Les oiseaux d`eau d`Andalousie et du Maroc (PDF
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LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC INTRODUCTION Dans le cadre du second appel à projets du Programme opérationnel de coopération transfrontalière Espagne-Frontières extérieures (POCTEFEX), on a approuvé le projet appelé Développement Durable de l’Espace Transfrontalier Réseau Natura 2000 et Habitats de haut intérêt commun Andalousie-Maroc, dont l’acronyme est TRANSHABITAT. TRANSHABITAT est un projet qui surgit de la nécessité évidente d’unifier les critères de gestion sur les deux rives du Détroit de Gibraltar, surtout dans les Habitats de haut intérêt communs. L’objectif principal du projet est la mise en valeur des Habitats d’intérêt commun entre l’Espagne et le Maroc et l’élaboration de stratégies de gestion y conservation communes. En même temps c’est un excellent point de départ pour générer un développement socioéconomique et de gestion agricole et de l’élevage durable. TRANSHABITAT inclut, entre autres, un projet sur l’importance des zones humides du nord du Maroc pour la conservation des Oiseaux d’eau menacés de l’Andalousie. Les zones humides du Maroc ont une importance vitale pour les oiseaux d’eau, en particulier pour certaines espèces considérées « En danger d’extinction » selon le Catalogue andalou des espèces menacées (Décret 23/2012, du 14 février), comme la foulque caronculée (Fulicula cristata) ou la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris). Ces espèces accusent un déclin très rapide ces dernières années. Pour compléter leur cycle vital elles dépendent étroitement des zones humides marocaines qui peuvent constituer un refuge quand les conditions environnementales sont défavorables en Espagne (Amat & Varo 2004; Green et al., 2002; Varo 2007). Étant donné cette interdépendance des zones humides andalouses et marocaines, il est nécessaire de connaître le statut des populations d’oiseaux d’eau au Maroc afin de promouvoir leur conservation en coordination avec les administrations marocaines et andalouses. Ce travail présente les résultats du suivi des oiseaux d’eau dans les zones humides de l’Andalousie au cours de la période 2004-2013, avec une évaluation de l’état des populations. De plus il inclut les résultats d’un travail réalisé par le Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM) sur l’état des populations d’oiseaux d’eau dans les principales zones humides du nord du Maroc, comme point de départ pour une analyse conjointe des flux et mouvements des oiseaux entre les deux régions et la création d’un Réseau de suivi intercontinental. Laguna de Fuente de Piedra (MA). Photo: José Miguel Ramírez LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC 4 Crabier chevelu Ardeola ralloides 16 Fuligule nyroca Aythya nyroca 18 Sarcelle marbrée Marmaronetta angustirostris 20 Érismature à tête blanche Oxyura leucocephala 22 Foulque caronculée Fulica cristata 24 Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus 26 Spatule blanche Platalea leucorodia 28 Flamant rose Phoenicopterus roseus 30 LES OISEAUX D’EAU AU MAROC 32 CONCLUSIONS 40 BIBLIOGRAPHIE ET ACRONYMES 42 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE CONTEXTE RÉGIONAL Le suivi des oiseaux d’eau en Andalousie au cours des dix dernières années (2004-2013) a permis d’améliorer les connaissances sur l’état de conservation de l’avifaune aquatique des zones humides andalouses. Grâce à la systématisation continue des données récoltées pour tout le territoire étudié, on a obtenu une série temporelle suffisamment longue et de qualité. On a pu ainsi établir les tendances interannuelles, ce qui a permis de mieux comprendre les processus déterminant les variations des populations d’oiseau d’eau et les dynamiques de ces écosystèmes complexes. L’Andalousie possède l’un des patrimoines naturels les plus importants de la péninsule Ibérique, avec 247 espaces pour une superficie totale d’environ 2,8 millions d’hectares dont 2,7 millions situés à l’intérieur des terres (ce qui représente environ 30,5 % de la superficie de l’Andalousie), le reste correspondant à des espaces maritimes. Ces divers espaces protégés forment le Réseau d’espaces naturels protégés d’Andalousie (RENPA), qui est le réseau le plus important de l’Union européenne tant par son étendue que par le nombre de sites qui le composent. Il y a actuellement en Andalousie 200 zones humides dont 25 figurent sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale, avec une superficie total de 143 138, 81 hectares. Zones humides recensées Espaces naturels protégés La Communauté autonome d’Andalousie possède également le patrimoine naturel le plus riche et le mieux conservé en zones humides littorales et intérieures de toute l’Espagne (il représente 17 % du total des zones humides et environ 56 % de la superficie de celles-ci) et de l’Union Européenne. L’ANDALOUSIE POSSÈDE UN TOTAL DE 200 ZONES HUMIDES, DONT 25 FIGURENT SUR LA LISTE RAMSAR Les écosystèmes andalous sont hétérogènes avec, par exemple, des marais salants, des lagunes endoréiques ou des zones humides artificielles comme les retenues de barrages ou les bassins d’eau d’irrigation. À cette variabilité des milieux est associée une grande variabilité des communautés d’oiseaux d’eau (Green & Figuerola, 2003). 4 Le Plan andalou des zones humides (PAH), adopté par la décision 4/11/2002 de la Direction générale du RENPA et des Services à l’environnement, est un document cadre pour la planification, l’aménagement et la gestion des zones humides andalouses. Il établit les principes et les critères de gestion, les programmes sectoriels, les actions prioritaires et les procédures nécessaires pour conjuguer le respect de l’intégrité écologique des zones humides et l’utilisation durable des ressources naturelles (CMA 2004). Une des activités principales du PAH a été la mise en œuvre du Plan andalou des oiseaux d’eau, qui a permit d’établir un programme de suivi des populations d’oiseaux d’eau dans les zones humides les plus importantes de l’Andalousie. Ce plan est nécessaire vu l’importance nationale et internationale de la région Les oiseaux d’eau en Andalousie Laguna de Caja (MA). Photo: José Miguel Ramírez de l’Andalousie en tant qu’habitat et zone d’hivernage d’une avifaune aquatique nombreuse et diversifiée. Par ailleurs, il est fondamental d’assurer la continuité du suivi dans le temps, pour favoriser la conservation et la gestion de l’avifaune associée aux zones humides. Les oiseaux aquatiques, et en particulier les espèces menacées, sont considérés comme des bioindicateurs de l’état de conservation des zones humides, car les fluctuations de leurs populations sont étroitement reliées aux variations de l’habitat. C’est en ce sens qu’en 2003 a été créée une équipe de suivi, principalement constituée par des membres du ministère régional de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire (CMAOT), avec l’appui de la station biologique de Doñana (EBD-CSIC) pour les comptages dans l’Espace Naturel Doñana (END). Depuis 2013, la station ornithologique de Padul ainsi qu’une équipe de la mairie de Motril réalisent les comptages dans deux zones de la province de Grenade, respectivement Turberas de Padul et Charca Suárez. Cette équipe de suivi est responsable de la collecte continue et régulière d’informations sur les zones humides et leur avifaune, avec comme objectif la mise au point d’un outil efficace pour la gestion des principaux espaces naturels andalous. Le programme inclut un suivi de 150 à 200 zones humides différentes (en fonction du type de dénombrement et des conditions hydriques) ce qui a permis de recueillir pendant ces dix dernières années des données sur 146 espèces d’oiseaux d’eau hivernants et jusqu’à 63 espèces nicheuses dans les zones humides prospectées. Le Gouvernement andalou, à l’issue de son conseil du 13 mars 2012, a approuvé le Plan de récupération et de conservation des oiseaux des zones humides qui prévoit des mesures visant la récupération des populations de huit espèces d’oiseaux d’eau menacées, à travers la réduction des menaces et la conservation de leurs habitats actuels et de leurs éventuelles aires d’expansion. Le Plan inclut notamment une espèce classée « vulnérable » (VU), le balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) et sept « en danger d’extinction » (EN) : le butoir étoilé (Botaurus stellaris), la guifette noire (Chlidonias niger), la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris), le fuligule nyroca (Aythya nyroca), l’érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala), la foulque caronculée (Fulicula cristata) et le crabier chevelu (Ardeola ralloides). DES DONNÉES SONT DISPONIBLES SUR 146 ESPÈCES D’OISEAUX HIVERNANTS ET JUSQU’À 63 NICHEURS POUR LA PÉRIODE 2004-2013 5 Les travaux réalisés dans le cadre des programmes de suivi de la faune du CMAOT ont démarré en 2003 et ont porté sur la réalisation annuelle de : • Cinq dénombrements coordonnés au niveau national pour la sarcelle marbrée, le fuligule nyroca, la foulque caronculée et l’érismature à tête blanche. • Un suivi intensif de la reproduction des oiseaux d’eau menacés, entre le mois de mars et le mois de septembre. • Un dénombrement de mi-janvier des oiseaux d’eau hivernants coordonné par Wetlands International (Delany et al., 1999). Cette publication offre les résultats de ce suivi pour la période 20042013 en mettant l’accent sur les espèces menacées incluses dans le Catalogue andalou des espèces menacées (Décret 23/2012) et dans le Plan andalou de récupération et de conservation des oiseaux d’eau. Elle propose également quelques données sur deux espèces suivies à long terme par le CMAOT : la spatule blanche (Platalea leucorodia) et le flamant rose (Phoenicopterus roseus). LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC MÉTHODOLOGIE Pour le suivi des oiseaux d’eau, des comptages directs ont été réalisés à partir d’une série de points de recensement préalablement sélectionnés et visités périodiquement afin de pouvoir dégager les tendances. Une attention spéciale a été accordée à l’homogénéisation des conditions lors des recensements (lumière, heures, marée, etc.) et les comptages ont été réalisés à l’aide d’instruments optiques (jumelles 10 x et télescopes terrestres 20-60x) (CMA 2011). Les dénombrements ont permis de déterminer des variables comme l’abondance (nombre d’oiseaux, nombre de couples) et la richesse (nombre d’espèces observées) aussi bien dans le cas des espèces hivernantes que des nicheuses. Les tendances des populations ont été analysées avec le logiciel statistique TRIM (Trends and Indices for Monitoring Data, Pannekoek 2008) en raison de sa fiabilité pour obtenir des conclusions statistiquement significatives (Van Strien et al., 2004). Ce programme génère un modèle mathématique de la tendance de la population à partir des résultats annuels, fournit des pourcentages estimatifs d’augmentation ou de diminution annuelles de la population, y compris dans le cas de séries temporelles incomplètes et calcule la signification statistique du modèle. La marge d’erreur standard de la tendance définit si le modèle est fiable et significatif : c’est ainsi que si elle est supérieure à 0,02, il faudra considérer les résultats avec prudence et ne pas les considérer comme définitifs. Il convient de prendre en compte que ces tendances doivent être appréciées avec précaution en fonction du nombre d’années de suivi dont on dispose et que le pourcentage d’augmentation ou de diminution détecté par le programme n’a qu’une valeur indicative pour les comparaisons futures des tendances populationnelles. Afin d’analyser les espèces possédant les mêmes exigences alimentaires et d’habitat, on a considéré neuf groupes trophiques conformément aux critères taxonomiques : flamants (Phoenicopteridae), hérons et cigognes (Ardeidae, Ciconiidae, Threskiornithidae et Gruidae), limicoles (Haematopodidae, Recurvirostridae, Burhinidae, Glareolidae, Charadriidae Scolopacidae et Alcedinidae), goélands et sternes (Stercorariidae, Laridae, Sternidae, Alcidae, Procellariidae et Hydrobatidae), foulques et espèces affines (Rallidae), anatidés (Anatidae), grèbes et espèces affines (Podicipedidae et Gaviidae), rapaces (Pandionidae, Falconidae et Accipitridae) et cormorans (Sulidae et Phalacrocoracidae). Les données de reproduction analysées incluent la série 2007-2013 pour toutes les espèces et 2004-2013 seulement pour les espèces qui figurent dans le Catalogue andalou des espèces menacées car on ne dispose pas de données concernant toutes les espèces de Doñana pour la période 2004-2006. Des modèles linéaires généralisés (GLM) ont été appliqués pour analyser la relation entre données populationnelles et précipitations au niveau de la zone. En ce sens, on a pris pour référence les précipitations recueillies à l’END (données de l’équipe de suivi des processus naturels de la station biologique de Doñana ESPN-EBD), vu qu’il s’agit de la zone humide la plus importante d’Andalousie pour les oiseaux d’eau. Les données pluviométriques ont été regroupées en années hydrologiques et pour chaque printemps, on a inclut les précipitations cumulées du 1er septembre de l’année précédente au 31 août de l’année concernée. 