mère-grand ; il heurte : toc, toc.
"Qui est là ?"
"C'est votre fille, le petit Chaperon rouge", dit le Loup en contrefaisant sa voix, "qui vous
apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie."
La bonne mère-grand, qui était dans son lit, à cause qu'elle se trouvait un peu mal, lui cria :
"Tire la chevillette, la bobinette cherra."
Le Loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme et la dévora en
moins de rien, car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait mangé. Ensuite il ferma la porte et
s'alla coucher dans le lit de la mère-grand, en attendant le petit Chaperon rouge, qui,
quelque temps après, vient heurter à la porte : toc, toc.
"Qui est là ?"
Le petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur d'abord, mais croyant
que sa mère-grand était enrhumée, répondit : "C'est votre fille, le petit Chaperon rouge, qui
vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie."
Le Loup lui cria, en adoucissant un peu sa voix : "Tire la chevillette, la bobinette cherra."
Le petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Le Loup, la voyant entrer, lui
dit, en se cachant dans le lit sous la couverture : "Mets la galette et le petit pot de beurre sur
la huche, et viens te coucher avec moi."
Le petit Chaperon rouge se déshabille et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de
voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : "Ma mère-grand, que
vous avez de grands bras !"
"C'est pour mieux t'embrasser, ma fille."
"Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !"
"C'est pour mieux courir, mon enfant !"
"Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !"
"C'est pour mieux Écouter, mon enfant."
"Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !"
"C'est pour mieux voir, mon enfant."
"Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !"
"C'est pour mieux te manger." Et en disant ces mots, le méchant Loup se jeta sur le petit
Chaperon rouge et la mangea.
Moralité
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d'écouter toutes sortes de gens,
Et que ce n'est pas chose étrange,
S'il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte;
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais, hélas ! qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux.
LE PETIT CHAPERON ROUGE DES FRERES GRIMM
Philologues et écrivains allemands, les frères Jacob (1785-1863) et Wilhem
(1786-1859) Grimm ont réuni et publié les contes et légendes germaniques.
Issu de la tradition orale, leur Petit Chaperon rouge a été collecté en Bavière
et diffère de la version de Perrault par son dénouement heureux. Il est extrait
des Contes d'enfants et du foyer, publiés par les Grimm en 1812
Il était une fois une petite fille que tout le monde aimait bien, surtout sa grand-mère. Elle ne
savait qu'entreprendre pour lui faire plaisir. Un jour, elle lui offrit un petit bonnet de velours
rouge, qui lui allait si bien qu'elle ne voulut plus en porter d'autre. Du coup, on l'appela
"Chaperon rouge".
Un jour, sa mère lui dit : "Viens voir, Chaperon rouge : voici un morceau de gâteau et une
bouteille de vin. Porte-les à ta grand-mère ; elle est malade et faible ; elle s'en délectera ;
fais vite, avant qu'il ne fasse trop chaud. Et quand tu seras en chemin, sois bien sage et ne
t’écarte pas de ta route, sinon tu casserais la bouteille et ta grand-mère n'aurait plus rien. Et
quand tu arriveras chez elle, n'oublie pas de dire bonjour et ne va pas fureter dans tous les
coins."
"Je ferai tout comme il faut", dit le petit Chaperon rouge à sa mère. La fillette lui dit au
revoir. La grand-mère habitait loin, au milieu de la forêt, à une demi-heure du village.
Lorsque le petit Chaperon rouge arriva dans le bois, il rencontra le Loup. Mais il ne savait
pas que c’était une vilaine bête et ne le craignait point. "Bonjour, Chaperon rouge", dit le
Loup. "Bien merci, Loup", dit le Chaperon rouge.
– Où donc vas-tu si tôt, Chaperon rouge ?
– Chez ma grand-mère.
– Que portes-tu dans ton panier ?
– Du gâteau et du vin. Hier nous avons fait de la pâtisserie, et ça fera du bien à ma grandmère. Ça la fortifiera.
– Où habite donc ta grand-mère, Chaperon rouge ?
– Oh ! à un bon quart d'heure d'ici, dans la forêt. Sa maison se trouve sous les trois gros
chênes. En dessous, il y a une haie de noisetiers, tu sais bien ? dit le petit Chaperon rouge.
Le Loup se dit : "Voilà un mets bien jeune et bien tendre, un vrai régal ! Il sera encore bien
meilleur que la vieille. Il faut que je m'y prenne adroitement pour les attraper toutes les
deux !"
Il l'accompagna un bout de chemin et dit : "Chaperon rouge, vois ces belles fleurs autour de
nous. Pourquoi ne les regardes-tu pas ? J'ai l'impression que tu n’écoutes même pas
comme les oiseaux chantent joliment. Tu marches comme si tu allais à l'école, alors que tout
est si beau, ici, dans la forêt !" Le petit Chaperon rouge ouvrit les yeux et lorsqu'elle vit
comment les rayons de soleil dansaient de-ci, de-là à travers les arbres, et combien tout
était plein de fleurs, elle pensa : "Si j'apportais à ma grand-mère un beau bouquet de fleurs,
ça lui ferait bien plaisir. Il est encore si tôt que j'arriverai bien à l'heure."
Elle quitta le chemin, pénétra dans le bois et cueillit des fleurs. Et, chaque fois qu'elle en
avait cueilli une, elle se disait : "Plus loin, j'en vois une plus belle" ; et elle y allait et
s’enfonçait toujours plus profondément dans la forêt.
Le Loup, lui, courait tout droit vers la maison de la grand-mère. Il frappa à la porte.
– Qui est là ?
– C'est le petit Chaperon rouge qui t'apporte du gâteau et du vin.
– Tire la chevillette, dit la grand-mère. Je suis trop faible et ne peux me lever.
