Addenda - Les Passerelles du Temps

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Addenda - Les Passerelles du Temps
DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE
DE
LA FRANCE
COMPRENANT
LES NOMS DE LIEU ANCIENS ET MODERNES
PUBLIÉ
PAR ORDRE DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
ET SOUS LA DIRECTION
DU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES ET DES SOCIÉTÉS SAVANTES.
DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE
DU
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN
COMPRENANT
LES NOMS DE LIEU ANCIENS ET MODERNES
RÉDIGÉ SOUS LES AUSPICES
DE LA SOCIÉTÉ POLYMATHIQUE DU MORBIHAN
PAR M. ROSENZWEIG
VICE-PRÉSIDENT DE CETTE SOCIÉTÉ
CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, ARCHIVISTE DU DÉPARTEMENT
PARIS
IMPRIMERIE IMPÉRIALE
M DCCC LXX
INTRODUCTION.
I.—DESCRIPTION PHYSIQUE
Le département du Morbihan, borné au sud par l'Océan Atlantique, est limité à
l'ouest , au nord, à l'est et au sud-est par les départements du Finistère, des Côtesdu-Nord, d'Ille-et-Vilaine et de la Loire-Inférieure. Il est compris entre h' 9 5' et
6° de longitude occidentale, 116° i h' et /18° 1 o' de latitude boréale: le chef-lieu,
Vannes, est situé par 5° 5' h " de longitude et 4 7 ° 3 9 ' 3 t" de latitude.
La plus grande longueur du département, de l'ouest à l'est, est de 198 kilomètres;
sa largeur moyenne, de 88 kilomètres du nord au sud. Sa superficie totale est de
(38o,0 63 hectares environ , qui se subdivisent de la manière suivante :
'l'erres labourables et terrains évalués par assimilation. Prairies naturelles Vergers, pépinières, jardins. Oseraies, annales, saussaies. Landes, pâtis et bruyères Vignes. Bois et forêts. (Vo''. plus bas les forets de l'État.) Propriétés bâties Cimetières, églises, presbytères, bâtiments publics Étangs, abreuvoirs, mares, canaux d'irrigation. Rivières, lacs, ruisseaux. Routes, chemins, places publiques, rues Marais salants Plantations et châtaigneraies Forêts de l'État 9:39 o86 h 60'
63 828 o 9 26
13 63o o3 o6
n
97 6i
999 o84 97 79
7 01 45 07
35 16o 72 15
3 713 75 24
290 o5 35
9 339 55 02
3 1t56 35 /
111 9 6 9 64 5hi
993 10 35
9 357 10 83
1 4o8 63 12
11
68o 963 37 63
Nous devons cette description è l'obligeance de M. Arrondeau, inspecteur d'académie, aujourd'hui président de la Société polymatbique du Morbihan.
Morbihan.
2 Ces renseignements sur la classification des terrains du Morbihan ont été fournis en 1862 par M. le
directeur des contributions directes.
INTRODUCTION.
Canaux de navigation évalués comme terre labourable (i r° cl. ).
Carrières et mines évaluées comme les terrains environnants.
Écluses évaluées, ainsi que les canaux , comme terre de i" rias se.
Autres objets non imposables (compris aux art.. g, 11, 19. et
15)
• •
Contenances
non déterminées
aux
récapitulations
des matrices.
Outre son territoire continental, le département comprend , plusieurs îles, dont les
principales sont : l'île d'Arz et Ille aux Moines, dans le golfe du Morbihan; ensuite
les fies de Houat et d'Hœdic, qui semblent prolonger la presqu'île de Quiberon; puis
l'île de Groix, en face de la rade de Lorient; et enfin Belle-Île., la plus considérable,
dont la superficie est de 8,o oo hectares.
Le soi est constitué presque exclusivement par les terrains les plus anciens. Des
granits de divers âges, des schistes et des quartz appartenant aux étages cambrien ei
silurien, se le partagent inégalement. On n'y trouve aucune trace des terrains secondaires; quelques dépôts d'argile, de sables et de cailloux roulés sont les rares témoins
de l'époque tertiaire; l'élément calcaire y fait complétement défaut.
L'ensemble de ces terrains présente une surface très-accidentée, découpée d'une
fouie de vallons à flancs escarpés et offrant une pente générale du nord au sud. Au
nord-ouest, elle se relève en s'appuyant sur l'extrémité des montagnes Noires, dont la
crête dentelée dépasse en quelques points ioo mètres de hauteur au-dessus du niveau
de la mer.
Des landes incultes couvrent encore une notable portion du département. La, zone
littorale, qui est généralement la partie la plus fertile du territoire, est complétement
déboisée. A l'intérieur, on trouve les forêts de Lanouée, de Quénécan, de Conveau,
de Camors, les bois de Molac, Colpo, Trédion, Lanvaux, derniers vestiges de l'immense forêt qui couvrait jadis cette région de la Bretagne.
Les principaux cours d'eau sont : la Vilaine, qui n'arrose que l'angle sud-est du
département; l'Oust, qui se jette dans la Vilaine à Redon; et le Blavet, qui par sa
jonction avec le Scorff forme la rade de Lorient. Le canal de Nantes à Brest traverse
le département sur un développement de 131 kilomètres, empruntant d'abord le lit
de l'Oust, puis celui du Blavet; la section qui réunit ces deux vallées a son point de
partage à Hilvern.
Le département du Morbihan doit à sa situation maritime un climat tempéré. Le
printemps est généralement froid et pluvieux, l'automne sec et beau; les froids intenses
sont rares et de peu de durée. Les vents, souvent forts, soufflent le plus habituellement
des régions de l'ouest. Les orages sont peu fréquents et les grêles dévastatrices trèsrares. La quantité annuelle de pluie surpasse la moyenne de l'ensemble de la France.
INTRODUCTION.
II. — GÉOGRAPHIE HISTORIQUE'.
Le pays que nous avons à étudier ayant été successivement habité par les Armoricains, Celtes ou Gaulois, par les Romains ou Gallo-Romains, par les Bretons et par
les Francs, sa topographie doit être étudiée à chacune de ces différentes époques.
ÉPOQUE CELTIQUE.
L'Armorique embrassait à l'origine toute la région occidentale de la Gaule transalpine, et plus particulièrement de la Celtique, pays compris entre la Seine, la Garonne
et l'Océan. Parmi les peuples qui l'habitaient au moment de la conquête romaine
figure la république des Vénètes (Venda et Veneti de César, du celtique Guennet ou
Gwened), qui occupait sur les bords de la mer l'espace renfermé entre la Vilaine et
l'Ellée. Le nombre et l'importance des monuments qu'ils ont laissés sur la côte attestent
que là était la principale résidence de cette peuplade toute maritime, que là se trouvaient les oppidum dont parlent les Commentaires sans les nommer; ils ne semblent
pas avoir eu de capitale particulière.
ÉPOQUE GALLO-ROMAINE.
L'an 56 avant Jésus-Christ, la puissance des Vénètes est anéantie dans le combat
naval livré par les Romains, sous les yeux de César, dans la baie de Quiberon, en
face de la presqu'île de Rhuis. Cette défaite a pour résultat la soumission de toute la
péninsule armoricaine, l'établissement de voies, de stations et de villa.
Ptolémée, qui écrivait au ne siècle de notre ère, mentionne les Veneti (Oûeve-coi)
comme faisant partie de la Gaule lyonnaise, d'après la division établie par Auguste,
et ayant pour capitale Dariorigum (ze6Xts Aapiôp/yov), citée pour la première fois; sur
la carte dressée d'après le texte de Ptolémée , cette capitale est placée sur le Herius
I Nous empruntons la plupart des renseignements
historiques qui suivent à trois ouvrages que nous nous
bornons à résumer rapidement : les Prolégomènes du
Cartulaire de Redon, publié en 1863 par M. A. de
Courson; l'Annuaire historique et archéologique de
Bretagne, par M. A. de la Eorderie (186171862);
et l'Annuaire statistique, historique et administratif
du Morbihan, par M. A. Lallemand (années diverses).
À.
IV
INTRODUCTION.
fluvius (11plos erozatuSs), occupant la position de la Vilaine, qui se jette dans l'Oceanus
Aquitanicus (Géographie, I. II, ch. vin, et carte publiée dans le Theatrum Geographice
veteris de Bertius).
Au Ill e siècle, la domination romaine s'affermit : la plupart des monuments datés,
bornes ou monnaies, que l'on découvre de nos jours dans le Morbihan, sont de cette
époque.
Le Dariorigum du géographe d'Alexandrie devient, à cette époque, partoritum dans
la carte de Peutinger, qui aux noms précédemment indiqués ajoute ceux de Reginea,
Sulim et Durecie.
A partir du ive siècle, le-nom du chef-lieu disparaît pour faire place, comme dans
le reste de la Gaule, au nom du peuple : Civitas Venetum, inscrit dans la troisième
Lyonnaise
par la Notice des Provinces au commencement du ve siècle. .
Vers le même temps, la Notice de l'Empire d'Occident fixe à Vannes (Venetis) le
Proefectus militum Maurorum Venetorum sous les ordres du clux tractus Armoricani.
Si nous mentionnons encore le Vindilis de l'Itinéraire d'Antonin (iv e siècle), qui
semble se rapporter à Belle-Île-en-Mer, nous aurons épuisé la nomenclature des
noms de lieux fournis par les documents primitifs de, notre histoire. Nous avons
négligé à dessein certains noms qui ne nous paraissent pas mériter le moindre crédit.
Quant à l'emplacement précis de ces différents lieux, nous ne pouvons que résumer
les opinions le plus généralement adoptées par les savants qui jusqu'à ce jour se. sont
efforcés de résoudre cette question difficile, en s'appuyant sur les données archéologiques et philologiques, vu le silence de l'histoire et l'extrême confusion des cartes
de Peutinger et de Bertius.
La position de Dariorigum offrant un intérêt tout particulier, c'est sur elle que s'est
concentrée plus spécialement l'attention. Vannes et Locmariaquer se sont longtemps
disputé et se disputent encore aujourd'hui l'honneur d'avoir été le chef-lieu galloromain primitif : de part et d'autre, en effet, les ruines attestent un établissement important; néanmoins certaines considérations , dans lesquelles nous ne pouvons entrer
ici, ont rallié en faveur de Vannes la majorité des suffrages. Toujours est-il qu'à la fin
du ive siècle cette dernière ville était bien réellement, si elle ne l'avait toujours été,
la capitale des Vénètes-Romains, ainsi que le prouvent ses murailles, les nombreuses
voies qui y aboutissent, et le nom qu'elle a conservé depuis cette époque.
Bien que Samson ait placé Sulim et Reginea aux Salles et à Rohan, les auteurs modernes ' s'accordent généralement à fixer à Castennec la première de ces stations, la
seconde aux environs,de Réguiny „et Durecie à Rieux. En y ajoutant les établissements
DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE
DE
LA FRANCE.
DEPARTEMENT
DU MORBIHAN.
A
ABATTOIR ( RUE DE I:), R
ABATTOIR (RUE DE L ' ), a
Auray.
Lorient. — Voy.
CONIiDIE (RUE).
ABBAYE (L'),
vill. en partie c" de Bohai, en partie c"
de Serent. — Seigneurie connue sous le nom de
l'Abbaye-Bourdin ; manoir en Serent.
vill. c" de Saint-Perreux.
ec. c" de Saint-Vincent.
ABBAYE (LA GRANDE et LA PETITE), fermes et bois,
c" de Guer. — Deux seigneuries.
ABBATE (RUE DE I:), a Loyat.
ABBATE (L'),
ABBAYE (L'),
ABBAYE-AUX-ALINES (L') 011 LA VIEILLE-ABBAYE, Viii.
de Carentoir.
ABBAYE-AUX-CHEVA (L'),
vill. et pont sur le Beauche ,
c"" de Carentoir.
vill. et m'" sur le Ninian , c" de
Guiiiac; pont sur ce ruiss. reliant Guillac et Taupont.
ABBAYE-AUX-SALOUX (L'), vill. c" de Carentoir.
ABBAYE-BAILLET (L'), viii. c" de Mauron. — Seigneurie.
ABBATE-BLOT (L'), viii. c"" de Carentoir.
ABBAYE-DE-BONNAY (L'), h. c" de Carentoir.
ABBAYE-D ' EN-BAS (L'), viii. c" de Campeneac.
ABBAYE-D ' EN-HAUT (L'), vill. c" de Campeneac (eloigne
du precedent). — Seigneurie.
ABBAYE-JARNO (L'), f. et bois, c" de Guer.
ABBAYE-AUX-OIES (L'),
Morbihan.
vill. et etang, c"" de Mauron.
— Seigneurie.
de Saint- Gildas-deABRAHAM, baie sur l'Ocean ,
Rhuis.
ABREUVOIR (L'), ec. c"° de Rieux.
ABREUVOIR (RUISSEAU DE L ' ). — VOy. KERLEZAN (BUISABBAYE-PENGUILY (L'),
NEUVE-DE-LA-
SEAU DU COMAIUN-DE-).
lande, c" de Saint-Congard.
