Voyage dʼun Italien en Suisse au guidon d`un e-bike
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Voyage dʼun Italien en Suisse au guidon d`un e-bike
CHANGE & SMILE Texte d’Albano Marcarini, photographies de Stefano Casati Voyage dʼun Italien en Suisse au guidon d’un e-bike 98 cycle! magazine 99 J e l’avoue. J’étais sceptique, très sceptique. Non. Pire que ça. J’étais contre, vraiment contre. J’ai toujours été un puriste. Un vélo, on le fait avancer avec sa propre force, quelles que soient les conditions. Moi qui me lance des défis, ne serait-ce, par exemple, que monter sur une passerelle, je n’aurais jamais accepté de voyager sur un vélo « à assistance électrique ». Rien que d’énoncer ces mots me fait frémir, on dirait un objet pour retraités ayant besoin d’aide, pour ceux qui doivent être assistés justement. Eh bien, j’ai bien été obligé de changer d’avis. Je pourrais bien sûr tenir de grands discours pour tenter de me justifier et déclarer que désormais, de nos jours, certaines valeurs ne sont plus d’actualité et qu’il est devenu aisé de céder à la facilité. Mais non. Je fais un clair et net comingout. J’ai pris un e-bike, j’ai parcouru 400 kilomètres à travers toute la Suisse, avec au total une dénivellation de 9800 mètres, et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Sur un vélo normal, avec les bagages sur les côtés, des pentes avoisinant les 20 % et des chemins de terre, même entraîné, je n’y serais jamais parvenu. Donc fin de la discussion. Mais je ne dis pas non plus que je me suis converti, pour rien au monde ! J’affirme simplement que dans certains cas et pour certains trajets, on peut sans problème renoncer à la sueur dégoulinante, aux pulsations cardiaques hors normes et aux barres énergétiques. Par ailleurs, si on se trouve dans un lieu comme la Suisse et que l’on peine ainsi sans pouvoir profiter pleinement des beautés du paysage et de la nature, c’est une erreur impardonnable. Ma route s’appelle Herzroute. La Route du Cœur. J’interprète cela de deux manières différentes : du point de vue romantique, celui des créateurs, c’est une belle occasion de connaître cet itinéraire en découvrant les côtés secrets de ce pays, ses aspects cachés ; et du point de vue physique, c’est un moyen d’instaurer un rapport de confiance avec mon moteur interne sans le soumettre à un stress inutile. L’e-bike m’aidera à ce niveau-là. Toutes les entreprises agricoles, le long du parcours de la Route du Cœur fondent leur activité sur l’élevage laitier. 100 cycle! magazine Double page précédente : des prés, des bois, des fermes du Plateau suisse : le cadre paysager de la Route du Cœur. Pages suivantes : la Rathausplatz de Thoune, vue depuis le haut du château ; passage à niveau. CHANGE & SMILE 101 Ma route s’appelle Herzroute. La Route du Cœur. 102 cycle! magazine À l’attaque ! 11 h du matin. L’Eurocity, parti de Milan, me dépose à la gare de Zoug, petite cité belle et moderne (deux adjectifs qu’il serait bon de pouvoir décliner ensemble partout) proche de la grande métropole de Zurich. Depuis un container, situé habilement hors de la gare, on fait descendre mon compagnon de voyage, je veux parler de l’e-bike. Rien de très sportif, un simple et robuste vélo de ville qui renferme secrètement une force ajoutée sur laquelle, pour le moment, je ne souhaite pas m’étendre. Je me contente de vérifier le niveau de charge de la batterie : full ! Alors allons-y ! Mon premier réflexe est de regarder par-dessus mes épaules, tant j’ai la nette impression que quelqu’un me pousse ou que le vent joue en ma faveur. J’ai compris ensuite que cela faisait partie du jeu. En plaine, de cette aide, je peux aussi m’en passer. Mieux vaut l’éteindre, surtout que je suis soudain assailli par le souci d’économiser. Vélo ou pas vélo, faire des économies est une bonne chose, mais ici, cela devient un impératif, sinon je risque de me retrouver à pousser à la main, et qui sait dans une côte, un vélo dont la batterie est déchargée et qui pèse autant qu’une mobylette. Mais sur la Route du Cœur, ce problème n’existe pas. On m’a assuré que je trouverai une station de recharge tous les 30 kilomètres environ. Sous conditions normales, la batterie est garantie pour 60 kilomètres, au moins. Alors faisons fi des économies et ne lésinons pas : « eco » en plaine, « standard » pour les petites côtes, « high » quand on passe aux choses sérieuses. Aux deux tiers de la consommation de la batterie, je tombe sur la première station. Je m’attendais à quelque chose de vraiment high-tech, mais en fait, non. Ce sont de petites guérites en bois placées dans la cour d’une ferme, au milieu des poulets fermiers et des chats confiants, sur lesquelles sont alignées sur plusieurs étagères, en accord avec l’imperturbable souci de l’ordre suisse, des dizaines de batteries aux lumières rouges clignotantes qui semblent dire : « Prends-moi ! Je suis une belle recharge pour toi ! ». Je me laisse facilement séduire. J’enlève celle qui est à moitié vide et sans même la remercier, je la mets de côté, tout en m’assurant un nouveau stock d’énergie positive. Et pen- dant que j’y suis, je m’offre un café et une part de tarte au self-service de la ferme. On y trouve aussi des fruits, des légumes, du lait et des fromages, dont la distance de transport voisine le zéro naturellement, et même « en dessous de zéro », étant donné que tout est conservé au frais. C’est un self-service dans tous les sens du terme, car je me sers, je mange, je bois et je paie tout tout seul, en déposant l’argent dans un petit cochon en porcelaine. Cette façon de faire me surprend tant que, par excès de zèle, j’insère quelques francs de plus dans la fente. En bon