Le Loup tire la chevillette, la porte s'ouvre, et sans dire un mot, il s'approche du lit de la
grand-mère et l'avale. Il enfile ses habits, met sa coiffe, se couche dans son lit et tire les
rideaux. Pendant ce temps, le petit Chaperon rouge avait fait la chasse aux fleurs. Lorsque
la fillette en eut tant qu'elle pouvait à peine les porter, elle se souvint soudain de sa grandmère et reprit la route pour se rendre auprès d'elle. Elle fut très étonnée de voir la porte
ouverte. Et lorsqu'elle entra dans la chambre, cela lui sembla si curieux qu'elle se dit : "Mon
Dieu, comme je suis craintive aujourd'hui. Et cependant, d'habitude, je suis contente d’être
auprès de ma grand-mère !"
Elle s’écria : "Bonjour !" Mais nulle réponse. Elle s'approcha du lit et tira les rideaux. La
grand-mère y était couchée, sa coiffe tirée très haut sur son visage. Elle avait l'air bizarre.
"Oh grand-mère, comme tu as de grandes oreilles !"
– C'est pour mieux t'entendre...
– Oh grand-mère, comme tu as de grands yeux !
– C'est pour mieux te voir !
– Oh grand-mère, comme tu as de grandes mains !
– C'est pour mieux t’étreindre !
– Oh grand-mère, comme tu as une horrible et grande bouche !
– C'est pour mieux te manger !
À peine le Loup eut-il prononcé ces mots, qu'il bondit hors du lit et avala le pauvre petit
Chaperon rouge.
Lorsque le Loup eut apaisé sa faim, il se recoucha, s'endormit et commença à ronfler
bruyamment. Un chasseur passait justement devant la maison. Il se dit : "Comme cette
vieille ronfle ! Il faut que je voie si elle a besoin de quelque chose." Il entre dans la chambre
et quand il arrive devant le lit, il voit que c'est un loup qui y est couché.
– Ah ! c'est toi, bandit ! dit-il. voilà bien longtemps que je te cherche...
Il se prépare à faire feu lorsque tout à coup l'idée lui vient que le Loup pourrait bien avoir
avalé la grand-mère et qu'il serait peut-être encore possible de la sauver. Il ne tire pas, mais
prend des ciseaux et commence à ouvrir le ventre du Loup endormi. À peine avait-il donné
quelques coups de ciseaux qu'il aperçoit le Chaperon rouge. Quelques coups encore et la
voilà qui sort du Loup et dit : "Ah, comme j'ai eu peur ! Comme il faisait sombre dans le
ventre du Loup !" Et voilà que la grand-mère sort à son tour, pouvant à peine respirer. Le
petit Chaperon rouge se hâte de chercher de grosses pierres. Ils en remplissent le ventre du
Loup. Lorsque celui-ci se réveilla, il voulut s'enfuir. Mais les pierres étaient si lourdes qu'il
s’écrasa par terre et mourut.
Ils étaient bien contents tous les trois : le chasseur dépouilla le Loup et l'emporta chez lui.
La grand-mère mangea le gâteau et but le vin que le petit Chaperon rouge avait apporté. Elle
s'en trouva toute ragaillardie. Le petit Chaperon rouge cependant pensait : "Je ne quitterai
plus jamais mon chemin pour aller me promener dans la forêt, quand ma maman me l'aura
interdit."
LE CONTE DE LA MERE-GRAND (VERSION NIVERNAISE)
recueilli par ACHILLE MILLIEN
Le Conte de la mère-grand est une variante du Petit Chaperon rouge recueillie
par le folkloriste Achille Millien (1838-1927) dans le Nivervais autour des
années 1870 et publié par Paul Delarue (1886-1956) dans Le Conte populaire
français (Maisonneuve et Larose, 1957-1985). Comme d'autres versions de la
tradition orale, il présente le motif du chemin des Épingles et des Aiguilles
ainsi que celui du repas cannibale, tous deux absents chez Perrault comme
chez les Grimm. L'épisode du déshabillage qui précède le coucher du
Chaperon est ici fort développé. Cette version nivernaise présente enfin un
dénouement heureux, bien différent de celui des Grimm...
C'était un femme qui avait fait du pain. Elle dit à sa fille :
– Tu vas porter une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ta grand. Voilà la petite
fille partie. À la croisée de deux chemins, elle rencontra le bzou qui lui dit :
– Où vas-tu ?
– Je porte une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ma grand.
– Quel chemin prends-tu ? dit le bzou, celui des aiguilles ou celui des épingles ?
– Celui des aiguilles, dit la petite fille.
– Eh bien ! moi, je prends celui des épingles.
La petite fille s'amusa à ramasser des aiguilles.
Et le bzou arriva chez la Mère grand, la tua, mit de sa viande dans l'arche et une bouteille
de sang sur la bassie.
La petite fille arriva, frappa à la porte.
– Pousse la porte, dit le bzou. Elle est barrée avec une paille mouillée.
– Bonjour, ma grand, je vous apporte une époigne toute chaude et une bouteille de lait.
– Mets-les dans l'arche, mon enfant. Prends de la viande qui est dedans et une bouteille de
vin qui est sur la bassie.
Suivant qu'elle mangeait, il y avait une petite chatte qui disait :
– Pue !... Salope !... qui mange la chair, qui boit le sang de sa grand.
– Déshabille-toi, mon enfant, dit le bzou, et viens te coucher vers moi.
– Où faut-il mettre mon tablier ?
– Jette-le au feu, mon enfant, tu n'en as plus besoin.
Et pour tous les habits, le corset, la robe, le cotillon, les chausses, elle lui demandait où les
mettre. Et le loup répondait : "Jette-les au feu, mon enfant, tu n'en as plus besoin."
Quand elle fut couchée, la petite fille dit :
– Oh, ma grand, que vous êtes poilouse !
– C'est pour mieux me réchauffer, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grands ongles que vous avez !
– C'est pour mieux me gratter, mon enfant !
– Oh! ma grand, ces grandes épaules que vous avez !
– C'est pour mieux porter mon fagot de bois, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grandes oreilles que vous avez !
– C'est pour mieux entendre, mon enfant !
– Oh ! ma grand, ces grands trous de nez que vous avez !