AEa, MIES. — Voy. Daft.
AFF (L') ou AFFT, riv. affluent de I'Oust; elle prend sa
source dans la foret de Paimpont (Ille-et-Vilaine),
arrose dans le Morbiban les c"' de Beignon, de S t
-MalodeBigntGur,edansl'I-t
Vilaine et de nouveau dans le Morbihan, ou elle
traverse encore Carentoir, la Gacilly, Cournon et
Glenac. — 2Effflumen, vers 1000 (cart. de i'abb.
de Redon).
AGRICULTEURS (RUE DES), a Lorient. — Voy. SAINTEMARGL ERITE (RUE).
Act iAac , mi" sur la Claye, bois et f. dite Cour d'Aguinerac , c" de Tredion. — Aguiniac, xn° (prieure de
Tredion). — Treve de la par. d'Eiven. — Seign.
manoir.
AnÉs , chaussee ou ancienne voie romaine, en breton
Bent-AUs; elle traverse ou Emile, apres etre sortie
de l'Ille-et-Vilaine, et en allant de l'est a l'ouest, les
ACENSIE (L'),
9
DEPARTEMENT DU MORBIHAN.
c'" de Carentoir, Guer, Monteneuf, Treal, Reminiac, Caro, Missiriac, Saint-Abraham, et se retrouve
en Moustoirac, Plumelin, Guenin. — Une voie du
meme nom , dite aussi aujourd'hui Chemin de Napoldonville ic Carhaix , et qui peut etre le prolongement de la premiere, traverse les c'°' de Napoleonville, Malguenac, Seglien, Langoelan, Plo g rdut, et
entre dans le departement des Côtes - du -Nord. —
Pont (voy.
AIGUILLON (MOULIN D ' ), m i" a vent, c" de Beignon;
minière, c" de Guer.
AIGUILLON (PLACE n ' ), A Ploermel. — Voy. ARMES
(PLACE D').
AIGUJLLON (PONCEAU D ' ), a
Josselin.— Voy. SAINT-NI-
COLAS.
AIGUILLON (Rue D' ), quai et cale, a Lorient. — Voy.
POISSONNI1RE (RUE).
A LLAIN rnin sur la Ville-Oger, c" de Guegon.
ALLAIN, pont sur le Dourdu, c"° de Lignol.
ALLAIN (RUISSEAU DU PONT-). — VOy. Domino (LE).
arrond t de Vannes. — Alair plebs , 8 7 8 (cart.
de i'abbaye de Redon). — Aler, 1387 (chap. de
Vannes). — Aloir, 146o (château du Vandequip).
Par. du territ. de Rieux. — Senech. de Ploermel;
subd. de Redon. — Distr. de Rochefort.
ALLAIS (LES), Cc. c" de Guegon.
ALLAN, pont sur le ruiss. du Pont-Allan, reliant Vannes
et Saint-Nolff
ALLAN (RUISSEAU DU PONT-) OU DE TALEIOUET, affluent du
Saint- Leonard ; il arrose Saint - Nolff, Treffiean ,
Vannes et Tbeix.
ALLANO, pont sur le Brohais, reliant Kergrist et le dept
des Cotes-du-Nord.
ALLIlE (L'), f. — Voy. KERRAN, c°° d'Arradon.
ALLEUX (Les), h. c"° de Meneac.
ALLIER (L'), f. c" d'Allaire.
ALLLEs (Les), vill. c" de Beganne.
ALLY, vill. . de Fere!.
Awes, rocher sur l'Ocean , dote de Penestin.
.41:DUETTE (PONT DE L' ), sur le Saint-Malo, c" de SaintMalo-de-Beignon.
AMBOISE (Rue), A la Gacilly.
ARBON, e" de Muzillac.—Ambon insula (une partie de
l'anc. par. d'Ambon, situeeauj. dans la c" de Damgan,
forme presqu'ile), 86 9 (cart. de i'abb. de Redon).
Par. du doy. de Peaule; prieure du vocable de
Saint-Cyr, d'abord membre de l'abb. de Saint-Gildas-cle-Rhuis, réuni, a la fin du xvie siecle, au college des jesuites de Vannes. -- Shea. et suhd. de
Vannes. — Distr. de Vannes.
A NIITli (IMPAssE et RUE DE L' ), Lorient , faub g de Kerentrech.
ALLAIRE,
e
(RUE DE L' ), A Vannes. — A porte successivement les noms de Bourg-Maria et de la Coutume.
AMMIR (FONTAINE D ' ), c" de Vannes.
Amoun (LE D' ) sur Mang de Keraveon , c" d'Erdeven.
Amoun (Pour D' ), sur le Vau-Lorient, c" de Porcaro.
AMOURIO, m i ° sur POyon, c"° de Porcaro.
AN-AtLEE (LOGE), ea. c" du Saint.
AN-Auren, roche sur Mean, cote de Saint-Pierre.
ANCIEN PONT (RUE DE L' ), a Napoleonville, dite autrefois rue du Pont.
ANCIEN-PRESBYTiRE (L'), Cc. c" de Camors.
AN-DORZEN (Loons), h. c" du Saint.
AN-DOUAR-SANTS (Loos), Cc. c" de Gouriu.
ANDRESTOL, "Vill. et m u' A vent, c" du Palais.
ANDRIEUX (LES), h. c" de, Saint-Grave.
ANDRO, port et fort sur l'Ocean, c"" de Locmaria.
LE (Gamut DE L'), c" de la Trinite-Surzur.
ÀNE (FONTAINE I L'), c" des Fougerets.
ANn (MARAIS DE L'), c" de Neant.
ANENO (L'), roche sur l'Ocean, cete de Riantec.
Les (Pour Aux), sur la Foliette, c" de Guer.
ANGLAIS (Rue Aux), a Malestroit. — Mentionnee en
1497 (fabr. de Malestroit).
ANGOLILAME (RuE D'), a Lorient. — Voy. PATRIE (111:E
DE LA).
Amens (FONTAINE AUX), A la limite de Josselin et de
Guegon.
ANJOU (Cnotx TO, ele de la Trinite-Porhoet.
ANNE (RUE), a Hennebont. — Voy. SAINTE-ANNE(Rus).
ANNO-ER-ÊZET, roche sur l'Ocdan , ate d'Erdeven.
ANTER , h. c" de Port-Philippe.
ANTOUREAU,
c"° du Palais.
AN-TREAC'H, basse sur l'Ocean, cote de Plonharnel.
AN-TneAc'u, basse sur l'Ocean , cete de Quiberon.
ANVORTE, 11. c" de Port-Philippe.
AECAL (LE GRAND et LE PETIT), vill. et Cc. dit Pavillon
d' Areal , c" de Vannes. — Seigneurie.
ARCHE-QUiONANQUE (L ' ), h. — Voy. QUIiONANQUE.
ARCHERS ,( Cum DES), C"' de la Gacilly.
ARMIES (LEs), m i ° sur le ru de ce nom, c"' de Ruffin.
ARCHES (Ru Des), ruiss. affluent de Must; if arrose
Ruffiac, Missiriac et Saint-Laurent.
AR-COUTELLIGUEN, rocher sur l'Ocean, pres de l'ile de
HOUa t.
h. c" de Guiscriff.
affluent de celui du Pont-Grignard;
arrose Tree', Saint-Nicolas-du-Tertre et Carentoir.
AnniLminEs (LEs), Ce. c" de Meneac.
ARDILLIERS (LEs), Cc. c" de Monteneuf.
ARDOISE (L') , h. c" de Malansac.
ARDOISES (RUISSEAU 11 ' ) MI DE LIVOUEC, affluent du Kermarec; il arrose Blbry et Guern.
AR-CRAA Lopes),
ARDENNE, ruiss.
DEPARTMENT DU MORBIHAN. AR-Fsa, rocher sur l'Océan, pres de He d'Hcedic.
ec. c° de Gourin.
AR-GAzEc, Be de la baie du Morbiban, entre la c"
d'Arzon et file de Berder.
AR-GAZEC, roche de la baie de Quiberon, cete de Locmariaquer.
AR-HALVOIIET, roche de la baie de Quiberon, cote de
Locmariaquer.
An-HuLica, h. C" de Guiscriff.
rocher sur l'Ocean, pres de l'ile de Houat.
An-L. \ (Lou), ec. c" de Gourin.
d'Augan.
ARMEL. lande,
ARMES ( PLACE D' ), a Lorient.
ARMES (PLACE 13 ' ), 0 Ploermel, dite, au xvu e siecle, le
Jen-de-Patina , et au xvile, d'abord place Neuve,
place d' Armes, puis, en 1 7 611, place d' guillon.
ARMES ( PLACE D ' ), a Plouay.
AR3IES (PLACE D ' ), A Vannes. — Voy. GARENNE (LA).
Angordoce, nom donne primitivement a toute la region maritime de l'ouest de la Caule transalpine, et
plus particulierement de la Celtique, pays compris
ontre la Seine, la Garonne et l'Ocean , puis,
siecle, A la pantie settlement cle cette region siwee entre la Seine et la Loire, °ern* plus tard
par la province de Bretagne et une portion de celle
do Normandie. — Tractus armoricanus ,
siecle
( Notice de l'empire d'Occident). — Letavia , v' a°.
— Britannia , aliAs parva Britannia , pour la partie
occidentale; Romania , pour la partie orientale,
vi' siecle.
ARNAUD. vill. e e de Locmaria.
ARNE. \ ill. c" de Credin.
ARRADON, c" de \ annes-Ouest; chat. (voy. KERRAN );
i i c. servant d'habitation an passeur; rn i ° A vent;
pointe et passage dans la baie du Morbihan, reliant
Arradon A rile aux Moines. —Aradon, 1387 (chap.
de Vannes).
Par. du territ. de Vannes. — Seign. dite aussi de
Kerdrian (voy. KERRAN). — Senech. et subd. de
Vannes. — Distr. de Vannes; chef-, lieu de c°" en
1790 , supprime en l'an x.
de Porcaro.
A vent,
ARRAUD,
ARRIVEE-DU-PONT (L'), ec. c"° de Marzan.
ARTIMON (L'), plateau sur l'Ocean, entre I'ile d'Hcedic
et le Croisic (Loire-Inferieure).
ARTIMON (L'), roche sur l'Ocean, entre la cote de
Sarzeau et celle de Penerf.
ARTOIS (RUE D ' ), a Lorient, formee en 181 7 d'une
partie de la rue de la Comedie; appelee en 183o
rue de l'Abattoir, puis rue Neuve-de-le-Comidie.
AR-VELINE (LOGE), ec. c" de Guiscri ff.
Anz, ile et in in A eau dans la baie du Morbihan. —
AR-FROSTAC11011 (LOGE),
ee
3
L4le-d'Ar: , c" du c" de Vannes-Ouest. — Art insult& , i o31 (D. Morice, t. I, col. 371). —
1387 (chap. de Vannes). — Ars, 1553 (inscr. do
l'eglise paroissiale).
Par. du terr. de Vannes; deux prieures, l'un
d'hommes, sous le vocable de Notre-Dame, membre
de l'abbaye de Saint- Gildas- de-Rhuis; l'autre do
femmes, sous le vocable de Saint-Georges, membre
de l'abbaye de Saint-Georges de Rennes. -- Senech.
de Rhuis; subd. de Vannes. — Distr. de Vannes.
ARZ (L'), riv. dite aussi ruisseau du Yloulin Mario et
ruisseau du Ntklo , affluent de l'Oust; elle arrose les
c' es de Plaudren , Monterblanc, Elven, Larre , Molac,
Pluherlin, Saint-Grave, Maiansac, Peillac, Saint-Jacut, Saint-Vincent, Allaire, Saint-Perreux et SaintJean-la-Poterie. — Pont sur cette riv. reliant
Malansac et Pluherlin; vill. du Pont- d' Arz , c" de
Pluherlin; autre pont sur la même riv. reliant Peillac
et Saint-Jacut; f. du Pont-d' , de Peillac; chapelle du Pont- & Arz , c" de Saint-Jacut. — Atrum
flumen, 8 2 o (cart. de l'abb. de Redon). — Fluvius
Atr, 859 (ibid.). — Arre , 16 7 1 (chat. de Keay).
— Seign. du Pont- d' Arz , en Saint-Jacut.
Auz (L') ou ARTZ, 11. et 111' sur la riv. de ce nom
c" de Ma lansac.
ARZAL, c" de Muzillac. — Arsal, 1128 (cart. de Redon).
Par. du dov. de Peaule. — Senech. de Vannes;
subd. de la Roche-Bernard. — Distr. de la RocheBernard.
lazic, pointe, port et fort sur l'Ocean, c" de Locmaria.
ARZON, c°" de Sarzeau. Le bourg s'appelle particulierement Locmaria.— Plebicula Ardon in Rawis (Rhuis)
site in provincia Warrochice (Broi.irech) juxte mare
836 (cart. de I'abb. de Redon).
