Bulletin n° 29-30 de sept-oct 1999
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Bulletin n° 29-30 de sept-oct 1999
BULLETIN DE LIAISON DES ANCIENS ET AMIS DES AUBERGES DE JEUNESSE DE LA RÉGION RHÔNE-ALPES Siège social: AnAAJ Rhône-Alpes, 15, Avenue d'Italie 73100 Aix les bains NUMERO 29-30 Juin-Sept. 1999 Un Bulletin double J'entends les copains penser "Ça veut dire quoi ?" Si j'en crois Doudou certains se sont plaints de ne pas avoir le bulletin de juin. Alors il faut savoir que le soidisant rédacteur en chef de ce numéro a passé plus de 70 heures pour sortir ces quelques pages, et il y a encore l'impression et l'envoi. Pas aussi simple. J'espère que les copains seront plus regardants sur la qualité de ce numéro que ce soit pour la forme ou le contenu, que sur la périodicité. Malgré mes efforts la sortie en juin n'a pas été possible, désolé. Ce numéro prépare la prochaine assemblée générale, nous souhaitons que vous soyez nombreux… alors inscrivez-vous vite et notez qu'il y aussi urgence pour commander "L'embellie de Marseille" et s'inscrire à certaines activités. Les délais sont très courts. Note que ce bulletin tient lieu de convocation à l'Assemblée générale. Si tu ne peux venir, tu peux te faire représenter, ou nous écrire pour nous faire part de ton point de vue. Merci. PROCHAINES RENCONTRES RHÔNE-ALPES ouvertes à tous Week-end et AG des 13/14 Novembre 1999 Auberge de jeunesse du Vieux Lyon Vous trouverez aussi des échos de la France ajiste, ce qui est apprécié par les copains isolés que nous avons un peu partout. Pensez à renouveler votre abonnement si ce n'est déjà fait… Enfin, des témoignages sur les années sombres feront sans doute ressurgir des souvenirs qu'il ne faudrait pas laisser disparaître. Alors j'attends vos réactions et vos propres histoires. Un copain qui fut du MIAJ nous suggère une tribune libre… cela allait tellement de soi que chacun pouvait s'exprimer dans nos colonnes que je ne l'avais jamais formulé ainsi… Alors bonne lecture… Daniel Bret (voir page 2 pour les détails) propositions de Béton restant à mettre au point : Une sortie en Octobre peut être à la nouvelle AJ d'Autrans… sinon une autre proposition pourra être faite aux copains qui se manifesteraient 1 Vie de l'Anaaj Rhône Alpes Assemblée Générale de Lyon 13/14 Novembre 1999 Coordonnées de l’AJ Samedi 13 Dimanche 14 tél : 04 78 15 05 50 adresse : 41/45 Rue du Chemin neuf 69005 Lyon 14 h 30 Arrivée, installation. Prévoir du temps pour se garer dans ce vieux quartier pauvre en parkings. On peut utiliser le parking du Théâtre Antique à 250 mètres de l’AJ. 15 h Départ pour : La colline de Fourvière : la Basilique, le théâtre romain, le musée gallo-romain. 18 h à 20 h Assemblée Générale. 20 h Départ pour le repas et la visite du Vieux Lyon “by night”. 8 h - 9 h Petit déjeuner 9 h - 12 h Activités à choisir - Musée St Pierre - Marché de la création sur les quais du Rhône - Traboules de la Croix-Rousse - Parc de la Tête d’or - Quais de la Saône 12 h Retrouvailles Place des Terreaux pour le repas de clôture. * programme pouvant être modifié, suivant le temps. Attention ! Etant donnés les difficultés de stationnement, Raymonde suggère de se regrouper. Inscriptions auprès de : Raymonde Faurite 136 Rue Dr E. Locard 69005 LYON tél : 04 78 25 79 77 avec 80 F d’arrhes et au plus tard le 1er Novembre 1999 pour que, si nous sommes plus de 20, on puisse essayer d’obtenir plus de places. Activités et rencontres Qui aimerait visiter “Le Dauphiné Libéré”…? Le mercredi 21 Avril, Galinette et moi, invités par des amis, avions visité de 21 h 30 à 23 heures la Rédaction et l’Imprimerie du Dauphiné Libéré à Veurey à une quinzaine de kilomètres de Grenoble près de la RN 532 (GrenobleValence) par la rive gauche de l’Isère. Il nous a été présenté l’énorme documentation, la réception des informations, la mise en pages, l’ensemble électronique commandant aux rotatives de tirer quotidiennement les 400 000 exemplaires en quinze éditions, la réserve de papier journal, les pliages et routages, etc… J’ai demandé au présentateur si nous pouvions revenir avec les anciens et actuels des AJ. Il m’a répondu d’écrire dès que possible afin d’obtenir un rendezvous dans plusieurs mois. Nous proposons d’essayer d’organiser cette sortie passionnante un vendredi soir dans les mois qui viennent. Les copains intéressés doivent se faire connaître le plus vite possible, de préférence par lettre, auprès de Béton : Georges Rieux 46 Rue Thiers 38000 GRENOBLE. Téléphone : 04 76 47 89 40. Béton Week-end à l'AJ d'Autrans Béton a pris des contacts avec la nouvelle AJ d'Autrans où nos copains du groupe de Lyon ont déjà fait un séjour sympathique. Il serait possible d'y aller le week-end des 16/17 Octobre. mais cela reste à confirmer… il n'y a rien de sûr au moment où je mets à l'impression. donc les copains qui seraient intéressés doivent prendre contact avec Béton dès réception de ce courrier. Georges Rieux 46 Rue Thiers 38000 GRENOBLE. Téléphone : 04 76 47 89 40. Pierre Rieux, un copain disparu Pierre, le frère de notre co-président, Georges Rieux dit Béton, est décédé le 20 mai 1999. Il y a quelques années il avait subi cinq pontages coronnariens. Il était en retraite de professeur de mathématiques depuis la rentrée scolaire de 1998. Nous avons demandé à Béton de nous parler un peu de son frère. Il s’est aussi exprimé au nom de son épouse Galinette et de son fils Christophe. Pierrot participait beaucoup aux activités culturelles et sportives de l’Association Sportive Ouvrière d’Antibes, club amateur FSGT, l’un des plus importants de cette ville, notamment dans les domaines du vidéo-reportage et du cinéma amateur. Nous avions vu l’un de ses courts-métrages au Festival de Grenoble. Il avait aussi été figurant dans deux films : “Le Ruffian” et “Papy fait de la Résistance”, grâce à son ami cinéaste, José Giovanni. En 1954, j’avais effectué avec lui notre premier voyage en Angleterre. Ne connaissant pas l’anglais, c’est l’adolescent Pierrot qui s’entretenait dans leur 2 langue, notamment avec les automobilistes qui nous avaient pris en stop et avec les accueils des auberges de jeunesse qui nous hébergaient. Je me rappelle deux faits : le premier à Earl Court, c’est son jeune âge qui nous avait permis de dormir dans cette AJ, complète lors de notre arrivée. Le second lorsqu’un un automobiliste qui nous avait pris en stop dans les Cornouailles, nous laissa en pleine nuit dans Londres. Aussitôt Pierrot fit signe à la première voiture, qui se révèla une patrouilleuse de la police; dont les agents, très aimablement, nous conduisirent à la gare où, tôt dans la matinée, nous allions reprendre un train de banlieue. Plus tard, souvent, Pierrot nous a emmené en voilier pour des mini-croisières au large du Cap d’Antibes et des îles de Lerins. Je me souviens d’un bivouac dans une grotte de l’île SainteMarguerite où nous nous étions rendus. Pierrot était toujours resté mon petitfrère bien qu’il ait plus grandi que moi. Aussi nous partageons notre immense peine et notre profond chagrin avec sa femme Lucette, sa fille Claire et son fils Vincent. Béton Vie de l'Anaaj Rhône Alpes Le point sur notre association Si on se reporte à notre dernière Assemblée Générale on peut se rappeler les orientations que nous avions définies : Cotisations : le niveau modique a été compensé par de nombreuses cotisations de soutien. Les résultats sont les suivants : Année Cotisations Abonnements 1999 201 190 1998 230 217 1997 214 inclu cotis. 1996 146 " 1995 114 " Réviseur aux comptes : ne sont pas encore entrés en action. Programme 98-99 Sorties : Echirolles, Lyon, peut être Autrans seront réalisées. Chamrousse, Le Trayas, la Clusaz : en Janvier sont à revoir… en semaine ? Balade en péniche menée à bien. Bulletin Un bulletin trimestriel n'a pas été possible. Le bulletin de diffusion nationale est parti normalement de même que le n°28. Ceux de Juin et Septembre se confondent. Les critères permettant de boucler à temps doivent être mieux respectés. Noter que l'élaboration de ce numéro aura nécessité plus de 60 heures de travail ! Carnets et cassettes : on finit maintenant de servir les derniers acheteurs et un petit stock a été constitué pour répondre aux futures demandes. Projet vidéo : Daniel Bret a acheté sur ses deniers un équipement numérique assez cher mais très efficace et attend une réponse de la FUAJ pour une participation éventuelle. Trois enregistrements ont été effectués lors d'une rencontre des anciens PA à Lanslebourg. Ça semble très positif. Mais la FUAJ sera-t-elle intéressée ? L'enveloppe de 8 000 F votée n'a guère été utilisée. De nouveaux enregistrements seront effectués d'ici l'AG et nous permettront de mieux juger de l'utilité du procédé. Edition d’un annuaire : une centaine de personnes sont inscrites. La phase de réalisation devrait se faire avant la fin de l'année. contacts intéressants avec les anciens de Savoie. Le travail de Charles Jourdanet avec "L'embellie de Marseille" pourrait nous servir d'exemple. Situation comptable au 28 Sept. 99 Abonnements recettes................................3 825,00 dépenses.............................-3 395,10 résultats................................+429,90 Adhésions recettes cot.......................... 2 060,00 soutien.................................7 631,00 dépenses................................-628,30 résultats.............................+9 062,70 Autocollants recettes...................................177,00 dépenses....................................-2,70 résultats................................+174,30 Carnets de chants recettes................................8 280,00 dépenses...........................-15 802,63 résultats..............................-7 522,63 Cassettes audio reportages recettes...................................350,00 dépenses..................................-56,50 résultats................................+293,50 Cassettes chants recettes................................3 605,00 dépenses.............................-2 384,65 résultats.............................+1 220,35 Divers (à imputer adhésions) recettes.......................................0,00 dépenses................................-193,00 résultats.................................-193,00 Mémoire ajiste recettes.......................................0,00 dépenses................................-133,70 résultats.................................-173,70 Rassemblements recettes.......................................0,00 dépenses................................-462,50 résultats.................................-462,50 Répertoire national recettes.......................................0,00 dépenses................................-343,92 résultats.................................-343,92 Reportages vidéo recettes.......................................0,00 dépenses.............................-1 482,90 résultats..............................-1 482,90 Vie statutaires recettes.......................................0,00 dépenses................................-169,20 résultats.................................