SPB 2-09 Cover1 - Fédération Royale des Corps de Sapeurs
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SPB 2-09 Cover1 - Fédération Royale des Corps de Sapeurs
Bureau de dépôt : EUPEN 1 BELGIQUE · BELGIË P.P. 4700 EUPEN 1 9/348 FÉDÉRATION FÉDÉRATION ROYALE ROYALE DES DES CORPS CORPS DE DE SAPEURS-POMPIERS SAPEURS-POMPIERS DE DE BELGIQUE BELGIQUE AILE AILE FRANCOPHONE FRANCOPHONE––GERMANOPHONE GERMANOPHONE a.s.b.l. a.s.b.l. PÉRIODIQUE PÉRIODIQUE TRIMESTRIEL TRIMESTRIEL –– N° N° 2/2009 2/2009 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 3 Sommaire ÉDITORIAL .......................................................................................................................................... 4 LA VIE DE LA FÉDÉRATION Éghezée, le 24 avril 2009 : Réunion du Conseil d’Administration 6 ........................................................................ COSI : compte-rendu de la réunion du 5 mars 2009 7 ................................. COSI : compte-rendu de la réunion du 26 mars 2009 8 .............................. 85e année N° 2 – 2009 Tragique intervention, rue des Alliés à Forest LA VIE DES UNIONS Site web : www.frcspb.be Exercice Catastrophe de la Zone Hainaut-Est ........... À L’ÉTRANGER Mexique : Sierras et tequila, sombreros et bomberos… ... 25 Rédacteur en Chef Michel MÉAN Rue de Charleroi 556 · 6140 Fontaine-l’Évêque GSM : (0475) 44 25 72 E-mail : [email protected] E-mail : [email protected] Éditeur responsable : Marc GILBERT Rue des Vignes 2 · 5060 Sambreville Tél. : (071) 26 99 50 · Fax : (071) 26 99 56 GSM : (0495) 35 41 12 E-mail : [email protected] Publicité Daniel REQUETTE Chaussée de Namur 28 · 5310 Éghezée Tél. : (081) 81 18 14 · Fax : (081) 81 14 58 E-mail : [email protected] Annonce : 5 Miles du Brabant wallon ........................ 14 AU SERVICE DU SAPEUR Priorités 2009 du Centre de Connaissances ....................... 15 Nouveaux Animaux de Compagnie, nouveaux dangers ....................... 16 Abonnement : 15 € à verser sur le compte n° 001-2349927-81 de Sapeur-Pompier Belge Chaussée de Namur 28 · 5310 Éghezée avec communication : Abonnement + nom + prénom et adresse LE SAPEUR-POMPIER EN BALADE Eupen ........................................................ 30 ASPECTS TECHNIQUES Les eurocodes et leur futur usage par les services incendie ................. 34 Que signifie ATEX 100A, ATEX 95, ATEX 118A et ATEX 137 ? .................................... 37 Imprimé par Imprimerie KLIEMO s.a. Hütte 53 · 4700 Eupen Tél. (087) 59 50 00 · Fax (087) 55 57 81 E-mail : [email protected] Tous les articles de cette édition n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. 20 10 Siège Administratif Secrétariat de rédaction : Isabelle SAUSSEZ E-mail : [email protected] .............. Le système de transport d’eau en grande quantité sur de longues distances ...... 38 INTERVENTIONS INTÉRESSANTES Histoires d’eau ................................. 18 Changement d’adresse – Adresse incorrecte Prière de renvoyer l’étiquette de la présente revue corrigée à : Michel MÉAN Rue de Charleroi 556 · 6140 Fontaine-l’Évêque GSM : (0475) 44 25 72 E-mail : [email protected] E-mail : [email protected] Notre couverture : Eupen : Un véhicule unique en Europe pour les feux dans les Fagnes. 4 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Éditorial Chers Collègues, Chers Amis, Dans le contexte actuel si difficile, face à la grave crise bancaire, économique et sociale qui nous frappe, face à la recrudescence du taux de chômage et aux nombreuses pertes d’emploi et pertes financières, il nous faut continuer, avancer, sans jamais baisser les bras. Aussi, je suis heureux de vous annoncer enfin une avancée dans le cadre de l’évolution de notre réforme : il s’agit de la mise en place des « Task-Forces ». Que sont les « Task-Forces » ? Très concrètement, il s’agit de faire procéder par des gens de terrain – et c’est la première fois que les gens de terrain sont consultés et que leur avis va maintenant pouvoir compter – à l’analyse de ce qui se passe et de ce qui existe en termes de moyens, que ce soit en personnel, en matériel, en risques potentiels, et ce au niveau de chaque zone de secours. C’est prendre véritablement une photo de la situation réelle de terrain. L’objectif est clairement de vérifier si ce qui a été fait ou qui est fait est correct et d’en arriver in fine à une analyse parfaite des besoins. Bien entendu, cette analyse représente un coût. Le Gouvernement a décidé de dégager plus de 5 millions d’euros afin de rendre possible ce travail. D’aucuns diront que c’est cher payer pour de simples statistiques. Ils se trompent. Cette étude – qui devrait être clôturée pour fin décembre 2009- est essentielle pour mener à bien et au mieux la réforme. Le centre fédéral de connaissances apportera un appui technique aux diverses Task-Forces et d’ici la fin de l’année, les réels besoins seront enfin définis et identifiés. Je salue et remercie Monsieur le Ministre de l’Intérieur pour son soutien et son implication à ce stade. Je me dois en outre d’insister sur le fait qu’il y a une forte volonté des pompiers de voir en leurs futurs Commandants de zone de véritables managers disposant à la fois d’une formation au management digne de ce nom, d’une expérience opérationnelle indéniable ainsi qu’une réelle connaissance de la profession. Ils seront les garants de prises de décisions judicieuses et adéquates en cas de catastrophe. Mais quid en matière de financement de cette réforme, en pleine tourmente économique ? Les banques ont, elles, été refinancées par le Gouvernement. J’interviendrai à mon tour auprès des représentants des partis politiques et chacun sera mis face à ses responsabilités. Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 5 Éditorial Le coût majeur de cette réforme sera bien évidemment représenté par les dépenses en personnel. Nous devons rester attentifs à la définition du nouveau statut, en étant conscients qu’il y aura davantage de professionnels qu’à l’heure actuelle, en gardant à l’esprit la réglementation sur le temps de travail (Loi du 14 décembre 2000) à laquelle nos services semblent être bel et bien soumis - à l’heure où je vous écris aucune instance n’est en mesure de l’affirmer ni de l’infirmer… Je rappelle si besoin est qu’il s’agit de dispositions européennes auxquelles aucun État membre ne peut déroger sous peine d’être sanctionné. Je tiens également à souligner et à insister sur le rôle primordial des Gouverneurs en ce qui concerne les Task-Forces. Les Gouverneurs sont en effet le moteur de la mise en place des zones, depuis leur création, tout au long des travaux et au-delà de leur aboutissement. Ils assureront une mission d’impulsion, de coordination et d’appui, de contrôle et de rapport régulier auprès du SPF Intérieur. Enfin, à ceux qui dénoncent un manque de communication quant à la réforme et à son avancement, je répondrai qu’il existe un site spécifique où chacun peut trouver toutes les informations utiles et où il lui est loisible de poser toutes les questions souhaitées : www.securitecivile.be. Ces pages web sont entièrement consacrées à la réforme de la sécurité civile et sont ouvertes à tous, citoyens ou professionnels des secours. Il est même possible de s’inscrire à leur newsletter afin de recevoir régulièrement des informations de qualité en ligne directe de l’administration. Je terminerai en signalant que nous devons hélas toujours nous battre contre la volonté de certains politiciens, farouches opposants à notre projet, qui introduisent à tour de main des recours contre les Arrêtés et autres Circulaires qui paraissent dans ce cadre. Nous ne pouvons que ressentir une violente envie de révolte et un profond sentiment de tristesse face à de telles réactions et nous interroger quant à leur motivation sous-jacente… Rappelons que la réforme n’a d’autre but que d’apporter davantage de sécurité à la population et au personnel intervenant. Puisse notre pays trouver la sagesse, la force, l’inspiration et le financement nécessaire pour notre réforme en vue d’une unité nationale et d’un rayonnement international. Je vous souhaite à toutes et tous d’excellentes vacances d’été. Puissentelles vous apporter sérénité, réconfort, repos et rapprochement d’avec vos familles et vos amis. Je reste à votre écoute et vous remercie de votre confiance. LE PRÉSIDENT, CDT. MARC GILBERT 6 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 La vie de la Fédération Éghezée, le 24 avril 2009 Réunion du Conseil d’Administration 1. Accueil par le Président 3. Le PV du 27/03/09 est ap- Le Président GILBERT accueille les participants et ouvre la séance à 14 h 00. prouvé avec quelques petites modifications effectuées en réunion. treront aussi par Ryanair, les frais de voyage estimés à 400 € maximum seront pris en charge par la Fédé. 4. Suite à l’annexe 6, le SPF 8. Monsieur Thierry LEMOINE Intérieur a créé deux groupes de travail concernant : propose des logos pour le Centre de Connaissances, le C.A. pense qu’aucun n’est vraiment valable. À revoir. 2. Appel des Administrateurs Présents : • GILBERT Marc, Président (Namur) • REQUETTE Daniel, Trésorier Administrateur (Namur) • BODART Francis, Administrateur (Namur) • VOS DE WAEL Philippe, Administrateur (Brabant Wallon) • GIBSON Alain, Administrateur (Brabant Wallon) • FILLEUL Philippe, VicePrésident (Brabant Wallon) • LOWAGIE Pol, Vice-Président (Hainaut) • STAQUET Philippe, Administrateur (Hainaut) • DE MEYER Yves, Administrateur (Hainaut) • GUISLAIN Olivier, Administrateur (Liège) • MARGREVE Franz-Joseph, Administrateur (Liège) • LOUIS Jacques, Administrateur (Luxembourg) • HUET Thierry, Administrateur (Luxembourg) • EVEN Joël, Administrateur (Luxembourg) Excusés : • HORNICK Catherine, Secrétaire, Trésorière-adjointe • HONDERS José, Administrateur (Liège) • MÉAN Michel, Rédacteur en chef de la revue Nombre de votants : 14/15. 1° Groupe de travail « charge calorifique » – désignation de F. HENRY 2° Groupe de travail « éléments structurels » – désignation JF SOUGNE Le C.A. avalise les deux candidats. 5. Courrier du Capt. J. LOUIS, membre de la Task-Force de la zone de secours du Luxembourg demandant le détachement de la secrétaire de la Fédé Catherine HORNICK comme agent administratif de la TaskForce du Luxembourg. Accord du C.A. pour détacher Catherine HORNICK à la TaskForce du Luxembourg, signature du contrat de détachement et le trésorier enverra chaque mois les frais de traitement au Gouverneur du Luxembourg. 6. Le Président demande au C.A. si on connaît un secrétaire pour faire les listes des membres, le suivi Mobistar et les cartes d’identités des pompiers. Le Capt. Pol LOWAGIE propose Pol VOET un ancien secrétaire de la Fédé. Accord du C.A. 7. Pour le Congrès en Italie, Franz-Joseph MARGREVE et son épouse seront de la partie et partiront en Mobil-home avec un pompier et son épouse de Malmedy qui eux rentreront par Ryanair. Peut-être le Président, deux pompiers de Sambreville et une épouse partiront et ren- 9. Un mail de T. HUET et un des pompiers de Mons concernant le projet d’A.R. « aide adéquate » sont analysés par le C.A. Débat entre O. GUISLAIN, T. HUET et P. STAQUET sur l’A.R. O. GUISLAIN propose de rencontrer les U.P. pour leur présenter l’A.R. Le C.A. avalise et des dates sont dès lors proposées à Olivier : Andenne le 13 mai à 09 h 00, Neufchâteau le 14 mai à 18 h 00 et Jurbise le 3 juin à 14 h 00. 10. En ce qui concerne la réforme, le courrier destiné au Ministre n’a pas encore été rédigé mais le Président a été contacté par les partis politiques (MR, Cdh et Écolo). Des questions parlementaires vont être posées au Ministre de l’Intérieur concernant : 1° Les moyens financiers pour 2010 2° Le Commandant de Zone, un pompier oui ou non ? 3° Le statut du pompier est-il un copié-collé de la police 4° Une Sécurité Civile oui ou non ? 5° Le fond globalisé a été raboté de 10 % Un courrier va être envoyé au Ministre. 11. Mise en place de la TaskForce : – Brabant ; ok Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 7 La vie de la Fédération – Luxembourg ; 3 officiers + F. LEBOUTTE + C. HORNICK – Liège, à déterminer – Hainaut, suivant demande – Namur, les Bourgmestres se rencontrent le 29/04 – Toutes les 6 semaines : réunions à Bruxelles pour faire le point sur l’avancement des travaux. Deux membres du Centre de Connaissances assureront le suivi. 12. À Courtrai, une présentation de la réforme a été faite par COSI le Capt. G. VAN DE GAER et celle-ci est différente du point de vue des wallons : 3 niveaux de recrutement (Sapeur, Sergent, Officier). La Fédération estime qu’il n’est pas normal de recruter au grade de sous-officier directement. 