– C'est pour mieux priser mon tabac, mon enfant !
– Oh! ma grand, cette grande bouche que vous avez !
– C'est pour mieux te manger, mon enfant !
– Oh! ma grand, que j'ai faim d'aller dehors !
– Fais au lit mon enfant !
– Au non, ma grand, je veux aller dehors.
– Bon, mais pas pour longtemps.
Le bzou lui attacha un fil de laine au pied et la laissa aller.
Quand la petite fut dehors, elle fixa le bout du fil à un prunier de la cour. Le bzou
s'impatientait et disait : "Tu fais donc des cordes ? Tu fais donc des cordes ?"
Quand il se rendit compte que personne ne lui répondait, il se jeta à bas du lit et vit que la
petite était sauvée. Il la poursuivit, mais il arriva à sa maison juste au moment où elle entrait.
CONTE DE LA TOURAINE
Recueilli par ACHILLE MILLIEN
Une fois il y avait une fillette en condition dans la campagne qui entendit parler que sa
grand-mère était malade ; elle se mit en chemin le lendemain, pour l'aller voir ; mais quand
elle fut bien loin, à une croisée de chemins, elle ne savait pas lequel prendre. Elle y
rencontra un homme bien laid, conduisant une truie, et à qui elle demanda son chemin, lui
disant qu'elle allait voir sa grand-mère malade. Il faut aller à gauche, lui dit-il, c'est le meilleur
et le plus court chemin, et vous serez vite rendue. La fillette y alla ; mais le chemin était le
plus long et le plus mauvais, elle mit longtemps pour arriver chez sa grand-mère, et c'est
avec beaucoup de peine qu'elle s'y rendit très tard.
Pendant que la petite Jeannette était engagée dans les patouilles du mauvais chemin, le
vilain homme, qui venait de la renseigner mal, s'en alla à droite par le bon et court chemin,
puis il arriva chez la grand-mère longtemps avant elle. Il tua la pauvre femme et il déposa
son sang dans la mette (huche) et se mit au lit.
Quand la petite arriva chez sa grand-mère, elle frappa à la porte, ouvrit, entra et dit :
– Comment allez-vous, ma grand-mère ?
– Pas mieux, ma fille, répondit le vaurien d'un air plaintif, et contrefaisant sa voix : As-tu faim
?
– Oui, ma grand-mère, qu'y a-t-il à manger ?
– Il y a du sang dans la mette, prends la poêle et le fricasse, tu le mangeras. La petite obéit.
Pendant qu'elle fricassait le sang, elle entendait du haut de la cheminée comme des voix
d'anges qui disaient :
– Ah ! la maudite petite fille qui fricasse le sang de sa grand-mère !
– Qu'est-ce qui disent donc, ma grand-mère, ces voix qui chantent par la cheminée?
– Ne les écoute pas, ma fille, ce sont des petits oiseaux qui chantent leur langage ; et la
petite continuait toujours à fricasser le sang de sa grand-mère.
Mais les voix recommencèrent encore à chanter :
– Ah ! la vilaine petite coquine qui fricasse le sang de sa grand-mère !
Jeannette dit alors :
– Je n'ai pas faim, ma grand-mère, je ne veux pas manger de ce sang-là.
– Hé bien ! viens au lit, ma fille, viens au lit.
Jeannette s'en alla au lit à côté de lui. Quand elle y fut, elle s'écria :
– Ah ! ma grand-mère, que vous avez de grands bras ?
– C'est pour mieux t'embrasser, ma fille, c'est pour mieux t'embrasser.
– Ah ! ma grand-mère que vous avez de grandes jambes ?
– C'est pour mieux marcher, ma fille, c'est pour mieux marcher.
– Ah ! ma grand-mère, que vous avez de grands yeux ?
– C'est pour mieux te voir, ma fille, c'est pour mieux te voir.
– Ah ! ma grand-mère, que vous avez de grandes dents ?
– C'est pour mieux manger ma fille, c'est pour mieux manger.
Jeannette prit peur et dit :
– Ah ! ma grand-mère, que j'ai grand envie de faire ?
– Fais au lit, ma fille, fais au lit.
– C'est bien sale, ma grand-mère, si vous avez peur que je m'en aille, attachez-moi un brin
de laine à la jambe, quand vous serez ennuyée que je sois dehors, vous le tirerez et vous
verrez que j'y suis, ça vous rassurera.
– Tu as raison, ma fille, tu as raison.
Et le monstre attache un brin de laine à la jambe de Jeannette, puis il garda le bout dans sa
main. Quand la jeune fille fut dehors, elle rompit le brin de laine et s'en alla. Un moment
après la fausse grand-mère dit :
– As-tu fait, Jeannette, as-tu fait ?
Et les mêmes voix des petits anges répondirent encore du haut de la cheminée :
– Pas encore, ma grand-mère, pas encore ! Mais quand il y eut longtemps ils dirent : c'est
fini.
Le monstre tira le brin de laine, mais il n'y avait plus rien au bout.
Ce mauvais diable se leva tout en colère et monta sur sa grande truie qu'il avait mise au tet
(toit) et il courut après la jeune fille pour la rattraper ; il arriva à une rivière où des laveuses
lavaient la buie (buée). Il leur dit :
– Avez-vous vu passer fillon fillette,
Avec un chien barbette (barbet)
Qui la suivette (suivait).
– Oui, répondirent les laveuses, nous avons étendu un drap sur l'eau de la rivière et elle a
passé dessus.
– Ah ! dit le méchant, étendez-en donc un que je passe.
Les laveuses tendirent un drap sur l'eau et le diable s'y engagea avec sa truie qui enfonça
aussitôt, et il s'écria :
– Lape, lape, lape, ma grande truie, si tu ne lapes pas tout, nous nous noierons tous deux.
Mais la truie n'a pas pu tout laper, et le diable s'est noyé avec sa truie, et
fillon fillette fut
sauvée.
