Le jeu comme méthode d`apprentissage
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Le jeu comme méthode d`apprentissage
VOLUME 11 Novembre 2015 ORGANISME EN PRÉVENTION DE L’AGRESSION SEXUELLE ET DE TOUTES FORMES DE VIOLENCE ENVERS LES ENFANTS Le jeu comme méthode d’apprentissage Le mot du directeur Chers partenaires, Dans ce numéro : Le mot du directeur 1 Chers lecteurs 2 Le bruit des petits et la bêtise des grands 3 Qu’est-ce que le jeu? Quelle est son importance? 5 Le jeu comme outil pour créer du lien 6 L'évolution du jeu par tranche d’âge 8 Quelques paroles d’enfant 9 Quelques citations 9 Quel adulte n’a pas connu au moins une fois dans son enfance unE enseignantE animé d’une passion pour la transmission du savoir et capable de la plus grande ingéniosité à proposer des activités ludiques qui favorisent l’apprentissage. Ceux qui ont eu cette chance se souviennent encore clairement de ce qu’ils ont appris au contact de ces adultes significatifs malgré les années. Évidemment, les enfants d’aujourd’hui pourront eux aussi se construire leurs souvenirs en classe avec ces enseignantEs, mais je crains que le système scolaire actuel ne favorise pas la passion des professionnels de l’enseignement pour la transmission des savoirs. Depuis plus de 30 ans, les gouvernements contraignent le système scolaire à des compressions budgétaires. Comment continuer à croire que ces compressions successives n’affecteront pas la qualité de vie dans la classe? Au début de l’automne 2015, les membres des syndicats de l’enseignement ont semblé vouloir poser une limite à l’austérité alors que s’ouvrent les négociations avec le Gouvernement du Québec. Les familles de la région de Montréal ont déjà eu à composer avec une journée de grève. Celles de Lanaudière devront elles aussi s’attendre à faire de même. Le 3 octobre dernier s’est tenue une manifestation à Montréal visant à protester contre les mesures gouvernementales en vue de diminuer les dépenses publiques. L’enjeu du conflit qui s’annonce sera de mobiliser la plus grande partie de la 1 population québécoise. D’un côté comme de l’autre le défi est de taille. D’une part la confiance de la population envers les positions de la classe politique semble faible. D’autre part les syndicats de l’enseignement défendent des conditions de travail supérieures à une majorité de travailleurs non syndiqués. Il y a fort à parier que cette population pourrait devenir hostile aux enseignantEs si les grèves se répètent, donnant ainsi un appui tacite au gouvernement de demeurer sur ses positions et d’imposer ses conditions aux syndicats. Serait-ce alors offrir ce qu’il y a de mieux à nos enfants et pour nous-mêmes collectivement ? Les sociétés qui donnent une priorité à l’Éducation sont souvent plus productives, plus en santé, plus autonomes, plus impliquées socialement et surtout beaucoup plus exigeantes envers leur classe politique qu’ailleurs. Celles-ci adoptent une vision selon laquelle l’Éducation est considérée comme un investissement et non une dépense. En ce sens, elles s’inscrivent dans l’esprit de ce droit fondamental pour chaque enfant d’avoir accès à une éducation gratuite et de qualité. Peut-être aurionsnous avantage à adopter une telle vision. Quant aux conditions de travail supérieures de enseignantes par rapport à ce que l’on retrouve dans le reste du marché du travail, ne doit-on pas plutôt viser à inclure davantage de travailleurs à un meilleur traitement plutôt que de les abaisser pour ceux et celles qui ont réussi à obtenir mieux. Il s’agirait du moins d’un pas vers une plus grande reconnaissance de l’importance du rôle des enseignantEs pour la construction de notre société. Ce serait également donner cette chance à nos enfants d’avoir dans leur vie des professionnels de l’enseignement animés de la passion nécessaire à faire l’expérience du plaisir d’apprendre. Bonne lecture! Philippe Miner Chers lecteurs, Dans ce bulletin, nous allons nous attarder sur le thème du jeu. Le jeu dans toutes ces formes : extérieur, intérieur, collectif, individuel, simple, complexe, éducatif, interactif, ludique, … Autant de qualificatif possible qu’inimaginable. Mais pourquoi parler du jeu ? Le jeu est un outil d’éveil pour les enfants extrêmement important et pourtant souvent délaissé, voire même menacé, par l’ensemble des personnes qui gravitent autour d’eux. Nous allons vous présenter un cas assez aberrant de la bêtise humaine et nous allons également parler de l’apport bénéfique du jeu dans le développement de l’enfant. Pour commencer, je citerai Albert Einstein : « Le jeu est la forme la plus élevée de la recherche ». Bonne lecture. 