Pierre Molinier Jeux de Miroirs

Transcription

Pierre Molinier Jeux de Miroirs
Dossier de présentation
Pierre
Molinier
Jeux de
Miroirs
Musée des beaux-arts
23 septembre – 20 novembre 2005
Exposition organisée par le musée des beaux-arts avec le soutien
du Ministère de la Culture et de la Communication
de la Direction des Musées de France
de la Direction Régionale des Affaires Culturelles
de la Direction Générale des Affaires Culturelles de la Ville de Bordeaux
Commissaire général
Olivier Le Bihan
Directeur du musée des beaux-arts
Commissaires de l’exposition
Françoise Garcia
Conservateur en chef
Mike Yve
Département des publics
Remerciements aux prêteurs et aux partenaires
Pierre Molinier / Jeux de Miroirs est réalisée grâce aux prêts généreux du Centre Georges Pompidou,
Paris, Musée national d’art moderne, du Fonds national d’art contemporain (FNAC),
du musée des beaux-arts de Nantes, de la Maison Européenne de la Photographie, Paris ; des
FRAC Collection Aquitaine, FRAC Limousin, FRAC Rhône-Alpes, FRAC PACA, FRAC Pays
de Loire, FRAC Poitou-Charentes, FRAC Languedoc-Roussillon, de la JGM-galerie, de la galerie
Kamel Mennour, de la galerie Loevenbruck, de la galerie Maison-Neuve, de la galerie Jérôme
de Noirmont ainsi que de nombreuses collections privées.
Dans le cadre de la programmation culturelle liée à l’exposition, le musée des beaux-arts remercie
le TnBA, le TNT, la Compagnie Les Marches de l’Eté/Kairos Compagnie, le Glob Théâtre,
le Théâtre du Pont-Tournant, la galerie La Mauvaise Réputation, la galerie cortex athletico, l’équipe
organisatrice de la manifestation d’art actuel Opendoors Openeyes et celle du festival Nov’Art 2005
Nos remerciements particuliers s’adressent à Françoise Molinier, ainsi qu’au Comité Molinier.
Contact presse
Musée
Dominique Beaufrère,
responsable du département des publics
Tél. : (33) 05 56 10 25 17
Fax : (33) 05 56 10 25 29
[email protected]
Mairie
Michèle Walter,
attachée de presse,
service communication de la ville
Tél. : (33) 05 56 10 21 74
[email protected]
Sommaire
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Présentation de l’exposition
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Extraits du livre de l’exposition
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Biographie
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Programme culturel
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Les lieux, informations pratiques
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Images disponibles
1
Pierre Molinier, Le Chaman, photomontage,
Collection particulière, Courtesy Galerie Kamel Mennour,
© ADAGP, Paris 2005.
Présentation
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Exposition
Pierre
Molinier
Jeux de
Miroirs
Galerie des beaux-arts
23 septembre – 20 novembre 2005
L’exposition Pierre Molinier / Jeux de Miroirs est une première à Bordeaux, ville où l’artiste a choisi de vivre,
de se mettre en scène, puis de disparaître. Pour beaucoup encore, Pierre Molinier (Agen, 1900 – Bordeaux,
1976) n’est qu’un trublion isolé, provocateur et obscène, alors que son œuvre prend aujourd’hui un relief
particulier face aux déconstructions et « brouillages » des genres auxquels les artistes contemporains se
livrent sans détour. Afin de rendre hommage à l’un des artistes bordelais les plus célèbres du XXème siècle,
la galerie des beaux-arts offre une sélection de photomontages de Pierre Molinier, en particulier la série Le
Chaman et ses créatures, des peintures emblématiques (Le Grand Combat) et des œuvres sur papier qui
replacent son travail dans le champ de la création artistique de la fin des années 60. La présence d’œuvres
de quelque 27 artistes (ou duos d’artistes) permet de déborder la fantasmagorie Molinier vers d’autres
perceptions intimes de l’érotisme et des déterminismes de l’individu. Kader Attia, Olivier Blanckart,
François Burgun, Olivier Caban, Claude Cahun, Luciano Castelli, Eva et Adèle, Philippe Faure, Joël
Garrigou, Matthias Herrmann, Michel Journiac, Jürgen Klauke, Fred Koenig, Rachel Laurent, Karl
Lakolak, Urs Lüthi, Christopher Makos, Man Ray/Marcel Duchamp, Robert Mapplethorpe, Yasumasa
Morimura, Pierre et Gilles, Cindy Sherman, Alberto Sorbelli, George Tony Stoll, Jean-François Texier,
Jean-Luc Verna, Andy Warhol, tous donnent libre cours au jeu des filiations avec Pierre Molinier dans les
registres des travestissements, de l’autoérotisme, du fétichisme, et des questions d’identité et de genre.
C’est en transgressant, non sans humour, la frontière entre masculin et féminin que Pierre Molinier
élabore un œuvre fétichiste, hanté de créatures sophistiquées, aux jambes gainées de résille et aux visages
de poupées auxquelles il prête le plus souvent son propre corps. L’androgyne fusionnant en lui les deux
sexes, « il proclame la possibilité d’être à la fois et dans le même temps le Même et l’Autre ». Cette vision
de la sexualité a parfois suscité l’embarras. En 1951, critiqué par les Artistes Indépendants Bordelais, il est
contraint de voiler sa peinture Le Grand combat, pour ne pas choquer la sensibilité du public de la galerie
des beaux-arts… Le travail de photomontage de Pierre Molinier, intensément autobiographique et
impudique, est l’emblème d’un « art de l’attitude » adopté par les artistes qui, avec le langage de leur
propre corps, entreprennent la dissolution des genres.
Pierre Molinier / Jeux de Miroirs convoque les prédécesseurs et/ou contemporains de celui que Breton qualifiait
de « maître des vertiges », tels que Claude Cahun et Marcel Duchamp. En effet, Marcel Duchamp est parmi
les premiers artistes à « changer de sexe » en 1919/1920 en se constituant un alter ego féminin, la fameuse
Rrose Sélavy. Il pose, sous l’œil de l’ami et complice Man Ray, immortalisant la naissance de ce double
féminin/érotique dont le pseudonyme est un jeu de mots : « Rose c’est la vie » ou « Eros c’est la vie ».
3
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Cette attitude engagée, qui consiste à se travestir, à adopter un pseudonyme à consonances féminine
et juive, ouvre une voie nouvelle et libertaire, celle de la « féminisation de l’art ».