-169,20 Solde général de............... +837,90 Ces chiffres sont à modérer avec les précisions suivantes : 1- nous avons un stock de carnets estimés à 14 000 F. 2- les frais de secrétariat ne sont pas tous inclus, ni le coût de ce bulletin (3000 F) Ski pour les plus de 70 ans Olivier Barillier et Béton nous signalent les stations de ski offrant des forfaits gratuits au plus de 70 ans : descente (D) ou fond (F). Vérifier quand même. Chamrousse (DF), Alpe d'Huez (DF), Bois Barbu (Villard de Lans) (F), Côte 2000 (D), Les Sept Laux (D), Corrençon (D). Aux Deux Alpes (D) pour les plus de 75 ans. DESSERTS A la fin du repas se trouvent les délices. J'ai dégusté, bien sûr, des mets de cuisinier, Les partageant souvent avec d'autres complices. Les plaisirs épicés, mélis-mélos-malices Font surtout le bonheur des malins taverniers; On y trouve la lie au final des calices, Ils nous laissent amers, déçus et rancuniers. A la fin du repas se trouvent les délices. Ici, comme en amour, les bonheurs sont princiers: Champagnes et douceurs, mokas, alcools, mélisses. Ils effacent les jours, les heures de supplices. Les désirs, au début hâtifs, distraits, grossiers, S'affinent, car on sait que se cache en coulisses La pendule du temps aux mille balanciers Qui nous fait, de la vie, un moment créanciers, Jusqu'au demier dessert, quand la mort rentre en lice... Archives mémoire ajiste pas beaucoup de documents mais des Jean-Jacques BLOCH 3 Vie de l'Anaaj Rhône Alpes Carnets de Chants (suite et presque fin) Quand chaque année vous avez régulièrement demandé le nouveau carnet, la nouvelle cassette; quand d'un coup certains nous commandent nos cinq carnets et cassettes, ça nous fait chaud au coeur Ça montre que ces chants qui ont si bien embelli notre jeunesse, qu'avec joie nous avons chanté toute notre vie ; ces chants qui nous ont demandé beaucoup de travail, correspondaient à un besoin et qu'il fallait les transmettre. Nous ne regrettons donc pas le temps que nous y avons consacré.. Voici d'ailleurs, dans votre courrier de ces derniers mois, quelques-unes de vos appréciations : BARBARA de ST-ALEXANDRE (30) : Je me suis régalée avec les carnets de chants et cassettes ; certaines chansons remontent à la surface, avec le plaisir de redécouvrir ce que l'on croyait perdu. BRIGITTE D'UNIEUX (42) : merci pour votre excellent travail ; je retrouve avec plaisir les chants qui ont bercé ma jeunesse. GILBERT de BILLANCOURT (92) : formidable votre travail de mémoire sur notre jeunesse ajiste. Ca me rappelle que je dois écrire aussi. GERARD de VILLENEUVE LES MAGUELONE (34) : chapeau et remerciements à tous ceux et celles qui s'occupent si bien de tout ça ! JEAN d'ALENCON (61) bravo pour votre magnifique travail ; tenez-moi au courant pour la suite. GEORGES (BIBI) de FLOGNY LA CHAPELLE (89) : merci encore pour les chansons ; c'est un vrai régal. GERARD de MARLY (78) : vous avez tous fait un travail formidable qui servira à transmettre la mémoire de nos soirées de camps chantant devant le traditionnel feu de bois et de joie. La qualité de l'enregistrement est très bonne ainsi que celle des textes chantés. Toute l'équipe qui a oeuvré pour ces éditions avec tant de soins, mérite un grand bravo et beaucoup de remerciements semble". MICHELE DAVIEAU : notre camarade, Présidente nationale de l'association-soeur des AMIS DE LA NATURE (où se retrouvent beaucoup d'ajistes) écrit dans un éditorial "Chantons ensemble" de la dernière revue des A.N. : "même si chaque région a son répertoire, il existe malgré tour un "pot commun" de chansons traditionnelles que tous les Amis de la Nature connaissent. Et si par chance, nous avons parmi nous un "DOUDOU " ou un "FIFI", alors c'est parti pour une chorale d'occasion qui, d'une certaine façon, cimente encore un peu plus les liens qui nous unissent dans la poursuite d'une aventure commune... Mais cette œuvre collective de longue haleine, échelonnée de 1993 à 1999 n'est pas terminée. Nous projetons de publier un récapitulatif de nos 500 chants reclassés par ordre alphabétique, par thèmes, et par la première ligne du premier couplet. Puis éventuellement les corrections diverses apportées aux carnets depuis leur sortie. ... Ils ont bien raison ceux qui se sont attelés à la tâche de reconstituer tout le patrimoine de chants traditionnels, appris souvent d'abord avec les ajistes, puis chez les A.N. Grâce à eux, pourra ainsi se perpétuer notre répertoire et nous pourrons encore longtemps "chanter enDÉPARTEMENTS ISÈRE LOIRE-ATLANTIQUE PARIS HAUTE-SAVOIE RHÔNE SAVOIE VAR BOUCHES DU RHÔNE HAUTS DE SEINE VAUCLUSE A notre tour, remercions la FRANCE-AJISTE de s'être procuré nos carnets et cassette, puisque nous les avons diffusé dans 82 départements, en SUISSE, en ALLEMAGNE et même aux USA. Voici d'ailleurs dans l'encadré ci-contre les chiffres concernant les 10 premiers départements acheteurs. Ensuite, il reste à travailler sur l'origine des chants, globale et individuelle avec leurs auteurs, parcours etc... D'autres projets existent dont nous vous parlerons s'ils se concrétisent. Enfin, DANIEL puis RENÉ ne seront bientôt plus libres ; ils risquent de s'absenter. Profitez que nous sommes tous là pour vous fabriquer et expédier joyeusement les carnets et cassettes qui manquent encore à votre collection. DOUDOU Ajiste et Ami de la Nature CARNETS VENDUS CASSETTES VENDUES TOTAL 119 78 57 53 42 39 38 37 32 37 82 33 37 20 23 22 20 18 22 12 201 111 94 73 65 61 58 55 54 49 illustration de Marcel Andujar pour "Cloches du Soir" 4 Vie de l'Anaaj Rhône Alpes Voyage en péniche sur le Canal de Bourgogne Ambiance Ajiste à bord de la Matisse De bâbord à tribord… Par un beau samedi 1er mai, quatorze ajistes (6 garçons et 8 filles) embarquaient à St Florentin. Répartis sur deux péniches bien aménagées, avec l’équipement, le matériel nécessaire pour affronter cette croisière, nous avions les hommes capables de nous conduire sans danger. Nous, les femmes, assurions sur notre bateau, les repas et la participation à l’éclusage (responsabilité importante !) Quatorze intrépides rhônalpins n’ont pas hésité, la première semaine de mai à jouer les corsaires sur le Canal de Bourgogne, avec une témérité bien ajiste, ils ont dompté ces modernes drakkars que l’on appelle trop modestement “pénichettes”. Nous naviguions aux abords des champs de colza, près des forêts denses, accompagnés par les chants d’oiseaux , un décor de carte postale, enfin le grand calme ! Au passage, nous avons visité le château d’Ancy le Franc, la ville de Tonnerre avec sa fosse Dionne, l’Hospice, etc… A Ancy le Libre, visite du pigeonnier de 1673 ; le propriétaire, très aimable, est même venu prendre l’apéritif sur notre péniche. Puis ce fut le beau château de Tanlay (XVème siècle) et quelques abbayes, tout ceci à vélo ou à pied, selon la distance. Pour les écluses, à peu près trente et autant au retour, nous avions acquis un certain savoir ; quelques audacieux n’hésitaient pas à prendre leur vélo pour aider à la prochaine station, afin de gagner du temps. Jacques, notre animateur musical, jouait du saxo : “La Bourgogne” pour charmer les éclusières. Cela nous donnait l’occasion de chanter et danser ; quelques uns en profitaient pour s’approvisionner en Chably, cidre, miel. Le soir, sortie en vélo ou à pied, le long du chemin de halage ou quelques essais de danses folkloriques. Il y eu aussi la soirée crêpes, la soirée punch, la soirée Brassens. Enfin, nous avons beaucoup chanté dans une ambiance très ajiste. Et contrairement à quelques légendes ou chansons, nous n’avons pas manqué de vivres. De retour à Saint Florentin, le samedi 8 mai, nous étions à l’heure convenue, et tous en forme. Malgré quelques enlisements, nous nous sommes bien conduits. Nous avons eu peut-être aussi la chance d’être peu nombreux à cette époque sur le canal. Sur deux bateaux, partant de Saint Florentin, après une installation dans les cabines et un inventaire Chateau d'Ancy-le-franc : cour intérieure détaillé de ce qui allait être notre lieu de vie durant huit jours, un employé de la base nous fit une démonstration du maniement de la pénichette, et vogue la galère… ! Après Pour tout l’équipage Rhône-alpin quelques tâtonnements et la marche en venu de Lyon, Grenoble, Aix, Annecy, crabe du début, nos flibustiers d’eau Roanne, la croisière en péniche sur le cadouce trouvèrent le bon cap nécessaire nal de Bourgogne fut très gaie et très dépour entrer correctement dans les… cintendue. quante deux écluses du parcours St Florentin - Ravières aller-retour, car il fallait Sur le “Griffon”, les dames ont tenu revenir à St Florentin. la barre, certaines sont même entrées dans les écluses ! Les bons repas qu’elles Les nombreuses écluses procurent nous ont préparés ont bien soutenu le l’opportunité de contacts, d’informations moral des marins. Dans le carré, l’amsur la région, nous avons visité Tonnerre biance à table était très conviviale. et deux châteaux à Ancy le Franc et Tanlay, à l’occasion on donne un coup de Et nous étions très occupés : entre la main à l’éclusière, on prend des photos, navigation, le passage des écluses, les on chante et on danse aussi. courses, le paysage qui défile à contempler, photographier : les grands champs Le bateau est bien équipé : cuisine, jaunes des colzas, les blés verts, les fofour, frigo, salle d’eau, douche et même rêts, les villages bourguignons ; puis les eau chaude. Les vélos sur le toit étaient visites aux lavoirs, chapelles, vieilles bien utiles pour se dégourdir les jambes à maisons, les bavardages avec le barreur, l’étape en pleine nature. La navigation les concerts de Jacques au saxo, etc… fluviale calme et sereine en cette période est recommandée aux personnes stresDès la fermeture des écluses, les pésées et que la Bourgogne est belle par cet niches amarrées dans un coin tranquille, autre chemin qu’est le canal ! les cyclistes s’élancent sur le chemin de halage et les petites routes environDéplorons que la disparition de la nanantes. vigation commerciale marque un certain abandon de l’entretien du Canal, c’est Presque tous les soirs, les deux équibien dommage car c’est une richesse napages se regroupent pour la veillée : turelle à sauvegarder. chants avec ou sans carnet. Une longue soirée, nous avons même chanté tard, De l’avis de tous ce fut une joyeuse dans le noir, tout de mémoire ! et enrichissante semaine. Ohé du bateau Miette et Jacques Cogez de la péniche “Griffon” Raymonde Faurite de la “Matisse”. 5 Georges Douart dit Doudou Matelot sur “Le Griffon”. Vie des Anaaj des différentes régions Prochain rassemblement de 2001 Notre amie Jeannette Skapovski, présidente de l'Anaaj de Paris nous écrit : A la fin du rassemblement des anciens ajistes du Sud-Ouest à Aspet, s'est tenue, le lundi 6 septembre 1999, une réunion "informelle" dans le but de discuter du prochain rassemblement de 2001. Etaient présents les responsables des groupes suivants : Sud-Ouest, Marseille, la Borie, Nord, Paris. Les Picards (LoireAtlantique) avaient dû partir vu l'horaire, et ceux de Rhône-Alpes n'avaient pas participé au rassemblement, retenus par d'autres activités. Etaient présents également une bonne vingtaine de camarades. Au préalable, tout le monde a été d'accord pour s'aligner sur la position de Marseille à propos de la "Méridienne 2000", à savoir que rien ne serait fait au plan national. Pour ce qui est du rassemblement 2000, trois décisions essentielles sont à prendre : le lieu, la date, l'équipe d'organisation. Bien évidemment, il n'était pas question de prendre des décisions ce jour là. De la discussion à bâtons rompus qui s'est instaurée, on peut retenir les conclusions suivantes : - seules les AJ de Strasbourg, la Rochelle et Paris-Clichy peuvent convenir à cette rencontre. Pas d'opposition à rechercher ailleurs une structure d'accueil favorable, - le rassemblement 2001 sera qualifié d'Interrégional (et non "national" qui peut choquer certains), - chaque groupe fera une proposition pour un lieu et une date, ceci avant minovembre. Faute d'autre volontaire, c'est Paris qui centralisera les propositions (Jeannette Skapovski 3 Rue Friant 75014 Paris) et en fera la synthèse avec les copains du Nord (Odette Schietecatte). Ce travail pourra être discuté par chaque groupe avant une autre réunion. Il n'est pas inutile non plus de donner un avis sur l'équipe d'organisation. - les inscriptions se ferons au sein de chaque groupe puis centralisées, - la gestion financière se fera par le compte "mémoire ajiste" ouvert pour Strasbourg (1997) et non clos à ce jour. Pour vos recherches, voici une liste (non exhaustive) des critères aux quels devrait répondre la structure d'accueil : 1- capacité d'hébergement en lits non superposés minimum 220/230. 2- capacité de la (ou des) salle de repas ? 3- capacité d'une salle polyvalente (ou amphi) ? 4- possibilité de parking. 5- possibilité d'accueil pour quelques camping-cars et tentes. 6- Accès par le train et car. Arrêt du car ou de la gare SNCF à quelle distance ? 7- Prix consenti par personne pour 200 minimum (250 FF par jour maxi). 8- Nombre de gratuités consenties ? 9- Date conseillée selon la région (juin ? mai ? septembre ?) 