REEDUCATION DU GENOU

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REEDUCATION DU GENOU
PROPOSITIONS DE
REEDUCATION DU GENOU
APRES
LIGAMENTOPLASTIE
TYPE
KENNETH-JONES
1ère période : J 1 à J 15 : appui contact
2ème période : J 15 à J 30 : appui partiel à total
3ème période : J 30 à J 90 : proprioception
I. Première période : J 1 à J 15. appui contact.
En systématique :
- attelle velcro.
- bandes biflex.
- déclive.
- glaçage.
I.1. massage.
A base de :
- drainage lymphatique manuel (circulatoire).
- effleurages (décontracturant).
- pétrissages : quadriceps, ischio-jambiers, triceps sural (préparation aux
exercices).
Massages spécifiques : dès que possible, massage des ailerons rotuliens, et du cul-de-sac sousquadricipital.
I.2. mobilisation articulaire.
a/ cheville : en passif et en actif.
b/ rotule : * en passif : de haut en bas et latéralement.
* en actif : par le travail du quadriceps.
c/ articulation fémoro-tibiale : - 0° à 90° de J 1 à J 8.
(si pas de douleur)
- jusqu’à 110° de J 8 à J 15.
* l’extension : récupérer immédiatement l’extension complète en interdisant
le récurvatum (tension + + du transplant), même s’il existe de l’autre côté.
* la flexion : rodage articulaire + + .
- assis, par travail des ischio-jambiers, contrôlé par une légère résistance
manuelle du kiné dans le sens de l’accompagnement au mouvement, avec flexion dorsale de
la cheville (schéma de triple flexion).
- assis sur skate-board.
- couché, par montage poulie avec sangle élastique.
I.3. travail musculaire.
a/ réveil du quadriceps (vastes externe et interne) : pour retrouver l’extension active
complète et le verrouillage du genou.
* installation n°1 :
- assis (pas de travail du droit antérieur)
- flexion du genou à 5°-10°.
- flexion plantaire de la cheville (schéma de triple extension).
* installation n°2 :
- décubitus dorsal.
- montage poulie, avec une sangle élastique dont la tension est évaluée pour
équilibrer exactement le poids de la jambe ; alors le plus petit travail des muscles vastes
entraîne l’extension du genou.
* travail musculaire :
- exercices à faire 5 min. toutes les 2 heures.
- contractions flash : 20 contractions en 10 secondes, 40 séries.
- contractions longues tenues 10 à 40 secondes, 10 séries.
* recommandations :
- commencer par le côté sain, puis côté opéré.
- pas de flexion dorsale de cheville : favorise le flexum.
- mise en tension des vastes en abaissant préalablement la rotule manuellement.
- pendant le travail du quadriceps, vérifier l’ascension de la rotule.
- vérifier l’absence de travail des muscles ischio-jambiers, grand fessier, et
triceps sural pendant l’extension du genou.
* électrostimulation :
- courant de 30 Hz.
- 300 ms.
- 1/2 heure par jour.
b/ travail des ischio-jambiers :
* installation :
- assis en bord de table.
- travail entre 40° et 80° de flexion de genou.
* travail musculaire :
- travail contre résistance manuelle.
- travail contre résistance élastique de force croissante.
- faire du travail statique, concentrique, et excentrique.
* remarque :
- pas de précautions particulières pour ce travail musculaire : le travail en
chaîne cinétique ouverte crée un tiroir postérieur qui protège la plastie.
- après les exercices, penser à faire des étirements des ischio-jambiers pour
éviter de créer ou d’entretenir un flexum.
Après tout travail musculaire, il est en fait impératif d’effectuer des étirements des différents
groupes musculaires concernés (ischio-jambiers, quadriceps, triceps).
I.4. apprentissage de la marche.
Marche avec attelle velcro et 2 cannes anglaises.
Appui contact.
Travail de déroulement du pas.
II. Deuxième période : J 15 à J 30. appui partiel à appui total.
Suppression de l’attelle, sous réserve de l’avis du chirurgien, car :
* elle ne permet pas de vérifier la contraction du quadriceps.
* elle ne permet pas la flexion du genou dans la phase oscillante.
* elle peut engendrer une boiterie (cf. chapitre II.5.).
II.1 : massages : idem.
II.2 : mobilisation articulaire.
a/ flexion :
* travail en suspension : sous contrôle des muscles quadriceps et ischio-jambiers.
* travail assis dos au mur : les 2 mains aident le mouvement.
* travail debout : un élastique passé sous le pied permet un travail actif aidé.
b/ extension :
L’extension passive doit être obtenue à cette date, mais on recherche l’extension active et/ou
en charge partielle.
* en décubitus ventral :
- pointes de pieds ancrées dans la table.
- faire de l’extension active.
- vérifier l’absence de travail des fessiers et ischio-jambiers.
* l’écrase-coussin :
- un coussin derrière l’extrémité inférieure du fémur.
- le sujet en appui progressif recherche l’extension par contraction du
quadriceps.
- si insuffisance du quadriceps, vérifier l’absence de travail des ischio-jambiers
et du triceps sural.
* extension du pas postérieur :
- travail avec élastique de résistance croissante.
- si insuffisance du quadriceps, vérifier les mêmes éléments.
II.3. mise en charge.
a/ appui statique :
* mise en charge par simple translation du poids du corps
* genoux déverrouillés à 5°.
* tronc vertical et bassin horizontal.
* travail avec une balance pour augmenter l’appui.
b/ appui dynamique :
C’est la mise en charge pendant la marche, pour arriver à l’appui complet à J 30.