2 Le bruit des petits et la bêtise des grands Un matin de septembre, dans une petite ville de la Rive-Sud. Véronique, mère de trois enfants, s’apprêtait à aller au travail quand un inconnu a sonné à sa porte. C’était un huissier. Il lui a remis une mise en demeure. Celle d’une voisine lui réclamant 500 $ pour bris de clôture et « perte de jouissance de la vie » causée par les cris de ses enfants. Quand j’ai entendu parler de cette affaire, j’avoue que je n’y ai pas cru. Je sais bien que les chicanes de clôture les plus banales se révèlent parfois d’une étonnante violence. Mais que l’on en arrive à reprocher à des enfants d’être des enfants défie à mon sens l’entendement. *** J’aurais aimé que cette histoire soit inventée. Qu’elle s’effrite d’elle-même, au fil de la vérification des faits. Mais non… L’incident à l’origine de la mise en demeure s’est produit un soir de fin d’été. On est donc dans un quartier familial d’une petite ville de banlieue, juste avant le souper. Dans la cour de Véronique, une de ses filles et une petite voisine s’amusaient à sauter sur le trampoline en criant. Derrière la haie de thuyas, les voisins – un couple dans la quarantaine, sans enfants – n’ont pas apprécié. Pour enterrer le bruit des enfants, ils ont mis en marche leur souffleuse à feuilles, brandie comme une forme de légitime défense sonore… « Maman ! Le voisin nous envoie de l’air avec quelque chose ! » Véronique était sidérée. Son conjoint a proposé d’aller parler aux voisins. La discussion a dégénéré. Ça s’est terminé par un trou dans la clôture, la police à la porte et une mise en demeure cinq jours plus tard. Une deuxième mise en demeure a suivi la semaine dernière. Il n’y était plus question de la clôture. La mère de famille y est cette fois-ci accusée de dépasser « largement le seuil de tolérance acceptable de nuisance sonore ». On la somme de mettre fin à ces « troubles sonores » jugés « anormaux », comme les « cris de [ses] enfants à l’extérieur excessifs et continus pendant de longues minutes et heures ». On lui demande aussi de garder son chien en laisse pour éviter qu’il ne se retrouve sur le terrain des voisins. On ne précise pas toutefois si les enfants devraient aussi être tenus en laisse ou porter une muselière. *** Vous en connaissez, des enfants qui jouent en chuchotant ? Véronique l’admet. Ses enfants, qui ont 6, 8 et 11 ans, ne jouent pas toujours en silence. Comme tous les enfants, comme les miens, comme les vôtres, il leurs arrive d’être bruyants. Il est aussi déjà arrivé que son fils, qui est autiste, pousse des crises et pose des gestes inoffensifs qui ont mis en colère ces mêmes voisins. Comme la fois où, en jouant avec l’arrosoir, il a envoyé de l’eau dans leur spa et sur leur table de pique-nique. « C’est épouvantable, comment il est autiste ! » m’a dit la voisine mécontente, intolérante et fière de l’être. Le ton acrimonieux, elle m’a expliqué qu’elle considérait que c’était elle, la « victime » dans cette histoire 3 depuis plusieurs années, qu’elle ne tolérait pas qu’on lui « manque de respect » et qu’elle se voyait dans l’obligation de riposter en allumant sa souffleuse à feuilles ou en mettant la musique très forte pour enterrer le bruit des enfants. « Je n’ai pas à endurer ça, qu’il soit autiste ou n’importe quoi d’autre ! Et puis, les deux petites ne sont pas autistes, mais elles sont agitées ! On n’a pas à endurer ça ! », dit-elle en invoquant la loi sur la paix et le bon ordre du voisinage et en répétant que sa