Par. du terr. de Vannes; prieure du vocable de
Notre-Dame, membre de I'abb. de Saint-Sauveur
de Redon. —Saki'. et subd. de Rhuis.— Distr. do
Vannes.
ASSEMBLEE-NATIONALE (RUE DE 1, ' ), 6 Lorient. — VOy.
GCESCLIN (REE DC).
c" de Pheren. — Acenac , 1427 (dude
de Roban-Chabot).
AUBEPINE (FONTAINE DE L' ), c" d'Augan.
AusEnT, pont sur le ruiss. de ce nom, reliant Ploermel
et Montertelot.
ASSENAC, 11.
\ EBERT (RUISSEAC DC PONT-) NI DC PONT-DE-LA-VALLEE,
affl. de l'Oust; il arrose Ploermel, Augan, Monterrein et Montertelot. — te. du Pont-Aubert, c" de
Montertelot.
ACCFER, vill. partie c" de Rieux, partie c" de Saint-
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
Auroy,, xiv° s° (D. Morice, II, 319). — Aulray,,
1429 (duché de Rohan-Chabot).
Auray comprenait deux paroisses, Saint-Gildas et
Saint-Goustan (voy. ces mots ), un prieuré ( voy.
SAINT-GILDAS), des communautés de capucins, cordelières et hospitalières; une commanderie de chevaliers du Saint-Esprit de Montpellier, dont les
biens furent unis en 1 777 à l'hôpital général d'Auray ; un Hôtel-Dieu ayant comme annexe un hôpital
à Saint-Yves, même ville; un hôpital général.
Châtellenie relevant primitivement du comté de
Guingamp, réunie au domaine ducal en s o34; chât.
détruit au milieu du xvi° s°. — Siége d'une sénéchaussée royale créée en 1564 et des juridictionsseigneuriales de Largouet et de Kaer; la sénéchaussée porta,
jusqu'au xviii° siècle, le nom de cour d'Auray et de
Quiberon. — Siége de la chambre des comptes de
Bretagne au mu° siècle et d'un atelier monétaire
au xiv° siècle (Bigot, Essai sur les monnaies de Bretagne). — Gouvernement de place; communauté de
ville, avec droit de députer aux États de la province et armoiries portant : de gueules à une hermine
passante d'argent, chapée d'hermines , au chef de
France.. — Siége d'une subd. de l'intendance de
Bretagne. — Chef-lieu de distr. et de c" en 179o.
Amy (RUE D ' ) , à Vannes, dite autrefois de Saint-Tees;
rues à Baud et à Landévant.
Aumo, pont sur le Grellec, c" de Ploérdut.
AUSTERLITZ (RUE
, à Napoléonville.
AUTROU, font. et miss. de la Fontaine-Autrou , affl, du
Kerdrého, c" de Plouay.
AVALLEG, h. c"° de Pluméliau.
AVAUGOUR DP à vent, c"° de Porcaro.
AVELEHON, Vil'. c" de Baud.
A VÉRIEUX (LEs), lande, eue d'A ugan.
MON, vill.
d'Allaire.
Jean-la-Poterie; pont sur la riv. d'Oust, reliant les
départ. du Morbihan et d'Ille-et-Vilaine, ancien
passage. — Auquefer, 1395 (D. Morice, Il, 656).
Au-DEssus-uss-Pués, lande, c" de Réguiny.
AUDIGE (FONTAINE), c" de Limerzel.
AUGAN, c°' de Guer. —Plebs conditaAlgam, 833 (cart.
de I'abb. de Redon). — Alcam, 835 (ibid.). —
Algan, 1131 (prieuré de Saint-Martin de Josselin).
— Asegani, 1466 (citât. de Beaurepaire).
Par. du doy. de Beignon. — Seign. — Sénéch.
et subd. de Ploérmel. — Distr. de Ploérmel.
AULNAIS (LEs), f. c" de Guer.
AULNAIS (LEs), h. c"° de Lanouée.
Seign. connue
sous le nom des Aulnais-Caradreztx.
At mis (LEs), h. c" de Ruffiac.
AULNAI S (RtussEnu DES). —Voy. GADOULAIE (LA).
AULNES (FONTAINE DES), c" de Saint-Gravé.
AUMAÎTRE (Rus), nom ancien d'une rue de Malestroit,
au faube de la Madeleine, 1497 (fabr. de Malestroit), et aussi d'une venelle allant de la rue SaintMarcel à la rue de Baudet, même ville.
AUNAIES (FONTAINE DES), c" de Monteneuf.
AUNE (L'), éc. c" de Peillac.
AUNE (L'), éc. c" de Saint-Martin. — Seigneurie.
AUQUINIAN, vill. c" de Neulliac; écluse sur le canal de
Nantes à Brest.
AURAS, arr. de Lorient; riv. voy. Loc (LE); pont, dit
aussi de Saint- Goustan et plus anciennement pont
Neuf, et viaduc du chemin de fer sur cette riv. ; port.
— Castrum Alrae, 1069 (D. Morice, t. I, col. 431).
— Aurai, 1168 (ibid. col. i32), — Aurai, 1178
(ibid. col. 134). — Elraium, 124 (abb. de Lanvaux). — Elrayum, 128o (abb. de la Joie).— Aurray , 1282 (ibid.). — Elray,, aliàs Aurey,, 13o9
(ibid.). — A lraium , fortaliciunz , 13 77 (D. Morice,
ltg). — Alroy,, 1383 (chartreuse d'Auray). —
E
BACCHUS (ÎLE
I), sur l'Océan, c"° de Pénestin.
LE), éc. c" de Saint-Caradec-Trégomel.
BADEC, basse sur l'Océan, côte de Port-Philippe.
BADEN, c" de Vannes-Ouest ; m'° sur le ruiss. de ce nom.
—Badan, 143o ( chap. de Vannes).
Par. du territ. de Vannes. — Sénéch. et subd.
d'Auray. — Distr. de Vannes.
BLUES m'" sur l'Inam, c" de Lanvénégen.
BACH (LOGE
BADEN (RUISSEAU DU MOULIN-DE-) OU DU PONT-DE-BADEN
affl. de la riv. d'Auray.— Pont sur ce ruiss.; éc. du
Pont-de-Baden : le tout, c°° de Baden.
rue au Prado. — Voy. PRADO
c" de Glier.
&monis (LA), c" de Glier.
BAELON (Long ), éc. c°° de Guiscriff.
BAERON,
sur le ruiss. du Moulin-du-Duc, c"' de
Langonnet.
&AGAME, vill. c" de Surzur.
BAGOTAIE (LA), h. et ponceaux, c"° cIe la Chapelle. —
Seigneurie.
BAGUE, f. el* de Languidic.
BAGUENERES (ÎLEs), sur l'Océan, côte de Port-Philippe.
BADION-DU-PRADO (LE),
(LE),
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN. roche dans la baie de Quiberon , entre
Locmariaquer et Arzon.
BAHUDANT, h. e" de Monterblanc.
BAIZY, h. bois et mi° à vent, c" de Plumergat. —Seign.
BAIZY, éc. et bois, c" de Saint-Dolav.
BALANFOURNIS, viii. c" de Sarzeau.
BALANGEART, h. c" de Ruffiac.—Seigneurie.
BALGAN, 11. c" de Séné. — Bolgan, 1316 ( duché de
Rohan-Chabot). —Seigneurie ; manoir.
BALLAC, éc. é" de Moustoir-Remungol.
BALLO (LE), vill. c'de Caden. — Seigneurie.
BALLOENE, basse sur l'Océan, c" du Palais.
BALLON (LE), éc. c" de Brech, et m" à vent. — Voy.
BAGUEN-HIR,
SAINT-JULIEN.
vill. c" de Carentoir.
vill. c" de Ploérmel.
BALVEN (LE), éc. c" de Saint-Thuriau.
BAN, vill. part.
de Saint-Gorgon, part. c" d'Allaire.
BANALEC-LANVAL X , vill. bois, marais et forges, c" de
Pluvigner; pont sur le Loc, reliant Pluvi iper et
Grand-Champ; étang baignant ces deux c"" ( voy.
LANVAUX). — Seigneurie.
BANALLOU éc. c" du Saint.
BANALO (LE), h. c" de Plouhinec.
BANALOU (LocEs), h. e n' de GlI/SCliff.
BANASTER, vill. c" de Sarzeau; anse et passage sur
l'Océan, reliant deux points de la commune.
BANASTER-KERJAMBET OU KERJA \MET,
C" de Sarzeau.
BANDE (LA), h. c" de Malansac.
BANDE (LA) OU SAINT-JEAN-DE-LA-BANDE, Viii. C '" de
Pluherlin. — Prieuré, au xvI e siècle.
BANDE (LA), f. c" de Saint-Jean-la-Poterie.
BANDE (LA), h. c" de Saint-Martin.
BANDE-DAVID (LA), éc. C " d'Allaire. —Seigneurie.
BANDE-D ' EN-HAUT (LA), éc. cne de Lizio.
BANDES (MASURE DES), ée. C " de Saint-Jacut.
BANDOUX, f. c" de Réguiny.— Seigneurie.
BANERLAN, éc. c" de Cléguérec.
BANEVEL, h. c" de Baud.
BANGA, éc. c" de Sérent.
BAnci1sEE , viii. anse sur l'Océan, falaise et corps de
garde, c" de Riantec.
BANGOR, c" de Belle-île-en-Mer, et île du même nom
sur l'Océan.
Par. du terril. de Belle-Île. — Sén. de Belle-Île
(anct Auray); subd. de Belle-
Distr. d'Auray.
13AEA, lieu-dit du département des Côtes-du-Nord. Une
rigole alimentaire de ce nom relie la riv. d'Oust au
canal de Nantes à Brest, en traversant une partie
des Côtes-du-Nord et, dans le Morbihan, les el"
de Croixanvec, Saint-Gonnery et Gueltas.
BALUE (LA),
BALUTIiRE (LA),
e
BARACH, viii.
5
c" de Langonnet. — Seigneurie.
vin. bois et deux mi" sur le Restihuilio,
c" de Ploerdut. Une partie du viii. est dite BarachCoh (Barach-Vieux). --- Seigneurie; manoir.
BARAGAN, vill. c" de Nivillac.
BARAGUIN (LE), viii. c" de Carentoir.
BARANTON, font. célèbre du dép t d'Ille-et-Vilaine; ruiss.
affl. du Doift , descend de Paimpont (Ille-et-Vilaine)
et arrose Mauron dans le Morbihan.
BARARACH, vill. ci" de Séné; pointe (voy. LANGLE).
—Seignur.
BARA-SGAL (RUE ) , à Vannes. — Voy. UNITÉ ( RUE DE L ' ).
BARATON, rajas. — VOy. BERNIlAN (RUISSEAU DES BOIS-DE-).
BARATON, f. et mi' sur le ruiss. du même nom, c"
d ' Augan; FtliSS. VOy. PONT-DU-MOULIN (LE).
Seigneurie; chât. aujourd'hui en ruines.
BARAVAL, éc. c" de Saint-Aignan ; écluse et pêcherie
sur le canai de Nantes à Brest.
BARBAIS (LA), h. c" de Saint-Vincent, et ruiss. affi. de
l'Arz, qui arrose Peillac et Saint-Vincent.
BARBERET, lande, c" d'Augan.
BAcuncaoss (LEs), étang, c" du Hézo.
BARBER, croix, c" de Theix.
BARBOTAIE (LA), h. c" de Malansac.
BARBOTIERE (LA), h. c" de Rieux.
BARBOTIN, f. C r" de Ploérmel.
BARBOTTE, pont sur le ruiss. du Pont-Coléno, rehaut
Muzillac et Noyai-Muzillac.
BARDA/E (LA HAUTE et LA BASSE), vill. c" de Carentoir.
BARDERF (LE), éc. C " de Cléguérec.
BARDERF (LE), viii. et lande, c" de Saint-Thuriau.
BARDERFF, éc. c" de Noyai-Pontivy.
BARDERFF (LOGE), éc. C " de Lanvaudan.
BARDERF-KERBÉDIC, éC. C " de Cléguérec.
BARDOUILLÈBE (LA), éc. c" de Saint-Dolay.
BARDOULAIS (LA), vill. et landes c" de Guer. — Seigneurie.
BARGES, f. c" de Pénestin.
BARH (MAISON DU), éc. c" de Vannes.
BARHDERFF, h. c" de Moréac.
BARN-PER, ée. c" de Moréac.
BARIL, port, et rue du Port-Baril, à Auray, par. de
Saint-Goustan (xVIIIe siècle).
BARIL-AU-VIN (LE), éc. c" de Saint-Jacut.
BARIL-ROND (LE), roche sur l'Océan, entre Groix et la
presqu'île de Gâvre.
BARLAGADEG, vill. c" de Lignol.—Branlagadec, 1461
(princip. de Rohan-Guémené).
BARLÉGAN, viii. c" de Langonnet.
BARNIQUEL, f. c" de Caden. — Seigneurie.
