Appareils domestiques
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CLER Infos #75 mars–avril 2010 Appareils domestiques : en route pour l’efficacité énergétique 03 La RT2012 ne sauvera pas le chauffage électrique 06 Installateurs Technosolar : lettre ouverte sur les PAC 18 Les champions 2010 de la Ligue EnR France www.cler.org Le mot de… Didier Lenoir, vice-président du CLER ERDF, pour un véritable service public de l’électricité ? Parce que 95 % des communes (ou syndicats de communes) françaises ne disposent pas d’ELD (Entreprise Locale de Distribution), elles se trouvent dans l’obligation de confier à EDF (via sa filiale ERDF) la gestion de leurs réseaux de distribution d’électricité. Sommaire 2 Le mot de… 3-5 Actualités 6 Tribune 7-16 Dossier : Appareils domestiques : en route pour l’efficacité énergétique 17 Veille règlementaire + Zoom sur… 18 Collectivités et énergies 19 Vie du réseau 20 Agenda + Chiffres clés Or, au fil des ans, EDF est peu à peu sortie de son rôle exclusif de service public afin de poursuivre des objectifs d’entreprise, visant une place éminente en Europe dans tous les domaines de la production, du transport, de la distribution et de la fourniture d’électricité. Cette politique demande des investissements considérables, en partie financés par les résultats réels ou apparents de l’exploitation des réseaux en France. C’est ainsi que ces derniers ont été insuffisamment entretenus, assez peu maillés et peu enfouis, entraînant des coupures longues et préjudiciables aux territoires desservis alors que les provisions normalement prévues pour ce type de travaux se sont évaporées au fil des ans, en alimentant les résultats d’EDF. Les dégâts considérables survenus dans plusieurs régions pendant l’hiver 2008-2009 obligent maintenant EDF à entreprendre des travaux. Pour les financer, l’État a augmenté la part des tarifs correspondant à la distribution… ce qui revient à faire payer une seconde fois ce qui aurait dû être pris dans les provisions disparues ! Dans ces conditions, il ne sera possible de faire progresser en France une politique de développement durable que si l’autorité des collectivités est rétablie pour la gestion des réseaux de distribution d’électricité. CLER Infos, Bimestriel édité par le CLER 2, rue Jules Ferry - Bât. B 93100 Montreuil [email protected] www.cler.org Pour cela, il faut un renforcement du service public de l’électricité, assuré par des collectivités pouvant choisir librement le mode de gestion (régie ou concession) qui leur convient et, dans le cas de la concession, que les règles européennes et françaises de mise en concurrence s’appliquent au choix de l’entreprise concessionnaire. Ces pratiques, utilisées dans tous les autres domaines des services publics locaux, permettent aux collectivités de mener leurs politiques sans se heurter en permanence au comportement de leurs concessionnaires. L’obligation de confier à ERDF la concession des réseaux de distribution de l’électricité : – crée une grave inégalité entre les citoyens : les communes ne possédant pas une ELD participent de manière contrainte au financement de l’expansion de EDF, société anonyme, et sont privées d’importants moyens pour concevoir et mettre en œuvre leur politique de développement durable ; – est illégale car la prééminence des directives européennes sur les lois nationales ne permet pas les attributions des concessions sans mise en concurrence, c’est-à-dire sans un travail approfondi de la collectivité concédante et du concessionnaire permettant une bonne gestion. Après des décennies de silence sur cette situation préjudiciable au développement de la France et de ses territoires, cette question commence à être posée publiquement. Il faut tout faire pour qu’une réponse satisfaisante lui soit rapidement donnée. Responsables de la publication : Anne-Sophie Peyret-Rosà, Cécile Delaittre. Gestion du dossier thématique : Christel Leca. L’équipe du CLER Infos : R. Akougna, R. Claustre, C. Delaittre, L. Esnault, C. Lalot, C. Leca, M. Moisan, S. Patout, A.-S. Peyret-Rosà, E. Porcher, Y. Régnier, S. Vautier. Ont participé à ce numéro : Sophie Attali, Elisabeth Barthares, Evelyne Bisson, Aude Lenoir, Didier Lenoir, Edouard Toulouse. Technosolar. Création & réalisation graphique : L’Atelier/Fred Dupuis. Imprimé sur papier recyclé avec des encres végétales. Photos de couverture : © Sergeyt – Dreamstime.com ; Nimbus – fotolia.com ; R.Claustre/CLER ; Sophie Winters – fotolia.com ; CLER/Ligue EnR France. N° ISSN : 1291 - 3065. Publié avec le soutien de l'ADEME et du MEEDDM. Le contenu de CLER Infos ne représente pas nécessairement l’opinion de l'ADEME et/ou du MEEDDM. C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 0 3 Actualités France La RT2012 ne sauvera pas le chauffage électrique L’objectif symbolique de 50 kWh/m2.an pour les bâtiments neufs a fait l’objet de très nombreuses attaques visant à le moduler, l’affaiblir, le ramollir. Depuis le début du Grenelle en juin 2007 les occasions de faire vaciller les 50 kWh/m2.an, en particulier pour avantager le chauffage électrique, ont été nombreuses : Tables Rondes du Grenelle, Assemblée nationale, Sénat, OPECST… Mais à quelques semaines de la sortie des décrets, nous avons toutes les raisons d’être optimistes. La dernière version présentée par l’administration propose une RT2012 entachée de très peu d’entorses. Mais surtout, elle ne comporte aucune modulation pour l’électricité, qu’elle soit utilisée pour le chauffage ou l’eau chaude sanitaire. La seule énergie bénéficiant d’une «compensation» pour ses vertus en matière de gaz à effet de serre est la biomasse ! La réglementation imposera, outre une consommation énergétique maximale (Cmax), un indicateur contraignant sur la conception du bâtiment sans considérer ses équipements, de manière à s’assurer de son caractère bioclimatique (Bbio). Un 3e indicateur viendra garantir, pendant les premières années, qu’aucunes dérives ne se produisent sur les surchauffes estivales (Tic). En plus de ces exigences de performance, des indicateurs imposant des obligations de moyens viendront aider la pénétration de certaines technologies : – surface de vitrages supérieure à 1/6 de la surface habitable en logement ; – obligation d’usage des EnR en maison individuelle : chauffe-eau solaire individuel ou production locale renouvelable supérieure à un seuil (5 kWh/m2.an) avec exemption pour les maisons équipées de systèmes de production d’eau chaude thermodynamique (pompe à chaleur) ou de micro-cogénération ; – obligation de traitement des ponts thermiques significatifs ; – obligation de traitement de la perméabilité à l’air des logements (via test ou démarche qualité) ; – obligation de comptage et affichage d’énergie par usage. Du côté des modulations, la plupart auront pour but d’atteindre l’objectif moyen de 50 kWh/m2.an avec efficacité : – modulation géographique (facteur 0,8 à 1,3) et altitude ; – modulation selon le type de bâtiment ; – modulation selon la surface des logements (ajout de 0,4 à –0,25 au coefficient géographique) afin de ne pas encourager la hausse de la surface de logements. la RT2012 est presque bouclée. Et, à moins de dernières influences mal intentionnées, elle devrait être plus ambitieuse qu’on ne le pensait ! Cap sur les métiers de la croissance verte En septembre 2009, Madame Valérie Létard, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM), a initié un plan de mobilisation des filières et des territoires en faveur des métiers de la croissance verte. Ce plan se trouve intégré dans le Pacte de solidarité écologique et s’inscrit dans la dynamique du Grenelle de l’environnement. Et certaines modulations ont pour objectif de faire entrer dans le cadre de la RT2012 des solutions techniques qui en seraient exclues : – zones CE2, c’est-à-dire les bâtiments où la climatisation est considérée nécessaire (facteur 2 pour la moitié des immeubles de bureau et certaines habitations, c’est-à-dire un doublement de la consommation autorisée) ; – bois et biomasse (0,3 s’ajoutant aux autres / 0 à 0,3 pour les réseaux de chaleur selon les énergies primaires utilisées). Le 28 janvier 2010, le MEEDDM organisait une conférence nationale avec pour objectif de rapporter les éléments de travail ayant contribué à l’élaboration de ce plan de mobilisation. Ce dernier concerne 11 filières pour lesquelles les créations ou les transformations d’emplois seront les plus nombreuses. Potentiellement, selon une étude réalisée par Boston Consulting Group, 600 000 emplois sont susceptibles d’être créés, de 2009 à 2020, tous niveaux de qualification confondus, dans les secteurs du bâtiment, des infrastructures et des énergies renouvelables. 