Italien que je suis, je me demande s’il n’y a pas une caméra de surveillance quelque part, mais je n’en vois aucune et je dois me rendre à l’évidence qu’il s’agit là d’une société vraiment différente de la mienne. D’ailleurs, on le remarque également sur la route. Par la manière dont les automobilistes s’arrêtent pour me laisser passer, même quand ils ont la priorité, par la façon dont ils respectent une distance de sécurité quand ils me doublent, par les regards de sympathie des agriculteurs ou par ces petites manies typiquement helvé- CHANGE & SMILE 103 tiques, comme celle de nettoyer systématiquement et sans cesse les routes de campagne des déjections animales (entendez par là les bouses de vaches). À travers les routes du pays des vaches Je me trouve là où la densité de bétail est la plus élevée de la planète. Si je devais les compter, ça me rendrait chèvre en cinq minutes. Je n’exagère pas lorsque je dis que, lors de ce voyage, j’ai vu plus de vaches que d’humains. Je n’ai même pas vu de cow-boys, ni de rancheros. Ici tout est bien plus discret. Les vaches sont une présence cordiale, réconfortante par leur regard, apparemment insensible, mais pressant. Il y en a des noires et des tachetées. Il y en a à l’intérieur et hors des étables, bien plus imposantes que les maisons bâties à côté. Il y en a dessinées de façon naïve sur les planches accrochées aux poutres, représentées en file indienne quand elles descendent des alpages à la fin de l’été, avec les sommets des montagnes déjà enneigés. Je suis émerveillé par cette Suisse typiquement rurale, par ces fermes aux toits pentus revêtus de tavaillons, par ces murs de bois assombris par le temps ou crépis de blanc, par ces balcons qui courent le long des 104 cycle! magazine façades exposées au sud et qui débordent de fleurs, par les fenêtres encadrées de traits colorés, par les potagers encerclés d’herbes aromatiques et de pavots à graines. Cette Suisse rurale où l’on peut encore rencontrer de gros chiens noirs et blancs attachés aux carrioles qui permettent de transporter les bidons de lait de l’étable à la laiterie. Des villes, maintenant que je suis sur la route depuis un bon moment, je n’en ai vu aucune. Uniquement des fermes et des villages composés de fermes réunies ensemble. Partout la tradition est bien vivante, dans les oratoires au bord des routes, dans les inscriptions écrites à la main sur les panneaux, dans les balconnets et les volets percés de petits cœurs, dans les ponts couverts de bois noir, dans la façon d’agencer les jardins avec des petits nains et aussi dans la façon, je trouve, de faire fleurir les géraniums sur les bords de fenêtres ou de faire pousser des choux-fleurs dans les potagers. Tout semble être là depuis des siècles, mais ce ne sont pas du tout des vieilleries. Il s’agit là du désir de préserver les belles choses pour soi et pour les générations futures. Le vélo glisse sur les prairies en suivant une fine bande d’asphalte (par ici, la poussière est considérée avec un mépris calviniste). Je pense que cela me mènera quelque part, mais la route semble avoir été conçue pour ralentir le rythme, moins pédaler et éventuellement m’arrêter pour me remplir un peu les yeux de toutes les merveilles qui m’entourent. Le vert domine dans toutes ses nuances, du vert émeraude des prés à celui plus doux des rangées de cultures, des haies, des plantations, jusqu’au vert sombre des sapinières qui ornent les lignes de faîte. Le jardin des vieux vélos C’est étrange à quel point la campagne est soignée et c’est étonnant de rencontrer si peu de gens, le moindre recoin semble avoir été travaillé, et comme on n’y croise peu de personnes. Peut-être que les vaches s’autogèrent durant la journée ou que leurs propriétaires sont occupés à autre chose. En Suisse, j’ai vu des villages où une seule et unique personne remplissait les fonctions de facteur, conducteur de bus, commerçant et agent de police. Et tout cela après avoir lavé et nettoyé l’étable et livré le lait frais du jour. En Italie, le fait qu’une piste cyclable passe à proximité laisse les gens totalement indifférents. Mais pas ici, où l’on se bat pour obtenir la meilleure visibilité possible et offrir ses services au touriste de passage. Désormais, les hôtels, les restaurants et les fermes sont légion dans mon guide, j’ai l’embarras du choix. Autre point positif : il n’y a pas de différence de classe. J’entends par là que ce sont souvent les établissements les plus étoilés qui favorisent la clientèle cycliste. Certains d’entre eux ont, c’est le cas de le dire, la bicyclette au cœur. Comme l’Auberge de l’Ours à Madiswil, à la fin de mon deuxième jour de voyage. Frau Eliane, la quarantaine, est aimable et inévitablement charmante après avoir passé une journée de solitude dans les alpages. Elle tient absolument à ce que je voie le jardin. Elle m’y emmène en compagnie d’Elvis, un gros chien qui suit jalousement sa maîtresse. Aucun nain de jardin ici, mais de vieux vélos pleins d’histoires. Chacun d’entre eux forme une composition entre les buissons et les fleurs et a quelque chose à révéler. Je trouve cela très beau, mais le lieu perd de sa poésie lorsque je suis invité à essayer « le vélo-spaghetti » : une table sur laquelle sont posées des assiettes. Tout en étant assis, on actionne des pédales sous le tabouret, chaque assiette se met alors à tourner et tenant sa fourchette bien fermement, on peut alors facilement CHANGE & SMILE 105 enrouler les pâtes autour. En tant qu’Italien, j’évite de me prononcer là-dessus. Par ailleurs, que pourrais-je rétorquer aux gourmets qui sont habitués, hélas, à considérer les spaghetti comme un accompagnement de la viande ? Pages précédentes : le panorama enchanteur vu depuis le coteau de Margelsattel du côté du lac de Thoune (à droite) et la longue crête rocheuse du Sigriwilgrat (à gauche). 