LA FILLE ET LE LOUP
Conte du Velay
Conté par NANETTE LÉVESQUE
Une petite fille était affermée dans une maison pour garder deux vaches. Quand elle eut fini
son temps, elle s'en est allée. Son maître lui donna un petit fromage et une pompette de
pain.
– Tiens ma petite, porte ça à ta mère. Ce fromage et cette pompette y aura pour ton souper
quand tu arriveras vers ta mère.
La petite prend le fromage et la pompette. Elle passa dans le bois, rencontra le loup qui lui
dit :
– Où vas-tu ma petite ?
– Je m'en vais vers ma mère. Moi j'ai fini mon gage.
– T'ont payé ?
– Oui, m'ont payé, m'ont donné encore une petite pompette, m'ont donné un fromage.
– De quel côté passes-tu pour t'en aller ?
– Je passe du côté de les épingles, et vous, de quel côté passez vous ?
– Je passe du côté de les aiguilles.
Le loup se mit à courir, le premier, alla tuer la mère et la mangea, il en mangea la moitié, il
mit le feu bien allumé, et mit cuire l'autre moitié et ferma bien la porte. Il s'alla coucher dans
le lit de la mère.
La petite arriva. Elle piqua la porte :
– Ah ! ma mère, ouvrez-moi.
– Je suis malade ma petite. Je me suis couchée. Je
peux pas me lever pour t'aller ouvrir.
Vire la tricolète.
Quand la petite virait la tricolète, ouvrit la porte entra dans la maison, le loup était dans le lit
de sa mère.
– Vous êtes malade, ma mère ?
– Oui je suis bien malade. Et tu es venue de Nostera.
– Oui, je suis venue. Ils m'ont donné une pompette et un fromageau.
– Ca va bien ma petite, donne m'en un petit morceau. Le loup prit le morceau et le mangea,
et dit à la fille, il y a de la viande sur le feu et du vin sur la table, quand tu auras mangé et bu,
tu te viendras coucher.
Le sang de sa mère, le loup l'avait mis dans une bouteille, et il avait mis un verre à côté à
demi plein de sang. Il lui dit : Mange de la viande, il y en a dans l'oulle ; il y a du vin sur la
table, tu en boiras.
Il y avait un petit oiseau sur la fenêtre du temps que la petite mangeait sa mère qui disait :
– Ri tin tin tin tin. Tu manges la viande de ta mère et tu lui bois le sang. Et la petite dit :
– Que dit-il maman, cet oiseau ?
– Il dit rien, mange toujours, il a bien le temps de chanter.
Et quand elle eut mangé et bu le loup dit à la petite : Viens te coucher ma petite. Viens te
coucher. Tu as assez mangé ma petite, à présent et bien viens te coucher à ras moi. J'ai
froid aux pieds tu me réchaufferas.
– Je vais me coucher maman.
Elle se déshabille et va se coucher à ras sa mère, en lui disant :
– Ah ! maman, que tu es bourrue !
– C'est de vieillesse, mon enfant, c'est de vieillesse.
La petite lui touche ses pattes : Ah ! maman que vos ongles sont devenus longs.
– C'est de vieillesse, c'est de vieillesse.
Ah ! maman, que vos dents sont devenues longues. C'est de vieillesse, c'est de vieillesse.
Mes dents sont pour te manger, et il la mangea.
LE PETIT CHAPERON ROUGE DE ROALD DAHL
Quand le loup sentit des tiraillements
Et que de manger il était grand temps
Il alla trouver Mère-Grand.
Dès qu'elle eut ouvert, elle reconnut
Le sourire narquois et les dents pointues.
Le loup demanda : "Puis-je entrer ?"
La grand-mère avait grand-peur.
"Il va, se dit-elle, me dévorer sur l'heure !"
La pauvre femme avait raison :
Le loup affamé l'avala tout rond.
Mais la grand-mère était coriace.
"C'est peu, dit le loup faisant la grimace,
C'est à peine s'il m'a semblé
Avoir eu quelque chose à manger !"
Il fit le tour de la cuisine en glapissant :
"Il faut que j'en reprenne .absolument!"
Puis il ajouta d'un air effrayant :
"Je vais donc attendre ici un .moment
Que le Petit Chaperon Rouge revienne
Des bois où pour l'instant elle se promène"
(Un loup a beau avoir de mauvaises manières,
Il n'avait pas mangé les habits de grand-mère!)
Il mit son manteau, coiffa son chapeau,
Enfila sa paire de godillots,
Se frisa les cheveux au fer
Et s'installa dans le fauteuilde grand-mère.
Quand Chaperon Rouge arriva, essoufflée,
Elle trouva grand-mère plutôt changée:
"Que tu as de grandes oreilles, Mère-Grand !
-C'est pour mieux t'écouter, mon enfant !
-Que tu as de grands yeux, Mère-Grand !
-C' est pour mieux te voir, mon enfant !"
Derrière les lunettes de Mère-Grand,
Le loup la regardait en .souriant
"Je vais, pensait-il, manger cette enfant.
Ce sera une chair plus tendre que la Mère-Grand;
Après les merles, un peu secs, des ortolans !"
Mais le Petit Chaperon Rouge déclara : "Grand-mère,
Tu as un manteau de fourrure du tonnerre !
-Ce n'est pas le texte ! dit le loup. Attends...
Tu devrais dire : "Comme tu as de grandes dents !"
Enfin... peu importe ce que tu me dis ou non,
C' est moi qui vais te manger, de toute .façon !"
La petite fille sourit, puis, battant des paupières,
De son pantalon, sortit un .revolver
C' est à la tête qu'elle visa le loup,
Et Bang ! l'étendit raide mort d'un coup.
Quelque temps après, dans la forêt,
Chaperon Rouge j'ai rencontré.
Quelle transformation ! Adieu rouge manteau !
Adieu ridicule petit chapeau!
"Salut ! me dit-elle, regarde donc, s'il te plaît,
Mon manteau en loup, comme il est .croquignolet!"