10- Eventuellement, ressources touristiques de la région. Exit la Méridienne verte de l'an 2000 ! Exit le projet d'un an 2000 ajiste et vert…! La rencontre d'Aspet dont nous publions les conclusions ci-dessus a tiré un trait sur toute célébration de l'An 2000. Moi qui aime bien les chiffres particuliers genre 7 et 13 et quelques autres dont ce chiffre 2000, je suis un peu déçu. C'est vrai que cette célébration d'une ère chrétienne s'oppose à une certaine orthodoxie "ajiste" et a pu en déranger quelques uns… L'idée aussi de cette méridienne verte, pour moi qui suit un peu écolo et qui aime l'idée de cette ligne imaginaire recoupant par hasard des lieux remarquables me plaisait aussi… Seul monument d'ampleur nationale de l'an 2000, il oublie la pierre, le métal ou le béton ! il se traduira par une libre participation de tous à l'édification d'un vaste ruban de verdure, de fleurs, de pique-niques… Mais la vie n'est-elle pas faite aussi de choses que l'on ne fera pas et que l'on garde en rêve… bref l'an 2001 sera lui un événement anaajiste…! L'an 2000 sera vert et mais pas anaajiste ! db Des quatre coins de l'Hexagone Amicale Poitevine des Anciens des Auberges de Jeunesse Organise les 2/3 Octobre 1999 un séjour en Pays de Brande. Maison familiale. Visites et petites randos : Lussacles-Chateauxx, Civaux, Chauvigny, etc Inscription avant le 30 Août mais peut être restent-ils des places… Jean Ringenbach (Paname) (02 51 00 88 81) Petits Echos de notre…AJ midi-pyrénées n°16 Après un édito de Jean Chanabé qui évoque l'an 2000, Marcel nous parle de leur balade dans le Lauragais : visite d'un moulin pour la production à l'ancienne d'huiles et de farines. Après St Julia c'est la découverte d'un élevage de pigeons. Denise raconte la visite du Parc Pyrénéen de l'Art Préhistorique à Tarascon sur Ariège et ses découvertes. Jacques Bénichou, propose une tribune libre à propos des écolos et des anciens ajistes : c'est une réflexion sur la place des ajistes en tant qu'écolos et des écolos dans la politique. Georges Dupuy rappelle ce qu'était l'AJ de Toulouse, agréable, et les tractations en cours pour une nouvelle AJ sont bien longues… Enfin Roger 6 nous parle en poésie des vieux à l'ombre du grand chêne. Le rassemblement d'Aspet les 4/5/6 Septembre est annoncé… Les 16/17 Octobre ce sera à Fontbonne. Notre Amitié n°80 Région Parisienne Toujours copieux, mais les ressources humaines sont bien supérieures à celles de notre région… ou est-ce la motivation ? Voici un peu vite ce que j'ai rencontré : l'Adieu à Petit Jean, et à Rolande Darcque. Jeannette raconte les retrouvailles avec la Chapelle des bois, ainsi Vie des Anaaj des différentes régions L'Embellie de Marseille L'ami Charles Jourdanet de Marseille réédite son très important livre "L'Embellie de Marseille". Pour nous il a accepté de reculer au 15 Octobre la date limite de souscription des copains à cette nouvelle et dernière édition. Si tu es intéressé ne laisse pas passer une minute pour envoyer ta commande à Charlot. Voir la présentation cidessous. Cet "Album-Souvenir" est l'oeuvre collective d'Anciens des Auberges de Jeunesse durant les années 1934-42 à Marseille, en Provence et plusieurs régions de France. Très documenté et rempli d'anecdotes, cet ouvrage vient à point nommé pour participer à toutes les initiatives déjà effectuées en vue de perpétuer la Mémoire Ajiste. Un ouvrage (hors-commerce) de 242 pages, (format A4) avec 100 photos + dessins, cédé au prix de : 185 Fr. (+ Port : 30 Fr.) S'adresser à : Ch. Jourdanet, 50, rue de France, 06000 NICE Date limite : le 15 Octobre1999 Sommaire de L'Embellie de Marseille ` L'Embellie de Marseille En guise de Préface Chronique rapide des Auberges Historique de la 1ère A.J de Marseille Inauguration Ajiste de "La Corniche" D'autres Auberges en Provence Clubs CLAJ (Provence-Côte d'Azur) Stand A.J marseillais à la Foire La "Nuit des Auberges " (Marseille) Bulletin "Vive la Vie" (Marseille 1937-38) Le Congrès CLAJ (Toulouse 1938) Vie culturelle à Marseille (34-39) Muse DALBRAY à Marseille (spectacle) Musiques et Chants Ajistes Humour et dérision GIONO et les Auberges Le martyre de l'Espagne républicaine ` Les Années sombres La seconde guerre mondiale L'Occupation et l'Etat français La lente agonie du CLAJ L'école des Cadres d'Uriage Les Stages de Mollans Les Camarades de la Route Théâtre du "Chariot" et "Fariboles" Les Jeunes Laïcs Combattants Le "Croquefruit" et les Ajistes Varian FRY à Marseille ` Le Temps des Souvenirs La "galaxie "Ajiste Nos Peines (incendie / bombardements) Des Anciens des Auberges racontent Les Films Ajistes ` Documents annexes INFOS / Dernière minute Célestin FREINET et les A.J. La Presse Ajiste Le Cinéma et les Auberges Ils sont sortis de l'Auberge : (quelques "célébrités"Ajistes) Jeux de Pistes dans le Passé Dans le Rétroviseur des Années Amicales et Groupes d'Anciens A.J. Lettre à nos descendants Témoignages de gratitude Annonces (gracieuses) Les derniers Romantiques Petits secrets d'une gestation Bibliographie Pour vous y retrouver (T. Matières) Des quatre coins de l'Hexagone (suite) que Gigi et Paulette : ski de fond, raquettes, musée, piscine, sauna, cinéma, bal. La fête de l'Anaaj 99 s'est faite à Bierville, un retour aux sources. Très belle ambiance. Un texte d'Henri Mercier dit en cette occasion : la Mare aux Fées. Sudel 99 : au parc Montreau à Montreuil. Un bon repas, des conversations nombreuses par groupes. Janguy et Minnie évoquent, chacun à sa manière la croisière sur le Canal de l'Ourcq. Erminio Buratto choisit ce moment pour aborder l'idée de "vouloir mourir dignement". Réflexion de plus en plus d'actualité… malheureusement ou heureusement… car des progrès sur cette douloureuse question sont bien nécessaires. Enfin, sur un mode plus gai, Gigi nous parle des chevreuils, Jean Bernard de l'église de son quartier avec le pope Hulot, le boudhiste Eric et le mormon Tagnard… etc… La bande des quatre réplique au billet du Bourbonnais (élections : piège à cons) et remet les choses au point. Merci. Quant au Remue Anaaj, les rendezvous sont nombreux : Morvan le 24 Septembre, Cergy, le 26. Puis déjà une idée de la programmation pour 2000 : Janvier, Center-Parc de Sologne, mars, skiraquettes à la Chapelle des Bois, Fête de l'Anaaj, Avril : Sudel, journée sur l'eau, pénichettes, Mai : à vélo, séjour Avey- ron, Juin : rassemblement de printemps, Vercors, Septembre : le Pérou, Val d'Allier… tout cela sera discuté à l'AG du mois de Novembre. Les anciens des Auberges Groupe de la Borie Août 99 Pierre Pellegrin parle de Cadouin et de ses environs où un groupe de copains sont allés. La prochaine rencontre était le 12 Septembre à l'AJ de Fontaine de Vaucluse. Puis on nous explique ce que sont les gabares, ces bateaux qui remontaient la Dordogne chargés de sel et de poisson sèché. Les anciens des auberges Groupe de Marseille 4ème tri. Ils commencent par les activités : 16 Oct. Bec de Sormiou, 13 Nov. La Glacière Bertagne, 4/5 Déc. Rastau et les Dentelles de Montmirail. Les réunions mensuelles à l'AJ de la Fontasse les 15/ 10, 5/11 et 3/12. AG à Arles le 18 Décembre 99. Roger se lance ensuite dans une évocation poétique de 2600 ans, le passé de Massilia. Laurent R. adopte pour les vestiges de Mastrabala, un style typiquement marseillais : il faut lire son texte avec l'accent… Marcel surenchérit à la manière de Raimu sur les marins 7 grecs. Max a fait une étrange randonnée dans les Cévennes, quelle déveine ! Marcel, et avec ses dessins, nous emmène à la presqu'île du "Moulon" puis dans la fête du 19 juin de Massalia : 400 000 personnes pour la grande parade de Marseille ! Enfin, toujours grâce à lui, vous pourrez savoir d'où vient le mot canebière. En cherchant bien vous pouvez peut être deviner, ça commence comme un produit plutôt illégal… L'Ancien Ajiste Loire Atlantique Sept. 99 L'édito de Roger Tudal fait le point sur les activités, sortie en pénichettes, rassemblement de Pentecôte, séjour à Peysey-Nancroix en juin. Au calendrier : 18 sept. Spectacle à Nantes, 25/26/27 Sept. Sortie "Moules", 16/17 Oct. sortie à Vioreau, 21 Nov. AG à Savenay, 18/19 Déc. Réveillon à Piriac. Tout cela parait donc très dynamique… Plus triste la disparition de trois copains. Madeleine raconte ensuite la sortie du 9 juin à Grasla : balade, repas, jeux, une belle journée. Jean Macquart de Niort, en mode musical évoque, sur l'air du "marché de Brive la Gaillarde" de Brassens, le séjour à Peysey. " db Les Auberges aujourd'hui Inauguration de l'AJ de Lille le 30 Avril 1999 Inauguration en grandes pompes ! Ainsi en juillet 1997, la nouvelle auberge de Lille “naissait” dans une ancienne maternité en plein centre ville, tout près des places typiques et rues piétonnes (3 Rue Malpart 59000 Lille, téléphone : 03 20 57 08 94, fax : 03 20 63 98 93). Et le 30 Avril dernier, veille de l’Assemblée Générale de la FUAJ au Grand Palais de Lille, Pierre Mauroy, Sénateur-Maire de Lille (ancien premier ministre et président actuel de l’Internationale Socialiste) inaugurait cette nouvelle auberge de 168 lits dans des locaux Photo et légende dans un journal de Lille en 1993 : rénovés offrant un Enfant du Front Populaire, l’Auberge de Jeunesse de Lille, très bon confort. rasée, a disparu dans les poubelles de l’Histoire. Lille et son agglomération retrouvaient une installation de ce qui fut avantDisparition en 1993… guerre un symbole du Front Populaire et En 1993, l’une des plus anciennes audu Centre Laïque des Auberges de Jeuberges de jeunesse de France (avec Biernesse. C’est pour cela que cette AJ est ville, les Rousses, Nîmes, etc…), celle appelée “Madeleine et Léo Lagrange”. de Lille que Léo Lagrange avait inauguré en 1939, avait été démolie pour perPierre Mauroy et Léo Lagrange mettre la construction de centres comDans son allocution, Pierre Mauroy merciaux et palais des congrès. rappela le rôle éminent de celui qui fut le premier “Sous-Secrétaire d’Etat à la JeuDepuis l’Association des AJ du Nord nesse et aux Sports”, qui alla plusieurs et les anciens ajistes locaux avaient mulfois à la rencontre des jeunes, notamment tiplié les initiatives pour obtenir la consen auberges de jeunesse (Léo Lagrange truction d’une nouvelle auberge. Notamétait Président du CLAJ), qui créa les ment en mai 1993, ils avaient fait signer billets de congés payés et bien d’autres une pétition aux deux cents quarante anavancées (dont nous profitons toujours ciens présents au Rassemblement natioactuellement). nal d’Arles. De Cap Monde à FUAJ'mag Pour des raisons de copyright la revue de la FUAJ change de nom, mais elle reste toujours aussi pertinente. On trouve dans le n° 14 de Juin-Août 99 les articles suivants : un dossier sur les emplois jeunes à la FUAJ, assez nombreux ; une présentation de quelques possibilités de stages en AJ ; l'annonce d'un remarquable tour du monde à vélo avec Béatrice et Emmanuel. Ils devaient partir cet été d'Anchorage en Alaska pour descendre jusqu'à Ushaïa, en utilisant les AJ ; les rois de la Jongle à Grenoble ; en VTT d'Autrans à la Corse pour trois Québecois qui ont participé à l'ouverture de cette AJ ; les Auberges accueillent le Maroc ; le livre de Jamel Bahli, "Les Routes de la Foi" : 18 000 kilomètres en courant ; les AJ en Afrique de l'Ouest ; le Service Volontaire Européen (pas de rapport avec le SCI) ; des adresses pratiques, les nouvelles AJ dans le monde et enfin une invitations sur le Net à www.fuaj.org. 8 Ensuite Pierre Mauroy dédicaça son livre sur la vie et l’œuvre de Léo Lagrange et la période historique concernée. (Vous pouvez commander ce livre “Léo Lagrange” à la FUAJ 27 Rue Pajol 75018 Paris tél: 01 44 89 87 57, contre 98 francs + les frais de port, et aussi un autre livre dont nous avions déjà parlé dans ces colonnes : “Le présent indéfini, mémoires d’une vie” de Robert Bernard et Albert Ronsin, contre 95 francs + frais de port, ou l’ensemble des deux livres pour 200 francs port compris). Les anciens étaient présent Assistaient à cette inauguration une bonne vingtaine d’anciens ajistes, notamment les nordiques : Raymonde et Victor Vankeilsbeck, Jeanne et Jean Detré, Mireille, Odette, Paul, Yvonne, Baleps, etc… et aussi beaucoup de délégués à l’Assemblée Générale de la FUAJ des 1 et 2 Mai 1999 : Serge Goupil, Edith Arnoult, Patrick Bernard et le Comité Directeur, les Rhône-Alpins Georges Couget, Maurice Preioni, Suzanne Cagnon, Jo Radic, Galinette et moi ainsi qu’un bon nombre de militants directeurs et employés d’auberges de jeunesse. Lors