voisine est passible d’une amende pour bruit excessif. « Qu’elle arrête de lâcher lousse ses enfants ! », dit-elle, en précisant qu’elle a fait installer une caméra de surveillance pour enregistrer tout excès et en faire rapport à la police. Tout ça peut sembler déraisonnable, mais il faut tout de même noter que la dame demeure équitable dans son intolérance. Les enfants de Véronique ne sont pas les uniques cibles de la douce voisine en croisade pour la paix. Elle s’est déjà plainte à la police des pleurs de la fille de 3 ans d’un autre voisin. *** En est-on vraiment arrivé là ? À considérer le bruit des enfants comme une nuisance, au même titre que celui d’une tondeuse à gazon ? À vouloir dénoncer à la police les petits qui osent s’amuser dehors ? Selon le règlement municipal de cette petite ville de banlieue, toute personne qui trouble la paix et le bon ordre du voisinage « de manière déraisonnable » est passible d’une amende. Est-ce que le bruit des enfants qui jouent peut être considéré comme quelque chose qui trouble la paix de « manière déraisonnable » ? Techniquement, oui, même si ça semble aberrant. C’est au policier d’en juger. Le règlement ne prévoit malheureusement pas d’amendes pour intolérance ou je-me-moi déraisonnables. Rappelez-vous cette école d’Outremont qui, il y a deux ans, a reçu une contravention pour « bruit excessif » en plein jour parce qu’il y avait une fête dans la cour et que l’on avait osé mettre de la musique pour faire danser les enfants. Remarquez, ils l’ont échappé belle. En Angleterre, on a déjà vu une école carrément abolir la récréation, cédant aux pressions de voisins qui n’appréciaient pas le bruit des enfants. Ces histoires peuvent sembler anecdotiques. Mais elles révèlent à mon sens quelque chose de troublant. Elles illustrent le rapport tordu qu’a parfois la société avec des enfants que l’on voudrait silencieux et invisibles en tout temps. Dans certaines villes du Québec, le règlement municipal interdit carrément de jouer dans la rue ! Il suffit alors d’un seul citoyen zélé pour que le droit au jeu des enfants soit bêtement sanctionné. Il n’y a parfois rien de plus petit que la bêtise des grands. Article écrit par Rima Elkouri et publié dans La Presse + le 29 septembre 2015. 4 Qu’est-ce que le jeu? Quelle est son importance? Pratiquement tous les adultes se souviennent, souvent dans les moindres détails, d’une activité de jeu précise de leur enfance. Lorsqu’on se rappelle une telle expérience, on s’exprime en termes de sentiments : liberté, force, contrôle et collégialité. On se rappelle comme si c’était hier des heures interminables et enchanteresses passées à jouer dans une cachette secrète; on se souvient de la caresse du vent, de la douceur de l’herbe, du craquement d’un escalier ou de l’odeur d’un grenier poussiéreux. Le jeu est une expérience significative hautement satisfaisante pour les enfants, qui chercheront à s’y consacrer entièrement et le plus souvent possible. Quiconque a déjà observé des enfants jouer sait qu’ils s’y investissent à fond et prennent l’activité très au sérieux. Même s’il s’agit d’une expérience aussi courante qu’universelle, le jeu est souvent difficile à définir précisément aux fins de recherches savantes multidisciplinaires. Il est paradoxal : sérieux et folichon, concret et imaginaire, apparemment inutile et pourtant essentiel au développement. Il agit comme ressort moral – un enfant continuera de jouer même dans les situations les plus traumatisantes – mais il est aussi fragile : les preuves s’accumulent selon lesquelles la privation à cet égard nuit au développement de l’enfant. Dans un examen réputé de la théorie du jeu et des travaux de recherche connexes, Rubin, Fein et Vandenburg rapprochent des définitions existantes en psychologie afin d’élaborer une définition consensuelle du comportement de jeu : sa motivation est intrinsèque; il est régi par les joueurs; on se soucie du processus plus que du produit; il n’est pas littéral; il est libre de règles imposées par un non participant; il se caractérise par l’engagement