Amsterdam 2009 : des larmes aux larmes …

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Amsterdam 2009 : des larmes aux larmes …
Amsterdam 2009 : des larmes aux larmes …
Après Bruxelles en 2007 et Echternach en 2008, j’avais cette année jeté mon dévolu sur la
capitale batave pour mon marathon annuel. Pourquoi Amsterdam ? Tout simplement parce
que c’est une ville à un jet de pierre de la Belgique et surtout que son tracé est plat
comme le dos de la main. Aux Pays-Bas, le plus grand ennemi, c’est le vent et
malheureusement contre ca, on ne peut pas grand chose …
La préparation de 9 semaines a débuté au retour de vacances le 16 août et a comporté 35
séances pour un total de 435 kilomètres. Pas de gros bobo à déplorer mais une préparation
intensive qui impose bien des sacrifices comme se lever tous les dimanches matin à 6H30
pour la longue sortie du WE ou aligner les tours de piste à Fleurus.
Alain Van Bergen, le coach de Fleu m’avait concocté un plan d’entraînement aux petits
oignons qui, même s’il m’apparaissait bien difficile de prime abord, s’est révélé parfait à
l’usage … Qu’il trouve ici l’expression de toute ma gratitude.
3 jours avant l’épreuve, ce fut le moment d’attaquer le régime dissocié. Des pâtes sous
toutes leurs formes, du poulet froid, du poisson et le Malto composent tous les menus. Il
n’est en effet pas question de foutre en l’air 9 semaines de prépa par une alimentation peu
étudiée.
Samedi matin, c’est le départ pour la capitale batave. Après un trajet longuet en raison de
ralentissements récurrents, nous voici arrivés et on se rend immédiatement au Sporthal
pour y retirer nos dossards. Tout est parfaitement organisé et 30 minutes plus tard, nous
déposons déjà nos bagages à l’hôtel.
C’est l’heure de partir à la découverte de la ville : les canaux, la stadhuis, la museumplein
avec une visite du Rijksmuseum où on a pu admirer les toiles de Rembrandt et de Vermeer.
De retour à l’hôtel vers 19H, on se met en quête d’un restaurant italien pour les dernières
pâtes. On reprend le tram et on découvre Amsterdam by night, une ville cosmopolite où les
coffee shops ( je comprends mieux désormais l’expression « ik ben het beu ») alternent au
restaurants italiens et indonésiens.
La dernière ration de spatoches engloutie, retour à l’hôtel et extinction des feux. La nuit se
passe bien et il est 7H quand je me réveille. En me levant, je regarde mes jambes et les
supplie intérieurement de m’emmener 42195 mètres plus loin. Un coup d’œil par la
fenêtre, le ciel est bleu et le vent est inexistant, les conditions sont donc idéales. Nous
descendons déjeuner puis quittons l’hôtel pour nous rendre vers le stade olympique. Les
transports en commun sont pris d’assaut par les joggeurs au point qu’on ne nous fait pas
payer le trajet. On dépose les bagages à la voiture qu’on avait garée là et les sacs à la
consigne. Tout est encore parfaitement organisé. C’est l’heure pour moi de partir pour 15
minutes d’échauffement et, à mon retour, il est déjà temps de rejoindre la ligne de départ
dans le stade olympique. Je salue mes proches et pars rejoindre mon box. A l’intérieur du
stade, la foule est immense, les gradins sont remplis de supporters et la sono beugle les
derniers messages entre deux morceaux de techno… Plus que 10 minutes, 5 et hop, c’est
parti…
Je me mets en route calmement et sors du stade olympique. Spontanément, les larmes me
viennent aux yeux car je sais que je suis parti pour 42 bornes de souffrance. Je vise un
temps de 3H45 et regarde ma Garmin pour voir si je suis dans le bon tempo… je suis trop
vite ! Pour atteindre mon objectif, je dois tourner en 5’19 au kilomètre et donc en 26’35
par 5 kilomètres.
Les premiers 5 kilomètres sont atteints en 25’46… J’ai déjà pratiquement une minute
d’avance sur le tempo fixé. J’essaie de ralentir mais n’y arrive pas. J’ai de bonnes
sensations et même si l’allure est plus rapide que celle que j’étais fixée, j’ai une
impression de facilité que je ne soupçonnais pas.
La deuxième tranche de 5 kilomètres est atteinte en 25’34… C’est encore plus rapide que
les 5 premiers. J’ai peur de le payer plus tard mais ne ressens ni douleur ni essoufflement.
La troisième tranche est encore plus rapide (25’17). On est sorti d’Amsterdam et on longe
le canal de l’Amstel. Le vent est présent mais c’est plus une légère brise qu’un zéphyr à
décorner les bœufs…
J’atteins le 20 ieme kilomètre en 1H42’07 soit avec pratiquement 4 minutes d’avance sur le
planning prévu. Je me sens toujours très bien et cours désormais sur un sentier tracé à coté
de l’asphalte afin de préserver mes chevilles et tendons un maximum. Je passe au semi en
1H47’48.
Je me dis que les choses sérieuses vont commencer. Assez bizarrement, je suis toujours
aussi «facile». Le 25ieme est atteint en 2H07 et j’ai encore couru les 5 derniers avec une
belle marge d’avance sur le tempo initial. Au 28ieme, première alerte, je sens un
tiraillement dans l’ischio de la cuisse droite. Je prie pour qu’il tienne, il serait
particulièrement cruel, alors que je suis si bien, de devoir abandonner sur blessure.
J’entrevois le portique du 30 ieme… Incroyable, j’ai parcouru les derniers 5 kilomètres en
26’14 et gagne encore du temps. J’ai 5 minutes d’avance et je me dis qu’il n’y a plus qu’à
gérer. Les kilomètres commencent à être beaucoup plus longs, les jambes se raidissent et
ca tiraille un peu partout maintenant. J’atteins le 35ieme après 27’20 supplémentaires
mais je suis toujours largement dans les temps. Pour ravitailler au 35ieme, je dois marcher
3 pas et c’est incroyablement difficile. Je me remets vite à courir car j’ai peur de ne pas
savoir repartir si je m’arrête trop longtemps. 36, 37, 38… on repasse devant le
Rijksmuseum et on rentre à nouveau dans le parc Vondel. Je tourne désormais à du 5’40 au
kilomètre, j’ai mal partout mais je pense à Paul, un marathonien exemplaire du club de
Fleurus et je me dis que je ne peux pas arrêter…
Enfin, voici le quarantième, cela fait 3H29’08 que je cours et je sais qu’à moins d’une
blessure, c’est gagné. La foule immense est massée derrière les barrières nadar. Enfin, je
rentre dans le stade et passe au 42ieme. Le stade est comble et une clameur accompagne
chaque marathonien qui y rentre. Cela me colle des frissons pas possibles. Je me vois sur
l’écran géant et lève les bras au ciel. 3H41’39… C’est inespéré, l’émotion me saisit et je
pleure comme un enfant des larmes de joie.
A J+1, mes remerciements vont à Alain, J-F et Paul pour les conseils et l’exemple qu’ils
constituent chacun à leur façon, à tous ceux qui m’ont adressé des SMS d’encouragements
et de félicitations et surtout à mon entourage qui a compris depuis bien longtemps que je
cours pour me sentir vivant …
Up to Firenze 2010 où je viserai 3H30…
Olivier Moreaux