une belle saloperie - J.-P. Garen, site officiel de l`auteur

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une belle saloperie - J.-P. Garen, site officiel de l`auteur
UNE BELLE SALOPERIE
J.P.GAREN
EDITIONS DE L'OFFICINE
PARIS
Site internet : www.jpgaren.fr.st
Du même auteur
Aux Editions Fleuve-Noir
Collection « Spéciale-Police »
Justice à rendre. 1960 (traduit en espagnol, portugais et grec)
En pâture aux crabes 1962 (traduit en espagnol et grec)
Piège pour la défense 1962 (traduit en espagnol et grec)
Poursuite sans espoir 1963 (traduit en espagnol)
La mort en héritage 1963 (traduit en espagnol)
Défense sans pitié 1963 (traduit en espagnol)
Malade à tuer 1964 (traduit en italien)
Morte sous la pluie 1964 (traduit en grec)
Malheur à la défense 1964
Dangereuse hospitalité 1965 (traduit en espagnol)
Week-end aux enfers 1965 (traduit en italien)
Trop tard pour tuer 1966 (traduit en italien et néerlandais)
Une semaine pour la défense 1971 (traduit en portugais et grec)
La troisième empreinte 1972
Balade pour un cadavre 1973
La colère de Wotan 1973
L’affaire Himes 1974 (traduit en serbo-croate)
Le 21 septembre 1975
Meurtre dans les Alpilles 1976
Accident au Lavandou 1977
Médée 1978 (traduit en grec)
Meurtre par intérim 1980
Vengeance en solitaire 1982
Collection « Anticipation » (Tous traduits en tchèque)
Le bagne d’Edénia- 1975
Orage magnétique 1976
Les damnés de l’espace 1976
Attaque parallèle 1976 (traduit en espagnol)
Le secret des initiés 1977
Opération Epsilon 1977
Mémoire génétique 1978
Mission sur Mira 1979
Capitaine Pluton 1981 (Prix C.Auvray du roman S.F.F.I.1981)
Génie génétique 1983
L’emprise du cristal 1984
Série de Surveillance des Planètes Primitives (Tous traduits en tchèque)
Le dernier des Zwors 1982
L’ordre des Ordres 1984
L’inconnue de Ryg 1985
La fleur pourpre 1986
Opération Bacchus 1986
Le gladiateur de Vénusia 1986
Le dragon de Wilk 1987
Les guerrières de Lesban 1987
Le chariot de Thalia 1987
Les démons de la montagne 1987
Le maître de Juvénia 1988
La vengeance de l’androïde 1988
La quête du Graal 1988
Piège sur Korz 1989
Des enfants très doués 1989
Les pierres de sang 1989
Le roi de fer 1989
La chute des Dieux 1990
Safari mortel 1990
Chasse infernale 1990
Le gardien du cristal 1990
Les pirates de Sylwa 1991
L’ombre des Rhuls 1991
Astronef Mercure 1991
La planète des Lykans 1992
Le camp des inadaptés 1992
Les possédés du démon 1992
Recyclage 1992
Mission secrète 1992
Le temps et l’espace 1993
Les moines noirs 1993
Les mangeurs de viande 1993
Les mines de Sarkal 1994
Les adorateurs de Kaal 1994
L’araignée de verre 1994
Les hommes du Maître 1995
Justice galactique 1996
La montagne rouge 1996
Les pieuvres végétales 1998
Les pierres du diable 1998
L’antre du démon 1998
Les entrailles de Wreck 1998
Aux Editions Publibook.com
Les sorcières du marais 2000
Aux Editions de l'Officine
Recherche sans espoir
L'Epée de lumière
La planète morte
Par définition, le roman est œuvre d'imagination.
Inutile donc de chercher Tanay-sur Beuvron dans un atlas.
Toute ressemblance avec des personnages ou des lieux
existants ne serait que pure coïncidence.
J.-P.GAREN
CHAPITRE PREMIER
Avril 1944 – Siège de la Gestapo – Bourges.
Deux hommes à la carrure imposante soulignée par leur imperméable grisâtre, le chapeau
vissé sur leur tête massive, encadraient un jeune homme qui avait les mains entravées derrière
le dos par des menottes.
Après avoir frappé à une porte, les deux sbires poussèrent leur prisonnier dans une vaste
pièce et l'installèrent sans ménagement sur un tabouret de bois clair marqué de nombreuses
taches brunâtres. Puis l'un d'eux claqua des talons et annonça :
- Herr Neumann, voici le prisonnier. Comme prévu, nous l'avons cueilli sans difficulté à la
sortie de la gare. Il a tenté de résister et nous avons été obligés de lui prouver que nous
sommes de la race des seigneurs.