450 Mds d’euros dont 170 Mds financés par l’État et les collectivités territoriales, contribueront aux investissements et notamment aux emplois. Il reste malgré tout quelques inquiétudes sur le contrôle des exigences de perméabilité car la substitution d’un test à la «porte soufflante» par une démarche qualité pourrait poser de sérieux problèmes. Les derniers arbitrages devraient être rendus rapidement mais le caractère officiel de la présentation du 19 février laisse penser que Dans le cadre de ses missions emploi-formation, le CLER a participé aux réunions du comité de filière Énergies Renouvelables. Lors du rapport final de ce comité, 12 recommandations ont été énoncées : – poursuivre et amplifier la croissance ; – communiquer ; – donner pour recevoir ; 04 I Actualités – former tous les étudiants architectes ; – promouvoir la cohérence et la qualité architecturales dans le secteur des maisons individuelles ; – former à la théorie et à la pratique ; – mettre en phase l’offre et la demande ; – diffuser l’information ; – rémunérer de façon appropriée, en particulier dans les petites structures ; – former les formateurs ; – assurer la qualité, la sécurité, la durabilité et le respect de la réglementation ; – travailler sur l’offre et la demande de formation continue des collectivités, territoires et départements d’outre-mer. Énergies renouvelables et efficacité énergétique représentent un secteur en plein essor sur le marché de l’emploi : – 300 000 emplois équivalents temps plein en 2009, soit une augmentation de 90 000 emplois depuis 2006 (+27%) ; – 200 000 emplois dans cette filière seront créés à horizon 2020. Les emplois visés par le plan d’action concernent essentiellement des métiers existants qui seront amenés à évoluer. Concernant les métiers émergeants, les postes de contrôleur qualité, de juristes ou avocats avec une spécialisation dans les énergies renouvelables se voient accorder une attention particulière. Le comité a pointé, d’une part, un besoin en matière de formation à l’efficacité énergétique, et aux énergies renouvelables, et d’autre part, un besoin de formation des formateurs. En ce qui concerne l’émergence de nouvelles formations, l’Éducation nationale a créé une mention complémentaire au baccalauréat professionnel portant sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique des bâtiments pour compléter les baccalauréats professionnels «Électrotechnique, énergie, équipements communicants» et «Installation des systèmes énergétiques et climatiques». Quant au besoin de formation des formateurs, action primordiale dans le cadre de la formation des jeunes ou des personnes en reconversion, une étude spécifique des besoins sera conduite en 2010, par l’Ademe, le CSTB et l’Ines. Ainsi, la conférence du 28 janvier dernier a permis d’amorcer une dynamique qui devrait prendre de l’ampleur dans les mois à venir. Cette accélération ne pourra être déterminante qu’à travers un important travail de coordination entre les différents acteurs des projets, sous l’impulsion de l’État, des collectivités locales, des partenaires sociaux et des acteurs économiques, mais aussi à travers une meilleure lisibilité dans l’offre de formation, la mise en place d’une démarche de promotion de la qualité des formations, et une simplification des démarches de financement. > En savoir plus Plus d’information sur les 11 filières sur le site du CLER : www.cler.org/info/spip.php?article=7885 Europ Les orientations politiques de Connie Hedegaard pour lutter contre le changement climatique Connie Hedegaard, ancienne ministre danoise du climat et de l’énergie, a été auditionnée par le Parlement européen le 15 janvier dernier avant d’occuper le nouveau poste de Commissaire européen de l’action pour le climat. C’est dans ce cadre que Mme Hedegaard a insisté sur son engagement concernant la réduction des émissions liées au transport. Ainsi, elle devrait proposer au cours de son mandat un paquet législatif intégré sur le climat et les transports. Pour mener à bien ses objectifs, la Commissaire propose d’appliquer le principe du programme d’échange d’émission de l’Union européenne. Elle en a également profité pour réaffirmer la nécessité d’intégrer l’action climatique au cœur de toutes les politiques de l’Union européenne soulignant que les domaines d’application de la thématique climatique sont transversaux à l’ensemble des différents champs d’action de l’Europe des 27. Concernant ses prises de positions, on peut souligner que la commissaire s’est déclarée totalement contre des investissements excessifs dans le nucléaire et qu’elle ne soutient pas par ailleurs un objectif contraignant concernant l’efficacité énergétique. Elle agira aux côtés de Günther Oettinger, nouveau Commissaire en charge de l’énergie, qui occupait auparavant le poste de Premier ministre du BadeWürttemberg et du Commissaire en charge des transports, l’Estonien Siim Kallas. C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 0 5 Actualités pe Transferts de renouvelables entre pays La Directive 2009/28/CE, qui amènera l’Europe à consommer 20 % d’énergie renouvelable en 2020, prévoit des mécanismes de flexibilité permettant aux États membres qui le souhaitent d’échanger des parts de production d’origine renouvelable. En effet, ils pourront choisir d’importer une certaine quantité de leur énergie renouvelable ou, à l’inverse, d’en exporter une partie. Autrement dit, certains États seront autorisés à ne pas respecter leurs obligations européennes, à condition que d’autres s’engagent à dépasser leurs objectifs et à transférer leurs excédents. Mais pour que cela fonctionne, il faut bien sûr que les excédents soient au moins égaux aux déficits. L’Europe a donc demandé aux État membres d’annoncer leurs prévisions. Quelques États s’attendent à un déficit de 50 à 340 ktep (Belgique, Bulgarie, Danemark, Luxembourg...). Pour le combler, plusieurs États se sont déjà déclarés prêt à atteindre des parts de consommation d’énergie renouvelable volontaristes : l’Espagne prévoit 22,7 % au lieu des 20 % prévus (+2,7 Mtep), l’Allemagne dépasserait légèrement ses 18 % et la Suède s’est unilatéralement fixée un objectif de 50,2 % au lieu des 49 % qui lui sont imposés. Quant à la France, elle a annoncé qu’elle atteindrait seule ses 23 %, sans faille ni excès. Son courrier insinue toutefois qu’elle compte bien importer de l’électricité issue du Plan Solaire Méditerranée. > En savoir plus Plateforme de transparence de la directive EnR : http://tinyurl.com/DirectiveEnR Appel à… L’ADEME soutient Appel public à votre thèse concurrence : Communauté de Communes Vallée Le programme Formation par la Recherche du Sausseron de l’ADEME vise à renforcer les capacités L’objet du marché concerne l’implantation et l’exploitation d’une centrale de production d’électricité solaire photovoltaïque au sol. Dans le cadre de son action engagée en faveur du développement durable sur le domaine des portes du Vexin, et notamment sur le parc d’activités économiques, la Communauté de Communes de la vallée du Sausseron lance une consultation pour l’implantation d’une centrale de production d’électricité solaire. Celle-ci sera réalisée sur le site des portes du Vexin à Ennery (95). Cette installation au sol utilisera les techniques de conversion du rayonnement solaire en électricité à partir de technologies photovoltaïques. La communauté de communes dispose de parcelles de terrain sur le site des portes du Vexin et envisage de mettre à disposition ce terrain à un opérateur en vue de l’implantation et l’exploitation par celui-ci d’une une centrale de production d’électricité solaire. Le présent appel à projets s’adresse à tous types de porteurs de projet. Afin de réunir diverses propositions, la communauté lance cet appel à projets sur la base d’un cahier des charges fixant les conditions de participation. Durée du marché : à compter du 01/09/2010 et jusqu’au 01/10/2011. Date limite de réception des offres : 11/06/2010 à 16 heures. > En savoir plus http://tinyurl.com/yzwu5no de recherche au plan national dans les domaines d’intervention de l’ADEME. Depuis 1992, plus de 1 500 étudiants ont bénéficié de ce programme pour ensuite s’insérer professionnellement en tant que chercheur dans les établissements publics, dans les entreprises, dans les métiers de service, voire pour créer leur propre entreprise. En outre, les résultats des travaux de recherche doivent contribuer à l’innovation technologique et à l’expertise nationale et être pleinement valorisés à ce titre. L’objectif de cet appel à candidatures est la sélection annuelle des doctorants dans le cadre de projets de thèse associant un candidat, un laboratoire d’accueil et, généralement, un partenaire co-financeur. Soit 60 projets sur une base moyenne de 200 à 220 candidatures déposées. Il est souhaitable lors du montage du projet de prendre contact avec un ingénieur ADEME spécialiste du domaine concerné (voir l’onglet «Informations et outils complémentaires» sur le site de l’Ademe). Ouverture des inscriptions le 1er janvier 2010. Les candidatures sont à déposer en ligne sur l’extranet TheseNetAdeme : www.thesenet.ademe.fr Date limite de réception des dossiers : 31/03/2010. > En savoir plus http://tinyurl.com/yfbfuev Pour publier vos appels d’offres : [email protected] 06 I © Sophie Winters – fotolia.com Tribune Lettre ouverte des installateurs de Technosolar au bureau de Qualit’EnR Technosolar Notre association regroupe 34 entreprises réparties sur le territoire national. Grâce à nos expériences nous avons acquis des compétences et des savoir-faire nous permettant de répondre précisément à la demande de notre clientèle en recherche de solutions énergétiques respectueuses de l’environnement et allant dans le sens d’une plus grande sobriété énergétique. Le développement des énergies renouvelables et leur mise en œuvre font partie intégrante de la vie de nos entreprises. Les nécessités de qualité des installations, nous les connaissons, pour l’offrir à nos clients depuis le début de nos activités, malgré des matériels qui ne sont pas toujours en conformité avec ce que nous souhaiterions trouver. Nous nous sommes toujours engagés sur des résultats et sur des évaluations de systèmes