de notre séjour nous avons beaucoup apprécié l’accueil et la convivialité des gens du Nord, l’animation des rues et places bordées de beaucoup de maisons anciennes. Lille et les environs sont très intéressants et valent le voyage au “plat pays”. Béton avec l’aide de Victor. PS : après l’AG, Galinette et moi nous nous sommes rendus à Boulogne sur Mer. AJ très confortable, tenue par Annette, bien placée près de la gare et du centre ville. Visite: vieille ville fortifiée, port de pêche le plus important de France et surtout grand aquarium Nausicaa (quatre heures). Auparavant nous étions allés à Londres où la vie est chère, y compris en AJ. Congrès IYHF La FUAJ organisera au cours de l'An 2000 conjointement avec la Fédération allemande le congrès international des AJ. Les anciens y seront sans doute associés… reste à voir comment. En effet, on peut imaginer ce qu'implique comme préparation une telle organisation. On ne peut que souhaiter bon courage aux copains qui se sont mis ça sur le dos… et éventuellement apporter un concours témoignage si ça peut servir à quelque chose. Mémoire ajiste : témoignages Ce que les auberges de jeunesse m'ont apporté… Individualistes et non-conformistes Les Auberges n’ont-elles pas, en partie, façonné nos personnalités actuelles ? Nous tenions à la simplicité du vêtement, pantalons de velours, chemises de couleur à carreaux, chaussures-sport. Surtout pas de costumes trois pièces, de cravates, de souliers vernis. Nous aimions l’originalité, le non-conformisme, les barbes, les moustaches et pas les cheveux gominés ! Qu’en est-il aujourd’hui ? Très individualistes, les ajistes n’apprécient pas l’Autorité, les Chefs, les Patrons, les Ordres, les Directeurs, l’Armée, les Officiers, les Gendarmes, le Clergé ! Ils supportent tout juste les Responsables. On sent poindre le caractère anarcho-syndicaliste très présent dans la région nantaise : ni Dieu, ni Maître ! Groupes de jeunes, menés par des jeunes, donc un peu excessifs, on chante et récite des poètes contestataires : Brassens, Gaston Couté, Léo Ferré, Aristide Bruant, Prévert et Kosma. On est solidaires des travailleurs, des exploités. Pacifistes, Internationalistes, on est de gauche et d’extrême gauche, mais tiraillés entre ses différentes composantes qui s’affrontent lors des congrès. Une pépinière de militants Les AJ qui n’étaient pas suivies d’un mouvement d’adultes ont été une pépinière de militants. Vaccinés par leurs quelques années d’ajisme, beaucoup sont passés… aux Amis de la Nature où ils ont retrouvé les mêmes copains, dans les syndicats (FO), les partis politiques de gauche, les amicales laïques, aux parents d’élèves (FCPE), à l’espéranto, l’écologie, le pacifisme, le S.C.I., les activités culturelles (MJC), pères Aubs aussi. Comme dit Jean-Jacques Brest : “mes meilleurs copains sont des “4A” : ajistes, anars, anti-nucléaires, AN. Mes “3A” à moi furent les AJ, l’Association du Service Civil International, enfin les AN. Authentiques jeunes prolos, fils d’ouvriers, élevés dans les quartiers populaires des villes industrielles, que serions-nous devenus sans les AJ ? Militants ouvriers, politiques ou syndicalistes, mais plus limités dans notre vision des choses et nos objectifs. De nombreux meneurs de chants Aux veillées ajistes, nous avons aussi appris à lancer les chants sur un ton correct, à bien chanter en groupe. Sans connaître la musique, mais chantant juste, des copains ont, toute leur vie, mené des chorales à deux voix. Certains se sont lancés dans les chorales à quatre voix, les danses folkloriques et même la musique classique. Ainsi, sortis des AJ meneurs de chants, nous le sommes restés toute notre existence, à vie. Partout où nous sommes passés, nous n’avons jamais cessé de lancer ces chants que nous aimons tant. Dans les chantiers S.C.I., dans les séjours U.C.P.A., dans les chalets et campings A.N., dans les AJ RhôneAlpines avec l’Anaaj lors des rassemblements, rencontres, veillées, dans les voyages, les cars, les randonnées, et bien sûr, les repas. Rappelez-vous l’ambiance chantée si dynamique, vécue et créée lors de nos rassemblements de Bourges, Arles et Strasbourg. Ces chants qui expriment tous les sentiments : les filles et l’amour, la route Le groupe des chambériens au sommet du Mont-Blanc. (Voir pages suivantes) 9 et l’amitié, les rencontres et les séparations, le soleil et la pluie, le travail et la fatigue, la joie et la tristesse, la mer et les bateaux, la montagne et les bergers, les voyages et les retours : n’aident-ils pas à créer une ambiance, à souder les participants d’un groupe dont toutes les voix se fondent en une seule. Vivre la mixité Grâce à la mixité pratiquée aux Auberges, nous avons eu, nous garçons et filles, la grande chance et le grand plaisir de passer ensemble nos loisirs. Ainsi nous avons appris à vivre, jouer, discuter en copains, à surmonter côte à côte fatigues, épreuves, difficultés, à nous soucier des idées et des préférences de l’autre ! En général, les copains ont épousé des copines ajistes, ayant le même mode de vie et des distractions communes où ils ont ensemble passé leurs loisirs : vie dans la nature, randonnées, campingcaravaning, montagne, ski, mer, natation, cyclisme, chorales, conférences, voyages, etc… Ce qui, dans un couple, est un grand facteur de cohésion. Nous avons même transmis ces loisirs à nos enfants, qui à leur tour, skient, marchent, campent, voyagent sacs au dos. Souvent, ils ne sont ni ajistes, ni A.N., mais autre chose ! En conclusion, jeunes à la sortie de la guerre, nous avons eu la chance d’être happés dans le grand enthousiasme de la Libération, puis d’être entraînés dans les Mouvements de Jeunesse, qui nous ont beaucoup marqués. Que serions-nous si nous avions vingt ans aujourd’hui ? Georges Douart dit Doudou. Mémoire ajiste : témoignages Onze ajistes chambériens au sommet du Mont-Blanc en 1947 (1) Micheline Dumaz-Lapeyere et Marius Dépouly nous ont fait parvenir deux récits "d'époque" qui évoquent cette expédition pleine d'enthousiasme. Le premier compte-rendu est celui de Micheline qui fut responsable du groupe ajiste de Chambéry, le second est celui d'un journaliste ami. Nous avons conservé les deux textes car ils sont plutôt complémentaires. “Dites, les copains, on fait le Mont-Blanc le 14 juillet ?” lance Jo de sa voix tonitruante un certain mercredi. “Pourquoi pas ?” répondirent les durs. “Et nous, vous nous emmènerez, demandèrent anxieusement Lila, Miche et Germaine ?” “Bien sûr…” Et ce ne sont pas les moins emballées. “Crampons, piolet, lunettes de soleil, pantalon” a hurlé Jo, “c’est indispensable”. Pendant deux mois, on se prépare, on fait des stocks de confiture, de biscottes. “Beaucoup de sucre, a dit le Baron, surtout pas de sardines !” On dirait que ça lui rappelle des heures lourdes ! Montée jusqu'à Tête-Rousse Le 12 juillet au soir, onze ajistes chambériens, en short et grosses pompes, hérissés de pointes de crampons et de piolets convergent vers le sympathique café des Houches en stop, à vélo, en train. Nos côtes endolories nous réveillent à 5 heures. Le jour pointe dans une brume légère et avec lui apparaissent les montagnes, les glaciers sur un ciel clair encore semé d’étoiles. Le torrent, dans un vacarme assourdissant, se fracasse contre les roches. En route ! Le télé des Houches nous hisse jusqu’à Bellevue. Jo ne perd pas de temps et forme trois cordées. Roger, le Baron et luimême prendront la tête. Une fille dans chaque. Dédaignant le tacot poussif, toussotant et crachotant, la colonne gravit allégrement la pente de Plan-Lachat, chemine entre les rails et débouche tout à coup du tunnel au milieu des pierres et glaciers. C’est le Nid d’Aigle. Premiers cris émerveillés et premières gouttes de sueur. Bionassey étale sa peau d’éléphant crevassée au dessus de nous. Un soleil éblouissant dans un ciel bleu et pur. La montée se poursuit parmi les névés et la rocaille et voici Tête-Rousse à plus de 3 000 mètres. Repas et monte-charge Les estomacs se révèlent pantagruéliques. Repas important qu’il faut faire aussi copieux que possible parce que demain fatigue et altitude nous ôteront peut-être l’appétit. Le Baron mange, mange… et nous montre malicieusement l’Aiguille du Goûter à 3 800. Chic ! Le câble fonctionne, on pourra faire monter nos sacs. Mais Roger revient avec une mimique désabusée, expressive : 15 francs le kilo. Un rapide calcul. On en a bien pour 200 francs chacun. Mercanti va ! La montagne retentit de jurons les plus inattendus. Évidemment il n’est plus question de faire monter les tyroliens. En avant donc ! Un passage difficile dans la coulée. On se hisse de roche en roche, tâtant les prises sous l’œil anxieux de Jo qui de son pas montagnard, élève lentement sa caravane. Attention Germaine. Encore un passage délicat. Oh ! mais les filles s’en tirent très bien, et inondés de sueur, chauffés au rouge, les onze s’affalent devant le refuge. Beauté et foule au refuge Louis, béat et satisfait, parle tout seul : “Que c’est beau !” Miche pleure presque de joie en apercevant TêteRousse là-dessous à pic. Roger lance une tyrolienne qui s’étrangle. Les montagnes se découpent nettes sur une nappe bleu foncé. Pas un nuage. Un temps miraculeux. Solitude des sommets ! …Ils sont déjà au moins cinquante dans le refuge. Le gardien se démène, envoie coucher le trop plein. Nous pourrons enfin entrer. Une impressionnante pile de sacs, de cordes et de piolets. “Il faut manger, dit Jo, tant que vous pouvez…” Un dernier coup d’œil à l’extérieur sur le coucher de soleil : un ciel flamboyant à l’horizon, quelque chose d’irréel, englobant l’immensité des montagnes, d’un ocre prononcé, pour se fondre en une tache mauve, puis grise, quelque chose qui nous laisse sans voix et en extase. Et serrons-nous sur les bât-flancs. Le gardien promène une lampe soucieuse parmi les têtes mêlées et les pieds enchevêtrés. Encore quatre en bas. Et tout à coup dans le silence, une voix, celle de Jo naturellement “il reste encore un strapontin !” Incroyable ! Soixante jeunes, dans une même pièce, essayent de dormir dans un air doublement raréfié, alors que dehors il gèle. Seul, Jo, la tête sur les crampons, ronfle comme une locomotive. Une cordée : quatre copains qui n'en font qu'un Quatre heures. Debout. Un temps splendide. Quelques uns refusent déjà la nourriture. Vite, les crampons, les cor- 10 dées. “Surtout ne laissez pas traîner les cordes, faites des anneaux, répète Jo, marchez lentement”. L’air est vif et commence à se raréfier. La colonne s’ébranle lentement en cadence. Il n’y a pas onze ajistes, mais trois cordées et dans chaque cordée, quatre copains qui ne font qu’un, qui se liguent contre l’obstacle. Tout à coup, l’estomac de Lila a des soubresauts inquiétants et la grande carcasse du Baron s’arcboute à chaque pas davantage vers la neige. Un petit coup de rhum, deux sucres et on redémarre. Oh, pas pour longtemps. Cette fois, c’est Miche qui s’affale au Col du Goûter, les pieds à demi-gelés. Une bonne friction, des chaussettes sèches, un tas de douceurs qu’on lui fourre dans la bouche, la vue du Mont-Blanc au loin et la voilà repartie. Encore un effort et voici Vallot, étincelant sur un bout de rocher. A l’intérieur, quelques malades n’ont même pas eu le courage d’enlever leurs crampons. Jo mange… et il est le seul. Quel type ! Des chenilles sur l'arête… on domine l'Europe Encore deux heures, mais sans sac. La pente est très raide, les jambes faiblissent, le souffle devient court. On s’arrête souvent. Le Mont-Blanc ressemble ce jour à un boulevard. Des tas de chenilles ondulent sur l’arête. Le sommet ! Ça y est. 9 heures trente. Les onze sont au sommet. Jean s’abat derechef. Une bise âpre cingle les visages. Les yeux éblouis ne voient que montagnes : la vallée du Pô, le Cervin, la Suisse, le Massif Central… On confond tout. Qu’importe. On est arrivé. On domine l’Europe. Et c’est la descente vers Vallot. Avec un style qui laisse rêveurs les guides que nous croisons. Ô sieste bienfaisante et casse-croûte réconfortant ! Retour par le téléphérique Le soleil envoie ses rayons cuisants. Et c’est la descente dans la fournaise des grands et petits plateaux parmi les séracs. Bientôt le refuge des Grands Mulets, juché sur un promontoire