Dans les années 70, les jeunes contemporains de Molinier que sont alors Castelli, Klauke, Lüthi ou
Journiac flirtent avec la mise en danger de l’autoportrait ambivalent et sexué. Ils appartiennent à une
« subculture » où se mêlent androgynie, travestisme, revendications féministes, homosexuelles et
transsexuelles. Le point de vue de l’exposition projette Pierre Molinier, photographe et « performer »,
dans une proximité avec les artistes de l’Art corporel. L’exercice de l’autoportrait érotique et
féminisé, auquel Molinier s’est livré pendant plus de quinze années, est un travail impliqué dans une
« grammaire » du corps telle que la définissait François Pluchart, théoricien de l’Art corporel.
L’artiste bordelais engage son œuvre (en même temps que sa vie) dans l’exécution plastique d’une
figure considérée avant lui comme décadente ou tabou : l’androgyne. Compte tenu du rapport à
l’identité, au désir et à la sexualité mis en exergue par les photographies de Pierre Molinier, du défi
qu’elles représentent face à la problématique de l’indétermination des genres, il n’est pas abusif de
suggérer que les poses de Molinier préfigurent la formulation des théories « queer » et les démarches
d’artistes contemporains. L’influence posthume de Molinier se reconnaît aussi bien dans les travaux
de Cindy Sherman que dans les performances d’Alberto Sorbelli, dans les défis érotiques de Matthias
Herrmann que dans les jeux transgressifs de François Burgun – autant de reflets de la reconfiguration
des identités et des corps sexués du tournant de ce siècle.
En 1974, Pierre Molinier découvre le visage fardé et le corps travesti de Luciano Castelli dans le
catalogue de l’exposition Transformer. Séduit par la beauté androgyne du jeune artiste, il l’invite à
Bordeaux pour poser. Castelli développe des registres artistiques variés tels que : la photographie et
la peinture, la vidéo et la performance, la peinture corporelle et le collage… En 1986, il produit de
grandes peintures intitulées Amitié à Molinier, reprenant les poses adoptées par lui-même ou par
Molinier dans ses photomontages : « J’ai transposé inconsciemment dans ma peinture la technique de
montage de Molinier. Il joue également un rôle important dans mes travaux photographiques. Et je suis sûr que
Pierre Molinier continuera de ressurgir encore et toujours dans mon travail artistique. »
Matthias Herrmann, artiste allemand vivant en Autriche, brise violemment le tabou de l’autoreprésentation artistico-érotique : « Je suis intéressé par les limites de ce qui est officiellement représentable,
par ce qui les définit et par la raison qui se cache derrière ces limites. » A l’instar de Molinier, qu’il cite à
plusieurs reprises dans son œuvre, c’est un authentique transformiste. Il mêle et intervertit les genres,
les émotions et les identités avec la facilité d’un illusionniste. Il présente sa sexualité et ses fantasmes
dans une perspective de dérision. Une salle de l’exposition accueille une proposition artistique inédite
de l’artiste viennois, directement inspirée par l’univers esthétique de Pierre Molinier.
Alberto Sorbelli s’évertue à transgresser, tout au long des années 90, un tabou des sociétés
occidentales qui se niche jusque dans les coulisses des expositions d’art contemporain : son
esthétique questionne les relations entre l’art et la prostitution, en les assimilant. Authentique
prostitué, porté sur le travestissement, Sorbelli vend ses charmes par le biais d’une petite annonce
dans la Gazette de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts… Juché sur ses talons hauts, il tapine aussi
bien sur les trottoirs, la nuit, que dans les galeries du Louvre ou du Palais Pitti. Il crée l’événement
en exposant, pour la première fois dans un musée, les photographies couleur de sa série réalisée
devant La Joconde qui symbolisent tout un art d’attitude.
Dans la généalogie des héritiers de Pierre Molinier, l’exposition fait place à des artistes qui créent à
Bordeaux tels le « plasticien-scripteur » Karl Lakolak, Olivier Caban et ses « découpirettes », Joël
Garrigou et sa sensuelle série Skin, Philippe Faure et ses motifs obsessionnels, Jean-François Texier
et ses tenues tricotées main.
Avertissement : La direction du musée des beaux-arts souhaite attirer
l’attention des visiteurs sur le fait que certaines représentations sont
susceptibles de heurter la sensibilité du jeune public.
Edition
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Un livre coédité par le musée des beaux-arts et les éditions Le Festin,
accompagne l’exposition Pierre Molinier / Jeux de Miroirs.
De nombreux auteurs bordelais, ont contribué à cet ouvrage, il est composé de la façon suivante :
Introduction Olivier Le Bihan
Pierre Molinier à Bordeaux
Francis Maugard, Tombeau de Pierre Molinier
Pierre Chaveau, Miroir, mon beau miroir
Françoise Garcia, Une période de questionnements
Dominique Cante, En attendant le printemps…
Dominique Dussol, Molinier, en marge du surréalisme
Photomontages
Hélène Sorbé, Petite Histoire du photomontage
Françoise Garcia, Pierre Molinier, photomontage et art tantrique
Françoise Garcia, Du photomontage considéré comme une tauromachie
Marc-Louis Bourgeois, La subversion esthétique des genres
Pierre Molinier et l’art contemporain
Bernard Lafargue, Revoir Molinier de fils Queer paré : un art du sexe comme performance et feu d’artifice
Lydie Pearl, La peinture et son double
Mike Yve, Pierre Molinier entre autre(s) genre(s)
Matthias Herrmann, quel animal sexuel êtes-vous ? Entretien avec Matthias Herrmann par Mike Yve
Bélisse de Lopez, éléments biographiques, fortune critique, bibliographie, expositions
Prix : 25 euros
176 pages
14 x 22
ISBN : 2-915262 25 X
Editions Le Festin
Bâtiment G2
1 quai Armand Lalande
33300 Bordeaux
05 56 69 72 46
05 56 11 01 29
[email protected]
Rencontre autour du livre le vendredi 23 septembre à 18 h à la librairie Mollat
En présence de Françoise Garcia, Mike Yve (commissaires de l’exposition)
Bernard Lafargue, Dominique Dussol et Marc-Louis Bourgeois
5
Pierre Molinier avec masque
Suite en cinq, 5/5, 1974
photo Jacques Bonnefon
Extraits du livre de l’exposition
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Une période de questionnements
Que savions-nous de la sexualité, à vingt ans, à la fin des années 1960 ? Qu’en connaissions-nous,
quand nous déambulions à Bordeaux, Place St Pierre ou rue de la Devise ?