auprès de nos clients. Il nous semblait que la mission de Qualit’EnR était la même... Ne nous considérant nullement comme «consommateur d’appellation» mais bien comme acteur impliqué et militant de la filière EnR, aussi, nous unissons nos voix pour faire part de nos inquiétudes. Comment se fait-il qu’une association, dont l’un des objectifs annoncés est «le développement de la qualité d’installation des systèmes à énergie renouvelable», accepte de prendre en compte la gestion d’une nouvelle appellation concernant les pompes à chaleur ? Ce type d’appareils ne peut pas être considéré comme une EnR ; le bilan complet en termes d’énergies primaires réellement consommées et de CO2 rejeté le démontre bien. Certes, ces appareils permettent parfois un chauffage performant, mais toujours à partir d’énergie électrique. Or, rappelons-le, l’énergie électrique est, à 84 %, d’origine non renouvelable en Europe. Nous installons des systèmes qui produisent de l’énergie et non des appareils qui en consomment. Ce ne sont pas les quelques petits degrés récupérés dans l’air, dans l’eau ou dans la terre qui peuvent compenser les dégâts des fluides frigorigènes et justifier la production (et l’utilisation) immodérée d’une électricité génératrice de déchets dangereux pour l’humanité et productrice de gaz à effet de serre. En ce qui concerne les performances, la comparaison est encore plus intéressante. Par exemple, le COP de nos installations solaires est de l’ordre de 20 à 30 (et jusqu’à 100 si l’on prend les performances d’été). Ceux annoncés pour les PAC ne sont calculés que par les fabricants et ne tiennent pas compte des consommations des auxiliaires ni des variations de température hivernale (COP annoncé : de 3 à 5, COP mesuré : entre 1 et 2,5). Sans parler des gaz frigorigènes qui finissent toujours par se faufiler par-ci par-là, avec un impact sur l’effet de serre encore très élevé (1 000 fois plus élevé que le CO2). Un réfrigérateur jeté dans la nature représente l’équivalent de 3 ans de chauffage fioul d’une villa ! De plus, la multiplication des pompes à chaleur fragilise le réseau de distribution électrique déjà fortement sollicité par les logements chauffés à l’électricité pendant les périodes de pointe hivernales. En conclusion, nous estimons qu’intégrer Quali’Pac aux labels de Qualit’EnR, c’est créer la confusion et jeter le discrédit sur Quali’Sol, Quali’Bois et Quali’PV. Plus largement, d’autres problèmes se posent : – comment se fait-il qu’une association, créée pour aider et accompagner les entreprises dans la réalisation d’installations EnR de qualité, accepte au sein de son conseil d’administration des entreprises nationales dont le but premier est de vendre de l’énergie non renouvelable ? – comment ne pas croire que dans quelques temps ces mêmes entreprises nationales seront tentées de favoriser leur métier de base : la vente d’énergie ! Pour nous, Quali’Pac est avant tout un outil de promotion des énergies fossiles et non des EnR. On ne refait pas l’histoire, elle se renouvelle : celle des entreprises comme celle des Hommes… Aujourd’hui, nous assistons en spectateurs actifs mais impuissants à ce que nous considérons comme une mutation, voire une métamorphose de l’association Qualit’EnR... qui ne mérite plus son nom. > En savoir plus L’association Technosolar invite les lecteurs à faire part de leur accord en venant signer cette lettre sur le site www.technosolar.fr C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 0 7 Dossier Appareils domestiques : en route pour l’efficacité énergétique L’efficacité des équipements aux bons soins de Bruxelles Raphaël Claustre, directeur du CLER Le terme de maîtrise de l’énergie cède progressivement sa place aux notions de sobriété et d’efficacité énergétique. Pire, les rapports PPI décrivant les grandes orientations de la production énergétique de la France publiés fin 2009 semblent déjà avoir oublié les 20 % : l’objectif n’est mentionné nulle part et les scénarios présentés se contentent de 17 % d’efficacité ! Peut-on vraiment envisager la production d’énergie si l’on n’a pas préalablement traité la consommation et sa maîtrise ? Même le législateur français s’est plié à le préciser dans la loi Grenelle 1. Mais cette dernière oublie d’évoquer l’efficacité des équipements et ne traite que celle des transports et des bâtiments. Certes, l’objectif européen des «3 x 20» pour 2020 est bien repris dans le texte, mais la composante «efficacité énergétique» reste trop fragile. Des trois objectifs (baisse des émissions de gaz à effet de serre, part renouvelable, efficacité énergétique), la baisse de la consommation de 20 % par rapport au scénario tendanciel est la seule à n’avoir aucun caractère juridiquement contraignant. La France a d’ailleurs tendance à se préoccuper assez peu de cet objectif et à en laisser toute la responsabilité à l’Europe. Le texte de loi Grenelle 1 explique par exemple que la France «concourra, de la même manière, à la réalisation de l’objectif d’amélioration de 20 % de l’efficacité énergétique de la Communauté européenne». Pourtant, le potentiel est colossal et il sera notamment traité à travers la directive européenne «Éco-conception», largement détaillée dans ce dossier. Cette directive est d’une efficacité redoutable (suppression des produits inefficaces) mais la complexité de sa mise en œuvre l’est tout autant. Heureusement, des associations européennes veillent, décryptent et alimentent leurs équivalents nationaux. Ainsi, lors des réunions de consultation nationales au cours desquelles les États-membres échangent avec les parties prenantes afin de déterminer leurs positions, le CLER représente les associations environnementales, nourri par l’expertise européenne. Il y a deux ans encore, ces réunions se seraient tenues entre le gouvernement et des industriels trop souvent frileux, n’ayant pas pris conscience que l’efficacité énergétique est, outre une urgence environnementale, une opportunité économique unique pour eux. Mais aujourd’hui, le gouvernement sollicite les associations et celles-ci sont organisées pour répondre et parviennent à se faire entendre. C’est sans doute cela le gain le plus certain du Grenelle. 0 8 I D o s s i e r A p p a r e i l s d o m e s t i q u e s : e n r o u t e p o u r l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e Enjeux L’efficacité énergétique : un gisement conséquent Raphaël Claustre, CLER L’efficacité énergétique est définie comme le rapport entre l’énergie utile (celle délivrant la fonction attendue par l’utilisateur) et l’énergie primaire consommée (énergie prélevée dans la nature). S’agissant des appareils électroménagers, on se concentrera sur le rapport entre l’énergie finale (celle achetée par un consommateur final) et l’énergie utile. On estime qu’en France, la perte d’énergie chez le consommateur final est de 46 %, autrement dit, près de la moitié de l’énergie que nous achetons nous est inutile. Entendons-nous bien, inutile signifie ici que l’énergie n’a pas servi à délivrer le service attendu par le consommateur. La notion d’utilité pourrait également être envisagée sous l’angle des consommations d’énergie superflues, à l’inverse de la nécessaire sobriété énergétique. 275 Mtep Énergie primaire prélevée sur l’environnement 162 Mtep Énergie finale 41% Pertes d’énergie à la production et aux transports 113 Mtep achetée par les consommateurs 46% Pertes d’énergie à l’utilisation 74 Mtep 88 Mtep Énergie utile délivrant le service attendu Efficacité du système énergétique français (Source : observatoire de l’énergie 2006, MIES, 2004) Eau chaude (11%) Cuisson (6%) Froid (6%) Éclairage (5%) Chauffage (55%) Lavage (6%) Autre (11%) Consommation d’énergie primaire des ménages français (Source : Gobal Chance) De la sobriété avant tout Si la sobriété n’est pas l’objet de ce dossier, il est essentiel de rappeler qu’elle est indissociable des questions plus techniques de l’efficacité et de la production renouvelable. D’abord parce que la sobriété énergétique est évidemment la plus rentable des solutions du point de vue économique et environnemental. Mais aussi parce qu’elle est le rempart contre l’effet rebond, c’est-à-dire la tendance à compenser un gain énergétique par une consommation additionnelle. L’exemple des télévisions est probant. En passant des écrans à tubes cathodiques aux écrans LCD, nous aurions pu espérer un gain d’énergie grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique. Mais cette transition technologique s’est accompagnée d’une hausse continue de la taille des écrans et donc de leur consommation : alors que les écrans de plus de 69 cm représentaient 20 % du marché en 2000, ils atteignaient déjà 56 % en 2007 et devraient atteindre 76 % en 2010. Si on y ajoute la hausse du temps passé devant la télévision (supposée égale à sa durée de fonctionnement…) de 15 % entre 1995 et 2005, on comprend que l’amélioration de l’efficacité énergétique ne permet pas d’endiguer la hausse de la consommation due à un manque de sobriété sur les usages (utilisation croissante de l’appareil) et sur l’équipement (appareil sur-dimensionné). Comment endiguer cette hausse des consommations ? La mise en oeuvre d’une telle politique exige donc de recourir à tous les outils existants : – des mesures de type information/sensibilisation, étiquettes énergie en tête, mais aussi campagnes sur les économies d’énergie et actions de formation... (cf. page 15) ; – des mesures fiscales : outre le