Pays-Bas : le populiste Wilders reconnu coupable de discrimination

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Pays-Bas : le populiste Wilders reconnu coupable de discrimination
Pays-Bas : le populiste Wilders reconnu coupable de discrimination mais non d’incitation à la haine
Les juges néerlandais ont rendu leur verdict ce vendredi matin. Un verdict en demi-teinte
puisque s’il est jugé coupable de discrimination, le député populiste Geert Wilders est relaxé
pour ce qui est de l’incitation à la haine. Les déclarations du député "font une distinction entre
la population marocaine et d'autres groupes de population aux Pays-Bas
", a déclaré le juge Hendrik Steenhuis lors de la lecture du jugement, qui a pris environ une
demi-heure.
"Le caractère inflammatoire de la manière dont les déclarations ont été faites ont incité d'autres
personnes à discriminer les personnes d'origine marocaine ", a-t-il ajouté.
« Nous allons nous en charger ! »
Ce sont des propos tenus par le politicien lors d'une soirée après les élections municipales de
mars 2014 à La Haye qui ont valu à Geert Wilders de se retrouver devant les juges. Connu pour
ses positions anti-islam, l’homme qui n’en est pas à sa première provocation, avait demandé à
ses militants s'ils voulaient "plus ou moins de Marocains dans (leur) ville et aux Pays-Bas". Fac
e à une foule scandant "
Moins! Moins! Moins!
", il avait répondu dans un sourire: "
Nous allons nous en charger
". Ces paroles avaient créé un très vif émoi au sein de la communauté marocaine aux
Pays-Bas, provoquant le dépôt de 6400 plaintes par des citoyens et des organisations. Des
paroles, a considéré le représentant du ministère public qui « nuisent profondément à la dignité humaine
».
Avant même le rendu du verdict, les commentateurs néerlandais considéraient que, quel que
serait celui-ci, Geert Wilders tirerait profit d’un procès qui renforce sa popularité auprès des
électeurs. « Dans tous les cas, pour lui c’est gagnant, analysait pour l’AFP, Joost van Spanje,
professeur assistant à l’Université d’Amsterdam. Sa relaxe serait considérée par Geert Wilders
comme « un triomphe » estimait de son
côté le quotidien néerlandais populaire Algemeen Dagblad (AD). S’il était condamné, le
politicien de 53 ans présenterait ce procès comme celui de
« l’élite contre le peuple
» précisait encore AD.
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Pays-Bas : le populiste Wilders reconnu coupable de discrimination mais non d’incitation à la haine
« Des citoyens de seconde zone »
Pour Wilders, toute médiatisation est pain béni. Dans moins de trois mois, les électeurs
néerlandais se rendent aux urnes pour élire leur prochain Premier ministre. Or le Parti pour la
liberté (PVV) de Geert Wilders a le vent en poupe. Il est en effet crédité de 34 sièges, soit dix
de plus qu’au Parti libéral de l’actuel Premier ministre Mark Rutte. Les Marocains des Pays-Bas
tremblent donc à l’idée que cet homme, qui appelle ouvertement à leur expulsion, devienne le
nouveau chef du gouvernement, un siège qu’il lorgne depuis longtemps. Depuis l’élection de
Trump aux USA et le formidable coup de fouet ainsi donné aux populistes européens, ils ont
conscience que tout est désormais possible. Certes, le 4 décembre dernier, en Autriche,
l’extrême droite a essuyé une nette défaite aux élections présidentielles, son candidat ayant dû
s’incliner devant l’écologiste Alexander Van der Bellen. La nouvelle a été reçue comme une
divine surprise par les démocrates européens, laissant espérer un sursaut démocrate pour
endiguer la montée inquiétante des populistes dans les différents pays occidentaux. Les
Néerlandais sont les prochains à se rendre aux urnes pour des élections capitales. Sauront-ils,
comme les Autrichiens, faire barrage au populisme et envoyer Wilders et son parti dans les
cordes ? Les Néerlando-Marocains l’espèrent vivement, eux que les propos du leader du PVV
ont fait se sentir « citoyens de seconde zone ». En attendant, Geert Wilders se retrouve malgré
tout avec un casier judiciaire pour discrimination, ce que seul un autre chef de parti d’extrême
droite, aujourd’hui disparu, avait eu avant lui.
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