rocheux et l’interminable traversée du Glacier des Bossons dans la Jonction. Et je te saute des crevasses, et je te hisse, et je te prends mon élan. C’est une course éperdue, pendant trois heures, dans un décor féerique pour arriver pile à l’Aiguille du Mémoire ajiste : témoignages Onze ajistes chambériens au sommet du Mont-Blanc en 1947 (2) Midi au départ du télé. Nos faces de homards aux lèvres craquelées lancent un dernier regard satisfait au dôme ocré sous le couchant. Et c’est un retour de durs, la joie dans les yeux, en stop, à vélo, à moto, en train aussi avec de multiples incidents. Avec un débours de six cent francs au minimum*, deux jours et demi de congé, un temps et un enneigement exceptionnels, mais aussi dix-huit heures de marche qui demandent du cran, de la résistance et beaucoup d’endurance. Micheline Dumaz (Chambéry) Les participants : Jo Dépouly, Louis Veiry (frère de Jo), Roger Corréard, Roger Bontron, Le Baron Louis Peycru (décédé en 93), Jules X, Jean le copain d’Oullins, Micheline Dumaz-Lapeyre, "Lila" Julia Guichon-Morel, Germaine Biasetti, Pierre Garin (décédé) * nous avons essayé de resituer le coût de la vie à l'époque ce qui nous amené à conclure que les 600 Francs représentaient la somme totale dépensée par le groupe. En 1947, la location mensuel d'un appartement de 74 m2 était de 320F, la pension de reversion de la mère de Micheline était de 900 F par mois. En 1942, le traitement d'une auxiliaire à la Trésorerie était de 800 F par mois. Une pension complète au restaurant était de 900 F par mois. En 1949, il faut un mois de salaire pour payer un cyclo sur mesures de 2500 F. Alpinisme et bourses plates extrait du journal communiste “Le Travailleur Alpin” du 22 Juillet 1947. Document ressorti par Marius Dépouly que nous remercions. ÉTANT, de ceux qui ont connu à vingt ans les 20 francs par jour pour 9 heures de travail, mais aussi les cars à cent sous pour la Féclaz, j'ai voulu savoir comment les «vingt ans» d'aujourd’hui résolvaient les problèmes financiers que pose la passion de la montagne. J'avais trouvé la solution, il y a bientôt quinze ans, en limitant le menu de mon repas du soir au potage et au fromage, ce qui m’assurait les trente francs hebdomadaires qui m'étaient nécessaires pour le ski et l'alpinisme. Ce groupe composé de jeunes ouvriers ou employés allait fournir la réponse à la question que je me posais. Rencontrant Jo, sa précoce calvitie naissante, et ses lunettes, je lui posais la question : - Que fais-tu pour le 14 juillet ? - Le Mont-Blanc avec quelques copains. - Vous m'acceptez parmi vous ? - Bien sûr ! - Alors à dimanche. - A dimanche au télé des Houches. Une équipe sympathique . Me voici donc, dimanche 13 juillet descendant de ma moto devant le téléphérique des Houches. Au pied des marches de l'escalier un groupe en short et grosses “pompes” entoure un amoncellement de sacs hérissé de crampons et de piolets. Jo en émerge et vient au-devant de moi. Les présentations sont vite faites : - Roger I, Roger II, Jules, Lila, Miche et Germaine, un copain de Lyon. Traditionnelle poignée de mains. En route. Jo Dépouly au pied du Mt Blanc Deux jours chez les “4.000” Bellevue, tout le monde descend. Sac au dos, Lila, Miche et Germaine disparaissent sous les gros tyroliens qui les font se courber en avant sous la charge, mais aucune ne se plaint et c'est la montée à Tête Rousse dans la matinée radieuse. Comment fait-on aujourd'hui ? Loin sous nos pieds, la vallée est encore noyée dans une brume légère que tout à l’heure le soleil boira. Le chemin serpente à travers les « arcosses » puis emprunte bientôt la voie du T.M.B. qui toussotant et crachotant, se hisse, loin dans le bas. Bionnassey étale sa peau d’éléphant crevassée à cinq cent mètres en dessous de nous. Plusieurs voient pour la première fois une telle masse glaciaire et en sont émerveillés. Casse-croûte au Nid d'Aigle et c’est la lente progression sur le sentier de Tête Que fais-tu pour le 14 Juillet ? Jo est l'animateur d'un groupe qui, chaque dimanche, s'évade vers les cimes. 11 Rousse. Le névé traversé face à l’impressionnante face nord de la Bionnassey, nous voici à Tête Rousse. Sac à terre et c’est le grand repas de midi. Celui qu’il faut faire aussi copieux que possible parce que demain fatigue et altitude nous ôteront peut-être l’appétit. - Chic, le câble fonctionne. On pourra faire monter nos sacs. Hélas, trois fois hélas, le Viandox coûte 52 francs et pour être à l’unisson la montée des sacs se paie 15 francs le kilo. Et le dit si bien le gérant du chalet : - L'an dernier c'était dix, il faut bien 15 cette année. Dix sacs par voyage, deux cents francs le sac, dix voyages dans l’aprèsmidi, 20.000 francs avec un litre d’essence, bonne affaire ! Comment voyager à bon marché Évidemment il n'est plus question de. faire monter les sacs et cet intermède me donne l’occasion d’orienter la conversation sur le sujet qui m'intéresse. J’apprends bientôt que l'on peut voyager .à bon marché à condition de ne pas être très pressé, ni très fixé sur son itinéraire. Si Roger I a fait les 120 kilomètres à bicyclette, Roger II est venu en stop, un stop de trois voitures, deux filles avec un stop de 5 voitures. Voilà, je tiens la solution du problème. Pas d'argent, mais du culot,du cran et de l'enthousiasme. L'enthousiasme qui, comme “la foi soulève les montagnes”, permet de les escalader, même si l'escarcelle est vide et qui a fait de l'ouvrier parisien Pierre Allain,l’alpiniste remarquable qui a conquis la considération des guides et dont Lionel Terray me parlait en connaisseur il y a quelques mois. Mon travail était terminé, je le savais. Maintenant je n'étais plus le journaliste aux aguets,mais l'amoureux de la montagne à laquelle j'allais pouvoir me donner tout entier. Aussi, ne vous raconterais je pas notre ascension au Mont-Blanc, le cran de nos jeunes dans le couloir, dans la pierraille de l'Aiguille du Goûter, leur assurance dans la traversée de la Jonction. Je vous dirai simplement que Roger I remonta sur sa selle et refit en sens inverse les 120 «bornes», que Germaine et Lila. attendaient à 8 heures du soir un stop problématique à Megève; et que Roger II le veinard était déposé par mes soins à sa porte à 11 heures du soir. • article de A.P. Dominique, en fait Pierre Garin qui tenait à cette époque le café de l'horloge à Chambéry. Mémoire ajiste : témoignages Découverte des AJ : La Roche du Page, 18 Août 1942 Dans notre précédent numéro nous avions publié un texte d’Yvonne Humm d’Epinal qui nous racontait comment elle avait été invitée à venir en AJ. Nous poursuivons ce récit avec la première expérience d’Yvonne Humm à l’AJ de la Roche du Page… Quatre sauvages arrivent… Bonjour Père Aub ! Fidèle au rendez-vous, j’arrive suant et soufflant avec un vélo lourdement chargé que je hisse à grand peine dans un sentier vosgien par excellence. Enfin voici l’Auberge… j’ai la désagréable surprise de constater que je suis la première arrivée et que la maison est vide. Un peu déçue, j’abandonne le vélo et je vais me reposer dans le pré voisin. Peu après, je vois arriver quatre sauvages : deux filles et deux garçons, hâlés, vêtus ou plutôt dévêtus le plus pittoresquement du monde, des barbes fantaisistes, des chevelures bohêmes et quatre paires d’yeux et quatre sourires éblouissants de vie, de santé et de gaité. Et tout de suite quatre questions semblables : - Tu viens à l’AJ ? De quel pays ? Seule ? Sur la porte en plein cintre de la grange, un panonceau PERE AUBERGISTE. La camarade Andrée entre après un “Suis-moi” énergique. Un couloir tout noir et au bout un “Bonjour Père Aub’ déclenchant la réplique “Bonjour Andrée” et je pénètre dans une grande cuisine vosgienne où mes yeux surpris par le demi-jour ne distinguent d’abord qu’une fenêtre à petits carreaux. Malgré tout je lance moi aussi un “Bonjour” qui m’attire aussitôt une vigoureuse et cordiale poignée de mains avec un Bonjour ?… auquel j’ajoute impulsivement “Yvonne” laquelle bienvenue m’est aussitôt répétée par la Mère Aubergiste qui vient d’entrer. Ça y est ! Ces imposantes formalités étant accomplies, je suis ajiste. Je me sens chez moi, tout à fait à mon aise dans cette atmosphère simple, cordiale et joyeuse qui vivifie le cœur et l’âme comme l’air vif de nos montagnes vivifie les poumons et le sang. Le tutoiement devient naturel On m’avait bien dit que le tutoiement était de rigueur entre ajistes mais ce tu brutal me déconcerte et si je m’empresse de répondre, je m’adresse aux quatre à la fois afin de légitimer le vous qui me vient aux lèvres malgré moi. Et puis brusquement, j’ai la sensation du normal, du naturel de cette prise de contact. Evidemment nous ne nous connaissons pas et pourtant nous savons des tas de choses l’un et l’autre. Puisque nous nous retrouvons là, dans cette Auberge perdue dans la montagne c’est que nous avions le même désir de partir loin des villes, loin du monde, vers les grands espaces lumineux, vers les fatigues et les joiens d’une vie rustique et sportive, vers une camaraderie simple et saine. Et une amicale discussion suivit sur la meilleure façon de raccommoder un pneu fatigué avec de la ficelle, des chiffons, de la colle et réunit les quatre spécialistes autour du vélo douloureusement amputé de l’une de ses roues. C’est ainsi que me découvrent les deux premiers camarades du groupe… et ils me jugèrent tout à fait dans l’ambiance. Aussitôt grand conseil pour organiser repas et coucher pour la dizaine qui devait encore arriver ce soir très tard. Nous sommes l’avant garde et nous en acceptons joyeusement l’honneur. Mais montons d’abord chez le Père Aubergiste, c’est-à-dire jusqu’à une ferme 500 mètres plus haut. Un sentier bien raide entre deux colonnades de sapins dont les branches forment voûte, un petit bout de pré et nous y voici. et du non moins imposant fromage, deux arguments de valeur incontestée ! Puis nous redescendons à l’Auberge où nous réquisitionnons pour notre troupe deux dortoirs vides et bon nombre de couvertures. Vite un bouquet de bruyère dans cette vieille cruche abandonnée et hop ! fini le gros de l’installation. Allons maintenant à la rencontre des camarades qui doivent eux aussi ployer sous le sac. Des ombres noires étrangement bossues ! Tiens déjà le soir ! La montagne est toute bleue et une grosse lune à l’air bonnasse sort peu à peu des sapins là-bas sur la Schlucht. - Plus de neuf heures déjà ! - Pas possible, alors vite, vite. Nous dévalons sur nos vélos un étroit petit sentier à pente rapide puis un chemin plus large, rocailleux et voici la route… et on ne s’est pas cassé le cou ! Quelques bons coups de pédales et c’est la descente rapide vers le Saut des Cuves où un attroupement d’ombres noires étrangement bossues nous arrêtent avec des cris bizarres et de grands gestes. Immédiatement nous nous trouvons désarçonnées, bousculées, ahuries et démanchées par de vigoureux serrements de mains accompagnés de bruyants saluts… Et la troupe s’ébranle nous faisant rebrousser chemin et refusant tout allégement d’épaules pourtant lourdement chargées. Passant à l’offensive, nous capturons deux ou trois sacs qui viennent garnir guidons et portebagages en trophés glorieux. Une horde sauvage et attentive Défilé des Vosges extrait du livre "Le Tour de France par deux enfants" Face aux appétits féroces Mais pas une minute à perdre ! Andrée et moi, bientôt rejointes par Jean, nous organisons rapidement, avec le concours de la MA un repas consistant pour la douzaine d’appétits féroces qui crieront famine autour de la grande table dans quelques heures. Malgré cette effroyable vision d’avenir, nous sentons une douce quiétude nous envahir à la vue de l’imposant “hot” de pommes de terres 12 Une chanson part à l’avant, nous la poursuivons et l’adoptons, elle devient une grande clameur rythmée qui doit faire pâmer d’effroi les vieux hiboux taciturnes. Elle résiste vaillamment aux trois kilomètres de route pour se perdre haletante dès l’attaque du raidillon. Brève halte à l’Auberge pour poser les sacs puis arrivés en trombe chez le PA où les quelques copains encore là battent joyeusement en retraite devant cette horde sauvage et affamée qui, après de rapides mais sonores saluts, prend d’assaut la longue table préparée. Un silence !