Nous savions le désir, la séduction, les querelles intimes, mais ce que nous affirmions par dessus tout
était que les rapports hommes / femmes devaient changer. Nous le savions et œuvrions pour, avec
Lise, Odile, Marie, Joëlle et beaucoup d’autres. Nous nous réunissions, discutions, permettions un
nouvel avenir, nous savions qu’une femme devait pouvoir choisir d’avoir un enfant ou non.
Mais aussi : nous nous émancipions du milieu familial, nous renoncions aux vieux principes du couple.
Retrouver sa liberté pour un temps abandonnée, s’affronter à l’égalité de l’autre, connaître sa
différence, renoncer à la domination, dire sa jalousie, et surtout vivre libre, du moins le désirions-nous.
Car toujours : comment n’ai-je pu te dire ? comment ai-je laissé faire ? comment ai-je pu
abandonner, être aussi aveugle, accepter jusqu’à la honte ?
De cette vie nouvelle, malgré tout, surgissaient des questionnements et de ces questionnements de
nouveaux rapports à l’autre.
Le concept de lesbien a vu le jour. Etre lesbien, c’était renoncer à dominer, comprendre l’autre
jusqu’à renoncer, ne plus être ni homme ni femme, pour mieux retrouver l’autre.
« […] Et pourtant, il s’agit de vivre à deux sans que ça devienne un nid, une cellule, un théâtre
d’imposition mutuelle, où chacun impose à l’autre sous le signe d’un phallus. Il s’agit toujours de ne
pas avoir de personnalité définie, ni de se cloîtrer dans la différence, l’échange et le commerce. […] »
« […] Et : tu n’es pas ma femme (ni ma, ni femme), je ne suis pas ton mari (ni ton, ni mari). Je ne veux
pas que tu vives pour moi, ni moi pour toi, ni l’un dans l’autre, ni l’un par l’autre, ni l’un par rapport à
l’autre. Mais qu’il n’y ait ni un ni autre, ni l’un se définissant par rapport à l’autre. Simplement deux
multitudes présentes et larges, se retrouvant de temps en temps sans marché ni violence sur le plus
possible des points de leurs ensembles. […] »1
A quelques pas de nous, Molinier aussi se disait lesbien. Ainsi exprimait-il son rêve d’être femme pour
mieux aimer les femmes mais aussi se séduire lui-même dans le reflet de ses miroirs.
Molinier jouait de ses secrets désirs, transposant dans sa peinture et ses photomontages le monde de
ses fantasmes. Mettant en scène son propre personnage travesti, il ordonnait une cérémonie dans
laquelle ses acteurs consentaient au rôle imparti, dans de longues séances de pose, précises,
minutieuses, jusqu’à la prise de vue.
Lesbien, il l’était aussi dans sa vie quotidienne. Fustigeant les idées convenues, il se moquait des
offuscations hypocrites, provoquait, profanait, s’exhibait sans scrupules, laissant sa porte ouverte aux
marginaux, à ceux qui vivaient dans le secret la question du genre.
Molinier était un être libre, enfermé dans le huis clos de son grenier, s’accommodant de peu,
convaincu de l’union des contraires, de l’union avec l’énergie cosmique, une union originelle, où
masculin et féminin se confondent dans la dynamique de ses photomontages.
Les relations nouvelles qu’il vivait avec les femmes et qu’il avait tôt expérimentées, il les avaient élargies
aux hommes, à ceux qui le séduisaient par la finesse de leurs jambes, qui se gainaient de noir et
chaussaient des talons aiguille, se transformaient en êtres hybrides, homme-femme ou femme-homme,
dans la connivence du travestisme, la jouissance du fétichisme, l’excitation des moments consacrés à
l’épilation, au maquillage, à la pose parfaite.
Emmanuelle, Hanel, Luciano ont été aimés d’un amour fou, dont l’œuvre créée avec Molinier a
sublimé l’issue mortelle, transposant la fusion avec l’être en fusion esthétique, celle-là même qu’il
nous donne à partager.
7
8
Emprisonné dans le voile de ses bas, contraint par l’armature du corset, ne trouvant le souffle qu’au
travers du masque toujours souriant de la poupée, pris dans les mailles qu’il s’est lui-même tissées,
il affronte le temps et la solitude, trouvant dans son art l’ouverture salvatrice qui éloigne la folie.
Françoise Garcia, conservateur en chef, commissaire de l’exposition
(1) – François Coupry, Je suis lesbien, Paris, Balland,1978, p.96-97 et 98-99.
Pierre Molinier entre autre(s) genre(s)
L’exposition Pierre Molinier / Jeux de Miroirs, dans sa « section des artistes contemporains », regroupe
27 artistes (et duos d’artistes), pratiquant généralement la photographie comme l’entendait Roland
Barthes, c’est-à-dire comme « science des corps désirables ». Leurs œuvres épousent des esthétiques
différentes mais abordent des problématiques proches telles que la transgression des genres du
masculin vers le féminin, l’androgynie, le travestisme, le transsexualisme, les fétichismes, la frontière
entre érotisme et pornographie conceptuelle etc. La centralité du corps dans les œuvres du tournant
du XXIème siècle fait apparaître une récurrence de la problématique du « genre » (« gender »)
développée par les théoricien(ne)s queer dont la plus influente est aussi la fondatrice de ce courant
de pensée : la philosophe américiane Judith Butler, auteur de l’essai Gender Trouble, paru aux EtatsUnis en 1990. Les corps ou évocations de corps des œuvres choisies pour Pierre Molinier / Jeux de
Miroirs font vaciller la domination du corps viril, glorieux, héroïque, « hétéronormé » ou
« homonormé » (comprendre par ces préfixes hétéro : tout ce qui rapporte à l’hétérosexualité, homo :
tout ce qui se rapporte à l’homosexualité). « En faisant proliférer les identifications dans tous les sens
(directions) possibles, les travestis hommes et femmes, hétéro ou homosexuels, sèment le trouble dans les
immatriculations sociales en opérant une dénaturation des genres. Parce qu’il fait du genre un point de vue
polémique sur le sexe, le travestissement, vu la richesse des combinatoires, se pose comme un défi permanent aux
systèmes binaires d’opposition de la dialectique occidentale : intérieur/extérieur, être/paraître,
vérité/mensonge… » 6
Les œuvres des artistes contemporains, de sensibilité gay, transgenre ou queer montrent que ceuxci se livrent, depuis trente ans à un véritable activisme intégrateur de subcultures dans les courants
dominants de l’art. Dans cette perspective, l’œuvre de Pierre Molinier, à l’instar de celles de ses
successeurs Robert Mapplethorpe, Michel Journiac ou Pierre & Gilles, fait figure d’emblème. Tous
adoptent un double jeu stratégique pour infiltrer et ébranler les catégories de représentation
« straight » (ou « hétéronormative »), brouiller les genres dans un art de la caricature où les identités
sont jouées sur un mode exagéré, extrême (voire paroxystique).