6 Les oiseaux d’eau en Andalousie Photo: Antonio Atienza 7 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC RÉSULTATS Reproduction La période de reproduction est la plus délicate et importante pour les oiseaux. De fait, les paramètres de reproduction à moyen et long terme ont été retenus pour établir la catégorisation des espèces (UICN, 2012). La période de suivi a été suffisamment longue pour offrir une vision générale des variations spatio-temporelles des zones humides andalouses, qui a permis de comprendre les fluctuations des communautés d’oiseau d’eau et d’établir les tendances des populations. Cette information constitue un outil efficace pour la mise en place de mesures de conservation. LA POPULATION NICHEUSE D’OISEAUX D’EAU AUGMENTE ANNUELLEMENT DE 0,6 % PENDANT LA PÉRIODE 20072013 Les résultats obtenus ont révélé qu’en général, les principales zones humides d’Andalousie présentent un bon état de conservation et hébergent en moyenne presque 70 000 couples nicheurs (maximum de 103 107 en 2011) de jusqu’à 63 espèces différentes. La tendance pour la période 2007-2013, est légèrement positive (augmentation de 0,6 % annuelle) dans le cas de l’abondance de couples et stable quant à la richesse en espèces pour cette même période. L’END accueille entre 22 et 49 % du nombre total de couples nicheurs. Le reste des zones humides andalouses montre en général une tendance positive avec une augmentation annuelle de 2,8 % pour la période 2004-2013. Néanmoins certaines zones humides présentent une tendance négative en ce qui concerne l’abondance des couples nicheurs et/ou la richesse en espèces. Entre autres variables externes ayant un impact sur l’évolution des zones humides, on a évalué l’influence des précipitations au cours des mois précédant la période de reproduction. En ce sens, on a observé que les fluctuations annuelles et interannuelles sont positivement reliées aux apports de pluie, qui expliquent 65 % de la variation du nombre de couples nicheurs. Au cours des dernières années, suite à une période de sécheresse, certaines espèces de l’END ont commencé à se disperser hors des limites de cet espace, à la recherche de ressources alimentaires et d’un habitat plus favorable à leur reproduction. C’est le cas de nombreuses espèces d´ardéidés et de threskiornithidés qui, d’année en année, fondent de nouvelles colonies en dehors de Doñana. L’absence de précipitations peut faire disparaître temporairement certaines lagunes endoréiques intérieures ; il s’agit toutefois d’un phénomène naturel. Avec le retour des pluies, l’abondance de végétation aquatique des lagunes attire de nombreuses espèces d’anatidés et de rallidés qui viennent profiter de cette ressource trophique. Photo: Antonio Atienza 8 Les Las oiseaux aves acuáticas d’eau en enAndalousie Andalucía Groupes trophiques et espèces Étant donné le grand nombre d’espèces qui ont fait l’objet du suivi, l’analyse par groupes trophiques est la meilleure approche pour déterminer la situation d’espèces ayant des exigences trophiques et des habitats similaires. Au cours de la période 20072013, des tendances différentes en fonction du groupe trophique ont été constatées. Les flamants (+25,4 %), les grèbes (+2,2 %), les anatidés (+2,1 %) et le groupe des hérons et des cigognes (+1,8 %), présentent des tendances très positives ce qui, compte tenu de leur forte contribution au niveau régional, pourrait expliquer la tendance à la hausse des effectifs reproducteurs andalous. Cependant, concernant les foulques (-9,8 %), les goélands (-3,9 %) et les limicoles (-1,1 %), les tendances sont négatives pour cette même période ce qui prouve le besoin d’identifier les causes pouvant expliquer ce déclin et de mettre en place des actions visant à inverser cette tendance. L’analyse par espèce révèle que sur les 63 espèces nicheuses qui ont été repérées en Andalousie, 29,7 % (n = 19) montrent une tendance positive, avec des augmentations importantes ou modérées, comme par exemple le flamant rose, le tadorne de Belon (Tadorna tadorna) ou l’ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), 15,6 % une tendance stable (n = 10) [par exemple, le héron pourpré (Ardea purpurea) ou la nette rousse (Netta rufina)] et 16,2 % (n = 11) une tendance négative, avec un déclin fort ou modéré [par exemple l’avocette élégante (Recurvirostra avosetta) ou le petit gravelot (Charadrius dubius)]. Le reste des espèces (n = 23) ne montre aucune tendance nette. Sur les 63 espèces d’oiseaux d’eau, huit sont classées « menacées » en Andalousie (sept « EN » et une « VU ») par le Décret 23/2012 du Gouvernement régional d’Andalousie et incluses dans le Plan de récupération et de conservation des oiseaux des zones humides. Par ailleurs, 35 autres espèces ont été incluses dans la Liste andalouse des espèces sauvages spécialement protégées (LESPE). Cependant, concernant les espèces menacées (EN et VU), on n’a pas pu, dans la plupart des cas, dégager de tendances significatives car il s’agit de reproductions discontinues et Lagunas de Campillos (MA). Photo: José Miguel Ramírez 9 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC inhabituelles et, par conséquent, il serait nécessaire de compter sur des séries temporelles plus longues qui permettraient d’établir des tendances fiables. Le nombre de couples nicheurs de butor étoilé augmente légèrement pendant la période 2004-2013; pour le crabier chevelu et l’érismature à tête blanche, la tendance demeure stable pendant cette même période alors que pour la sarcelle marbrée une légère diminution est constatée. humides seulement (END, marais de Trebujena-Sanlúcar (CA) et marais salants de Cerrillos (AL). La plupart des zones humides qui présentent des fortes concentrations doiseaux d’eau, se trouvent dans la vallée du Guadalquivir et sur la bande côtière andalouse. À l’intérieur des terres, les lagunes endoréiques constituent des zones humides importantes mais avec une grande variabilité Laguna de Lobón (MA). Photo: José Miguel Ramírez Répartition par zones humides L’analyse par zones humides met en évidence que la majorité des nicheurs se concentrent dans quelques sites. Cinq zones humides accueillent plus de 80 % des couples, notamment l’END, avec une moyenne de 37,4 % du total (soit 28 090 couples dénombrés en moyenne) et la lagune de Fuente de Piedra, dont l’abondance est conditionnée par la population reproductrice de flamants roses. Ce phénomène de concentration sur certains sites est plus prononcé pour les espèces menacées, pour lesquelles 80 % des effectifs nicheurs se concentrent dans trois zones des effectifs nicheurs en fonction des disponibilités hydriques, tandis que les zones humides artificielles (retenues de barrages, bassins d’irrigation, stations d’épuration d’eaux usées, etc.), certes moins nombreuses, constituent l’habitat préféré de certaines espèces menacées. LES COUPLES D’OISEAUX D’EAU SE CONCENTRENT SURTOUT DANS LES ZONES HUMIDES DE LA VALLÉE DU GUADALQUIVIR ET DE LA BANDE CÔTIÈRE ANDALOUSE Grâce à leur hétérogénéité, les écosystèmes andalous offrent de très nombreux sites de nidification à l’avifaune aquatique. C’est ainsi que l’on constate que, dans les estuaires 10 des principaux fleuves et rivières (Guadalquivir, Odiel, Guadiana ou Guadalhorce), se forment des plaines d’inondation ou des marais littoraux où se concentrent la plupart des communautés d’oiseaux d’eau. Ces estuaires représentent un habitat favorable d’autant plus que ce sont de vastes aires jouissant d’un statut de protection nationale ou internationale. En ce sens, le meilleur exemple est Doñana qui, par son étendue et son niveau de protection, accueille les principales colonies de hérons, mais aussi une importante colonie de flamants pendant les années les plus humides. C’est ainsi que certains printemps, ce territoire est arrivé à héberger presque la moitié des couples reproducteurs d’Andalousie. Pendant les années de sécheresse, les marais littoraux atlantiques (marais de l’Odiel ou de la baie de Cadix) ne constituent pas un habitat aussi favorable que les marais de rivière, mais ils possèdent cependant l’avantage de ne pas dépendre des apports hydriques de la pluie et représentent par conséquent un refuge pour certaines espèces dont les zones habituelles de reproduction n’offrent plus des conditions optimales. Par exemple, le flamant rose a niché pour la première fois dans les marais de l’Odiel après l’assèchement de ses principales aires de reproduction : la lagune de Fuente de Piedra et Doñana. La plupart des zones humides où les comptages ont été réalisés comprennent des zones transformées par certaines utilisations anthropiques (marais salants, élevages piscicoles, bassins d’irrigation, stations d’épuration, etc.). Ces zones ont également fait l’objet d’un suivi qui a fourni une information précieuse pour améliorer leur gestion. Lorsqu’ils sont bien conçus et gérés, ces Les oiseaux d’eau en Andalousie aménagements peuvent représenter une opportunité de diversification des habitats naturels disponibles et offrir de nouvelles aires de nidification. Les micro-invertébrés qui peuplent les bassins hypersalins des salines de Cabo de Gata, de la baie de Cadix ou des marais de l’Odiel constituent une source de nourriture fondamentale et sont la base alimentaire d’espèces comme le grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis) ou le flamant rose qui parcourent de grandes distances pour s’y alimenter. jouent un rôle fondamental dans l’amélioration des conditions de reproduction de certaines espèces très menacées. Des espèces comme le crabier chevelu ou la guifette noire ont besoin de s’intégrer dans des colonies composées d’autres espèces moins menacées et en bonnes conditions, au sein desquelles elles peuvent assurer le succès de leur reproduction. À titre d’exemple, le crabier chevelu rejoint les colonies d’ardéidés des marais Par ailleurs, des nouvelles mesures de conservation visant notamment l’amélioration des conditions de l’habitat de reproduction des espèces les plus menacées ont également été proposées. Hivernage Mis à part la migration, la plus grande abondance d’oiseaux d’eau en Andalousie se produit pendant la phase phénologique correspondant La plupart des couples recensés se trouvaient dans des espaces jouissant de statuts de protection divers car les zones humides retenues pour le suivi à long terme étaient déjà protégées au début du programme. Les informations récoltées démontrent que la protection permet de corriger les menaces préexistantes et fournissent un meilleur cadre de travail (financier, propriété publique, etc.) pour y mettre en œuvre des actions d’amélioration de l’habitat qui se traduisent par une abondance et une richesse accrues. Marismas del Odiel (HU). Photo: Jesús Chaves Le suivi a également joué un rôle essentiel dans l’évaluation de l’efficacité des actions de conservation menées à bien sur le milieu et l’avifaune pendant la période d’étude. Par exemple, dans l’embouchure du Guadalhorce, l’abondance et la richesse en oiseaux d’eau se sont améliorées à partir de 2003, après une série d’actions de restauration de la zone humide. C’est ainsi que l’érismature à tête blanche s’est établie dans cette zone humide, par ailleurs devenue l’un des principaux sites de reproduction de l’espèce. De toute évidence, le plus grand nombre de couples reproducteurs correspond à des espèces coloniales dont les ardéidés, les goélands, les sternes ou le flamant rose. Ces sites de reproduction de Trebujena (CA), de la lagune de Los Prados (MA) ou la colonie de Dunas de l’Odiel (HU). L’accent a également été mis sur l’identification des menaces qui pèsent sur le milieu ou directement sur les espèces. La menace principale est la modification ou la destruction de l’habitat, plus concrètement les modifications du régime hydrique ou les transformations de la végétation en bordure ou de la flore submergée (surtout des macrophytes) qui s’avèrent fondamentales pour le succès de la reproduction des oiseaux d’eau. Les espèces exotiques, les lignes électriques dangereuses ou l’impact des herbivores constituent d’autres menaces repérées. 11 à l’hivernage. Les comptages qui ont été réalisés dans le cadre des programmes de suivi de la faune du CMAOT incluent le dénombrement des oiseaux d’eau, réalisé à la mijanvier et organisé par Wetlands International, en coordination avec le reste des régions paléarctiques. L’Andalousie accueille chaque année une moyenne d’environ 740 000 oiseaux d’eau hivernants, représentant 146 espèces différentes. Même si les efforts de comptage ont été les mêmes chaque année, toutes les zones humides ne possédaient pas les conditions hydriques idéales pour accueillir les oiseaux d’eau. C’est pourquoi, pendant l’hivernage, le nombre de zones humides accueillant les oiseaux d’eau a LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC oscillé entre 150 et 200. Les dix périodes d’hivernage sur lesquelles on possède des informations pour l’ensemble du territoire montrent une tendance positive concernant l’abondance (+ 1,9 %) et stable concernant la richesse en espèces. LA POPULATION HIVERNANTE D’OISEAUX D’EAU PRÉSENTE UNE CROISSANCE ANNUELLE DE 1,9 % PENDANT LA PÉRIODE DE 2004-2013 Ce résultat sous-estime cependant la population existante car, pour limicoles (26,4 %) et les goélands (16,2 %). L’espèce présentant une plus grande abondance moyenne a été le canard souchet (Anas clypeata) avec plus de 89 000 oiseaux hivernants. significatives pour la période 20042013 n’ont été obtenues que pour le goéland d’Audouin (Larus audouinii) (- 4,9 %), la foulque caronculée (- 13,9 %) et l’érismature à tête blanche (+ 1,3 %). Tous les groupes trophiques ont affiché des tendances positives concernant l’abondance des hivernants pendant la période 2004-2013 sauf le groupe des limicoles qui, même si ce n’est que très légèrement (- 0,2 %), rompt avec la tendance du reste des groupes. Les zones humides bien conservées et offrant de bonnes conditions pour les oiseaux d’eau pendant la période de reproduction ont été également estimées optimales pour l’hivernage. La répartition des hivernants se superpose plus ou moins étroitement à la répartition Population hivernante 58 100000 56 80000 54 60000 52 40000 50 20000 48 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Couples sans Doñana Couples avec Doñana 2011 2012 2013 Richesse sans Doñana 46 Nº oiseaux 120000 Richesse (nº espèces) Nº couples Population nicheuse 900000 800000 700000 600000 500000 400000 300000 200000 100000 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Richesse avec Doñana de nombreuses espèces incluses dans le dénombrement, la méthodologie recommandée est de recenser les dortoirs, qui comptent toujours plus d’exemplaires que lorsqu’on applique la méthodologie générale.. En tout état de cause, l’échantillonnage réalisé a permis d’analyser les tendances afin d’avoir une bonne approximation de l’état et des variations des populations. Sur les 146 espèces hivernantes dénombrées, 91 (62,3 %) sont protégées par le décret D23/2012, 11 sont considérées espèces menacées, 9 classées EN et 2 VU. L’abondance des espèces classées EN et VU diminue (respectivement -2,1 % et -4,4 %) tandis que les tendances sont plus positives pour le reste (LESPE + 0,8% et NA + 2,6%). des reproducteurs et se concentre dans les zones humides de la vallée du Guadalquivir et la bande côtière atlantique (END, baie de Cadix, Brazo del Este (SE) ou marais de l’Odiel (HU). Il s’agit dans la plupart des cas d’estuaires de fleuves, de marais maritimes ou de zones humides alluviales annexes qui leur fournissent l’aliment nécessaire pendant ce stade phénologique. Groupes trophiques et espèces Les données d’hivernage concernant les espèces les plus menacées sont rares et ponctuelles. Par conséquent, dans la plupart des cas, aucune tendance significative ne peut être dégagée pour la période étudiée car il faudrait en ce sens compter sur des séries plus longues. Les tendances La salinité détermine également un modèle de répartition des différents groupes trophiques et la plupart des rallidés et des anatidés se concentrent dans des zones humides d’eau douce, tandis que les limicoles et les goélands sont les groupes les plus représentatifs des zones humides d’eau salée. Contrairement à ce qui se passe pendant la reproduction, le groupe trophique