13. Divers Le Cdt P. VOS DE WAEL demande si on peut obtenir des subsides pour les vêtements de feu. Le Président répond qu’il recevra prochainement un courrier du SPF intérieur stipu- lant l’attribution des subsides pour les sapeurs pompiers recrutés entre janvier 2009 et mars 2009. La séance est levée à 17 h 30. Prochaine réunion La prochaine réunion du C.A. aura lieu le Mardi 19 mai à 18 heures à Eghezée. LE PRÉSIDENT, CPT-CDT LIC. M. GILBERT LE SECRÉTAIRE FF, CAPT. D. REQUETTE Compte-rendu de la réunion du 5 mars 2009 Présents Y. STORDEUR, P. DEGEEST, Y. VANDERDONCKT, M. DEDONCKER, P. MINNAERT, D. PARIS, Q. GREGOIRE, X. LAMBIN, Ph. BOULANGER, R. LANDRAIN, F. DEFFENSE, Excusés T. FIERENS, S. GYDE, H. DePOORTERE, C. MARCHAL 1. Approbation du dernier CR de la réunion du 5 mars 2009 2. Présentation et résumé des travaux du CCU par J.P. CHARLIER 3. Communication sur le projet de modification des critères de sélection des postes radios portables 4. Projet de simplification du fleetmapping 4.1. La proposition de Liège basée sur le cours opérationnel du centre provincial de formation et réalisé par T. Fierens fait l’unanimité quant à sa qualité. Le groupe décide de l’adopter comme base de départ de notre réflexion. 4.2. Dans les grandes lignes, ce dispositif s’appuie sur une gestion de la routine par le dispatching. S’il n’attribue pas de groupe de travail pour la mission, tout le monde reste sur le groupe routine. Les groupes projets sont at- tribués localement ou par zone ? La question reste ouverte. Dans le cadre d’une zone, cette procédure est tout à fait transposable. Les membres de COSI pensent en majorité que l’on peut conserver les groupes locaux existants actuellement pour des besoins locaux des casernes, par exemple pour des exercices ou des interventions différées (pompages ou nids de guêpes). 4.3. Cependant, il apparaît que, dans certaines provinces, il faudra au moins un dispatching par zone, en complément du dispatching provincial prévu par le SPF. 4.4. Interventions avec la Protection Civile : seuls les groupes provinciaux sont à disposition. Dans la Prov de LG, les groupes routines locaux ont été ajoutés car la PC effectue des missions Disc1 sur certains territoires. 4.5. Pour le groupe COSI, il est indispensable, pour un dispatching, d’avoir un DWS. 4.6. Les groupes numérotés doivent être gardés, par facilité car des dénominations peuvent entraîner des confusions (local, zonal, …) et des groupes locaux échangés pourraient porter le même mnémonique (incendie ou plongeurs). Il n’y a pas assez de place pour ajouter des dénominations, du moins sans rendre le texte illisible sur l’écran car trop petit. 4.7. Le groupe COSI juge inutile, pour les postes radios de chaque fois reprendre la mnémonique « GI », cela engendre même des confusions dans les groupes multidisciplinaires. 8 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 La vie de la Fédération 5. Contrats de maintenance Les conditions des contrats de maintenance actuelles ne permettent pas de les adopter dans la grande majorité des cas : le ratio coût – efficacité est dissuasif. La balle est dans le camp des fournisseurs. 6. La problématique des kits de programmation… … a également été évoquée avec leurs coûts, l’investissement en maintenance (suivi des versions de programmes) et la formation des « programmeurs ». 7. Points divers La compatibilité DMO des radios a été évoquée dans le cadre des communications multidisciplinaires et l’utilisation des Gateway. COSI 8. La réunion est clôturée avec le report à la réunion suivante 8.1. Projet de procédure d’utilisation du fleetmapping multidisciplinaire. 9. La prochaine réunion est fixée le 26 mars 2009 à 14 heures à Éghezée Ordre du jour : • résumé du dernier CCU • présentation des projets provinciaux de simplification du fleetmapping • projet de procédure d’utilisation du fleetmapping multidisciplinaire. Prochaines réunions : le 30 avril, le 28 mai et le 25 juin à 14 heures à ÉGHEZÉE. Compte-rendu de la réunion du 26 mars 2009 Présents Y. STORDEUR, P. DEGEEST, Y. VANDERDONCKT, M. DEDONCKER, P. MINNAERT, D. PARIS, Q. GREGOIRE, X. LAMBIN, Ph. BOULANGER, R. LANDRAIN, F. DEFFENSE, T. FIERENS Excusés S. GYDE, H. DePOORTERE, C. MARCHAL 1. Approbation du dernier CR de la réunion du 5 mars 2009 2. Présentation et résumé des travaux du CCU par J.P. CHARLIER 3. Communication de F. Deffense sur l'état des lieux en matière de couverture La liste des mâts on AIR, prévus et bloqués sera diffusée aux participants. La position d'ASTRID est actuellement d'attendre le déblocage budgétaire pour lancer les travaux sur les mâts bloqués. Pour les travaux en cours, ceux-ci seront achevés. On attend beaucoup du rapport d'audit de Deloitte. Le CCU a fait le maximum pour mettre la pression sur le Ministre de l'Intérieur. On conseille d'actionner les Bourgmestres afin qu'ils fassent pression sur le Gouvernement. Il est également conseillé, dans les provinces où cela est possible de répertorier en détail les zones à problèmes et de développer les arguments opérationnels : en multidisciplinaire, c'est plus cohérent. 4. Réglementation pour diminuer les rayonnements des antennes Voir http://telecomastrid.over-blog.com. La réglementation bruxelloise a été reportée jusqu'en septembre. Il est possible que les autres régions emboîtent le pas mais il n'existe pas de certitudes à ce propos. 5. Le Capt Minnaert demande s'il existe une solution pour l'utilisation d'ASTRID par des employés communaux Dans le cadre des plans catastrophes communaux, certains services (voirie et travaux notamment) sont amenés à devoir participer au PCOps, or ils ne peuvent pas y être présents constamment. Il n'existe pas d'interdiction à utiliser ASTRID comme moyen de communication dans une commune et, dans ce cadre, des moyens organiques et des groupes « privés » peuvent être alloués. En extension, des groupes multidisciplinaires locaux peuvent y être placés pour les besoins de plans catastrophes communaux. 6. Projet de simplification du fleetmapping 6.1. Une alternative à la proposition de Liège serait de ne plus utiliser les groupes locaux. En principe le dispatching provincial envoie les Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 9 La vie de la Fédération missions et donne les groupes de projets zonaux à la mission en cas de besoin. Pour les missions non-urgentes, la proposition est d'utiliser les groupes provinciaux B et M. suivant les besoins. 6.2. Une autre alternative est mise sur la table par Mouscron mais le groupe demande de le faire par écrit pour la prochaine réunion. Le représentant du Hainaut est chargé de diffuser cette proposition par écrit pour la prochaine réunion. 6.3. Le groupe COSI est d'avis qu'une procédure identique pour toutes les zones est impossible car le nombre de SI par zone varie de 2 à plus de 15. Il vaut mieux partir d'une base opérationnelle que d'une base zonale qui ne sert qu'à la gestion administrative. Pour cela, partir de la province paraît plus cohérent. 6.4. Interventions avec la Protection Civile : il est fort difficile à la PC de travailler avec des organisations basées sur les zones. Les erreurs de communication engendrées par le nombre de choix possible pourraient rendre celles-ci impossibles. Il faut tenir compte de la politique de renfort pour l'organisation des communications, même en local. 6.5. Le mnémonique des zones basé sur la position de la rose des vents, n'est pas très parlant pour l'utilisateur de terrain. Il est proposé une mnémonique sur le nom de zone mais ceci ne fait pas l'unanimité car, pour certains, cela n'est pas plus facile et renforcera peutêtre la notion de territoire que la réforme veut faire disparaître. La discussion continuera avec des propositions plus concrètes lors de la prochaine réunion. 7. La réunion est clôturée avec le report à la réunion suivante 8. La prochaine réunion est fixée le 30 avril 2009 à 14 heures à Éghezée Ordre du jour : • projet de procédure d'utilisation du fleetmapping multidisciplinaire sur base zonale et provinciale. • Procédure radio interne à la zone lorsque deux envois sont nécessaires. • Communication sur l'état des lieux en matière de couverture radio. Prochaines réunions : le 28 mai et le 25 juin à 14 heures à ÉGHEZÉE. 10 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 La vie des Unions Exercice Catastrophe de la Zone Hainaut-Est Les services de secours de la zone Hainaut-Est s’étaient donnés rendez-vous le vendredi 13 mars à l’Aquacentre d’Erpion pour un exercice multidisciplinaire de grande ampleur. Beaumont et Philippeville… Son église Ste MarieMadeleine, son passé verrier et surtout, pour ce qui nous occupe, les toutes récentes infrastructures du village de vacances entourant son Aquacentre. 18 h 00 Un incendie d’origine électrique se déclare dans l’armoire générale au sous-sol des installations. 18 h 04 L’alerte est donnée au 100. Deux conduites d’acide chlorhydrique et d’hypochlorite de Sodium cheminent au-dessus de l’armoire électrique. Les réserves du local chimique (2 x 100 l) se trouvent dans la même cave. 18 h 19 Cet exercice qui a été élaboré par le Lt Fabrice Pierard du Service Incendie de Beaumont a permis à près d’une centaine de participants et d’observateurs de tester le plan d’urgence froidchapellois et d’évaluer la réponse apportée à ce scénario par les cinq disciplines. Ces manœuvres multidisciplinaires ont mis à jour certaines failles et lacunes… Celles-ci seront analysées et décortiquées afin que ces erreurs nous permettent d’améliorer nos procédures et renforcent au quotidien nos prochaines interventions. 1. Compte-rendu de l’exercice Erpion, petit village de l’entité de Froidchapelle à l’entrée de la Botte du Hainaut à mi-chemin entre Le départ incendie de Beaumont franchit l’entrée. Aidés d’un plan des installations, les hommes du feu beaumontois attaquent l’incendie, s’en rendent maîtres assez rapidement et évacuent une victime des sous-sols mais… … Mais ils ne savent pas encore à cet instant que de nombreux touristes présents dans l’atmosphère toxique de la piscine attendent les secours. La première équipe médicale descendue sur les lieux, ignorant la nature du danger, pénètre dans la piscine et, avec l’aide des secouristes présents, entame l’évacuation des victimes… Ceuxci doivent bien vite battre en retraite tant l’atmosphère est piquante et irritante. Les sapeurs, équipés d’A.R.I., prennent la relève aux commandes de la petite noria. 18 h 52 L’emplacement du PMA vient d’être défini par la D2 : il sera installé au milieu du giratoire d’accès à la piscine et aux courts de tennis du site. Sans doute cet endroit a-t-il été choisi car les points IN et OUT étaient facilement repérable et que l’absence de vent le mettait à l’abri de tout risque évolutif. 18 h 55 Alors que les secours éprouvent les pires difficultés à maîtriser un groupe d’handicapés, un combi des forces de l’ordre (D3) prend position dans le rond-point d’accès aux infrastructures et la première réelle coordination est réalisée sur le terrain entre le Dir-Si (Adj. Beaumont) et les Dir-PCOps et Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 11 La vie des Unions et Couvin (lots cata.) viennent tour à tour compléter le dispositif. L’Inspecteur d’Hygiène a à peine le temps d’être briefé par le Dir-Med qu’il doit déjà quitter le PCOps pour rejoindre la Cellule de crise communale. Il y retrouve le Bourgmestre en contact téléphonique permanent avec le Dir-PCOps qui vient d’affréter un car pour évacuer 20 impliqués vers un lieu sûr. 19 h 24 Dir-Med qui arrivent à l’instant sur la catastrophe. Ces derniers confirment l’emplacement du PMA. Le Dir-PCOps officialise le périmètre d’exclusion (bâtiment piscine + cafétéria), s’informe auprès du C.T.A. de Charleroi concernant les produits impliqués, fait procéder au confinement des occupants du village de vacances et décide de l’envoi de la CMIC (appelée en renfort à 18 h 29 par le S.I. de Beaumont). La petite noria continue à acheminer les victimes vers le PMA où celles-ci sont déposées à même le sol avant d’être enregistrées. Le DSM se frotte les mains… Son PMA est fonctionnel et les premières évacuations vers les hôpitaux sont en cours. De leur côté, les hommes du feu attendent toujours les renforts CMIC en provenance de Charleroi… Ils mettent ce temps à profit pour éplucher la « fiche produit » qui leur a été faxée par l’APS de Marche. 