le cancer du testicule
Transcription
le cancer du testicule
LE CANCER DU TESTICULE Table des matières Table des matières 3 I - Généralités - Épidémiologie 7 II - Facteurs de risque 9 III - Anatomie pathologique 11 A. Tumeurs germinales malignes : 95 %................................................11 1. 1. Les séminomes (40 %)................................................................... 11 2. 2. Les tumeurs germinales non séminomateuses : (60 %)...................... 11 B. Tumeurs non germinales..................................................................12 C. Dissémination des cancers du testicule.............................................. 12 D. Stadification des tumeurs du testicule : Classification TNM................... 12 1. T (Tumeur primitive).......................................................................... 12 2. N (Ganglions lymphatiques régionaux)..................................................13 3. M (Métastases à distance)...................................................................13 IV - Démarche diagnostique 15 A. Clinique..........................................................................................15 B. Échographie testiculaire...................................................................15 C. Marqueurs tumoraux sériques...........................................................15 D. Orchidectomie élargie......................................................................16 E. Bilan d'extension.............................................................................16 V - Traitement 17 A. Méthodes.......................................................................................17 B. Indications.....................................................................................17 1. Tumeur germinale séminomateuse.......................................................17 2. TGNS............................................................................................... 17 VI - QCM 19 3 Objectifs 1. Décrire les particularités épidémiologiques et les facteurs de risque d'un cancer du testicule. 2. Enumérer les différents types anatomopathologiques des tumeurs testiculaires. 3. Décrire le mode d'extension des tumeurs testiculaires. 4. Organiser une démarche diagnostique devant une suspicion de tumeur testiculaire. 5. Etablir un bilan d'extension complet d'une tumeur testiculaire. 6. Assurer une prise en charge thérapeutique d'une tumeur testiculaire en tenant compte de son type anatomopathologique, de son stade anatomique et de son extension. 5 Généralités Épidémiologie I - I C'est une tumeur maligne rare, qui représente moins de 2 % de l'ensemble des cancers masculins et 5 % des tumeurs urologiques. C'est le cancer le plus fréquent de l'homme jeune entre 20 et 35 ans. Leur incidence est de 3 à 6 pour 100.000 hommes. Les tumeurs germinales (TG) sont de loin les plus fréquentes, environ 95 % des cancers et sont réparties à peu près également entre séminomes purs (TGS) et tumeurs non séminomateuses (TGNS) Le taux de guérison est de 90 % à 5 ans tous stades confondus. Leur mortalité est en forte diminution ; elle représente 12 % des décès entre 15 et 34 ans. 7 II - Facteurs de risque II Ils sont multiples et mal connus car les types histologiques sont hétérogènes. La cryptorchidie : elle multiplie le risque de cancer par 4 à 17. Facteurs endocriniens : excès d'œstrogène, insuffisance androgénique relative. Facteurs génétiques et environnementaux : les blancs sont atteints plus que les noirs. Facteurs thermiques : non prouvée. 9 Anatomie pathologique III - III A. Tumeurs germinales malignes : 95 % 1. 1. Les séminomes (40 %) Ils sont rares avant 10 ans et après 60 ans, ils surviennent chez l'adulte jeune avec un pic de fréquence entre 35 et 39 ans. Ils sont très radiosensibles. Ils sont caractérisés par l'absence de marqueurs spécifiques. Parfois faible dose de HCG (Human Chorionic Gonadotropin). Leur dissémination est essentiellement lymphatique (sous- puis susdiaphragmatique). 2. 2. Les tumeurs germinales non séminomateuses : (60 %) Elles sont rarement pures, avec le plus souvent intrication de plusieurs contingents, le plus malin faisant le pronostic. Elles métastasent d'emblée (particulièrement dans le poumon) sans envahissement ganglionnaire. On distingue plusieurs types anatomopathologiques : A. Le Carcinome embryonnaire : 20 à 25 % des cancers de testicule. Survient vers la troisième décade de la vie (20 à 30 ans). Pas de marqueurs spécifiques. Il est indifférencié, très malin, et développe des métastases rapidement. B. Les Tératomes : Peuvent survenir à tout âge mais se voient plus volontiers chez l'adulte jeune entre 25 et 35 ans Macroscopiquement, elles se présentent comme des tumeurs inhomogènes, polylobées, parfois kystiques Ils peuvent être