Récital d`orgue «Passacailles et fantaisies»

Transcription

Récital d`orgue «Passacailles et fantaisies»
Mardi 6 mai 2014 à 20h00
Sous le haut patronage de l’Ambassade de France
Récital d’orgue
«Passacailles et fantaisies»
Erwan LE PRADO
Programme:
Max REGER (1873-1916)
Introduction et Passacaille en fa mineur opus 63
César FRANCK (1822-1890)
Deuxième Choral en si mineur
Charles TOURNEMIRE (1870-1939)
Fantaisie pour l’Epiphanie opus 55
Marcel DUPRÉ (1886-1971)
Cortège et Litanie opus 19
Jehan ALAIN (1911-1940)
Première Fantaisie
Deuxième Fantaisie
Litanies
Visualisation sur grand écran par le « Live Video Team »
Prévente : 12 € chez Luxembourgticket et sur www.orgue-dudelange.lu,
Caisse du soir : 15 € ; membres des Amis de l’Orgue : 12 € ; étudiants : 7,5 €
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Erwan LE PRADO
Né en 1978 Erwan Le Prado, après des débuts au Conservatoire de Caen, étudie l’orgue avec
Pierre Pincemaille, André Isoir, Michel Chapuis, Olivier Latry et Marie-Claire Alain. Entré
à 15 ans 1er nommé au Conservatoire de Paris, il y obtient plusieurs 1er Prix, en Orgue,
Improvisation, Basse Continue, Harmonie, Contrepoint, Fugue et Ecriture du 20e siècle.
Lauréat des Concours Internationaux de Biarritz, Luzern, St Albans, Prix J.S.Bach à Chartres
en 1996, il remporte en 1999 à Genève le premier Prix du Concours International Suisse, puis
en 2000 le Grand Prix de Chartres «Interprétation» à l’unanimité du jury, et le Prix du Public.
Sa carrière se développe aujourd’hui très largement (Europe, Etats-Unis, Canada, Amérique
du Sud, Japon, Chine, Syrie…); il enregistre un disque récital à Radio-France; il se produit
dans des lieux de grande renommée: Notre-Dame de Paris, Abbatiale Saint-Ouen de Rouen,
Westminster Abbey à Londres, Suntory Hall de Tokyo, Académie Franz Liszt de Budapest,
Fourth Presbyterian Church of Chicago; il se produit avec orchestre: la Suisse-Romande
sous la direction de Fabio Luisi au Victoria Hall de Genève, la Philharmonie de Varsovie
avec Antoni Wit, le Beijing Symphony Orchestra à Pékin; il est invité à l’étranger pour des
«master-class» (Afrique du Sud, Colombie, Japon, Ouzbékistan) ainsi que pour des jurys
(Concours International d’Orgue de St-Albans, Chartres, Nürnberg, Angers…).
Erwan Le Prado est actuellement professeur titulaire de la classe d’Orgue au Conservatoire
de Caen, il est titulaire de l’orgue historique Parizot de Notre-Dame de Guibray à Falaise et
des grandes orgues Cavaillé-Coll de l’Abbatiale Saint-Etienne de Caen. Il est également le
conservateur des grandes-orgues de Notre-Dame de Vire ainsi que de l’orgue historique de
l’église Sainte-Anne de Moult. Il est par ailleurs professeur invité à l’Académie de Musique
Ancienne de Lanvellec ainsi qu’à l’Académie Internationale d’orgue de Oundle, Cambridge
& Oxford (Grande-Bretagne).
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PASSACAILLES ET FANTAISIES
De la Passacaille à la Fantaisie, de la rigueur formelle à l’expression créative pure, chemin
croisé où la spécificité de l’une se mêle aux caractéristiques de l’autre: un parcours à travers
deux formes musicales apparemment divergentes, dont la Litanie représente, d’une certaine
manière, une forme d’exacerbation.