II.4. travail musculaire.
a/ quadriceps : on favorise le travail en chaîne cinétique fermée.
avantages : * l’effet coaptateur permet une stabilisation des déplacements fémoro-tibiaux,
donc diminue la tendance au tiroir antérieur.
* le pivot central est peu sollicité.
* on obtient un travail musculaire global du membre inférieur.
inconvénient : il existe plus de contraintes fémoro-patellaires après 60°-70° de flexion.
* travail en appui statique : (cf. II.3.a/) sur des cales de hauteur croissante, qui
déverrouillent de plus en plus le genou : le quadriceps doit alors stabiliser ce déverrouillage.
- 0,7 cm. : 15° de flexion.
- 2,7 cm. : 30° de flexion.
- 6 cm. : 45° de flexion.
- 10 cm. : 60° de flexion.
L’appui sur la cale doit se faire au niveau talonnier (si tout le pied est en appui, le sujet a trop
tendance à faire travailler le triceps sural).
* travail en accroupissement :
- entre 10° et 60°-70° de flexion de genou.
- en charge partielle ou totale.
- avec résistance élastique possible.
b/ ischio-jambiers :
Le travail en chaîne cinétique ouverte crée un tiroir postérieur qui protège la plastie.
Travail avec des résistances élastiques.
Terminer par des étirements musculaires.
c/ haubans internes ou externes :
En cas de lésion du LLI ou du LLE : travail avec un élastique à partir du membre inférieur
sain, le membre inférieur opéré reste en appui au sol et travaille en chaîne cinétique fermée.
travail des haubans internes
travail des haubans externes
II.5.travail de la marche
Avec 2 cannes anglaises, appui partiel à total, et correction des boiteries éventuelles :
* boiterie de Duchenne de Boulogne :
Pendant l’appui du membre inférieur opéré, élévation de l’hémi-bassin controlatéral non pas
par insuffisance du moyen fessier, mais plutôt par peur de l’appui.
Correction : - réapprentissage de l’appui statique et dynamique.
- faire marcher sur ligne.
* boiterie en salutation :
Pendant l’appui du membre inférieur opéré, flexion du tronc par :
- absence de contrôle du quadriceps ; l’extension du genou est alors réalisée par
la chaîne postérieure.
Correction : travail de translation du poids du corps avec les cales à hauteur variable.
- par non-dissociation du droit antérieur (bi-articulaire) par rapport aux vastes
(mono-articulaires). L’absence de relâchement du droit antérieur entraîne une antéversion du
bassin pendant l’appui.
Correction : exercices associant extension de hanche et extension de genou :
III. Troisième période : J 30 à J 90.
III.1. de J 30 à J60.
a/ proprioception + + + :
1. recommandations : réalisation prudente ou différée :
* en cas de douleur (qu’elle soit ou non d’allure algodystrophique).
* en cas d’hydarthrose.
* en cas de lésions cartilagineuses associées.
* en cas de syndrome fémoro-patellaire.
. ne pas oublier de travailler le côté sain.
2. nota bene : si la réalisation de la proprioception est retardée par l’apparition ou la
persistance d’une tendinite du tendon rotulien, nous tenons à votre disposition un protocole de
rééducation à cet effet.
3. progression à suivre :
* passage de l’appui bipodal à monopodal.
* passage de l’équilibre sur un sol stable à un sol instable.
* rééquilibration à partir d’auto-déséquilibres, puis de déséquilibres
provoqués et non-prévisibles; ces derniers se feront à deux niveaux :
- à distance de l’articulation par contact manuel direct ou par l’intermédiaire
d’un bâton, d’une corde ou d’un élastique par exemple.
- directement sur l’articulation (rapidité de réaction plus importante).
* suppression de l’information périphérique (contrôle visuel).
III.2. à J 45.
* suppression des 2 cannes anglaises si :
- pas de douleur.
- pas de flexum à la marche.
- pas de boiterie.
- bon contrôle du quadriceps pendant l’appui dynamique.
* vélo d’appartement sans résistance.
* stepper sans résistance.
* natation avec des palmes, mais pas de brasse.
* proprioception + + en progression.
III.3. de J 60 à J 90.
* proprioception + +.
* exercices globaux du membre inférieur : triple flexion, triple extension, abduction,
adduction, avec résistance à l’extrémité inférieure du fémur.
III.4. à partir de J 90.
* proprioception + +, qui sera de plus en plus orientée vers le geste sportif.
* travail du triceps sural en bi., puis monopodal.
* descente d’une marche à vitesse lente, en monopodal en excentrique, latéralement,
puis antérieurement. La marche sera de hauteur croissante.
IV. Après J 90.
* à 6 mois :
- début de course sous forme de trotting : petite vitesse, pas de décélération brutale,
pas de pivot, pas de changement brusque de direction, éviter les descentes.
- évolution vers le footing sur des terrains progressivement variés.
- course sur-place en levant les genoux, en piscine ou à sec (sol plat, trampoline, …).
- poursuite de la proprioception.
* à 9 mois :
- reprise de l’entraînement.
* à 12 mois :
- reprise de la compétition.
- pivots et contacts autorisés.
Remerciements :
Ce document a été réalisé par le service de rééducation fonctionnelle du CHV, avec l’aimable
collaboration du centre médico-chirurgical interdépartemental de Hauteville.
Un grand merci au docteur B. Quelard, à Monsieur O. Rachet et son équipe, pour leur
gentillesse et leur disponibilité.

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