Depuis plus d’un demi-siècle, le monde de l’art s’est évertué à contourner et même à supprimer
quelque culture alternative que ce soit. Pendant de longues décennies, les contradictions internes de
la culture dominante ont dénié à une grande partie de la production artistique tout texte féminin,
gay, transgenre ou queer, même sous-jacent. Pourtant, au début des années 1970, au cœur de la
révolution sexuelle, toute une génération d’artistes invente une alternative esthétique à ce système
peu ouvert, produisant des œuvres formellement identifiables, repoussant les limites de la
représentation des sexualités et des genres. Une nouvelle sensibilité, plus féminine, s’empare du
devant du débat culturel se déployant sur tous les fronts, des expressions les plus intellectuelles aux
plus populaires. Les artistes de la « féminisation de l’art » gagnent peu à peu en visibilité.
Résolument crue dans les problématiques abordées et incisive dans sa tournure d’esprit, cette
culture « alternative » s’est affirmée dans l’ensemble des milieux artistiques nord occidentaux. C’est
ainsi que les liens se sont consolidés entre les homosexuels, les lesbiennes et d’autres groupes, que
sont les travestis, les transsexuels et les androgynes, tout ce que l’on qualifie de « minorités », dont
la présence dans la société suscite incompréhension, rejets et attaques.
La « féminisation » de l’art contemporain
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Marcel Duchamp (Blainville, Seine-Maritime, 1887 – Neuilly-sur-Seine, 1968) est parmi les premiers
artistes à « changer de sexe » en 1919/1920 en se constituant un alter ego féminin, la fameuse Rrose
Sélavy. Il pose, travesti en son double, sous l’œil de l’ami et complice Man Ray (né Emmanuel
Rudnitsky, Philadelphie, 1890 – Paris, 1976) immortalisant la naissance de ce double
féminin/érotique dont le pseudonyme est un jeu de mots : « Rose c’est la vie » ou « Eros c’est la
vie ». Cette attitude engagée, qui consiste à se travestir, à adopter un pseudonyme à consonances
féminine et juive, ouvre une voie nouvelle et libertaire qui trouve un écho aujourd’hui dans les
œuvres contemporaines. Cette voie est celle de la « féminisation de l’art », peut-être même d’un
« devenir androgyne de l’art ». Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, dans l’ouverture du
catalogue de l’exposition Fémininmasculin, Le sexe de l’art (Centre Georges Pompidou, 1994)
défendent l’hypothèse de l’apparition d’une généalogie artistique qui se développe en marge « de la
tradition classique (…) de la différence des sexes. » Les artistes des années 1990/2000 doivent beaucoup
à la force et au courage de leurs prédécesseurs Marcel Duchamp/Rrose Sélavy, Claude Cahun et
Pierre Molinier, figures désormais emblématiques des courants « transgenre ». Avec les
travestissements de ces artistes, c’est l’art contemporain qui s’ouvre à la féminisation.
Man Ray/
Marcel Duchamp
Portrait de Rrose Sélavy,
1920,
Frac Languedoc Rousillon
Claude Cahun
Sans titre,
1919,
MNAM
[…] Marcel Duchamp/Rrose Sélavy donne naissance à un lignage d’artistes qui mettent à mal les
clivages traditionnels des genres féminins et masculins : Claude Cahun, Pierre Molinier, puis Michel
Journiac, Luciano Castelli, Jürgen Klauke, Urs Lüthi et plus tard Matthias Herrmann, Yasumasa
Morimura, Jean-Luc Verna… Tous refusent le dogme freudien d’une anatomie destinale et
déconstruisent le clivage des sexes dans des configurations artistiques positionnées « au-delà de la
différence sexuelle ». Pour brouiller la frontière entre les genres les artistes se parent de masques, se
travestissent, mettent en scène les fétiches vestimentaires en les détournant. Lucy Schwob adopte
aussi, dès 1919 (et définitivement), un pseudonyme : Claude Cahun (Nantes, 1894, – Paris, 1954),
choisi pour être unisexe. Son nouveau prénom est volontairement indéterminé. L’artiste cherche
(elle aussi) la reconnaissance des surréalistes (elle les rejoint en 1925). Elle revendique un art
« androgyne » qui suggère une stratégie de reconnaissance autant qu’un choix esthétique.
[…]
10
L’unisexe des années 1970
L’œuvre photomonté de Pierre Molinier, intensément autobiographique et impudique, est
l’emblème d’un art de l’attitude adopté par les artistes qui, avec le langage de leur propre corps,
entreprennent la dissolution des genres masculin/féminin. Les jeunes contemporains de Molinier
que sont alors Castelli, Klauke, Lüthi ou Journiac flirtent aussi avec la mise en danger de
l’autoportrait ambivalent et sexué. Ils appartiennent à une « subculture » où se mêlent androgynie,
travestisme, revendications féministes, homosexuelles et transsexuelles. En cela ils s’apparentent
aussi à Andy Warhol (Pittsburgh 1928 – New York 1987) maître de l’iconographie occidentale de la
seconde moitié du vingtième siècle qui, fasciné par le glamour et le sex-appeal des vedettes
hollywoodiennes, fait de ses amis travestis les stars de son cinéma. L’œuvre d’Andy Warhol, bien que
fondamentalement enracinée dans la culture
iconographique picturale, est hantée par l’idée du corps
libéré de toute entrave. Par le biais de la caméra, Warhol
participe à la revendication d’une libération totale de la
sexualité. […] La Factory, studio et appartement d’Andy
Warhol, est l’espace dans lequel le rêve peut se
substituer au réel. Ce lieu de création et de rencontre où
règnent la convivialité, la promiscuité, la liberté et le
souci d’égalité, est très prisé par les travestis dont Warhol
aime s’entourer. Warhol aime le corps travesti parce qu’il
brouille les frontières, dissipe les repères conventionnels
et préfigure un corps idéal et androgyne. En 1981, il
pose, à son tour, travesti pour une série de portraits noir
et blanc, sous l’œil de son ami, le photographe
Christopher Makos (1948, Lowell, Etats-Unis – vit et
travaille à New York). Dans l’ombre bienveillante de
Rrose Sélavy, Warhol compose une suite de figures
androgynes utilisant cinq modèles de perruques
différents, ayant recours à une maquilleuse de théâtre
[…]
Christopher Makos Sans titre (Portrait d’Andy Warhol travesti),
1981, Courtesy JGM Collection Paris
Du décodage des stéréotypes de la féminité…
La pensée du corps chez Michel Journiac (Paris, 1943 – Paris, 1995) s’ouvre sur une pensée sociale et
politique, ses problématiques sont étroitement liées à la pensée de Pierre Guyotat qui analyse les
soumissions imposées aux individus par différents types de pouvoirs. Principal représentant de l’Art
corporel en France, Journiac s’exprime depuis 1968 par des actions, des photographies, des écrits, des
objets, des peintures... utilisant à plusieurs reprises les ressorts du travestissement. L’enjeu de l’œuvre
de Journiac est le questionnement du corps dans sa socialisation. [...] en 1974, en vingt-quatre photos,
Michel Journiac parodie les Vingt-quatre Heures de la vie d’une femme ordinaire depuis le lever du mari,
le travail, les courses, le ménage, la vaisselle, le dîner, le coucher... et ensuite les fantasmes.