Max REGER (1873-1916)
Introduction et Passacaille en fa mineur
La Passacaille en fa mineur opus 63 est extraite du «Monologue», recueil de douze pièces
composées par Max Reger en 1901-1902. Nous sommes à l’époque où Reger s’installe à
Munich et manifeste le désir de s’adonner à «de grandes choses»; il envisage d’écrire une
symphonie, ou encore un concerto pour orgue… Cette Passacaille est la plus développée
que l’auteur ait composée; avec plus de 20 variations, Reger déjoue les pièges du carcan
que représente la répétition inexorable du thème fondateur par une incroyable «fantaisie»
rythmique et une densité harmonique incomparable. Précédée d’une introduction tragique
(comme pour sa célèbre Passacaille en ré mineur), l’œuvre témoigne, une fois encore, de
la fascination de l’auteur pour J.S. Bach. Il est, dès cette époque, malade et dépressif,
constamment harcelé par le pressentiment d’une mort qui interrompra, quinze ans plus
tard, une production pourtant extrêmement féconde. C’est le même homme, dont l’idée
majeure était d’élargir le poème symphonique à l’orgue, tout traversé de l’inspiration
Wagnérienne la plus exaltée, qui déclare pourtant à l’époque de l’«Introduction et Passacaille
en fa mineur»: «Bach est pour moi le commencement et l’aboutissement de toute musique».
L’œuvre de Max Reger, souvent incomprise, parvient pleinement à habiter la démesure de
cette contradiction.
César FRANCK (1822-1890)
Deuxième Choral en si mineur
César Franck incarne sans doute la figure la plus inspirée de la musique d’orgue en France
dans la deuxième moitié du 19ème siècle. Né à Liège, il étudie tout d’abord au conservatoire
de sa ville natale puis poursuit ses études au conservatoire de Paris, établissement où il
occupera d’ailleurs les fonctions de professeur d’orgue à partir de 1872. Il fut organiste à
l’orgue de Sainte-Clotilde de 1858 à 1890; sa rencontre avec ce somptueux Cavaillé-Coll
constitue un élément déterminant dans son rapport à l’orgue et à la composition en général;
cet instrument constituera un véritable laboratoire pour lui.
Les trois chorals pour orgue composés en 1890 constitue l’ultime recueil que Franck laisse à
la postérité; il s’agit d’un véritable testament musical. La forme adoptée dans le «Deuxième
Choral en si mineur» est celle d’une Passacaille et Fugue, souvenir sans nul doute là encore
de J.S. Bach (comme chez Reger), ce que certaines ressemblances soulignent explicitement.
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La première partie commence par un ostinato de seize mesures (le thème de la passacaille),
présent à quatre reprises, dans une écriture à chaque fois renouvelée. Un thème plus
mélodique lui succède (le thème du choral) dont émergent par deux fois des épisodes plus
libres. Cette première section se conclut dans le recueillement par un «chant séraphique»
sur le registre de la «Voix Humaine» et le «Tremblant».
La seconde partie, «Largamente con fantasia», conduit, à travers une transition de style
improvisé, à une fugue dont l’exposition est un hommage à Bach. La superposition des
différentes thématiques assure la richesse de la péroraison où le thème triomphant de la
passacaille (énoncé pas moins d’une douzaine de fois dans l’œuvre) laisse le dernier mot à
une méditation d’inspiration séraphique.
Charles TOURNEMIRE (1870-1939)
Fantaisie sur l’Epiphanie
Charles Tournemire fut l’élève de César Franck au conservatoire de Paris et sera nommé, à
son tour, titulaire du fameux Cavaillé-Coll de Sainte-Clotilde à Paris en 1898. Compositeur
souvent novateur et improvisateur d’exception, il laisse pour l’orgue un cycle incomparable,
«L’Orgue Mystique». Sa composition s’échelonne de 1929 à 1932; Tournemire cherche en
quelque sorte à édifier avec le plain-chant Catholique ce que Bach avait tiré du choral
Luthérien. Il compose ainsi 51 «offices» comprenant chacun un Prélude à l’introït, un
Offertoire, une Elévation, une Communion ainsi qu’une Sortie. Modalité et grégorien
nourrissent l’inspiration du compositeur et caractérisent cette vaste fresque liturgique.