LA GRAND-MÈRE LOUP
Version chinoise traduite par Jacques Pimpaneau
Au pied du Mont du Buffle Couché habitait une vieille femme. Un jour, apprenant que sa fille
et son gendre étaient allés en voyage, laissant leurs trois petites filles toutes seules à la
maison, la vieille prépara un panier de galettes et de boulettes fourrées à la viande puis,
s'appuyant sur son bâton, elle partit. Il faisait très chaud, et ardu était le sentier qui traversait
la montagne!
La vieille en sueur, sachant qu'elle n'était plus très loin, posa son panier et se reposa un
moment. Soudain, elle entendit un frémissement dans les buissons voisin. Un loup gris en
surgit, qui lui demanda :
-La vieille, où aller vous ?
-Je vais chez mes petites filles.
-Qu'est-ce que vous avez dans votre panier ?
-Des boulettes à la viande et des galettes frites.
!-Faites-moi goûter.
!
La vieille lui lança une grosse boulette à la viande, qu'il avala en une bouchée. Il en réclama
d'autres et, tout en mangeant, il demanda :
-Où habitent vos petites filles ?
- Au prochain village, dans la cour où pousse un grand jujubier.
-Comment s'appellent-elles?
Quand la vieille lui eut dit leurs noms, le loup se redressa, s’étira et, montrant les crocs :
-Comment pourrais-je me contenter de boulettes et de galettes? Il me faut de la chair
humaine!
Et, se ruant sur la vieille, il la dévora.
Après quoi il enfila ses vêtements, prit le panier et, s'appuyant sur la canne pour avoir tout à
fait l'air d'une vieille femme, il se dirigea vers la maison des enfants.
Arrivé devants la perte, il s'assit sur une meule pour y dissimuler sa queue puis imitant la
voix de la grand-mère, il appela les fillettes par leurs noms.
-Qui êtes-vous? demandèrent-elles
- Je suis votre grand-mère.
-Pourquoi venez-vous si tard?
-La route était longue et je n'arrive que maintenant au coucher du soleil.
La plus jeune allait ouvrir quand l'aînée, regardant par une fente de la porte, chuchota que
cette vieille ne ressemblait pas à leur grand-mère :
- Vous n’êtes pas notre grand-mère, dit-elle, elle a des tâches de rousseur sur le visage.
Le loup récita alors une formule magique : pour que le vent qui va d'est en ouest souffle du
son sur son visage.
Il demanda de nouveau aux fillettes d'ouvrir. La seconde fit comme l'aînée, regarda par la
fente de la porte : la vieille femme avait bien des taches de rousseur, mais pas de
bandelettes autour des jambes comme en portait leur grand-mère :
- Vous n'êtes pas notre grand-mère, lui dit-elle, vous n’avez pas de bandelettes aux jambes.
Et le loup de réciter un autre charme :
« pour que les hirondelles du nord et du sud lui portent des bandelettes !...»
Deux feuilles de sorgho apparurent à ses pied, qu'il attacha autour des iambes, puis il
rappela les petites filles. La cadettes regarda son tour par la fente:
-C’est vraiment notre grand-mère, dit-elle, je avais lui ouvrir. »
Le loup entra dans la pièce et s'assit sur un seau pour y cacher sa queue, puis il dit aux
enfants :
-Il est tard. Allons nous coucher. Qui va dormir avec moi?
! -Pas moi , dit l'aînée.
-Ni moi, dis la seconde.
-Moi, je coucherai avec grand-mère, dit la cadette.
Quand elle sentit les poils, elle demanda ce que c'était :
-C'est du chanvre que je t’ai apporté. Dors vite! répondit le loup.
Les deux aînées n’ étaient pas rassurées : prises de doutes, elles ne s'endormaient pas. Au
milieu de la nuit, elles entendirent leur grand-mère qui croquait quelque chose.
-Que mangez-vous ? Grand-mère, faites-le nous goûter.
- La nuit, je tousse. Mais vous, mangez un peu de carotte, c'est bon pour les yeux.
Et la grand-mère leur jeta quelque choses. Les fillettes tâtèrent pour savoir ce que
c'était :
c 'était une bague de métal autour d’un doigt. Lc filles comprirent que dans le lit était un
loup, qu'il avait mangé leur grand-mère et s'apprêtait maintenant à leur faire subir le
même sort. Elles allèrent discrètement réveiller leur cadette. Au bout d'un moment,
l’aînée dit :
-Grand-mère, j'ai envie d’ aller aux toilettes.
-Dehors, la nuit, c'est trop dangereux, pisse sous le lit.
-Non, sous le lit, il y a le dieu du lit.
-Va dans la cuisine pisser sur le charbon.
- Non, dans la cuisine, il y a le dieu du foyer.
-Va faire cela derrière la porte.
-Ce n'est pas possible non plus, il y a le dieu des portes.
-Quelle emmerdeuses, va dehors sur le tas de fumier!
L'aînée sortit, emportant en cachette une grosse corde. Un peu plus tard, la seconde fille dit :
!-Grand-mère, j'ai envie moi aussi.
-Dehors c'est trop dangereux, pisse sous le lit.
- Non, sous le lit, il y a le dieu du lit.
-Va dans la cuisine pisser sur le charbon.
-Non, dans la cuisine, il y a le dieu du foyer.
-Va faire cela derrière la porte.
-Ce n'est pas possible non plus. Il y a le dieu des portes.
-Quelle emmerdeuse, va dehors sur le tas de fumier!
La seconde fille sortit, en emportant sans se faire voir une jarre d'huile. Ensuite la cadette,
quand elle eut échangé avec le loup les mêmes mots que ses deux sœurs, descendit du lit à
tâtons et se faufila dehors.
Une fois dans la cour, les trois fillettes grimpèrent se réfugier en haut du jujubier, avec la
corde et la jarre d'huile; elles versèrent l'huile le long du tronc. Le loup attendit un moment
tout seul dans le lit puis, ne voyant pas revenir les filles, il appela.