le plus abondant pendant l’hivernage inclut les anatidés qui, chaque année, représentent en moyenne 39,4 % des oiseaux d’eau hivernants ; viennent ensuite les 12 Les oiseaux d’eau en Andalousie Bahía de Cádiz (CA). Photo: Jesús Chaves LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Population nicheuse (couples) d’oiseaux d’eau en Andalousie (2004-2013) Nom commun Nom scientifique Cat D23/2012 Marmaronetta angustirostris Aythya nyroca Oxyura leucocephala Botaurus stellaris Ardeola ralloides Fulica cristata Chlidonias niger Pandion haliaetus Tadorna tadorna Tachybaptus ruficollis Podiceps cristatus Podiceps nigricollis Ixobrychus minutus Nycticorax nycticorax Bubulcus ibis Egretta garzetta Casmerodius albus Ardea cinerea Ardea purpurea Ciconia ciconia Plegadis falcinellus Platalea leucorodia Phoenicopterus roseus Circus aeruginosus Porzana porzana Porzana parva Porzana pusilla Porphyrio porphyrio Himantopus himantopus Recurvirostra avosetta Burhinus oedicnemus Glareola pratincola Charadrius dubius Charadrius alexandrinus Actitis hypoleucos Tringa totanus Chroicocephalus genei Larus melanocephalus Gelochelidon nilotica Thalasseus sandvicensis Sterna hirundo Sternula albifrons Chlidonias hybrida Anser anser Alopochen aegyptiaca Anas penelope Anas strepera Anas crecca Anas platyrhynchos Anas acuta Anas clypeata Netta rufina Aythya ferina Phalacrocorax carbo Phoeniconaias minor Rallus aquaticus Gallinula chloropus Fulica atra Vanellus vanellus Chroicocephalus ridibundus Larus fuscus Larus michahellis Sterna elegans Sarcelle marbrée Fuligule nyroca Érismature à tête blanche Butor étoilé Crabier chevelu Foulque caronculée Guifette noire Balbuzard pêcheur Tadorne de Belon Grèbe castagneux Grèbe huppé Grèbe à cou noir Blongios nain Bihoreau gris Héron garde-boeufs Aigrette garzette Grande aigrette Héron cendré Héron pourpré Cigogne blanche Ibis falcinelle Spatule blanche Flamant rose Busard des roseaux Marouette ponctuée Marouette poussin Marouette de Baillon Talève sultane Échasse blanche Avocette élégante Oedicnème criard Glaréole à collier Petit Gravelot Gravelot à collier interrompu Chevalier guignette Chevalier gambette Goéland railleur Mouette mélanocéphale Sterne hansel Sterne caugek Sterne pierregarin Sterne naine Guifette moustac Oie cendrée Ouette d'Égypte Canard siffleur Canard chipeau Sarcelle d'hiver Canard colvert Canard pilet Canard souchet Nette rousse Fuligule milouin Grand cormoran Flamant nain Râle d'eau Gallinule poule-d'eau Foulque macroule Vanneau huppé Mouette rieuse Goéland brun Goéland leucophée Sterne élégante EN EN EN EN EN EN EN VU LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA Min 11 0 27 0 35 3 0 0 4 189 107 26 27 194 4.603 456 0 383 23 69 0 174 0 52 0 0 0 82 1.425 2.080 32 451 72 648 0 16 276 0 1.104 0 30 1.472 173 0 0 0 67 0 490 0 2 66 87 8 0 0 283 245 17 1.089 0 3.507 0 Max 85 7 138 26 470 159 16 13 71 756 823 2.072 210 3.072 10.528 3.760 46 1.569 3.733 974 8.199 2.799 34.057 98 1 2 8 1.604 7.140 6.697 173 2.898 225 1.328 16 642 985 9 2.910 90 185 2.790 6.484 10 4 2 245 1 1.311 9 16 291 364 100 2 8 875 4.407 172 2.378 33 6.254 1 Moyenne 37 2 80 10 201 46 2 3 38 420 399 723 75 1.356 6.346 1.871 8 978 1.513 632 3.081 1.419 16.664 80 Ocasional Ocasional 2 477 3.746 4.496 79 1.677 143 971 3 176 656 5 1.863 23 98 2.191 3.299 2 1 Ocasional 146 Ocasional 893 2 8 166 216 35 Ocasional 4 574 1.911 85 1.917 17 4.601 Ocasional Tendance 2004-2013 ii ? h h = ? ? ? hh h h = ? hh h h ? h = h hh ii hh = ? ? ? ii h ii ii hh ii h ? = hh ? i ? hh i h ? ? ? hh ? = ? ? = = ? ? ? ii ii ? i h ii ? Population hivernante (individus) d’oiseaux d’eau en janvier en Andalousie (2004-2013) Nom commun Nom scientifique hh Forte augmentation Cat D23/2012 Marmaronetta angustirostris Aythya nyroca Oxyura leucocephala Botaurus stellaris Ardeola ralloides Ciconia nigra Fulica cristata Chlidonias niger Pandion haliaetus Larus audouinii Branta leucopsis Branta bernicla Tadorna ferruginea Tadorna tadorna Aythya marila Gavia stellata Gavia immer Tachybaptus ruficollis Podiceps cristatus Podiceps nigricollis Sarcelle marbrée Fuligule nyroca Érismature à tête blanche Butor étoilé Crabier chevelu Cigogne noire Foulque caronculée Guifette noire Balbuzard pêcheur Goéland d'Audouin Bernache nonnette Bernache cravant Tadorne casarca Tadorne de Belon Fuligule milouinan Plongeon catmarin Plongeon imbrin Grèbe castagneux Grèbe huppé Grèbe à cou noir h Faible augmentation = Stable EN EN EN EN EN EN EN EN VU VU LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE i Faible diminution 14 Min 0 2 824 0 6 138 17 0 65 548 0 0 0 720 0 0 0 1.243 455 1.558 Max 142 58 2.110 8 49 404 124 12 90 1.293 4 7 9 13.630 3 2 3 2.401 1.596 4.490 ii Forte diminution Moyenne 29 19 1.268 2 17 222 65 1 82 816 1 2 2 3.221 Ocasional Ocasional Ocasional 1.710 1.163 2.795 ? Tendance 2004-2013 ? ? h ? ? h ii ? h i ? ? ? hh ? ? ? h hh h Données insuffisantes / incertain Les oiseaux d’eau en Andalousie Population hivernante (individus) d’oiseaux d’eau en janvier en Andalousie (2004-2013) - suite Nom commun Nom scientifique Blongios nain Bihoreau gris Héron garde-boeufs Aigrette garzette Grande aigrette Héron cendré Héron pourpré Cigogne blanche Ibis falcinelle Spatule blanche Flamant rose Busard des roseaux Talève sultane Grue cendrée Huîtrier pie Échasse blanche Avocette élégante Oedicnème criard Petit Gravelot Grand gravelot Gravelot à collier interrompu Pluvier argenté Bécasseau maubèche Bécasseau sanderling Bécasseau minute Bécasseau de Temminck Bécasseau cocorli Bécasseau violet Bécasseau variable Combattant varié Barge à queue noire Barge rousse Courlis corlieu Courlis cendré Chevalier guignette Chevalier culblanc Chevalier arlequin Chevalier aboyeur Chevalier stagnatile Chevalier sylvain Chevalier gambette Tournepierre à collier Phalarope à bec étroit Phalarope à bec large Goéland railleur Mouette mélanocéphale Goéland marin Mouette tridactyle Mouette pygmée Sterne hansel Sterne caugek Sterne pierregarin Sterne naine Guifette moustac Guifette leucoptère Hibou des marais Oie rieuse Oie cendrée Canard siffleur Canard chipeau Sarcelle d'hiver Canard colvert Canard pilet Sarcelle d'été Canard souchet Nette rousse Fuligule milouin Fuligule morillon Harle huppé Grand cormoran Aigrette des récifs Flamant nain Râle d'eau Gallinule poule-d'eau Foulque macroule Vanneau huppé Bécassine sourde Bécassine des marais Mouette rieuse Mouette de Franklin Goéland à bec cerclé Goéland cendré Goéland brun Goéland argenté Goéland leucophée Mouette de Sabine Sterne caspienne hh Forte augmentation Cat D23/2012 Ixobrychus minutus Nycticorax nycticorax Bubulcus ibis Egretta garzetta Casmerodius albus Ardea cinerea Ardea purpurea Ciconia ciconia Plegadis falcinellus Platalea leucorodia Phoenicopterus roseus Circus aeruginosus Porphyrio porphyrio Grus grus Haematopus ostralegus Himantopus himantopus Recurvirostra avosetta Burhinus oedicnemus Charadrius dubius Charadrius hiaticula Charadrius alexandrinus Pluvialis squatarola Calidris canutus Calidris alba Calidris minuta Calidris temminckii Calidris ferruginea Calidris maritima Calidris alpina Philomachus pugnax Limosa limosa Limosa lapponica Numenius phaeopus Numenius arquata Actitis hypoleucos Tringa ochropus Tringa erythropus Tringa nebularia Tringa stagnatilis Tringa glareola Tringa totanus Arenaria interpres Phalaropus lobatus Phalaropus fulicarius Chroicocephalus genei Larus melanocephalus Larus marinus Rissa tridactyla Hydrocoloeus minutus Gelochelidon nilotica Thalasseus sandvicensis Sterna hirundo Sternula albifrons Chlidonias hybrida Chlidonias leucopterus Asio flammeus Anser albifrons Anser anser Anas penelope Anas strepera Anas crecca Anas platyrhynchos Anas acuta Anas querquedula Anas clypeata Netta rufina Aythya ferina Aythya fuligula Mergus serrator Phalacrocorax carbo Egretta gularis Phoeniconaias minor Rallus aquaticus Gallinula chloropus Fulica atra Vanellus vanellus Lymnocryptes minimus Gallinago gallinago Chroicocephalus ridibundus Larus pipixcan Larus delawarensis Larus canus Larus fuscus Larus argentatus Larus michahellis Xema sabini Hydroprogne caspia h Faible augmentation = Stable LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE LESPE NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA i Faible diminution 15 Min 0 427 9.518 1.544 30 2.857 0 3.445 98 1.031 23.805 391 953 2.578 823 4.666 6.027 271 33 6.573 2.361 3.398 148 1.640 887 4 158 0 42.067 82 25.056 1.675 366 883 168 429 7 521 1 1 4.269 379 0 0 123 137 0 0 0 0 332 0 0 0 0 1 1 22.204 9.948 1.057 13.319 21.962 2.494 0 25.126 275 2.831 42 26 8.490 0 0 3 671 15.109 5.813 0 719 16.011 0 0 0 57.934 0 9.767 0 68 Max 4 1.628 19.683 8.478 426 4.648 6 13.250 13.363 2.535 62.705 1.992 8.587 13.215 1.538 16.367 28.868 1.482 1.411 12.450 7.551 4.943 751 3.290 9.300 37 1.535 3 84.159 2.844 57.078 3.916 851 1.802 257 988 630 1.102 23 69 6.522 1.071 1 2 597 714 8 56 91 5 767 150 6 186 2 58 26 81.726 46.831 7.378 42.313 42.058 80.409 151 149.144 13.273 9.135 165 104 13.497 3 6 13 2.669 43.273 21.995 6 3.139 31.012 1 1 4 108.700 512 18.323 1 180 ii Forte diminution Moyenne 2 869 14.671 3.803 197 3.731 2 5.524 4.134 1.716 41.374 921 2.866 6.239 1.181 9.787 16.095 767 440 9.617 5.113 4.035 381 2.279 3.488 9 638 Ocasional 56.018 758 40.697 2.658 593 1.333 199 599 314 696 9 23 5.377 615 Ocasional Ocasional 337 351 2 6 12 Ocasional 556 24 2 55 Ocasional 18 10 52.628 22.504 3.352 29.104 31.579 32.792 16 84.303 5.044 5.661 80 53 10.699 1 2 9 1.634 31.283 14.154 1 1.685 23.097 Ocasional Ocasional 1 75.899 62 12.472 Ocasional 123 ? Tendance 2004-2013 ? h i h hh i ? i hh hh h hh ii hh h = i h hh i ii i hh h ii ? i ? = i i hh h = i h ii h ? ? i hh ? ? hh i ? ? ? ? i i ? ii ? hh ? h ii = i i hh ? h hh hh = = h ? ? ? ii hh h ? i hh ? ? ? h ? h ? i Données insuffisantes / incertain LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Crabier chevelu Ardeola ralloides Andalousie EN Espagne EN Lieu d’hivernage Lieu de reproduction Cette espèce est associée à des zones humides d’eau douce, avec une végétation palustre dense, où elle niche en colonies mixtes avec d’autres ardéidés. La population andalouse est majoritairement estivale et représente presque 15 % de la population nationale. En automne, le crabier chevelu migre principalement vers l’Afrique subsaharienne et le Maghreb. Reproduction Sa population reproductrice varie entre 35 et 470 couples et dépend fortement des précipitations. L’analyse interannuelle à long terme (1990-2013) montre une légère tendance négative de la population nicheuse, estimée à 1,2 % par an, mais ce résultat est en bonne partie biaisé par les échecs des années 1991-1994, caractérisées par un déficit de précipitations en Andalousie. La tendance à court terme (2004-2013) indique que la population est stable. La plupart des couples (en moyenne 68,9 %) ont été localisés dans des espaces du réseau Natura 2000, se concentrant surtout dans l’END (où niche jusqu’à 97,6 % de la population andalouse pendant les années avec une bonne pluviométrie) en raison de la disponibilité de nourriture, des mesures importantes de protection et de la disponibilité de sites de nidification. Dans l’END, ont été réalisées des interventions visant à isoler les colonies du surpâturage et des prédateurs terrestres. En 1996, l’espèce s’est rétablie comme reproductrice à Doñana dans la colonie de Cerrado Garrido où elle montre depuis lors une tendance significativement positive bien que très dépendante des précipitations de l’automne et de l’hiver précédents. C’est ainsi que pendant les années très Photo: Francisco Marín 16 Crabier chevelu Ardeola ralloides partie à l’introduction de la gambusie (Gambusia holbrooki), un poisson exotique envahissant qui constitue une proie idéale pour le crabier chevelu. pluvieuses (au-dessus de 500 mm), l’inondation des marais produit un impact négatif sur la disponibilité de nourriture et par conséquent, sur la reproduction de l’espèce qui se réfugie alors dans des colonies alternatives environnantes. Cela pourrait expliquer qu’en 2013 (566 mm à Doñana pendant l’année hydrique 2012-2013), les colonies proches de Séville et de Cadix ont connu une forte augmentation des couples de crabier chevelu. Dans la province de Huelva, l’espèce se reproduit de manière stable dans la même lagune depuis 2006, avec une colonie d’ardéidés (Dunas del Odiel) qui s’est formée cette même année. À Malaga, la population est surtout répartie dans la zone côtière et littorale de la province, la lagune de Los Prados accueillant le noyau le plus stable. L’espèce est moins constante dans les lagunes temporaires et endoréiques de la zone nord. Le reste des colonies andalouses de crabier chevelu se trouvent dans des lagunes isolées, bien conservées, avec des ressources alimentaires et une bonne couverture de végétation en bordure. Cependant ces colonies sont plus petites et beaucoup plus sensibles aux changements et aux perturbations du milieu. Elles se répartissent dans toutes les provinces (excepté Grenade) et forment toujours des colonies mixtes avec d’autres ardéidés. Sont à souligner les colonies d’Almeria, comme les marais salants de Cerrillos (9 couples en 2013), ou le site de Cañada de las Norias (jusqu’à 29 couples en 2009) où l’espèce semble s’être développée grâce en Quant au substrat utilisé, l’espèce préfère les lagunes d’eau douce avec une végétation bien développée notamment avec typha et tamarix, même si elle a été détectée dans des zones saumâtres de la province d’Almeria. En 2013, des actions ont été réalisées pour éviter le drainage d’un secteur des marais de Trebujena (CA), ce qui a augmenté la période d’inondation de cette aire et amélioré les Reproduction (couples) Zone humide Espacio Natural Doñana Corta de Los Olivillos Cañada de las Norias Laguna de Palos y las Madres Marismas de Trebujena-Sanlúcar hh Forte augmentation Min 2 12 4 0 0 Max 430 32 29 12 24 h Moy. Tendance 2004-2013 ? 150 ? 18 ? 13 ? 5 ? 3 = Faible augmentation Stable Zone humide Espacio Natural Doñana Brazo del Este Laguna de Palos y las Madres Pantano Torre del Águila Estero Domingo Rubio i Faible diminution 400 800 300 600 200 400 100 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0 Nº oiseaux 1000 Precipitation (mm) Nº couples Comme espèce migratoire transsaharienne, le crabier chevelu est un hivernant très rare mais régulier, avec une population oscillant entre 6 et 49 oiseaux (en moyenne 18) et même si sa tendance n’est pas en général significative pour la période 2004-2013, les valeurs maximales ont été enregistrées en 2004. Il se localise surtout dans les dortoirs qui sont situés dans les mêmes endroits que les sites de nidification lorsque la disponibilité de nourriture et l’isolement des déprédateurs sont garantis. ii Forte diminution Min 0 0 0 0 0 ? Max 36 14 6 7 3 Moy. Tendance 2004-2013 ? 