Le jeu comme méthode d`apprentissage

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Le jeu comme méthode d`apprentissage
VOLUME 11
Novembre 2015
ORGANISME EN PRÉVENTION DE L’AGRESSION SEXUELLE ET DE TOUTES FORMES DE VIOLENCE
ENVERS LES ENFANTS
Le jeu comme méthode d’apprentissage
Le mot du directeur
Chers partenaires,
Dans ce numéro :
Le mot du directeur
1
Chers lecteurs
2
Le bruit des petits et la
bêtise des grands
3
Qu’est-ce que le jeu?
Quelle est son
importance?
5
Le jeu comme outil pour
créer du lien
6
L'évolution du jeu par
tranche d’âge
8
Quelques paroles
d’enfant
9
Quelques citations
9
Quel adulte n’a pas connu au moins une fois dans son enfance unE
enseignantE animé d’une passion pour la transmission du savoir et
capable de la plus grande ingéniosité à proposer des activités ludiques qui
favorisent l’apprentissage. Ceux qui ont eu cette chance se souviennent
encore clairement de ce qu’ils ont appris au contact de ces adultes
significatifs malgré les années. Évidemment, les enfants d’aujourd’hui
pourront eux aussi se construire leurs souvenirs en classe avec ces
enseignantEs, mais je crains que le système scolaire actuel ne favorise
pas la passion des professionnels de l’enseignement pour la transmission
des savoirs. Depuis plus de 30 ans, les gouvernements contraignent le
système scolaire à des compressions budgétaires. Comment continuer à
croire que ces compressions successives n’affecteront pas la qualité de
vie dans la classe? Au début de l’automne 2015, les membres des
syndicats de l’enseignement ont semblé vouloir poser une limite à
l’austérité alors que s’ouvrent les négociations avec le Gouvernement du
Québec. Les familles de la région de Montréal ont déjà eu à composer
avec une journée de grève. Celles de Lanaudière devront elles aussi
s’attendre à faire de même. Le 3 octobre dernier s’est tenue une
manifestation à Montréal visant à protester contre les mesures
gouvernementales en vue de diminuer les dépenses publiques. L’enjeu du
conflit qui s’annonce sera de mobiliser la plus grande partie de la
1
population québécoise. D’un côté comme de l’autre le défi est de taille. D’une part la confiance de la
population envers les positions de la classe politique semble faible. D’autre part les syndicats de
l’enseignement défendent des conditions de travail supérieures à une majorité de travailleurs non
syndiqués.
Il y a fort à parier que cette population pourrait devenir hostile aux enseignantEs si les grèves se
répètent, donnant ainsi un appui tacite au gouvernement de demeurer sur ses positions et d’imposer ses
conditions aux syndicats. Serait-ce alors offrir ce qu’il y a de mieux à nos enfants et pour nous-mêmes
collectivement ? Les sociétés qui donnent une priorité à l’Éducation sont souvent plus productives, plus
en santé, plus autonomes, plus impliquées socialement et surtout beaucoup plus exigeantes envers leur
classe politique qu’ailleurs. Celles-ci adoptent une vision selon laquelle l’Éducation est considérée
comme un investissement et non une dépense. En ce sens, elles s’inscrivent dans l’esprit de ce droit
fondamental pour chaque enfant d’avoir accès à une éducation gratuite et de qualité. Peut-être aurionsnous avantage à adopter une telle vision. Quant aux conditions de travail supérieures de enseignantes
par rapport à ce que l’on retrouve dans le reste du marché du travail, ne doit-on pas plutôt viser à inclure
davantage de travailleurs à un meilleur traitement plutôt que de les abaisser pour ceux et celles qui ont
réussi à obtenir mieux. Il s’agirait du moins d’un pas vers une plus grande reconnaissance de
l’importance du rôle des enseignantEs pour la construction de notre société. Ce serait également donner
cette chance à nos enfants d’avoir dans leur vie des professionnels de l’enseignement animés de la
passion nécessaire à faire l’expérience du plaisir d’apprendre.
Bonne lecture!
Philippe Miner
Chers lecteurs,
Dans ce bulletin, nous allons nous attarder sur le thème du jeu. Le jeu dans toutes ces formes : extérieur,