Derrière un authentique bureau Louis XV, fruit probable d'une rapine, était installé un
personnage petit, bedonnant, à la figure ronde. Un observateur superficiel aurait pu croire être
en présence d'un brave fonctionnaire effectuant sans enthousiasme une besogne routinière.
Toutefois, les lèvres minces, le nez étroit sur lequel étaient juché des lunettes à fine monture
dorée et surtout le regard d'un bleu glacé, démentaient cette première impression.
Méticuleusement, il referma un dossier et le posa sur une pile de papiers rangés à sa droite.
Il croisa ses mains potelées sur sa bedaine et dévisagea le prisonnier. Ce dernier avait la tête
basse et un filet de sang coulait de sa narine droite.
Un sourire étira les lèvres de Neuman qui prononça en un français guttural :
- Monsieur Martinot, je vous attendais. Je vous remercie d'avoir été exact à votre rendezvous.
Il ouvrit une chemise cartonnée et en exhiba une feuille dactylographiée.
- Je reconnais, poursuivit-il, que vous et vos amis résistants ont été courageux, téméraires
même, et que vous nous avez causé quelques désagréments. Deux ponts détruits l'année
dernière, en janvier, une voiture de la gestapo mitraillée et surtout en mars la destruction de
deux camions de munitions destinées à la base aérienne d'Orléans. Le colonel de la Luftwaffe
était furieux et, par votre faute, j'ai passé un très désagréable moment.
Il frappa du poing sur la table, compromettant l'équilibre instable de ses dossiers.
- Heureusement, aujourd'hui tout cela va finir grâce à notre brillante organisation et à un de
vos compatriotes qui a su reconnaître la supériorité allemande.
Devant l'absence de réaction du prisonnier, il hurla :
- Regardez-moi !
Sur un signe de son chef, un des policiers saisit les cheveux du jeune homme et d'un brutal
mouvement de torsion l'obligea à relever la tête. Un gémissement sortit de la gorge contactée
du prisonnier tandis que Herr Neumann poursuivait d'une voix plus calme :
- Notre entretien sera bref car vous ne pourrez m'apprendre que peu de chose.
Le Teuton émit un rire bref comme une sorte de hennissement.
- Je sais tout de votre groupe, monsieur Martinot.
Devant le regard incrédule de son interlocuteur, il ne put s'empêcher de préciser en
compulsant sa feuille :
- Voyons ! André Carlin, votre second, Paul Mollart, spécialiste radio, Alain Landais,
infirmier, Hervé Boivin, spécialiste des explosifs, Hubert Lombard et Roland Lacroix,
hommes de main.
Avec satisfaction, il nota le regard effaré de son prisonnier, puis il ajouta avec un rictus
ironique :
- Ah ! J'allais oublier Madeleine Chapuis, votre agent de liaison. Je crois savoir que vous
vous intéressez particulièrement à cette jeune fille. Je ne vais pas tarder à faire sa
connaissance. Otto et Karl s'amuseront beaucoup avec elle. On dit qu'elle est jolie et ils
adorent violer les jeunes prisonnières.
En dépit de son courage, le jeune homme ne put réprimer un sanglot tandis que le nazi
poursuivait avec satisfaction :
- Vous avez rendez-vous ce soir à dix heures dans une petite maison forestière à cinq
kilomètres de Tanay-sur-Beuvron. Soyez assuré que nous y serons également.
Neuman se tut un instant pour bien laisser comprendre à son prisonnier l'étendue du
désastre.
- Je n'ai qu'un détail à vous faire préciser, dit-il négligemment. Qui est votre contact à
Bourges et où devez-vous vous rencontrer ?
Le jeune résistant eut alors une réaction démente, imprévisible. Profitant de ce que les deux
gardes avaient relâché leur étreinte, il se rua en avant, plongea sur le bureau qui se renversa
sous son poids, entraînant en arrière le fauteuil du nazi. Le hasard fit que les deux adversaires
se retrouvèrent allongés sur le sol, face à face. Martinot, d'un furieux coup de tête, écrasa le
nez de Neumann qui hurla de douleur. Malheureusement, le jeune homme ne put récidiver car
un choc violent à la base du crâne lui fit perdre connaissance.
Les policiers, un instant surpris par le geste inconcevable de leur prisonnier, étaient
intervenus avec une brutale efficacité. Tandis que l'un tirait le corps inanimé de Martinot,
l'autre aidait son chef à se relever en bredouillant des excuses.
Herr Neumann se tamponna maladroitement le nez qui saignait à flots et il glapit :
- Imbéciles ! Incapables ! Je vous ferai muter sur le front de l'Est !
Désignant le sol jonché de papiers, il ordonna d'une voix nasillarde :
- Ramassez tout cela ! Puis conduisez ce terroriste à la chambre des interrogatoires. Je veux
une réponse à mes questions dans les deux heures.
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