[…]
... aux contours, représentations et visibilité de la sexualité
L’univers de François Burgun (Metz, 1977 – vit et travaille à Arles) est peuplé d’autoportraits
érotiques avec ou sans robes, de garçons qui posent dans des costumes féminins mais sans jamais se
départir de leurs caractéristiques viriles. Ils ne sont pas véritablement travestis. Les tenues, robes à
carreaux Vichy, robes de mariées avec traîne,
tutus, uniformes d’hôtesses de l’air, tailleurs, ne
sont pas des accessoires pour jouer des rôles, au
contraire ils sont fétiches révélateurs. Les corps
chez Burgun ne sont pas non plus héroïques,
les garçons sont parfois filiformes, les filles ont
les seins piercés et exposent fièrement
androgynie et/ou rondeurs. Burgun confronte
les problématiques d’identité et de sexualité, il
parle de « sexuation » des situations dans son
œuvre. […] Les autoportraits Sans titre (2004)
le représentent dans un salon de coiffure
vieillot, jouant avec une « tête » de poupée à
coiffer dans un rituel érotico-narcissique avec
miroir.
[...]
François Burgun Sans titre (autoportrait), 2004
Du métissage des genres…
L’atmosphère d’extravagance qui se dégage de la présence et des oeuvres du duo « hermaphrodite »
formé par Eva et Adèle (venus du futur – vivent et travaillent à Berlin) doit beaucoup à leur
apparence gémellaire. Ils recomposent ensemble l’Androgyne primordial, Eva & Adèle incarnant les
Adam & Eve du Jardin de l’Eden queer. Bien que l’un soit biologiquement femme et l’autre
biologiquement homme, ils s’indéfinissent volontairement, se parent de sous-vêtements et tailleurs
féminins et apprécient le « ils » lorsque l’on parle d’eux, en dépit de leurs noms féminins. [...] Eva
& Adèle ont une couleur fétiche éminemment sexuelle et kitsch : le rose acidulé, rose des bas et
porte-jarretelles, rose de leurs décors, rose de leurs draps et couvre-lits. Ils ont fait de cette couleur
l’emblème de leur androgynie et le reflet de leur attitude « camp ». 18
Après un parcours voué à la peinture, et après avoir expérimenté la performance, Karl Lakolak
(Vouvant, 1956 – vit et travaille à Paris et à Bordeaux) produit une œuvre photographique dans
laquelle il verse sa palette vive, mais aussi ses mots. Réfutant le qualificatif de poète, il dit de lui qu’il
est un « artiste scripteur » et, en effet, il inscrit sa prose en coulées picturales sur le corps de ses
modèles. C’est le modèle qui est le déclencheur : Yuri, Enzo, Thomas, Filo, Jeremy, Ben, Samy…
évoquent des portraits poétiques à Lakolak […]. L’esthétique Lakolak combine singulièrement
lumière caravagesque et reflets kitsch qui ne sont pas sans évoquer « Pink Narcissus », chef d’œuvre
du cinéma underground des années 1960
réalisé en décor et lumières artificiels dont
l’auteur,
James
Bidgood,
décorateur
d’Hollywood, est longtemps resté dans
l’ombre. [...] Ses « photographies peintures »
évoquent moins les performances des
actionnistes viennois que la peinturemaquillage couvrant le corps de Luciano
Castelli. Parfois, les photographies se passent
de peinture et le travail de la lumière se fait
moins baroque, les corps se sculptent,
enveloppés de drapés plastiques.
Karl Lakolak Enzo (série Un con m’habite), 2005
11
12
Pierre et Gilles (Pierre Commoy, 1949, La Roche-sur-Yon – Gilles Blanchard, 1953, Sainte-Adresse –
vivent et travaillent à Paris) sont deux âmes sœurs. Depuis le milieu des années 1970, c’est Pierre
qui prend les photos et Gilles qui peint. Ils se complètent. […] Dans leur univers plastique
cohabitent homosexuels mâles, lesbiennes, travestis, transsexuels, androgynes, stars et inconnus –
autant de personnages qui contribuent par leur personnalité à l’élaboration de « l’esthétique Pierre
& Gilles ». Depuis dix ans leurs images sont moins naïves, l’imagerie s’est sexualisée, elle est
devenue plus « adulte » et plus grave, directement érotique. […] La pratique de l’autoportrait est
récurrente. Dans leur récente série, Les Exils intérieurs (2004) ils surprennent avec des compositions
savantes de corps fragmentés, leurs propres corps, leurs sexes et leurs tatouages reflétés dans des
miroirs brouillés. Le corps morcelé, l’intensité érotique, les compositions étrangement abstraites de
ces dernières œuvres nous invitent à méditer sur le corps érotique qui, en dépit de toutes les
violences infligées par les maladies contemporaines (le Sida en particulier) continue d’exulter.