bonus/malus qui fut un temps envisagé sur les ampoules, la contribution énergie climat serait un outil extrêmement utile en la matière si elle s’appliquait à l’électricité ; – des mesures contraignantes : c’est l’objet de la directive Éco-conception (présentée en page 10) qui retirera progressivement du marché européen les appareils les moins efficaces. Mais pour aller chercher ce gisement d’économie d’énergie, il est essentiel de pouvoir caractériser les consommations actuelles et les évolutions attendues. Le chauffage, premier poste de consommation On constate bien sûr que le chauffage, électrique ou non, constitue le premier poste de consommation des ménages, suivi par l’eau chaude sanitaire et la cuisson. C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 0 9 Autres (12%) Veilles (8%) Froid (23%) Chargeurs et batteries (3%) Ordinateurs (4%) Lave-linge (10%) Décodeurs TV (2%) Téléviseurs (10%) Lave-vaisselle (4%) Climatiseurs (3%) Éclairage (16%) Ventilation (4%) Consommation d’électricité spécifique des ménages européens en 2007 (Source : JRC) À eux trois, les postes de production de chaleur représentent 70 % de la consommation d’énergie primaire résidentielle des Français. Cette production de chaleur est assurée pour plus d’un tiers par de l’électricité. Du côté des consommations d’électricité spécifique, c’est le froid qui arrive en tête (23 % de la consommation d’électricité spécifique des ménages européens pour les réfrigérateurs et congélateurs) suivi par l’éclairage (16 %), les lave-linge et lave-vaisselle (10 % et 4 %), la télévision et ses décodeurs (10 % et 2 %), puis les veilles (8 % ) ! Ce sont ensuite des consommations plus récentes qui apparaissent : ordinateurs (4 %), climatisation (3 %), chargeurs de batteries (3 %). Attention aux consommations additionnelles Ces appareils inquiètent surtout par les consommations additionnelles croissantes qu’ils génèrent. Ainsi, dans les scénarios tendanciels, la consommation des décodeurs de télévision augmenterait de 600 % d’ici 2020, celle des télévisions de 140 % et celle des climatiseurs et ventilateurs de confort de 115 % ! Des mesures ambitieuses pour conduire à une baisse de 30 % Il y a fort heureusement des mesures d’efficacité énergétique destinées à empêcher un emballement sur ces consommations. La directive Éco-conception en particulier définira des critères d’efficacité énergétique pour tous les produits consommant de l’énergie. L’association Ecos estime, par exemple, que pour l’ensemble des produits qu’a commencé à étudier la directive Éco-conception, des mesures d’efficacité énergétique ambitieuses pourraient conduire à une baisse de 30 % de la consommation au lieu d’une hausse de 12 % du scénario tendanciel. La réalité se trouvera entre les deux, selon le complexe jeu d’acteurs décrit dans ce dossier. Les économies par le coût global Le calcul du coût global pour l’utilisateur additionnant le coût d’achat et la consommation d’énergie des appareils permet bien souvent de démontrer la rentabilité des appareils les plus efficaces. Encore faut-il accéder à l’information. Voici deux exemples (Données issues du guide Topten présenté page 16 et de www.leguide.com). Lave-linge Classe Coût total sur 15 ans Performance Whirlpool (AR1804) Energivore déconseillé par Topten A+ B (B correspond aujourd’hui aux appareils les plus énergivores) 836 € (50 % investissement, 50 % fonctionnement) 725 € (66 % investissement, 33 % fonctionnement) Les performances constructeurs globales sont légèrement meilleures pour les appareils de classes supérieures Ampoules Classe Coût total sur 10 ans (1 000h de fonctionnement par an) Performance Osram Dulux Star 15W A 44 € (2 ampoules + 20 € d’électricité) Le nombre d’allumages, les caractéristiques de la lumière et la rapidité d’allumage sont aujourd’hui très satisfaisant sur la majorité des ampoules (voir guide TopTen) Ampoule à incandescence E 113 € (10 ampoules + 98 € d’électricité) 1 0 I D o s s i e r A p p a r e i l s d o m e s t i q u e s : e n r o u t e p o u r l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e Directive Éco-conception La Directive Ecodesign pour les nuls Christel Leca, CLER et Edouard Toulouse, Ecostandard La Directive européenne Éco-conception pour les produits consommateurs d’énergie, plus familièrement nommée Directive Ecodesign (ou EuP pour «Energy Using Products»), a été adoptée en juillet 2005. Son objectif : améliorer la performance environnementale des produits consommateurs d’énergie mis en vente sur le marché européen, contribuant ainsi à atteindre les objectifs environnementaux de l’Union européenne (notamment les 20 % de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020). Son originalité (et sa complexité) : elle ne couvre pas que les questions de consommation d’énergie mais s’attache en théorie à réguler plus largement tous les impacts environnementaux significatifs des produits, «du berceau à la tombe», aussi bien dans les secteurs résidentiel, tertiaire et industriel. Les premiers produits étudiés sont d’usage très courant : chaudières, ampoules, téléviseurs, réfrigérateurs, lave-linge, moteurs électriques industriels, ordinateurs… Une Directive-cadre... suivie de mesures d’application La Directive-cadre adoptée en 2005 ne fixe que les grandes lignes. Charge à des mesures d’application de préciser les exigences produit par produit, qui peuvent prendre la forme de réglementations, de directives, d’étiquetage ou d’accords volontaires avec l’industrie. La Commission européenne a fixé en 2006 une première liste de 20 produits prioritaires parmi les plus évidents en terme d’impact environnemental*. * Équipements de chauffage, éclairage, appareils électroménagers et électroniques, moteurs, climatiseurs… En 2008, une dizaine de nouvelles catégories de produits y ont été ajoutées, puis le champ a été étendu récemment aux produits «influençant» les consommations d’énergie comme les fenêtres et matériaux d’isolation. Un processus long car concerté Il se passe au minimum deux ans entre le lancement des études préparatoires et l’adoption d’une décision finale sur un produit, car le processus inclut la consultation de toutes les parties prenantes dans les 27 États membres (fabricants, associations de consommateurs, associations environnementales, experts...) et débouche sur des mesures très précises et concrètes. Chaque décision doit ensuite être validée par les Parlement et Conseil européens et notifiée à l’Organisation mondiale du commerce. Des mesures parfois spectaculaires... Dix mesures ont été adoptées depuis 2006 et on attend encore des votes importants en 2010 sur quelques autres : – la limitation à 1 W de la consommation en veille de très nombreux appareils à partir de 2010, puis à 0,5 W en 2013 ; – l’interdiction progressive des ampoules à incandescence ; – l’introduction de l’étiquetage énergétique des télévisions, à partir de 2011, selon l’échelle A-G bien connue et déjà utilisée sur l’électroménager ; – la suppression des réfrigérateurs et congélateurs de classe énergétique inférieure à A à partir de juillet 2010, et de ceux de classe A entre 2012 et 2014. Ne resteront alors plus que des A+, A++ ; – la limitation à 0,5 W de la consommation des chargeurs de portables et alimentations électriques quand ils sont laissés branchés pour rien (ce qui ne doit pas nous affranchir de notre responsabilité de les débrancher !) ; – l’obligation d’équiper les moteurs industriels de variateurs de vitesse à partir de 2015, ce qui aurait l’impact énorme de faire économiser 135 TWh d’électricité à notre continent. ...Pour faire la moitié du chemin ? Pour le moment, on estime que ces mesures ne feront que compenser d’ici 2020 la tendance hélas naturelle à l’augmentation de la consommation d’énergie dûe à l’accroissement des stocks et de l’utilisation des appareils. Mais, selon les ONG écologistes travaillant sur ce dossier, cette directive aurait le potentiel d’économiser chaque année près de 500 millions de tonnes de CO2 par des mesures d’application ambitieuses et réalisables, soit plus de la moitié du chemin vers l’objectif européen de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre en 2020. Bien qu’elle soit encore peu connue, cette directive européenne est donc probablement la loi européenne la plus importante en matière d’économie d’énergie et de CO2. > En savoir plus Sites des ONG sur la Directive : www.coolproducts.eu (pour les non experts) et www.experts.coolproducts.eu (pour entrer plus dans le détail des textes en discussion). Texte de la Directive en ligne : www.cler.org C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 11 Écoconception des produits : la position française Evelyne Bisson, MEEDDM La France est très favorable aux travaux européens menés sur les produits consommateurs d’énergie ou permettant d’économiser l’énergie, que ce soit par voie d’étiquetage ou au niveau de la conception du produit. L’étiquetage énergétique a pour objectif l’information du consommateur afin d’orienter son choix vers les produits les plus performants, c’est-à-dire consommant moins d’énergie tout en assurant toutes les fonctionnalités recherchées. Cette réglementation a produit l’effet escompté puisqu’il a été nécessaire d’ajouter des classes aux étiquettes existantes. L’interdiction de produits qui n’atteignent pas une performance énergétique minimale s’impose aux fabricants et apparaît comme le complément nécessaire à l’étiquetage ; désormais tous