106 cycle! magazine L’ancienne fromagerie (xviiie siècle) au sein de l’Emmentaler Schaukäserei. Dans le trou de l’Emmental En revanche, mon avis sur l’Emmental, je l’ai donné. Un avis tout à fait positif. La Route du Cœur dédie, au moins, deux étapes à ce fromage et à son lieu de provenance, dans la mesure où elle traverse en long et en large la vallée de l’Emme dans le canton de Berne, constellée de fromageries AOP. Au point culminant de ce parcours, au sommet d’une montagne, se trouve « le top de l’AOP » : la Emmentaler Schaukäserei, autrement dit tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le fromage à trous. Ici, vous en apprendrez plus et vous pourrez le goûter. C’est une structure d’accueil conçue pour recevoir une dizaine d’autocars touristiques par jour, provenant des quatre coins de la Suisse, avec un restaurant de spécialités, à base d’Emmental bien évidemment, de l’entrée au dessert, un espace de vente et une séance de dégustation où la couleur jaune domine. Un grand trou circulaire au centre du bâtiment permet d’observer la fromagerie aseptisée située au-dessous fonctionnant à toute heure de la journée, et sans doute de la nuit. Dans le jardin attenant se trouvent les ancêtres de la fromagerie moderne, celle du xviiie siècle fonctionnant au feu de bois, avec ses cuves en cuivre, et la laiterie du début du xxe siècle, des petites maisons charmantes en bois peint. Et enfin, dans les prés alentour, on peut apercevoir les employées occupées à la première phase de la production, à base d’herbe et de foin. Une politique de valorisation de la marque à la fois touchante et ingénieuse. Et encore aujourd’hui, de retour à Milan, mon beau morceau d’Emmental est la première chose que je passe à la caisse du supermarché. Je termine ma visite de la vallée de l’Emme en cassant le mythe selon lequel les trous du fromage seraient causés par les souris. Ce n’est pas le cas, comme me l’explique Mimo Caci, le directeur marketing de la fromagerie, d’origine lointaine italienne. Ces trous sont dus aux poches d’anhydride carbonique qui se forment lors des différentes phases d’affinage du fromage. Ce processus curieux est nommé fermentation propionique et est provoqué par une enzyme microbienne appelée propionibacterium freudenreichii, présente également dans les glandes sébacées humaines et responsable de l’odeur de la sueur et d’autres affections de la peau. Dans l’Emmental, elle se contente de faire des trous. Paul Hasler, le « papa » de la Route du Cœur La Route du Cœur traverse en diagonale le Plateau central suisse à travers les collines bernoises, les lacs préalpins et la haute chaîne des Alpes. Le terme de Plateau ne veut pas dire pour autant qu’il s’agisse d’une région uniforme et monotone. Le Mittelland, comme on l’appelle en allemand, est une succession de collines ondulées, de profondes vallées et de petites plaines. C’est un savant mélange de petites parcelles cultivées, espacées par le cours sinueux des ruisseaux et parsemées de milliers de fermes alignées le long des routes et des chemins, dessinant ainsi un vaste réseau dans la nature. Tout autour, à l’horizon, scintillent les montagnes, adoucies par la distance. Dans toutes les directions, les panoramas sont chargés et cet enchevêtrement topographique risque de me désorienter. À Langnau, après avoir été logé à l’hôtel du coach de l’équipe locale de hockey sur glace, je demande l’aide, et non l’assistance, d’un guide. C’est Paul Hasler, le « papa » de la Route du Cœur, son concepteur, qui se présente au rendez-vous en parfaite tenue de cyclotouriste. Cet architecte d’âge mûr poursuit des utopies ; il travaille dans un studio baptisé Büro für Utopien ; dans l’espoir, si ce n’est de changer le monde, au moins de l’améliorer, à son petit niveau. Il inspire la sympathie et aujourd’hui, nous allons pédaler ensemble. Je lui demande si, même en Suisse, la Route du Cœur peut être définie à l’origine comme une utopie, puisqu’ici, des initiatives de ce type sont généralement très appréciées. « En réalité, me confie-t-il, quinze ans ont été nécessaires pour pouvoir la mettre en place. Je revenais d’une traversée à vélo aux États-Unis, d’est en ouest, et là-bas, j’avais été surpris de constater qu’avant de pouvoir voir le paysage changer d’aspect, il fallait parcourir des milliers de kilomètres. Ici, chez nous, en Europe, on a la chance de pouvoir tout découvrir splendidement résumé en des espaces contenus. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de réunir les panoramas les plus beaux de mon pays en un seul parcours cyclable. Le premier tracé, de 55 kilomètres seulement, a été inauguré en 2003, dans la région de l’Emmental. À présent, nous avons 400 kilomètres et dans le futur, nous pensons prolonger le parcours de Zoug jusqu’au lac de Constance. » Nous continuons cette entrevue assis tranquillement dans le jardin d’un restaurant, dans l’attente des classiques rösti. C’est le mois de septembre, on est en altitude et je sens que la Route du Cœur me fait du bien. « À l’inverse du réseau cyclable national (SuisseMobile), la Route du Cœur, ajoute Paul, ne longe presque jamais les routes pour automobiles, CHANGE & SMILE 107 Ci-dessus : Paul Hasler, le concepteur de la Route du Cœur. Ci-contre, en haut : harmonie des paysages au-dessus du lac de Thoune. mais préfère les chemins éloignés, sur les petites routes de campagne, à travers les bois, parfois sur des chemins de terre, ce qui n’est pas un problème pour l’e-bike. » En effet, une proposition