[…]
Une esthétique de l’indétermination
Matthias Herrmann
Presentation is as important as content
(de la série Textpieces 1996-1998),
20 X 25, photographie couleur,
Courtesy Galerie Steinek Vienne
[…]
Dans la ligne de Pierre Molinier, les artistes
contemporains s’inspirent du trouble originaire de
l’être sexué. Ils opèrent une dissolution des
frontières séparant les genres, révèlent à quel point
nos sens sont mutilés, à quelles pressions émises par
la société notre corps est soumis. Tous pratiquent
l’ouverture d’une brèche dans l’expression vive du
désir et/ou remettent en question les différences
sexuelles, ils facilitent l’approche sensible en même
temps que la compréhension psychologique des
intersexualités. Les artistes contribuent largement à
la contestation des statuts masculin et féminin, en
ces temps où le trouble des identités se révèle
publiquement. La contestation passe par des
combinatoires telles que la quête androgynique de
l’autre dans le même, de l’autre dans le différent, de
l’autre dans l’indéfini etc. Toute déclinaison qui
permet à la nature androgyne de se réaliser et de
s’épanouir est aujourd’hui possible, l’imaginaire des
artistes et leurs caricatures déconstructives des
genres contribuent aux nouvelles formulations
identitaires. Anti-discriminatoires, les œuvres
désignent toutes les inclinations de l’individu. Il y a
aujourd’hui une nouvelle construction symbolique
de la question du sexe qui rappelle que la différence
des sexes n’est pas une loi de la nature. […] Les retournements des codes de la photographie et de
l’imagerie publicitaire (Matthias Herrmann) ou cinématographique (Yasumasa Morimura, Cindy
Sherman), les jeux de travestissements queer en tous genres (Eva & Adèle, François Burgun, Fred
Koenig), les prises de risques du côté de l’obscène et du grotesque, les remix des icônes de la
« féminisation de l’art » (Olivier Blanckart, Rachel Laurent, Jean-luc Verna), l’élévation au rang d’art
noble des catégories traditionnellement dévaluées que sont le kitsch et l’érotisme (Pierre & Gilles,
Karl Lakolak), l’intégration d’un tabou comme la prostitution dans les questionnements légitimes de
l’art (Alberto Sorbelli, Kader Attia) sont autant de forces identitaires vives désormais visibles dans le
champ de l’art contemporain.
Mike Yve, commissaire d’exposition
NOTES
6 – Bernard Marcadé, in Pierre & Gilles L’œuvre complet, Editions Taschen, 1996
12 – Eric Valentin, in Artstudio, numéro 8 spécial Andy Warhol, printemps 1988
18 – Tentative de définition du « Camp » : terme anglais qui signifie à la fois : affecté, poseur et efféminé (prononcer
« Kèmp »). Molinier travesti, Warhol perruqué, Eva & Adèle chauves et fardées, Herrmann suraccessoirisé, Burgun vêtu de
ses robes courtes sont des personnages « camp ». « Camp » est un peu l’équivalent en anglais d’extravagance et d’ironie
affichées, le tout mâtiné d’une dose d’humour.
13
Pierre Molinier, Autoportrait, collection Luciano Castelli
Biographie
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Pierre Molinier naît un vendredi 13 avril 1900 à Agen. Il étudie dans une institution religieuse mais
déjà se passionne pour le dessin et la peinture.
Ses premiers paysages sont ceux des vallées du Lot-et-Garonne
En 1919 il s’établit à Bordeaux comme artisan peintre, à l’instar de son père.
Après son service militaire, il découvre « les œuvres des maîtres » dans les musées parisiens mais
préfère reprendre ses « expériences sur nature ».
Membre fondateur en 1928 de la Société des Artistes Indépendants Bordelais, il défend un art « sans
contrainte ni restriction ». Dés lors il expose à Bordeaux de nombreux paysages de l’Agenais et du
Bordelais, des compositions florales et des portraits à la touche large et expressive (L’homme au shako,
Angélica, L’enfant au berceau).
En 1936, à la suite de la visite d’émissaires du Dalaï-Lama, sa peinture s’oriente vers l’ésotérisme puis
vers la peinture « magique ».
En 1950 il érige sa « tombe prématurée » et se photographie en gisant, manifestant ainsi sa mort « à
toutes les conventions possibles et imaginables […] ».
Après le scandale, en 1951, à Bordeaux, de la présentation de son premier tableau érotique, Le Grand
Combat, Molinier se lie d’amitié avec André Breton : « Soyez sûr, cher Pierre Molinier, que vous
n’avez dans le Surréalisme que des amis » lui écrit-il le 8 juin 1955.
En 1956, il expose à Paris, à « L’Etoile Scellée », dix-huit peintures dont Comtesse Midralgar. Le
catalogue est préfacé par Breton.
Il participe aux manifestations du groupe surréaliste et en 1960 fait ses premiers essais
photographiques de photomontages dans lesquels il réunit, à partir de photographies d’éléments
travestis et découpés de son propre corps, les genres masculin et féminin.
En 1962 Raymond Borde lui consacre un film, projeté à Bordeaux en 1964, puis en public en 1966.
Molinier réalise en 1965 la peinture blasphématoire, Oh !…Marie, Mère de Dieu.
Dans les années 1966-1967, Molinier prépare un ouvrage sur ses peintures (publié chez Pauvert en
1969) et le recueil de montages photographiques Le Chaman et ses Créatures dans lequel apparaissent
les visages de deux de ses inspiratrices Emmanuelle Arsan et Hanel Koeck, « Déesse de l’érotisme ».
Travaille à la série L’œuvre, le peintre et son fétiche.
Vers 1968, il créé La grande mêlée, apothéose de ses photomontages destinés au Chaman et ses Créatures
dont la réalisation lui prendra pas moins de 5 ans (l’ouvrage ne sera en fait publié qu’en 1995, à
Bordeaux, par William Blake & Co.Edit.).
En 1972 Pierre Chaveau réalise un entretien avec Molinier dans la chambre-atelier de la rue des
Faussets.
Les dernières rencontres importantes seront, en 1975, celles de Thierry Agullo et Luciano Castelli
avec lesquels il réalise des séries de photographies puis Peter Gorsen, avec qui il correspond depuis
la fin des années 1960, compagnon de Hanel et auteur d’un texte publié en 1972 : Pierre Molinier luimême.
Le 3 mars 1976, Pierre Molinier se donne la mort d’un coup de pistolet.
15
Andy Warhol, Women’ Shoes
De la série « Painting Ideas », 1981,
Polaroïd couleurs, 9,5 X 7,2 cm,
Collection Musée national d’art moderne Centre Georges Pompidou
© ADAGP, Paris 2005
17
Programme culturel
Autour de l’exposition
SPECTACLES
EXPOSITIONS
TEMPS FORTS
Mes jambes si vous saviez
quelle fumée…,
mise en scène Bruno Geslin,
production Théâtre des Lucioles
TnBA, 12, 13, 14, 15 octobre.