8 ? 3 ? 3 ? 1 ? 1 Données insuffisantes / incertain Population hivernante 500 Population nicheuse Hivernage Hivernage (individus) Population nicheuse 0 conditions d’alimentation des oiseaux d’eau qui nichent dans les environs, y compris le crabier chevelu. Ce genre d’actions, tout comme l’installation de clôtures sur le périmètre des sites des colonies pour éviter l’accès de prédateurs terrestres et du bétail, ont démontré leur efficacité pour faire augmenter la population reproductrice. Precipitation à Doñana (mm) 60 50 40 30 20 10 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 17 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Fuligule nyroca Aythya nyroca Photo: José Rafael Garrido Andalousie EN Espagne EN Lieu d’hivernage Lieu de reproduction Le fuligule nyroca est un bon indicateur des caractéristiques écologiques des zones humides où il s’installe car il est très exigeant en matière d’habitat : zones humides riches en végétation émergente, flottante et / ou submergée (Green, 2000). (Espagne, Maroc, Algérie et Tunisie), qui hiverne dans ces pays et au Sud du Sahara (Sénégal, Mauritanie, Tchad, Niger, etc.). Une grande partie des oiseaux qui hivernent en Espagne et au Maroc peuvent cependant provenir de l’Europe Centrale (Green & Figuerola, 2003). Reproduction Il se reproduit rarement en Andalousie, et pendant les dernières décennies (1984-2013), le nombre de couples a oscillé entre 0 et 7, ce qui le place au bord de la viabilité. Cette situation pourrait être due à Les effectifs espagnols constituent une petite partie de la population nicheuse de la Méditerranée Occidentale et de l’Afrique de l’Ouest 18 la perte de qualité de son habitat dans les zones humides espagnoles et au déclin des populations dont fait partie la population andalouse. Par ailleurs, en Andalousie cette espèce se trouve dans les limites occidentales de la zone de répartition de sa population, ce qui complique d’autant plus sa récupération, vu que les principales populations européennes connaissent un franc déclin et ne permettent pas le recrutement d’effectifs provenant de zones plus favorables. La répartition de la population reproductrice fluctue chaque année entre les zones humides des provinces de Huelva, de Séville et de Cadix en fonction de leur état. Sauf dans quelques sites de la province de Huelva (Laguna Primera de Palos et Gravera de Manzorrales), l’espèce n’a pas démontré de continuité dans Fuligule nyroca Aythya nyroca Gravera de Manzorranes (HU). Photo: Jesús Chaves Laguna de Jeli (CA). Photo: Claudine de le Court hivernants sous nos latitudes et la disponibilité d’adultes reproducteurs dans les zones humides andalouses. l’utilisation du site de nidification, ce qui est très parlant quant à ses exigences en matière de lieu de reproduction. Pendant les années 1990, quelques dizaines d’exemplaires élevés en captivité ont été relâchés avec succès à court terme sur plusieurs sites de Huelva (Laguna del Portil, Laguna Primera de Palos et l’END). L’espèce ne se reproduit plus à Doñana même si au début du XXe siècle, on y avait estimé jusqu’à 500 couples reproducteurs (Valverde 1960). Sa disparition se doit en général aux transformations du bassin versant qui ont modifié le régime hydrique et éliminé les zones profondes et semi-permanentes appropriées pour des plongeurs comme le fuligule nyroca. L’état de la population de fuligule nyroca peut également être dû au très fort déclin des populations européennes qui a un impact négatif sur l’arrivée des Hivernage En Andalousie, le fuligule nyroca a été un hivernant rare et irrégulier pendant la dernière décennie (2004-2014) et la tendance, même à la hausse, n’est pas significative en raison de ses fluctuations. Un maximum de 58 hivernants a été Hivernage (individus) Reproduction (couples) Zone humide Marismas del Odiel Laguna del Portil Laguna de Montellano Canal del Guadaira Laguna Chica (Cádiz) hh Forte augmentation Min 0 0 0 0 0 Max 2 2 3 1 1 h Zone humide Laguna de Montellano Espacio Natural Doñana Laguna de la Alcaparrosa Marismas del Odiel Laguna del Portil Moy. Tendance 2004-2013 ? 1 ? 0 ? 0 ? 0 ? 0 = Faible augmentation Stable i Faible diminution 1000 8 800 6 600 4 400 2 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0 Nº oiseaux 10 Population nicheuse Min 0 0 0 0 0 ii Forte diminution ? Max 19 12 7 7 3 Moy. Tendance 2004-2013 ? 4 ? 2 ? 1 ? 1 ? 1 Données insuffisantes / incertain Population hivernante Precipitation (mm) Nº couples Population nicheuse 0 dénombré en 2013. Cependant, l’augmentation des hivernants ne s’est pas traduite par une augmentation de la population reproductrice pendant cette même période, et semblerait par contre plutôt liée à l’évolution, dans d’autres zones européennes, de la population reproductrice qui vient hiverner en Andalousie. Il faut remarquer un comptage maximum à la lagune de Jeli (CA) en septembre 2010, avec 68 exemplaires qui étaient de passage sur leur route migratoire postnuptiale. Les hivernants observés dans les zones humides andalouses et marocaines proviennent probablement des populations reproductrices d’Europe centrale. Precipitation à Doñana (mm) 60 50 40 30 20 10 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 19 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Sarcelle marbrée Marmaronetta angustirostris Photo: Antonio Atienza Andalousie EN Espagne EN Lieu d’hivernage Lieu de reproduction Reproduction Les marais du Guadalquivir constituent le lieu le plus important d’Europe pour la sarcelle marbrée. Cette espèce requiert des zones humides peu profondes et saumâtres, riches en végétation aquatique émergente, halophile et submergée. Elle a traditionnellement niché dans les marais naturels de Doñana mais aujourd’hui, elle peuple de préférence des habitats semi-naturels. Dans l’END, le cycle hydrologique des marais naturels s’est affaibli, rendant plus difficile la reproduction si tardive (du mois de mai jusqu’à la fin juin) de cette espèce, qui s’est déplacée vers les bassins de pisciculture extensive (Veta la Palma). Mais ces zones où les niveaux d’eau sont artificiellement maintenus ne lui offrent que des possibilités d’habitat limitées en raison de leur salinité accrue pendant les années de sécheresse. El Codo de la Esparraguera (marais de Trebujena / CA) est un site relativement « récent » de nidification de l’espèce en Andalousie. Il 20 s’agit d’une petite exploitation piscicole où les oiseaux qui nichent traditionnellement sur les berges du Guadalquivir trouvent refuge et nourriture toute l’année. Même si cet emplacement possède pratiquement les mêmes problèmes que Veta la Palma, il constitue actuellement l’une des aires principales de reproduction en Andalousie et conserve chaque année de 3 à 10 couples dont la reproduction connaît un succès des plus élevés. Dans le cadre d’une convention passée avec le propriétaire de l’exploitation, on a mis en place un projet d’amélioration et de restauration des habitats de nidification pour la sarcelle marbrée. Le site naturel de Brazo del Este (SE) est une autre aire potentielle de nidification pour la sarcelle marbrée mais qui a perdu beaucoup d’importance au cours de ces dernières années. La zone qui accueillait 20 couples en 2002 n’en Sarcelle marbrée Marmaronetta angustirostris (2002-2013), on peut apprécier un fort déclin de 12,9 %, avec des fluctuations annuelles très prononcées, ne remontant timidement qu’en 2011, année qui s’est caractérisée par une pluviosité importante. La tendance n’est cependant pas en rapport avec les précipitations annuelles cumulées de Doñana (1992-2013 ; R2 = 0,06; p>0,05). Par ailleurs, même si l’année 2010 fut exceptionnellement pluvieuse, 14 couples de sarcelle marbrée seulement arrivèrent à nicher, et aucun ne le fit dans les marais de Doñana. Cela suggère que d’autres facteurs liés à la qualité de l’habitat ont également une influence sur la population de sarcelle marbrée. Le relâchement de plus de 400 exemplaires provenant d’un programme de reproduction en captivité dans la Cañada de los Pájaros ne s’est pas non plus traduit par une augmentation de la population reproductrice. héberge plus que quelques uns qui en général n’arrivent pas à se reproduire. Le bras d’eau qui a subi de nombreuses transformations n’offre pas un niveau d’eau suffisant en pleine époque de reproduction, se maintenant seulement grâce à l’eau de pluie et des flux de retour des rizières environnantes. Une petite population reproductrice de sarcelle marbrée subsiste encore en Andalousie orientale, avec un maximum de six couples qui nichent principalement dans les marais salants de Cerrillos et dans le site de Charcones de Punta Entinas-Sabinar (AL). L’adoucissement de l’aquifère qui alimente ces zones a modifié ces habitats hypersalins où se développent maintenant des roselières et des zones à macrophytes, spécialement appréciés par l’espèce. Hivernage L’analyse à long terme (1992-2013) montre que la population est stable mais si l’on écourte la période analysée La population de sarcelle marbrée en Andalousie fait partie de la sous-population occidentale de la Méditerranée et les variations que connaissent ses effectifs peuvent être influencées par les mouvements et les échanges d’exemplaires entre les populations d’Espagne et de l’Afrique du Nord (CMA 2007). Il faut signaler que 900 exemplaires ont été dénombrés à Veta la Palma (END) en décembre 2011. Pour pouvoir interpréter les résultats et fournir un diagnostic fiable sur l’état de conservation de la sarcelle marbrée, il s’avère nécessaire de connaître les fluctuations des effectifs des zones humides du Maroc. En hiver, l’effectif de sarcelle marbrée varie considérablement, Reproduction (couples) Hivernage (individus) Zone humide Min Max Moy. Tendance 2004-2013 ? Espacio Natural Doñana 5 74 26 ? Marismas de Trebujena-Sanlúcar 3 10 5 ? Brazo del Este 0 10 2 ? Salinas de Cerrillos 0 3 1 ? Charcones de Punta Entinas-Sabinar 0 5 1 Zone humide Espacio Natural Doñana Marismas de Trebujena-Sanlúcar Dehesa de Abajo Salinas de Cerrillos Laguna de Consuegra hh Forte augmentation h = Faible augmentation Stable i Faible diminution Population nicheuse 1000 80 800 60 600 40 400 20 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Population nicheuse 2011 2012 2013 0 Nº oiseaux 100 0 ii Forte diminution Min 0 0 0 0 0 ? Max 119 17 19 8 8 Moy. Tendance 2004-2013 ? 20 ? 3 ? 2 ? 2 ? 1 Données insuffisantes / incertain Population hivernante Precipitation (mm) Nº couples avec un comptage maximum de 142 exemplaires en janvier 2012. Pendant la période 2004-2013, la population hivernante a montré une tendance à la hausse mais qui n’est pas significative en raison de ses fortes fluctuations. Precipitation à Doñana (mm) 180 150 120 90 60 30 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 21 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Érismature à tête blanche Oxyura leucocephala Photo: Claudine de le Court Andalousie EN Espagne EN Lieu d’hivernage Lieu de reproduction Au niveau national, l’espèce se reproduit dans la moitié méridionale de la péninsule Ibérique et aux Baléares, la population andalouse étant la plus importante (Torres Esquivias 2004). La situation de la population espagnole a énormément fluctué pendant la deuxième moitié du XXe siècle. Pendant les années 1950, la population estimée était de 1 000 oiseaux. En raison de diverses menaces, elle a frôlé l’extinction, avec seulement 22 exemplaires concentrés dans la lagune de Zóñar (CO) en 1977. La population s’est ensuite rétablie jusqu’à un maximum de 4 500 oiseaux en 2000. En Andalousie, où se trouvent 56 % des effectifs espagnols, le comptage maximum d’oiseaux dernière décennie a été de 2 110 en janvier 2011. Reproduction Si l’on analyse les données disponibles à long terme (1978-2013), l’érismature à tête 22 blanche présente une augmentation annuelle significative (+8,1 %) en Andalousie. Cette même analyse à court terme (2004-2013) montre une tendance stable, la reproduction ayant eu lieu jusque dans 75 zones humides différentes. La population nicheuse moyenne est d’environ 80 femelles reproductrices par an (maximum de 138 couples en 2004). L’aire de répartition principale correspond à la côte d’Almería (surtout le site de Albufera de Adra) qui a accueilli en moyenne 40 % du total des effectifs andalous pendant la dernière décennie (jusqu’à 76 % en 2005). Viennent ensuite, les lagunes des provinces de Cadix, de Malaga et de Séville, avec pratiquement les mêmes pourcentages (17 %). Les données du comptage révèlent également qu’associé à la population reproductrice, il existe un grand Érismature à tête blanche Oxyura leucocephala les fluctuations des effectifs reproducteurs étant en bonne partie liées à une augmentation ou une diminution des précipitations entre les mois de septembre et octobre. D’autres facteurs peuvent avoir un impact négatif : la dégradation de l’habitat, la présence de cyprinidés, l’absence de macrophytes submergés et la destruction de la végétation en bordure des lagunes. nombre d’exemplaires qui ne se reproduisent pas et qui peuvent arriver à représenter 60 % de la population locale. Plus de la moitié (52 %) des effectifs reproducteurs se localisent dans des espaces protégés. L’érismature à tête blanche préfère les zones humides relativement profondes, avec une bonne couverture de plantes émergentes et de végétation sur leur périmètre. La répartition de l’espèce peut également être déterminée par la présence de biomasse de chironomidés qui peuvent se développer dans les zones humides polluées par un apport artificiel de nutriments (Green & Figuerola 2003). C’est le cas de certaines aires de reproduction principales comme Albufera de Adra (AL) ou Cañada de las Norias (AL). Les années pluvieuses sont les plus favorables à la reproduction de l’érismature à tête blanche, L’expansion de l’érismature rousse (Oxyura jamaicensis), une espèce d’origine américaine introduite en Grande-Bretagne dans les années 1950 comme espèce ornementale qui s’est répandue dans toute l’Europe, constitue toujours une menace pour l’érismature à tête blanche car d’une part, elle la déplace de son habitat et d’autre part, il existe un risque d’hybridation entre les deux espèces et de production d’exemplaires fertiles constituant une menace d’exogamie. Zone humide Min Albuferas de Adra 2 Desembocadura Río Guadalhorce 4 Laguna de Gobierno 0 Salinas de Cerrillos 0 Cañada de las Norias 0 Max 34 15 18 7 10 h = Faible augmentation Stable i ii Forte diminution Faible diminution 160 800 120 600 80 400 40 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0 Nº de aves 1000 Precipitation (mm) Nº couples Min 46 91 107 16 0 ? Max 933 318 322 270 463 Moy. Tendance 2004-2013 i 267 ii 179 h 156 ii 141 ? 