« Grand-mère, venez vite! répondirent-elles, Il y a un mariage chez les voisins et ils donnent
un magnifique feu d'artifice ! »
Le loup, inquiet de sentir échapper sa proie, courut dehors et s'efforça de grimper à l'arbre,
mais il avait beau y user ses griffes, il ne faisait que glisser.
-Votre grand-mère est trop vieille, dit le loup. Je n'arrive plus à grimper, tirez-moi vite !
-Nous avons une corde avec nous : nous n'avons qu'à t'en lancer un des bouts, accrochetoi par la ceinture et nous te tirerons.
-Allez-y, tirez! dit le loup, après s'être noué la corde autour de la taille.
Les deux cadettes tirèrent la corde jusqu'à ce que le loup ait atteint la branche maîtresse,
puis elles la lâchèrent si brusquement que le loup, d'un coup, tomba sur le sol. Fou de
colère, il leur cria de descendre pour qu'il les mange.
« Grand-mère, dit doucement l'aînée, mes deux petites sœurs n'avaient pas assez de force,
mais cette fois je vais tirer. »
Le loup était si désireux de les dévorer qu'il en oublia la douleur et après avoir renoué
solidement la corde, il cria :
-Ce coup-ci, mettez-y de la force, ne laissez pas grand-mère tomber !
Les trois fillettes tirèrent jusqu’à ce que le loup arrive à la branche maîtresse :
alors, elles le lâchèrent tout d'un coup. Le loup s'écrasa par terre avec un grand bruit
sourd; il ne bougeait plus. Du s an g coul ait de s on n ez . Le s troi s fillettes tirèrent
un peu sur la corde, mais il resta sans réagir. Au petit jour, elles descendirent de
l'arbre : voyant que le loup était bien mort, elles rentrèrent contentes à la maison.
VERSION ANONYME EN PATOIS
Il était une fois dans un bled perdu de la cambrousse, une petite mistonne de huit à neuf
berges qu’était des plus choucardes. C’était c’qu’on peut trouver d’plus gratiné dans le genre
chérubin ; elle avait de beaux chasses, doux en v’lours du ciel cloqués dans un minois peu
d’pêche, une petite jacque comme une cerise, des chocottes en grain d’riz, le tout encadré
de bouclettes en soie blé d’or.
A la voir si chouette, sa vioque en était cinglée d’admiration et sa grande vioque encore plus
chouilla.Pour la jorder d’ses sept berges, sa daronne lui avait attriqué un bagda rouquinos
qu’elle avait d’gauché chez Olpich, le chapelier du village, et ce bagda allait si bien à la
bouille de la mistonne que chacun l’appelait le petit chaperon rouge, et que ce blaze lui était
resté. Un jour que sa daronne avait cuit des gâteaux, elle lui bonnit en lousdoc :
-« ta grande vioque s’est fait porter pâle, bicause son court-circuit dans l’gosier qui la
r’prend, elle a b’soin d’se r’becter, va lui r’filer c’te galette et c’te p’tite chopotte de lereubeu
et magne toi »
v’là la même qu’arpigne ses flûtes à son cou et elle arquait, elle arquait fissa, quand en
traversant l’bois, elle se choqua pif à pif dans compère le loup ; faut bien bonnir c’qui est, le
loup, c’était pas un mec à fréquenter, il avait r’noncé à être sympa et ça s’voyait tout d’suite
rien qu’à gaffer ses chasses à r’culon et son sourire de raie en couche ; et d’puis
quequ’temps, y tortorait pas chouilla, pas la moindre côte de ligoduji à s’coller derrière le
collier ; aussi quand il aperçut la gisquette, il eut grand envie d’croquer ce p’tit poulet d’grain
qui y coûtait pas un rond, mais y s’dégonfla à cause que l’bois était plein d’bougnas qui
f’saiant ribauder d’l’aubépine pour en faire du carbi.
-« Ohé ! colombine » dit-il à la môme.
-« Où c’que tu déhottes comme ça ? »
-« J’m’en va r’filer c’te bonne friandise à ma grande vioque qui agonise en lousdoc et qui
crèche à côté là-bas derjo à cent mètres fidji du champs d’fraises »lui bonnit la poupée qui
savat pas qu’une poupée doit pas jacter à mironton qu’elle connaît pas, surtout quand c’est
un loup.
-« Higodu ! » qui fait l'loup.
-« J’men va aussi lui r’filer la bise à te grande vioque, tire toi pas ladé, moi j’me barre par
laga, on verra qui s’ramènera l’preu à la tôle ».
tandis que le p’tit chaperon rouge avec ses p’tits fumerons arquait en lousdoc, cueillant de ci
de là une fleurette pour sa grande vioque, ou trempant son doigt dans la chopotte de
lebeureu, lui s’tapit du rase-mottes et en moins d’deux, y r’filait d’jà des grands roqués
d’pavogne dans la lourde d’la grand vioque : Toc, toc ,toc !
-« Qui qu’est laga ? »
-« C’est votre p’tite moujingue, le chapron rouquinos » fit le loup avec un p’tit filet d’voix
dans l’gosier façon baby.
-« Et j’viens vous r’filer c’te bonne fraindise qu’la daronne a maquillé pour vosig, pour
adoucir votre sonniquet d’aieule »
Gigo qui fait la grande vioque qu'était encore dans les toiles :
-« tire la chavevillavette et la bobinette dubo cherra tant qu’ça peut »
le loup déride la lourde, renquille dans la tôle et s’tortore la vieille en moin de deux, comaco
sans vinaigrette ; c’était pas bien chouette, mais y’avait bien deux jordées qui s’était pas câlé
les gencives. Après y r’boucle la lourde et va s’mettre la viande dans les torchons en
s’loquant du bonnet et d’la camisole de la grand vioque.
Deux broques après, le p’tite chaperon rouge tapotait à la porte : toc, toc, to, !