les produits mis sur le marché ont une performance énergétique minimale et le choix du consommateur se fait entre ces produits. Des réglementations qui ont prouvé leur efficacité La France est favorable à ces deux réglementations qui ont prouvé leur efficacité et les a vivement encouragées, notamment sous la Présidence française de l’Union européenne en 2008, qui a vu adopter des réglementations importantes, telles que celle relative à l’éclairage domestique, qui interdit à terme la mise sur le marché des lampes les moins performantes, dont les lampes à incandescence, au bénéfice de lampes plus performantes, les lampes basse consommation et LED. La France, convaincue de l’intérêt du remplacement des lampes à incandescence par des lampes plus performantes, a d’ailleurs signé une convention avec les distributeurs pour devancer le calendrier européen. Des objectifs nationaux clairement définis Il convient de rappeler qu’outre ses engagements européens, la France s’est engagée sur des objectifs encore plus ambitieux au niveau national. En effet, le Grenelle de l’environnement a arrêté la mise en place de plusieurs programmes sur les thèmes de l’énergie et du changement climatique. La France, qui entend notamment assurer une division par quatre de ses émissions de CO2 d’ici à 2050, vise à atteindre un objectif de 20 millions de tonnes équivalent pétrole supplémentaires dans sa production d’énergie renouvelable en 2020 et à dépasser une proportion de 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. Ces objectifs ont été confirmés dans la loi de programmation du 3 août 2009 relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement. Des accords volontaires qui se multiplieront Dans cette stratégie globale, le Gouvernement français a engagé, et continue à réfléchir à des mesures sur les produits qui combinent l’étiquetage et l’écoconception des produits. Outre l’exemple des lampes cité ci-dessus, d’autres accords volontaires pourraient être signés concernant des produits de grande consommation comme les téléviseurs et autres produits liés à l’information et à la communication dits «TIC», suite à un rapport d’experts sur ce secteur. En complément des accords volontaires, la France dispose de nombreux instruments pour promouvoir les produits les plus performants : les certificats d’économie d’énergie qui récompensent par exemple la mise en place d’un éclairage public performant pour les communes, les mesures fiscales (chaudières par exemple) pour les particuliers, les aides financières et conseils de l’Ademe pour tous. Ainsi, tous les publics sont ciblés. Une Directive essentielle Toutefois, l’essentiel des mesures concernant les produits découle des réglementations européennes, notamment la directive de 2005, révisée en 2009 permettant de fixer les exigences d’écoconception sur les produits liés à l’énergie. La France dispose de toutes les bases juridiques permettant de mettre en œuvre les règlements. Toutefois les contrôles restent du domaine de la subsidiarité qui, en droit français, sont prévus par le code de la consommation, et par le code de l’environnement, qui encadrent très précisément les contrôles des produits soumis au marquage CE. Des contrôles sont effectués, notamment par la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). À cela s’ajoutent des enquêtes intéressantes des associations de consommateurs dont les résultats sont publiés dans leurs journaux. De nombreux produits sont déjà couverts par des règlements européens. Des accords volontaires ont été proposés par des fédérations industrielles, et les travaux se poursuivent en 2010 à un rythme soutenu. La France soutient fortement ces travaux et souhaite que le prochain programme de travail qui doit être discuté dès cette année pour une nouvelle période de trois ans soit tout aussi ambitieux que les deux premiers (2006-2008 et 2009-2011). 1 2 I D o s s i e r A p p a r e i l s d o m e s t i q u e s : e n r o u t e p o u r l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e Chauffe-eau et chaudières : le tour de chauffe de la directive Ecodesign Edouard Toulouse, ECOS Premier poste de consommation d’énergie dans la plupart des foyers européens, les chaudières et chauffeeau font partie des produits les plus emblématiques couverts par la directive européenne Ecodesign. Les deux études préparatoires publiées en 2007 ont souligné l’énorme potentiel d’amélioration dans ce domaine. En privilégiant systématiquement les systèmes de chauffage et d’eau chaude les plus performants, l’Union européenne pourrait éviter l’émission annuelle de 200 millions de tonnes de CO2 d’ici 2020, c’est-à-dire autant que si on supprimait toutes les voitures roulant en France et en Allemagne ! Un grand nombre de problèmes Atteindre cet objectif nécessite toutefois de s’attaquer à un grand nombre de problèmes, révélateurs des défaillances de nos pratiques actuelles : – la vétusté ou la mauvaise conception de nombreux logements, enfermant le propriétaire dans un seul choix de système de chauffage ; – l’insuffisante promotion des énergies renouvelables, en particulier dans le bâti ancien ; – le surdimensionnement de la plupart des équipements de chauffage (70 % des bâtiments européens en seraient victimes !), conduisant à un gaspillage énergétique ; – le contrôle inadéquat de leur fonctionnement (thermostats inexistants, inadaptés ou mal programmés, pompes de circulation inefficaces, etc.) ; – la faible culture technique de la plupart des Européens sur ce sujet, à laquelle s’ajoute le manque de formation des installateurs dans de nombreux pays (quelquesuns font exception, mais pas la France). Des approches diverses et variées selon les Étatsmembres Lorsque l’on s’attaque à ce gros morceau depuis Bruxelles, on se heurte, en outre, au manque de cohérence entre les différentes approches énergétiques des États-membres. Entre la France qui chauffe son eau la nuit à l’électricité nucléaire, l’Italie qui se refuse à consommer plus de gaz, l’Angleterre qui apprécie les chaudières compactes cachées dans la cuisine ou encore les pays nordiques qui nécessitent des solutions peu onéreuses pour leurs «maisons d’été»… il est difficile d’imaginer une règlementation à la fois ambitieuse et satisfaisant tous ces desiderata. Ce qui est sûr, c’est que des changements très profonds sont nécessaires rapidement. De par la lenteur du renouvellement du stock, toute décision prise aujourd’hui aura des répercussions jusqu’à 2020 et même 2030. Au regard de la menace climatique, le droit à l’erreur n’est plus guère permis. Une Commission qui hésite L’importance de l’enjeu explique sans doute pourquoi la Commission européenne prend son temps et hésite à se lancer… au risque de s’enliser. Débutées en février 2008, les discussions sur les mesures Ecodesign pour les chaudières et chauffe-eau ne sont toujours pas terminées. Trois grandes réunions consultatives ont déjà eu lieu, auxquelles s’ajoutent les réunions d’un groupe de travail sur l’approche méthodologique. Les documents de travail ont été amendés de nombreuses fois, parfois complètement revisités dans la plus grande confusion. Les débats entrent souvent dans un tel niveau de détail que peu d’experts sont en mesure de les suivre. Aux dernières nouvelles, des documents finalisés seraient enfin annoncés, avec en ligne de mire un vote des règlements en juin cette année. Difficile pourtant de prévoir ce qu’il en sera de leur niveau d’ambition. S’en tiendra-t-on à un plus petit dénominateur commun décevant, ou y verra-t-on un signal fort ? Des intentions partagées par tous... La partie émergée de l’iceberg, ce sont les belles intentions et déclarations, souvent partagées par tous (y compris les représentants des fabricants). Oui, il faut des bâtiments de meilleure qualité, oui il faut des installateurs mieux formés, oui aux énergies renouvelables, et bien sûr les chaudières et chauffe-eau devraient être les plus efficaces possibles. Pourtant, quand on regarde de près les versions successives des documents de travail, le doute hélas plane. ...Mais des faits qui les contredisent... Ainsi, en janvier 2008, la Commission européenne commençait par proposer de supprimer progressivement du marché tous les chauffe-eau de taille moyenne ayant une efficacité énergétique inférieure à 44 %. Ce qui voulait dire la disparition des équipements électriques (du type ballon d’eau chaude électrique), car ce sont ceux qui entraînent le plus grand gaspillage d’énergie primaire. Six mois après, et suite à la pression d’un certain nombre de fabricants et de gouvernements, le niveau d’ambition tombait à 36 % (alors qu’on peut, aujourd’hui, chauffer C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 13 de l’eau avec un rendement proche de 100 %). Sous cette forme, la mesure ne changerait pas grand chose aux pratiques actuelles, tout au plus supprimerait-elle certains modèles de ballons. Un étiquetage qui pourrait être tout aussi décevant Il est donc fort probable que le potentiel mentionné en début d’article ne soit pas atteint. Pour sa défense, la Commission européenne explique que la règlementation ne peut pas tout faire (tout de suite) et que des mesures complémentaires seront nécessaires en terme d’information du consommateur et de règlementation thermique dans chaque État-membre. Ainsi, les mesures Ecodesign devraient être accompagnées d’un étiquetage énergétique des chaudières et chauffe-eau (selon 10 classes de G à A+++), qui sera