BARON (LE), mi° à vent et m' à eau au confl. des ruiss.
du mème nom et du Messis , c" de Theix.—Rniss. dit
BARACH,
6
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
aussi du Ririenne , du Rodoué , de Kergo , de Bizole ou
du Pont-de-Théia , affl. du Plessis; il arrose SaintNolff, Treffléan et Theix.
BARONNE (PONT DE LA), sur le ruiss. du Pâtis-de-Boussac, c" d'Augan. — Ruiss. du Pont-de-la-Baronne:
voy. VILLE-VOISIN (LA).
BARONNIE (LA), h. et m1" à vent, c" de Saint-Dolay.
BARQUES (Pou Dus), à l'embouchure dela Vilaine, c"
de Billiers.
BARQUET (LA), viii. c" de Pénestin.
BARBAQUE, h. c" de Malguénac.
BARRE (LA), viii. c" de Concoret.
BARRE (LA), b. et ruiss. affl. du Pont-de-Bas, c" de
Guer.
BARRE (LA), viii. c" de Mauron.
BARRE (LA), viii. c°° de Pleucadeuc.
BARRE (LA), f. et mi" dit du Gué-de-la-Barre, en* de
Pluherlin.— Prieuré du vocable de Notre-Dame.
BARRE (LA), viii. c" de Saint-Jacut.
BARRE (LA), viii. c" de Théhillac.
BARRE (LA HAUTE et LA BASSE), h. e" de Caro. — Seigneurie.
BARRÉ (LE), h. c" d'Augan.
BARRÈGAN, h. et m' sur l'Ellé, c" du Faouet. — Seigneurie.
BARRE-HELLO (LA), éc. c" de Caden.
BARRES (LEs), h. c" de Lanouée.
BARRES (RUE DES), à Montertelot:
BARRIÈRE (CHEMIN DE LA ), C 'e de Saint-Dolay.
BARRIÈRE (LA), f. c" de Carentoir.
BARRIÈRE (LA), h. c" de Locmalo.
BARRIÈRE (LA), vill. c"° de Saint-Gonnery.
BARRIÈRE (RUE DE LA), à Guémené.
•
BARRIÈRE-DE-CRAVIAL (LA), éc.
de Lig1101.
BARRIÈRE-DE-L ' ÉTOILE (LA), éc. C 'e de Cléguérec.
BAS (RUE DE), à Mauron.
BASBO (LE), viii. c" de Lanouée.
BAS-DE-LA-LANDE (LE), éc. c" de Bréhan-Loudéac.
BAS-DES-GRÉES (LE), éc. c" de Loyat.
BAS-DES-LANDES (LE), landes, c" d'Augan.
BAS-DES-LANDES (LE), éc. c" de Saint-Guyomard.
BAS-DES-LANDES (RUISSEAU DU). — Voy. BOUÈRE (LA).
BAsEu-TRÈs, roches sur l'Océan, côte d'Hcedic.
BASSE (RUE), à Malestroit. — Trois rues de ce nom
mentionnées en 11197 (fabr. de Malestroit).
BASSE (RUE), à Saint-Jean-la-Poterie.
BASSE BLANCHE, basse sur l'Océan, c" de Ploemeur.
BASSE-COUR (LA), f. —Voy. TALHOUET, c" de Guide'.
BASSE-COUR (LA), viii. c" de Sarzeau.
BASSE-COUR (RUE DE LA), à Vannes; après avoir porté
le nom du Rempart, elle a repris son premier nom.
BASSE-LANDE (LA), h. e" de Caro.
BASSE-LANDE (LA),
BASSE NEUVE (LA),
bois et lande, c" de G uer.
basse sur l'Océan, entre Houat et
Quiberon.
basse sur l' Océan, côte de
l'île aux Chevaux.
BASSE PLATE (LA), roche sur l'Océan, entre Houat et
Hcedic.
BASSE PLATE (LA), basse sur l'Océan, côte de PortPhilippe.
BASSE-VILLE (RUE DE LA), à Josselin.
BASTARD (MAISON Du), éC• e n ° de Cléguérec.
BAS-TARJU (LE), viii. c" de Ménéac.
BASTELÈNE, éc. bois et font. c" d'Inguiniel. — Ruiss.
de la Fontaine- Bastelène , of fl. du ruiss. de la Fontaine-Saint-Maurice.
BASSE OCCIDENTALE (LA),
BASTILLE (RUISSEAU DE LA). — Voy. BONVALLON (RUISSEAU DU PONT-DE-).
BASTRESSES (LEs),
roches sur l'Océan, côte de Gâvre
en Riantec.
BÂTARDAIS (LA) ou LE VILLAGE, h. c" de Saint.Gravé.
BÂTARDS (Cnoix Aux), c" d'Augan.
BATELIÈRE (RUE), à Lorient.—Voy. On.
BÂTIMENT (LE), viii. c" de Remungol.
BATTERIE (LA), h. c" de Caudan.
BATTERIE VERTE (LA), batterie dans la presqu'île de
Gâvre, c" de Riantec.
BATTEURS - DE- PENNEVINZ (LES), rochers Slir l'Océan,
côte de Sarzeau.
BATTEURS-DES-MÂTS (LES), rochers. — Voy. MÂTS (LEs).
BAUCHE (LA), f. c" de Malansac.
BAUCHE (LA), éc. c" de Saint-Gravé; pass. sur l'Oust,
reliant Peillac, Saint-Gravé et Saint-Martin.
BAUCHE-POTIN (BOIS DE LA), c" de Sain t-D olay.
BAUCHET (LE), h. m" à vent et ruiss. affl. de la Vilaine,
c" de Rieux.
BAUD, arrond.' de Napoléonville. — Baut , pari«, 1259
(ail. de Lanvaux). — Baut, burgus , 1282 (duché
de Rohan-Chabot ). — Bault, 1 3 22 (ibid.).
Par. du doyenné de Porhoét; prieuré membre
de l'abb. de Saint-Gildas-de-Rhuis. — Seign. unie
à celle de Kervéno et formant avec elle un marquisat érigé en 1627. — Sénéch. de Ploermel; subd.
d'Hennebont. — Distr. de Pontivy; chef-lieu de c"
en 1790.
BAUD (LANDE Du), c" de Ménéac.
BAUD (LE), éc. c`" de Monterrein.
BAUD (Rus DE), à Locminé et à Grand-:Champ. — Ruiss
du Grand-Chemin de Baud : voy. GUERSACH.
BAUDET (RUE DE), à Malestroit. — 11177 (fabr. de
Malestroit). — Voy. GRANDE-RUE.
BAUZEC, rocher, pointe et basse sur l'Océan, c" de
Saint-Gildas-de-Rhuis.
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
BArzo, viii. c" de Maiguénac. — Le Bausou , 1315
(duché de Rohan-Chabot).
ILivrtuAN, f. et m i" à vent, c" d'Ambon. — Bavalen,
1307 ( D. Morice, I, 12 12). — Seigneurie; prévôté
féodée de la sénéchaussée de Vannes; manoir.
BAYMANT, h. c"' d'Inguiniel.
BAYON, viii. et h. dit :Moulin-Bayon, c"' de Quéven.— Le
h. a pris son nom d'un m i" à eau qui n'existe plus.
BAYONELLE (LA GRANDE et LA PETITE), roches sur
l'Océan , côte d'Ambon.
BAYONNERIE (LA), éc. c" de Saint-Congard.
13Azix, croix, c" de Bréhan-Loudéac.
13Azy, viii. partie c" de Guégon, partie ee de SaintServant.
Ménéac. — Sei131 (LE HAUT et LE BAS), h. c"
gneurie.
BEATUS, h. c"' de Guidel.
BEAU (LANDE DU), C " de Pleugriffet.
BEAUCUAT (LE), viii. ene de Saint-Gravé.
13EAucid, éc. ni' à eau et ruiss. el. du Rahun , c"" de
Carentoir.
BEAU-CidNE (LE), h. c" de Porcaro.
BEAU-CnExE (LE), chat. et lande, e" de Trédion.—
Seigneurie ; manoir.
BE L'I) (LE), f. c" de MO11011.
BEAUDRI, éc. c" de Plaudren.
BEILDEIE (LA), éc. c" de Noyai-Muzillac.
BEAUFORT, h. c" de Bignan.
BEAUFORT, de. et deux
sur l'Oust , e"" de Josselin.
BEAUFORT (LE GRAND et LE PETIT), ff. c" (le NoyaiMuzillac.
BEAUJOUR, f. ni' à vent et bois, c" de Surzur. -- Seigneurie.
BE Inuit , chat. h. bois et autre h. chi du Bois-de-Beaulieu, c" de Bignan; étang qui baigne Bignan et Moréac.—Prieuré, désigné aussi comme chapellenie,
du vocable de Notre-Dame. — Seigneurie; manoir.
BEAULIEU, h. c"' de Cruguel. — Seigneurie.
BEAULIEU, éc. c" d'Elven.
BEAULIEU, éc. c" de Marzan.
BE tumEr , éc. c" de Muzillac.
13EAuLiEu, c" de Rieux. — Seigneurie.
BEAULIEU, ée. c" de Sulniac.
13E11-LOUISE, étier, c" de Saint-Perreux.
BEAUMADEC, éC. c"" de Grand-Champ.
BEAU-MANOIR (LE), h. c" de Pluvigner. —Seigneurie.
13t.AUMARAIS, h. et lande (lite Mané-Beaumarais , e" de
Grand-Champ; pont sur la Sale, reliant GrandChamp et Plescop.
BEIUMER, Till. marais. roche dite Caree-Beaumer, anse,
pointe et batterie sur la baie de Quiberon, c" de
Carnac. — Seigneurie.
BEAUMONT, éc. c" de Saint-Congard; cat. f. vill. in m à
eau, lande et vallée, c" de Saint-Laurent. — Seigneurie; manoir.
BEAUMONT, ni'" sur le Léverin, c" de Taupont.
BEAUMONT (BUE DE), à Lorient. — VOy. PATRIE (BUE
DE LA).
affl. de l'Oust :
il arrose Rufliac, Saint-Martin et Saint-Laurent.
BEAUPÉRO, éc. c" de Landévant. — Seigneurie.
BEAUPRÉ (LE GRAND et LE PETIT), h. c" de Vannes.
BEAUREGARD, f. c" de Béganne.
BEAUREGARD, h. et mi" à vent, C " de Cléguérec. —Seigneurie; manoir.
BEAUREOADD, h. c" de Moréac.
BEAUREGARD, m.'" à vent, c" de Bieux.
BEAUREGARD, chat. f. bois et m m sur le Liziec, c"" de
Saint-Avé.— Kopirhuiry, 1 6o6 ( chap. de Vannes).
— Seigneurie; manoir.
f. bois et vivier, c" d'Augan. —
BEAUEEPAIRE,
Seigneurie; manoir.
BEAISOC, éc. et lande, c"' de Saint-Congard.
BEAU-SAPIN (LE), h. c" de Crédin.
BEAUSOLEIL, h. C " d'Allaire.
BEAUSOLEIL, font. c" d'Augan.
BEAUSOLEIL, éc. c" de la Croix-Helléart.
BEAUSOLEIL, éc. c"' d'Eiven.
BEAUSOLEIL, éc. c" de Lantillac.
BEAUSOLEIL, h. C " de Larré.
BEAUSOLEIL, éc. c" de Marzan.
BEAUSOLEIL, h. C " du Palais.
BEAUSOLEIL, éc. c" (le Saint-Avé.
BEAUSOLEIL , h. c" de Saint-Gonnery.
BEAUSOLEIL, M i" à vent, c" de Saint-Malo-des-Trois
Fontaines.
BEAUSOLEIL, f. c" de Sarzeau. —Seigneurie.
BEAUSOLEIL, éC. C " de Séné.
BEAUSOLEIL, éc. e" de Sulniac.
BEAUSOLON (Coeurs DE), lande, c"" de Pleticadelic.
13EAr-TEmos, h. c" de Sarzeau.
d'Allaire.
BEAUVAIS, éC.
BEAUVAIS, f. c" de Malansac.
BEAUVAIS, N'ill. c" de Saint-Jacnt.
BEAUVAIS, h. c" de Saint-Martin.
BEAUVAIS, h. et éc. c" de Trédion.
BEAUVAIS (LA), ruiss. qui arrose Tréhorenteuc, entre
dans le dép t d'Ille-et-Vilaine et se jette dans l'AIT à
la limite de Beignon.
mi' sur le Miss. de ce nom, éc. dit Luge
BEAUVAL,
de Beaural , bois, c" dé Bréhan-Loudéac. — Seigneurie.
BEAUMONT (RUISSEAU DE) OU DE TRéMENAN,
8
BEALVAL,
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
éc. c" de Lauzach.
BEAUVAL (RUISSEAU DE). —Voy.
h. c" de Bignan.
Bac-An-Mixé, éc. c" de Priziac.
BECCAREC, m i" sur le Kerihuel , c" de Guidel.
Bacciviri, h. c" de Pluherlin..
BÉca.t. , croix, c" de Porcaro.
BEC-EN-ALLÉE, éc. c" de Lanvénégen.