20 h 04 19 h 06 La tente apportée par le S.I. de Chimay est en cours de montage. Le S.I. de Thuin entre à son tour dans la danse… Les pompiers thudiniens sont chargés de faire une dernière reconnaissance afin de s’assurer que toutes les victimes ont bien été évacuées. La Croix-Rouge et les Services Incendie de Chimay Le camion CMIC franchit le panneau de bienvenue du village de vacances. Il est suivi peu de temps après du car des pompiers carolos à bord duquel 20 membres de la CMIC ont pris place. À peine ceux-ci ont-ils dressé leur tente qu’est sifflée la fin de l’exercice… 2. Le débriefing de la D1 Une dizaine de jours après l’exercice d’Erpion, les représentants de la D1 se sont réunis au S.I. de Beaumont pour analyser son déroulement. Le colonel Daniel De Clercq, le Cdt Yves Demeyer, le Cpt Dimitri Renier, les Lt Fabrice Pierard, Eric Namèche, Michel Méan, Martial Lambreghts et Olivier Dams ainsi que le Sgt Jean-Pol Hauspie 12 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 La vie des Unions • Une vanne a été fermée par les intervenants dans la salle technique. Il apparaît qu’il s’agissait de la vanne d’alimentation en eau des dévidoirs et non celle du traitement chloré des eaux de la piscine. • Le Lt Lambreghts déplore le manque de bilan et l’imperfection de la reconnaissance. Le Colonel De Clercq relève également qu’il n’y a jamais eu de message d’ambiance envoyé vers le Centre 100 ou les dispatches locaux. • Le Point de Première Destination (PPD) n’a pas été déterminé de façon claire. Tous les renforts se sont présentés dans le rond-point face à l’Aquacentre. Il aurait été plus pratique d’utiliser un parking de délestage, point de passage obligatoire de tous les véhicules. ont mis en commun leurs observations et proposé certaines mesures correctrices. Dans les grandes lignes, voici les remarques et conclusions du groupe : • En situation réelle, la première équipe médicale aurait gonflé le nombre des victimes. • Trois groupes de pompiers différents sont descendus dans la salle technique et ont cherché à réaliser l’extinction et le sauvetage de la victime alors que la première équipe s’en était déjà chargée (syndrome « du Heysel »). • Dans les premières minutes de l’intervention, l’échange d’information et la coordination des secours ont fait défaut. • Le Cdt Demeyer déplore la lourdeur du plan de communication provincial théorique. Il suggère qu’au maximum une fonction soit à l’écoute de 2 groupes et que le Centre 100 et le comité de coordination communal soient placés sur un groupe de conversation identique (Centre 100 et CCCDir-PCOps – Dir-Si, Dir-PCOps – Dir-Si – Chef de départ, Dir-Si – Chef de départ-pompiers). Autre problème soulevé : l’impossibilité de scanner les groupes « projets » (folder Local, groupe 1, 2, 3,…) des Services appelés en renfort. • L’identification visuelle des responsables de Disciplines au moyen de chasubles de couleurs doit être respectée. Le Dir-PCOps était le seul responsable correctement identifié. • Différentes suggestions sont apportées concernant le fonctionnement du PC-Ops : création d’un secrétariat pour enregistrer l’entrée du matériel et des effectifs au PPD, utilisation de plusieurs PCOps propres à chacune des disciplines géographiquement situés l’un à côté de l’autre. • Sur le plan des communications, le Sgt Hauspie n’est pas tendre… Il s’étonne des nombreuses questions que les intervenants lui ont posées durant le briefing concernant l’utilisation des postes portatifs. Il insiste sur le fait qu’il est primordial de suivre le plan de communication établi par la province. Dans les faits, aucun groupe multidisciplinaire n’a été ouvert (folder Cata), aucune demande en ce sens n’a été faite auprès du centre 100. Jean-Pol Hauspie rappelle le danger de saturation des réseaux GSM sur catastrophe réelle et met en garde les Officiers contre l’utilisation de ce moyen de communication au PCOps. Dans l’enceinte de la piscine, faute de réseau Astrid, les intervenants sont passés en DMO,… Certains messages se sont Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 La vie des Unions perdus sur le Mode Direct. Il faut veiller à passer en DMO local et ne pas se trouver sur un autre groupe du Mode Direct. • Le Cpt D. Renier signale que le Dir-Info communal s’est présenté au PCOps. Sa place n’est pas sur le chantier mais bien au Centre de Crise communal. • Les délais d’intervention en ce qui concerne la CMIC ont été jugés excessifs. Si les temps de rappel du personnel et de déplacement jusqu’à l’intervention sont incompressibles, il faut trouver une autre voie pour accélérer la mise en place de la CMIC. Le Lt O. Dams suggère l’envoi direct des premiers intervenants vers le chantier afin d’accélérer la mise en place du matériel et la collecte des données. Idéalement, des installateurs, des habilleurs et déshabilleurs CMIC auraient pu être trouvés parmi les pompiers des autres centres déjà sur place. Ceci implique de former une partie du personnel des Services de la zone au drill de la CMIC. LT DAMS O., S.R.I. CHARLEROI 13 14 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 La vie des Unions Union Provinciale des Sapeurs Pompiers du Brabant Wallon et Bruxelles Capitale (partie francophone) Cross d’environ 9 km avec un départ collectif à 11 h 00 Domaine Provincial du Bois des Rêves (Ottignies) Nombreux prix et coupes : Vainqueur par catégorie d’âge et de sexe Service proportionnellement le plus représenté Challenge « Cadets » Organisé en collaboration avec les pompiers de Wavre Frais d’inscription : 4,00 € comprenant : l’accès au parking du domaine – une boisson – un T-shirt avec marquage relatif à l’activité – un accès aux douches Activité familiale dans une ambiance conviviale. Petite restauration et accès à la plaine de jeux pour les enfants. Chaussée de Mont St Jean, 120 – Tél. 02 385 02 07 – Fax 02 384 11 69 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 15 Au service du sapeur Priorités 2009 du Centre de Connaissances pour la sécurité civile Les missions du Centre fédéral de Connaissances pour la sécurité civile vous ont été présentées dans le dernier numéro. Le « Sapeur-pompier belge » se penche aujourd’hui sur les priorités du Centre pour 2009. Actuellement, le Centre de Connaissances se charge principalement du support de la réforme de la Sécurité civile. Les experts du centre collaborent activement aux travaux de la réforme : ils transposent leurs connaissances du terrain dans le cadre d’études spécifiques. L’une de ces études porte sur le principe de l’aide adéquate la plus rapide. Une analyse basée sur des questionnaires fournira notamment des informations concrètes qui permettront d’évaluer l’impact et les difficultés liés à l’application de ce principe. Outre le support apporté dans le cadre de la réforme, le Centre de Connaissances considère également les projets suivants comme des priorités : • la formation des services opérationnels • les procédures opérationnelles • la récolte de données statistiques • l’évaluation des incidents et retours d’expérience • le développement d’un centre de documentation Harmoniser la formation La réforme en cours révèle que la Sécurité civile a besoin d’une formation harmonisée, adaptée aux besoins de la société. Les formations dispensées varient, en effet, énormément sur l’ensemble du territoire belge. Afin de protéger les citoyens plus efficacement et de mieux assurer la sécurité des personnes sur le terrain, tout le trajet de formation des services opérationnels doit être soumis à une révision approfondie. À l’occasion d’une première table ronde organisée avec les gouverneurs et les directeurs des écoles de sapeurs-pompiers (fin 2008), un brainstorming avait déjà permis de dégager une vision globale des formations. Il a ainsi été décidé de développer un nouveau trajet de formations pour les services d’incendie, allant de la formation de base de sapeurpompier à la mise sur pied de formations spécifiques. Uniformiser les procédures opérationnelles Les zones de secours étant désormais une réalité, il importe d’harmoniser les procédures opérationnelles et les directives techniques utilisées pour les services de secours. Le Centre de Connaissances mettra à disposition des procédures uniformes, sur la base d’un inventaire et d’une analyse de la situation actuelle. Récolter des données statistiques Une quatrième mission prioritaire prévoit la collecte et l’analyse des données stratégiques des zones de secours. La création d’un modèle du rapport d’intervention et la collecte des informations utiles auprès des services d’incendie permettront de disposer en permanence de données statistiques relatives aux différents aspects des services de secours. En collaboration avec la Cellule réforme, un système de gestion intégré destiné aux zones de secours est également élaboré. Évaluer les incidents Au vu de la diversité des incidents auxquels les membres opérationnels de la Sécurité civile sont confrontés, il convient de prévoir également, parmi les différentes missions du Centre de Connaissances, la révision continue des procédures utilisées pendant les interventions. Grâce à l’analyse et l’évaluation des incidents passés, il est possible de réintégrer les constats aux procédures opérationnelles et à la formation. La qualité du service fourni, ainsi que la sécurité des citoyens et des intervenants sur le terrain, augmenteront dès lors en permanence. Développer un centre de documentation Comme son nom l’indique, le Centre de Connaissances est avant tout une source d’informations. La dernière mission prioritaire du Centre est donc la mise sur pied d’un centre de documentation en matière de Sécurité civile. Outre un centre de documentation physique, qui fournira au public concerné la documentation demandée, l’objectif consiste surtout à fournir un service sur mesure, accessible via le futur site Internet du Centre de Connaissances. Les règles de savoir-faire seront développées et diffusées à grande échelle. Une base de données est en cours d’élaboration et permettra de mettre sur pied un réseau d’experts nationaux et internationaux. Nos experts pourront ainsi être également demandés par des services à l’étranger. Le haut niveau d’expertise belge dépassera bientôt nos frontières, entraînant une valorisation de la profession. Fort de toutes ces réalisations, le Centre de Connaissances entend répondre au besoin réel qui constitue une nécessité permanente : assurer la sécurité des citoyens. Qu’il s’agisse de répondre aux besoins sur le terrain ou de valoriser la profession, l’objectif consiste à offrir un niveau élevé de compétences et des résultats de qualité. OPHÉLIE BOFFA 16 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Au service du sapeur Nouveaux Animaux de Compagnie, nouveaux dangers Bonjour à tous, Au travers de cet article, j’aimerais attirer votre attention sur un phénomène important qui se développe de plus en plus chez nous. Toléré dans certaines régions, interdit dans d’autres et à peine réglementé dans une troisième, les Nouveaux Animaux de Compagnie s’installent, chez nous, depuis quelques décennies sans trop de problème… Sauf que : Nous les rencontrons dans certaines de nos interventions ou on nous appelle pour la capture de ceux-ci. La plupart d’entre nous intervient sans trop d’expérience ni de connaissances réelles sur la contention de ces animaux ni même conscient qu’il y a un danger réel. Il y a bientôt cinq ans, que je me suis approché de ce monde très particulier qu’est la terrariophilie pour la réalisation d’un mémoire. Je me suis rendu compte que nous étions encore à l’âge de la pierre quand aux méthodes d’approche et de capture pour ce genre d’animaux… je résume : coup de pelle et extincteur. Au début cela fait sourire… puis quand on apprend que ces êtres chers ont des droits, qu’ils ont des prix, parfois, inestimables et que certains organismes les défendent bec et ongles sortis… il était temps, pour nous, de s’adapter. Au départ d’une petite équipe existant chez les pompiers de Liège, nous avons décidé d’unir nos connaissances et de créer un groupe d’intervention et de formateurs au sein de l’école du feu de la province de Liège, avec la confiance du Cdt Collignon. Le G.I.N.A.C. fonctionne depuis maintenant trois ans et : – enseigne dans de nombreuses casernes (plus de trois cents pompiers initiés) – donne des cours (de 4h à 32h de formation) à tous les corps de métier concernés – se déplace pour les interventions – participe à différents salons animaliers et vétérinaires, ainsi qu’au salon des métiers de la sécurité – a été invité à des émissions de télévision – est présent lors des journées portes ouvertes (à la demande avec des animaux) Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Au service du sapeur – donne des conférences – aide les différentes polices lors de saisies – suit des formations spécifiques (parfois à l’étranger) – travaille en collaboration avec les écoles vétérinaires et des centres de revalidation… La montée en puissance des interventions et saisies N.A.C. de ces derniers temps a provoqué la saturation de certains organismes d’accueil, obligeant notre groupe à créer une a.s.b.l. (Crusoé) lui permettant de prendre en charge la revalidation, le logement, la nutrition des animaux récupérés en toute légalité (en Wallonie, pour un reptile détenu, il faut un permis d’environnement de classe 2). Dans le G.I.N.A.C. et l’a.s.b.l. CRUSOE on retrouve les mêmes personnes : des pompiers de Liège, de Verviers, de Charleroi, un expert animalier et judiciaire, des policiers, des vétérinaires, tous diplômés en notions