-« Qui qu’est laga ? »
la môme eut d’abord les flumets en esgourdant la grosse voix du loup, mais s’gourant qu’sa
grande vioque avait les amygdales loguedus,elle lui bonnit en lousdoc :
-« C’est votre p’tite moujingue, le chaperon rouquinos et j’vient vous r’filer c’te galette et c’te
p’tite chopotte de lereubeu qu’la daronne à maquillé pour vozig pour rebecter votre p’tite tête
d’aieule »
-« Gigot ! » qui fait la grande vioque en peau d’loup.
-« Tire la chavevillavette et la bobinette dubo cherra tant qu’ça peu »
la môme tranquille.
-« tombe tes fringues, mignonne, et viens t’paguer avec mézig ! »
la môme s’déloque en moins d’deux et en d’filant la viande dans les torchons et en bizotant
sa grande vioque, elle lui bonnit en lousdoc :
-« Oh ! grand vioque, comme vous avez de grands brandillons ! »
-« C’est pour mieux t’bizoter, ma mistonne »
-« Oh ! grande vioque, comme vous aves de grandes feuilles ! »
-« C’est pour mieux t’esgourder ma mistonne »
-« Oh ! grand vioque, comme vous avez de grand chasses ! »
-« C’est pour mieux te r’luquer ma mistonne »
-« Oh ! grandvioque, comme vous avezun grand blaze ! »
-« C’est pour mieux te r’nifler ma mistonne »
-« Oh ! grande vioque ; comme vous avez de grandes chocottes ! »
-« C’est pour mieux te becter, ma mistonne »et joignant le gest à la parole, la mâchoire à la
bagoulette, le loup agrippa la gisquette et cassa la croûte avec.
Moralité :
Léger darons, imprudentes daronnes, de grâce, faites un peu gaffe à vos mistonnes, surtout
quand elles sont girondes, bravunavettes ou blavondes, parc’qu’y à toujours dans le loinqué,
un loup qu’est prêt à vous les embarquer.
Le loup, c’est un loqueteux, un hareng, un hiou, le loup c’est l’ennemi d’la famille.
Aussi, quand on dit qu’l’esprit vient aux filles, c’est qu’elle viennent de gaffer l’loup.
LE PETIT CHAPERON ROUGE DE LISETTE JAMBEL
Paroles: Françoise Giroud, Louis Gasté,1944
Le petit chaperon rouge
S'en allait trottinant dans les grands bois
Quand soudain une ombre bouge
C'est un loup, un gros loup à l'œil sournois
Qui se dit en voyant la gamine
J'ai besoin de vitamines
Je vais faire un bon petit repas froid
{Refrain:}
Tire, tire, tire la chevillette
Tire et la bobinette cherra
Où allez-vous donc fillette ?
Lui demande le loup gourmand
Je vais porter une galette
Et un petit pot de beurre à ma mère grand
Qui habite cette maisonnette.
Allez vite mignonnette
Et merci, merci pour le renseignement
{au Refrain}
Tandis qu'elle cueille des noisettes
Il court vite chez la mère grand
Et d'un seul coup de fourchette
Il avale presque toute la bonne maman
Pour la fête se fait une vinaigrette
Met chemise, bonnet, lunettes
Puis se couche dans le lit en ricanant
{au Refrain}
Toc, toc, toc, vient la pauvrette
Qui annonce à sa mère grand :
Je vous apporte une galette
Et du beurre que vous envoie ma maman
Ouvrez vite à votre mignonnette.
De sa voix la plus fluette
Le loup crie, imitant la bonne maman
{au Refrain}
Elle entra dans la chaumière
S'écria en la voyant
Que vos bras sont longs grand-mère
C'est pour mieux, mieux t'embrasser mon enfant
Que vos yeux, vos oreilles, vos molaires
Ont grandi bonne grand-mère
C'est pour mieux te manger mon enfant
{au Refrain}
Mais le petit chaperon pas bête
Se rappelant la fin de l'histoire
Prit une grosse clé à molette
Et lui ferma soigneusement la mâchoire
Puis doucement au loup bavant de colère :
Je t'ai laissé bouffer grand-mère
Mais faudrait tout de même pas me prendre pour une poire.
Le petit pot et la galette
C'est le chaperon qui les mangera
Il faut toujours ma grosse bête
Se méfier d'un plus petit que soi !
LA CHANSON DU PETIT CHAPERON DE TA COULEUR
Texte et musique de Vincent Malone, 2002.
Le petit chaperon rouge
En général
Porte un petit chaperon rouge
Qui lui va pas si mal
Mais comme le petit chaperon bouge
Et c’est bien normal
Il doit mettre à laver son chaperon rouge
Parce qu’il est tout sale
Et du coup le petit chaperon il est plus rouge
Vu qu’il se balade à poil !
A force d’aller dans la machine
Le chaperon perd de sa couleur
Car le rouge les enfants est fragile
Et craint vraiment la chaleur
Le chaperon rouge devient rouge clair
Puis chaperon rose, puis chaperon blanc,
Enfin, presque blanc, on va pas chi-po-ter !
Et comme sa maman n’a pas que ça à faire
Occupée qu’elle est à compter sa galette
Le chaperon reste les fesses à l’air
Les deux pieds dans ses chaussettes.
Il faut vite l’aider à s’habiller
Sinon l’histoire elle est terminée.
{Refrain:}
Alors on se débrouille, on prend un crayon
Et puis on barbouille le petit Chaperon
Comme on a la trouille on met un cochon
On le débarbouille on lui fait la leçon
C’est le petit Chaperon de ta couleur
Avec son petit pot de beurre et pui sa galette
Le petit Chaperon qui fait même pas peur
A cause du cochon qu’est vraiment trop bête
C’est le pe-tit Cha-pe-ron
De ta couleur
Avec son co-chon
Qu’est toujours, qu’est toujours de bonne humeur
Dans l’histoire du chaperon rouge
En général
Il y a un loup ou bien une louve
Voire un chacal
Car dans le petit chaperon rouge
Une grosse bête à poil
Doit dévorer tout ce qui bouge
Et ça c’est fatal
Un chaperon rouge sans animal
Ce serait a-nor-mal ! (rire idiot)
A force de manger des grands-mères
Le loup perd de la vigueur
Il est malade, il est tout vert
La viande c’est mauvais pour son cœur
Le grand méchant loup, il a de la fi èvre
Le docteur dit que c’est une crise trois fois
Enfin de foie, on va pas chi-po-ter !