intérieur, collectif, individuel, simple, complexe, éducatif, interactif, ludique, … Autant de qualificatif
possible qu’inimaginable.
Mais pourquoi parler du jeu ? Le jeu est un outil d’éveil pour les enfants extrêmement important et
pourtant souvent délaissé, voire même menacé, par l’ensemble des personnes qui gravitent autour
d’eux. Nous allons vous présenter un cas assez aberrant de la bêtise humaine et nous allons également
parler de l’apport bénéfique du jeu dans le développement de l’enfant.
Pour commencer, je citerai Albert Einstein : « Le jeu est la forme la plus élevée de la recherche ».
Bonne lecture.
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Le bruit des petits et la
bêtise des grands
Un matin de septembre, dans une petite ville de la Rive-Sud. Véronique, mère de trois enfants,
s’apprêtait à aller au travail quand un inconnu a sonné à sa porte. C’était un huissier. Il lui a remis une
mise en demeure. Celle d’une voisine lui réclamant 500 $ pour bris de clôture et « perte de jouissance de
la vie » causée par les cris de ses enfants.
Quand j’ai entendu parler de cette affaire, j’avoue que je n’y ai pas cru. Je sais bien que les chicanes de
clôture les plus banales se révèlent parfois d’une étonnante violence. Mais que l’on en arrive à reprocher
à des enfants d’être des enfants défie à mon sens l’entendement.
***
J’aurais aimé que cette histoire soit inventée. Qu’elle s’effrite d’elle-même, au fil de la vérification
des faits. Mais non…
L’incident à l’origine de la mise en demeure s’est produit un soir de fin d’été. On est donc dans un
quartier familial d’une petite ville de banlieue, juste avant le souper. Dans la cour de Véronique, une de
ses filles et une petite voisine s’amusaient à sauter sur le trampoline en criant.
Derrière la haie de thuyas, les voisins – un couple dans la quarantaine, sans enfants – n’ont pas
apprécié. Pour enterrer le bruit des enfants, ils ont mis en marche leur souffleuse à feuilles, brandie
comme une forme de légitime défense sonore…
« Maman ! Le voisin nous envoie de l’air avec quelque chose ! »
Véronique était sidérée. Son conjoint a proposé d’aller parler aux voisins. La discussion a dégénéré. Ça
s’est terminé par un trou dans la clôture, la police à la porte et une mise en demeure cinq jours plus tard.
Une deuxième mise en demeure a suivi la semaine dernière. Il n’y était plus question de la clôture. La
mère de famille y est cette fois-ci accusée de dépasser « largement le seuil de tolérance acceptable de
nuisance sonore ». On la somme de mettre fin à ces « troubles sonores » jugés « anormaux », comme les
« cris de [ses] enfants à l’extérieur excessifs et continus pendant de longues minutes et heures ». On lui
demande aussi de garder son chien en laisse pour éviter qu’il ne se retrouve sur le terrain des voisins.
On ne précise pas toutefois si les enfants devraient aussi être tenus en laisse ou porter une muselière.
***
Vous en connaissez, des enfants qui jouent en chuchotant ? Véronique l’admet. Ses enfants, qui ont 6, 8
et 11 ans, ne jouent pas toujours en silence. Comme tous les enfants, comme les miens, comme les
vôtres, il leurs arrive d’être bruyants. Il est aussi déjà arrivé que son fils, qui est autiste, pousse des
crises et pose des gestes inoffensifs qui ont mis en colère ces mêmes voisins. Comme la fois où, en
jouant avec l’arrosoir, il a envoyé de l’eau dans leur spa et sur leur table de pique-nique.
« C’est épouvantable, comment il est autiste ! » m’a dit la voisine mécontente, intolérante et fière de
l’être.
Le ton acrimonieux, elle m’a expliqué qu’elle considérait que c’était elle, la « victime » dans cette histoire
3
depuis plusieurs années, qu’elle ne tolérait pas qu’on lui « manque de respect » et qu’elle se voyait dans
l’obligation de riposter en allumant sa souffleuse à feuilles ou en mettant la musique très forte pour
enterrer le bruit des enfants.
« Je n’ai pas à endurer ça, qu’il soit autiste ou n’importe quoi d’autre ! Et puis, les deux petites ne sont