herpétologiques. Au plaisir de vous rencontrer, s/Lt Martial Lambreghts S.R.I. Charleroi [email protected] 0495/910 230 17 18 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Interventions intéressantes Histoires d’eau… Il est 0 h 40, le 17 décembre 2008, lorsqu’un employé chargé de veiller au bon fonctionnement d’une pompe installée de façon à rabattre la nappe phréatique sur le chantier d’un bassin d’orage constate un important affaissement aux abords immédiats. Les faits se passent dans la rue de Hal, en plein centre de la commune de Forest, le long des usines Audi. la Protection Civile est demandée en renfort. D’inquiétantes lézardes faisaient craindre le pire pour un local technique de l’usine. L’autopompe de la caserne d’Anderlecht est envoyée sur les lieux. À son arrivée, le chef de poste constate l’étendue de l’affaissement et sollicite la présence d’un officier. À ce stade, personne n’imagine encore la durée de l’intervention qui s’engage et surtout l’importance des moyens qui vont bientôt être mis en oeuvre. Entre-temps, un ingénieur d’une firme concernée par le chantier demande de procéder au remplissage du bassin d’orage par de l’eau de manière à contrer les poussées de terre. Il y a urgence car une faiblesse dans le voile de béton du bassin provoque l’introduction de terres dans l’enceinte, en accentuant l’affaissement du terrain à proximité. Le bassin en construction a une profondeur de 27 mètres et mesure 22 mètres de diamètre. Afin de pouvoir disposer de moyens de pompage puissants, D’importants moyens de pompage sont établis à proximité de la Senne. Dans l’attente de son arrivée, le SIAMU établit immédiatement plusieurs lignes de 70, alors que l’eau pompée dans la nappe phréatique est reversée dans le bassin. La P11 (dévidoir grande puissance – 4 250 l/min) ainsi que la P17 (autopompe lourde – 6 000 l/min) sont engagées et permettent l’établissement de deux lances-canons. L’entrepreneur qui avait commencé à combler le trou à l’aide de camions de terre, doit interrompre son intervention en raison de la présence de nombreuses lignes qui commencent à converger vers le bassin. À l’arrivée de la Protection Civile, la décision est prise d’établir quatre lignes de 200 sur une distance de 1 500 mètres permettant l’alimentation d’un super-canon de 24 000 l/m. L’eau est pompée dans la Senne et acheminée le long des L’eau devant être refoulée sur une très longue distance, des pompes sont établies en relais. Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 19 Interventions intéressantes La circulation dans le quartier fut sérieusement perturbée par l’établissement des conduites de refoulement à même la chaussée. À gauche de notre illustration le bassin d’orage en bordure duquel la voirie s’est complètement affaissée. voiries existantes, ce qui complique singulièrement la circulation à proximité du ring et de l’autoroute de Mons. L’accès aux entreprises établies aux abords est également perturbé. Des ouvriers entreprennent le creusement d’un caniveau afin d’enfouir partiellement les tuyaux devant l’entrée et permettre l’approvisionnement de l’usine Audi. Des établissements qui témoignent de l’importance de l’intervention. Si le remplissage du bassin d’orage constitue une priorité, l’affaissement de la voirie fait craindre une rupture des conduites de gaz dans la rue de Hal. Par prudence, et bien que la canalisation se trouve à 28 m du bassin, la compagnie Sibelga décide de couper l’alimentation d’une conduite basse pression, entre les numéros 104 et 128. L’apparition de fissures dans la voirie a fait craindre dans un premier temps des ruptures de conduite (notamment de gaz). Différentes vérifications sont effectuées afin de s’assurer de l’absence de conduites du réseau Fluxys et de localiser avec précision les lignes haute tension. Dans le même temps, le contrôle des égouts laisse apparaître des fissures qui ne cessent d’évoluer. La décision est prise d’évacuer les habitations dans un périmètre de 50 mètres. 85 personnes sont évacuées par 2 bus de la STIB, en direction du château de l’abbaye de Forest. Trois ambulances complètent ce dispositif afin de prendre en charge les personnes à mobilité réduite. Le plan catastrophe communal est déclenché vers 8 heures. Avant que les effets du remplissage se fassent sentir, des bruits suspects se font entendre au niveau de la passerelle aérienne qui alimente l’usine Audi en pièces détachées. Bien que lourde de conséquence, la décision est prise d’interrompre son fonctionnement. L’affaissement du terrain lézarde gravement un bâtiment situé à proximité immédiate du bassin. Son accès en est immédiatement interdit. La conjugaison des moyens engagés permet de rétablir progressivement l’équilibre des poussées de sorte que toute aggravation de l’affaissement est bientôt écartée. Le dispositif mis en place sera maintenu jusqu’au lendemain. Le démontage des lignes se fera dans la matinée du 18 décembre, clôturant cette intervention peu banale. TEXTE ET PHOTOS ROBERT DEKOCK 20 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Interventions intéressantes Un départ pour incendie est toujours un départ vers l’inconnu. De sorte qu’au moment de quitter leur caserne d’Anderlecht, les hommes du feu sont loin d’imaginer la gravité de l’intervention vers laquelle ils se dirigent, le 13 mars peu avant 23 heures. Au même moment, plusieurs appels confirment au central 100 la violence de l’incendie, certains faisant état que plusieurs personnes pourraient être bloquées aux étages d’un immeuble situé rue des Alliés à Forest. Ces informations sont immédiatement répercutées par radio aux véhicules de la caserne d’Anderlecht et à ceux de l’Etat- Tragique intervention rue des Alliés à Forest Major qui convergent vers l’incendie. Dès leur arrivée, les pompiers sont confrontés à un violent feu d’appartement au premier étage d’un immeuble d’habitation. Un enfant menace de se jeter du balcon du deuxième étage. Une équipe entreprend son sauvetage alors que d’autres tentent de progresser dans l’immeuble à la recherche d’occupants. Plusieurs minutes sont nécessaires pour rabattre les flammes et explorer tout l’immeuble. Un homme et ses deux enfants sont découverts inanimés au deuxième étage. Bien que disposant déjà de la présence de l’équipe médicale de l’hôpital militaire, le Lt. J-M Ledeghen qui dirige les opérations, demande le renfort de deux SMUR. La conjugaison de ces secours médicaux permet la prise en charge simultanée des victimes, qui sont en arrêt respiratoire et cardiaque. En dépit des efforts prodigués, une victime décède sur les lieux. Le père et le deuxième enfant décéderont le lendemain. Une intervention dont le caractère tragique prendra une autre dimension lorsque les premiers témoignages confirmeront l’origine de l’incendie. Ce sont des enfants jouant dans une chambre du premier étage qui boutèrent le feu à des nounours. Effrayés par les flammes, ils appelèrent leur maman qui se chargea de les mettre en sécurité, non sans avoir au préalable hurlé afin d’avertir les occupants du deuxième étage. La rapidité de la propagation de l’incendie coupa vite toute possibilité d’évacuation par l’unique escalier. 3 équipes du SMURF ont tenté en vain de réanimer le papa et ses deux enfants. TEXTE ET PHOTO ROBERT DEKOCK Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 25 À l’étranger Mexique : Sierras et tequila, sombreros et bomberos… sol. Claustrophobe s’abstenir. À Mexico-City et Veracruz, quelques lignes de bus sont Solo Mulheres (réservées aux femmes). Heureux qui comme Ulysse… Des militaires, mitraillette en bandoulière, sont présents en nombre à chaque péage autoroutier afin d’enrayer le trafic de drogues et de dissuader d’éventuels ravisseurs d’opérer. C’est en compagnie d’un couple d’amis, Evelyn et Jean-Marie, compagnons de nombreux voyages sac au dos surtout en Asie, que je m’envole de Zaventem. Direction Mexico-City, via Washington DC. Ce couple a accueilli pendant quelques mois en 2002, un étudiant mexicain, Ulises, qui va convoler en justes noces en ce mois de mars 2009. Heroico Cuerpo de Bomberos de MEXICO CITY. Nous répondons évidemment par l’affirmative à son invitation à partager son bonheur. Dans nos sacs, le Guide du Routard car l’occasion faisant le larron, nous en profiterons pour sillonner les routes mexicaines pendant un mois. La superficie du Mexique étant 55 fois celle de la Belgique, pas question pour nous de tenter le pedibus cum jambis, mais nous utiliserons les bus, tant longs courriers avec grand confort, que les bus et minibus locaux multicolores, ahanant dans les côtes ; nous y retrouverons le plaisir de partager le voyage avec les autochtones. Le réseau TEC mexicain, ainsi que les voiries n’ont rien à envier aux nôtres. Dans les cars long courrier, la sécurité n’est pas un vain mot : chaque passager est photographié avant le départ par un agent de sécurité et ses papiers d’identité contrôlés. (2022) Cuisine et boulangerie de la caserne centrale de MEXICO CITY. Comme dans les aéroports, les bagages sont acheminés par tapis roulant jusque dans les soutes. Dans ces cars modernes, deux chauffeurs se relaient au volant ; pendant ses heures de pose, le second chauffeur dort sur un matelas dans une des soutes, au ras du Pas de panique cependant car l’essentiel de notre voyage se fera au centre du Mexique, alors que les rapts d’otages afin d’obtenir une rançon ont plutôt lieu du côté de la frontière guatémaltèque. Dans tout le pays, une très importante présence policière, tant municipale que fédérale peut parfois « indisposer », mais en même temps rassure les visiteurs étrangers, même si quelquefois la demande de bakchich émane des policiers euxmêmes. Nous aurons aussi souvent le plaisir de voyager dans des « taxis » locaux, les colletivos : quelques planches à l’arrière d’un pick-up, des banquettes en bois parallèles à la route, un toit de toile, le vent… pour quelques pesos. Pour demander l’arrêt du véhicule, il suffit de taper du pied assez fort sur le plancher ! Nous sommes accueillis à Veracruz par notre ami Ulises et sa famille et, coup de bol, ces derniers nous font découvrir leur fameux carnaval, aussi réputé que celui de Rio de Janeiro. Un cortège de dizaines de chars énormes (derrière chaque char est tracté un imposant groupe électrogène destiné à alimenter les baffles), des milliers de danseurs et danseuses de samba, des décibels résonnant dans la poitrine, des centaines de très jolies filles au corps bronzé et ondulant, une orgie de bière, de 26 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 À l’étranger Pompiers de BOCA DEL RIO (Golfe du Mexique). Huit motos « premier départ » (20 litres d’eau, 20 mètres de tuyau, une bouteille d’air comprimé) à la caserne centrale de MEXICO CITY. tequila, de whisky-soda… Bref, débridé et hot à tous points de vue que ce défilé tonitruant de presque trois heures sur les huit kilomètres de l’avenue bordant le Golfe du Mexique, applaudi par près de trois millions de personnes en délire… La surveillance policière est assurée pas des dizaines d’MP habillés et casqués de blanc de la base navale de Veracruz, ainsi que par des centaines de policiers de tout poil munis de gilets pare-balles et armés de matraques imposantes. À vivre, mais qu’il sera bon deux jours plus tard de se retrouver dans des sierras désertiques, sous un soleil de plomb, à cra- pahuter dans les collines où ne poussent sur des centaines d’hectares que d’immenses cactus. Leur croissance étant d’un centimètre par an, l’âge de nombre d’entre eux dépasse largement les 500 ans ; une variété de ces cactus, au pied très large, le « cactus éléphant », atteint à l’aise les 1 500 ans ! D’autres, de forme arrondie, munis d’épines très fines, sont surnommés « sièges de bellesmères »… tasse de thé, on se sent tout petit devant les réalisations de ces civilisations disparues. De ces civilisations, il ne reste que de rares descendants. La ségrégation raciale est toujours vivace dans ce pays, indiens et surtout noirs faisant partie de « castes » inférieures auxquelles seuls les petits boulots sont accessibles ; à défaut de petits boulots, il ne leur reste comme solution pour survivre que de faire la manche… Il est impossible de parcourir le Mexique sans au moins en découvrir les pyramides de l’un ou l’autre site aztèque, toltèque, zapotèque… Même si les vieilles pierres ne sont pas ma Dans chaque ville ou village mexicain, un zocalo, place centrale et lieu de rencontre incontournable. Souvent ombragés, bordés de restaurants et de bistrots, on peut y entendre de Caserne d’OAXACA. Autopompe offerte par les pompiers californiens de Palo Alto. Véhicule stationné à la caserne d’OAXACA. Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 27 À l’étranger le repas de tortillas, galettes de maïs omniprésentes, sans goût. Délicieuses sauterelles grillées au miel, avec un zeste de tequila. petits groupes de guitaristes et chanteurs quémandant la piécette. Les restaurants te proposent une cuisine variée, merveilleusement coloriée, épicée et pimentée. Aux ingrédients indigènes (maïs, tomates, avocats, haricots rouges…), s’ajoutent le riz, le blé, l’oignon, l’ail, la viande de porc et de poulet… À toi de choisir le hard qui t’agrée en y ajoutant divers piments, de doux à immangeable ; le seul moyen d’en calmer le feu est d’accompagner SAN PEDRO MIXTEPEC. Vestiaire à l’air libre. Un petit creux ? Un taco, tortilla pliée en deux ou roulée, cuite sur une plaque métallique, garnie de viande, d’oignons, de sauces et vendue à chaque coin de rue par des marchands ambulants. Pour l’accompagner, la cerveza déclinée en des dizaines de marques, les boissons à base de fruits ou de fleurs, la tequila ou le mezcal ; ces deux dernières titrant environ 43° sont extraites de deux sortes d’agaves différentes. Dans les marchés multicolores et odorants, fruits et légumes abondent ; tu pourras aussi y tester les sauterelles grillées dans du miel : un délice à ne pas manquer ! Entre Oaxaca (où nous avons visité le superbe site des pyramides de Monte Alban) et l’Océan Pacifique, un minibus embarquant quatorze passagers nous fait traverser sur près de 240 kilomètres, plusieurs sierras, puis la jungle ; c’est la route aux 600 virages aux dénivellements impressionnants. Les lacets sont parfois si serrés qu’il est nécessaire au minibus d’effectuer plusieurs manœuvres pour les passer. Sujets au vertige s’abstenir (ou fermer les yeux, mais ce serait dommage de rater la beauté de ces paysages !). L’accueil dans la dizaine de casernements de bomberos mexicains visités ne déroge pas à la règle. Un détail saute aux yeux : le grand nombre de camions-citernes par rapport aux autopompes ; la raison en est simple, il n’y a pas d’hydrants. Devant quelques bâtiments importants, un collecteur fixé au mur sera alimenté par les citernes et fournira l’eau nécessaire aux colonnes sèches. Partout le charroi fait l’objet de toutes les attentions, tandis que locaux et garages sont parfois entretenus avec les moyens du bord. Les tenues de feu (souvent en nomex) et les casques (de type américain) ont partout déjà beaucoup souffert. Dans chaque casernement, un autel toujours fleuri, dédié à la Vierge de Guadalupe (notre Sainte-Barbe) ; on la retrouve également dans chaque gare routière et, en statuette, dans la majorité des véhicules mexicains. Sur la côte Pacifique, le poisson est roi mais la pêche reste artisanale. Requins, espadons, dorades sont ramenés à terre par des pirogues motorisées qui s’élancent vers la plage à toute vitesse, coupant et relevant le moteur hors-bord à la dernière seconde avant de se stabiliser dans un long sillon de sable. Côte Pacifique toujours, plage de Zipolite : danger d’y nager en fonction des courants et des rouleaux violents, mais endroit de rêve pour les surfeurs. À quelques encablures, un îlot blanc, recouvert entièrement par le guano des cormorans. 28 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 À l’étranger Sierra et forêt de cactus couvrant les collines écrasées de soleil. Pompiers de TEHUACAN. Avec Anastasio dans son ambulance. Zipolite est une plage mixte : nudistes et « habillés » se côtoient et ce ne sont pas les naturistes qui se sentent le plus mal à l’aise… Où je me sens très à l’aise par contre, c’est devant un casernement de pompiers ; partout dans le monde il est facile à trouver car tout un chacun le connaît. Au corps de garde ou devant le volet, pas de salamalecs : je me présente comme étant (maintenant ancien) pompier et demande si je puis visiter ta caserne. C’est tout. Pourquoi ne m’a-t-on jamais demandé un quelconque document attestant de mon appartenance à ce monde si particulier qui est le nôtre ? Je ne sais. La porte est toujours ouverte et il y a toujours eu un pompier qui m’a pris sous son aile pour la visite de sa caserne ; il se sera aussi débrouillé pour faire apposer le tampon (cello) de son casernement dans mon carnet de route. Par contre, dans ce périple Outre-Atlantique, il m’a été plus difficile d’aborder les gens (autres que dans les casernes) que lors d’autres voyages pédestres et solitaires, du fait que je ressens assez fort la relation touriste (pognon) / autochtone, malgré l’extrême amabilité et la gentillesse des Mexicain(e)s. Dans mon sac à dos, il y a toujours quelques autocollants de « ma » caserne batticienne, que j’offre aux hommes (et aux femmes) de garde ; dans ces régions du monde, ce genre de gadget est inconnu et les pompiers sont souvent marris de rien pouvoir m’offrir. Caserne centrale des pompiers municipaux de VERACRUZ. Créé en 1873, ce Corps est le plus ancien d’Amérique Latine. Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 29 À l’étranger Détrompe-toi, ami pompier, si tu savais quel bonheur tu m’as offert en me faisant visiter ta caserne !… Chacun porte son propre regard sur un voyage, un pays, ses habitants… Si tu n’es pas trop sujet au mal de mer, je t’entraînerai prochainement à bord d’une goélette trois mâts, le Bel Espoir, pour des escales en Irlande, en Mer Baltique… Il y a deux ans, j’embarquais à son bord comme marin stagiaire. Là-bas aussi, il y a des camions rouges ! Le Commandant Fragoso montre fièrement l’emblème des pompiers municipaux de VERACRUZ. S/LT (RETRAITÉ) GUY JAMINET (SRI HERVE, CASERNE DE BATTICE) Impossible de voyager au Mexique sans au moins visiter l’un ou l’autre site remarquable. Ici, celui de TEOTIHUACAN, non loin de MEXICO CITY. 30 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Le Sapeur-Pompier en balade Le Sapeur-Pompier en balade à Eupen La province de Liège est la dernière à ne pas avoir été mise à l’honneur dans le cadre du Sapeur-Pompier en Balade. C’est pourquoi nous nous sommes rendus dans cette belle province qui a la particularité d’avoir sur son territoire la communauté germanophone de Belgique. C’est précisément Eupen, capitale de cette communauté, qui fera l’objet de toute notre attention cette fois. Il ne faudrait pas oublier que notre fédération porte dans son titre aile francophone et germanophone. C’est donc un hommage à nos collègues des cantons de l’est que le premier article consacré à la province de Liège leur soit consacré. D’autant plus que le corps des pompiers eupenois fête, cette année, ses 125 ans d’existence. Eupen (en français : Néau. Tombé en désuétude) est une ville de la communauté germanophone de Belgique, située à 15 km d’Aix-la-Chapelle. Elle constitue l’une des neuf communes belges de langue allemande, toutes situées en Région wallonne. À une altitude variant entre 250 et 350 mètres, la ville est formée de deux parties : la ville-haute (Oberstadt), la plus importante, où se trouvent les principaux monuments et centres commerciaux ; et la ville-basse (Unterstadt), en bord de la Vesdre. Eupen est le siège du gouvernement de la Communauté germanophone et accueille depuis janvier 2007 le siège de l’Euregio Meuse-Rhin. Eupen en français (inusité) se disait Néau. Un peu d’histoire Le premier document qui fait mention d’Eupen est les Chroniques du duché de Limbourg en 1213, où l’on parle d’un lieudit Eupen et d’une chapelle Saint-Nicolas. Après la bataille de Worringen en 1288, Eupen est annexé au duché de Brabant avec le reste du duché de Limbourg. Le Brabant et le Limbourg deviennent des possessions bourguignonnes en 1387 ; la même année Eupen est entièrement brûlée durant la guerre contre le duché de Gueldre. En 1477, le Brabant et le Limbourg changent de couronne pour passer sous celle Une vue du garage de départ des Habsbourgs autrichiens Charles Quint. Accorde à Eupen le privilège d’organiser deux foires l’an à partir de 1544. À l’abdication de Charles Quint, Eupen devient une possession des Pays-Bas espagnols. Après la paix d’Utrecht en 1713, la région passait sous le régime des Pays-Bas autrichiens. Après avoir partagé l’histoire du duché de Limbourg durant 800 ans, Eupen fut rattachée à la Prusse après le congrès de Vienne en 1815. Puis, avec les autres communes des cantons de l’Est, à la Belgique en 1920 par le traité de Versailles. Des attractions « grandeur nature » Eupen est une ville historique mais également une ville touristique. Les musées et autres curiosités ne manquent pas pour faire de votre séjour à Eupen un moment de détente agréable et une découverte culturelle enrichissante. Une des attractions touristiques majeure est le barrage de la Gileppe. Le lac de la Gileppe, situé dans la partie orientale de la forêt du Hertogenwald, est essentiellement alimenté par la rivière du même nom et le ruisseau du Louba (ou Raboru). La paroi du barrage de la Gileppe, de type poids, est la plus ancienne d’Europe. L’inauguration du barrage a eu lieu le 28 juillet 1878 par le roi Léopold II. La capacité de contenance du lac Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 31 Le Sapeur-Pompier en balade était de 12 millions de m3, et portée à plus de 13 millions de m3 après aménagements des déversoirs suite à la sécheresse de 1921. La superficie était de 86 hectares. Le barrage a été rehaussé de 10 mètres dans les années 19671971, utilisant désormais la technique du barrage-pression. La retenue a été vidée en janvier 1969 et la ville de Verviers alimentée en eau à partir du réservoir d’Eupen. La capacité de la retenue est de 26,5 millions de m3, pour une superficie de 130 hectares. Comme le barrage d’Eupen, il est utilisé pour la production d’eau alimentaire. Son affectation première était l’alimentation en eau de l’industrie lainière de Verviers. Les artisans souhaitaient en effet bénéficier d’une eau de meilleure qualité et surtout d’un débit régulier. L’industrie lainière d’Eupen, à l’époque prussienne et située en amont sur la Vesdre, utilisait en effet en premier de l’eau pure de la rivière. Deux tours de prise d’eau d’une hauteur de 75 mètres sont sises dans le lac à proximité du barrage. Elles permettent un captage d’eau plus pure, à distance des berges et surtout un captage à des hauteurs différentes ce qui permet d’avoir accès à la meilleure eau du moment. La centrale hydro-électrique récupère l’énergie de la chute d’eau qu’il y a entre le point de La caserne d’Eupen est idéalement située captage et la vallée (42,9 m) avec un débit moyen de 76 300 m2/jour (0,88 m3/s) soit un potentiel hydraulique de (370 kW) le débit peut varier de 0,80 à 1,00 m3/s. Cette centrale est composée de deux turbines de 430 CV (321 kW) alimentant chacune un alternateur triphasé fournissant l’énergie sous une tension de 6 000 volts. La production annuelle totale de la centrale est de 3 300 000 kWh. Un lion monumental de 13,5 mètres de haut et d’un poids de 130 tonnes orne le barrage, fixant la frontière prussienne, distante d’environ 5 kilomètres à l’époque de la construction du barrage. Il est l’œuvre de Félix Antoine Bouré, et est taillé dans des éléments de grès tendre de la vallée de la Sûre. Particularités hydrographiques En Gileppe supérieure, à peine quittée la zone fagnarde, le ruisseau reçoit les eaux du fossé Bouvy au lieu-dit « les Biolettes. » Creusé du temps de la « querelle des eaux » avec Eupen, ce drain permet de recueillir des eaux qui auraient dû alimenter le bassin de la Vesdre supérieure. L’échelle Magirus est en service depuis... 1962 Le barrage reçoit également l’eau de la Soor (bassin de la Helle, Vesdre supérieure) par le Tunnel de la Soor, creusé de 1950 à 1953. Celui-ci permet ainsi d’ajouter aux 34,3 km2 du bassin-versant de la Gileppe les 20,9 km2 de celui de la Soor. Un petit barrage de type gravité, peut ainsi dévier une partie du cours de la rivière pour alimenter le lac par un tunnel creusé sous la crête séparant les deux bassins. Le tunnel lui-même est long d’environ 2,5 kilomètres pour 2,30 mètres de diamètre, débouchant sur le lac au lieu-dit Trou Malbrouck. Lors de la construction du tunnel, le 8 juillet 1952, un brutal orage sur le plateau coûta la vie à huit ouvriers, sept italiens et un belge, ayant décidé de revenir vers la Soor par le tunnel lui-même. Ils périrent engloutis, le débit étant passé à 70 m3 par seconde dans le tunnel. Une plaque commémorative figure à proximité de l’issu aval du tunnel. À lire : « Le surhaussement du barrage de la Gileppe » par Joseph De Clercq et Guy Pirotton (1970) in la revue bimestrielle « La Technique des Travaux » (sept.