actif des joueurs. Ces caractéristiques sous-tendent désormais la plupart des travaux savants sur le jeu chez les enfants. Les études anthropologiques du jeu chez l’enfant se concentrent sur les relations complexes entre le jeu et la culture, comme les liens évidents qui existent entre le jeu et les rôles sociaux des adultes, et la façon dont le jeu crée une culture enfantine qui comporte ses règles précises et des rites de passage. Une des branches les plus fascinantes de la recherche dans ce domaine examine le sens du jeu pour les joueurs mêmes : les enfants en ont leur propre définition ainsi que leurs propres objectifs, aussi sérieux que pertinents. Dans une étude récente, les enfants définissent le jeu comme une activité qui se déroule avec des pairs ou des amis mais en l’absence d’adultes. Réunies, ces définitions lèvent légèrement le voile sur la complexité et l’ampleur du phénomène qu’est le jeu chez les enfants. Il existe de nombreuses formes de jeu chez les enfants, comme le jeu exploratoire, le jeu avec objets, le jeu de construction, le jeu physique (jeu sensorimoteur, jeu de bataille), le jeu dramatique (faire semblant 5 seul), le jeu sociodramatique (faire semblant avec des amis, aussi appelé jeu fantaisiste, faire semblant ou jeu symbolique), le jeu régi par des règles (préétablies et fixes) et le jeu à règles inventées (modifiables par les joueurs). Ces formes de jeu évoluent tout au long de la petite enfance, et les épisodes spontanés de jeu en combinent souvent plusieurs : une structure de cubes représentant un bâtiment mène tout naturellement à un jeu dramatique avec voitures miniatures et personnages. En outre, chaque type de jeu gagne en complexité pendant l’enfance. Ainsi, le jeu dramatique pour les très jeunes enfants qui le découvrent se limite à faire semblant – par exemple, de dire bonjour à grand-maman à l’aide d’un téléphone jouet – alors qu’à son apogée, juste avant que l’enfant n’entre à l’école, il se déroule sur de longues périodes et avec des pairs. La progression développementale observée dans les divers types de jeu reflète celle d’autres domaines; ainsi, le langage et le jeu symbolique surviennent environ au même âge chez les enfants du monde entier. Les enfants ne commencent à créer des jeux actifs régis ou non par des règles préétablies et à s’y adonner qu’après avoir acquis la force et la coordination nécessaires ainsi qu’une capacité de raisonnement concret. Centre du savoir sur l'apprentissage chez les jeunes enfants, Laissons-les s’amuser : l’apprentissage par le jeu chez les jeunes enfants, www.ccl-cca.ca/apprentissagejeunesenfants Le jeu comme outil pour créer du lien Lorsque j’ai décidé de proposer le jeu comme thème de ce bulletin, je n’avais pas pensé faire part de ce moment éducatif que j’ai eu la chance de vivre avec une petite fille de 2 ans et demie en contexte hospitalier. Pourtant, dans cette histoire, nous voyons l’importance que le jeu peut avoir pour créer un lien de confiance avec un enfant et à quel point cet outil peut être très puissant. Pour des raisons de confidentialité, j’ai changé le nom de cette petite fille. Lucie est une petite fille qui m’a énormément ému par son passé déjà lourd du bout de ses deux ans et demi, mais également par sa joie de vivre et sa gaieté. J’ai passé beaucoup de temps à travailler avec elle et encore plus à créer un lien de confiance et affectif avec elle. La première fois que j’ai rencontré Lucie, elle jouait au ballon avec une éducatrice dans la salle de jeu. Lucie semblait avoir déjà charmé l’éducatrice qui ne la quittait pas des yeux. Lucie ressemble à une petite princesse sortie d’un magazine de vêtements pour enfants. L’éducatrice me voit de loin et me fait signe de venir près d’elle. Elle me présente ensuite à Lucie, elle m’explique également le problème dont elle est atteinte et me décrit brièvement sa trajectoire de vie. Lucie entretemps avait commencé à tourner sur elle -même comme une toupie. L’éducatrice me demande alors de prendre soin de Lucie afin de pouvoir aller faire le rapport de la journée aux autres membres de l’équipe. 