Renseignements au 05 56 33 36 80
et sur www.tnba.org
Galerie La Mauvaise Réputation
présente
Bande pour voir,
une série inédite de
photographies de François
Burgun
(sélection officielle de la 36ème
édition des Rencontres
Internationales de la
Photographie de Arles 2005).
Vernissage le 23 septembre, à
partir de 19h00.
La Mauvaise réputation : 19, rue
des Argentiers 33000 Bordeaux
Renseignements : 05 56 79 73 54
et sur
www.lamauvaisereputation.net
CONFÉRENCES
Molinier – Entretien avec Pierre
Chaveau par le Théâtre du Pont
Tournant :
Théâtre Le Pont-Tournant, du 29
septembre au 15 octobre 2005
Renseignements au
05.56.11.06.11 et [email protected]
Le Modèle de Molinier ou
Le Cérémonial narcissique, solo
chorégraphique, création de La
Compagnie Les Marches de l’Eté,
en partenariat avec le musée des
beaux-arts, conception Jean-Luc
Terrade, interprète Sylvain Méret
Glob Théâtre,
18, 19, 20, 21, 22 octobre.
Renseignements au
05.56.69.06.66 et sur
www.globtheatre.net
Good Boy par Alain Buffard,
organisé par le TNT, dans le cadre
de “Nov’Art Bordeaux”,
solo chorégraphique proche
de l’art visuel contemporain
TNT, 14 et 15 novembre
Renseignements au
05.56.85.82.81 et sur
www.letnt.com
Galerie cortex athletico propose
une programmation spéciale à
l’occasion de
Pierre Molinier / Jeux de Miroirs
(programme à préciser
ultérieurement)
Renseignements : 05 56 94 31 89
et sur www.cortexathletico.com
Galerie Kamel Mennour présente
Rue des Faussets,
une reconstitution de
l’appartement de Pierre Molinier,
du 3 septembre au 3 octobre
Galerie Kamel Mennour 60/72,
rue Mazarine 75006 Paris
Renseignements 01.56.24.03.64 et
sur www.galeriemennour.com
La galerie des beaux-arts ouvrira
exceptionnellement ses portes
jusqu’à 22h00, les samedi 12 et
dimanche 13 novembre, à
l’occasion de la manifestation
d’art actuel Opendoors Openeyes
(Dans le cadre du festival Nov’Art
2005) ; des rencontres d’artistes
et d’auteurs, des visites « points
de vue » sont programmées.
Rencontres avec des artistes,
Visites « points de vue »,
Table ronde d’auteurs,
sont programmées autour de
l’œuvre de Pierre Molinier et des
artistes de l’exposition.
Samedi 24 septembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
En présence de Matthias
Herrmann
Par Françoise Garcia
Et Mike Yve
Commissaires de l’exposition
Jeudi 6 octobre
14 heures
Pierre Molinier et
les Indépendants bordelais
Par Dominique Cante
Conservateur en chef
(sous réserve)
Jeudi 13 octobre
14 heures
Conférence
Pierre Molinier :
peinture, photomontage
et art tantrique
Par Françoise Garcia
Commissaire de l’exposition
Jeudi 20 octobre
14 heures
Conférence
Pierre Molinier :
Du travestissement au « queer »
Conférence
Par Mike Yve,
Commissaire de l’exposition
Samedi 22 octobre
16 h 30
Table ronde
18
Samedi 12 novembre
Ouverture jusqu’à 22 heures
de la galerie des beaux-arts
dans le cadre de
Opendoors Openeyes
16 heures
Rencontre d’artiste : Joël Garrigou
19 heures
Point de vue sur l’exposition
Lydie Pearl
Professeur, Université Bordeaux 3
Auteur de « Corps, sexe et art »
Dimanche 13 novembre
Ouverture jusqu’à 22 heures
de la galerie des beaux-arts
dans le cadre de
Opendoors Openeyes
16 heures
Rencontre avec
Pierre Chaveau
Auteur de Molinier, entretien avec
Pierre Chaveau ,1972
Galerie des beaux-arts
19 heures
Point de vue sur l’exposition
Cathy Souladié
Doctorante en arts plastiques
Université Bordeaux 3
VISITES
Samedi 24 septembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
En présence de Matthias
Herrmann
Par Françoise Garcia
Et Mike Yve
Commissaires de l’exposition
Mercredi 28 septembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Mike Yve,
Commissaire de l’exposition
Samedi 1er octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Bélisse de Lopez
Historienne de l’art
Mercredi 5 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Françoise Garcia
Commissaire de l’exposition
Samedi 8 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Yohann Lichtlin
Historien de l’art/plasticien
Mercredi 12 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Mike Yve,
Commissaire de l’exposition
Samedi 15 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Bélisse de Lopez
Historienne de l’art
Mercredi 19 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Françoise Garcia
Commissaire de l’exposition
Samedi 22 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Yohann Lichtlin
Historien de l’art/plasticien
16 h 30
Table ronde
Mercredi 26 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Mike Yve,
Commissaire de l’exposition
Samedi 29 octobre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Bélisse de Lopez
Historienne de l’art
Mercredi 2 novembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Françoise Garcia
Commissaire de l’exposition
Samedi 5 novembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Yohann Lichtlin
Historien de l’art/plasticien
Mercredi 9 novembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Mike Yve,
Commissaire de l’exposition
Mercredi 16 novembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Françoise Garcia
Commissaire de l’exposition
Samedi 19 novembre
15 heures
Galerie des beaux-arts
Visite de l’exposition
Par Bélisse de Lopez
Historienne de l’art
19
Les lieux
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Galerie des beaux-arts
Place du colonel Raynal
La galerie des beaux-arts
Les expositions temporaires du musée se déroulent à la galerie des beaux-arts, édifice conçu dans les
années 1930 par le cabinet Jacques D’Welles. La Galerie fut entièrement rénovée en 2001, sous la
direction de l’Atelier d’architecture King Kong.
Un nouvel éclairage, une climatisation, la mise en place de cloisons mobiles permettent de moduler
l’espace en fonction des expositions et l’installation d’un ascenseur facilite l’accès aux trois niveaux
de la Galerie. Ces aménagements répondent aux normes d’expositions et de conservation actuelles,
ils offrent au public les meilleures conditions possibles d’accueil et de regard.
Informations pratiques
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Galerie des beaux-arts
Exposition ouverte tous les jours de 11 heures à 18 heures, sauf le mardi et les jours fériés.
Stationnement : Parc autos – Mériadeck, Saint-Christoly.
Tramway ligne A.