… puis les deux coudes sur la table, chacun accorde enfin à la tablée un coup d’œil sympathique. Des questions, des exclamations s’entrecroisent puis un autoritaire “Silence” et l’amie Nanous commence l’appel dans un calme très relatif. Mémoire ajiste : témoignages À LA ROCHE DU PAGE Des noms à faire rêvasser… (suite et fin) - Les cyclistes : Andrée, Jean, Yvonne, l’avant garde auteur du souper… (reconnaissantes ovations, une petite réflexion philosophique d’un insatiable sur le fond impudiquement découvert de la grosse marmite) - les gens du train : Jean n°2, Pierrot, Claude, René, Pierre, Nanous, Malou, Jeanette, Titi. - Arrière-garde annoncée : Lucile, Paulette, plus ma sœur Gilberte ajoute René. Une radieuse semaine Paul et Madeleine contemplent d’un œil calme et souriant cette bonne dizaine qui deviendra une quinzaine demain. Et chacun entre avec délices dans cette radieuse semaine de détente et plus prosaïquement chacun se glisse voluptueusement dans le chaud duvet et s’endort en pensant au lendemain. Il arrive vite ce lendemain et il semble qu’on vient à peine de fermer les yeux quand une voix énergique crie : - Allons debout, il est presque huit heures, vous n’êtes pas honteux ? On n’est pas ici pour apprécier les paillasses ! La suite au prochain numéro… si vous êtes suffisamment nombreux pour nous la demander… Yvonne Humm Mao Bouachrine évoque pour nous un de ses premiers souvenirs ajistes (1943-48). Je ne sais plus comment, est-ce à la suite de mon naufrage ? Je me retrouve à faire du canoë (en bois à l’époque) avec un groupe ajiste ou était-ce pour les beaux yeux d’une poupée ? J’attendrai quelques années pour traverser Paname en canots gonflables avec des ados délinquants puis encore d’autres années pour construire des canoës en résine (toujours avec la même clientèle). Quarante ans plus tard, je me mettrai à bricoler un pédalo avec des bidons que je lancerai sur le Lac du Bourget avec autant de succès que mon premier engin non identifié. Les Foyers Ajistes avaient des noms à faire rêvasser les campineurs en herbe. “Hors des murs”, “équinoxe”. Aucun souvenir du nom de mon foyer du 29 Rue Mathis ? Mais je me souviens bien des réunions tumultueuses pour décider de nos prochaines sorties. Il en a fallu des discussions pour mettre sur pied notre réveillon de fin d’année dans une grotte de la gorge de Franchard (Fontainebleau). Il fallait surtout convaincre les copines qui elles devaient convaincre les parents, ce qui n’était pas une mince affaire, les parents communistes étant les plus indécrottables… “L’Empereur”, l’un des pieds nickelés rencontrés à Achères m’amènera au foyer de la rue Myrrha (n°51). Ce coin là c’est encore un peu chez nous, quoiqu’il se trouve dans le quartier de la Chapelle. Les potes de ce foyer sont plus aventureux, mais plus politiques aussi. C’est avec eux que j’irai manifester pour les billets de train à 50%. Ça s’est passé gare de l’Est et pour une fois des Eclaireurs (scouts) étaient mêlés à nous sous la matraque-pélerine et coups de tatane de flics (ont-ils des enfants ces gens là ?) Tiens, ça me revient, c’est à Achère que j’ai aussi fait connaissance d’un couple sympa : Henry Keffelec et sa femme. Ils avaient alors un bébé dans leur sac à dos, cette fois je l’ai faite ma photo à-la-Doisneau. C’était du temps du M.L.A.G à tendance anarchiste. Être anar était surtout un style de vie plus qu’un acte politique. Une façon pudique moins prétentieuse que de se dire Humaniste. Il s’agissait de nous tenir à une éthique de vie dans nos rapports avec autrui. Il y avait aussi un groupe ajiste chez Renault où je bossais. N’est-ce pas un sacré boulot, en plein turbin, rassembler des jeunes pour autre chose que le syndicat, sans pour cela le remplacer. C’est avec des ajistes ananars que je suis allé au Vieux Colombier : Jean Vilar présentait “Meurtre dans la Cathédrale”. Il n’allait pas tarder à transporter ses pénates à Avignon. LA CHAINE DES VERTUS Chacune des vertus fait à l'autre éclairage. On n'imagine pas l'absence d'équité Dans un acte où ressort la preuve du courage; Mais la justice doit, face à la vérité, Montrer quand,même un peu de générosité... En lisant mes conseils, ne prenez pas ombrage, Vous manqueriez d'humour, sinon d'humilité ! Chacune des vertus fait à l'autre éclairage. La bonne foi provient de la simplicité. La politesse veut, envers notre entourage, Refuser les propos qui provoquent l'orage. Mémoire, souvenirs...à la fidélité, A la prudence aussi donnent un repérage. Pureté, tempérance, amour, fratemité, En bref, donnent naissance à la civilité; Elle adoucit, des ans, l'irréparable outrage .. Henry Keffelec, sa femme et son bébé Jean-Jacques BLOCH. 13 Mao Mémoire ajiste : témoignages La Loge aux bœufs ou l'AJ où l'on n'arrive jamais André Caquant, de Reiningue, nous livre un nouveau récit dont la scène et les suites se passent dans la soirée du 12 Avril 1949. (Lui demander une autorisation pour toute reprise de son texte…) note préalable de AC : Le Guide san et son attelage qui rentraient au berAjiste du M.L.A.J. signalait simplement cail. “Refuge de “la Loge aux Bœufs” à Co“- Dites, Monsieur, pour aller à la cherel par Lizy-sur-Ourq (Seine et Loge aux Bœufs ? Marne) - La Loge ?… Sacrédié, c’est du côté de la Ferté-Milon ! Le désert… le bled - Quoi ? N’y a-t-il pas un hameau de C’est que la commune de Cocherel Cocherel ainsi nommé ? était vaste, si le bourg était réduit ! Il fai- Jamais entendu dans le pays !” sait encore jour tandis que nous roulions sur ce territoire, un peu surpris des disUn frisson entre les omoplates tances, à travers de maigres champs qui Dans les lueurs qui s’attardaient sur n’en finissaient pas. le plateau, nous commencions, Claude et Un peu le désert. Le bled ! moi, à nous regarder en coulisse. AlluDans le village même où nous nous mant notre lampe de poche, nous avons sommes arrêtés, nous nous sommes une déplié la routière et nous la scrutions à première fois renseignés. Des lignes du nous faire mal aux yeux. Mais nulle part, Guide, nous n’avions retenu que nom du dans les parages de Cocherel, n’était cilieu-dit “la Loge aux Bœufs”. Personne tée une loge quelconque. Nous ne lisions ne connaissait ce lieu, et quelques artique Monsoutin, Chaton et Crêpoil. Une sans nous déclarèrent qu’il n’existait aucoquille s’était-elle glissée dans le cune auberge de jeunesse ouverte à tout Guide ? venant dans le village. Bien. Donc c’était en cambrousse ! Retour dans le bourg. Nouvel essai Nous voila repartis sur la N331, tirant près d’un riverain… d’abord vers Montreuil-aux-Lions… Le “Vous êtes ben sûrs que c’est “…aux crépuscule était venu et nous arrêtions à Bœufs” ? tout bout de champ, interrogeant les rares - Mais oui, Loge aux Bœufs ! Il y a passants, cultivateurs attardés. une auberge de jeunesse dans ce lieu. Sur trois kilomètres de distance, perVous devriez connaître !… sonne ne put nous renseigner. - Ah ! Parce que vous savez, des Loges, i en a un peu partout dans c’te Les estafettes contrée !” Je sentis un frisson me courir entre de l'armée mongole ! les omoplates. Claude m’avoua par la Demi-tour. Nous voilà repartis vers suite que sa tension artérielle avait seml’agglomération, interrogeant quelques blé s’amplifier brusquement. Le type personnes à l’entrée de l’unique rue. Très nous contemplait bêtement, devant sa rares devaient être, en cette mémorable porte, et paraissait se soucier surtout du année 1949, les ajistes et assimilés qui contenu de nos sacs. venaient à la Loge aux Bœufs, car les gens du crû ignoraient totalement, et Des gens idiots, pervers ? d’une, de quelle sorte de gîte nous enquérions. D’autre part, nul ne se souveNous écartant un peu jusqu’à un nait d’un lieu-dit “Loge au Bœufs” à Coterre-plein lugubre, nous nous interrocherel, et c’était exaspérant. gions. Était-il possible qu’il y eut pluNous voilà repartis vers Lizy, toursieurs “loges” sur Cocherel ? Dans ce nant dans les chemins latéraux, revenant cas, il nous eût fallu une carte d’Etatsur nos pas de crainte de nous égarer, major pour le moins. Ou bien les gens de toujours suivis de notre remorque qui ce patelin étaient-ils idiots, pervers ? tressautait sur des sols inégaux. Nous Avaient-ils intérêt à nous laisser ignorer avons dû faire ainsi dans l’obscurité, en la situation de ce lieu-dit ? Peu probable. pleine campagne, une circuit invraisemSortis du village une fois encore, je blable. Nous passions devant des fermes commençais à loucher aux environs, muettes, dans la clarté des porches éclaicherchant l’ombre plus noire d’un boquerés, et des gens nous regardaient avec teau, d’une haie, quelque lieu abrité pour ahurissement, comme si nous avions été y monter nos tentes. Déjà j’avais l’imdes estafettes de l’armée mongole. pression que cette fin d’étape se solderait “La Loge aux Bœufs, s’il vous par une nuit de camping en rase camplaît ?” pagne. Il nous suffirait de trouver de Quelques secondes de silence. l’eau pour la soupe. Il y avait un grand “Ben ! V’zy tournez l’dos. C’est vers bois en tirant vers Chambardy… Crouy ! - Non, à Cocherel… c’est indiqué sur Nous résolûmes d’essayer une fois notre guide ! encore avant de nous y résoudre. Une - Ah ! Alors, j’vois point.” Nous fîmes encore quelques bornes sur le plateau, accostant bientôt un pay14 jeune femme s’avançait au mitan de la route déserte et apparemment peu fréquentée par les véhicules. Depuis Ocquerre, nous n’avions pas rencontré deux bagnoles. “Pardon, Madame, la Loge aux Bœufs… Où que ça se tient-i ?” Intentionnellement nous imitions la syntaxe des gens du crû… comme pour les rassurer sur nos intentions. Eléctrisée par le St Esprit Elle répéta plusieurs fois ce terme composé, d’un air absent… “Ben, vous savez, j’vois vraiment pas. J’connais ben la Loge, mais c’est pas là… Ah non, c’est pas à Cocherel…”. Soudain elle tressaillit comme si le Saint Esprit venait de l’électriser par derrière, en douce. “Attendez-voir… c’est-y pas c’te ferme où que les Maquis se cachaient pendant la guerre ? Oui, ça doit être ce nom là qu’on donnait à c’t’endroit. Ben c’est au diable, vous savez ! Et qu’est-ce que vous allez faire là, à c’t’heure ?” En deux mots nous lui disions ce qu’était notre mouvement de jeunesse, l’existence des relais ruraux pour les jeunes voyageurs, ajoutant que si c’était au diable, nous nous faisions fort d’y parvenir à condition de connaître le chemin qui y menait. “- C’est qu’avec vot’ charrette… Le chemin est mauvais et il y a au moins trois kilomètres.” Elle nous entraîna à l’écart du village, parmi les guérets obscurs et bientôt, près d’une friche, nous fit voir l’amorce d’un chemin médiocre, sorte de piste caillouteuse et herbue. “Suivez toujours tout droit ; ça monte, dame ! Vous verrez des arbres, des vieux murs de pierre. C’est par là quèque part. Personne n’y va plus. J’y suis ben allée eune fois en vingt ans !” Heureusement la lune était dans son plein Remerciements et soulagement. Moitié roulant, moitié marchant, nous avons suivi cette sente sur laquelle la remorque grinçait à fendre l’âme. Heureusement, la lune était presque dans son plein et nous éclairait copieusement. Sans elle, je crois que nous eussions quitté le chemin, nous égarant dans les friches plus d’une fois. Après un temps qui nous parut très long, nous vîmes poindre quelques bâtisses écroulées, entourées par ce qui semblait être un verger retourné à la sauvageriemère… Nous avons compris bientôt. La Loge aux Bœufs de Cocherel était un hameau perdu, abandonné, ruiné. Il devait se composer d’une dizaine de demeures qui s’étaient écroulées. Un vrai désastre ! Mémoire ajiste : témoignages La Loge aux bœufs ou l'AJ où l'on n'arrive jamais (2) Une sauvagerie poignante, presque historique. Abordant un fantôme de fermette dont un bâtiment conservait un aspect un peu moins croulant, sur le côté droit d’une très antique ruelle encombrée, nous y vîmes le triangle ajiste, en bois pourri et déteint, cloué sur un panneau de porte. éclairait tout autant que nos bougies. Nous avons mangé de bon appétit, malgré la présence d’araignées énormes, qui semblaient faire du trapèze entre les pieds de la table, excitées sans doute par la lueur du foyer et la chaleur dégagée, ou comme si elles “tablaient” sur la capture problématique de quelque moucheron printanier et noctambule. Un refuge, disait le Guide. Oui, tout au plus. Enfin, il y avait un toit !