- oct. 1970). Mais il y a aussi le barrage de la Vesdre Le Barrage de la Vesdre ou Lac d’Eupen près d’Eupen est le troisième réservoir d’eau potable de Belgique. Ses eaux 32 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Le Sapeur-Pompier en balade viennent du plateau des Hautes Fagnes. Il est alimenté par les ruisseaux de la Vesdre, la Getz, et via un tunnel d’une longueur de 1,5 km par la Helle. Capitaine Claudy Marchal Claudy Marchal est ce que l’on peut appeler une personne agréable et sympathique. Directement il vous met à l’aise et ne s’embarrasse pas de protocole. En un mot comme en cent, il est très accueillant. Claudy est né le 23 juin 1951, marié et papa de deux grands enfants, une fille de 31 ans et un garçon de 28 ans. Après des études secondaires, en filière technique, d’abord à Verviers, ensuite à l’ISIL, à Liège, il entame un Master d’ingénieur technicien à l’université d’Aix-la-Chapelle, d’où il sort diplômé en 1973. Quand on dit il en sort, c’est une vue de l’esprit. En effet, dès ses études terminées, il est aussitôt engagé… par l’université où il a si brillamment réussi ses études. Il y est chargé, entre autre, des télécommunications avant d’être affecté à l’hôpital universitaire où il prendra en charge la logistique. Il quittera ses fonctions en septembre 2005. Claudy est un véritable passionné de pompiers, c’est tout naturellement qu’il postule au corps de Kelmis (La Calamine). En 1981 il entre au service d’incendie de Kelmis au grade de sapeur-pompier volontaire. En 1988 il obtient son brevet A. En 1989 il est promu Sous-Lieutenant. En 1990 il est breveté technicien en prévention de l’incendie. En 1992 il obtient sa deuxième étoile de Lieutenant. En 2000 il devient chef de service, en remplacement de notre ami Jean Broze. Il occupe cette fonction jusqu’au mois de septembre 2005, date à laquelle il devient chef de service professionnel au service incendie d’Eupen, revêtu du grade de Capitaine. Le bâtiment fut construit depuis 1938 et inauguré par le régent Prince Charles de Belgique en 1952 et fournit actuellement quotidiennement 66 000 m3 d’eaux potables pour les régions d’Eupen, Spa, et Seraing. Les systèmes d’eaux potables sont reliés avec celles du barrage de la Gileppe située à environ dix kilomètres. Une des raisons de construction était le réglage du cours d’eau servant à l’industrie de la région de Verviers. Au cœur des Hautes Fagnes Eupen est également apprécié pour sa proximité avec les Hautes Fagnes. Les Hautes Fagnes forment une région qui s’étend, en Belgique dans la Région Wallonne (province de Liège) et en Allemagne dans la Rhénanie-Palatinat et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie). En néerlandais, Hoge Venen, en allemand, Hohes Venn. Bien que constituant un site de grande importance à l’échelle nationale, les Hautes Fagnes, à l’inverse du plateau des Tailles, ne font pas partie du Patrimoine majeur de Wallonie. Il ne faut pas confondre les Hautes Fagnes avec la Fagne, une autre région naturelle qui s’étend en Belgique et en France. Le Signal de Botrange (694 mètres) est le sommet de la Belgique. Ce sont de vastes étendues (4 100 ha en Belgique) de tourbières, de landes et de forêts qui présentent une flore et une faune assez exceptionnelles liées au climat froid et humide. Les contreforts du plateau accueillent essentiellement de vastes plantations de conifères : c’est la forêt du Hertogenwald. Les tourbières se sont formées il y a 7 500 ans, à la fin de la dernière glaciation. La tourbe résulte de la décomposition des végétaux, notamment les sphaignes, en milieu très humide. Son épaisseur peut atteindre sept mètres. Jusqu’au milieu du XXe siècle, la tourbe constitue pour les habitants proches, une source de chauffage appréciable. La surface des tourbières actives ne représente plus qu’une centaine d’hectares. Le plateau des Hautes Fagnes est le plus important massif tourbeux en Belgique. Les autres massifs importants sont le Plateau des Tailles, le Plateau de Saint-Hubert et la Croix-de Saille. Eupen regorge de musées en tous genres Nous noterons, entre autre, Le musée Historique d’Eupen. Il comprend sa mission dans la représentation du passé de la région eupenoise qui, au cours des siècles, a dû changer son appartenance politique, ce qui lui a donné son caractère unique. Même la maison qui l’abrite peut être considérée comme curiosité. Jadis, elle fut habitée par un de ces drapiers qui, à l’apogée des manufactures de draps, ont profondément influencé l’aspect de la ville. Une collection d’horloges de toutes sortes venant de différents pays et un aperçu du confort de l’habitat à Eupen ouvrent l’exposition. Une autre section procure un aperçu du développement de la poterie de Raeren. Un tableau chronologique montre l’histoire mouvementée de notre région. La mode et la manière de Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 33 Le Sapeur-Pompier en balade grands, se fabriquent les délicieux bâtons et tablettes de chocolat Jacques, depuis le broyage du cacao jusqu’au conditionnement final. Le Service Incendie d’Eupen Une ancienne échelle Riffault à été transformée en une citerne de 6 000 l de mousse par le personnel d’Eupen Le service incendie d’Eupen possède un engin unique en Europe s’habiller à l’époque sont expliquées au moyen de nombreuses figurines costumées, en partie de tissus d’origine d’Eupen. Un atelier complet d’orfèvrerie est unique : trois générations d’orfèvres eupenois y ont créé de magnifiques ustensiles du culte dont quelquesuns sont exposés. Incontournable également : le musée du chocolat. Là, c’est toute l’histoire du chocolat qui défile sous vos yeux : documentation sur la culture du cacao, animations vidéo, collections anciennes d’objets divers tels que moules, emballages, machines, chromos ou publicités. Une passerelle surplombant le hall de production permet de voir, sans les déranger, les chocolatiers à l’œuvre. Sous les yeux des visiteurs, petits et Le service incendie d’Eupen est placé sous l’autorité du Cpt professionnel Claudy Marchal (voir encadré). Il est composé de 92 volontaires, dont 35 sont badgés AMU, Le matériel roulant dont dispose les collègues d’Eupen se compose de : • Une Auto-pompe Renault • Un camion-citerne Saviem • Un camion-citerne Steyr • Un véhicule transport de matériel Magirus • Un véhicule transport de matériel Ateco • Un auto-élévateur ALP34 • Une auto-échelle 30 Magirus • Un véhicule désincarcération Sprinter • Un véhicule désincarcération Chevy • Une auto-pompe feux de forêt Iveco • Un camion tous usages LKW Mercedes • Un camion-citerne mousse de 6 000 l • Un véhicule de commandement Renault • Une auto-pompe Ateco N.B. : Le camion-citerne de 6 000 l de mousse est une réalisation « maison ». Une ancienne auto-échelle Riffaud complètement transformée par le personnel du service. Durant l’année écoulée, les membres du personnel ont participé à : • 22 exercices mensuels • 10 exercices pompes et matériel • 2 exercices véhicule mousse • 22 exercices « GRIMP » • 9 autres exercices En 2008, le service a assuré 2 759 interventions ambulances et transporté 2 719 personnes. Par 11 fois, il a été fait appel à l’intervention d’un hélicoptère. Les trois ambulances du service ont parcouru 77 842 km. Les Interventions « Pompiers » se répartissent comme suit : • 36 fausses alertes • 5 feux de cheminée • 5 feux de voitures • 4 feux de camions • 6 feux de broussailles/herbe • 6 feux de déchets • 1 feu d’appareil de chauffage • 7 incendies de maison unifamiliale • 3 incendies d’appartement • 1 incendie dans école • 1 feu d’usine • 1 feu de ferme • 6 autres incendies • 333 interventions de secours dont 128 nids de guêpes et 57 nettoyages d’hydrocarbures Soit un total de 415 interventions. Parmi les risques les plus importants sur le territoire défendu par le service d’incendie d’Eupen, notons : – la câblerie d’Eupen, en son département « Mousse », classé Grand Sévéso, pour sa fabrication de mousse PU. – Deux zonings industriels, l’un à Eupen avec quelque 40 entreprises, l’autre à Raeren comptant une trentaine d’entreprises. Le tourisme est une autre source de risque, été comme hivers, des milliers de visiteurs explorent les Fagnes ou pratiquent le ski de fond. Deux barrages, celui de la Gileppe et celui d’Eupen, se trouvent également sur le territoire protégé. LIEUTENANT MICHEL MEAN 34 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Aspects techniques Les eurocodes et leur futur usage par les services incendie 1. Que sont les eurocodes ? Les eurocodes sont des normes européennes, éditées par les instituts de normalisation, qui définissent des méthodes de conception et de dimensionnement de la structure des ouvrages principalement par le calcul et par les probabilités sur la base de données, de paramètres, d’hypothèses et de formules résultant de la très longue expérience acquise lors d’essais sur feux réels, essais en vraie grandeur, formulations mathématiques et études post-sinistres. On les désigne ainsi parfois sous le nom de « eurocodes structurels ». Les eurocodes peuvent être utilisés comme documents de référence pour : 1° Prouver la conformité des structures des ouvrages aux exigences essentielles de la DPC (Directive produits de construction) n° 1 de résistance mécanique et de stabilité, n° 2 de sécurité en cas d’incendie et n° 4 de sécurité d’utilisation ; 2° Exprimer ces exigences essentielles (1) en termes techniques ; 3° Déterminer les performances (dont celles de la classe R de résistance au feu des structures) telles que prévues dans les informations accompagnant le marquage CE des produits constituant ces structures. Ces trois points sont extraits du « Guidance paper L en page 6 » (2), qui commente l’usage des eurocodes dans le cadre de la DPC. La structure des ouvrages peut être en béton, acier, acier-béton, bois, maçonnerie ou aluminium. Chacun de ces sujets fait l’objet d’une série de normes. Les eurocodes constituent ainsi un très important volume de documents. En Belgique, comme dans tous les autres pays membres du CEN (Comité européen de normalisation), tous les eurocodes ont été enregistrés à ce jour comme normes NBN EN de la série 1990 à 1999. Cette numérotation n’a rien à voir avec des années. Ces normes EN ont ensuite été complétées par des annexes nationales (ANB), temporaires, décrites ci-après. 2. Quel est l’historique des eurocodes ? Il y a plus de 30 ans que les ingénieurs-calculateurs des bureaux d’étude ont tenté d’améliorer leurs méthodes de calcul des structures en vue d’utiliser au maximum les sollicitations réelles auxquelles ces structures pouvaient être soumises, en tenant compte de valeurs probables de ces sollicitations mécaniques et thermiques dans les conditions d’un incendie probable pour le risque concerné. L’usage des probabilités, qui font appel à des formulations mathématiques très spécifiques, était particulièrement nouveau. Ces travaux, purement privés, ont attiré l’attention de la Commission européenne qui les a récupérés et intégrés dans un comité technique du CEN (Comité européen de normalisation) qui fut et est encore à ce jour, le TC 250. La Commission confia des mandats (bons de commande) au CEN afin que ce TC 250 puisse développer et structurer ses études dans une série de futures normes EN. Il en est résulté l’édition de plusieurs prénormes (Vornormen) ENV qui sont devenues des EN à condition que chaque État-membre associe, à chacune de ces normes, des prescriptions nationales, des choix nationaux (Annexes nationales ANB en Belgique). Ces annexes ANB se limitent à choisir une ou plusieurs options citées dans les normes EN. 3. La promotion des eurocodes au niveau européen Dès 2003, la Commission européenne recommanda la mise en œuvre et l’utilisation des eurocodes (Recommandation 2003/887/CE publiée au JOUE L 332/62 du 2003.12.19) qui fut suivie d’une Décision en 2005 (Décision du Comité mixte de l’EEE N 80/2005 publiée au JOUE L 268/12 du 2005.10.13). (3) Les eurocodes sont donc des prescriptions d’application volontaire qui entrent dans le cadre législatif européen et donc, dans la législation belge. 4. Situation belge actuelle : La NBN EN et son indissociable ANB Les eurocodes sont donc des normes NBN. Oui, mais des normes un peu particulières qui se présentent à ce jour sous forme d’une série de NBN EN associées à des NBN EN ANB. Explication : Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 35 Aspects techniques Ces NBN EN définissent un très grand nombre de paramètres utilisables dans tous les Étatsmembres. Et chaque organisme de normalisation de ces États (le NBN, ex IBN en Belgique) a dû choisir les paramètres de la norme NBN EN qui pouvaient leur être applicables sur la base de leur climat, de leurs spécificités géographiques et de leurs coutumes constructives. Ces particularismes nationaux ont été consignés dans des « annexes nationales » (ANB Annexe nationale – nationale bijlage) en Belgique. Cette situation n’est que temporaire car la série des normes EN et toutes les ANB nationales seront prochainement revues par le CEN qui intégrera au mieux ces ANB dans les corps de futures normes EN. Et c’est ainsi que, dans quelques années, les eurocodes seront des EN sans les ANB nationales qui auront été abrogées entretemps puisqu’intégrées dans les futures EN. On obtiendra ainsi un seul langage européen commun à tous les pays de l’EEE (Espace économique européen). 