délivré soit par le fabricant, soit par l’installateur (en prenant en compte l’optimisation du système). Problèmes : il n’est pas encore certain que cette étiquette permettra de comparer différentes solutions de chauffage entre elles (fioul, gaz, électricité), et le niveau A pourra être atteint par des appareils conventionnels (les énergies renouvelables se distribuant les classes A avec un, deux ou trois +). Un rappel à l’ordre de la part des ONG De son côté, la fameuse directive européenne EPBD sur la performance énergétique des bâtiments – qui vient d’être révisée dans un climat difficile – invite les Étatsmembres (mais hélas très mollement) à prévoir des dispositions nationales pour renforcer les exigences sur les équipements. Tout cela reste flou pour le moment. En octobre dernier, les ONG de protection de l’environnement organisaient une conférence au Parlement européen pour rappeler l’importance d’un cadre législatif cohérent et complet pour traiter de ce sujet prioritaire. Leurs © Armonn - Dreamstime.com ...En abaissant les exigences De même, en janvier 2008, la Commission suggérait d’imposer à partir de 2013 un niveau minimal d’efficacité énergétique de 76 % pour les chaudières de catégorie moyenne (pour une maison individuelle standard). Ce qui signifiait la suppression des chaudières fioul et gaz basse température (produit de base actuel) et l’obligation de passer à des chaudières à condensation. Un an après, le niveau d’ambition dégringolait à 64 %. Ceci aurait pour conséquence d’assurer que les chaudières basse température soient le plus efficace possible, mais elles resteraient autorisées, alors même que la condensation est un meilleur choix. Là encore, certains gouvernements ont fait valoir le surcoût qui pèserait sur certains propriétaires devant adapter leur conduit de cheminée. propositions, rassemblées dans le manifeste «Warm Homes, Cool Products» insistent en particulier sur la nécessité de soutiens financiers pour aider à l’installation de systèmes performants, sur le besoin de formation des installateurs, et bien entendu sur l’importance cruciale de doter l’Union européenne d’objectifs contraignants en termes d’économie d’énergie. Seuls de tels objectifs seront à même de fixer le cadre global qui empêchera une déliquescence progressive de l’ambition des règlements Ecodesign. On l’aura compris, ces deux règlements sur les chaudières et les chauffe-eau, de par leur importance et leur complexité, sont deux tests fondamentaux de la potentialité – et des limites – de l’approche règlementaire actuellement proposée au niveau européen. Avec l’installation d’une nouvelle Commission à Bruxelles (qui pourrait fort bien se contenter de repousser une nouvelle fois l’adoption de ces règlements sous un prétexte quelconque), il est indispensable de maintenir la pression sur nos décideurs. > En savoir plus Edouard Toulouse : [email protected] Manifeste des ONG : www.coolproducts.eu/manifesto 1 4 I D o s s i e r A p p a r e i l s d o m e s t i q u e s : e n r o u t e p o u r l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e Étiquette énergie Discorde et confusion pour trouver une solution Raphaël Claustre, CLER L’étiquette énergie est un outil d’information pour les consommateurs créé par une directive de 1992, ce qui en fait la première action de l’Union européenne en matière d’énergie durable. Dans un premier temps limitée aux réfrigérateurs, l’étiquette énergie s’est élargie aux appareils de lavage, d’éclairage, etc. L’étiquette énergie a également été récemment adaptée aux logements pour le Diagnostic de Performance Énergétique et aux voitures (en France uniquement). La directive européenne sur l’éco-conception (voir pages 10 à 13) conduira à l’étiquetage de l’ensemble des produits consommateurs d’énergie. La loi Grenelle 2 en discussion à l’Assemblée prévoit même l’obligation de l’affichage de la classe d’énergie dans toute publicité mentionnant le prix d’un produit. Embouteillages sur la A Si la décision de généraliser l’étiquette énergie a été prise, c’est que son succès est flagrant. Cette étiquette a été créée pour décrire les appareils disponibles sur le marché, les classes A et B représentant les meilleures technologies disponibles, et F et G les équipements les plus consommateurs. Près de 20 ans après son instauration, l’étiquette énergie est victime de son succès. 50% 45% 2003 40% 35% 30% 25% 1999 20% 15% 1996 10% 5% 1992 0% A B C D E F G Outre le fait qu’elle soit très connue du grand public, 86 % des réfrigérateurs, 97 % des lave-linge et 61 % des cuisinières électriques sont classés dans la catégorie A ! Une mesure temporaire a été mise en place afin de refléter les différences au sein de la classe A grâce aux classes A+ et A++. Projets de révisions Il a donc été nécessaire de réformer l’étiquette. La première proposition des industriels consistait à supprimer l’étiquette A-G pour en faire une échelle chiffrée de 1 à 8, inversée (8 représentant le meilleur) et ouverte : à chaque amélioration technologique, une nouvelle classe serait créée. Les associations de consommateurs et de protection de l’environnement s’y sont fermement opposées, inquiètes que ces changements fondamentaux de l’étiquette énergie soient préjudiciables aux consommateurs et à l’efficacité énergétique, mais aussi parce que le message serait alors confus : 8 représenterait la meilleure classe pour les télévisions, 10 pour les lave-linge, 11 pour les réfrigérateurs… La Commission a donc recherché des compromis parmi lesquels le cumul de chiffres et de lettres, ou encore l’ajout après la classe A de «-20 %» ou «-40 %», le maintien voire le développement des «+» adjoints à la lettre A et enfin le rééchelonnage régulier de l’étiquette A-G (voir illustration). Une solution bien décevante C’est bien sûr cette dernière solution qui a été défendue par les associations, de manière à ce que la classe A continue de représenter les meilleures technologies disponibles et d’encourager à l’amélioration perpétuelle. Cela permet un message simple, de type «Optez pour la classe A», et propre à accompagner les industriels européens vers l’excellence énergétique dans un contexte international très concurrentiel. Mais les industriels ne l’entendaient pas ainsi au motif que l’étiquette doit montrer les progrès réalisés et surtout pas déclasser des produits. Le combat s’est embrasé jusqu’au niveau ministériel. La directive Éco-conception s’est retrouvée entièrement bloquée par ce jeu d’acteurs complexe où s’affrontaient associations et industriels, Parlement et Commission, États européens entre eux… Répartition du marché des réfrigérateurs par classe (Source Commission européenne / Waide 2004) Et c’est finalement par le bas que nous sommes sortis de cet imbroglio : non seulement les + et ++ seront conservés, mais une classe A+++ sera introduite ! C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 15 Exemples De futurs Éco-vendeurs dans les magasins d’électroménager Aude Lenoir, ALE de l’Agglomération lyonnaise et Élisabeth Barthares, Gifam Dans le cadre du projet Promotion 3e, l’Agence locale de l’énergie de l’Agglomération lyonnaise est financée par l’Europe et le Grand Lyon pour mettre en œuvre des modules de formation destinés aux vendeurs du secteur de l’électroménager. Objectif : réduire la part de consommation d’énergie liée aux appareils électrodomestiques, en renforçant le conseil à l’achat de ces équipements. La promotion de l’électroménager performant, faite directement par les équipes de ventes des circuits de distribution, est le vecteur principal retenu pour cette action. Le contexte économique et réglementaire permet le développement d’une telle démarche : émergence d’un nouveau marché «vert», nouvelles attentes des clients, montée en gamme des appareils, nouvelles (ou très prochaines) législations sur l’étiquette énergie et l’éco-participation, etc. L’émanation d’un groupe de travail national Cette réflexion a également émergé d’un groupe de travail national, porté par le Gifam (Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager), et la Fenacerem (Fédération professionnelle des entreprises du commerce et des services de l’électrodomestique et du multimédia). Former des «Éco-vendeurs» est un projet d’actualité pour la plupart des acteurs du secteur. L’Ademe s’intéresse à cette démarche et pourrait également en devenir un partenaire clé. 300 vendeurs concernés en 2010 Nous avons choisi cette année de combiner nos actions et de travailler sur un projet commun : mettre en place pour la rentrée 2010 un programme de formation proposant des sessions complètes d’apprentissage pour les vendeurs de la distribution de proximité (magasins de 5 à 9 salariés). Un objectif de 2 200 vendeurs formés est visé à terme. En 2010, 300 vendeurs devraient être touchés. Un format de formation... sans contraintes de déplacements Les sessions seront dispensées à distance, par le biais d’une plateforme Web animée par e-formadis. Cet outil collaboratif dynamique permettra à chaque vendeur de se connecter en direct avec l’équipe des formateurs, au sein d’un groupe de 20 stagiaires, en simultané et en dynamique. Avantages pour les stagiaires : une formation sans contraintes de déplacement, d’hébergement ou d’absence de l’entreprise, qui peuvent très souvent limiter leur taux de participation. Des vendeurs «éco-labellisés» Le groupe de travail du projet, auquel contribuent activement la plupart des grandes marques