137 Données insuffisantes / incertain Population hivernante 200 Population nicheuse Les dix dernières années de suivi (2004-2013) ont permis de constater une tendance à la hausse significative, estimée à 1,3 % annuel. La répartition de la population hivernante est très similaire à celle de la population nicheuse : elles occupent en effet presque les mêmes zones humides, la province d’Almeria étant celle où l’espèce est plus abondante et régulièrement présente. Zone humide Cañada de las Norias Salinas de Cerrillos Albuferas de Adra Espacio Natural Doñana Laguna de Medina Moy. Tendance 2004-2013 ? 16 ? 9 ? 9 ? 4 ? 4 Population nicheuse 0 La sous-population paléarctique occidentale d’érismature à tête blanche à laquelle appartient la population andalouse est sédentaire, se dispersant légèrement en hiver. Il est donc facile d’observer une augmentation du nombre d’exemplaires dans les zones humides, ce stade phénologique correspondant à l’une des périodes de plus grande abondance de toute l’année. Hivernage (individus) Reproduction (couples) hh Forte augmentation Hivernage Precipitation à Doñana (mm) 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 23 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Foulque caronculée Fulica cristata Photo: José Manuel Méndez Andalousie EN Espagne EN Lieu d’hivernage Lieu de reproduction Reproduction Les populations espagnole et marocaine constituent les principaux groupes de la Méditerranée occidentale et de tout le Paléarctique. En Andalousie, qui accueille 70 % de la population espagnole, l’espèce est très rare et très localisée, avec une moyenne annuelle de 46 couples pendant la période 2004-2013. Pendant la deuxième moitié du XXe siècle, la population de foulque caronculée connut un très fort déclin dû aux transformations profondes des terres agricoles qui provoquèrent la perte et la dégradation d’habitats critiques pour l’espèce. Cet état de situation fut aggravé par l’activité cynégétique et une sècheresse sévère qui menèrent la foulque caronculée à sa quasi-disparition dans les années 1990, l’espèce n’étant que sporadiquement observée. EN ANDALOUSIE SE REPRODUIT 70 % DE LA POPULATION NATIONALE AVEC UNE MOYENNE DE 46 COUPLES PAR AN 24 L’espèce préfère les lagunes d’eau douce ou saumâtre relativement profondes, entourées de végétation hélophyte, avec d’abondantes prairies de macrophytes submergés. Les zones les plus importantes pour la foulque caronculée sont l’END, les lagunes de Medina et d’Espera (CA) et la Dehesa de Abajo (SE) qui peuvent potentiellement héberger plus de 75 % des effectifs reproducteurs d’Andalousie. Cependant, les lagunes semi-permanentes ne constituent plus des aires de nidification importantes en raison de l’intensification de l’agriculture sur les bassins versants et de l’érosion provoquée par les travaux agricoles qui a contribué à leur colmatage, réduisant profondément leur hydropériode. Dans ces lagunes, la foulque caronculée ne peut nicher que pendant les années aux précipitations exceptionnellement Foulque caronculée Fulica cristata périodes de sécheresse, les foulques caronculées se réfugient dans d’autres zones humides artificielles aux conditions plus favorables (Cañada de los Pájaros, Veta la Palma). Cependant, la majeure partie de la population, plus de 80 % des effectifs pendant certaines années, abandonne l’Andalousie à la recherche d’autres zones humides dont le régime de protection n’est pas connu et où elle peut être plus menacée par la chasse. abondantes qui permettent aux macrophytes submergés de compléter leur cycle de vie. C’est ainsi que la population andalouse connaît des variations extrêmes aussi bien de ses effectifs que de la qualité et de la disponibilité d’habitat et ne se reproduit que pendant les années à forte pluviométrie. La tendance de la population nicheuse présente une augmentation modérée de 6 % par an pour la période 1991-2013, favorisée par le relâchement de centaines d’exemplaires élevés en captivité. Cependant, à partir de 2001, on assiste à un fort déclin (- 11,5 %) qui indique que, même si les relâchements d’exemplaires se sont poursuivis, les conditions des habitats naturels en Andalousie ne semblent pas s’être améliorées. D’autres zones humides comme la lagune Amarga (CO), la lagune de Salobral (CO) et les marais salants de Cerrillos (AL) ont pris de l’importance les dernières années, en partie grâce au relâchement d’exemplaires dans le cadre du programme de reproduction en captivité. Celuici a été mis en place avec succès depuis 1992 dans la réserve naturelle privée de la Cañada de los Pájaros (SE). Jusqu’à maintenant, plus de 700 foulques caronculée ont été relâchées en Andalousie ce qui a permis l’établissement de nouveaux groupes reproducteurs en Andalousie orientale. Des diminutions considérables des effectifs ont été enregistrées pendant les années de sécheresse extrême qui affectent notamment le noyau reproducteur principal des zones humides temporaires de l’END. Ces zones sont déterminantes pour la dynamique de l’espèce en Andalousie car, pendant les hh Forte augmentation Min 0 1 0 0 0 Max 113 5 5 3 13 h = Faible augmentation Stable i Faible diminution 200 800 150 600 100 400 50 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0 Nº de aves 1000 Precipitation (mm) Nº couples De même que pour la reproduction, Doñana demeure en général la zone humide la plus importante pour l’hivernage de l’espèce, suivie des lagunes d’Espera (CA). Des petites populations se maintenant dans les lagunes naturelles et les bassins d’irrigation d’Andalousie orientale. ii Forte diminution Min 2 4 1 0 0 ? Max 86 24 8 12 8 Moy. Tendance 2004-2013 ? 32 ? 12 ? 4 ? 3 ? 3 Données insuffisantes / incertain Population hivernante 250 Population nicheuse LA POPULATION HIVERNANTE DE FOULQUE CARONCULÉE PRÉSENTE UN FORT DÉCLIN DE 13,9 % POUR LA PÉRIODE 2004-2013. Zone humide Espacio Natural Doñana Balsa de riego de Villargordo Salinas de Cerrillos Laguna Amarga Dehesa de Abajo Moy. Tendance 2004-2013 ? 31 ? 3 ? 2 ? 2 ? 1 Population nicheuse 0 Les effectifs hivernants varient entre 7 et 124, avec une moyenne de 65 oiseaux mais avec une forte diminution des dernières années, surtout le sérieux déclin (- 13,9 %) de la période 2004-2013. Les variations de la population pourraient être influencées par les fluctuations de la population marocaine ; il s’avère donc nécessaire de connaître les effectifs et la tendance de cette espèce au Maroc (CMA 2007 ; Raya et al., 2008). Hivernage (individus) Reproduction (couples) Zone humide Espacio Natural Doñana Balsa de riego de Villargordo Dehesa de Abajo Laguna Amarga Laguna de Medina Hivernage Precipitation à Doñana (mm) 180 150 120 90 60 30 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 25 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus Reproduction Andalousie VU Espagne VU Lieu d’hivernage Lieu de reproduction L’état de la population reproductrice andalouse est le fruit des efforts déployés dans le cadre du « Projet de réintroduction du balbuzard pêcheur en Andalousie » qui a été lancé en 2003 à Cadix et à Huelva et qui, jusqu’en 2012, a permis de relâcher un total de 191 juvéniles (102 à Cadix et 89 à Huelva) provenant des pays du nord de l’Europe avec de bonnes populations nicheuses. Actuellement, la population reproductrice est consolidée, avec 13 territoires et neuf couples reproducteurs en 2013. Depuis sa disparition comme reproducteur en Andalousie en 1982, et après une longue étape de régression comme conséquence d’une perte importante d’habitat, l’espèce a niché à nouveau en 2005 à Cadix. Le premier couple formé par des exemplaires relâchés dans le cadre du projet s’est formé à Huelva en 2008. Cependant, la tendance depuis lors (2005-2013) n’est pas significative, c’est pourquoi il faudrait disposer d’une série temporelle plus longue pour pouvoir évaluer la tendance d’une manière fiable. Pourtant, le nombre de territoires et de couples s’accroît chaque année, ce qui indique que la population tend à se stabiliser comme reproductrice en Andalousie. Le balbuzard pêcheur a commencé à se reproduire à Huelva en 2008 et a continué à le faire sans interruption jusqu’à présent, atteignant en 2012 un maximum de 3 couples reproducteurs dans les marais de l’Odiel et un autre territoire occupé dans les marais d’Isla Cristina et d’Ayamonte. Il faut souligner que tandis qu’à Huelva, la population nicheuse ne compte pas d’individus sauvages, car tous les couples sont composés d’individus relâchés, à Cadix, on a constaté la Photo: Antonio Atienza 26 Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus reproduction d’oiseaux sauvages provenant d’autres zones d’Europe (Muriel, 2013). Le taux de retour des individus relâchés a été de 14,6 %. On a détecté la mortalité d’individus relâchés provoquée par des maladies (58 %), des collisions contre les pales des rotors des éoliennes et les lignes électriques (18 %) et des coups de feu (10 %) (Muriel 2013). Malgré cela, la population continue à augmenter et on peut considérer que les objectifs du projet de réintroduction sont en train de s’accomplir (Muriel et al., 2010). Le reste de la population espagnole, principalement regroupée dans les îles, ne montre aucun signe de récupération démographique ni géographique et par conséquent, n’est pas en mesure de fournir des reproducteurs pour coloniser l’Espagne continentale (Triay & Siverio 2008). Par ailleurs, au nord du Maroc, se reproduisent entre 20 et 25 couples (El Agbani & Qninba 2011) qui pourraient renforcer la population andalouse ou au contraire, pourraient en être issus. Un suivi coordonné de part et d’autre des deux rives s’impose donc pour connaître les niveaux possibles d’échanges populationnels. Les quatre sites où la reproduction du balbuzard pêcheur a été localisée se caractérisent fondamentalement par un niveau d’isolement accru, sauf quelques rares exceptions comme le barrage de Guadalcín où sont ponctuellement pratiquées certaines activités aquatiques (ski aquatique et pêche). Les registres disponibles montrent que les écosystèmes soumis aux cycles des marées et les lacs intérieurs constituent des aires idéales pour le balbuzard pêcheur : une bonne partie des effectifs les choisissent aussi bien comme sites d’hivernage que de reproduction. Presque tous les effectifs ont été dénombrés dans des espaces naturels protégés (Los Alcornocales et les marais de l’Odiel, les marais d’Isla Cristina et le Barrage de Bornos). Hivernage Les dénombrements d’oiseaux d’eau ont permis d’estimer la population hivernante à environ 65-90 individus en 2004-2013. Compte tenu du fait que les effectifs maximum correspondent aux mois Reproduction (couples) Zone humide Embalse de Guadalcacín Marismas del Odiel Colas del Embalse del Barbate Cola del embalse de Bornos Embalse de Los Hurones hh Forte augmentation Hivernage (individus) Min 0 0 0 0 0 Max 5 3 3 1 1 h Moy. Tendance 2004-2013 ? 1 ? 1 ? 0 ? 0 ? 0 = Faible augmentation Stable Zone humide Bahía de Cádiz Espacio Natural Doñana Marismas del Odiel Embalse del Barbate Marismas del Tinto i Faible diminution 1000 12 800 9 600 6 400 3 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0 Nº oiseaux 15 Population nicheuse Min 16 0 6 0 0 ii Forte diminution ? Max 35 34 15 6 5 Moy. Tendance 2004-2013 i 25 ? 23 ? 10 ? 4 ? 3 Données insuffisantes / incertain Population hivernante Precipitation (mm) Nº couples Population nicheuse 0 de novembre et de décembre et que la migration vers les zones de reproduction commence à la fin du mois de janvier et en février, ces données pourraient sousestimer la population. Cependant, on constate une tendance positive pour la période étudiée avec une croissance annuelle moyenne de 1,2 %. Pendant l’hivernage, l’espèce est beaucoup plus répartie que pendant la reproduction. Les individus proviennent principalement du nord de l’Europe. Après s’être reproduits en Andalousie, ils gagnent les zones humides de l’Afrique subsaharienne. La majeure partie de la population s’installe en Andalousie occidentale, dans des marais ou des bassins d’exploitations piscicoles sur la frange littorale des provinces de Huelva et de Cadix, mais aussi dans des plans d’eau artificiels des terres intérieures. Ces espaces ont en commun unegrande disponibilité de ressourcesalimentaires (poissons) et des zonesde repos propices à l’installation del’espèce.. Le nombre de territoires disponibles a effectivement augmenté dans les marais de l’Odiel à la fin des années 1990 grâce à une disponibilité accrue de perchoirs. Precipitation à Doñana (mm) 120 100 80 60 40 20 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 27 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Spatule blanche Platalea leucorodia Photo: José Manuel Méndez Andalousie LESPE Espagne LESPE Lieu d’hivernage Lieu de reproduction Reproduction La spatule blanche est un oiseau associé à des eaux peu profondes, douces, saumâtres ou salines. Il s’alimente de petits poissons et de crustacés et niche habituellement dans les arbres (pins, chênes-lièges, eucalyptus, saules…), sur de la basse végétation ou directement sur le sol. Sa population, autrefois très abondante dans toute l’Europe, a souffert un déclin très prononcé dû à l’assèchement des zones humides. Vers la fin du siècle dernier, il ne restait plus que quelques colonies reproductrices dans les Pays-Bas et en Andalousie, avec un nombre très réduit de couples. Grâce aux mesures de protection mises en place et à la récupération des zones humides entreprise en Andalousie et dans le reste de l’Europe occidentale, le nombre de couples a progressivement augmenté et de nouvelles colonies se sont formées. L’Andalousie héberge actuellement une importante population nicheuse de spatules blanches qui varie 28 énormément d’année en année, avec une moyenne de 1 419 couples au cours de la dernière décennie. Les variations interannuelles demeurent importantes, avec un minimum de 16 couples en 2012 et un maximum de 2 799 en 2011. Les colonies sont systématiquement concentrées dans quelques zones humides des provinces de Huelva, de Séville et de Cadix, dont notamment l’END, les marais de l’Odiel et la baie de Cadix. Au cours des dernières années, on a assisté à la formation de nouvelles colonies de nidification qui ont permis à l’espèce de mieux répartir ses effectifs ; c’est ainsi que l’on est passé de deux colonies reproductrices dans les années 1980 à 23 en 2013. Depuis 1984, quand le suivi des colonies a commencé, on constate une tendance générale positive, avec une augmentation modérée Spatule blanche Platalea leucorodia de 1,7 % par an, même si pour les dernières dix années, on a pu constater un fort déclin (- 10,6 %). Le nombre de colonies (23 en 2013) montre, quant à lui, une nette augmentation de 8,5 %. phénomène, dans les marais de l’Odiel, on a placé des plateformes artificielles flottantes sous les nids menacés d’inondation pour assurer le succès de la reproduction de l’espèce. Les variations si accentuées de la population sont manifestement reliées aux précipitations de l’automne et de l’hiver (R2 = 0,23, p < 0,01) qui influencent à leur tour la disponibilité en poissons et crustacés constituant l’alimentation de la spatule. À Doñana et dans la baie de Cadix, la population nicheuse présente une tendance positive, avec une augmentation annuelle de respectivement 5,2 % et de 6,3 % tandis que dans les marais de l’Odiel, la tendance de la population nicheuse est clairement à la baisse (- 1,2 %). Parmi les facteurs ayant des retombées négatives sur les populations de spatules blanches, il faut notamment souligner l’inondation des nids lors des marées de viveseaux. Afin d’essayer de pallier ce La station biologique de Doñana réalise chaque année depuis 1979 une campagne de baguage des poussins de spatules blanches. Hivernage La population hivernante de spatule blanche en Andalousie compte en moyenne 1 716 exemplaires, avec un dénombrement maximum de 2 535 oiseaux en janvier 2012. Le nombre de zones humides fréquentées par les hivernants varie entre 8 et 21, les principales zones humides (Doñana, baie de Cadix et marais de l’Odiel) étant également des lieux de reproduction. De grandes concentrations de spatules blanches peuvent également s’observer dans les marais d’Isla Cristina (HU) et Brazo del Este (SE). La présence d’un Reproduction (couples) Zone humide Espacio Natural Doñana Marismas del Odiel Bahía de Cádiz Marismas de Isla Cristina y Ayamonte Embalse de Cabrahigos hh Forte augmentation Min 48 78 16 0 0 h Max 2.030 493 178 163 41 Moy. Tendance 2004-2013 i 908 = 299 = 104 = 62 = 24 Faible augmentation = Faible diminution ii Forte diminution Min 364 275 120 31 2 ? Max Moy. Tendance 2004-2013 hh 1.191 721 h 837 527 h 368 248 i 247 85 ? 