de ce genre permet d’élargir l’offre cyclotouristique. Je pense à ceux – moi exclu – qui ne peuvent plus, en raison de leur âge, accomplir des exploits à vélo. Eh bien avec un vélo de ce type, tout ou presque devient possible. « Il s’agit d’une idée tournée vers le futur, conclut Paul, d’autant que la Route du Cœur est le premier itinéraire national à être sponsorisé par des entreprises privées. En plus de FLYER, le leader dans le secteur de l’e-bike, il y a la compagnie d’assurance Visana. Selon moi, c’est un geste intelligent, car encourager la mobilité des personnes et par conséquent leur bien-être, réduit les risques pour la santé et les coûts pour l’État et les assurances maladies. » De la pluie et des châteaux La météo n’est pas toujours très optimiste, surtout lorsqu’on se trouve au nord des Alpes. C’est donc ainsi 108 cycle! magazine Ci-contre, en bas : Vitromusée de Romont. qu’un matin, à Avenches, la romaine Aventicum avec son beau théâtre et ses termes, je me réveille sous la pluie, le vent et les nuages bas. Un temps de chien. Plein de bonne volonté, je m’encourage en soutenant qu’une journée de grisaille peut aussi être prise en compte. Et puis je souhaite également vérifier l’efficacité de l’e-bike au contact de l’eau. J’imagine que ça doit faire des étincelles. En réalité, j’ai peu de choses à raconter sur la portion finale de mon voyage. Seulement des gouttes de pluie me tombant dessus, des vêtements humides, des chaussures trempées, des lunettes perpétuellement couvertes de buée. Je me suis juste rendu compte que, depuis peu, les panneaux routiers sont passés de l’allemand au français. Je m’attendais à voir une frontière avec des barrières, des gardes et des guérites rayées de diagonales noires et blanches. Mais c’est la typique cohabitation suisse et les anciennes guerres de religion sont des souvenirs maintenus vivaces uniquement dans les tours et dans l’enceinte de la belle ville de Morat. En revanche, un château, j’en ai vu un pour de vrai, celui de Villars-les-Moines, CHANGE & SMILE 109 et j’ai également rencontré sa douce châtelaine. Elle ne m’a pas lancé ses tresses, mais elle m’a invité à manger alors que l’hypoglycémie se faisait ressentir de façon préoccupante. En plein brouillard, j’ai dû faire travailler mon imagination sur les longues collines parallèles qui dessinent la Suisse romande entre Fribourg et le lac Léman. J’ai dû imaginer, à ma droite, la chaîne du Jura, le résultat d’anciens bouleversements orogéniques, précédant la formation des Alpes. Avez-vous déjà entendu parler du jurassique ? Vous avez peut-être vu Jurassic Park ! Eh bien, il s’agit de cette ère géologique-là, entre 200 et 250 millions d’années, durant laquelle une grande partie de notre planète ressemblait aux montagnes du Jura suisse, dinosaures mis à part. Des forêts, un lac, une arrivée Il y a quand même un aspect qui me fascine, même les jours les plus gris. C’est lorsque je pénètre dans les bois. Comme le Bois de Romont, par exemple, que les pèlerins en marche vers Saint-Jacques-de-Compostelle empruntaient au Moyen Âge. Les arbres droits comme des pics, les écorces grises des troncs, leur nuance au lointain, une bourrasque qui entraîne avec elle une rafale de pluie. Je m’attends à voir un moine avec son bâton et sa besace. Mais bien au contraire… Au contraire, de derrière une colline et tout droit sorti du brouillard, apparaît brusque- ment et avec grand fracas un char d’assaut de la formidable armée suisse, précédé de quatre soldats en tenue de camouflage sur quatre motos de course, camouflées, elles aussi. Je me crois dans un film de James Bond. Je ne sais pas si c’est moi qui les poursuis ou si je suis poursuivi. Et puis, soudain, le gris des nuages se transforme en lueur laiteuse et laisse petit à petit apparaître un peu de bleu. Je peux enfin de nouveau voir au loin. Je m’aperçois que je suis monté en altitude et que devant moi se trouve un plan d’eau, mais ce n’est pas la mer, c’est un grand lac, celui de Genève, le Léman. Et derrière, comme si elles permettaient de contenir son énorme volume, se trouve une rangée de montagnes abruptes, dont les sommets déjà enneigés produisent une lumière artificielle. Je me lance dans la descente. Je n’ai plus besoin d’assistance. J’éteins tout et je m’occupe seulement des freins. Je pénètre alors peut-être dans le paysage le plus spectaculaire de mon voyage, un incroyable entrelacement de vignes et de villages qui surplombe la berge nord du lac. Ici, on produit d’excellents vins, mais aujourd’hui, j’ai déjà été assez trempé comme ça et je compte donc sur une autre occasion. Je donne mon coup de frein final devant le Musée Olympique de Lausanne, la ligne d’arrivée bien choisie de mon voyage sur la Route du Cœur. Il ne me reste plus maintenant qu’à vous le raconter. COMMENT FONCTIONNE UN E-BIKE La directive européenne 2002/24/CE définit le vélo à assis- la poussée est forte, moins longue sera la durée de vie de la batterie de 12 Ah/36 V. L’assistance électrique est réglable sur tance électrique (improprement appelé e-bike, même si ce batterie. Sur la Route du Cœur, cela ne pose pas problème trois niveaux différents : High, égale à 200 % de la puissance terme est maintenant devenu d’usage courant) comme un grâce à la fréquence des stations de recharge. À l’échelle disponible, Standard, égale à 130 %, Eco, égale à 70 %. Le moyen de transport doté d’un moteur électrique auxiliaire aux de la Suisse, l’utilisateur d’un e-bike Flyer peut compter sur mécanisme est équipé d’un Shimano Nexus 8 vitesses. Seul caractéristiques suivantes : puissance maximale du moteur près de 400 stations de recharge. Il existe également dans