6 J’étais en présence d’une petite enfant que je n’avais jamais rencontrée et qui ne semblait pas prêter attention à moi. Comme j’avais vu l’éducatrice jouer au ballon avec elle, j’ai décidé de faire la même chose. J’ai alors commencé à faire glisser le ballon vers elle. Elle semblait s’en désintéresser et a frappé dedans avec son pied en tournant. Je me suis alors assis un peu plus loin d’elle à terre et j’ai attendu. J’ai pensé que l’obliger à jouer avec moi n’était peut-être pas l’idéal comme première approche. J’ai donc préféré me mettre à distance et m’assoir à terre comme elle pendant une vingtaine de minutes. Comme le dit si bien le renard au petit prince, dans le compte du même nom, lorsqu’il demande à être apprivoisé : « Il faut être patient. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… ». J’ai pris cette citation à la lettre. Dans le travail éducatif, je pense qu’il faut être créatif et je me suis lancé. Le premier jour nous sommes restés comme ça à distance. Le lendemain, je me suis rapproché un peu plus durant une vingtaine de minutes. Lucie jouait avec son ballon mais ne tournait plus comme une toupie. Le troisième jour, Lucie jouait encore avec son ballon. Est-ce par mégarde ou volontairement, le ballon lui a échappé des mains. J’ai été le rechercher et l’ai fait glisser vers elle. A fur et à mesure des jours, j’avais de plus en plus d’échanges de balle avec elle. J’ai pris le temps d’être observé par cette petite fille, le temps qu’elle s’adapte à moi, le temps de tenter de la rejoindre dans son « monde ». Voilà comment j’ai commencé à nouer un lien avec Lucie. Certains se diront qu’il m’a fallu du temps avant d’approcher cette petite fille. Et c’est vrai ! Mais Lucie est atteinte d’un trouble du spectre autistique. Elle a séjourné à plusieurs reprises en pédopsychiatrie (d’où le fait que l’éducatrice la connaissait déjà si bien) pour de longues périodes (6mois et plus) durant lesquels sa maman tentait de se soigner et la petite a à peine 2 ans et demi. Autant dire qu’elle n’a développé de lien de confiance qu’avec une infime poignée de personne. Avec Lucie, j’ai été privé de la communication verbale même si de mon côté je lui parlais mais sans réellement savoir si elle me comprenait ou non. J’étais également en face d’une petite fille qui vivait dans un monde sensoriel différent du mien. Les semaines qui ont suivis, elle a commencé à montrer des signes d’affection pour moi ainsi que les autres membres de l’équipe. Elle ne criait plus lorsque nous la prenions dans nos bras pour la déplacer de la salle de jeu à sa chambre. À la fin de son hospitalisation, elle nous serrait dans ses bras. Suite au lien que j’ai développé avec elle, j’ai pu travailler son développement psychomoteur. En arrivant à l’hôpital, Lucie ne savait pas marcher et ne se tenait pas debout. Elle me laissait lui tenir les mains afin de lui apprendre à marcher. 6 mois plus tard, après avoir marché des kilomètres et des kilomètres dans les couloirs en la tenant par les mains, elle commençait presque à marcher seule. Jean-Pascal, agent de prévention. 7 L'évolution du jeu par tranche d’âge PLAGE D’ÂGE DE SON TYPE DE JEU DESCRIPTION Jeu exploratoire/jeu avec objets/jeu sensoriel Les très jeunes enfants découvrent des objets et des milieux : ils touchent, sucent, lancent, frappent et serrent. Le jeu sensoriel se manifeste dans les premières tentatives de l’enfant de se nourrir seul. En vieillissant, ses expériences de jeu sensoriel sont intensifiées par des matières comme la pâte à modeler, la glaise et la gouache. Jeu dramatique (faire semblant seul) Pendant leurs premières années, bien des jeunes enfants passent beaucoup de temps à faire semblant par eux-mêmes. Ils s’inventent des scénarios où ils incarnent plusieurs rôles à la fois, habituellement en utilisant des jouets ou d’autres accessoires (poupées, voitures miniatures, figurines, etc.). En vieillissant, les enfants inventent seuls des univers entiers, souvent à l’aide de vastes collections de petits objets ou de