184 67 Données insuffisantes / incertain Population hivernante 2400 800 1800 600 1200 400 600 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0 Nº oiseaux 1000 Precipitation (mm) Nº couples Les données de reproduction et d’hivernage de la spatule blanche confirment l’importance à l’échelle internationale des zones humides d’Andalousie non seulement parce qu’elles hébergent de grandes colonies reproductrices, mais aussi comme étape fondamentale sur la route migratoire des spatules en provenance du nord de l’Europe. Zone humide Espacio Natural Doñana Bahía de Cádiz Marismas del Odiel Marismas de Isla Cristina y Ayamonte Brazo del Este i Stable 3000 Population nicheuse La tendance populationnelle 2004-2013 présente une forte augmentation de 5,4 % par an. Cela témoigne d’une part, de la bonne santé des populations de spatules blanches en Europe occidentale et d’autre part, d’une modification du comportement migratoire de l’espèce qui niche dans le nord de l’Europe mais qui préfère de plus en plus rester dans le sud de l’Espagne pour hiverner au lieu de migrer jusqu’à la Mauritanie et le Sénégal (Lok et al., 2011). Hivernage (individus) Population nicheuse 0 petit nombre de spatules hivernantes semblerait s’être consolidée dans la province d’Almeria. Precipitation à Doñana (mm) 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 29 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Flamant rose Phoenicopterus roseus Reproduction Andalousie LESPE Espagne LESPE Lieu d’hivernage Lieu de reproduction Les flamants qui nichent en Andalousie appartiennent à la métapopulation de la Méditerranée et de l’Afrique nord-occidentale, avec une aire de répartition qui couvre le nord-ouest du continent africain et tout le littoral de la Méditerranée européenne, africaine et asiatique. En Espagne, environ 40 000 exemplaires ont été dénombrés – avec de fortes fluctuations intra et interannuelles en fonction des conditions d’inondation des zones humides et de la période de l’année –, ils sont répartis entre les zones humides salines de la côte méditerranéenne et du sud-ouest atlantique, ainsi que dans quelques lagunes intérieures d’Andalousie et de Castille-La Manche. L’Andalousie accueille 96 % de toute la population reproductrice espagnole. Lorsque les conditions hydriques le permettent, le flamant rose se reproduit régulièrement dans la lagune de Fuente de Piedra, les marais de Doñana et depuis 2008, dans les marais salants des marais de l’Odiel. 96 % DE LA POPULATION REPRODUCTRICE ESPAGNOLE SE CONCENTRE EN ANDALOUSIE ET PRÉSENTE UNE TENDANCE POSITIVE (+1,0 % PAR AN) Pendant la période 1985-2013, la population nicheuse de flamants roses en Andalousie a présenté une tendance à la hausse significative (+ 1,0 %) et d’autant plus notoire si l’on considère les 10 dernières années (+ 3,6 %). Cette tendance est évidente dans les colonies de Fuente de Piedra (+ 1,9 %) et encore plus marquée dans les marais de l’Odiel (+ 19,8 %), tandis que Doñana présente une tendance négative significative (- 0,9 %). La population reproductrice dépend de la présence d’un niveau d’eau suffisant lui permettant de disposer d’un lieu de Photo: José Miguel Ramirez 30 Flamant rose Phoenicopterus roseus nidification à l’abri des déprédateurs. Par ailleurs, la disponibilité d’aires complémentaires d’alimentation s’avère fondamentale pendant la période d’élevage des poussins. En ce sens, les précipitations d’hiver et de printemps sont déterminantes pour la reproduction du flamant rose dans les zones humides d’Andalousie. On observe une relation significative entre le nombre de couples de flamants roses à Fuente de Piedra et les précipitations cumulées dans les marais du Guadalquivir où les adultes s’alimentent pendant la période d’élevage des poussins (R2 = 0,30; p < 0,01). La population reproductrice des marais de l’Odiel dépend également très fortement des précipitations (R2 = 0,68 ; p < 0.05), alors que ce n’est pas le cas des effectifs reproducteurs des marais du Guadalquivir (R2 = -0,009 ; p > 0,05). Il est probable que les variations temporelles des effectifs reproducteurs soient déterminées chaque année par la disponibilité de sites pour les nids à Fuente de Piedra : c’est ainsi que pendant les années présentant une importante population reproductrice, les individus les plus jeunes ne trouvent pas de place pour construire leurs nids et doivent se déplacer vers des colonies moins productives (Rendón et al., 2001). La forte saisonnalité de la lagune de Fuente de Piedra et les nuisances d’origine anthropique représentent les principaux facteurs qui ont conditionné la présence et la reproduction du flamant rose dans cette zone humide jusqu’en 1981, année où commencèrent les actions de gestion visant à la conservation du site. Cependant, ce n’est qu’à partir de 1984 qu’un suivi régulier de la colonie a été mis en route, avec la création de la réserve naturelle et l’adoption d’une série de mesures de conservation. En 1986, on a lancé le Programme de baguage des flamants roses qui a permis d’évaluer les paramètres de reproduction de cette colonie (Rendón-Martos & Johnson, 1996). La lecture des bagues a mis en évidence que les zones humides marocaines jouent un rôle important pour la dispersion des adultes reproducteurs et des juvéniles de l’année en cours, ainsi que en période pré-reproductrice des adultes qui reviennent en Andalousie pour réaliser leurs pontes. Reproduction (couples) Zone humide Laguna de Fuente de Piedra Espacio Natural Doñana Marismas del Odiel h Tendance 2004-2013 Faible augmentation = i Stable ii Forte diminution Faible diminution 40000 800 30000 600 20000 400 10000 200 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 0 Nº oiseaux 1000 Precipitation (mm) Nº couples Min 11.015 2.566 12 785 206 Max 52.675 5.994 8.533 2.849 912 ? Moy. Tendance 2004-2013 hh 29.041 h 4.822 hh 2.878 i 1.688 i 496 Données insuffisantes / incertain Population hivernante 50000 Population nicheuse (parejas) Pendant cette période, la répartition de l’espèce s’élargit au-delà des sites de reproduction, et même si elle se concentre surtout dans la vallée du Guadalquivir et sur le littoral, des individus isolés ont été repérés dans des zones humides de toutes les provinces andalouses (excepté celle de Grenade). La disponibilité d’eau de la lagune de Fuente de Piedra et à Doñana détermine en grande mesure les effectifs de la population hivernante bien que les marais salants comme ceux de la baie de Cadix, des marais de l’Odiel ou de Cabo de Gata offrent des ressources alimentaires à l’espèce quelles que soient les précipitations des mois précédents. Zone humide Espacio Natural Doñana Bahía de Cádiz Laguna de Fuente de Piedra Marismas del Odiel Salinas de Cabo de Gata h ? ? Population nicheuse 0 La population andalouse migre vers le sud et plus de 70 % de ses effectifs peuvent arriver à se concentrer sur la côte atlantique du Maroc. Malgré cela, les zones humides andalouses accueillent toujours une population hivernante stable, oscillant entre 23 805 et 62 700 oiseaux (41 374 hivernants en moyenne) et qui manifeste pour la période 2004-2013 une augmentation annuelle de 4,4 %. Hivernage (individus) Min Max Moy. 0 26.806 13.188 0 13.597 2.781 0 2.150 694 hh Forte augmentation Hivernage Precipitation à Doñana (mm) 90000 75000 60000 45000 30000 15000 0 2004 2005 2006 2007 Population hivernante (ind.) 31 2008 2009 2010 2011 2012 2013 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC LES OISEAUX D’EAU AU MAROC INTRODUCTION Du point de vue typologique, les zones humides au Maroc présentent une grande diversité, liée à celles des climats, des reliefs et des paysages caractérisant le territoire du pays. On y trouve des zones humides naturelles : lacs, marais et cours d’eau, lagunes, estuaires, tourbières, mares temporaires, sebkhas, oasis ; et d’autres soumises à l’action de l’homme comme les salines, les retenues de barrage et bassins de stockage d’eau. Les zones humides classées comme sites d’intérêt biologique et écologique (SIBE), définis par le Plan directeur des aires protégées du Maroc (AEFCS, 1996), sont au nombre de 84, totalisant plus de 200.000 ha, soit 0,3 % de la superficie du territoire national. Parmi ces SIBE’s, 24 zones humides ont été identifiées comme sites Ramsar (Dakki et al., 2011) ; elles couvrent une superficie de 272 010 ha. Les sites les plus importants sont : • l’embouchure de la Moulouya et la lagune de Nador, comme sites côtiers méditerranéens, • la Merja Zerga, le Complexe du Bas Loukkos, le Complexe de Sidi Moussa-Walidia, la lagune de Khnifiss, la baie d’Ad-Dakhla, pour les sites côtiers atlantiques, • les Aguelmams de Sidi Ali et d’Afennourir, comme sites montagneux, • les oasis de Tafilalt et de la Moyenne Draa, comme sites représentatifs au niveau de l’Afrique du Nord, Zones humides du nord du Maroc • les retenues de barrages Mohammed V, Al Massira et Al Mansour Ad-Dahbi. Ces caractéristiques confèrent aux zones humides du Maroc un rôle significatif dans le maintien des populations de nombreux d’oiseaux aquatiques aussi bien sédentaires que migrateurs ; elles servent notamment de relais d’importance majeure pour des millions d’oiseaux ouestpaléarctiques hivernant au Maroc et, surtout, en Afrique sub-saharienne. Les zones humides marocaines hébergent aussi des populations reproductrices ou hivernantes d’espèces menacées ou vulnérables comme le butor étoilé (Botaurus stellaris), le crabier chevelu (Ardeola ralloides), la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris), le 32 tadorne casarca (Tadorna ferruginea), le fuligule nyroca (Aythya nyroca), l’érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala), la foulque caronculée (Fulica cristata), etc. Les espèces sélectionnées pour cette analyse constituent les espèces ayant un caractère menacé ou remarquable de la région de Méditerranée occidentale et pour lesquelles les situations et statuts écologiques présentent beaucoup de similitudes entre les zones humides du nord du Maroc et celles d’Andalousie en Espagne. Il s’agit donc du crabier chevelu, de la sarcelle marbrée, du fuligule nyroca, de l’érismature à tête blanche, de la foulque caronculée, de la spatule blanche (Platalea leucorodia) et du flamant rose (Phoenicopterus roseus). Les oiseaux d’eau du Nord du Maroc Embouchure de la Moulouya. Photo: Mohammed Aziz El Agbani Ce travail se focalise sur les huit zones humides du nord du Maroc dont six sites Ramsar : (1) l’embouchure de la Moulouya, (2) la Sebkha Bou Areg (ou lagune de Nador), (3) le barrage Mohammed V, dans le nord-est du pays, (4) le barrage de Smir, (5) les marais de Smir, (6) le Complexe du Bas Tahaddart, (7) le Complexe du Bas Loukkos et (8) les marais du Plateau de Rmel, dans le nord-ouest du Maroc. MÉTHODOLOGIE L’analyse de l’hivernage des oiseaux d’eau se base sur les résultats des dénombrements hivernaux coordonnées par le Centre d’étude des migrations d’oiseaux (CEMO) de l’Institut scientifique (Université Mohammed V, Rabat) et réalisée par les membres du Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM). La période prise en compte s’étale sur 11 ans : 2001-2011. L’effectif moyen de chaque espèce correspond à la somme des oiseaux dénombrés dans chacun des sites prospectés divisé par le nombre d’années où des visites ont concerné ces sites. Les tendances ont été analysées au moyen du programme TRIM (Pannekoek & van Strien, 2008). L’essentiel de l’information sur la nidification des espèces a été extrait d’un rapport élaboré dans le cadre du projet d’inscription de nouveaux sites sur la Liste de la convention de Ramsar (Thévenot & Qninba, 2003) ; les données de travaux plus récents ainsi que des observations inédites ont été également intégrées. RÉSULTATS Hivernage Les résultats des dénombrements hivernaux dans les zones humides septentrionales considérées dans le présent travail pour la période 2001-2011 ont donné une moyenne annuelle de 41 118 individus appartenant à 96 espèces. Du point de vue du nombre d’espèces, le groupe des limicoles arrive en tête avec 32 espèces, suivis par les anatidés (20), les laridés (19), les ardéidés (8) et les rallidés (6). Les podicipédidés, 33 threskiornithidés, phalacrocoracidés, ciconiidés et phœnicoptéridés sont représentés par un petit nombre d’espèces (entre 1 et 3). L’effectif total d’oiseaux d’eau utilisant ces zones humides est très variable avec un minimum de 23 387 individus notés en 2009 et un maximum de 86 737 oiseaux dénombrés en 2002. Les anatidés constituent le groupe numérique dominant, avec en moyenne 37 % des oiseaux recensés. Les laridés et les limicoles occupent la seconde place avec 20 % chacun ; les rallidés occupent le troisième rang (12 % en moyenne). L’ensemble des autres groupes occupe moins de 10 % de l’effectif moyen. Le Complexe du Bas Loukkos (marais et embouchure) héberge, avec ses 15 556 hivernants, plus de 37 % de l’effectif moyen d’oiseaux d’eau