inconvénient : la faiblesse des freins. On considère qu’un e- 250 W, alimentation interrompue dès qu’on atteint la vitesse le commerce des chargeurs de batterie portables, de petite bike chargé de bagages peut peser plus de 30 kilos, si bien de 25 km/h ou avant les 25 km/h si le cycliste cesse de pédaler. dimension, pour une utilisation dans les zones dépourvues qu’un dispositif pour faciliter la marche a été installé au cas Au sein de ces limites, l’e-bike ne nécessite pas d’homologation. de service. Une autre précaution à prendre est de ne pas où il faudrait le pousser à la main. Les nouveaux modèles Contrairement à une idée fausse, il ne s’agit pas de « vélos qui poser le pied sur la pédale lorsqu’on est à l’arrêt. Le capteur FLYER de la Série C, mis sur le marché en 2014, auront une fonctionnent tout seuls », mais de moyens de transport qui exi- de pédale relève aussi dans ce cas-là la nécessité de fournir batterie amplifiée à 15 Ah ou 18 Ah et des freins hydrauliques gent un mouvement constant des pédales. On peut en apprécier une assistance et active inutilement la batterie. Magura. Les prix s’échelonnent de 3490 CHF à 3990 CHF l’avantage lors du redémarrage après un arrêt grâce à la force (2800/3180 EUR). Bien entendu, la gamme FLYER, l’une des de la poussée du moteur et surtout, dans les côtes, puisqu’on FLYER SÉRIE C rares sociétés uniquement spécialisée dans l’e-bike, com- peut les gravir avec un effort nettement réduit, pentes tout de Les e-bike utilisés sur la Route du Cœur sont les bien connus prend également des modèles plus sportifs ou hybrides, avec même ressenties. FLYER Série C, entrés en production en 2003, avec la tech- des prix et des équipements différents. nologie Lithium-Ion. Ils se démarquent par leur simplicité CONSEILS D’UTILISATION d’usage, un centre de gravité du cadre bas, une bonne ro- Son utilisation est facile, mais on en tire le maximum de bustesse et un meilleur confort. Un modèle universel pour bénéfice lorsqu’on réussit à combiner correctement le un usage en ville et pour de longs trajets avec des bagages changement de vitesse traditionnel avec l’assistance du sur les côtés. Lors de notre voyage pour cycle! magazine, moteur électrique, parfois doté de niveau de poussée dif- nous avons apprécié sa stabilité dans les descentes grâce à la férent et croissant, trois en général. Bien évidemment, plus largeur des pneus et des roues 26’’, et l’extrême fiabilité de la Page ci-contre : l’étape finale au milieu des vignes, au bord du Léman. 110 cycle! magazine Ci-dessus, de gauche à droite : le panneau qui indique une station d’échange de batterie ; le dépôt de batteries de rechange ; une cyclotouriste en train de changer la batterie de son e-bike. CHANGE & SMILE 111 VADEMECUM ROUTE DU CŒUR La Route du Cœur est le premier itinéraire de Suisse de longue Constance. Il sera alors possible de traverser la Suisse dans toute distance dédié expressément à l’e-bike. Il pourrait difficilement en sa longueur, d’est en ouest, sur plus de 600 kilomètres, l’itinéraire être autrement car, sur ce parcours, les distances à abattre et les reliant alors les deux plus grands lacs de ce pays. dénivellations à surmonter – dans certains cas avec des pentes L’intégralité du parcours est ponctuée de panneaux indicateurs et de supérieures à 20 % – pourraient décourager toute tentative d’uti- flèches rouges balisés du numéro officiel de la Route du Cœur, le 99, liser une bicyclette normale, surtout avec des bagages. L’énorme ainsi que du logo de l’itinéraire. On trouve sur le site internet www. avantage de la formule consiste ainsi en la possibilité de parcourir herzroute.ch les traces gps du parcours ainsi que les informations des lieux que l’approche cyclotouristique habituelle aurait pour sur l’hébergement et les possibilités pour se restaurer, étape par ainsi dire tendance à éviter. On évolue de plus sur des routes se- étape, ou encore les points d’assistance. Les mêmes informations condaires et des chemins forestiers au sein d’un paysage d’une sont présentées dans le guide La Suisse en vélo électrique harmonie et d’une beauté sans équivalent. La Route du Cœur est (170 pages) qu’on reçoit au début du voyage et qui est mis à jour née en 2003 dans l’esprit de Paul Hasler, architecte de Berthoud, chaque année. Cet itinéraire n’est par contre pas adapté pour les dont l’intention modeste a consisté à montrer, sur un espace familles avec enfants, compte tenu des dénivellations et de l’état temps relativement réduit, la beauté des paysages de la Suisse, en des routes et chemins parcourus. Il faut enfin rappeler qu’en Suisse dehors des grandes villes, en passant par les vallées les plus recu- l’utilisation d’un e-bike est autorisée à partir de 16 ans seulement. lées, là où l’économie locale s’appuie sur l’agriculture et l’élevage. CHANGEMENT DE BATTERIE PARCOURS ET GUIDE Pendant un trajet en e-bike, il est fondamental de disposer de la liste La Route du Cœur traverse les régions les plus centrales et reti- des points de changement des batteries. Le long de cet itinéraire rées de la Suisse, de Zoug à Lausanne, sur la frontière entre les très valloné, on compte un changement tous les 50-60 kilomètres Préalpes et les Alpes, dans des cantons tant de langue allemande qu’on peut effectuer dans plus de vingt stations disposées le long du que de langue française. Il s’agit d’un parcours de 400 kilo- parcours et bien indiquées, situées souvent à l’intérieur de fermes où mètres, divisé en huit étapes d’une journée et d’une longueur on peut en profiter pour se restaurer avec des produits fabriqués ou moyenne de 50 kilomètres. En 2014, il est prévu de prolonger la cultivés sur place, avec 