5. Utilisation des eurocodes dans le projet d’annexe 6 des « Normes de base » L’eurocode NBN EN 1991-1-2 : 2002 – « Actions sur les structures au feu – Partie 1-2 : Actions générales – Actions sur les structures exposées au feu », indissociablement lié à son annexe nationale belge NBN EN 1991-1-2-ANB : 2008 « Actions sur les structures au feu – Partie 1-2ANB : Actions générales – Actions sur les structures exposées au feu », a servi de base pour la rédaction d’une ajoute à l’annexe 1 et pour la rédaction de la nouvelle annexe 6 des « Normes de base ». En premier lieu, cette intrusion d’un eurocode dans notre législation est une sorte de révolution de notre logique législative habituelle. Jusqu’à présent, la législation était basée sur les dangers. Maintenant, avec la référence aux eurocodes, elle se base sur les risques. Un danger est défini par des valeurs précises et univoques : La résistance au feu des structures des bâtiments industriels était initialement basée sur l’article 52 du RGPT qui définissait des groupes de locaux sur la base de dangers : des litres de liquides inflammables, des kilogrammes de matières solides très inflammables, des litres de gaz comprimés, liquéfiés ou dissous, une surface de 2 000 m2 pour les grands magasins pour la vente au détail. C’étaient des nombres bien définis et aisément vérifiables de visu ou sur papier. Un risque est associé à la probabilité qu’un danger donne lieu à un dommage. Avec le projet d’annexe 6, on se base sur des risques (on y trouve par exemple la formulation d’un paramètre « deltaqt » déterminé sur la base d’une probabilité acceptable d’effondrement de l’ouvrage). Des risques sont des dangers associés à une probabilité de survenance d’un dommage consécutif à ces dangers. Et c’est dans ce concept de probabilité, complété par une foule de paramètres et coefficients donnés dans les eurocodes qu’il faudra évaluer la pertinence de la valeur retenue, éventuellement déterminée par les autorités par un texte légal, et acceptée par toutes les parties. En second lieu, le projet d’annexe 6 définit la charge portante des éléments de construction par l’euroclasse R de résistance au feu. Cette classe R est évaluée par une valeur de la densité de charge calorifique au sol contenue dans un compartiment. Mais celle-ci doit être une valeur de conception qfd (f = floor et d = design = conception) et non un qfik, comme mentionné dans le projet d’annexe 6. Ce qfik n’existe d’ailleurs ni dans l’eurocode ni dans la ANB. D’autre part, la dimension totale des compartiments est définie non en m2 mais en gigajoules (GJ). Il faudrait mieux préciser que la conversion de ces gigajoules en mètres carrés se calcule en faisant usage de cette densité de charge calorifique de conception qf,d exprimée en MJ/m2 (mégajoules par mètre carré) associée à de nombreux paramètres. Ces paramètres devraient d’ailleurs être mieux précisés dans l’annexe 6. L’eurocode NBN EN 1991-1-2 : 2002 définit un grand nombre de ces paramètres puisqu’il peut s’appliquer à tous les bâtiments de l’Espace économique européen. Notre annexe nationale NBN EN 1991-1-2-ANB : 2008 limite déjà la variété de ces paramètres pour les appliquer aux ouvrages tels qu’on les construit en Belgique. Le projet d’annexe 6 devrait encore en réduire la variété puisque ces paramètres doivent s’appliquer aux seuls bâtiments industriels. 6. L’intervention des organismes accrédités C’est la mode. On confie des contrôles à des organismes accrédités sans aucune autre précision. L’idée peut être excellente. Quoique. Il existe beaucoup d’organismes accrédités. Mais ils le sont pour des scopes (domaines d’applica- 36 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Aspects techniques tion) très différents et en confiant un contrôle à un « organisme de contrôle accrédité conformément à la loi du 20 juillet 1990 relative à l’accréditation des organismes de certification et de contrôle ou selon une procédure de reconnaissance équivalente d’un autre État-membre de la Communauté européenne ou de Turquie ou d’un État signataire de l’AELE, partie contractante de l’accord sur ‘Espace économique européen », une installation de détection incendie pourrait être contrôlée par un organisme accrédité pour un scope relevant de l’industrie alimentaire ou pharmaceutique ou autre. Le scope, le domaine qui précise le ou les articles de l’annexe 6 soumis au contrôle ainsi que le schéma d’inspection accrédité devrait être précisé. BELAC accrédite des organismes d’inspection pour des scopes spécifiques. Il accrédite des organismes d’inspection de type A, B et C. Qu’a choisi le ministre de l’intérieur avec son annexe 6 ? Il serait utile de les préciser. Mais un autre problème se pose. Par une telle formulation, le ministre de l’Intérieur confie à son collègue de l’Économie le soin de décider de la compétence d’un organisme en n’ayant aucun contrôle direct sur la bonne réalisation des contrôles que cet organisme effectuerait. À titre de comparaison, le SPF Travail qui a une très longue expérience dans le domaine des anciens « organismes agréés » a remplacé ce dernier concept, trop souvent galvaudé par le marché, par la nouvelle définition des SECT (Services externes de contrôle) largement décrite dans l’AR du 29 avril 1999 paru au MB 1999.09.02 (4). Cet AR impose une accréditation mais détaille, par le menu, toutes les obligations complémentaires de qualité, de missions, de contrôle et de pénalités qui s’appliquent à ces SECT. Ils sont accrédités mais c’est le ministre du travail qui les agrée et qui impose ses conditions. Il garde finalement la maîtrise sur ce SECT auquel il a confié une mission d’inspection. 7. Qui a dit qu’il y avait « comme un défaut » dans cette annexe 6 ? Le bon sens. Le bon sens tout simplement. D’abord le bon sens du juriste qui, normalement, connaît le statut d’application volontaire des normes NBN EN associées au respect des exigences essentielles des Directives ainsi que des textes des Décisions européennes qui font référence à ces normes. Le juriste, qui sait que, dans ce domaine particulier, nous ne sommes plus en Belgique mais en Europe avec un langage tech- nique européen qui doit être utilisé dans les législations nationales. Ensuite le bon sens du technicien, qui ne doit pas nécessairement être ingénieur civil pour constater que les solutions qu’on lui propose dans l’annexe 6 ne « collent » pas ni avec la simple logique technique ni avec les réalités du terrain, les réalités du monde de la construction. Seule l’autorité détermine le niveau de sécurité mais elle doit le faire en respectant, au moins, ces deux éléments de bon sens ci-dessus qui sont insuffisamment rencontrés dans le projet d’annexe 6. 8. Un mot sur la sécurité des secours Enfin, la sécurité des secours, dont celle des sapeurs-pompiers, ne peut pas se limiter à l’accessibilité, à l’approvisionnement en eau et aux plans monodisciplinaires. Le sapeur-pompier en intervention, au même titre que le policier et le militaire, n’est pas entièrement couvert par la législation sur le Bien-être au travail qui impose à l’employeur de supprimer ce qui est dangereux et de remplacer ce qui est dangereux par ce qui l’est moins. Tous trois doivent instantanément faire face au danger tel qu’il se présente. L’exigence essentielle de la DPC qui prévoit que « l’ouvrage doit être conçu et construit de manière que, en cas d’incendie, la sécurité des équipes de secours soit prise en considération », compense cette lacune législative et donne aux autorités, et donc aux sapeurs-pompiers, le pouvoir de relever TOUS les cas où il serait possible de remédier à des situations où leur sécurité pourrait être compromise. Une petite phrase débutant par « sans préjudice de… » serait utile en début du point 8 du projet d’annexe 6. Attention à l’esprit tordu qui pourrait dire : « J’ai assuré l’accessibilité de mon ouvrage, j’ai veillé à un très important approvisionnement en eau et j’ai transmis les plans monodisciplinaires d’intervention donc, je n’ai aucune autre obligation légale qui m’impose d’assurer la sécurité des secours ». La formulation actuelle de l’annexe 6 détruit la finalité recherchée par la DPC au détriment des sapeurs-pompiers et autres secours. 9. Conclusion Il faut apprécier le travail réalisé par les rédacteurs de l’annexe 6. Les objections techniques motivées, des acteurs de terrain tiers qui n’altèrent pas le niveau de sécurité défini par les autorités, doivent être prises en considérations par Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 37 Aspects techniques ces autorités. Le projet de cette annexe 6 relève d’une philosophie législative qui s’écarte très sensiblement des autres annexes des « Normes de base » et de nos législations habituelles. Son texte devra être sérieusement, rapidement et principalement commenté dès sa parution au Moniteur, par le SPF Intérieur et accessoirement, secondairement, par le privé. L’autorité doit avoir de l’autorité. Le caractère probabilistique, de l’annexe 6, qui se retrouvera dans d’autres législations futures et qui fait appel à des formulations mathématiques pas toujours évidentes à saisir, s’oriente, avec raison, vers une approche en trois variantes. • La première variante, ingénieuriale (fire safety engineering disent les Anglo-Saxons), par laquelle le respect de la législation est réalisé par des formulations mathématiques complexes ou des logiciels informatiques peu accessibles au commun ; • Une seconde variante, un peu plus simple ne nécessite que quelques calculs limités aux quatre opérations arithmétiques élémentaires. Mais cette approche doit englober toutes les possibilités réalisables par la première variante. • Une troisième variante, la plus simple et la plus sécuritaire, mais souvent la moins économique, qui se présente, comme dans nos anciennes législations, sous forme de chiffres parfois consignés dans un tableau : des surfaces limites en m2 et non en GJ, des classes R de résistance au feu minimale et très sécuritaire de la structure du bâtiment, des classes E ou EI des parois intérieures des compartiments, … Mais cette approche doit également englober toutes les possibilités réalisables par les deux premières variantes. Elle doit en être le plus grand commun dénominateur. Ce qui n’est actuellement pas le cas. Puissent ces quelques modestes considérations contribuer à rendre un texte légal plus univoque c’est-à-dire, interprétable simplement et de la même façon par tous ceux susceptibles d’en faire usage. H. ARESU DE SEUI (1) http://www.previ.be/dic/public/detail.cfm?MotID=747 (2) http://www.eurocode.info/download_files/GuidancePaperL.pdf (3) http://www.previ.be/dic/public/detail.cfm?MotID=2345 (4) http://www.ejustice.just.fgov.be/mopdf/1999/09/02_1.pdf#Page29 Que signifie ATEX 100A, ATEX 95, ATEX 118A et ATEX 137 ? On rencontre souvent ces expressions dans différents documents commerciaux. Un explosimètre est conforme à ATEX2100A ou qu’il est ATEX 95. D’où viennent-elles et que signifient-elles ? ATEX est l’acronyme, diminutif de « Atmosphères explosibles » qui désigne notamment les deux directives européennes définissant 1° de niveau de protection des appareils destinés à fonctionner dans des atmosphères explosibles 2° les obligations des employeurs qui emploient des travailleurs occupés dans ces atmosphères. Le 1° a été traité par la directive 94/9/CE qui a été prise sur base de l’article 100 A du traité insti- tuant la Communauté européenne. Cet article est devenu l’article 95 actuel du traité instituant la Communauté européenne. Le 2° a été traité par la directive 1999/92/CEE a été prise sur base de l’article 137 du traité instituant la Communauté européenne qui avait déjà remplacé l’article 118 A du traité instituant la Communauté européenne. C’est ainsi qu’on désigne la première directive par : ATEX 100A ou ATEX 95 et la seconde par : ATEX 118A ou ATEX 137 Complément d’information et textes des directives sur : http://www.previ.be/dic/public/detail.cfm?MotID=2342 38 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Aspects techniques Le Système de transport d’eau en grande quantité sur de longues distances Introduction Il n’est pas rare que, pour faire face à un incendie important, les pompiers doivent faire appel à des norias de camions-citernes pour pallier au manque d’eau disponible sur place. C’est une solution qui a fait ses preuves mais qui implique aussi des investissements importants en véhicules et qui requiert assez bien de personnel. Or, dans de nombreuses circonstances, une source d’eau importante est disponible à faible distance, moins de 2.000 m très souvent. Mais le matériel adéquat manque pour l’exploiter rapidement et efficacement. Pourtant, ceci serait souvent possible grâce au système de transport d’eau en grande quantité réunissant quatre innovations développées par la société néerlandaise HYTRANS FIRE SYSTEM (HFS) représentée en