Mais ce qu’il faut comprendre
C’est que la mère grand n’a pas que ça à faire
Occupée qu’elle est avec sa bobinette
Sans compter les problèmes de code
Le grand méchant loup reste les fesses à l’air
A cause du thermomèt’
Il faut vite le remplaciii
Sinon l’histoire elle est finie.
{au Refrain}
Bibliographie
autour du petit Chaperon Uf
de Jean Claude Grumberg
Ouvrages sur la Shoah :
Ouvrages de référence :
- L’état criminel, les génocides au Xxe siécle.De Yves Ternon, ed. du Seuil
(1995).
- La Concurrence des victimes : génocide, identité, reconnaissance, de JeanMichel Chaumont, éd. La découverte ( 2002).
- Histoire de la Shoah, Georges Bensoussan, Que sais-je (1996).
- Des Hommes ordinaires, de Christopher Browning.
Roman et témoignages :
- Si c’est un homme, de Primo Levi, ed. Pocket.
- Mémoire d’un enfance volée ( 1938-1948) de Annette Zaidman, ed. Ramsay
(2002).
- J’ai pas pleuré, de Ida Grinspan et Bertrand Poirot-Delpech, ed Robert Laffont,
coll Pocket ( 2005)
- La lie de la terre, de Arthur Koestler, ed. Charlot, 1946.
- Le journal d’Anne Franck.
- Témoignages contre l’oubli, de Charles Pieters, ed Le Temps des Cerises
(1995).
Bandes dessinées
- Maus, de Art Spiegelman, ed Flammarion ( 2005)
- Le Complot. L’histoire secrète des protocoles des sages de Sion, de Will
Eisner, ed Grasset ( 2005).
- Un foulard dans la Nuit. De Milena et Goeorges Lemoine, Ed. du Sorbier.
- Achtung Zelig ! de Gawronkiewicz et Rosenberg. Ed Casterman/ Un Monde.
Avec la Classe :
- La Shoah, notre société en question, ed PEMF (2005)
- Petites Chroniques de l’Amnésie ordinaire, de Jean-Pierre Guéno, ed Milan
(2004)
- Auschwitz expliquéee à ma fille, de Annette Wievorka, ed. du Seuil ( 1999).
- La Shoah, la mémoire nécessaire, ed. Milan ( 2006)
Internet:
- www.fondationshoah.org
- www.memorialdelashoah.org
- www.yadvashem.org (en anglais)
- www.memoire-juive.org
- www.cidem.org
Ouvrages sur le conte du Petit Chaperon Rouge
Ouvrages de référence :
- Contes de ma Mère l’Oye,.De Charles Perrault, ed. folioplus classiques
(2003).
- Contes d’enfants et du foyer, de Jacob et Wilhem Grimm.
Interprétation des contes:
- Psychanalyse des contes de fées - Bruno Bettelheim, Laffont (1976)
- Le loup – Sophie Bobbé, Cavalier Bleu Eds (2003)
- Les deux chemins du Petit Chaperon Rouge – Bernadette Bricout, CNRS,
1982
- Encore un conte ? le Petit Chaperon Rouge à l’usage des adultes - C. de la
Génardière, Presses Universitaires de Nancy (1993)
- Le Conte populaire français – Paul Delarue , Maisonneuve et Larose (2002)
- Les contes de Perrault et les récits parallèles
- Pierre de Saint-Yves, Librairie critique (1923)
- Sur les traces du Petit Chaperon Rouge – Pierre Erny, L’Harmattan (2003)
- Le langage oublié – Erich Fromm, Payot (1951)
- De l'histoire du Petit Chaperon rouge ou des transformations d'une histoire de
femme - Pierre-Yves Jacopin - Revue Ethnologie française – 1993
- La petite fille dans la forêt des contes - Pierre Péju, Laffont (1981)
- Les Contes de Perrault, culture savante et traditions populaires - Marc
Soriano, Gallimard (1968)
- Grand-mère si vous saviez – Yvonne verdier, article publié dans Les Cahiers
de la Littérature orale, IV (1978)
Pièces de théâtre:
- Le Petit Chaperon Rouge, de Joël Pommerat, ed. Actes Sud Papiers, coll
Heyoka Jeunesse.
- Mange ta Main, J.C Grumberg, ed. Actes Sud Papiers, coll Heyoka Jeunesse.
- Le Petit Chaperon UF, J.C Grumberg, ed. Actes Sud Papiers, coll Heyoka
Jeunesse.
Livres pour la jeunesse :
- Le petit Chaperon Vert, de Grégoire Solotareff et Nadja, ed Mouche L’école
des Loisirs ( 1989)
- Quel Cafouillage, de Gianni Rodari et Alessandro Sanna, ed kaleidoscope
lutin poche de l’école des loisirs( 1993).
- Dans le loup, Claude Ponti, ed l’école des loisirs ( 1994)
- Le petit Chaperon de ta couleur de Vincent Malone, jean louis Cornalba et
Chloe Sadoun. (2002)
- Le Grand Lougoudou et le Petit Chapeau Rond Rouge, de Jean Pierre Kerlo’h
et Isabelle Chatellard. Ed Vilo Jeunesse.
- Chapeau rond rouge, de geoffroy de Pennart, ed Kaleidoscope ( 2004)
Internet:
- http://expositions.bnf.fr/contes/index.htm - Exposition sur le conte organisée
par la Bnf en 2001
- http://crdp.ac-nancymetz.fr/cddp57/mediatheque/biblio/chaperon_rouge/MAIN/proposition1.htm
Activités pédagogiques autour du Petit Chaperon Rouge proposées par le CRDP
de Metz.