comprendre les territoires de proximité: l`aéroport de paris

COMPRENDRE LES TERRITOIRES DE PROXIMITÉ:
L'AÉROPORT DE PARIS-BEAUVAIS-TILLÉ
Un aérodrome a été construit à Tillé durant les années 1930. Des avions de la compagnie anglaise Imperial Airways
reliant Londres à ses colonies y font des escales. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est utilisé par des
escadrilles françaises. Son aménagement a ensuite été amélioré par l'armée allemande. Devenu un enjeu stratégique, il
a été abondamment bombardé. À la fin du conflit, il est récupéré par les forces américaines qui y aménagent une piste
au "format OTAN" (2 430 m/45 m). Elles utilisent comme remblai des ruines de la ville de Beauvais. Son exploitation
commerciale débute en 1956. Pour ce faire, l'État, propriétaire de l'aéroport, a accordé une concession de 50 ans est
accordée à la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'Oise (CCIO). La tour de contrôle est construite en 1962 (c'est
aujourd'hui une des plus anciennes encore en service). L'aéroport accueille principalement des avions de compagnies
britanniques avec des transferts vers Paris, mais aussi des avions d'Air France pour l'entrainement des pilotes et du fret
(chevaux de course pour les hippodromes parisiens). Il va connaître un certain âge d'or dans les années 1960, malgré un
accueil sous des tentes jusqu'à la construction du Terminal 1 en 1979 et des parkings en terre, puis va souffrir de la
construction d'Orly puis de Roissy. L'aéroport va ainsi passer de 270 000 à 64 000 passagers. Sa fermeture est même
envisagée dans les années 1980. C'est la libéralisation du ciel au milieu des années 1990 qui va permettre de lui donner
un nouvel essor. Le 1er mai 1997, la compagnie irlandaise low-cost Ryanair ouvre une liaison Beauvais - Dublin très vite
suivie d'autres lignes vers les iles britanniques puis vers l'Italie et la péninsule ibérique. D'autres compagnies vont la
rejoindre: Wizzair (2004), Blueair (2005). Elles assurent surtout des vols vers la Roumanie et la Pologne peu desservies à
partir de Paris. Air Moldova, compagnie nationale de Moldavie, décide de quitter Roissy pour Beauvais en 2012.
Profitant de l'ouverture de l'espace aérien marocain et de l'essor du tourisme vers ce pays, Ryanair a ouvert plusieurs
lignes vers ce pays (Marrakech, Fès, Nador, Tanger, Rabat, Oujda). La compagnie Jetair Fly assure également deux vols
hebdomadaires vers Casablanca depuis avril 2013. Peu d'aéroports français sont desservis: Marseille (depuis 2010),
Béziers (printemps 2012) et Carcassonne (décembre 2012). Euro Lot, une filiale de la compagnie nationale polonaise, se
posera à Beauvais à compter de septembre 2013. 64 lignes régulières sont désormais desservies en été (dont 13 vers
l'Italie et 10 vers l'Espagne).
Les compagnies présentes à l'aéroport en avril 2013
Ryanair (Irlande)
Boeing 737 (189 places)
Wizzair (Hongrie)
Airbus A 320 (180 places)
Blueair (Roumanie)
Boeing 737 (150 places)
Air Moldova (Moldavie)
Embraer (110 places)
Jetair Fly (Belgique)
Boeing 737 (189 places)
Les dix principales destinations au départ de l'aéroport en 2012
1. Porto (230 000 passagers)
6. Madrid (167 000 passagers)
2. Rome (220 000 passagers
7. Bucarest (136 000 passagers)
3. Milan (220 000 passagers)
8. Pise (129 000 passagers)
4. Barcelone (208 000 passagers)
9. Bologne (128 000 passagers)
5. Dublin (175 000 passagers)
10. Stockholm (110 000 passagers)
Depuis 2007, l'aéroport est la propriété du Syndicat Mixte de l'Aéroport de Beauvais-Tillé (SMABT) composé de la
Communauté d'Agglomération du Beauvaisis, du Conseil Général de l'Oise et du Conseil Régional de Picardie qui en
confie la gestion à la Société Aéroportuaire de Gestion de d'Exploitation de l'Aéroport Beauvais-Tillé (SAGEB) composée
à 51% du CCIO et à 49% de Veolia.
Pour faire face à l'accroissement du trafic (3 millions de passagers), une seconde aérogare a été inaugurée en décembre
2010. Cette dernière est principalement réservée aux passagers de l'espace Schengen (environ la moitié des vols). Cela a
permis à l'aéroport d'accueillir 3 685 000 passagers en 2012 (principalement entre Pâques et la Toussaint). On a
enregistré 26 000 mouvements en 2012 et ce nombre devrait atteindre 32 000 en 2023 (soit 4 500 000 passagers). Cela
représente en moyenne 35 à 40 vols par jour, soit 2 à 3 vols par heure, mais on enregistre des pics à certaines heures et
certains jours de grands départs. La limitation du nombre de mouvements oblige les compagnies à ne desservir que des
destinations "rentables". Certaines qui sont "passées de mode" (Prague, Budapest, ...) déclinent ou disparaissent au
profit de nouvelles (pays baltes, Marrakech, ...). L'aéroport est très dépendant de la compagnie Ryanair qui a assuré 86%
du trafic en 2012. Depuis 2007, l'aéroport ne reçoit plus de fret. Celui-ci est plutôt dirigé vers l'aéroport de Vatry.