BEC-ER-HASTIGAU, anc. fort sur le bord du Scorff, c."
de Plouay.
Bac- ER-HOÉT, h. c" de Plouray.
BEC-ER-HOUET, 6C. C" de Lorient.
BEC-ER-LANDE, éc. C° ' de Plœmeur.
BEC-ER-LANE , h. c" de Suiniac.
Bac-ER-Lm, éc. et lande, c" de Lignol.
c"' de Theix.
BEC-ER-LANE ,
BEC-ER-MEN, h. et pointe sur la rade de Lorient, c" de
Caudan.
BEC-ER-MENDU, pointe dans la baie du Morbihan, c"
de l'Île-aux-Moines.
BÉCRARDAIE (LA), vill. et bois, c" de Peillac.
BÉCHARDRIE (LA), h. c" de Peillac.
sur le Pont-Ehuello , mi' à vent et
BÉCIIEREL,
lande, c"° de Kervignac.
Maman, viii. na' et pont sur le ruiss. de ce nom.
- Veur , affl. du Tronchâ—Ruisseau dit aussi Flouer,
teau, c" de Plouay.
BECHET (LE), île sur l'Océan, c" de Pénestin.
Mains (Las ), lande, c" de Monteneuf.
BÉCRY (LE), éc. c" de Saint-Dolay.
BÉCLAN, éc. c"° de Piceren.
BECLANN (LE), éc. servant de caserne de douane, fort
et pointe sur l'Océan, c" de Sarzeau.
BicuLaux (LE Hem' et LE BAS), viii. c" de Buftlac.
Bécuno (La), roche. —Voy. Rocn-Vma.
BEDANIÉRE (LA), h. c"" de Peillac.
BÉDÉS, vil], et m i' sur l'Yvel, c" de Saint-Brieuc-deMauron.
BEDEX, vill. c" de Bangor.
BEDIVY, vill. c" de Guénin.
BEDUN (LE), rocher sur l'Océan, côte d'Ambon.
BÉE (LE), éc. c"° d'Allaire.
BÉGAIE (LA), vill. c" de Caden.
BEG-AN-ARGOUL, pointe sur l'Océan, côte d'Hcedic.
d'Allaire. — Bekamne , plebs , xn° siècle
BÉGANNE,
(cart. de Redon). — Begane , 1457 (chapitre de
Vannes).
Par. du territ. de Rieux. — Sénéch. de Ploérmel;
subd. de Redon. — Distr. de la Roche-Bernard.
BÉGAROSSE, c" du Palais.
Bac-An-Via, pointe sur l'Océan, c" de Groix.
l3ÉcAssa , re sur le Pontoir, c" de Meslan.
BEAVIDO,
lande, e" de Guer. — Seigneurie.
et bois, c" de Pleucadeuc; m i° sur
la Claie, c'"° de Saint-Congard. — Seigneurie; manoir.
BEGASSON (VIVIER-DE-), ruiss. affl. de la Claie; il arrose
Pleucadeuc et Saint-Congard.
BÉGAIIDAIE (LA), f. e" de Rieux.
BEG : EL-LAN, pointe sur l'Océan et corps de garde, côte
de Quiberon.
BEC-as-AU»; pointe sur l'Océan, côte de Saint-Pierre.
BEG-EN-NENEZ, vill. et m1° sur PEllé, c" de Guidel.
BEG-EN-NUET, pointe sur l'Océan , côte dePort-Philippe.
BEC-En-BILE, pointe sur la baie du Morbihan, c" de
l'Île-aux-Moines.
BEC-ER-FAULE, éc. et pointe sur l'Océan, dans l'île
d'Hcedic, c" du Palais.
BEG-ER-GOALENNEC, pointe sur l'Océan, côte de Quibeberon.
BEG-ER-GORLAI, pointe sur l'Océan, dans l'île de Houat,
c" du Palais.
BEG-ER-LANNEC, pointe sur la baie du Morbihan, c" de
l'Île-aux-Moines.
BEG-ER-VASCHIF, pointe de l'île de Houat, sur l'Océan ,
c" du Palais.
BEC-En-VIL, éc. et pointe sur l'Océan, c," de Quiberon.
BEG-SUR-GROUIGU, pointe sur l'Océan; côte de SaintPierre.
BEG-1AGATTE, pointe sur l'Océan, côte d'Hcedic.
BÉcruer (LE), h. c" d'Arradon.
BÉGNON, vill. c" de Ménéac. — Seigneurie.
Biao (LE), étang et à eau sur la baie de Quiberon,
c" de Plouharnel. Ils n'existent plus dépuis une
vingtaine d'années par suite du passage de la grande
route de Saint-Malo à Quiberon.
Bco-Qunxi, pointe sur la baie de Quiberon, côte de
Saint-Pierre.
BÉcn, roche, à la limite des c"' de Saint-Congard et
de Saint-Gravé. — Bejus , lieu-dit, 11145 (chât. de
Kerfily).
BÉHÉLEC, f. c" de Saint-Marcel. — Seigneurie.
BEIGNON, c" de Guer; lande et ruisseau : voy. TouctiaGagtœr (LA). —Bidainonum , 1062 (cart. de Redon).
— Bedanum , 140 9 (fabr. de Taupont).
Doy. de Parchid. de Porhoét, dioc. de SaintMalo; siége de ce doyenné; paroisse dite aussi
Saint-Pierre-de-Beignon. — Baronnie appartenant à
l'évêque de Saint-Malo. — Sénéch. de Ploêrmel;
subd. de Plélan. — Distr. de Plarmel.
BEILLAC (LE), h. e° de Saint-Jacut.
BEIZIT (LE GRAND et LE PETIT), Vin. et lande, c" de
Brech.
BiGASSIÈRE (LA),
QUENGO (LE).
BÉGASSON, chât.
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN. BEL, h. c" de Pluvigner.
h. et ruiss. affl. du Pont-Bugat, c" de Surzur.
BELAIR, éc. C" de Crédin.
BELAIR, éc. c" de Cruguel.
BELAII1, éc. c" de Lanouée.
BELAIR, éc. c" de Marzan.
BELAIR, éc. c" de Monterblanc.
BELAIR, h. c" de Nivillac.
BELAIR, île sur l'Océan, c" de Pénestin.
BELAIR, f. c" de Rieux.
BELAIR, portion de la forêt de Quénécan, c"' de SaintAignan et de Sainte-Brigitte.
BELAIR, h. partie c" de Saint-Gorgon, partie c" de
Saint-Jacut.
BELAIR, f. c" de Trédion.
BEL-AIR, h. c" de Saint-Connery.
BEL-AIR (LE), éc. c" de Locminé.
BELASIER, éc. c" de Guidel.
BÉLANE, viii. c" de Caudan.
BÉLANNO, éc. c" de Sulniac.
BELANO, éc. c" d'Arzal.
BELANO, il. c" d'Elven.
BÉLANO, éc. c" de Muzillac. — Seigneurie.
BELANO, h. c" de Pluneret.
BÉLANO, éc. c" de Treffléan.
BiLÉ (11cE DU), à la Trinité-Porhoét.
BÉLÉAN, vill. c" de Marzan.
BÉLÉAN, viii. partie c" de Plescop , partie c" de Plceren.
— Pont au confluent du Vincin et du Kergoal, reliant ces deux communes.—Notre-Dame de Bethléem,
140 7 (inscr. de la chap. de Béléan). — Prieuré du
vocable de Notre-Dame, en Plceren.
BÉLEC , port sur l'Océan, côte de Port-Philippe.
BEL-ESPOIR (CROIX DE), à la limite des c"" de Pleucadette et de Pluherlin.
BELETTE (LA), éc. c" de Bréhan-Loudéac. — Seigneurie; manoir.
BEL,
BELETTE (RUISSEAU DE LA) Ou DE LA FONTAINE-MO/SAN,
an du Lié; il arrose Bréhan-Loudéac, qu'il sépare
du départ. des Côtes-du-Nord.
BELETTES (LEs), éc. C" de Malansac.
BELHORNO, h. et miss. affl. du Bel, c" de Surzur.
BELLAIR, éc. c" de Meslan.
BELLE-ALOUETTE (LA), éc. c" de Caro.
BELLE-ALOUETTE (LA), éC. e ne de GllillaC.
BELLE-ALOUETTE (LA), éc. e a de Ploérmel.
BELLE-ALOUETTE (LA), éc. e ne de Porcaro.
BELLE-ALOUETTE ( LA), éc. c" de Réguiny.
BELLE-AURORE, h. c" de Réguiny.
BELLEBAT, éc. c" de Vannes. — Seigneurie.
BELLE-CHÈRE, vill.-n'° sur le ruiss. de ce nom, m' à
vent et bois, c" de Noyal-Pontivy. — Seigneurie.
Morbihan.
9
BELLE-CHÈRE (RUISSEAU DE). — VOy. KERGEZANGOR.
BELLE-CROIX,
éc. servant de caserne de douanes, e" de
Sarzeau.
éc. c" de Saint-Avé.
vill. m in à eau et trois ponts sur la Claie;
lande dite Grée-de-Bellée ; miss. affl. de l'Oust, c"
de Saint-Congard. — Seigneurie; manoir.
BELLE-EAU, éc. e" de Caro.
BELLE-ÉTOILE (LA), éc. c" de Saint-Samson.
BELLE-ÉTOILE (LA), éc. c" de Sulniac.
BELLE-FONTAINE, réservoir d'eau douce construit pat
Vauban; redoute, c" du Palais.
BELLE-FONTAINE (LA), éc. c" de Lorient.
BELLE-GRÉE, lande, c" de Porcaro.
BELLE-ILE, h. c" de Moréac.
BELLE-ILE, éc. c" de Taupont.
BELLE-ÎLE (NoÉ DE), lande et miss. qui descend de
cette lande, affi. de l'Oust, c" de Bréhan-Loudéac.
BELLE-ÎLE-EN-MER, arrond. de Lorient; île sur l'Océan,
renfermant les quatre c"' du Palais, de Bangor, de
Locmaria et de Port-Philippe; phare dans la c" de
Bangor. — Vindilis , siècle (Itin. d'Antonin).-Guedel, insola, 1026 (cart. de Redon). — BellaInsula , nomine britannico Guedel , 1 o5 o (ibid.). —
Guezel , 1146 (abb. de Sainte-Croix de Quimperlé).
— Guadel, xv e siècle (D. Morice, I, 34). — Calonesus , xv," siècle.
Territ. du dioc. de Vannes, auc. officialité relevant
directement de la cour de Borne jusqu'en 1666.—
Marquisat érigé en 15 7 3 , réuni au domaine royal
en 1719. — Siége de sénéch. royale, établi au Palais; avait relevé, jusqu'en 1 7 19, de la sénéch.
d'Auray. — Gouvernement particulier militaire. —
Siége d'une subd. de l'intendance de Bretagne, au
Palais. — Distr. d'Auray; c" en 1 7 90 sous le nom
de Houat, Hiedic et Belle-Île.
BELLE-NOÉ, vill. f. et ruiss. affl. du Gléré, c" de Rieux.
— Seigneurie.
c" de Saint-Marcel; pont sur la DuBELLÉON,
tière, reliant Saint-Marcel et Sérent.
C'e de Carentoir.
BELLE-PILLE,
BELLERIT, éc. c" de Landévant. — Seigneurie.
d'Allaire.
BELLEVILLE, 11.
BELLEVILLE, h. et m li> à vent, c" de Campénéac.
BELLE-VILLE, éc. c" de Nivillac.
BELLE-VUE, éC. e " de Belz.
BELLEVUE, éc. c" de Bignan.
BELLE-VUE, viii. c" de Caden.
BELLEVUE, h. e" de Carentoir.
c" de Caudan.
BELLEVUE,
BELLEVUE , de. c" de Grand-Champ.
BELLEVUE, éc. e" de Guémené.
BELLE-CROIX (LA),
BELLÉE,
10
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
e° d'Hennebont.
BELLEVUE, éc. c"° d'Hennebont (distinct du précédent).
BELLEVUE, h. partie c" de Josselin, partie c" de Lanouée.
BELLE-VUE, c"° de Malansac.
e" de Melrand.
BELLEVUE,
BELLEVUE, éc. c" de Ménéac.
BELLEVUE, dc. c" de Moustoirac.
BELLEVUE, h. c" de Naizin.
BELLEVUE, éc. c" de Napoléonville.
BELLE-VUE, éc. c" de Plouharnel.
BELLE-VUE, éc. c" de Plumelec.
BELLEVUE, éc. c" de Questembert.
BELLEVUE, de. C " de Rieux.
BELLEVUE, éc. c" de Saint-Avé.
BELLEVUE, éc. e . de Saint-Nolff.
BELLEVUE, h. c" de Saint-Samson.
BELLE-VUE, f. c" de Sarzeau.
BELLE-VUE, h. c" de Séné.
BELLEVUE, éc. c" de Sérent.
BELLEVUE, éc. e'° de Vannes.