figurines. De 3 à 8 ans Jeu de construction Les enfants commencent à construire à l’aide de produits commerciaux (Lego, Meccano, cubes), avec des matériaux qu’ils trouvent et recyclent (boîtes de carton, tubes de plastique) ou à partir de toute une gamme de produits modelables (glaise, pâte à modeler) et, en vieillissant, peuvent passer de longues heures à monter des maquettes commerciales complexes. Ils s’adonnent à ces jeux seuls ou en groupe, en y intégrant souvent un jeu dramatique ou sociodramatique. De 3 à 8 ans Jeu physique Le jeu sensorimoteur commence lorsqu’un bébé se rend compte qu’il peut faire bouger des objets (frapper les pendeloques d’un mobile, ramper pour attraper un ballon qui roule, etc.). Avant l’entrée à l’école, le jeu physique consiste souvent en un jeu de bataille, une forme unique de jeu social surtout populaire chez les garçons. Le jeu de bataille correspond à une série de comportements adoptée par les enfants lorsqu’ils se bagarrent pour s’amuser, et que les adultes considèrent par erreur comme une forme d’agression. Les enfants d’âge préscolaire les plus âgés s’adonnent à des activités physiques vigoureuses et sondent leurs propres limites en courant, en grimpant et en sautant, seuls ou en groupe. Ce type de divertissement devient souvent spontanément un jeu avec des règles inventées. De 3 à 8 ans Jeu sociodramatique Il s’agit du faire semblant avec des pairs : les enfants incarnent un rôle social et s’inventent des scénarios de plus en plus complexes, qu’ils exécutent avec un petit groupe d’amis. De 3 à 6 ans Jeu régi par des règles Les enfants commencent à s’adonner en groupe à des jeux officiels qui ont des règles préétablies et fixes (cartes, jeux de table, soccer, hockey, etc.). 5 ans et plus Jeu à règles inventées Les enfants inventent leurs propres jeux ou modifient les règles de jeux traditionnels au sein de leur propre groupe (jeu du chat, cachecache, ballon chasseur, marelle, etc.). De 5 à 8 ans INCIDENCE PRINCIPALE De la naissance à 36 mois Centre du savoir sur l'apprentissage chez les jeunes enfants, Laissons-les s’amuser : l’apprentissage par le jeu chez les jeunes enfants, www.ccl-cca.ca/apprentissagejeunesenfants 8 Quelques paroles d’enfant « Un résistant, c’est une personne qui résiste vraiment à tout, même au gâteau ! », Milian, 6 ans. Une institutrice demande aux enfants de se ranger deux par deux. Une petite fille regarde ses copines un peu paniquée puis lui dit : « Est-ce que l'on peut se ranger deux par trois ? », Lucie, 5 ans. Un papa épluche une pomme et la donne à son fils. Il s'exclame: « Ma pomme s'est déshabillée ! », Léo, 4 ans. Florence regarde sa boîte de crayon de bois : « Il est chanceux le crayon blanc, il vit plus longtemps que les autres.», Florence, 7 ans. « Hier on a mangé du mais et avant on les a épilé. », Raphaël, 6 ans. Quelques citations Les enfants ne jouent pas pour apprendre, même s’ils apprennent en jouant. Source : M. Kalliala, Play Culture in a Changing World, 2006, p. 20. Les jeunes enfants apprennent ce qui importe le plus non pas par des explications, mais bien en développant eux mêmes leurs connaissances par une interaction avec le monde physique et avec d’autres enfants, et ce, par le jeu. Source : E. Jones et G. Reynolds, The play’s the thing : Teachers’ roles in children’s play, 1992, p. 1. Favoriser le jeu chez l’enfant ne consiste pas simplement à déclarer que le jeu est important. Lorsque la culture du jeu enfantin, qui ne survient pas naturellement, est prise au sérieux, les conditions optimales sont créées avec soin pour l’encourager. Il faut prévoir du temps et des espaces pour le jeu et offrir une stimulation mentale et matérielle abondantes à l’enfant. Créer un milieu de jeu riche, c’est créer un bon milieu d’apprentissage pour les enfants. Source : M. Kalliala, Play Culture in a Changing World, 2006, p. 139. Bonne fête aux enfants, petits et grands. Prenez le temps de vous arrêter et savourez tous les bons moments qui s’offrent à vous. Amusez-vous ! Faites des folies ! Retrouvez votre cœur d’enfant ! 9