0 kilomètre de transport (fruits, jus, lait, yo- Route du Cœur en direction de l’est depuis Zoug jusqu’au lac de gourt, etc.). Les stations sont indiquées par un balisage « Akkuwechsel » et annoncées par un panneau avec le logo de la Route du Cœur (Herzroute) et l’inscription « Change and Smile ». Le changement de batterie est des plus aisés. On ouvre la serrure qui maintient la batterie contre le cadre du vélo, en retire la batterie, on la dépose sur la plate-forme de recharge à l’intérieur de la station – en général une petite cabane en bois – on prend une nouvelle batterie et, après avoir vérifié qu’elle soit pleine, on l’applique contre le cadre en refermant la serrure. Terminé. Et tout est gratuit. LOCATION D’UN E-BIKE Il faut par contre payer la location de la bicyclette, au début du voyage, à la gare de Zoug ou à d’autres points de location du parcours. Les réservations, des offres personnalisées avec loca- ARRIVER À ZOUG PÉRIODE FAVORABLE Cœur, avec une exposition permanente de modèles d’e-bike, parmi GPS tions, les tarifs, tout est présenté sur le site www.rentabike.ch. Il La gare de Zoug est située à 30 min. de Zurich, à 2 h 30 de La saison la plus favorable pour se lancer sur la Route du Cœur lesquels la première bicyclette électrique jamais imaginée. La visite Les traces GPS de la Route du Cœur peuvent être téléchargées faut par exemple compter pour la location d’un e-bike pendant Lausanne, 3 h de Genève. Un voyageur au départ de Paris doit couvre les mois d’avril à fin octobre, période à laquelle il est de la société est organisée pour les groupes, sur réservation préa- depuis le site de l’auteur : une semaine CHF 205 (approx. EUR 167). compter 4 heures de TGV puis 30 min. de train. Le container d’ailleurs possible de louer un e-bike. En hiver, le parcours n’est lable. Le bureau qui se consacre à la promotion et à l’entretien de www.sentieridautore.it/sentieridautore.it/CYCLE%21.html de la Route du Cœur est juste à la sortie de la gare, du côté de pas ouvert, en raison de la présence possible de neige. la Route du Cœur a déménagé récemment de Huttwil à Berthoud. VOYAGE ORGANISÉ la gare de marchandise, et c’est là que se trouve la bicyclette La société SwissTrails (www.swisstrails.ch) offre des voyages sur préalablement réservée. À Lausanne, il n’est pas plus compli- SPONSOR INTERNET la Route du Cœur avec transport des bagages d’étape en étape, qué de rendre le matériel. Lausanne est sur la ligne du TGV Le projet Route du Cœur est soutenu sur le plan financier par la so- www.myswitzerland.com réservation des chambres d’hôtel et location de l’e-bike, pour un Lyria et on revient par exemple à Paris en 4 h de train ou à ciété d’assurance Visana et par le premier fabricant suisse d’e-bike, www.swisstrails.ch confort maximum. Les détails des services proposés par Swiss- Lyon en 3 h en passant par Genève. la société Flyer, afin de démontrer le potentiel de ce moyen de trans- www.suissemobile.ch port dans une logique de tourisme écologique. Le site de production www.rentabike.ch de Flyer se trouve à Huttwil, à proximité du parcours de la Route du www.pro-velo.ch Trails sont présentés en pages 118-119. 112 cycle! magazine CHANGE & SMILE 113 LES ÉTAPES 2E ÉTAPE : SEMPACH-MADISWIL 3E ÉTAPE : MADISWIL-BURGDORF 4E ÉTAPE : BURGDORF-LANGNAU 6E ÉTAPE : THOUNE-BORISRIED 7E ÉTAPE : BORISRIED-AVENCHES 61,9 km, dénivellation 1010 mètres. 37,6 km, dénivellation 789 mètres. 45,3 km, dénivellation 1270 mètres. 49,8 km, dénivellation 1257 mètres. 54,8 km, dénivellation 705 mètres. Station pour changement de batterie Station pour changement de bat- Station pour changement de batterie Station pour changement de batterie Station pour changement de batterie au Centre thérapeutique Ufwind et à terie à l’Emmentaler Schaukäserei à la fromagerie Häuslebach et au au Stebi’s Check Point de la gare de à la ferme Hänni de Niederscherli, à Willisau à la gare CFF. à Affoltern. Musée Sensorium de Rüttihubelbad. Burgistein et au Restaurant Bütsche- la station de location (Vermietsta- Pendant la 2 étape, on attaque les premières Une étape « aérienne », car on parcourt le re- Étape courte mais avec une embûche ma- legg d’Oberbütschel. tion) de Laupen, au château de montées et on peut mettre à l’épreuve les per- lief de l’Emmental avec les crêtes effilées des jeure, celle de l’Ochsenweidler, avec une Même si la Suisse semble bien connue sur le Villars-les-Moines. formances de l’e-bike : la montée au Ruswiler- Alpes dans le lointain. On traverse une région pente de 25 % qui met à l’épreuve même plan touristique, il reste encore des petits coins Où franchit-on la frontière linguistique entre la berg (804 m) est récompensée par une vue un e-bike. Les vaches paissant dans les en dehors des sentiers battus à découvrir, Suisse allemande et la Suisse francophone ? panoramique splendide sur le lac de Sempach. prés vous feront parvenir, à votre passage, comme le Scherligraben, un monde d’ombre Dans les cantons de Berne et de Fribourg, On évolue entre prairies et pâturages, ponc- des messages de désapprobation, par des et d’eau dans les bois, dans lequel l’itinéraire les panneaux indicateurs semblent changer 8E ÉTAPE : AVENCHES-LAUSANNE e 1ÈRE ÉTAPE : ZOUG-SEMPACH tués de fermes comme sorties d’un livre de 38,6 km, dénivellation 580 mètres. Station pour changement de bat- continuellement de langue. Puis le paysage 81,3 km, dénivellation 1297 mètres. s’adoucit, miroir du passage à la langue fran- Station pour changement de bat- sau. L’après-midi, au prix d’un bref détour, on 5E ÉTAPE : LANGNAU-THOUNE çaise, plus ronde et légère. Derrière chaque terie au magasin Coup d’Pouce de peut prévoir la visite du site