BELLEVUE, éc. c" de Vannes, dit autref. 113 Joint(), puis
la Haute-Folie (distinct &précédent).
BELLEVUE, éc. c" de Vannes (éloigné des deux autres).
de Noyal-Muziilac.
BELLEVUE (HUTTE os), ée.
BELLEZOEUVRE, h. c" de Pluherlin.
BELLION, vitt. c" de Béganne.
BELLO (LE), h. c" de Saint-Allouestre.
BELLouAN, chût. et f. dite la Porte-Bellouan, c"` de
Ménéac. — Seigneurie; manoir.
BELMONT, il. e "" de Berric.
BELON, vill. et bois, c" de la Croix-Helléan.
BELON, viii. c" de Péaule. — Seigneurie.
d'Elven. — Seign. manoir.
BELON (Coun DE), éc.
BELORIENT, éc. et pont sur le miss. de la Mare-des-Patouillés, e' de Bohai; autre pont dit du Gué-de-Belorient, sur le même ruiss. reliant Bohai et SaintGuyomard.
BELORIENT, h. c" de Guettas.
BEL-ORIENT, h. c" dé Josselin.
BELORIENT, éC. c" de Langonnet.
BELORIENT, h. c" de Marzan.
BELORIENT, h. partie c" de Pleugriffet, partie e de
Réguiny; bois, c" de Réguiny.
BEL-ORIENT, f. c" de Saint-Jean-la-Poterie.
BELORIENT, h. c" de Saint-Nolff.
BELORIENT, éc. c" de Sulniac.
BELORIENT, Il. c" de Trédion.
BELORIENT (RUE DE), à la Gacilly, et L dans cette C".
BELORSEC (LE GRAND et LE PETIT), h. partie c" de
Sulniac, partie c" de Theix; pont sur le Gouvello,
reliant les c"" de Lauzach, Sulniac et Theix.
BELLEVUE, éc.
sur le ruiss. de ce nom, c" de Lignol;
miss. dit aussi de Kerduel, affl. du Scorff, arrose
Ploerdut et Lignol; bois s'étendant sur ces deux
e". — Belost, ;42.4 (princip. de Rohan-Guémené).
BELOSTE, h. c" de Saint-Caradec-Trégomel.
BELURE, éc. mi° à vent et pointe sur la baie du Morbihan, c" de l'Île-d'Arz.
BELVO (LE), éc. c" de Locminé. — Seigneurie.
BELZ, arrond. de Lorient; mi" à vent et lande dans la
commune. — Bels, 1387 (chap. de Vannes).
1029 (D. Morice, I, 34). —Pag—
esquidctrBl,
Poubels , 1037 ( cart. de Redon). — Ponbels , 142 2
(chap. de Vannes).
Belz a donné son nom au cloy. de Pont-Belz, dioc.
de Vannes. — Par. de ce doyenné. — Sénéch. et
subd. d'Auray. — Distr. d'Auray.
BELZIC (RUE nu), à Auray.
BERAT,
e"" d'Inzinzac; pont sur le miss. du Pontdu-Couédic, reliant Inzinzac et Lanvaudan.
BImNALEU,. éc. e " ° de Plumergat.
BENALO, éc. c" de Grand-Champ.
Bérino, éc. c" de Plœren.
Bémo-LE-Bouno, éc. et lande, c" de Piaudren.
BéNALO-LOCQUELTAS, éc. c" de Piaudren.
BENANCE, viii. port et pointe sur le Morbihan,
de
Sarzeau. — Bennans , 1486 (trinitaires de Sarzeau).
BENAUTER,
c" de Piaudren.
Be:N gAC (LE), h. et pont sur le Saint-Nicolas, c" de Guer.
BENEACR, pont sur le Liziec, reliant Elven et Treffiéan.
Béxibmv, île sur la baie du Morbihan., contenant une f.
c" de Saint-Armel.
BBERLIN, viii. c"" de Trefaéan.
%li gne (LE GRAND et LE.PETIT), h. font. et de
la Fontaine-de-Bénézac, affl. du Pembnlzo, c" de
Surzur. — Seigneurie.
BENIERS (Pour Ils), sur le ruiss. de ce nom, reliant
Josselin et Lanouée.
BENIERS (RtussEnu DU PONT-ES-), dit aussi le Crasseux
et le Ténédo , affl. de i'Oust; il arrose Lanouée et
Josselin. — Mi" sur ce miss. c" de Josselin.
BENIGUET, pointe de l'île de Houat, sur l'Océan; îlotprès de cette pointe.
BENIGUET ., pointe de l'île de Houat, sur l'Océan (distincte de la précédente); chaussée et passage entre
Houat et les îlots de Valhuec et de Glazic.
BENINZE, viii.
d'Arzon.
BENOUAL, ruiss. aftl. de l'Ellé, et deux m'"' sur ce ruiss.
c" de Guidel.
BEOMELEN, rocher sur l'Océan, près de l'île d'Hcedic.
BEQUEREL, m1" surie Crach, c" de Crach ; étang baignant Crach et Carnac; pont sur le Crach, teliant
Crach,. Carnac et Plcemel,
BELOSTE, rai°
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
eau, chapelle isolée, ruiss. affl. de la
riv. d'Auray et pont sur ce ruiss. e de Plougoumelen.
13i:RArs (LA), viii. c" de Tréal. — Seigneurie.
REBAT:DAIS (LA), h. f. et m i " sur la Claie, c" de Bohai.
— Seigneurie; manoir.
BERCÉ, font. c" de Glier.
d'Arzal.
BEI/CHE (LE), 11.
BERDAC/IE, ne sur le Resto, c"° de Moustoirac.
BERDER, île contenant un éc. dans la baie du Morbihan,
c" de Baden.
BEIIDEUX,11. C"" cie 'lieux.
BERDISQUEN , h. C"' de Plougoinnelen.
RETIENNE, éc. c" de Marzan.
BERGARD, f. c" de Surzur.
BERGERIE (LA), éc. ene de Billiers.
BERGERIE (LA), f. c"° de Campénéac.
BERGERIE (LA), éc. c" de Campénéac (distinct du lieu
précédent).
BERGERIE (LA), éc. c" d'Hennebont.
BERGERIE (LA), éc. c" de Pleucadeuc.
BERGERIE (RUE DE LA), à la Gacillv.
BEircEao, h. et m" à vent, c" de Moréac.
BERGON, h. c" de Monteneuf. — Seigneurie.
BEncuis, dolmen. — I ov. DAEL-ER-GROAII.
BEEcuic,NAu, éc. c" de Saint-Nolff. — Seigneurie.
BERIIO (LE), m" sur le Kerollin, c" de Lanvaudan.
BERHUIDER, éc. c" de Grand-Champ. — Branhuydez,
1482 (abb. de Lanvaux).
BERHUIDIC, éc. et ru"' à vent, c" de Surzur.
lUrimAis (LA), vill. c" de Carentoir.
11(:nrurc, vill. et m" sur l'Étel, c" de Ploubinec;
étang baignant Plouhinec et S te -Hélène. — Seign.
BÉRIOLET, viii. c" de Saint-Jean-la-Poterie.
BERLAGA, éc. c" de Lanouée.
BERLIN, éc. c" de Guégon.
BERLEZE, vil/. c" de Silliac.
BERLOCH, viii. C ' ° de Languidic.
BERL/. VERNE, II. C."' de PIRUCIreIl.
Breinagozzet,
BERNIIGOUET, viii. c" de Missiriac.
1448 (fabr. de Maiestroit).
BERME:NIE, h. e- de Grand-Champ.
BERNAC, ClIàT. et f. c" de Saint-Aliouestre; sur
le Kerioias et m' à vent, c" de Moréac. — Seigneurie ; manoir.
BERNADIERE (LA), éc. bois et vieux m`" sur le ruiss.
du Moulin-Neuf, c"' de Saint-Dolay.
BERNARD, viii. c" de Rufliac.
13mAyrEc, viii. c" de Port-Philippe.
BERNARD, m' n et pont sur la Gouacraie, c" de Béganne.
BERNARD. lande, c" de Pleugriffet.
BIiQUEREL, TTC à
11
BERNARD, viii.
bois et m" sur le Rohan, e" de Vannes.
— Voy. ROCHE-BERNARD (LA).
BERNARD (RuE), à la Gacilly.
BERNARDERIE (LA), éc. en ruines, c" de Saint-Samson.
BERNAvAti, vill. c" de Peillac. — Seigneurie.
BERNÉ, c" du Faouet. — Berrené , 1387 (chap. de
Vannes). — Berrane, alias Berrenné, 1513 (abb.
de la Joie).
Par. du doy. des Bois.— Sénéch. et subd. d'Hennebont. — Distr. du Faouët.
BERNE, roche clans la baie du Morbihan, près cIe l'île
d'Hm%
BERNÉAN (LE HAUT et LE BAS), viii. et bois, c" de
Campénéac. — Bronn-Ewin, locus, 84o (cart. de
Redon). — Lisbronizvin , villa, 844 (ibid.). — Seigneurie.
BERNARD, rocher.
BARNÉAN (RUISSEAU DES BOIS-DE-), DE LA VILLE-RENAUD,
DE ROBLOT OU. DE BARATON, affi. du Moulinet; il
arrose Campénéac et Beignon.
BERNEUHEN, h. c" de Grand-Champ.
BERNEZ, éc. c" de Remungol.
BERRIC, II. c" de Kervignac.
BERNIGUET, h. et f. c" de Pénestin.
e de Moustoir-Remungol.
BERNILIS,
BEnvo , pointe sur la baie du Morbihan, c" de Illed'Arz.
d'Arzon.
BERNON, viii.
BERNON, h. et pointe sur la baie du Morbihan, c" de
Sarzeau. — Brenoiou-Betvis (en Rhuis), 878 (cart.
de Redon). -- Forét de Bernon , 1395 (trinit. de
Sarzeau). — Communauté de récollets.
BERNES, C11/IT. et viii. c"" de Vannes. -- Bernez, 1448
(chap. de Vannes). — Seigneurie; manoir.
BERNUTTE, h. partie e n' de Locminé, partie c" de Moréac.
BERRAYE (LA), chat. f"" dites aussi Métairies de la
Porte; m" sur le ruiss. appelé Mer-de-Caden, et mi"
à vent, c"' de Codon. — Seigneurie; manoir.
L' ERRE (Cnorx), c" de Theix.
BERRIC, c" de Questembert. — Berry, 1433 (sénéch.
de Ploêrtnel).
Sénéch. et subd. de
Par. du doy. de Péaule.
Vannes. — Distr. de Rochefort.
BERRIEN, h. c" de Kergrist. — Seigneurie; manoir.
BERRY (RUE DE), à Lorient. —Voy. CONVENTION (RUE
DE LA).
éc. c" de Saint-Brieuc-de-Mauron.
c" de Grand-Champ.
BERTHE, h. c" de Pluherlin.
BERTUOIS (LA), viii. c" de Loyat.
13EIITECHE (LA),
BERTU (Choix),
BERTHOIS ( PONT) Ou DE GOATI-\ RAS, sur le Kerizae,
c"" de Plaudren.
12
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
h. c" de Silfiac.
éc. c" de Questembert.
BERTRAND (BASSE DE), îlot à l'embouchure de la Vilaine, côte de Billiers.
BERTRAND (Cnoix), c" de Monteneuf.
BERTRIE ( LA ) , viii. c°° de Peillac.
BERVAL vill. c" de Saint-Avé.—Seigneurie.
BEnzEN, m1" sur PEllé, c" du Faouét.
NsatAN, vill. et lande, c" de Monteneuf.
BESNIEll (Rus), à Mauron.
BESPERNÉ, h. c" de Larré.
BESQUENNO, éc. c" de l'Île-aux-Moines.
BESSAIS (LE), éc. de Peiliac.
BESSUILLAC, h. et lande, c"° de Guer.
BESSY (LE), h. c°° de Taupont.
BERTIN (LE),
BERTIN°,
BESTIAUX (PLACE AUX), à Gourin.
BESTIAUX (PLACE AUX), à Plouay.
BiernAmi, viii. salines et anse à l'embouchure de la
Vilaine, c" d'Ambon. — Bentazon, 1434 (seign. de
Bavalan).
BEULEC, éc. c"° de Ploérdut; pont sur le Scanff, reliant
Ploërdut et Lignol.
BErnetE (LA), éc. et mi° à vent, c"' de Questembert.
BEURRE (FONTAINE AU), c"° de Moréac. — Le ruiss. de
la Fontaine-au-Beurre, an du Tarim, arrose Moréac et Locminé.
BEURRERIE (RUE DE LA), à Ploërmel. — Voy. NOIRE
(Rue).
BEIM, chapelle isolée, c" de Mauron.
BEUZE (LE), h. c"° du Saint.
BÉVEN (LE), éc. c" de Piuméliau.
BEVERT éc. c"' de Gourin.
BézAn (FONTAINE nu), c" de Vannes.
Bézic, viii. partie c°° de Réminiac, partie c" de Caro.
— Seigneurie.