pas autistes, mais elles sont agitées ! On n’a pas à endurer ça ! », dit-elle en invoquant la loi sur la paix et
le bon ordre du voisinage et en répétant que sa voisine est passible d’une amende pour bruit excessif.
« Qu’elle arrête de lâcher lousse ses enfants ! », dit-elle, en précisant qu’elle a fait installer une caméra
de surveillance pour enregistrer tout excès et en faire rapport à la police.
Tout ça peut sembler déraisonnable, mais il faut tout de même noter que la dame demeure équitable
dans son intolérance. Les enfants de Véronique ne sont pas les uniques cibles de la douce voisine en
croisade pour la paix. Elle s’est déjà plainte à la police des pleurs de la fille de 3 ans d’un autre voisin.
***
En est-on vraiment arrivé là ? À considérer le bruit des enfants comme une nuisance, au même titre que
celui d’une tondeuse à gazon ? À vouloir dénoncer à la police les petits qui osent s’amuser dehors ?
Selon le règlement municipal de cette petite ville de banlieue, toute personne qui trouble la paix et le bon
ordre du voisinage « de manière déraisonnable » est passible d’une amende. Est-ce que le bruit des
enfants qui jouent peut être considéré comme quelque chose qui trouble la paix de « manière
déraisonnable » ? Techniquement, oui, même si ça semble aberrant. C’est au policier d’en juger. Le
règlement ne prévoit malheureusement pas d’amendes pour intolérance ou je-me-moi déraisonnables.
Rappelez-vous cette école d’Outremont qui, il y a deux ans, a reçu une contravention pour « bruit
excessif » en plein jour parce qu’il y avait une fête dans la cour et que l’on avait osé mettre de la musique
pour faire danser les enfants. Remarquez, ils l’ont échappé belle. En Angleterre, on a déjà vu une école
carrément abolir la récréation, cédant aux pressions de voisins qui n’appréciaient pas le bruit des
enfants.
Ces histoires peuvent sembler anecdotiques. Mais elles révèlent à mon sens quelque chose de troublant.
Elles illustrent le rapport tordu qu’a parfois la société avec des enfants que l’on voudrait silencieux et
invisibles en tout temps. Dans certaines villes du Québec, le règlement municipal interdit carrément de
jouer dans la rue ! Il suffit alors d’un seul citoyen zélé pour que le droit au jeu des enfants soit bêtement
sanctionné.
Il n’y a parfois rien de plus petit que la bêtise des grands.
Article écrit par Rima Elkouri et publié dans La Presse + le 29 septembre 2015.
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Qu’est-ce que le jeu?
Quelle est son importance?
Pratiquement tous les adultes se souviennent, souvent dans les moindres détails, d’une activité de jeu
précise de leur enfance. Lorsqu’on se rappelle une telle expérience, on s’exprime en termes de
sentiments : liberté, force, contrôle et collégialité. On se rappelle comme si c’était hier des heures
interminables et enchanteresses passées à jouer dans une cachette secrète; on se souvient de la
caresse du vent, de la douceur de l’herbe, du craquement d’un escalier ou de l’odeur d’un grenier
poussiéreux.
Le jeu est une expérience significative hautement satisfaisante pour les enfants, qui chercheront à s’y
consacrer entièrement et le plus souvent possible. Quiconque a déjà observé des enfants jouer sait qu’ils
s’y investissent à fond et prennent l’activité très au sérieux.
Même s’il s’agit d’une expérience aussi courante qu’universelle, le jeu est souvent difficile à définir
précisément aux fins de recherches savantes multidisciplinaires. Il est paradoxal : sérieux et folichon,
concret et imaginaire, apparemment inutile et pourtant essentiel au développement. Il agit comme
ressort moral – un enfant continuera de jouer même dans les situations les plus traumatisantes – mais il
est aussi fragile : les preuves s’accumulent selon lesquelles la privation à cet égard nuit au
développement de l’enfant.
Dans un examen réputé de la théorie du jeu et des travaux de recherche connexes, Rubin, Fein et
Vandenburg rapprochent des définitions existantes en psychologie afin d’élaborer une définition
consensuelle du comportement de jeu :