de production 72 km, dénivellation 2473 mètres. colline se cache un village souvent surmonté Romont, à la Crêperie Entre Terre et teries à Eschenbach à l’exploitation FLYER. L’hébergement à Madiswil à l’auberge Station pour changement de batterie d’un château, comme à Villars-les-Moines, où Mer de Rue, au Bois de Romont. agricole Stocker. de l’ours est confortable, où a été aménagé au Restaurant Moos-Pintli de Röthen- il serait possible de passer une nuit royale, La dernière étape réserve une série de petites En arrivant tôt à Zoug, on peut aisément cou- un joli « jardin de la bicyclette ». bach et au Horrenbach Palace. cependant il est encore trop tôt. Avenches est cités historiques, Romont (image ci-des- Et voici une étape façon « dolomite » : tracé une ville au riche passé datant de l’époque sus), Montigny, Rue, chacune fière de son tortueux de haute montagne, souvent au-delà romaine (théâtre et thermes), on la rejoint indépendance de longue date, expression juste après Morat (illustration ci-dessous), manifeste de l’esprit du peuple suisse. Vers splendide exemple de ville fortifiée, encore l’ouest, la chaîne du Jura s’étend dans toute ceinte de ses remparts. sa longueur, cependant la vraie surprise que contes. La pause de midi peut se faire à Willi- vrir le trajet jusqu’à la petite ville de Sempach. On passe dans les faits d’un lac, celui de Zoug, Où dormir : à un autre, celui de Sempach, le relief est fait Landgasthof Bären Madiswil, 4934 Madiswil, fameuse pour son fromage parmi les plus cé- de 1000 mètres d’altitude, sous l’œil des som- de collines, on croise des petites chapelles, on tél. 062 957 70 10, www.baeren-madiswil.ch. lèbres de Suisse et le centre de dégustation de mets les plus élevés de l’Oberland bernois. traverse des vergers (de poires à Sempach, de l’Emmentaler Schaukäserei (image ci-dessus) Un véritable musée en plein air de tableaux se débat pendant des kilomètres sur une piste cerises à Zoug). La cité historique de Sempach est un passage obligé pour tout savoir sur panoramiques. La palme va parmi toutes ces de terre. Et pourtant, on est à moins de 20 ki- réserve le parcours arrive sur la fin, lorsqu’à la est un aussi un petit centre balnéaire. cette spécialité locale qu’est le fromage Em- vues superbes à celle du lac de Thoune et de lomètres à vol d’oiseau de la capitale Berne. sortie du Bois de Romont on fait soudain face mental (par exemple, que les trous dans le la Jungfrau depuis les prés de Schwanden (il Mais avant, le matin, on a tout le temps pour au Léman : un panorama grandiose se dé- Où dormir : fromage ne sont pas faits par les souris !). Une faut mettre pied à terre pour le croire !). C’est aller visiter la belle ville de Thoune. Pendant roule sous les yeux, le vaste plan d’eau du lac Sonne Seehotel, Seestrasse 23, 6205 Eich. descente raide mène jusqu’au fond de la vallée cependant l’étape dans son ensemble qui est cette étape, on atteint le point culminant du entouré par les splendides montagnes de la tél. 041 202 01 01, www.sonneseehotel.ch. et jusqu’à la cité de Berthoud/Burgdorf (image parsemée d’appels prometteurs : par exemple, parcours, à 1031 mètres d’altitude. On passe la Haute-Savoie. La descente vers Lausanne se Où manger : ci-dessous). le déjeuner dans le jardin fleuri de l’auberge de nuit dans une auberge authentique à la cam- fait au cœur d’un paysage onirique : le versant Gasthütte Zoll-Huus, Zollweid 2, campagne de Röthenbach. Thoune (image pagne, cadre rustique mais avec un accueil dominant le lac est recouvert d’une mosaïque 6331 Hünenberg. ci-dessus) est la cité la plus importante ren- chaleureux de la part des jeunes propriétaires. de vignobles, et dans chaque village, on peut meuglements répétés. Heureusement les contrée sur le parcours de la Route du Cœur. La nuit, les lumières sont éteintes, une seule déguster vins et fromages. paysages sont splendides et on franchit pour On y traverse l’Aar, fleuve aux écluses et ponts reste allumée, celle du tabernacle de la place Où manger : la première fois les 1000 mètres d’altitude. couverts sur lequel est posé le centre histo- du village de Borisried. Hotel Restaurant Mohren, Mohrenplatz 1, On ne croise pas de voitures, seulement des rique de Thoune. 6130 Willisau, tél. 041 970 11 10, www.mohren.ch. tracteurs et de cyclotouristes, jusqu’à la pe- Fabrique Flyer, Schwende 1, 4950 Huttwil, tite ville de Langnau (image ci-dessus), but Où dormir : Wirtschaft Borisried, Borisried 212, tél. 062 959 55 55, www.flyer.ch, de la 4e étape. On est au cœur de la Suisse. Hotel Restaurant Alpenblick, Schwendi 328, 3096 Oberbalm, tél. 031 849 01 64, 3625 Heiligenschwendi, tél. 033.2432121, tél. 041 780 11 09, www.zoll-huus.ch. Où dormir : ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 12 h et Où dormir : www.restaurant-borisried.ch. Où dormir : de 13 h 30 à 17 h (de mars à octobre aussi le Hotel Orchidee Burgdorf, Schmiedengasse 20, Où dormir : www.alpenblickhotel.ch. Où manger : Hôtel de la Couronne, rue Centrale 20, samedi de 9 h à 15 h). 