BÉZIG (LE HAUT et LE BAS), viii. et In 1° à vent, c"° de
Saint-Jacut. — Seigneurie; manoir.
BéZIDALAN, vill. c" d'Elven.
BEZIDEL,,11. c°° de Brech. — Seigneurie.
BEZIDEL, chât. f. et bois, c" de Cléguérec; lande s'étendant sur les c"°' de Cléguérec et de Saint-Aignan;
vill. dit Lande-de-Bezidel, c" de Saint-Aignan. —
Seigneurie; manoir.
BtiZIDEL,.f. c" de Séné. — Seigneurie.
de Nivillac.
BEZIDENT, éc.
BEZIER (LE), h. c" d'Allaire.
BlizIEn (LE), lande, c" de Monteneuf.
BézinAv (LA), h. c" de Bréhan-Loudéac.
BÉZ1T (LE), h. c" de Saint-Nolff. — Seign. manoir.
Bézo (LE), vill. c" de Bignan. — Seigneurie.
Bézo (LE) au PETIT-Bézo, vill. c" de Saint-Dolay.
Bézmi (LE HAUT et LE BAS) , vill. partie c"' de Ploërmel ,
partie c" de Gaillac; mi° à vent, c"° de Ploërrnel ;
mi° à eau sur le Ninian, c" de Guillac.
Bézoué (LE), h. c" de Plumelec. — Seigneurie.
BÉZOUET (LE), h. c" de Moustoirac. — Seigneurie.
Bézx (LANDE et Climat DU), e° de Piuherlin. — Anc.
manoir en la par. de Malansac, auj. ruiné.
Un (LE), viii. et ruiss. affl. du Tohon, c"° de NoyaiMuzillac.
BÉZY (LE), viii. c" de Theix.
BIAIS (LEs), éc. c"° de Saint-Martin.
BIAIIDAYE (LA), h. c" de Caro. — Seigneurie; manoir.
BIAUSSE (LA), f. c" de Guer.
BICHE (LA), port et fort sur l'Océan, c" de Locmaria.
BICHES (ÉTANG AUX), c" de Trédion.
BICHES (FONTAINE Aux), eu° de Saint-IVIalo-de-Beignon.
BICHES (MARE às), baignant les c"" de Billio et de Plumelec.
BIED (LE), 1111 ° en la Trinité-Porhoét. —Voy. PRIEURÉ
(LE).
BIEL, h.
c" deSaint-Caradec-Trégomei.—Bizel, 1397
(princip. de Rohan-Guémené).
BIEN-X-L'AIR, chât. c" de Josselin.
BIENFAISANCE (RUE DE LA), à Vannes, dite autrefois des
Trois-Duchesses, des Duchesses ou de la Duchesse.
BIERQUE, éc. c" de Mole.
BIEUx (LE), viii. c" de la Grée-Saint-Laurent.
BIEUZEN, viii. c" de Bubry.
BIEUZENT, vill. et lande, c" de Cléguérec.
BIEUZY, c" de Baud; lande dans la commune. ---- Sanctus Bilai, Parr*, villa et fous, 1125 (cart. de Bedon). — Beuzi, 1288 (D. Morice, I, io86).
Par. du doy. de Guémené. — Sénéch. de Ploërmel; subd. de Pontivy. — Distr. de Pontivy.
RICIN, éc. c" de Monteneuf.
BisAmd (PLACE), au Palais, dite autrefois de Sain 1Sébastien.
BIGAUDAIS (LA), vill. ee de Lizio.
BIGNAC, éc. c" de. Béganne.
BIGNAC, vill. c" de Saint-Congard. — Seigneurie.
BIGIVAN c" de Saint-Jean-Brévetay ; lande et viii. de lu
Lande-de-Bignan, partie en Bignan, partie en Moréac. —Bingnen, 1421 (duché de Rohan-Chabot).
— Bignen, 1461 (ibid.).—Bois au xv° siècle (ibid.).
Par. du doy. de Porhoët; établissement de chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, autref. templiers. — Vicomté. — Sénéch. de Ploërrnel; subd.
de Vannes. — Distr. de Josselin; Chef-lien de c°°
en 179o, supprimé en l'an x.
BIGNAT, ée. c" de Guern.
BIGNE (CLOS DE LA), lande, c" d'Augan.
BIGNEUL (LE), pointe et forts sur l'Océan, c" de Locmaria.
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN.
f. c" de Béganne.
c" de Carentoir.
BIGNON (LE), éc. et min à vent, c" de Caro.
BIGNON (LE), f. c" de la Chapelle.
BIGNON (LE), éc. c" de Guer.
BIGNON (LE), h. c" de Mauron.
BIGNON (LE), h. c" de Monteneuf.
BIGNON (LE), h. et bois, c" de Peillac. — Seigneurie.
BIGNON (LE), éc. c" de Rieux.
BIGNON ( LE), h. c" de Rufliac.
IliorioN (LE), éc. c"' de Saint-Gravé.
litcNoN (LE), éc. c" de Saint-Guyomard.
BIGNON (LE), éc. c" de Saint-Jacut.
BIGNON (RUE DU), à Ploérmel,
d'Augan.
BIGNONET (CROIS DU),
BIGNON-FRANCMON (LE), éc. c" de Porcaro.
BIGNON-TREILHENT (LE), h. c" de Porcaro.
BIGODON, h. c" de G uiscriff.
BIGOTAIS (LA ), vill. c" de Carentoir.
BIHILIC, vill. c" de Meslan.
BIHINIERE (LA), éc. c" de Nivillac.
BIIIOUARNE, éc. c" de Plumergat.
Butoué, lande et vill. dit Lande-Bihoué , partie c" de
Quéven, partie c"" de Guidel.— Bevoy , 138 7 (chap.
de Vannes). — Trêve de la par. de Quéven, anci
paroisse.
Biuoué (Ruisseau DE). — Voy. SCAVE (LE).
éc. c" de Monterblanc.
Bises (LE HAUT et LE BAs), vill. c" de Saint-Guyomard.
Bic, mi" à vent et 'le sur l'Océan, c" de Damgan.
BILAIS, h. c" d'Arzal.
BILAIS, vill. et pont sur le Craneguy, c" de Surzur.
BILAIRE, viii. c" de Vannes. — Biler, là 2 t (prieuré
de Saint-Guen). — Seigneurie.
BILAIRE, mi° à vent, c" de Saint-Vincent.
BILAIRE, viii. et pont, c" de Saint-Vincent, distinct
du précédent. -- Seigneurie.
BILAME (RUISSEAU DE), ail du Liziec; il arrose SaintAvé et Vannes.— Pont sur ce ruiss. reliant ces deux
c""; m' à eau, c"" de Saint-Avé; deux à vent,
l'un en Vannes, l'autre en Saint-Avé.
ruiss. affl. du Groutel et m '" SUE ce ruiss.
BILHAUT,
c" de Ménéac.
BIL-HERBON, éc. c" de Séné.
BILAIRE (LA), f. font. et miss. de la Fontaine-de-là-Biliede,
affl. de l'Aff, c" de Guer.
BILLAREC, viii. c" de Séné.
BILLAUD, mi' sur le Sédon , c" de Guégon.
BILLèNE (LE), ée. c" de Pénestin.
BILLERIT, vill. c" de Guide'.
BILLETTE (RuE), à la Trinité-Porhoet.
BILL/AIE (LA), h. c" de Béganne.
13
c" de Gourin.
c" de Muzillac; m' à vent; port à l'embouchure de la Vilaine. — Beler, parr'. , 1 25o (D. Morice, I, 9117).
Par. du doy. de Péaule. — Sénéch. de Vannes;
st/bd. de la Roche-Bernard. — Distr. de la RocheBernard.
BILLIERS (ÉTIER DE), ruiss. qui arrose Ambon et Billiers et se jette dans l'Océan.
BILLIO, c" de Saint-Jean-Brévelay.— Mouster-Biliou ,
138 7 (chap. de Vannes). — Mouster-Billiou , i1i s u
(ibid.).
Trève de la par. de Cruguel, anci par. — Distr.
de Josselin.
BILLION, vill. m'° à vent et ruiss. affi. de la Drague, c"
d'Ambon; pont sur la Drague, reliant Ambon et
Surzur. — Seigneurie.
B/L-Lonois ou PETIT-BIL, éc. servant de caserne de
douanes, et salines, c" de Séné.
BILY, pont sur le miss. dit Mer-de-Caden, reliant les
c"' de Béganne, Saint-Gorgon et Caden.
BILE (LE), pointe, lie, basse et corps de garde sur
l'Océan, côte de Pénestin.
Blum, pont sur le Hinguair, reliant Hennebont et Caudan.
Bisno (LE), vill. c" de Sarzeau.
BINDRE, vill. lande, éc. dit Lande-de-Bindre et salines,
c" de Séné.
BINET ou CH/TE:Il-BISET, f. c" de Buléon. — Ancien
manoir.
BINGUY, font. c" de Saint-Dolay.
BINIAT, éc. c" de Cléguérec.
BRIO (LE), vill. ni" à vent et lande, c"' d'Augan; ruiss.
— VOV.
13locnE, h. c" du Saint.
Bloc, ée. c" de Plouharnel.
BIRIIIT, vill. c" de Noyalo.
BIRVIDEAUX (LEs), plateau sur l'Océan, entre Quiberon, Groix et Belle-Île.
BISCOND (LE), h. m' sur l'Étel , étang et île sur l'étang,
c" de Ploultinec. L'étang est desséché depuis une
vingtaine d'années.
Bisolsos , éc. c" de Guégon.
BISQUELLO, éc. c" de Noyal-Pontivy.
BISSON (PLACE), à Lorient, appelée avant 1789 place
Dauphine, puis place des Boucheries jusqu'en e 83o ,
époque à laquelle elle a pris son nom actuel.
B1SSY, éc. c" d'Allaire.
BiviknE, chàt. et f. c" de Pontscorff.
BIZOLE, vill. marais et h. dit le Marais-de-Bizole ,
de Treffléan. — Trêve de la par. de Treffléan. —
Seigneurie.
BIGNON (LE),
BILLIEC,
BIGNON (LE), h.
BILLIERS,
PRÉFACE
Depuis une quinzaine d'années, j'ai fait en Écosse de
nombreuses excursions pour étudier les monuments dits celtiques et les anciennes croix sculptées. J'ai dessiné et photographié un grand nombre de ces monuments curieux si bien
décrits par le docteur John Stuart.
En 1873, le désir de comparer les monuments que j'avais
vus en Écosse avec ceux de même nature qui existent en Bretagne me décida à faire une excursion archéologique dont
Carnac était le but principal.
Après avoir visité Saint-Malo, Dinan et Morlaix, je me
rendis à Saint-Guimiliau où je fus frappé de la ressemblance
de certaines sculptures qui se trouvent sur les côtés du porche
de l'église avec celles que l'on voit sur des croix très-anciennes
en Écosse.
En quittant Brest, je me rendis à Pleyben, puis à Quimper, et enfin à Carnac, après avoir vu les monuments celtiques qui se trouvent entre Concarneau et Pont-Aven.
Arrivé à Carnac, dont je voulais visiter les alignements,
j'y trouvai M. Henri du Cleuziou qui y avait été envoyé par
le gouvernement français pour en étudier les monuments dits
celtiques.
iz
PRÉFACE.
M. H. du Cleuziou parla, devant plusieurs personnes,
d'un certain nombre de buttes, situées dans un groupe de
champs appelés les Bossenno, sous lesquelles il croyait qu'existaient les ruinés d'une cité gauloise. Il nous conduisit, mon ami
M. Valerio et moi, visiter ces buttes.
Sous la petite butte A, que j'ai fouillée en 1874, aidé par
les conseils de M. du Cleuziou, de M. Valerio et de M. le
docteur de Gressy, on n'a trouvé que les ruines d'une petite
maison gallo-romaine.
M. du Cleuziou est resté entièrement étranger aux
fouilles que j'ai fait exécuter, en les dirigeant moi-même, pendant les années 1875 et 1876.
J'ai donné à la fin des divers chapitres de ce volume,
quoiqu'ils n'aient pas un rapport direct avec les fouilles que
j'ai exécutées, des dessins représentant plusieurs croix remarquables par leur caractère local et un lech très-curieux.
Un ouvrage spécial sur les croix et les lechs du Morbihan serait, je crois, vivement à désirer, d'autant plus que
beaucoup d'antiquaires considèrent les lechs comme des monuments funéraires intermédiaires entre les menhirs et les
pierres tombales modernes.
J'avais l'intention de faire l'acquisition des terrains occupés
par les huit buttes que j'ai fouillées aux Bossenno. Je voulais
pouvoir entourer d'un mur, afin de les conserver intactes, les
ruines que j'ai mises à découvert. Des difficultés plus grandes
que tout mon bon vouloir m'ont forcé de renoncer à ce dessein.