matures bénins ou immatures malins. C. Le Choriocarcinome : Il représente 1 % des tumeurs testiculaires. Il survient essentiellement entre 20 et 30 ans. Il est fait microscopiquement de cellules syncytiotrophoblastiques à noyaux multiples et hyperchromiques responsables de sécrétion de Beta- 11 Anatomie pathologique HCG (Human Chorionic Gonadotropin). D. Les Tumeurs du sac vitellin : Ce sont des tumeurs relativement rares survenant chez l'enfant. Elles ont un grand polymorphisme. On trouve ce contingent dans 40 % des tumeurs germinales de l'adulte. Elles secrètent l'alpha-phoeto-protéine (AFP) qui est détectée par l'Immuno-marquage. Toutes les tumeurs précédemment décrites peuvent s'associer. Ainsi, il est fréquent (près de 50 %) de trouver plusieurs types histologiques au sein d'une même tumeur. B. Tumeurs non germinales Tumeur à cellules de Leydig (3 %) : Elle concerne le sujet jeune de 25 à 35 ans, et dans 25 % l'enfant impubère. Elle est responsable d'une pseudo-puberté précoce chez l'enfant. Elle entraîne une féminisation avec gynécomastie bilatérale chez l'adulte. Tumeur à cellules de Sertoli : 20 % des tumeurs testiculaires de l'enfant. Métastases testiculaires : De tumeurs solides ou de maladies hématologiques/ lymphome, leucémie aiguë lymphoblastique. C. Dissémination des cancers du testicule Lymphatique ++ : Les tumeurs du testicule sont très lymphophiles et disséminent essentiellement par voie lymphatique. Les premiers relais ganglionnaires atteints sont les ganglions lomboaortiques rétro-péritonéaux, puis les ganglions sus-diaphragmatiques du médiastin, puis les relais sus-claviculaires gauches, et enfin, la circulation générale. Les ganglions inguinaux ne sont atteints que lorsque la tumeur envahi la peau scrotale, l'épididyme ou en cas de chirurgie préalable des bourses Sanguine (métastases pulmonaires) : Surtout les carcinomes embryonnaires et les choriocarcinomes. D. Stadification des tumeurs du testicule : Classification TNM 1. T (Tumeur primitive) L'extension de la tumeur est évaluée après orchidectomie radicale (pT) 12 pTx : Tumeur non évaluable Anatomie pathologique pT0 : absence de Tumeur pTis : carcinome in situ pT1 : Tumeur limitée au testicule sans invasion vasculaire ni lymphatique, la tumeur peut envahir l'albuginée mais pas la vaginale pT2 : Tumeur limitée au testicule avec invasion vasculaire ou lymphatique ou envahissement de la vaginale pT3 : Tumeur envahissant le cordon spermatique avec ou sans invasion vasculaire ou lymphatique pT4 : Tumeur envahissant le scrotum avec ou sans invasion vasculaire ou lymphatique 2. N (Ganglions lymphatiques régionaux) Nx N0 N1 N2 N3 : : : : : non évaluables absence de méta ggre métastase(s) dans 1 ou plusieurs gg(s) £ 2 cm métastase(s) dans 1 ou plusieurs gg(s) > 2 cm et £ 5 cm métastase ggre > 5 cm 3. M (Métastases à distance) Mx : non évaluables M0 : absence de méta M1 : méta à distance M1a : gg (s) lymphatiques ou pulmonaire(s) non régionaux M1b : autres localisations. 13 Démarche diagnostique IV - IV A. Clinique Circonstances de découverte : Elles sont variables. Le plus souvent, il s'agit d'un homme jeune venant consulter pour modification d'une bourse : Augmentation insidieuse du volume du testicule Perception d'un nodule intra-scrotal : noyau dur et indolore Sensation de tiraillement, pesanteur... Autres : gynécomastie, syndrome abdominal (Testicule ectopique). Examen Physique : La palpation trouve une masse intra-scrotale solide de taille variable, ± régulière et de consistance dure, allant du petit noyau testiculaire au gros testicule tumoral Cette masse n'est pas trans-illuminable Elle n'est pas séparée du testicule par un sillon (Signe de Chevassu) Palper l'abdomen et les aires ganglionnaires, surtout sus-claviculaires gauches Rechercher une cicatrice inguinale (abaissement testiculaire) Rechercher une gynécomastie ou une puberté précoce (tumeur à cellules de Leydig) B. Échographie testiculaire Elle peut amener au diagnostic si l'examen clinique est douteux, elle montre : une lésion hypoéchogène et hyper-vascularisation : séminomes une lésion hétérogène et plus vascularisée : tumeurs non séminomateuses Elle permet également de rechercher une lésion non palpable au niveau du testicule controlatéral ainsi qu'un tumeur sur testicule ectopique C. Marqueurs tumoraux sériques Ils sont dosées avant et au cours et après orchidectomie. 