3401 Berthoud, tél. 034 420 77 77, Hotel Hirschen, Dorfstrasse 17, 3550 Langnau, Où manger : Zunfthaus zu Metzgern, Untere Hauptgasse 2, 1580 Avenches, tél. 026 675 54 14, www.hotel-orchidee.ch. tél. 034 402 15 17, www.hirschen-langnau.ch. Hotel Restaurant Rohrimoosbad, 3600 Thoune, tél. 033 222 21 41, www.lacouronne.ch. Où manger : Où manger : 3615 Heimenschwand, tél. 033 453 14 21, www.zumetzgern.ch Où manger : Où manger : Emmentaler Schaukäserei, Stiftung Rüttihubelbad, Rüttihubel 29, www.rohrimoosbad.ch. Château de Villars-les-Moines, Kühergasse 7, Restaurant Hôtel Le Baron Tavernier, Schaukäserei-strasse 6, 3416 Affoltern, 3512 Walkringen, tél. 031 700 81 81, 1797 Münchenwiler, tél. 026 672 81 81, route de la Corniche, 1070 Puidoux-Chexbres, tél. 034 435 16 11, www.ruettihubelbad.ch. www.schloss-muenchenwiler.ch. tél. 021 960 60 00, www.barontavernier.ch. www.emmentaler-schaukaeserei.ch. 114 cycle! magazine CHANGE & SMILE 115 FLYER. UNE ÉCO-ENTREPRISE Dans toute l’Europe, quand on a commencé à parler d’e-bike, tous non seulement des parts de marché toujours plus grandes (de produit en 1993 : en gros, une batterie de voiture posée sur un les fabricants de vélos se sont lancés tête la première pour tenter nos jours, rien qu’en Suisse, elle couvre 60 % des ventes d’e- cadre de vélo avec un ampèremètre sur le guidon. d’élargir leur catalogue déjà riche. Il s’agissait de couvrir un nou- bike), mais aussi à s’étendre sur le territoire avec des initiatives Il n’est pas possible d’acquérir un vélo à l’usine même par respect veau marché qui donnait de très bons résultats, particulièrement promotionnelles, largement sponsorisées, dont la Route du pour le réseau de revendeurs locaux, mais il est possible de les en Allemagne (dans ce pays, en 2012, on a atteint le chiffre de Cœur est peut-être la plus connue et la plus appréciée. « Une essayer et de les configurer selon ses propres désirs. Deux fois par 380’000 modèles vendus sur 800’000 dans toute l’Europe). Et innovation comme l’e-bike, soutient Marlis, ne s’apprécie pas an seulement se tient un marché dans lequel les modèles sortis l’entreprise suisse Biketec, détentrice de la marque FLYER, s’est sur catalogue, il faut pouvoir l’essayer en personne. C’est pour d’usine ou ceux utilisés pour la location sur la Route du Cœur sont démarquée. De nos jours, c’est la seule grande société qui pro- cela que nous avons soutenu l’idée de la Route du Cœur et de vendus à prix réduit. duit exclusivement des vélos à assistance électrique, elle est par divers petits circuits touristiques aux alentours de notre siège Au premier étage, on étudie sur ordinateur les nouveaux moteurs conséquent un vrai leader dans ce secteur et a conçu en 2003 le social à Huttwil, où tout le monde peut tester gratuitement nos électriques, toujours plus performants, en collaboration avec l’en- premier vélo à assistance électrique doté d’une batterie Lithium- modèles durant toute une journée. » treprise japonaise Panasonic et la société allemande Bosch. Les Ion, une réelle révolution en ce qui concerne ses grandes capaci- On perçoit la connotation « verte » de FLYER lorsqu’on s’approche nouveaux cadres en carbone mettent fin au point négatif de ces tés. Biketec n’est pas toute jeune. En 2001, elle a hérité du savoir- de l’usine de production. Inaugurée en 2009, elle est un complexe vélos, leurs poids. À Huttwil, on assemble environ 50’000 vélos faire de la BK Tek qui produisait des vélos électriques jusqu’à la fin projeté vers le futur. À l’extérieur, la grande enveloppe métallique chaque année : cadres taïwanais, pneus allemands, batteries et 1995, une date qu’on ne pensait pas cruciale, puisqu’à l’époque, arbore des lignes aéronautiques et avec un nom tel que « FLYER », moteurs japonais. on croyait que ces vélos resteraient un caprice d’écologiste ou il aurait été difficile d’en être autrement. Sur la toiture plate du bâ- Les modèles dans le catalogue sont de moyenne à haute gamme, une aide nécessaire pour les cyclistes obèses du troisième âge. timent est installée une centrale photovoltaïque de façon à fournir de 3000 à 6000 CHF (2500/4900 EUR), avec l’idée que seule On était loin de s’imaginer qu’ils pourraient être une réponse adé- de l’électricité à l’usine et de vendre le surplus à l’extérieur. De plus, la qualité des composants peut garantir la fiabilité dans le temps quate à la mobilité durable. « Les premiers temps ont donc été le bâtiment capte la chaleur du sous-sol et la redistribue à l’inté- du produit. Et cela est d’autant plus vrai quand on parle d’e-bike. difficiles, confesse Marlis Roggwiller, la responsable technique rieur des pièces. Une citerne de récupération des eaux de pluie Le modèle le plus courant est le Série C, entré en production en de FLYER, mais nous avons eu la chance d’avoir comme directeur alimente les toilettes, la station de lavage des vélos et le système 2003, et entièrement revu en 2014. Alors que le modèle désigné marketing et cofondateur de l’entreprise, Kurt Schär… » d’irrigation du jardin. À l’intérieur, par les amples surfaces vitrées, comme « écoiste », le Vollblut, est une vraie « bombe » avec ces Marlis en parle comme d’une sorte de gourou, ce qu’il doit être on peut apercevoir des modules minimalistes et une rigoureuse roues 27.5’’, atteignant une vitesse assistée de 45 km/h et une car il semble difficile de le rencontrer, même si on m’assure que répartition entre les ateliers et les bureaux, ainsi qu’une immense puissance de 500 W. Et il ne faut pas oublier non plus les VTT, les c’est une personne aimable et cordiale. De fait, grâce à sa voca- salle d’exposition, à mi-chemin entre le musée et le showroom, modèles sportifs, les vélos pliables, les modèles cargo et même un tion écologiste, il est membre du Parti vert’libéral suisse, l’entre- assaillie chaque jour par des centaines de visiteurs conquis. Bien tandem à assistance électrique. prise a adopté une philosophie intelligente, destinée à couvrir en vue est exposé le « Buffalo Red », le premier vélo électrique Info : www.flyer.ch Des collaborateurs de l’entrepôt d’expédition de FLYER ; le « Buffalo Red », le premier vélo de FLYER qui fonctionnait avec une batterie de voiture ; le hall d’accueil de l’établissement. Page ci-contre : l’entreprise FLYER à Huttwil. 116 cycle! magazine CHANGE & SMILE 117