comptés. Reproduction L’analyse globale des données relatives au peuplement d’oiseaux d’eau nicheurs des zones humides du Maroc septentrional met en LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC évidence une importante dynamique globalement positive de réhabilitation d’espèces ayant connu un grave déclin par le passé ou une disparition locale ou régionale (voir aussi Qninba & El Agbani, 2008). On assiste parfois même à l’installation de nouvelles espèces ou à l’expansion territoriale d’autres espèces. À titre d’exemple, à l’embouchure de la Moulouya, le nombre d’oiseaux reproducteurs inféodés au milieu aquatique est passé de quatre, pendant les années 1950, à 18, à la fin des années 1980, puis à plus de 30 actuellement. Cette dynamique positive de recolonisation est accompagnée par un important succès de reproduction qui se manifeste par des nombres élevés de couples reproducteurs ; c’est le cas de la sarcelle marbrée (plus de 200 couples), l’échasse blanche (Himantopus himantopus) (100 couples), l’avocette élégante (Recurvirostra avosetta) (85 couples) à l’embouchure de la Moulouya. Ceci est également valable pour ces deux dernières espèces au Bas Tahaddart. Trois espèces d’ardéidés, le héron bihoreau (Nycticorax nycticorax), le crabier chevelu et l’aigrette garzette (Egretta garzetta) ont montré récemment un fort succès de reproduction avec respectivement 86, 500 et 200 couples au Complexe des zones humides du Bas Loukkos pour une seule période de reproduction. talève sultane (Porphyrio porphyrio), espèce actuellement en pleine expansion géographique au Maroc. Une mention spéciale est à décerner au butor étoilé et au blongios nain (Ixobrychus minutus), deux espèces en danger (EN) au Maroc et qui semblent reconquérir lentement les rares sites d’où elles avaient disparu auparavant. Cette dynamique de colonisation et ce niveau élevé de succès de reproduction ont été démontrés également chez la glaréole à collier (Glareola pratincola) au niveau de l’embouchure de la Moulouya, au Complexe des zones humides du Bas Loukkos et au Bas Tahaddart. En ce qui concerne le héron pourpré (Ardea purpurea), espèce classée en danger au Maroc et en déclin en Europe, on assiste à une certaine stabilisation et au maintien dans les sites où il se reproduisait auparavant (embouchure de la Moulouya et Complexe des zones humides du Bas Loukkos) ; il développe même une certaine dynamique de recolonisation en réapparaissant aux marais de Smir et en se reproduisant pour la première fois au Bas Tahaddart. Cette dynamique de colonisation semble se produire pour d’autres espèces bien qu’avec des effectifs moins importants ; il s’agit par exemple de la nette rousse (Netta rufina), du fuligule milouin (Aythya ferina), du fuligule nyroca, du grèbe castagneux (Tachybaptus ruficolis) et du grèbe huppé (Podiceps cristatus), qui sont en train de reconquérir de nouvelles zones humides. Le cas où le nombre de sites recolonisés a sans doute été le plus élevé est celui de la Marais du Bas Loukkos. Photo: Mohammed Aziz El Agbani 34 La sterne naine (Sterna albifrons) connaît également un renforcement de ses populations reproductrices et une extension récente à d’autres zones humides comme les zones humides de l’Oriental. On a également constaté la reproduction d’espèces pour la première fois au Maroc ; il s’agit de la mouette rieuse (Larus ridibundus), première mention en Afrique (barrage Al Massira, Bas Loukkos, etc.), et de la guifette noire (Chlidonias niger) (barrage Al Massira) deuxième mention en Afrique après celle de la Tunisie. Ces espèces acquièrent ainsi le statut de nicheurs et voient leurs limites de répartition biogéographique s’étendre au Maghreb. Jusqu’alors la mouette rieuse était hivernante et migratrice au long cours et la guifette noire hivernante occasionnelle et migratrice au long cours. Les oiseaux d’eau du Nord du Maroc Tendance des populations en hivernage (comptages de mi-janvier) . Période 2001-2011 Espèce Crabier chevelu Fuligule nyroca Sarcelle marbrée Érismature à tête blanche Foulque caronculée Spatule blanche Flamant rose hh Forte augmentation h Minimun 6 2 153 0 690 261 781 Effectifs hivernaux Maximun Moyenne 67 30 968 153 2.812 120 80 9 4.435 2.197 1.000 479 6.818 4.046 Faible augmentation ii Forte diminution Distribution des effectifs hivernaux au Maroc. Moyenne des % annuels pendant la période 2001-2011 Tendance ? hh ii ? h hh h ? Espèce Nordouest Nord-est Centre Haut et Atlantique Moyen Atlas Crabier chevelu Fuligule nyroca Sarcelle marbrée Foulque caronculée Spatule blanche Flamant rose 87% 46% 13% 69% 43% 25% 4% 14% 6% 1% 9% 46% 3% 9% 20% 13% 8% 3% 31% <1% Sud 8% 23% 32% 34% 53% Incertain Effectifs hivernaux dans les principales zones humides (minimum, maximum et moyenne) pour la période 2001-2011 Embouchure Oued Barrage Moulouya Mohamed V Espèce min-max moy. min-max moy Crabier chevelu 3 - 10 1 0 0 Fuligule nyroca 0 - 16 1 5 - 400 50 Sarcelle marbrée 3 - 142 27 3 - 230 27 Érismature a tête blanche 0-2 0 0 0 Foulque caronculée 0 0 0 0 Spatule blanche 1 - 56 10 0 0 Flamant rose 6 - 39 20 2 - 36 4 Sebkha Bou Areg min-max 0 0 0 0 0 0-6 51 - 700 moy 0 0 0 0 0 1 296 Marais de Smir min-max 0-8 0 - 17 0-8 0 0 - 281 0 - 90 0 - 312 moy 1 2 1 0 43 24 80 Complexe Oued Complexe Bas Tahaddart Loukkos min-max moy min-max moy 0 0 2 - 65 19 0 0 0 - 68 12 0 0 0 - 82 8 0 0 0 0 0 - 15 1 294 - 3.918 1.304 1 - 15 3 0 - 136 61 0 - 415 126 0 - 1.044 298 Plateau de Rmel min-max 0 - 40 0 - 50 0 - 12 0-1 0 - 90 0 - 83 0 - 26 moy 7 7 1 0 15 25 4 Effectifs d’oiseaux d’eau recensés en hivernage pour la période 2001-2011 Zone humide Embouchure Oued Moulouya Barrage Mohamed V Sebkha Bou Areg Marais de Smir Barrage Smir Complexe Oued Tahaddart Complexe Bas Loukkos Plateau de Rmel Min. (individus) 424 22 789 687 291 160 5.197 2.974 Max. (individus) 3.402 21.174 4.984 3.767 13.197 9.828 30.654 18.881 Moyenne (Individus) 1.729 5.997 2.931 2.469 3.816 3.921 15.556 7.991 35 Écart type 1.113 6.778 1.281 926 4.233 3.249 8.180 4.405 Nº d' espèces 77 47 58 63 26 52 77 61 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Ce héron reste très localisé, les effectifs ont été partagés entre 13 zones humides seulement. Les sites du nord-ouest ont accueilli en moyenne la majorité des crabiers chevelus (86 %) ; les marais du Bas Loukkos, à eux seuls, Fuligule nyroca Aythya nyroca Hivernage La population hivernale marocaine de fuligules nyrocas a connu une nette progression aussi bien des effectifs que des sites fréquentés. En effet, les effectifs hivernaux sont passés de 11 individus en 2001 à 968 en 2011. Cependant, de grandes fluctuations interannuelles ont été observées. L’accroissement des effectifs a été accompagné d’une élévation du nombre de sites fréquentés : 12 sites ont hébergé cette espèce en 2011, alors que seulement quatre sites ont été fréquentés en 2001 (un seul site en 2003 et en 2005). En moyenne, 60 % des effectifs de fuligules nyrocas hivernant au Maroc ont été observés dans le Nord : 46 % dans le nord-ouest et 14 % dans le Reproduction Nicheur migrateur rare, le crabier chevelu a été identifié à partir de la Actuellement la nidification été renseignée au niveau de la Moulouya, de la Sebkha Bou Areg, des marais de Smir, des marais de Fouarate, des étangs du Golfe de Benslimane et potentiellement au niveau de Dar Bouazza.L’héronnière des marais du Bas Loukkos, qui a hébergé environ 500 couples en 2004, a été détruite depuis. Population hivernante 100 10 80 8 60 6 40 4 20 2 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 nord-est. La Merja de Sidi Bou Ghaba a accueilli 19 % des hivernants, suivie par les marais du Bas Loukkos (14 %) et le barrage Mohammed V (10 %) ; la présence du fuligule nyroca était plus régulière dans les deux premières zones humides. Reproduction Le fuligule nyroca est un nicheur sédentaire rare et vulnérable au Maroc. Alors qu’auparavant la nidification était restreinte au Rharb et plus particulièrement aux marais du Bas-Loukkos, le nyroca a colonisé 0 Nº de zones humides La capacité d’accueil du Maroc pour le crabier chevelu hivernant durant la période 2001-2011 a été relativement stable, aussi bien concernant les effectifs que les sites fréquentés. En effet, malgré quelques années avec des effectifs inférieurs à une dizaine d’individus, les effectifs hivernaux ont varié en général entre 24 et 67 individus avec une moyenne de 30 individus. La tendance de la population hivernante est incertaine. seconde moitié du 20ème siècle ; il a niché dans les colonies arboricoles suivantes : M’diq, marais du Bas Loukkos, oued Sebou et île du BouRegreg près de Rabat. Population hivernante (ind.) Nº de zones humides de nouveaux sites récemment : les marais de Smir, la merja de Sidi Bou Ghaba, la région de Benslimane, la zone humide de Mohammedia et les marais de Fouarate où la plus importante population reproductrice de cette espèce (40-45 couples) a été découverte en 2010. Sa reproduction est très probable à Douyiet. La population totale était faible jusqu’à la fin des années 1990, estimée à 10-25 couples maximum ; mais les données collectées récemment laissent penser qu’elle dépasserait au moins la soixantaine de couples. Population hivernante 1000 25 800 20 600 15 400 10 200 5 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 36 0 Nº de zones humides Hivernage Nº oiseaux Ardeola ralloides ont hébergé 62 % des hivernants, avec en plus une présence interannuelle régulière. Ce qui n’est pas le cas de la Merja Bargha bien que ce site ait abrité en moyenne 13 % de l’effectif national. Les marais du Bas Loukkos, avec 65 individus recensés en 2004, représentent le seul site marocain répondant au critère de sélection de la Convention de Ramsar de 1 % (40 individus). Nº oiseaux Crabier chevelu Population hivernante (ind.) Nº de zones humides Les oiseaux d’eau du Nord du Maroc Marmaronetta angustirostris enregistré dans le nord-est du pays n’a pas dépassé 7 %. Reproduction Les effectifs de la sarcelle marbrée hivernant au Maroc lors de la période 2001-2011 ont été caractérisés par de grandes fluctuations et une nette tendance à la baisse. Ils ont varié entre 152 individus en 2007 et 2 812 individus en 2001. Le nombre de sites fréquentés était généralement supérieur à sept sauf en 2007 et 2009 où seulement quatre et trois sites ont hébergé un faible nombre de sarcelles : 152 et 226 individus respectivement. La majorité des sarcelles marbrées s’est distribuée sur les sites du centre atlantique et du sud du pays. Le nord du Maroc a été faiblement fréquenté. La région du nord-ouest n’a hébergé que 13 % et l’effectif Érismature à tête blanche La sarcelle marbrée est une reproductrice rare, localisée au Maroc. Sa nidification a été confirmée au niveau de 12 sites : embouchure de l’Oued Moulouya, marais du BasLoukkos, Merja Bargha, Merja Zerga, marais de Fouarate, Merja de Sidi Bou Ghaba, plan d’eau de Douyiet, zones humides artificielles de la région de Benslimane, zone humide de Les effectifs fluctuent suivant les années ; ils ont été estimés à environ 50 couples au cours des années 90, mais étaient probablement plus élevés dans le passé, de l’ordre de 75-100 couples. Ponctuellement, ils peuvent être exceptionnellement élevés comme en 2002 au niveau de l’embouchure de l’oued Moulouya où 205 couples avaient été recensés. Population hivernante Nº oiseaux Hivernage Mohammedia, Complexe Sidi MoussaWalidia, embouchure de l’oued Massa, Daya de Ténouchad du parc national de Khnifiss. 3000 15 2400 12 1800 9 1200 6 600 3 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Oxyura leucocephala également notée au niveau des salines de Qaryat Arkmane en 2009 (3 individus). Hivernage Reproduction L’érismature à tête blanche fréquente actuellement régulièrement le plan d’eau de Douyiet (80 individus en 2005) et la Merja de Sidi Bou Ghaba (12 individus en 2011) ; l’espèce a été Nicheur sédentaire de plus en plus régulier actuellement, cet oiseau s’est reproduit au début du 20ème siècle dans le nord-ouest du Maroc, dans le Rharb, dans la région du Zemmour et, probablement aussi, 0 Nº de zones humides Sarcelle marbrée 2,5 80 2 60 1,5 40 1 20 0,5 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 0 Nº de zones humides Nº oiseaux 100 37 Nº de zones humides dans certains lacs du Moyen Atlas. Aucun cas de reproduction au Maroc n’a été observé de 1970 à 1996. Depuis 1997, probablement à la suite de l’accroissement considérable de la population espagnole, l’espèce a été observée aux marais de Fouarate (Maire et al., 2013), à Merja de Sidi Bou Ghaba (Cherkaoui et al., 2013) et au plan d’eau de Douyiet (Bergier et al., 2003). Population hivernante 0 Population hivernante (ind.) Population hivernante (ind.) Nº de zones humides LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC Foulque caronculée où seulement quatre et trois sites respectivement ont hébergé les contingents de cette espèce. Fulica cristata Hivernage Les effectifs de foulque caronculée hivernant au Maroc lors de la période 2001-2011 sont caractérisés par de grandes fluctuations et un léger accroissement. Ils ont varié entre un minimum de 690 individus (2003) et un maximum de 4 435 individus (2008). Le nombre de sites fréquentés était généralement supérieur à six sauf en 2002 et 2010 Ces localités sont réparties entre deux régions du pays avec huit sites au nord-ouest qui ont accueilli en moyenne la majorité des effectifs (69 %) et huit sites au Moyen Atlas. Les marais du Bas Loukkos ont accueilli plus de la moitié des effectifs de foulque caronculée (61 %). La présence de l’espèce est régulière aussi à Merja de Sidi Bou Ghaba et aux marais de Smir, malgré les faibles effectifs que ces sites ont hébergés. Reproduction La foulque caronculée se reproduit localement au Maroc, essentiellement dans le nord-ouest du pays et dans le Moyen Atlas : marais de Smir, marais du bas Loukkos, Sidi Bou Ghaba, marais de Fouarate, Douyiet, plans d’eau de la région de Benslimane et du Moyen Atlas (Dayet Aoua, Afourgah, Hachlaff, Affenourir, plan d’eau d’Ifrane, Zerrouqua et les Amghass) ; l’espèce a été très récemment découverte au niveau de Sidi Moussa-Walidia. 5000 15 4000 12 3000 9 2000 6 1000 3 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Spatule blanche en 2011, alors que le nombre de sites fréquentés par an est resté relativement stable avec une moyenne annuelle d’une quinzaine de sites. Platalea leucorodia Hivernage Le Maroc a accueilli, entre 2001 et 2011, de plus en plus de spatules blanches hivernantes sans que le nombre de sites fréquentés n’en soit affecté. En effet, les effectifs hivernaux sont passés de 300 individus en 2001 à 1 000 individus Le nord-ouest a hébergé en moyenne 43 % des effectifs des spatules blanches hivernant au Maroc tandis que la région du nordest n’en a hébergé que 3 %. 