… Je ne saurais dire si l’huis en était verrouillé ou bien si, selon les pratiques originales des relais de l’époque., la clef en était dissimulée “dans la fente de la troisième marche du perron”. Braquant la lampe de poche devant nous, nous sommes entrés dans une pièce vaste et poussiéreuse. Ce devait être la cuisine de cette maison agricole antique et je ne pense pas m’abuser en déclarant que cette bâtisse avait au moins quatre siècles d’âge !… On ne pouvait rêver de situation plus isolée A la lueur des chandelles Il devait y avoir une grosse lampe à carbure suspendue au plafond par un fil de fer, mais son mode de fonctionnement nous restait inconnu, et nous fûmes incapables de l’allumer. Probable que la provision de carbure était épuisée. Mais à force de chercher dans un bahut vermoulu et dans les nombreuses niches évidées à même la muraille, nous avons fini par y trouver des bouts de bougies, des chandelles… Quand la salle s’éclaira enfin, que nous vîmes ces creux d’ombres, ces renforcements, cet âtre démesuré, ces niches insolites, nous éclatâmes de rire, comme deux fadas. Un besoin de détente, de compensation, après l’agacement et les crispations qui nous avaient pris aux tripes à Cocherel. Matériel déchargé en partie, assis face à face sur des bancs, accoudés à une table massive, de part et d’autre d’une sorte de cierge allumé, nous commentions nos impressions. Puis nous avons cuisiné dans la cheminée immense, meublée d’une crémaillère qui devait bien peser un quintal. Le serrurier qui l’avait conçue devait être un contemporain de François 1er… Aux murs, un graffiti au charbon de bois signalait aux éventuels usagers la présence d’une source à proximité. C’est à force de fureter, lampe braquée, dans les terrains vagues qui entouraient les communs que nous avons enfin découvert un creux, vasque naturelle à surface moussue, où l’eau arrivait presque à fleur de sol. Elle était claire au dessous, néanmoins nous l’avons bouillie. Quant au bois, il ne manquait pas : vieilles poutres rongées dont certaines attestaient de lointains incendies, lattes de plafond, branches mortes. Un feu clair brûlait sur la pierre de l’âtre et nous … j’écrivais sous les reflets dansants, entre deux feux. Assis sur une botte de paille pourrie, ses longues jambes guêtrées étirées vers la flamme, Claude rêvassait, fumant, la gourde de cidre à portée de main. Et entre deux lignes d’écriture péniblement rédigées sur l’agenda vert, je l’écoutais parler et ses impressions rejoignaient les miennes. Nous avions découvert un Cahier d’hébergement plutôt moisi et mal tenu qui datait de 1946 et semblait avéré, au relevé des patronymes de plus en plus espacés, que plus personne ne s’aventurait en ce lieu depuis plus d’une année, pas même les membres du groupe gestionnaire qui, si mes souvenirs sont bons, devaient être des ajistes de Meaux. Rien n’était prévu pour l’année 1949. Ni livre, ni caisse, ni cachet. Lieu hanté, maudit ? Est-ce qu’on savait ? Ce devait être grave si les ajistes eux-mêmes avaient abandonné ce refuge ! Sur la couverture du registre de 1946, il y avait pourtant un titre évocateur en diable. On lisait : “La loge aux bœufs - Cocherel - Relai (sic) Clandestinité” Claude avait souri, admettant qu’en effet, on ne pouvait rêver situation plus isolée, et que les chleuhs (sic) euxmêmes n’avaient jamais dû en soupçonner l’existence. Une désolation, une thébaïde, endroit rêvé par un écrivain en mal de silence. Cependant nous perçûmes des grattements vers une sorte de placard aux menuiseries sombres et disjointes. Souris, rats… ou fantômes. Le vent bruissait sous les lattes du toit, s’insinuait entre des vitres fêlées. Nous sentions des vents coulis partout, et les flammes des bougies vacillaient. C’était en somme l’hôtel des courants d’air dans toute l’acception du terme. La poésie de ces lieux était immense Mais en cette soirée de printemps rude et fraîche, la poésie de ces lieux désertés était immense et nous la ressentions intensément, lucidement, par les cinq sens et tous les pores de la peau. …Des soirs de la vie de jeune homme qui ne s’effacent pas de si tôt de la mé- 15 moire, parce que pour nous, gens des logis monotones et rangés, un tel décor était imprévisible. Ce fût pour nous deux une révélation de certains aspects de vieille France. Feu et bougies s’éteignaient. Claude s’était levé lourdement et cherchait sa couche à tâtons. Une vieille paillasse posée à même le sol. Il parlait de la présence possible d’acridiens, ajoutant qu’avec ou sans livre d’hébergement, il ferait abstraction de la note d’hôtel. Je lui donnais raison, car enfin, notre installation tenait plutôt du bivouac et pourtant, vingt dieux, je ne demandais, à l’âge de vingt-cinq ans, qu’à découvrir de pareils abris à chaque fin d’étape. Je devais même y prendre goût, mais ceci est une autre histoire. Grange ou palais, qu’importait ? Ce qui comptait était le geste, la création d’un gîte pour l’errant, le déprimé de l’usine ou la jeune fille rêveuse. Il en aurait fallu un millier sur l’ensemble du territoire français !… Tout est apparu mort et mélancolique Quand le lendemain matin, foulant de hautes herbes et des décombres de toutes sortes, nous avons fait le tour du propriétaire, tout nous est apparu mort et mélancolique sous le soleil. Vieilles choses grises, noires, blanches et poudreuses où seules quelques corolles de simples mettaient un peu de relief. Un poème, cette loge ! Destruction. Mais les ans seuls en étaient-ils la cause ? Sinon, comment, pourquoi, par qui* ? Nous avons quitté ces ruines vers 9 h 30, après un dernier regard à l’unique pièce habitable de ce groupe de demeures, à son grand âtre à odeur puissante où nos cendres de la veillée s’amoncelaient en petit tas blanchâtre que des appels d’air faisaient tournoyer, et après avoir soigneusement et symboliquement refermé la porte. Nous partions reposés, mais encore un peu ahuris du spectacle, et “à la cloche de bois” bien entendu. Laisser de l’argent là dedans c’était le mettre à la merci du premier rôdeur venu. Cependant, sur la feuille détachée d’un calepin, nous avions signalé notre passage, comme par le besoin de prouver à quelque autre usager de ce refuge, notre présence éphémère et excentrique. André Caquant * note de la page 52 du cahier : Ce hameau a probablement été détruit, et jamais reconstruit, au cours de l’avance de l’armée allemande sur Meaux, en 1914, au cours de la bataille dite de l’Ourcq. Mémoire ajiste : témoignages Du S.T.O. aux arrestations du 23 mars 1944 Période bien particulière que celle de l'occupation où les AJ semblent avoir été à la fois tolérées par les gouvernements de l'époque (à quel prix ?) et par ailleurs des lieux où se sont retrouvés des jeunes fuyant le S.T.O. ou rejoignant les maquis ou encore plus dangereusement, associées aux mouvements de résistance. René Portal nous a transmis un texte remarquable (peut être déjà été publié dans “Notre Amitié” en 1991) sur l’époque difficile de l’hiver 1943-44, Floréal Dablanc nous raconte son arrestation en juillet 1944 à Lyon. Nous vous proposerons dans le prochain numéro un texte d’Yvonne Humm qui parle de la même époque et des mêmes lieux. Je sais que, bien que le temps ait effacé pas mal de traces de cette époque, ce sont des sujets encore brûlants, ainsi René me dit périodiquement qu'il aimerait bien savoir ce que sont devenus les copains arrêtés en mars 44 et pourquoi et comment cela a pu se faire… D'autres diront pourquoi remuer le passé ? Je crois, quant à moi que les éclairages sur le passé sont passionnants et utiles… vos témoignages seront bienvenus. (db) Qu'est-ce qu'on peut faire quand on a vingt ans… Qu’est-ce qu’on peut bien faire quand on est en décembre 43, qu’on a vingt ans, qu’on a échappé à une rafle au métro république, qu’on a en poche un contrat S.T.O. pour Schneidemul (?) Prusse orientale-, qu’on n’a que quelques parents lointains en Auvergne ou en Bretagne paniqués à l’idée d’accueillir un réfractaire, qu’on fait partie des AJ depuis quatre ans, qu’on y a découvert l’amitié, la solidarité, l’amour de la nature, de la montagne, de la paix… de la vie… Qu’est-ce qu’on fait ? Hein ? Eh bien, au lieu de prendre le métro à Italie pour la gare de l’Est, on s’arrête à la gare de Lyon avec son sac à dos, son duvet, ses skis (en frêne avec fixation à ressort à l’arrière). Pas trop près de la frontière suisse, pas trop loin non plus… Train bondé, une nuit debout à la fenêtre du wagon à rêver devant des villages endormis de la France profonde, l’angoisse à chaque arrêt à guetter les patrouilles sur les quais (vont-ils monter dans mon wagon ?) Le jour enfin à Culoz, et cette vue merveilleuse du lever du soleil sur les rives du Lac du Bourget que le train longe jusqu’à Aix-les-bains… Vingt cinq ans plus tard, quand je choisirai de quitter les embouteillages de Paris… aujourd’hui, c’est cette vue que j’ai de ma fenêtre. Expédition punitive au Biot Thonon. Un car à gazogène remonte la vallée de la Dranse et me dépose près de l’AJ du Biot. Quel sympathique accueil de la Mère Aub’… “Oui, tu peux rester ici, oui, il y a un petit groupe qui couche au pied de la Dent d’Oche, au col du Corbier, ils sont cinq, tu les verras, ils descendent quelquefois”. Je les ai vus, ils m’ont persuadé de les rejoindre, on les appelle les maquis. La nuit dans les chalets à foin, le jour… En bas, c’est la vallée d’Abondance, là-bas, c’est la Suisse… quelques heures de marche. Mais il y a au Biot une bonne femme qui garde quelques enfants des villes et elle trafique avec le chocolat des enfants… Alors le maquis, avec ses fusils de chasse et son revolver (il ne reste que cinq balles) décide cette expédition punitive en présence de la population du village : ligotée sur une chaise, elle est tondue : “et si tu continues…” on lui montre l’unique revolver à barillet… J’ai compris : après un coup pareil on va avoir de la visite ! Halt Papir ! Je boucle mon sac à dos, et direction : l’AJ de Morzine (c’est encore plus près de la Suisse par les Portes du soleil), et puis on peut s’y entraîner à skis : je n’ai pas encore bien la méthode française dans les jambes (tu sais, Emile Allais, skis parallèles, dérapage latéral sur les carres…) “Dis donc, vieux, tu montes cet après-midi ? - D’accord ! Le télé est un peu cher, mais il faut s’entraîner.” Une descente, deux descentes : on ouvre moins dans les virages. “On redescend à l’AJ par le Col des Gets ? - Oui, ça fait une belle balade.” Aux Gets, on peut reprendre la route enneigée, ou une vague piste qui l’évite. “- Mon vieux (mais comment s’appelait-il ce copain en blouson kaki qui m’accompagnait ce jour-là ?), non, je ne prends pas la route : il y a un risque de rencontrer une patrouille allemande. J’ai pris la piste, seul, et le soir à la veillée, on a attendu le copain… Sur la route, il avait croisé une patrouille : “Halt ! Papir !” De l’intérieur de son blouson, faisant mine de chercher son portefeuille, il a sorti un revolver et a descendu un des deux allemands. L’autre l’a ceinturé… La Gestapo de Cluses… On ne l’a jamais revu ! Pélerinage à l'AJ de Chamonix Quelques provisions, duvet bien serré, sac à dos, skis… la prochaine AJ est aux Pèlerins à Chamonix et par la mon- 16 tagne cette fois : c’est dur, en janvier 44 et en profonde… L’AJ des Pèlerins (la nouvelle), j’y étais en 1991 pour l’inauguration (300 personnes, discours et vins de Savoie, très bien : petits dortoirs quatre places avec eau chaude, cuisine de rêve, salles de réception, télé, jukeboxes, escalier central superbe - l’ai-je bien descendu ? mais Joséphine Baker n’y était pas, notre ministre Roger Bambuck non plus d’ailleurs). C’est en face, à cinquante mètres de l’ancienne AJ des Pèlerins, mais le balcon est tombé, pas l’escalier qui menait aux dortoirs ; la vieille cuisinière rouillée gît au milieu des gravats. Le bureau du Père Aub était là, à droite : j’y ai découvert Bach et Vivaldi en ce mois de janvier 44 ! Mais à deux kilomètres de là, il y avait la Gestapo et beaucoup de futurs maquisards passaient à l’AJ avant de s’orienter