Tél. : (33) 05 56 96 51 60
www.bordeaux.fr
[email protected]
Tarifs
Information presse
Entrée : 5,50 euros
Tarif réduit : 3 euros
Le tarif réduit s’applique aux titulaires de
cartes pass-musées, cartes vermeil et de cartes
jeunes, aux militaires, aux handicapés et aux
groupes à partir de 10 personnes.
L’entrée du musée est gratuite pour les
scolaires, étudiants et demandeurs d’emploi, et
le premier dimanche du mois.
Dominique Beaufrère, responsable du
département des publics
Tél. : (33) 05 56 10 25 17
Fax : (33) 05 56 10 25 29
[email protected]
Renseignements et réservations
Danielle Poiret
Tél. : (33) 05 56 10 25 25
Fax : (33) 05 56 10 25 29
[email protected]
Documentation
Serge Fernandez
Tél. : (33) 05 56 10 25 09
Fax : (33) 05 56 10 25 13
[email protected]
Direction de la communication
de la Ville de Bordeaux
Charles-Marie Boret
Presse
Michèle Walter
Images disponibles / 300 jpg
Pierre Molinier
20
Pantomime céleste, vers 1970,
Tois, moi, photomontage,
Elévation, photomontage,
photomontage, Centre Georges Pompidou,
Musée national d’art moderne, Photo
CNAC/MNAM Dist. RMN – Adam
Rzepka ; © Adagp, Paris 2005
Collection particulière – Courtesy Galerie
Kamel Mennour ; © Adagp, Paris 2005
Archives municipales de Bordeaux ;
© Adagp, Paris 2005
Hanel sechs, photomontage,
Les Femmes actuelles sont…,
Collection particulière – Courtesy Galerie
Kamel Mennour ; © Adagp, Paris 2005
1955-1956, huile sur isorel, 54 x 65 cm.,
Collection particulière ;
© Adagp, Paris 2005
Sur le pavois, s.d., photomontage, Centre
Georges Pompidou, Musée national d’art
moderne, Photo CNAC/MNAM Dist. RMN –
Adam Rzepka ; © Adagp, Paris 2005
Le Chaman, photomontage,
L’Enfant-haumme, vers 1970,
Collection Particulière – Courtesy Galerie
Kamel Mennour ; © Adagp, Paris 2005
photomontage, Centre Georges Pompidou,
Musée national d’art moderne, Photo
CNAC/MNAM Dist. RMN – Adam
Rzepka ; © Adagp, Paris 2005
Le Grand combat, 1965-1966,
huile sur toile, 80 x 65 cm.
Collection particulière ;
© Adagp, Paris 2005
Les jeux, photomontage,
Archives Municipales de Bordeaux ;
© Adagp, Paris 2005
La Grande Mêlée, vers 1968,
photomontage,
Collection M. M.-D. ; © Adagp, Paris 2005
Le Miroir, 1964,
huile sur toile, 73 x 54 cm.
Collection particulière ;
© Adagp, Paris 2005
Artistes contemporains
François Burgun
Luciano Castelli
Matthias Herrmann
Sans titre (autoportrait), 2004,
Amitié Molinier 10, 1982, résine
synthétique sur toile, 200 X 140 cm,
Collection Christian Zervudacki
© Adagp, Paris 2005
Hommage à Pierre Molinier,
photographie couleur, tirage argentique
19 X 19 cm, Collection privée
© François Burgun 2005
Sein (autoportrait), 2003, photographie
Amitié Molinier 5, 1982, résine
noir et blanc, 75 X 75 cm, Collection privée
© François Burgun 2005
synthétique sur toile, 200 X 140 cm,
Collection privée
© Adagp, Paris 2005
2005, 80 X 100, Courtesy Galerie Steinek,
Vienne, © www.herrmann-studio.com
Hommage à Pierre Molinier,
2005, 80 X 100, Courtesy Galerie Steinek,
Vienne, © www.herrmann-studio.com
Joël Garrigou
De la série Textpieces 1996-1998
I think people keep the wrong things
private, 20 X 25, photographie couleur,
Nature morte au repos, 2002,
photographie couleur, 75 X 75 cm,
Collection privée
© François Burgun 2005
Olivier Caban
Découpette, 2005, papier et impressions
couleur, dimensions variables,
Collection privée
© Olivier Caban 2005
Sans titre, de la série Skin,
photographie couleur,
Collection privée
© Torsh
Courtesy Galerie Steinek, Vienne,
© www.herrmann-studio.com
De la série 8X10 2004, Sans titre,
80 X 100, photographie couleur, tirage
argentique contrecollé sur aluminium,
Courtesy Galerie Steinek, Vienne,
© www.herrmann-studio.com
21
22
Michel Journiac
Christopher Makos
Eva & Adèle
La cover-girl
Sans titre (Portrait de Andy Warhol
travesti), 1981, 126 X100 cm avec cadre
et Marie-Louise, JGM Collection Paris
© Adagp, Paris 2005
Berliner Zimmer (n°1/5), 2001,
120 X 80 cm, photographie couleur,
tirage couleur sous plexiglas
© Eva & Adèle
Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont, Paris
De la série : Phantasmes,1974,
Photographie noir et blanc, 50 x 40 cm
tirage 1994, 1/3, FRAC Limousin,
© Adagp, Paris 2005
Karl Lakolak
De la série Un con m’habite
2004 / 2005 Enzo, 2005, 50 X 75,
photographie couleur, tirage argentique
contrecollé sur aluminium, Collection privée,
© Karl Lakolak 2005
Rachel Laurent
Man Ray
Alberto Sorbelli
Rrose Sélavy, 1921, épreuve noir et blanc,
tirée sur papier Guilleminot, 30 x 23,1cm,
Tirage de 1970,
FRAC Languedoc Roussillon
© Adagp, Paris 2005
photographie couleur, 180 X 120 cm
Courtesy galerie Maison-Neuve, Paris
© Adagp, Paris 2005
Pierre et Gilles
Andy Warhol
Au Louvre, 1994,
She male, modèle : Christine,
Autoportrait, Molinier-cigare,
2004, 60 X 40 cm, photographie couleur,
Courtesy Galerie Loewenbruck, Paris
© Rachel Laurent 2004
2000, 68 X 88 cm, avec cadre 96,5 X 117 cm,
photographie peinte
© Pierre et Gilles.
Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont, Paris
Women’ Shoes
De la série « Painting Ideas », 1981,
Polaroïd couleurs, 9,5 X 7,2 cm,
Collection Musée national d’art moderne,
Centre Georges Pompidou
© Adagp, Paris 2005

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