sa motivation est intrinsèque;

il est régi par les joueurs;

on se soucie du processus plus que du
produit;

il n’est pas littéral;

il est libre de règles imposées par un non
participant;

il se caractérise par l’engagement actif des
joueurs.
Ces caractéristiques sous-tendent désormais la plupart des travaux savants sur le jeu chez les enfants.
Les études anthropologiques du jeu chez l’enfant se concentrent sur les relations complexes entre le jeu
et la culture, comme les liens évidents qui existent entre le jeu et les rôles sociaux des adultes, et la
façon dont le jeu crée une culture enfantine qui comporte ses règles précises et des rites de passage.
Une des branches les plus fascinantes de la recherche dans ce domaine examine le sens du jeu pour les
joueurs mêmes : les enfants en ont leur propre définition ainsi que leurs propres objectifs, aussi sérieux
que pertinents. Dans une étude récente, les enfants définissent le jeu comme une activité qui se déroule
avec des pairs ou des amis mais en l’absence d’adultes.
Réunies, ces définitions lèvent légèrement le voile sur la complexité et l’ampleur du phénomène qu’est le
jeu chez les enfants.
Il existe de nombreuses formes de jeu chez les enfants, comme le jeu exploratoire, le jeu avec objets, le
jeu de construction, le jeu physique (jeu sensorimoteur, jeu de bataille), le jeu dramatique (faire semblant
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seul), le jeu sociodramatique (faire semblant avec des amis, aussi appelé jeu fantaisiste, faire semblant
ou jeu symbolique), le jeu régi par des règles (préétablies et fixes) et le jeu à règles inventées
(modifiables par les joueurs).
Ces formes de jeu évoluent tout au long de la petite enfance, et les épisodes spontanés de jeu en
combinent souvent plusieurs : une structure de cubes représentant un bâtiment mène tout naturellement
à un jeu dramatique avec voitures miniatures et personnages. En outre, chaque type de jeu gagne en
complexité pendant l’enfance. Ainsi, le jeu dramatique pour les très jeunes enfants qui le découvrent se
limite à faire semblant – par exemple, de dire bonjour à grand-maman à l’aide d’un téléphone jouet –
alors qu’à son apogée, juste avant que l’enfant n’entre à l’école, il se déroule sur de longues périodes et
avec des pairs.
La progression développementale observée dans les divers types de jeu reflète celle d’autres domaines;
ainsi, le langage et le jeu symbolique surviennent environ au même âge chez les enfants du monde
entier. Les enfants ne commencent à créer des jeux actifs régis ou non par des règles préétablies et à s’y
adonner qu’après avoir acquis la force et la coordination nécessaires ainsi qu’une capacité de
raisonnement concret.
Centre du savoir sur l'apprentissage chez les jeunes enfants, Laissons-les s’amuser : l’apprentissage
par le jeu chez les jeunes enfants, www.ccl-cca.ca/apprentissagejeunesenfants
Le jeu comme outil
pour créer du lien
Lorsque j’ai décidé de proposer le jeu comme thème de ce bulletin, je n’avais pas pensé faire part de ce
moment éducatif que j’ai eu la chance de vivre avec une petite fille de 2 ans et demie en contexte
hospitalier. Pourtant, dans cette histoire, nous voyons l’importance que le jeu peut avoir pour créer un
lien de confiance avec un enfant et à quel point cet outil peut être très puissant.
Pour des raisons de confidentialité, j’ai changé le nom de cette petite fille.
Lucie est une petite fille qui m’a énormément ému par son passé déjà lourd du bout de ses deux ans et
demi, mais également par sa joie de vivre et sa gaieté. J’ai passé beaucoup de temps à travailler avec
elle et encore plus à créer un lien de confiance et affectif avec elle.
La première fois que j’ai rencontré Lucie, elle jouait au ballon avec une éducatrice dans la salle de jeu.
Lucie semblait avoir déjà charmé l’éducatrice qui ne la quittait pas des yeux. Lucie ressemble à une petite
princesse sortie d’un magazine de vêtements pour enfants. L’éducatrice me voit de loin et me fait signe
de venir près d’elle. Elle me présente ensuite à Lucie, elle m’explique également le problème dont elle est
atteinte et me décrit brièvement sa trajectoire de vie. Lucie entretemps avait commencé à tourner sur elle
-même comme une toupie. L’éducatrice me demande alors de prendre soin de Lucie afin de pouvoir aller
faire le rapport de la journée aux autres membres de l’équipe.
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J’étais en présence d’une petite enfant que je n’avais jamais rencontrée et qui ne semblait pas prêter
attention à moi. Comme j’avais vu l’éducatrice jouer au ballon avec elle, j’ai décidé de faire la même
chose. J’ai alors commencé à faire glisser le ballon vers elle. Elle semblait s’en désintéresser et a frappé
dedans avec son pied en tournant. Je me suis alors assis un peu plus loin d’elle à terre et j’ai attendu. J’ai
pensé que l’obliger à jouer avec moi n’était peut-être pas l’idéal comme première approche. J’ai donc
préféré me mettre à distance et m’assoir à terre comme elle pendant une vingtaine de minutes. Comme
le dit si bien le renard au petit prince, dans le compte du même nom, lorsqu’il demande à être apprivoisé :
« Il faut être patient. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai
du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras
t’asseoir un peu plus près… ». J’ai pris cette citation à la lettre. Dans le travail éducatif, je pense qu’il faut