vers un groupe organisé. Précisément, il y avait pas loin d'Annecy un certain Plateau des Glières… Aujourd’hui, au pied du plateau, près de Thônes, sur la route de La Clusaz, reposent quelques dizaines de gars d’une vingtaine d’années que j’aurais pu connaître et dont j’aurais pu partager le triste sort. Les ateliers de Vitry ou les camps de la mort Une lettre me parvint à temps : à Vitry, une place de manœuvre m’attendait dans les ateliers de réparations de la S.N.C.F.. J’y étais encore ce 23 mars 1944 où cinquante deux copains ont été arrêtés : responsables ajistes de ceci ou de cela : une rafle bien organisée ! A six heures du matin. Le cinquante troisième était René Jeulin, responsable de ParisCentre : il avait découché, le veinard ! Le cinquante quatrième, c’était moi, responsable de Paris-Sud : je venais de partir pour Vitry quand ils sont arrivés chez moi : ils ont raflé tous mes cours polycopiés de Droit, ces cons ! et puis aussi un tas d’insignes des AJ, ces petites maisons blanches, rouges et vertes que nous aimions tant. Je les regrette, tu sais… mais pas autant que ces copains qui ce 23 mars 1944 sont partis vers Compiègne, puis Buchenwald, Dachau, Belsen… O terre de détresse Où nous devons sans cesse… René Portal Mémoire ajiste : témoignages La descente de police aux Cam'routes de Lyon Pour sauver les AJ Pendant l’occupation les “auberges de la jeunesse” avec leurs nombreux groupes ajistes passaient aux yeux de Vichy pour une pépinière d’anarchiste, de gauchistes ou de communistes, qui pour la très grosse majorité furent d’authentiques résistants et maquisards. Beaucoup y laissèrent leur vie. Pour sauver les Auberges de la Jeunesse il devenait urgent d’avoir une nouvelle appellation : les Camarades de la Route, que l’on pourra récuser à la Libération pour retrouver l’Ajisme. Cela ne trompa guère de monde, car les meilleurs militants et dirigeants des AJ se retrouvaient naturellement à la tête des “Camarades de la Route”. On peut citer Robert Auclaire, Andrée Laforest (la Chèvre), Pierre Ollier de Marichart (POM), Marcel PetitRobert ? Chalon, Maurice Taddier, René Porte, Rolland Weil (Chicano), Marc Paillet, Marc Sangnier, etc… J’en oublie et des meilleurs. La direction zone-sud des auberges de la jeunesse, disons “Les Camarades de la Route”, était à Lyon, Rue du Lieutenant-Colonel Prévot, près du Parc de la Tête d’Or. C’est là que je fus arrêté durant la première quinzaine de Juillet 1944 avec Maurice Taddier, Roland Weil et quatre ou cinq autres dont je ne me souviens plus des noms. Nous envoyions cet été 44 dans les AJ des Alpes et du Centre de la France des pharmacies en bois assez grosses, contenant des médicaments, des pansements, de l’alcool à 90°, etc… etc… et les maquisards venaient en prendre possession comme c’était prévu. Arrête ! Fais pas l'con ! Voici les faits de notre arrestation. J’étais en train de repeindre le plafond des pièces du premier étage avec un badigeon. N’ayant aucune blouse et pas de vêtements de rechange, j’étais nu sur un escabeau avec seulement un slip, et soudain, j’entends une voix dans mon dos : “Haut les mains !”. Je réponds sans me retourner : “Arrête, fais pas l’con !”, tellement nous avions l’habitude de chahuter et de faire des blagues. On me colle quelque chose de froid dans le bas du dos, je continue à peindre “allez, arrête”, mais je me retourne et je vois un gamin qui n’avait pas vingt ans me coller sur la peau une mitraillette. Croyant toujours a une blague, je dis au gamin : “Mais on dirait une vraie ?”. Il me répond : “Tu veux voir si c’est une vraie ? Allez ! en bas les mains en l’air contre le camion”. Me voila en slip dans les rues de Lyon, plein de peinture contre un camion militaire. Je demande à celui qui paraissait le chef, l’autorisation d’aller m’habiller, lorsqu’arrive un homme (mon fu- tur beau-père, M. Ferdinand Marce) un petit paquet à la main. Il me le tend, je le prends, on fait mine de ne pas se connaître, je remonte avec mon paquet, l’ouvre dans ma chambre en m’habillant et là… oh, stupeur ! il y a dedans un fromage de chèvre, quelques bouts de sucre mais surtout mes faux papiers… aïe, aïe, si ces jeunes cons avaient ouvert ce paquet, nous étions fusillés tous les deux, et après quel interrogatoire ? Je n’ose pas y penser… Trois jours sans manger Le camion nous emmène au Lycée Ampère, entre Perrache et Bellecour, prison provisoire de la Milice. On nous jette dans une salle où il y a peut être 80 personnes, beaucoup de jeunes, quelques vieux. Je passe là trois jours et deux nuits - sans manger. Des boites de conserves servent à faire nos besoins, impossible de se coucher, on arrive à s’asseoir par terre à tour de rôle. De temps à autre des miliciens jettent un gars ensanglanté parmi nous, les menottes derrière le dos. Quand nous arrivons à faire du silence, la nuit on entend hurler dans les sous-sols. Roland Weil est immobile, moi aussi, on ne se dit rien. Le premier matin, un milicien entre, une liste à la main et crie : “Transférés au Fort Monluc : un tel, un tel, un tel, etc…” On savait ce que ça voulait dire. Naïf, souriant avec un air bête Au troisième jour on m’appelle : “Sonthonax” (mon faux nom). On me mène dans un bureau. Il y a là un homme en uniforme… quel uniforme ? Il parle calmement. Est-ce Touvier ? Je ne peux l’assurer. Il me pose des tas de questions. Ça dure une demie heure, je vous fais grâce du détail. J’avais fait un stage de théâtre en 1941, Montée des Carmélites à Lyon, dirigé par Martenot (le créateur des ondes Martenot). J’y ai connu Loleh Bellon et d’autres devenus célèbres. On nous apprenait à faire un personnage : soit orgueilleux, soit prétentieux, soit timide, soit naïf souriant avec un air bête. C’est ce dernier personnage que je campe. Je réponds très poliment, souriant l’air confiant. Je vous passe les questions et mes réponses. Pourtant je les ai toujours en tête, mais ce serait trop long à écrire. Je vous relâche Soudain il me dit : “Je vous relâche”. Tiens, il me dit “vous”. “Mais rendez vous dans une heure au lieu où on vous a arrêté. Rue Lieutenant Colonel Prévost”. Enfin dehors, incroyable, j’aspire l’air pur de la Rue Ampère, j’ai envie de rire, de crier ma joie. Mais qu’est-ce que ça cache ce rendez-vous dans une heure au siège des AJ ? On va sûrement me 17 suivre discrètement, voir si je vais prévenir Auclaire ou Andrée Laforest. Je parle intérieurement, je me dis : “Mon vieux Dablanc Floréal (c’est mon vrai nom), il faut aller à ce rendez-vous, il faut te rejeter dans les griffes de ces tueurs, c’est le seul moyen de t’en sortir, sinon, si tu fuis, si tu vas prévenir les autres, tu seras repris, tu auras signé ton rôle de réfractaire. Le piège Je marche lentement vers le premier arrêt du tramway. Quand le tram arrive, je fais semblant de lire sa direction, son terminus, j’attends que le tram démarre et je saute dedans, et derrière moi un homme en courant, monte de justesse. J’ai la certitude qu’il me suit ou alors c’est simplement une impression. Je dois faire un changement de train pour aller au siège des Cam’routes. Je refais le même cinéma et là encore un homme ce n’est plus le même - saute dans le wagon. Je me dégoûte Arrivé au siège, il y a toujours quelques miliciens. Pendant trois jours, ils ont tout fouillé, tout regardé. Celui qui semble le plus âgé, - il a peut être 25 ou 30 ans - s’avance ver moi. Comment me connaît-il ? Il me dit “vous”. “Vous êtes venu ? Vous ne vous êtes pas sauvé ? Vous n’avez donc pas peur qu’on vous reprenne ?”. Je réponds avec un large sourire : “Peur de quoi ? De vous ? Non, vous êtes des Français sympathiques”. Je suis un vrai lèche-cul, je me dégoûte de dire ça. Galettes et ordonnance Nouvel interrogatoire, assez détendu pour savoir du détail sur les “Cam’routes”. Je parle, je parle, pour noyer le poisson. Mais je n’ai rien mangé depuis longtemps. Je demande à ce “sous-chef” la permission d’aller à la boulangerie voisine. On y prend sans ticket des sortes de galettes affreuses, faites avec quoi ? Je reviens aux Cam’routes. Je mange mes galettes. J’ai si faim que je les trouve délicieuses. J’en offre une au “sous-chef”, il accepte. La glace est rompue, je suis un vrai fayot. On ne me surveille plus, soudain des coups de feu éclatent, j’entends des rires : ce sont les jeunes qui tirent sur un rat. Je ris aussi. Je dis au “sous-chef” : “Faut que j’aille chercher un médicament pour mon père, voici l’ordonnance”. J’ai cette ordonnance dans ma poche depuis longtemps. Elle m’avait déjà servi à St Bonnet de Joux, au maquis de Fléchard, lors de ma première arrestation par les Allemands et les miliciens. Je pars sans problème, ils ne me reverront plus, je gagne un maquis voisin de St Bonnet de Joux, vers Charolles. Floréal Dablanc Autocollants Anaaj Sommaire de ce numéro 29/30 Edito et prochaines rencontres p. 01 Activités de l'Anaaj Rhône-Alpes AG des 13/14 Nov. Activités, Pierre Rieux Le point sur l'Anaaj Rhône-Alpes Carnets de chants (suite et fin) Voyage en péniche sur le canal de Bourgogne p. 02 p. 03 p. 04 p. 05 Vie des Anaaj des différentes régions Rassemblement de l'an 2000 et 2001 Des quatre coins de l'Hexagone L'embellie de Marseille p. 06 p. 06-07 p. 07 Les AJ d'aujourd'hui Inauguration de l'AJ de Lille FUAJ'mag, Congrès IYHF p. 08 p. 08 Mémoire ajiste : témoignages Ce que les auberges m'ont apporté (GD) p. 09 Onze ajistes chambériens sur le Mont-Blanc (MD) p. 10-11 Découverte des AJ : la Roche du Page (Y. H) p. 12-13 La Loge aux Bœufs où l'on n'arrive jamais (AC) p. 14-15 Du S.T.O. aux arrestations du 23 mars 1944 (RP) p. 16 La descente de police aux Cam'routes de Lyon (FD) p. 17 Sommaire p. 18 Encart : fiche commandes et répertoire national. Nous avions été mandatés lors de l'Assemblée Générale pour ré-éditer des autocollants. René Mansey avait accepté de se charger de faire une étude de marché. Avec son efficacité habituelle ça a rapidement débouché sur l'achat auprès des copains de Midi-Pyrénées de 200 autocollants (vitrophanie : à coller à l'intérieur d'une vitre). Tu peux nous en commander avec la fiche ci-jointe. Nous conservons un prix assez bas, mais tu peux arrondir si tu veux nous aider. Daniel Bret L'original fait 8,5 cm de diamètre. BULLETIN DE LIAISON DES ANCIENS ET AMIS DES AUBERGES DE JEUNESSE DE LA REGION RHONE-ALPES Petites annonces gratuites J .J. BLOCH, 4 rue du Centre 12120 CASSAGNES (65 .74.29 .19) dont on trouvera par ailleurs la poésie vous présente: MELUSINE Revue poétique, fondée en février 1982 par J.J.Bloch, elle paraît en janvier, mars, mai, sejtembre, novembre. Elle compte, en plus de la couverture bristol, vingt pages bien remplies, 14x21, où vous trouverez: TECHNIQUE: Des conseils sur la prosodie, le vocabulaire, les difficultés de la langue française. POESIE: Les textes des abonnés et un auteur connu ou moins connu à découvrir. INFORMATIONS: Sur les concours, les rencontres et autres manifestations poétiques, les problèmes de l'édition, la défense des auteurs etc... LE COURRIER DES LECTEURS: qui permet à tous d'exprimer ses opinions, ses suggestions ou autres remarques. Les abonnés sont assurés d'avoir au moins un poème publié en cours d'année (maximum 20 vers) Bien que les auteurs soient seuls responsables de leurs écrits, leur congruence est in- dispensable pour leur publication. Les manuscrits ne sont pas rendus, publiés ou non. RECUEILS: Cette rubrique est une analyse des récents livres de poésie publiés. Les abonnés y ont droit en priorité. REVUES: Les revues confraternelles reçues en service de presse y sont signalées. LAURIERS: Les récompenses reçues par les lecteurs de la revue y sont signalées. Le prix très modique de 19F, soit 95F les cinq numéros, et la parution bimestrielle assurant une actualité des informations en font une revue appréciée en France, Belgique, Suisse, Canada, et la fidélité de certains abonnés depuis le N°1en est une preuve 18 irréfutable. BULLETIN DE LIAISON publié par LES ANCIENS ET AMIS DES AUBERGES DE JEUNESSE DE LA REGION RHONE-ALPES Siège social: AnAAJ Rhône-Alpes, 15, Avenue d'Italie 73100 Aix les bains Présidents-directeurs de publication: Georges RIEUX, Georges DOUART Rédacteur en chef: Daniel BRET Trimestriel tiré à 300 exemplaires Imprimerie: photocopies