15 Démarche diagnostique L'alpha-foeto-protéine (AFP) : Glycoprotéine fœtale (70 KD) secrétée par les cellules du sac vitellin Demi-vie de 5 jours élevée dans 50 à 70 % des TGNS Normale < 15 ng/ml Son augmentation est incompatible avec le diagnostic de séminome pur ou choriocarcinome pur La bêta-HCG (Human Chorionic Gonadotropin) : Glycoprotéine (38 KD) secrétée par les cellules choriales (syncitiotrophoblaste) au sein du cancer testiculaire Elle est sécrétée dans 40 à 60 % des TGNS (++ choriocarcinomes) Elle peut être modérément augmentée dans le séminome pur (5 à 10 %) Sa sécrétion élevée s'accompagne de gynécomastie Demi-vie de 1 à 2 jours La lactico-déshydrogénase (LDH) : Marqueur peu spécifique Son taux proportionnel à la masse tumorale D. Orchidectomie élargie Principal acte diagnostique et thérapeutique, doit être fait rapidement Voie d'abord inguinale avec clampage 1er du cordon Exploration puis castration après ligature haute du cordon E. Bilan d'extension Ce bilan peut être réalisé après orchidectomie 16 Examen clinique : Il recherche une extension locale (scrotale) ou lymphatique Rx Thorax : Elle dépiste 90 % des métastases pulmonaires. Les autres patients nécessiteront un scanner Échographie abdominale : Elle décèle les adénopathies rétro-péritonéale Méta hépatique TDM : Thoraco-abdomino-pelvien : +++, excellente méthode non invasive dans le diagnostic des adénopathies rétropéritonéales (fiabilité 75 %), mais aussi dans le bilan d'extension (méta pulmonaires, hépatiques, adénopathies médiastinales) Cérébrale : si suspicion méta cérébrale Marqueurs tumoraux : avant et après orchidectomie V - Traitement V Dans tous les cas, la première partie de la prise en charge obligatoire est à la fois thérapeutique et diagnostique : c'est l'orchidectomie par voie inguinale. Il varie ensuite en fonction du type histologique et du stade. A. Méthodes Orchidectomie. Curage ganglionnaire aortico-cave. Chimiothérapie. Radiothérapie. B. Indications Elles dépendent du type histologique de la tumeur et du bilan d'extension : 1. Tumeur germinale séminomateuse Stade T1-4 N0 M0 : radiothérapie 25 Gy lombo-iliaque + iliaque homolatérale (98 % guérison) Stade T1-4 N1 ou N2 M0 : idem + complément 10 Gy sur les adénopathies (80 % guérison) Stade T1-4 N3 et/ou M1 : Chimiothérapie 4 EP (Etoposide + cisplatine) Réévaluation après 4 semaines : Réponse complète : surveillance simple clinique + marqueurs. Réponse partielle : Surveillance TDM tous les 2 mois Masse résiduelle < 3 cm : surveillance Masse résiduelle > 3 cm : chirurgie d'exérèse complète. 2. TGNS Stades T1-4 N0 M0 : Surveillance : patients à faible risque Curage ganglionnaire rétro-péritonéal unilatéral : tératome mature pur 17 Traitement Chimiothérapie 2 cures de BEP (+ bléomycine) : patients à haut risque Stades T1-4, N1 à N3, M+ : Patients de bon pronostic : Chimiothérapie : 3 BEP ou 4 EP tous les 21 j (30 à 80 % guérison) Réévaluation > 4 semaines (exérèse masse résiduelle) Patients de mauvais pronostic : 4 BEP tous les 21 jours puis réévaluation. - 18 VI - QCM VI Exercice 1 Parmi les facteurs suivants, lequel ne représente pas un facteur de risque de développement d'une tumeur testiculaire ? La cryptorchidie Facteurs génétiques Facteurs environnementaux Insuffisance relative d'androgènes Insuffisance d'œstrogènes Exercice 2 Concernant le cancer du testicule : Les tumeurs non germinales représentent le type histologique le plus fréquent Les séminomes sont des tumeurs radio-résistantes Les séminomes ont une dissémination essentiellement lymphatique Les marqueurs tumoraux sont constamment élevés en cas de séminomes purs. Les tumeurs germinales non séminomateuses s'accompagnent d'élévation de marqueurs tumoraux Exercice 3 Une tumeur testiculaire de type séminomateuse : (une réponse est juste) A toujours un taux élevé d'alpha foeto-protéine. La radiothérapie est le traitement de référence après orchidectomie pour le stade T3N0M0. Le curage ganglionnaire est systématique. La surveillance postopératoire repose uniquement sur la scintigraphie osseuse. Elle est de moins bon pronostic que le carcinome embryonnaire. 19 QCM Exercice 4 La bêta- HCG (Bêta- Human Chorionic Gonadotropin) est un marqueur spécifique des tumeurs testiculaires chez l'homme se présentant par : Une glycoprotéine de 38 KD de poids moléculaire Secrétée par les cellules du sac vitellin des cellules tumorales Elevée dans environ la moitié des tumeurs germinales non séminomateuses Normale ou peu élevée dans le séminome pur. Sa sécrétion élevée peut s'accompagner de gynécomastie Exercice 5 Les séminomes sont des tumeurs testiculaires ayant les caractéristiques suivantes : Ils représentent le type histologique le plus fréquent des tumeurs testiculaires. Ils touchent avec prédilection les enfants et les adolescents. Ils sont très radiosensibles. Ils sont caractérisés par une élévation constante des marqueurs tumoraux. Ils ont une dissémination essentiellement hépatique. 20 Conclusion Les tumeurs testiculaires restent relativement peu fréquentes. Leur diagnostic précoce facilite notablement la conduite thérapeutique. Le pronostic a été largement amélioré par les protocoles de chimiothérapie, il reste cependant péjoratif en cas de stade métastatique. 21