être créatif et je me suis lancé. Le premier jour nous sommes restés comme ça à distance. Le lendemain,
je me suis rapproché un peu plus durant une vingtaine de minutes. Lucie jouait avec son ballon mais ne
tournait plus comme une toupie. Le troisième jour, Lucie jouait encore avec son ballon. Est-ce par
mégarde ou volontairement, le ballon lui a échappé des mains. J’ai été le rechercher et l’ai fait glisser vers
elle. A fur et à mesure des jours, j’avais de plus en plus d’échanges de balle avec elle. J’ai pris le temps
d’être observé par cette petite fille, le temps qu’elle s’adapte à moi, le temps de tenter de la rejoindre
dans son « monde ». Voilà comment j’ai commencé à nouer un lien avec Lucie.
Certains se diront qu’il m’a fallu du temps avant d’approcher cette petite fille. Et c’est vrai !
Mais Lucie est atteinte d’un trouble du spectre autistique. Elle a séjourné à plusieurs reprises en
pédopsychiatrie (d’où le fait que l’éducatrice la connaissait déjà si bien) pour de longues périodes (6mois
et plus) durant lesquels sa maman tentait de se soigner et la petite a à peine 2 ans et demi. Autant dire
qu’elle n’a développé de lien de confiance qu’avec une infime poignée de personne. Avec Lucie, j’ai été
privé de la communication verbale même si de mon côté je lui parlais mais sans réellement savoir si elle
me comprenait ou non. J’étais également en face d’une petite fille qui vivait dans un monde sensoriel
différent du mien.
Les semaines qui ont suivis, elle a commencé à montrer des
signes d’affection pour moi ainsi que les autres membres de
l’équipe. Elle ne criait plus lorsque nous la prenions dans nos
bras pour la déplacer de la salle de jeu à sa chambre. À la fin
de son hospitalisation, elle nous serrait dans ses bras.
Suite au lien que j’ai développé avec elle, j’ai pu travailler son
développement psychomoteur. En arrivant à l’hôpital, Lucie ne
savait pas marcher et ne se tenait pas debout. Elle me laissait
lui tenir les mains afin de lui apprendre à marcher. 6 mois
plus tard, après avoir marché des kilomètres et des kilomètres
dans les couloirs en la tenant par les mains, elle commençait
presque à marcher seule.
Jean-Pascal, agent de prévention.
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L'évolution du jeu par
tranche d’âge
PLAGE D’ÂGE DE SON
TYPE DE JEU
DESCRIPTION
Jeu exploratoire/jeu avec
objets/jeu sensoriel
Les très jeunes enfants découvrent des objets et des milieux : ils
touchent, sucent, lancent, frappent et serrent. Le jeu sensoriel se
manifeste dans les premières tentatives de l’enfant de se nourrir seul.
En vieillissant, ses expériences de jeu sensoriel sont intensifiées par
des matières comme la pâte à modeler, la glaise et la gouache.
Jeu dramatique (faire
semblant seul)
Pendant leurs premières années, bien des jeunes enfants passent
beaucoup de temps à faire semblant par eux-mêmes. Ils s’inventent
des scénarios où ils incarnent plusieurs rôles à la fois, habituellement
en utilisant des jouets ou d’autres accessoires (poupées, voitures
miniatures, figurines, etc.). En vieillissant, les enfants inventent seuls
des univers entiers, souvent à l’aide de vastes collections de petits
objets ou de figurines.
De 3 à 8 ans
Jeu de construction
Les enfants commencent à construire à l’aide de produits
commerciaux (Lego, Meccano, cubes), avec des matériaux qu’ils
trouvent et recyclent (boîtes de carton, tubes de plastique) ou à partir
de toute une gamme de produits modelables (glaise, pâte à modeler)
et, en vieillissant, peuvent passer de longues heures à monter des
maquettes commerciales complexes. Ils s’adonnent à ces jeux seuls
ou en groupe, en y intégrant souvent un jeu dramatique ou
sociodramatique.
De 3 à 8 ans
Jeu physique
Le jeu sensorimoteur commence lorsqu’un bébé se rend compte qu’il
peut faire bouger des objets (frapper les pendeloques d’un mobile,
ramper pour attraper un ballon qui roule, etc.). Avant l’entrée à l’école,
le jeu physique consiste souvent en un jeu de bataille, une forme
unique de jeu social surtout populaire chez les garçons. Le jeu de
bataille correspond à une série de comportements adoptée par les
enfants lorsqu’ils se bagarrent pour s’amuser, et que les adultes
considèrent par erreur comme une forme d’agression. Les enfants
d’âge préscolaire les plus âgés s’adonnent à des activités physiques
vigoureuses et sondent leurs propres limites en courant, en grimpant
et en sautant, seuls ou en groupe. Ce type de divertissement devient
souvent spontanément un jeu avec des règles inventées.
De 3 à 8 ans
Jeu sociodramatique
Il s’agit du faire semblant avec des pairs : les enfants incarnent un
rôle social et s’inventent des scénarios de plus en plus complexes,
qu’ils exécutent avec un petit groupe d’amis.
De 3 à 6 ans
Jeu régi par des règles
Les enfants commencent à s’adonner en groupe à des jeux officiels
qui ont des règles préétablies et fixes (cartes, jeux de table, soccer,
hockey, etc.).
5 ans et plus
Jeu à règles inventées
Les enfants inventent leurs propres jeux ou modifient les règles de
jeux traditionnels au sein de leur propre groupe (jeu du chat, cachecache, ballon chasseur, marelle, etc.).
De 5 à 8 ans
INCIDENCE PRINCIPALE
De la naissance à 36
mois
Centre du savoir sur l'apprentissage chez les jeunes enfants, Laissons-les s’amuser : l’apprentissage
par le jeu chez les jeunes enfants, www.ccl-cca.ca/apprentissagejeunesenfants
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Quelques paroles
d’enfant