d’électroménager, Éco-systèmes et le CFA Ducretet, construit actuellement les contenus pédagogiques des quatre sessions de formations de chaque module. Les vendeurs devraient être accompagnés pendant 4 semaines, à raison d’une connexion hebdomadaire de 1h30. Les thèmes suivants seront notamment développés : la Maîtrise de la Demande en Énergie (MDE) et ses enjeux, la consommation électrodomestique des français et ses tendances, une introduction à la sociologie de l’acheteur, les évolutions législatives de l’étiquette énergie et de l’éco-participation, les spécificités et le bon usage des gros appareils électroménagers (GEM), etc. À l’issue de la formation, validée par une double évaluation continue et finale, les vendeurs seront labellisés «Éco-vendeurs» et bénéficieront d’une compétence «fléchée» pour leurs futurs clients. > En savoir plus Aude Lenoir, ALE de l’Agglomération lyonnaise : [email protected] Élisabeth Barthares, Gifam : [email protected] 1 6 I D o s s i e r A p p a r e i l s d o m e s t i q u e s : e n r o u t e p o u r l ’ e f f i c a c i t é é n e r g é t i q u e Topten : un comparateur bien utile Sophie Attali, Topten et Christel Leca, CLER Parmi les outils de sensibilisation à l’efficacité énergétique des appareils ménagers se trouve Topten. Ce comparateur de produits et services pour la maison et le bureau a été créé en 2000 en Suisse, puis répliqué dans plusieurs pays européens, dont la France. En France, c’est le WWF et la CLCV qui chapeautent le site guide-topten.com où l’on trouve les voitures, ampoules, lave-vaisselle, lave-linge, réfrigérateurs, congélateurs, téléviseurs et écrans d’ordinateurs les moins énergivores du marché. Le guide fournit notamment un calcul de la consommation en euros sur 5 ou 10 ans très parlant, ainsi qu’un exemple de «modèle énergivore non conseillé» tout aussi instructif. Les critères ne sont pas seulement énergétiques : on y apprend ainsi également la consommation en eau des lave-linge ou des lavevaisselle. Aujourd’hui, Topten est devenu un réseau européen, et même mondial, avec une vingtaine de pays (Europe, États-Unis, Chine) qui a lancé une plateforme d’information sur Internet ou est en passe de le faire. Grâce à ce développement dans les pays européens, Topten a pu établir le «Best of Europe» des voitures, réfrigérateurs, sèche-linge, télévisions ou écrans d’ordinateurs mais aussi des aspirateurs, machines à café ou imprimantes… en précisant les pays dans lesquels ils sont commercialisés. Objectif à court terme, avec la mise en service des Topten américains et chinois : un best of mondial qui pourrait permettre d’harmoniser les L’idée est de signaler les meilleurs produits en valorisant réglementations. la faible consommation d’énergie et les faibles nuisances pour l’environnement tout autant que la facilité d’utilisation > En savoir plus et la qualité optimale, en tentant de conserver un prix En France : www.guide-topten.com raisonnable (ce qui s’avère moindre lorsque l’on prend en En Europe : www.topten.info compte à la fois le prix d’achat et le coût d’utilisation sur En Suisse : www.topten.ch toute la durée de vie, du fait de la consommation mineure Aux États-Unis : www.toptenusa.org de ressources – énergie, eau). (en ligne dans quelques mois) Publications Guide technique «Éclairage & efficacité énergétique » Ce guide présente neuf études de cas réels d’éclairage intérieur performant en milieu industriel, au sein des collectivités et en situation performante d’éclairage public. cm3e, décembre 2008,95 €, 128p. Produits à haut rendement énergétique – Consommez vert Aperçu des projets efficacité énergétique : 22 projets financés par le programme Energie Intelligente Europe. Commission européenne, juillet 2008, 28 p. http://bookshop.europa.eu Electricity consumption and efficiency trends in European Union - Status report 2009 Ce rapport sur la consommation d’électricité et les tendances d’efficacité présente les résultats d’une enquête menée par secteur dans l’UE-27 en 2007, en se concentrant sur les appareils électriques et les équipements. Commission européenne, JRC, 2009, 90 p. http://tiny.com/ya3268n Les cahiers de Global Chance n°27 – Du gâchis à l’intelligence, le bon usage de l’électricité La revue propose une analyse fournie du système énergétique français : de la production à la distribution et à la consommation, les enjeux et perspectives sectorielles à 2020, l’électricité dans les politiques européennes d’efficacité énergétique et des éléments pour l’action. Global chance, janvier 2010, 15 €, 148 p. www.global-chance.org/ spip.php?article47 C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 17 Veille réglementaire… La fiscalité du logement se met au vert Concernant la révision de la loi TEPA (Travail Emploi Pouvoir d’Achat), adoptée le 1er août 2007, les bâtiments BBC sont encore une fois à l’honneur. Jusqu’à présent, ces derniers bénéficiaient d’un crédit d’impôt équivalant à 40 % pendant leurs sept premières années de vie. Les autres logements quant à eux recevaient une réduction de 40 % la première année puis de 20 % les quatre années suivantes. La législation fiscale 2010 prévoit une diminution dégressive des avantages alloués aux bâtiments non BBC, ce qui devrait laisser le temps aux constructeurs de se mettre au vert. © www.sses.ch Le dispositif Scellier, mis en place au 1er janvier 2009, vise à dynamiser le secteur de l’investissement locatif, et ce au travers d’une réduction d’impôt équivalente à 25 % du montant du prix du bien immobilier, dans la limite de 300 000 € et d’un engagement de location de 9 ans. Dans le cadre du projet de loi de finances 2010, le MEEDDM prévoit de recentrer le dispositif Scellier autour de critères écologiques. En effet, la réduction d’impôt sera désormais réservée aux logements labellisés BBC (Bâtiment Basse Consommation). Pour les autres, la réduction passe de 25 % à 20 % en ce qui concerne les logements construits ou acquis en 2010 et de 20 % à 15 % pour les logements de 2011. Pour les logements acquis en 2009, aucun changement n’est à prévoir. À noter également, le maintien pour 6 mois (soit jusqu’au 30 juin prochain) du prêt à taux zéro réservé aux bâtiments neufs. Aussi, ces différentes dispositions fiscales permettront sans nul doute de favoriser la construction de bâtiments performants. > En savoir plus www.guide-loi-scellier.fr http://ecocitoyens.ademe.fr/ Zoom sur… La réinsertion par les économies d’énergie En Allemagne comme en France, face à l’augmentation des prix de l’électricité (près de 25 % en 5 ans), les ménages modestes éprouvent de plus en plus de difficultés à faire face à leurs dépenses d’énergie. La ville de Francfort, en partenariat avec l’association caritative Caritas et le Pôle Emploi régional, a mis en place un service gratuit qui réunit réinsertion dans le monde du travail, économie d’énergie, et soutien aux ménages modestes. Après un état des lieux de la consommation en électricité et en eau réalisé par un binôme de conseillers en énergie, la traque aux économies potentielles commence : des conseils pratiques et des équipements sont offerts aux ménages modestes dans le cadre du programme national «Stromspar-check» (ampoules basseconsommation, multiprises avec interrupteur ou encore économisateurs d’eau), destinés à réduire la consommation en énergie. L’installation de l’équipement est estimée en moyenne à 70 €. Originalité du programme : les équipes de conseillers en énergie qui vont sur le terrain sont des chômeurs longue durée, formés aux questions énergétiques par une agence de l’énergie locale. Le succès du programme a poussé le Ministère de l’environnement à s’en saisir pour l’étendre à tout le pays : plus de 60 collectivités en Allemagne ont adopté la démarche. 11 000 ménages ont été conseillés, économisant en moyenne 89 € par an (soit 16 % de leur facture). Les communes participant au programme ont vu leurs budgets sociaux s’alléger de 377 000 €. Près de 600 chômeurs longue durée sont devenus des conseillers en énergie, économisant 3 633 tonnes de CO2 par an. La France va adopter très bientôt un plan national de huit ans pour lutter contre la précarité énergétique, qui prévoit 600 000 visites de ménages modestes. Ce genre d’initiatives chez nos voisins européens mérite plus que jamais d’être regardé de très près. * Source : http://tinyurl.com/ybdqb2p (lien court vers le site www.novethic.fr) 18 I Collectivités et énergies Les champions 2010 de la Ligue EnR France Les Champions 2010 de la Ligue EnR France ont été récompensés lors de la 11e édition des Assises de l’Énergie et du Climat des Collectivités Territoriales, le mercredi 27 janvier à Dunkerque. © CLER/Ligue EnR France La Ligue EnR France[1] est une compétition énergies renouvelables entre collectivités locales françaises, animée par le CLER. Elle est organisée avec le soutien de l’Ademe, du MEEDDM, de l’AMF et de la Fondation Nicolas Hulot. La saison 2009 a mobilisé 250 collectivités, représentant 450 communes et 9 millions d’habitants, qui ont concouru en bois-énergie (chaufferies) et en solaire (photovoltaïque et thermique). Les champions dans chaque catégorie et chaque division sont : Bois-Énergie Classement général (Collectivités de toutes tailles) : Macôt-la-Plagne (73) : 3 100 kW pour 1 591 hab. Sous-classement général (par ordre croissant du nombre d’habitant) : De 5 000 à 19 999 hab. : Montdidier (80) : 2 050 kW pour 6 500 hab. De 20 000 à 99 999 hab. : Epinal (88) : 