La «Fantaisie», extraite du septième cycle pour l’Epiphania Domini, est centrée à la fois
sur l’hymne Crudelis Herodes, sur le répons Omnes de Saba venient et sur L’Alleluia. Il
s’agit sans nul doute de l’un des sommets du recueil. Organisée en trois sections, l’œuvre
mêle la rigueur de la forme, la «fantaisie» et la fougue de l’improvisateur et la profusion
thématique grégorienne.
Marcel DUPRE (1886-1971)
Cortège et Litanie
Lorsqu’il écrivit les «Litanies», Jehan Alain se trouvait au conservatoire de Paris, dans la
classe de Marcel Dupré, aussi fameux pédagogue que brillant interprète et improvisateur.
Le diptyque «Cortège et Litanie» a directement influencé Jehan Alain dans la composition
de ses propres Litanies. A l’origine l’œuvre de Dupré appartenait au cadre plus large d’une
musique de scène écrite pour un ensemble instrumental. Dupré en fit ultérieurement
une transcription pour orgue. Le cortège, à l’atmosphère recueillie, prélude à la litanie.
Le thème de la Litanie est tout d’abord énoncé seul dans une sonorité très lointaine, puis
repris inexorablement dans un grand crescendo avant d’être superposé au thème initial du
Cortège dans un savant exercice de contrepoint. C’est par une Coda brillante et implacable
que l’œuvre se conclut sur le tutti de l’instrument dans un tournoiement vertigineux.
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Jehan ALAIN (1911-1940)
Première et Deuxième Fantaisie
L’œuvre d’orgue de Jehan Alain (120 pièces dont une trentaine pour l’orgue) fut écrite entre
1929 et 1939, date de la disparition tragique du jeune compositeur.
La Première Fantaisie date de 1932 avec en exergue: «Alors au ciel lui-même, je criai pour
demander comment la destinée peut nous guider à travers les ténèbres». Et le Ciel dit
«Suis ton aveugle instinct» (Omar Khayyam). On y entend, systématiquement exploité, un
thème unique, thème fondateur conférant à l’œuvre son unité (comme c’est le cas dans
une passacaille en somme), thème repris chaque fois dans une présentation rythmique
différente, voire totalement déformé. L’effet produit par ces grandes clameurs débouchant
sur une réponse énigmatique est saisissant.
La Deuxième Fantaisie date de 1936. Elle fait entendre successivement trois thèmes porteurs
de climats très variés: un thème initial, rêveur et poétique; en contraste, le deuxième thème
fortement chromatique qui assombrit l’éclairage de l’œuvre; enfin, une mélodie inspirée
des mélopées arabes d’Afrique du Nord évoque certainement la figure du charmeur de
serpents rencontrée par Jehan lors d’un voyage au Maroc (selon le témoignage de MarieClaire Alain, sa sœur). Ce matériau composite et «fantaisiste» sera en réalité exploité avec
la plus grande rigueur formelle: l’œuvre structurée en triptyque, fait entendre une forme
en arche composée d’une exposition, d’un développement et d’une réexposition. C’est là
encore la confrontation étroite de l’esprit de «fantaisie» et d’une rigueur «structurale» qui
donne sans nul doute force et cohérence à cette œuvre remarquable de Jehan Alain.
Litanies
Cette œuvre semble illustrer une phrase de Jehan Alain dans son «Carnet»: «Toute ma vie
est centrée autour de l’émotion. Mon rôle à moi, c’est de m’imbiber d’émotions et de les
exprimer.». Dans cette pièce, en effet, la litanie n’est pas une prière, mais «une bourrasque
qui renverse tout sur son passage» selon les propres mots du compositeur. Un élément
mélodique d’une mesure, de type incantatoire, se trouve répété inexorablement dans sa
formule initiale, inaltérable, d’une grande densité rythmique. La répétition se fait alors
ressassement, obsession, et la complexité de l’écriture – multiplicité des plans sonores,
superpositions rythmiques, valeurs ajoutées – incarne la Litanie comme une forme de
«Passacaille rythmique», évoquant paradoxalement un état de transe porté à son paroxysme.
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