« Un résistant, c’est une personne qui résiste vraiment à tout, même au gâteau ! », Milian, 6 ans.

Une institutrice demande aux enfants de se ranger deux par deux. Une petite fille regarde ses
copines un peu paniquée puis lui dit : « Est-ce que l'on peut se ranger deux par trois ? »,
Lucie, 5 ans.

Un papa épluche une pomme et la donne à son fils. Il s'exclame: « Ma pomme s'est déshabillée ! »,
Léo, 4 ans.

Florence regarde sa boîte de crayon de bois : « Il est chanceux le crayon blanc, il vit plus longtemps
que les autres.», Florence, 7 ans.

« Hier on a mangé du mais et avant on les a épilé. », Raphaël, 6 ans.
Quelques citations
Les enfants ne jouent pas pour apprendre,
même s’ils apprennent en jouant.
Source : M. Kalliala, Play Culture in a Changing World, 2006,
p. 20.
Les jeunes enfants apprennent ce qui importe le plus
non pas par des explications, mais bien en développant
eux mêmes leurs connaissances par une interaction
avec le monde physique et avec d’autres enfants, et ce,
par le jeu.
Source : E. Jones et G. Reynolds, The play’s the thing : Teachers’
roles in children’s play, 1992, p. 1.
Favoriser le jeu chez l’enfant ne consiste pas simplement à déclarer que le jeu
est important. Lorsque la culture du jeu enfantin, qui ne survient pas
naturellement, est prise au sérieux, les conditions optimales sont créées avec
soin pour l’encourager. Il faut prévoir du temps et des espaces pour le jeu et
offrir une stimulation mentale et matérielle abondantes à l’enfant. Créer un
milieu de jeu riche, c’est créer un bon milieu d’apprentissage pour les enfants.
Source : M. Kalliala, Play Culture in a Changing World, 2006, p. 139.
Bonne fête aux enfants, petits et grands.
Prenez le temps de vous arrêter et
savourez tous les bons moments qui
s’offrent à vous.
Amusez-vous ! Faites des folies !
Retrouvez votre cœur d’enfant !
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