2/3 des passagers de l'aéroport sont des étrangers (principalement des Italiens). La zone de chalandise pour les
passagers français est principalement l'Ile de France (50%), le Nord-Pas-de-Calais (notamment vers la Pologne) et la
Normandie. Les déplacements touristiques arrivent en tête (52%), avant les déplacements familiaux (26%) ou
professionnels (20%).
50% des passagers empruntent les navettes de transfert au départ ou vers Paris (porte Maillot). Ce transport (3 heures
avant le décollage / 15 à 20 minutes après l'atterrissage) est assuré par une filiale de Veolia. Des navettes vers Amiens
ont été mises en place par le Conseil Régional de Picardie. Trois bus par jour desservent le parc EuroDisney via l'aéroport
de Roissy. 20 000 passagers les ont empruntés l'an dernier (1/200 passager). Six enseignes de location de véhicules sont
présentes sur l'aéroport (38 000 véhicules loués en 2012).
La SAGEB emploie désormais 900 personnes principalement originaires de l'Oise (85%) et notamment du Beauvaisis. Ce
sont surtout des jeunes ayant un métier qualifié. On cherche à développer la polyvalence des employés. La politique des
compagnies low cost limitant les bagages en soute (50% de bagages à main) permet d'employer moins de bagagistes.
Les services de sureté sont chargés de la sécurité des personnels et des appareils et de la lutte contre le terrorisme. Les
pompiers de l'aéroport (20 pompiers) ont été dotés de nouveaux matériels. Si l'on ajoute les emplois induits, l'aéroport
fournit du travail à près de 4 000 personnes. On projette d'ouvrir une école des métiers aériens sur le site de l'aéroport
qui est un des plus gros employeurs privés du Beauvaisis. On estime ses retombées économiques à 265 millions d'€uros.
Un point Info Tourisme a été ouvert dans le terminal 2. Son objectif est de promouvoir le tourisme dans la région. On a
réussi à faire en sorte que désormais 8% des passagers de l'aéroport visitent la région contre 4% il y a dix ans. On se fixe
l'objectif d'atteindre 12% dans quatre ans. Pour les séduire, on développe des "packs" incluant une nuit avec une visite
(château de Chantilly, Baie de Somme, ...).
On a cherché à faire un arbitrage entre l'intérêt économique et l'intérêt des riverains. Un plan environnemental vise à
limiter les nuisances sonores et la pollution atmosphérique. Un Plan d'Exposition au Bruit (PEB) a vu le jour concernant
notamment les communes situées aux extrémités de la piste (Laversines, Troissereux). Des aides à l'insonorisation ont
été accordées. Des procédures de contournement de certaines localités ont été mises en place. Un couvre-feu intégral a
été décrété par le Ministère des Transports entre minuit et 5 heures du matin. C'est le seul aéroport de France avec Orly
a en disposer. Les amendes en cas de non-respect peuvent aller de 25 000 à 40 000 €. Les avions qui fréquentent
l'aéroport sont les plus modernes, les plus performants et les moins bruyants existant sur le marché mondial des avions
moyen-courrier. C'est l'aéroport français où l'emport moyen est le plus élevé (147 passagers/avion contre 123 pour
Roissy et 82 pour les aéroports régionaux) grâce à la prédominance des compagnies low-cost qui cherchent à optimiser
au maximum le remplissage de leurs avions pour augmenter leur rentabilité. Des stations ont été mises en place pour
mesurer la qualité de l'air. Les normes Haute Qualité Environnementale (HQE) ont été généralisées pour la gestion des
plates-formes. L'aéroport a été le premier aéroport à proposer le tri sélectif à ses passagers en 2008. La gestion des
déchets est assurée par Veolia Environnement. Des mesures ont été prises pour limiter le stationnement dans la
commune de Tillé. Pour une meilleure gouvernance, on vise à améliorer l'information aux élus et aux citoyens et à
assurer la transparence des procédures. Dans les communes survolées, on enregistre une perte de valeur des biens
immobiliers. Par contre, la présence de l'aéroport est un atout pour de nouvelles opérations immobilières à Beauvais
qui n'est pas survolée mais qui peut profiter de la notoriété et des emplois créés.
Un système d'atterrissage tous temps a été mis en service en 2011. Pour ce faire des acquisitions foncières ont été
réalisées portant l'emprise de l'aéroport à 210 hectares. La desserte de l'aéroport va être améliorée et une nouvelle
caserne de pompiers construite. L'extension du parking avion (12 places) et des parkings automobiles sont prévus. Une
nouvelle gare routière (pôle multimodal) va être construite en 2014 (14 quais pour Paris, un pour Amiens, un pour
EuroDisney). Une nouvelle tour de contrôle devrait voir le jour en 2016 à l'angle des deux terminaux. Un 3° taxiway est
envisagé, mais, par contre, il n'est pas prévu de construire une seconde piste. Un hôtel pourrait également y être bâti.
La notoriété de l'aéroport va croissant et son image est plutôt positive. Il fait désormais partie du Top10 des aéroports
français (9° rang). Il semble s'inscrire dans la durabilité et sa croissance devrait se poursuivre, d'autant plus que le projet
d'un 3° aéroport parisien a été abandonné. Plus petit et moins cher, il a su séduire les compagnies low cost qui y font de
courtes escales (25 minutes). Son succès inspire même désormais d'autres aéroports.
L’aéroport de Beauvais-Tillé en 1970
L’aéroport de Beauvais-Tillé en 2010
Merci à Philippe TRUBERT, responsable commercial de l'aéroport pour son accueil.