8 350 kW pour 35 794 hab. Plus de 100 000 hab. : Grenoble (38) : 40 200 kW pour 158 746 hab. Solaire Classement général (Collectivités de toutes tailles) : Reillon (54) : 24 kW et 35 m2 pour 79 hab. Sous-classement général (par ordre croissant du nombre d’habitant) : De 5 000 à 19 999 hab. : Saint-Jean-de-Maurienne (73) : 76 kW et 413 m2 pour 8 685 hab. De 20 000 à 99 999 hab. : Baie-Mahault (Guadeloupe) : 3 491 kW pour 28 488 hab. Plus de 100 000 hab. : Grenoble (38) : 483 kW et 2 896 m2 pour 158 746 hab. Retrouvez également les Champions dans les sous-catégories solaires thermique et photovoltaïque sur le site www.ligue-enr.fr. La Communauté de Communes du Mené : le plein d’énergie Le Prix Spécial du Jury a été remis à la Communauté de Communes du Mené[2] (6 309 hts – 22) pour l’exemplarité de sa politique énergétique. Cette intercommunalité se donne pour objectif de devenir un «territoire à énergie positive» d’ici 2012 (chaleur et électricité), c’est-àdire un territoire qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme – d’abord en réduisant ses besoins d’énergie puis en subvenant aux besoins restants par des énergies renouvelables locales – à l’instar du bâtiment à énergie positive. Michel Fablet, président de la communauté de communes, et Jacky Aignel, vice-président en charge de l’environnement, sont intervenus mardi 26 janvier à l’invitation du CLER lors d’un forum intitulé «Vers 100 % énergies renouvelables : concilier énergie et développement local». 2010 s’inscrit comme l’année de décollage des réalisations de la communauté de communes, apportant un effet d’entraînement et une reconnaissance de sa démarche territoriale. Ainsi, plusieurs entreprises ont déjà répondu à l’appel des élus de la CC du Mené et prévoit de s’installer sur la zone d’activités et la pépinière d’entreprises Ménerpôle dédiées à l’économie «verte». Cette zone d’activités et cette pépinière seront à la fois la conséquence et le catalyseur des projets énergétiques du territoire, créateurs de ressources et d’emplois locaux. Et maintenant, en route vers l’Europe ! La Ligue EnR France faisant partie intégrante de la Ligue des Champions EnR («RES Champions League»), compétition à l’échelle européenne, toutes les collectivités inscrites participent automatiquement au classement européen[3]. Les collectivités françaises qui s’inscriront avant le 31 mars pourront prétendre à un titre de Champion européen 2010. La première cérémonie de récompenses européenne aura lieu lors de la 6e Conférence européenne des villes durables[4], qui se tiendra du 19 au 21 mai à Dunkerque. C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 19 Vie du réseau Bienvenue aux nouveaux adhérents du CLER Collège A : associations > Éoliennes en Pays de Vilaine (EPV) 35600 Redon, Bretagne Association coopérativiste, EPV œuvre depuis 2003 à la création de parcs éoliens-citoyens. Elle a pour objectif de contribuer : – au développement des énergies éoliennes, renouvelables et des économies d’énergie ; – à la gestion de structures travaillant à favoriser les EnR et économies d’énergie ; – au développement d’activités dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. Contact : Michel Leclercq, Président Tél. 02 99 72 39 49 [email protected] http://leseoliennes.free.fr > IERA 73094 Chambéry, Rhône-Alpes «Info-Énergie Rhône-Alpes» est un réseau régional qui rassemble les 11 Espaces Info-Énergie de la région Rhône-Alpes. Ces organismes répartis sur l’ensemble du territoire sont spécialisés dans le domaine de l’énergie. Ils mettent à la disposition de tous les publics des compétences pour sensibiliser, informer, former, accompagner, les initiatives et projets locaux, notamment dans les domaines de l’efficacité énergétique et de l’utilisation rationnelle des énergies. Contact : Alain Jeune, Président Tél. 04 79 70 09 87 [email protected] www.iera.fr Collège B : entreprises > Héliophelie eurl 69006 Lyon, Rhône-Alpes L’entreprise est spécialisée en Recherche & Développement et fait la promotion du solaire, notamment thermique. Contact : Patrick Muller, Gérant Tél. 04 78 52 95 50 [email protected] Action CLER Tous à Lyon pour l’Assemblée Générale du Cler ! Vous êtes adhérent du réseau du CLER ? Vous pouvez d’ores et déjà réserver les derniers jours de mai pour la prochaine Assemblée Générale ! Elle aura lieu les 26, 27 et 28 mai à Lyon, en étroite collaboration avec les associations locales adhérentes : l’ALE du Grand Lyon, IERA, Hespul, Amorce et l’INSA de Lyon. Au programme : se tiendront, le mercredi 26 mai après-midi, une formation sur la fiscalité et les aspects comptables de la sectorisation dans les associations et, en parallèle, la réunion annuelle des organismes de formation Format’eree. Le jeudi 27 mai suivront 4 ateliers de réflexion positive» nous amènera à nous interroger sur les décisions politiques et acteurs du territoire, ceci alimenté par 3 témoignages. Enfin, l’AG statutaire se tiendra le vendredi 28 mai au matin à l’INSA de Lyon. L’après-midi, une visite de Lyon Confluence nous sera commentée par deux experts locaux. sur les EIE, la synergie entre les bureaux d’études et les associations, la formation en masse des acteurs de terrain, et enfin les Schémas Régionaux Climat Air Énergie. Une séance plénière sur «Les Territoires à énergie Faites vite pour vous inscrire… vous êtes attendu nombreux ! > Phoenix Solar France 69800 Saint-Priest, Rhône-Alpes La société Phoenix Solar compte parmi les leaders mondiaux d’intégrateurs de systèmes photovoltaïques. L’entreprise prend en charge la planification, la construction et l’exploitation de parcs photovoltaïques et est active comme grossiste spécialisé dans les installations photovoltaïques complètes, les panneaux solaires et les accessoires. Contact : Bernard Mormiche, Directeur général Tél. 04 72 79 57 84 [email protected] www.phoenixsolar.fr Collège C : collectivités locales, organismes de formation > Lycée Professionnel Pierre et Marie Curie 06500 Menton, PACA Lycée des métiers de l’énergie et du développement durable : – BAC Pro Technicien de Maintenance des Systèmes Énergétiques et Climatiques ; – BAC Pro Technicien en Installation des > Renseignements : [email protected] Systèmes Énergétiques et Climatiques ; – BP Monteur en Installations de Génie Climatique ; – BCP Installateur en Sanitaire et Thermique ; – BEP Techniques des Installations Sanitaires et Thermiques ; – CAP Installateur Thermique ; – CAP Monteur en Isolation Thermique et Acoustique ; – MC Maintenance en Équipement Thermique Individuel. Contact : Hervé Beauvais, Proviseur Tél. 04 92 10 54 40 [email protected] www.ac-nice.fr/lycee-curie > SyDEV 85036 La Roche sur Yon, Pays-de-la-Loire Syndicat Départemental d’Énergie et d’Équipement de la Vendée regroupant l’ensemble des communes vendéennes, soit 607 430 habitants. Contact : M. Nicolas Gente, Chargé de mission EnR Tél. 02 51 45 88 00 [email protected] www.sydev-vendee.fr C l e r i n f o s n ° 75 I m a r s – a v r i l 2 010 I 2 0 Chiffres clés Données énergie et CO2 Éolien ➚ Prix du baril brut[1] : 79 $ (au 23 février 2010) Prix de la tonne de CO2[2] : 13 € (au 23 février 2010) Prix du kWh cumac pour l'échange de CEE[3] : ➘ 0,37 c€ /kWh cumac ➚ Émissions de CO2 en France[4] : 102 Mt (janvier à décembre 2009)➚ Facture énergétique française[4] : 39 Md€ (décembre 2008 à novembre 2009)➘ Monde[5] (Puissance fin 2009) : Total : 158 000 MW (+30 %) États-Unis : 35 000 MW (+28 %) Chine : 25 000 MW (+107 %) Europe[6] : Total : 74 767 MW (+16 %) Allemagne : 25 767 MW (+8 %) Consommation d’énergie primaire en France[4] : 251 Mtep (janvier à décembre 2009) ➙ Consommation d’énergie finale en France en 2008[4] : 175 Mtep➘ France[6,7] : 4 492 MW (+32 %) Production 2009 : 7,8 TWh Part dans la consommation : 1,6 % Objectif 2020 : 25 000 MW (dont 6 000 MW en mer) Tarif d’achat : 8,2 c€/kWh (terrestre) Sources [1] – NYMEX 13 c€/kWh et appels d’offre à venir (mer) [2] – Point Carbon [3] – www.emmy.fr [4] – MEEDDM [5] – GWEC [6] – EWEA [7] – RTE Agenda mars et avril 2010 • Salon Bois Énergie du 18 au 21 mars au Paris Expo de Saint-Étienne (42) www.boisenergie.com • 4e Assises nationales de la construction passive les 25 et 26 mars à Alpexpo, Grenoble (38) Cet événement se tiendra dans le cadre du Salon Européen du Bois et de l’Habitat Durable (du 25 au 28 mars). www.raee.org • Salon Energissima du 15 au 18 avril, à Fribourg (Suisse) www.energissima.ch Bulletin d’abonnement ❏ 1 an d’abonnement (6 n°) : 30 € France métropolitaine / 35 € DOM-TOM et étranger ❏ 2 ans d’abonnement (12 n°) : 60 € France métropolitaine / 70 € DOM-TOM et étranger Nom et prénom : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . Organisme : .. ..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . Adresse : .......... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . Code postal : ………………… Ville : ………………………………………………………………… Pays : .. ............ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : ………………………………………………… Email : ……………………………………………… Web : ………………………………………… Bulletin à découper et à renvoyer accompagné de votre règlement : CLER – 2 B rue Jules Ferry – 93100 Montreuil • Formation mécénat le 16 avril, à Paris (75) Organisée par le CLER, animée par Admical : définitions, modalités, comment bénéficier du mécénat pour développer un projet, comment devenir mécène… ? www.cler.org ou [email protected] Retrouvez l’agenda (colloques, salons, visites, formations courtes...) sur www.cler.org/agenda