0 Nº de zones humides Nº oiseaux Population hivernante Population hivernante (ind.) Nº de zones humides Reproduction Après une tentative avortée de nidification en 1967 dans le Bas Tahaddart, l’espèce s’est reproduite pour la première fois au Maroc (1 couple) près des marais de Smir en 1994 ; depuis lors, la population nicheuse n’a cessé d’augmenter pour atteindre 20 couples en 2000. L’espèce se reproduit toujours au sein de la même héronnière. 25 1000 20 750 15 500 10 250 5 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 38 0 Nº de zones humides Nº oiseaux Population hivernante 1250 Population hivernante (ind.) Nº de zones humides Les oiseaux d’eau du Nord du Maroc Flamant rose en 2008. Le nombre des sites fréquentés n’a pas montré de grandes variations et généralement, une vingtaine de sites ont hébergé le contingent de cette espèce hivernant au Maroc. Phoenicopterus roseus Hivernage Les effectifs de flamants roses hivernants au Maroc lors de la période 2001-2011 ont été caractérisés par une légère augmentation avec des nombres variant entre 3 000 et 7 000 individus. Toutefois, un minimum de 781 individus a été consigné Durant la période 2001-2011, le sud du pays a accueilli en moyenne la moitié des effectifs des flamants hivernants au Maroc et le nordouest le quart des hivernants. Le quart restant est partagé entre le centre atlantique et le nord-est. Reproduction Aucun cas de nidification sur un site naturel n’a été observé au Maroc depuis l’assèchement du lac Iriqui (Moyenne Draa) suite à la construction du barrage Al Mansour Eddahabi près d’Ouarzazate. Il est à noter qu’une petite population captive se reproduisait régulièrement au niveau de l’ancien parc zoologique de Rabat, transféré ces dernières années. 7500 30 6000 24 4500 18 3000 12 1500 6 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 REMERCIEMENTS BIBLIOGRAPHIE Nous tenons à remercier et à rendre hommage aux innombrables observateurs volontaires du GREPOM ou d’ailleurs qui ont bien voulu nous communiquer leurs précieuses observations concernant l’hivernage et la reproduction des espèces traitées dans cette étude. C’est à travers leur engagement et leur dévouement que nous pouvons réaliser ces types de synthèses en vue d’une meilleure conservation de ces espèces menacées et leurs habitats naturels. AEFCS (1996). Plan Directeur des Aires Protégées du Maroc. Rapport inédit, Administration des Eaux et Forêts et de la Conservation des Sols/BCEOM/ SDECA/ISR/EPHE. BERGIER P., FRANCHIMONT J., THEVENOT M. 2003. Evolution récente de la population d’Érismature à tête blanche Oxyura leucocephala au Maroc. Alauda, 71 : 339-346. CHERKAOUI I., DAKKI M., LAHROUZ S., HANANE S. 2013. Ten-year survey of breeding Anatidae of Lake Sidi Boughaba (North-western Marocco): status, tendencies of change and avenues for future research. Rev. Écol. (Terre Vie), vol. 68 : 167-180. DAKKI M., EL AGBANI M.A., QNINBA, A. (Eds), 2011.- Zones humides du Maroc inscrites jusqu’en 2005 sur la liste de la convention de Ramsar. Trav. Inst.Sci., 39 0 Nº de zones humides Nº oiseaux Population hivernante Population hivernante (ind.) Nº de zones humides Rabat, Sér. Générale, 7, 238 pp. MAIRE B., LAÏDI K., MATHURIN A. 2013. La valeur patrimoniale croissante de la zone humide de Fouarat (Kenitra) pour quelques espèces-clés de l’avifaune marocaine. Go-South Bull., 10, 198-202. PANNEKOEK, J., VAN STRIEN, A. 2008. TRIM 3 Manual (TRends & Indices for Monitoring Data). Statistics Netherlands, Voorburg. QNINBA A., EL AGBANI M.A. 2008. Les récents changements dans le statut phénologique au Maroc de quelques oiseaux d’eau et paludicoles. Proceeding du 32ième Colloque Francophone d’Ornithologie. Paris (France) : 13-14 décembre 2008. 129-142. THÉVENOT M., QNINBA A. 2003. Oiseaux d’eau nicheurs du Maroc. Rapp. inédit, Projet WWF International “Inscription de nouveaux sites marocains sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale”. HCEFLCD/ Inst. Sci./WWF/Bur. Ramsar, 89 pp. LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC CONCLUSIONS Le suivi à long terme de la communauté d’oiseaux d’eau en Andalousie a permis d’établir que l’état de conservation de l’ensemble des espèces et des zones humides est satisfaisant bien que très dépendant des précipitations. Les résultats obtenus ont démontré que, pendant la dernière décennie, les principales zones humides andalouses ont joui d’un bon état de conservation, abritant une moyenne d’environ 70 000 couples reproducteurs (maximum 103 107 couples reproducteurs en 2011) de jusqu’à 63 espèces différentes, avec une tendance légèrement positive pendant la période 2007-2013 concernant l’abondance de couples (augmentation annuelle de 0,6 %) et une richesse d’espèces qui reste stable au cours de cette même période. L’analyse par espèces montre que sur les 63 espèces reproductrices qui ont été repérées en Andalousie, 29,7 % (n = 19) présentent une tendance positive, avec des augmentations fortes ou modérées (p. ex. le flamand rose, le tadorne de Belon ou l’ibis falcinelle), 15,6 % une tendance stable (n = 10) (p. ex., le héron pourpré ou la nette rousse) et 16,2 % (n = 11) présentent une tendance négative, avec un déclin fort ou modéré ( p. ex. l’avocette élégante ou le petit gravelot). On n’a pas pu dégager de tendances nettes pour le reste des espèces (n = 23). Environ 740 000 oiseaux d’eau hivernent en moyenne chaque année en Andalousie, représentant jusqu’à 146 espèces différentes dans 150-250 zones humides, avec une tendance à la hausse de 1,9 % par an pour la période 2004-2013. La plupart des zones humides, et par conséquent la plus grande concentration d’oiseaux d’eau, se trouvent dans la vallée du Guadalquivir et sur la bande côtière andalouse, dont principalement l’END, la baie de Cadix et les marais de l’Odiel. Dans l’arrièrepays abondent les zones humides à caractère endoréique dont les disponibilités hydriques varient énormément ; soulignons la lagune de Fuente de Piedra en raison de sa colonie de flamants roses et les zones humides artificielles (retenues de barrages, bassins d’irrigation, stations d’épuration des eaux usées, etc.) qui, même si elles moins nombreuses, constituent parfois les habitats préférés de certaines espèces menacées. Le suivi des populations a joué un rôle essentiel dans l’évaluation de l’efficacité de chaque action de conservation du milieu ou de l’avifaune mise en œuvre pendant la période étudiée. La majeure partie des populations reproductrices et hivernantes se trouvait dans des espaces faisant partie du RENPA. Les résultats du suivi semblent dès lors indiquer que ce statut de protection a contribué à la correction des menaces préexistantes et fournit un meilleur cadre de travail (financier, propriété publique, etc.) pour pouvoir y mettre en œuvre des actions d’amélioration de l’habitat. 40 Parmi les espèces incluses dans le Plan de récupération et de conservation des oiseaux des zones humides et qui se sont régulièrement reproduites en Andalousie au cours des dix dernières années, le butor étoilé et le balbuzard pêcheur montrent une tendance positive (ce dernier grâce au Programme de réintroduction de l’espèce en Andalousie). Par contre, la sarcelle marbrée et la foulque caronculée présentent un fort déclin. L’érismature à tête blanche et le crabier chevelu demeurent stables tandis que la population de fuligule nyroca est minime, aux limites de la viabilité. Au Maroc les populations de foulque caronculée et sarcelle marbrée accusent une forte baisse tandis que le fuligule nyroca montre une remarquable augmentation. Le crabier chevelu est en légère diminution tandis que l’érismature à tête blanche réapparaît de plus en plus au Maroc, en partie grâce à l’augmentation des effectifs de l’Andalousie. La spatule blanche et le flamant rose, deux espèces suivies depuis une trentaine d’années, montrent des populations bien conservées et en augmentation à long terme ; on enregistre la même tendance positive au Maroc. L’analyse globale des données relatives au peuplement d’oiseaux d’eau nicheurs des zones humides du Maroc septentrional met en évidence une importante dynamique globalement positive de réhabilitation d’espèces ayant connu un grave déclin par le passé ou une disparition locale ou régionale. À l’échelle du Maroc, si les données sur l’hivernage Conclusions, bibliographie et acronymes des oiseaux d’eau sont relativement bien maitrisées, les informations sur la reproduction de ces espèces restent ponctuelles. Il s’avère donc nécessaire de lancer un programme de suivi qui serait dédié à combler cette lacune. Il faut signaler l’importance de la composition, la diversité et la complementarité des zones humides du nord du Maroc, ce qui favorise l’échange entre les populations d’oiseaux d’eau de différents milieux et entre différentes zones humides d’un même complexe. On retrouve cette complementarité entre les zones humides de l’Andalousie et du nord du Maroc, et les populations de certaines espèces peuvent être influencées par les déplacements et les échanges d’individus entre l’Espagne et le Maroc. Pour pouvoir expliquer les grandes fluctuations détectées et évaluer l’isolement des populations il s’avère donc nécessaire de réaliser un suivi coordonné et une analyse conjointe des populations entre l’Andalousie et le Maroc. Les problématiques générales sont plus ou moins similaires pour ces espèces menacées et les zones humides qui les hébergent entre le nord du Maroc et ceux de l’Andalousie. Il est nécessaire de mutualiser les efforts, d’homogénéiser les méthodologies de travail et de récolte de l’information et faciliter les échanges d’expériences aussi bien pour la recherche et le suivi environnemental que pour les actions conservatoires de réhabilitation des espèces menacées et de leurs habitats naturels. Hoya de la Huerta (SE). Photo: José Miguel Ramirez 41 LES OISEAUX D’EAU EN ANDALOUSIE ET AU MAROC BIBLIOGRAPHIE ET ACRONYMES BIBLIOGRAPHIE AMAT, J.A., VARO, N. 2004. Determinación de las causas de disminución poblacional de la focha moruna, Fulica cristata en Andalucía. Convenio de Colaboración de Consejería de Medio Ambiente (Junta de Andalucía)-C.S.I.C. BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2000. Threatened Birds of the World. Lynx Editions, Birdlife International. Barcelona, Cambridge. CMA, 2004. Plan Andaluz de Humedales. Documento Técnico. Consejería de Medio Ambiente de la Junta de Andalucía. Sevilla. CMA, 2007. Programa de Actuaciones para la Recuperación de la focha moruna (Fulica cristata) y la cerceta pardilla (Marmaronetta angustirostris) en Andalucía II. Informe inédito. Consejería de Medio Ambiente. Junta de Andalucía. CMA, 2011. Programa de Emergencias, Control Epidemiológico y Seguimiento de Fauna Silvestre de Andalucía. Protocolos de Seguimiento de Fauna Silvestre en Andalucía. Informe técnico. 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ACRONYMES CMA : Ministère régional de l’Environnement d’Andalousie CMAOT : Ministère régional de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire d’Andalousie EBD-CSIC : Station biologique de Doñana. Conseil supérieur de la recherche scientifique (ministère de l’Économie et de la Compétitivité) EN : Espèce classée “en danger” d’extinction conformément au décret D 23/2012 END : Espace Naturel de Doñana ESPN : Équipe des Processus naturels. Station biologique de Doñana GREPOM : Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc LESPE : Espèce incluse dans la Liste des espèces sauvages spécialement protégées PAH : Plan andalou des zones humides RENPA : Réseau des espaces naturels protégés d’Andalousie UICN : Union Internationale de la Conservation de la nature, VU : Espèce classée “vulnérable” conformément au décret D 23/2012 AL : Province d’Almeria CA : Province de Cadix CO : Province de Cordoue HU : Province de Huelva MA : Province de Malaga SE : Province de Séville JA : Province de Jaén GR : Province de Grenade Laguna de Medina. Photo: Luis Alfonso Rodríguez Collaborations Les résultats présentés ici sont le fruit d’un immense travail de terrain qui a été réalisé par de nombreuses équipes au cours de ces 10 années de suivi, et sans lesquelles il n’aurait pas été possible d’obtenir une information de cette qualité. Dans la plupart des zones humides andalouses, le suivi a été réalisé par le personnel du Programme d’interventions d’urgences, de contrôle épidémiologique et de suivi de la faune sauvage du Ministère régional de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire d’Andalousie, avec la collaboration des Agents de l’Environnement. Le suivi de certaines zones humides a été réalisé par des équipes spécifiques : c’est le cas de l’Espace Natural de Doñana, contrôlé par l’équipe des Processus naturels de la Station biologique de Doñana (EBD-CSIC). D’autre part, depuis 2013, la station ornithologique de Padul ainsi qu’une équipe de la mairie de Motril ont réalisé les comptages dans deux zones de la province de Grenade, respectivement Turberas de Padul et Charca Suárez. En outre, durant la dernière décennie certaines espèces menacées ont fait l’objet de projets de conservation menés Partenaire bénéficiaire par des équipes spécialisées. C’est le cas du balbuzard pêcheur, objet d’un projet de réintroduction en Andalousie (CMAOT) dans lequel ont participé la Fondation Migres et le personnel du parc des Marais de l’Odiel. En ce qui concerne la spatule blanche, on a utilisé les données du plan régional de conservation de la spatule (2005-2009) et du personnel du parc des Marais de l’Odiel. On a également utilisé des données du Programme de baguage des flamants roses, du personel de la Lagune de Fuente de Piedra, de la Station Biologique de Doñana et du parc des Marais de l’Odiel et de la réserve naturelle de la Lagune de Fuente de Piedra. Pour le suivi de la foulque caronculée et la sarcelle marbrée, on a pu compter sur les informations apportées par le Programme d’actions pour la récupération de la foulque caronculée et de la sarcelle marbrée en Andalousie (CMAOT), la Réserve naturelle Cañada de los Pájaros et les experts de la Station biologique de Doñana (EBD-CSIC). El Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM) a réalisé le suivi des zones humides au Maroc et a rédigé l’article inclus dans cette publication. Auteurs Les oiseaux d’eau en Andalousie : Claudine de le Court, Jesús Chaves, Araceli Garrido, José Rafael Garrido, Manuel Rendón-Martos. Les oiseaux d’eau au Maroc : Rhimou El Hamoumi, El Mohammed Aziz El Agbani, Abdeljebbar Qninba & Mohammed Dakki. Suggestion sur la façon de citer cette publication CMAOT, 2014. Les oiseaux d’eau d’Andalousie et du Maroc. Consejería de Medio Ambiente y Ordenación del Territorio. Junta de Andalucía. Sevilla. Auteur de la photo de couverture et verso de la publicatión Antonio Atienza Fuerte