Belgique par la société SOMATI VEHICLES S.A. Cette solution a été retenue par de nombreux services d’incendie belges et étrangers ; elle bénéficie également de deux marchés du SPF Intérieur valables respectivement jusqu’en 2011 pour le HFS 150 et 2012 pour le HFS 450. Grâce à son caisson flottant, la pompe HFS fonctionne sous la surface dans une zone où l’eau est « propre » : on évite aussi bien les déchets flottants en surface que la boue du fond. Le cas échéant, la grande surface de la crépine évitera une obstruction intempestive de la pompe. b) Pas de problème d’accès au point d’eau En de nombreux endroits, il n’est pas possible d’amener la pompe à proximité du point d’eau : passage impossible pour un véhicule ou un conteneur, présence d’un obstacle… En outre, de nombreux points d’eau n’ont pas la profondeur suffisante pour placer convenablement la crépine. La pompe submersible est, elle, utilisable dans la plupart des situations (Fig. 2) : Première innovation : la pompe submersible a) Pas de problème d’aspiration Conformément aux lois de la physique (hydraulique) une pompe traditionnelle avec système d’amorçage doit être placée autant que possible à l’aplomb du point d’immersion de la crépine (longueur d’aspiration inférieure à 12 m) et à une hauteur inférieure à 7,5 m. Et encore, dans ces conditions, le débit sera diminué environ de moitié par rapport à un placement à une hauteur d’aspiration de 3 m ! On connaît bien aussi les problèmes de bouchage de la crépine, principalement lorsque celle-ci est proche du fond. La pompe flottante étant placée directement dans l’eau, son débit est toujours le même quelle que soit la différence de niveaux entre le plan d’eau et l’engin à alimenter ; ce qui change, c’est la pression. Selon les types de pompes, la différence de niveau entre la pompe flottante et le moteur thermique peut varier de 15 à 50 m. Fig. 2 – Entraînée par l’énergie hydraulique, elle peut être placée à plusieurs dizaines de mètres du moteur thermique qui lui fournit l’énergie nécessaire. La distance maximum est de 60 m, sauf pour le modèle HFS 60 où elle n’est que de 30 m. – Pour accéder au point d’eau, il suffit de pouvoir apporter la pompe et son caisson flottant, la présence de coudes ou de « siphon » dans le refoulement est sans grande importance. – Le cadre de transport avec ses petites roues et son poids limité permet à 2 ou 3 personnes de déplacer la pompe et de l’immerger dans l’eau sans aide extérieure. Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 39 Aspects techniques c) Les différents modèles de pompes Il existe deux pompes HFS de base, la HFS 1500 et la HFS 3000, et ces deux pompes se déclinent en plusieurs versions. La pompe HFS 3000 (Fig. 1) a un débit nominal de 3.000 l/min à Fig. 1 la pression de 10 bar, c’est elle qui est utilisée dans le système HS 150 acheté par le SPF Intérieur pour le débit nominal de 4.000 l/min à 8 bar. Elle pèse 115 kg et peut travailler dans 30 cm d’eau. Elle existe aussi en version « Hi Flow » avec un débit de 8.000 l/min à 2,5 bar et en version « Super Hi Flow » avec un débit de 11.000 l/min à 2,5 bar ; c’est cette dernière version qui est utilisée comme pompe nourrice dans le système HS 450 acquis par le SPF Intérieur pour l’Unité Permanente de Crisnée et dans le système HS 900 en service à l’Unité Permanente de Brasschaat. La Fig. 3 illustre les courbes « débits-pressions » de ces trois modèles de pompes. Dans sa version de base, la pompe HFS 1500 a un débit nominal de 1.500 l/min à la pression de 10 bar. C’est elle qui équipe l’unité HS 60. Dans sa version « Hi Flow », elle débite 4.000 l/min à la pression de 2,5 bar. Pour le système HS 60, il existe aussi une version « inondation » (Fig. 4) qui peut, via un tuyau léger de 300 mm (Fig. 5), débiter jusque 20.000 l/min à 0,3 bar et 10.000 l/ min à 1,4 bar. Fig. 4 Fig. 5 Fig. 3 En fonction des modèles et des applications, la pompe submersible aura besoin d’une pompe de pression (booster) ; dans ce cas, celle-ci est placée dans le même conteneur et entraînée directement par le moteur thermique qui entraîne aussi le système hydraulique pour la pompe submersible. Quelques autres caractéristiques de la pompe HFS 3000 Si la profondeur du point d’eau n’est pas suffisante pour faire flotter la pompe, il est possible de l’utiliser en immergeant seulement la crépine. On peut retirer le pompe de son cadre et du flotteur et l’utiliser dans un endroit confiné comme un égout… On peut retirer la crépine, fixée par un raccord Storz, et utiliser la pompe en relais en la raccordement à la ligne de refoulement. Il est assez facile de démonter la roue à aubes et de la remplacer par celle du modèle HFS Hi Flow, ce qui permet de travailler sur inondations avec un débit de 8.000 l/min. Comme les pompes Standard et Super Hi Flow sont interchangeables, on peut pour un investissement limité disposer d’une solution qui débite plus de 11.000 l/min. Avec une bonne prise de force, il est également possible d’installer sur un camion-citerne, par exemple, la pompe HFS 3000 (dans n’importe quelle version) ainsi que son système d’entraînement hydraulique. Ceci permet au véhicule d’accéder à de nombreux points d’eaux qui, autrement, ne seraient pas accessibles. Deuxième innovation : les tuyaux de grands diamètres Pour plusieurs raisons, les Services de Secours (pompiers surtout) ont privilégié les tuyaux de faibles diamètres : en Belgique, ce sont principalement les diamètres de 45 mm et de 70 mm. Les tuyaux de 110 à 150 mm ne sont disponibles, en petites quantités, que sur des véhicules dits à « grande puissance » ou « pour feux industriels ». Ceci a pour conséquence que les débits pouvant être transportés sont relativement faibles sous peine d’entraîner rapidement des pertes de charge importantes. De ce fait, les établissements en relais, nécessaires pour aller s’approvisionner en eau à quelques centaines de mètres ou plus, relèvent d’une forme d’utopie car on ne dispose généralement pas des moyens nécessaires en matériel et, surtout, en personnel pour les réaliser. 40 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Aspects techniques Actuellement, on a le plus souvent recours à des norias de camions-citernes qui requièrent également des moyens importants en hommes et en matériel. Un principe essentiel du système HFS est d’utiliser systématiquement des tuyaux de grands diamètres, au minimum 150 mm à partir de 4.000 l/min et, de préférence, les diamètres de 200 et 250 mm, voire de 300 mm pour les plus grands débits. On peut ainsi atteindre des distances de refoulement considérables pour des débits importants. À titre d’exemple, pour un débit de 4.000 l/min, un tuyau de refoulement de 4” (100 mm) présente une perte de charge d’environ 3 bar par 100 m, alors qu’un tuyau de 8” (200 mm) n’a une perte de charge que d’environ 0,13 bar par 100 m ! Il existe aussi une version allégée des tuyaux de 300 mm (Fig. 5) pour l’application en très basse pression à l’occasion d’inondations. Fig. 7 Troisième innovation : le conteneur à tuyaux Pour pouvoir appliquer les avantages d’une pompe à grand débit et des tuyaux de grand diamètre, il faut évidemment pouvoir mettre en œuvre rapidement ces tuyaux sur des distances importantes. C’est ainsi que dans les versions standard, le système de pompage est complété Fig. 6 par un conteneur à tuyaux permettant de réaliser un établissement de 1 000 à 2 000 mètres, rapidement et avec peu de personnel (un chauffeur). Selon les versions, ce conteneur à tuyaux peut être transporté simultanément (Fig. 6) ou séparément du conteneur pompe. Il est aussi possible d’avoir recours à plusieurs conteneurs à tuyaux pour augmenter la longueur de transport d’eau. Quatrième innovation : le système de récupération des tuyaux (HRU) Chacun peut imaginer ce que serait le travail de récupération d’un établissement de 1.000 m de tuyaux de 200 mm ou plus en longueurs de 50 m pesant chacune environ 150 kg ! Après une longue intervention forcément pénible ou à l’occasion des exercices, ce travail de forçats suffirait à décourager la plupart des services d’acquérir ce type de tuyaux. Il fallait donc prévoir un équipement qui permette de récupérer les tuyaux avec peu de personnel et un minimum d’efforts physiques. C’est ce qu’offre le HRU (Hose Recovery Unit) développé par Hytrans Fire System. Ce système est monté à l’avant du conteneur à tuyaux (Fig. 7). Il est principalement constitué d’un jeu de rouleaux, entraînés par un système hydraulique, qui tirent les tuyaux vers le haut pour les amener dans le conteneur. Le conducteur du camion avance à la même vitesse que le tuyau entraîné par le HRU. Dans le conteneur à tuyaux, deux personnes suffisent pour disposer le tuyau en écheveau. Ce système permet de récupérer environ 1.000 m de tuyaux en 30 minutes. Ce système HRU existe pour les diamètres de tuyaux jusque 200 mm et 300 mm et peut être proposé dans une version « Slide » qui peut être Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 41 Aspects techniques Fig. 8 déplacée de droite à gauche du conteneur ou en version « Tilt » qui reste toujours du même côté. L’entraînement hydraulique peut se faire au moyen de la prise de force du camion ou par un moteur indépendant (Power Pack). Cette unité peut être facilement installée sur un conteneur existant. Autres points forts de HYTRANS FIRE SYTEM a) Un premier point important est le système électronique de commande et de contrôle du groupe de pompage (Fig. 8) connu sous le nom de IQUAN qui a été développé pour offrir une interface ergonomique et simple d’emploi. Par ailleurs, les systèmes de contrôle implémentés permettent de libérer presque totalement l’opérateur : – les variations de débits sont automatiquement prises en charge et la vitesse du moteur adaptée en conséquence ; – les différents dysfonctionnements sont signalés par un dispositif lumineux et sonore ; – il en est de même pour d’autres informations telles que le niveau insuffisant de carburant pour le moteur Diesel ; – en cas de dysfonctionnement pouvant avoir des conséquences néfastes pour l’unité, le système va adapter les conditions de fonctionnement ou s’arrêter automatiquement. Parmi les nombreuses informations disponibles, on peut citer : – les fonctions liées au moteur thermique, les conditions de fonctionnement du système hydraulique d’entraînement de la pompe flottante, les caractéristiques de fonctionnement de la pompe de refoulement, … ; – le débit calculé en permanence ; – un module de calcul de la distance maximale de refoulement en fonction des conditions de pression et débits ainsi que de la hauteur de l’extrémité de la Fig. 9 ligne de refoulement (Fig. 9) ; – un journal reprenant l’historique des événements. En option, ce système IQUAN peut être doté d’un module de communication par GSM pour certains réglages à distance (vitesse moteur, …) par l’opérateur. b) Dans le conteneur à tuyaux, le système de HoseBloc® (Fig. 10) empêche les tuyaux de glisser vers l’arrière et de venir s’appuyer sur la porte, lors des manœuvres de dépose du conteneur. Il s’agit de profilés en polyuréthane qui n’ont pas d’effet négatif sur le déroulement des tuyaux. C’est une solution efficace qui peut être adaptée sur tous les conteneurs existants. c) Pour les tuyaux des plus grands diamètres, Hytrans a développé un système de raccords symétriques multi cames (Fig. 11), facile et sûr. d) Pour les tuyaux de diamètre 150 mm, il existe un système de pont à tuyaux qui permet de limiter à 100 mm la hauteur de franchissement (Fig. 12). Fig. 10 42 Le Sapeur-Pompier Belge n° 2/2009 Aspects techniques Fig. 11 Pour les plus grands diamètres de tuyaux, il existe également des ponts à tuyaux qui permettent un franchissement aisé par les différents véhicules (Fig. 13). e) Il existe aussi quelques équipements qui peuvent être entraînés par le circuit hydraulique du HS 60, principalement : Une génératrice de 38 kVA (Fig. 14). Un ventilateur à pression positive de 120.000 m3/h (Fig. 15) Fig. 14 Fig. 12 Fig. 15 f) Enfin, la mise en œuvre d’établissements avec des tuyaux de grands diamètres nécessite aussi une large gamme de pièces de robinetterie adaptées : divisions, réductions, pièces intermédiaires, vannes d’arrêt, … (Fig. 16). Fig. 16 Conclusion Fig. 13 Le recours au système de pompe flottante d’HYTRANS est une façon de travailler plus écologique et plus économique, car on évite ainsi de puiser abondamment dans les réserves d’eau potable du réseau de distribution. Entrer dans le monde HFS, c’est profiter d’une dimension nouvelle de l’approvisionnement en eau dans le cadre de la lutte contre l’incendie, c’est disposer de moyens importants pour les travaux d’épuisement en cas de grandes inondations. En Belgique, dix-sept services d’incendie, deux Unités permanentes de la Protection civile et une entreprise privée sont déjà des utilisateurs convaincus. Pourquoi pas vous ?