Ce serait pour moi une véritable satisfaction de pouvoir
continuer les travaux que j'ai commencés aux Bossenno Plus
tard, si je puis obtenir les permissions nécessaires et que mes
occupations me le permettent, je tâcherai de compléter les
recherches dont on va trouver les résultats dans ce volume,
PRÉFACE.
en faisant aux Bossenno et dans les environs de Carnac des
fouilles qui me permettront, je l'espère, d'éclaircir divers
points qui, pour moi, n'ont pas encore été suffisamment
élucidés.
Tout le monde connaît les difficultés sans nombre qu'on
éprouve quand on écrit dans une langue étrangère; aussi ai-je
dû avoir recours à l'obligeance de mon ami M. le comte de
Martel et du savant archiviste du département du Finistère,
M. Le Men, qui ont bien voulu me prêter leur concours. Je
les prie d'agréer ici l'expression de ma profonde reconnaissance pour la bienveillante assistance qu'ils m'ont accordée.
M. Le Men a eu la bonté de revoir tout le texte de ce
volume. Je ne saurais trop le remercier pour la scrupuleuse
attention avec laquelle il s'est attaché, ainsi que M. de Martel,
à reproduire strictement mes idées.
Je prie M. Paul Gervais, professeur au Muséum d'histoire naturelle à Paris, qui a eu la bonté de classer les ossements trouvés aux Bossenno, et M. Henri Cohen, conservateur de la Bibliothèque nationale, qui a bien voulu classer les
médailles que j'ai trouvées, de croire aux sentiments de gratitude que m'inspire l'aide bienveillante qu'ils m'ont accordée.
Je ne saurais également oublier l'aide si obligeante que m'a
prêtée M. Garnier, un des conservateurs du Musée de Sèvres;
il a bien voulu dessiner sur bois, d'après les aquarelles de
MM. Henri du Cleuziou et Louis Cappé, les poteries publiées
dans cet ouvrage, et m'a aidé à les classer et à les décrire.
Mes remercîments sont également dus à M. Taylor, qui
a dessiné sur bois, d'après mes aquarelles, les paysages de
ce volume, à M. Morieux qui en a gravé les plans, et à
M. Nicolay, qui a dirigé, en véritable artiste, la gravure des
b ois qui s'y trouvent.
Je n'oublierai jamais l'accueil si affectueux que m'ont
14 PRÉFACE.
fait les membres du clergé, les autorités et les propriétaires de
Carnac qui m'ont permis d'exécuter des fouilles sur leurs
terrains, ni la bonne hospitalité que j'ai reçue de Lautram, propriétaire de l'hôtel des Voyageurs, pendant tout le
temps que j'ai passé à Carnac.
INTRODUCTION
LES BOSSENNO
Le voyageur qui parcourt le Morbihan en suivant la route
d'Auray à Carnac est frappé de la différence que présente le
pays dans ces deux localités si peu éloignées l'une de l'autre.
En approchant de la côte, la terre devient moins fertile. De
tous les côtés s'étendent des landes stériles dans lesquelles
on aperçoit des menhirs, des dolmens, des tumuli qui deviennent très-nombreux quand on arrive à i kilomètre de Carnac.
Les premières impressions que le voyageur éprouve ne
sont pas favorables ; ses espérances ne se réalisent pas immédiatement; ce n'est qu'après avoir séjourné quelque temps à
Carnac, après avoir parcouru le pays, qu'il peut apprécier le
nombre, l'étendue, la variété des monuments dits celtiques et
des ruines gallo-romaines qui couvrent cette contrée, si digne
à tant de titres des études des antiquaires.
Avant la conquête romaine, ce pays était habité par les
Vénètes, le peuple, dit César, le plus puissant de l'Armorique.
L'occupation de ce pays par les Romains jusqu'en 409,
c'est-à-dire pendant plus de quatre siècles, devait laisser des
traces profondes qu'attestent les nombreuses ruines galloromaines qui se rencontrent dans ces contrées. Pendant tout ce
20
LES BOSSENNO.
laps de temps, ce pays fut habité par une population dont une
portion au moins avait adopté les moeurs et les habitudes des
Romains.
C'est sur le littoral armoricain que la juxtaposition des
monuments celtiques et des ruines gallo-romaines se fait surtout remarquer. Que penser de ce voisinage? Faut-il attribuer
au hasard l'association de ces monuments d'origines si
diverses? Cette question est pleine d'intérêt. Sans avoir la
prétention de la résoudre, je constate ce fait, que l'on peut vérifier à Locmariaker, où les ruines romaines côtoient les monuments celtiques ; à Kerillio, en Erdeven, où cette réunion se
renouvelle à l'entrée des dunes au midi du village ; à Carnac
enfin, où les ruines romaines des Bossenno, que j'ai fouillées
récemment, sont à proximité des monuments celtiques de
Kermario.
Gràce aux fouilles faites depuis trente ou quarante ans
par des particuliers et par les societés savantes de la Bretagne, un grand nombre de monuments gallo-romains ont été
découverts dans cette province. C'est une preuve des progrès
que l'archéologie a faits en Bretagne depuis cette époque, car
il y avait encore alors des archéologues qui prétendaient que
les Romains n'avaient jamais pénétré jusqu'à l'extrémité de
l'Armorique.
Dans le Bulletin de la Société polj nzathique du Morbihan
pour l'année 1857, on trouve des comptes rendus de fouilles
faites dans les établissements gallo-romains suivants :
A Saint-Christophe, commune d'Elven ; une description
des fouilles accompagnée d'un plan ;
Au Lodo, commune d'Arradon, description, plan, dessins
des objets et légendes des monnaies romaines découvertes ;
A Saint-Symphorien, près de Vannes, description et plan.
Dans le Finistère, on a également trouvé à Parc-ar-Groas,
,
INTRODUCTION. 23
près de Quimper, un poste gallo-romain, dont une description,
accompagnée de plans, a été publiée dans le troisième volume
du Bulletin de la Société archéologique du Finistère.
Au Poulker , à l'embouchure et sur la rive gauche de
l'Odet, rivière de Quimper, on a découvert et exploré en 1866
des ruines de bains gallo-romains importants. Ces deux dernières fouilles ont été faites, ainsi que les plans, par M. Le
Men, archiviste du département, au nom de la Société archéologique du Finistère.
De son côté, M. Fornier, conseiller à la cour d'appel de
Rennes, a publié un compte rendu accompagné d'un plan de
fouilles faites par lui, en 1868 et en 1869, au Haut-Bécherel,
en la commune de Corseul (Côtes-du-Nord).
Je me borne à ces citations que l'on pourrait multiplier.
Partout en Bretagne on trouve des vestiges de constructions
gallo-romaines qui attestent que l'Armorique fut occupée par
les Romains aussi fortement que le reste de la Gaule.
Au nombre des monuments gallo-romains non explorés du
département du Morbihan, quelques ouvrages d'archéologie'
signalaient, sous le nom de Camp de César, à t kilomètre à
l'est de Carnac, auprès du village de Clou-Carnac, plusieurs
buttes appelées les Bossenno, dont l'origine était suffisamment
indiquée par la grande quantité des tuiles romaines éparpillées
sur leurs surfaces.
L'existence de ruines gallo-romaines dans les Bossenno
était également connue de M. Lavent, ancien vicaire à Carnac,
et de M. Le Floch, notaire dans ce canton, qui ont ramassé
sur ces buttes des débris de tuiles et de poteries, à la fin de
mai ou au commencement de juin 1863. Beaucoup d'autres.
1. Entre autres le Repertoire archéologique du Morbihan, publié par
M. Rozenweig, en 1863. M. Charles de Keranflech-Keregne avait déjà signalé
ces ruines à plusieurs archéologues avant 186o.
LES BOSSENNO.
habitants de cette commune, surtout les gens d'un certain fige,
les avaient vues ou en avaient entendu parler.
Faisant une tournée archéologique en Bretagne en 1873,
mon attention, ainsi que je l'ai déjà dit, fut attirée sur ces buttes.
J'éprouvai dès cette époque le désir d'y faire des fouilles.
Les buttes des Bossenno sont situées sur les parcelles de
la section M du cadastre : N" 61o. Er Vurten, 61 i. Boceno,
612. Boceno hir, 647. Clos G UrUnne, 649. Bossenno, 65 i . Bocenneu, 652. Bocenneu.
Ces parcelles font partie d'un plateau relativement élevé
au-dessus de la plaine qui s'étend de ce point jusqu'à la mer.
L'étymologie du nom de Bossenno paraît être le mot
breton bosser, altération du mot français bosse, au pluriel bossenno ou bossenneu, suivant le dialecte. Cette étymologie s'explique par l'agglomération des éminences factices ou buttes que
l'on remarque sur une étendue de terrain que l'on peut évaluer
à 5,200 mètres carrés.
Ce terrain commence à 200 mètres à l'est du village
de Clou - Carnac, et s'étend jusqu'à la lisière du vallon
appelé aujourd'hui Kerinegoh, et, dans un titre de 1740, que
je citerai plus loin, Kerguingoh'. Pendant le dernier siècle,
dans les grandes marées, la mer pénétrait encore dans la pièce
qui porte ce nom.
Sur une grande étendue, du côté nord de ce terrain, existe
un talus de dimensions inégales. En faisant faire des tranchées
en travers de ce talus, je constatai dans plusieurs endroits
l'existence, à l'intérieur, d'un mur de d'épaisseur
r. Ce mot signifie en français vieille ville de Le Guen ( vetus villa Albi),
ou ville du vieux Le Guen (villa antiqui Albi). Le Guen, qui veut dire en français Le Blanc, est un nom très-commun en Bretagne. Il est à remarquer qu'à
500 mètres au nord-ouest du lieu de Kerguingoh se trouve une croix de
pierre ornementée et fort ancienne, qui porte le nom de Croatar-Guell , la
croix de Le Guen (page 261.
.
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d„,
INTRODUCTION. 25
sur autant de hauteur. Ce mur était bâti négligemment en
grosses pierres sèches, dans le genre des constructions du
moyen âge. J'ai trouvé dans ces tranchées beaucoup de poteries romaines et de briques à rebord.
Déjà, dès le début de mes fouilles, je considérais ce talus
comme les débris d'une enceinte. L'existence de ce mur vint
confirmer cette première impression. Ce qui caractérise encore
davantage cette destination de mur d'enceinte, c'est la différence de niveau qui existe de chaque côté de ce talus. A
l'extérieur, au nord, le sol est en contre - bas d'environ
mètre, ce qui. ferait croire que de ce côté on aurait creusé
un fossé dont les terres auraient servi à exhausser le rempart qui formait l'enceinte des Bossenno.
Les légendes d'un pays ne sont pas toujours à dédaigner ;
elles dérivent généralement de traditions propres, parfois, à
éclairer les recherches.
Les Bossenno ont leur légende, qui n'est pas sans analogie
avec certains faits que mes fouilles m'ont permis de constater.
D'après la tradition , les Bossenno étaient habités par des
Moines rouges (les Templiers). Les populations des environs,
exaspérées par leurs crimes, les massacrèrent et brûlèrent
leurs habitations dans une même nuit. On verra plus loin que
j'ai trouvé partout les preuves indubitables de la destruction
par l'incendie des bâtiments dont j'ai exploré les ruines.
Les Bossenno sont encore un lieu mal famé. Jusqu'à ce
jour, on prétend que les personnes attardées dans ces parages
voyaient chaque butte éclairée. Quelquefois aussi on entendait , entre des êtres invisibles, une conversation animée
dans une langue inconnue que personne ne comprenait.
Les fouilles des Bossenno furent entreprises au mois de
septembre 1874. L'exploration de chacune des buttes fut faite
successivement. Pour rendre ma description aussi claire que
4
GEOGRAPHIE
HISTORIQUE
DES CÔTES-DU-NORD
RÉDIGÉE PAR
JE{, I G,
T_I D (o. i.)
INSPECTEUR DES ÉCOLES PRIMAIRES
Avec le concours de N. HÉLARY, Agent-Voyer eu Chef
et de plusieurs Instituteurs du Département.
Les Cartes ont été dressées par M. BELHOWE, Inspecteur du Service vicinal.
SAINT-BRIEUC
ImpRIAIER1E FRANCISQUE' GUYON, LIBRAIRE-ÉDITEUR
Rues Saint-Gilles et de la Préfecture
1 810
GÉOGRAPHIE HISTORIQUE
DU
EPARTEI TD COES-H-\011,11
APERÇU GÉNÉRAL
I.
Dénomination. Le département des Côtes-du-Nord,
l'un des cinq formés par l'ancienne province de Bretagne,
tire son nom de sa position sur la côte septentrionale de
cette prOvince. Cette dénomination, qui lui a été attribuée
à défaut de quelque rivière, montagne ou forêt remarquable, convient à la disposition de ses côtes, exposées
au nord sur la Manche.
—
Situation géographique. — Étendue . — Division
par arrondissement. — Villes principales. — Situé
entre le 48° et le 49 e degré de latitude nord et les 4e et 6°
degrés de longitude ouest, le département des Côtes-duNord est borné au nord par la mer de la Manche et une
petite portion du département d'Ille-et-Vilaine, au sud
par le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine, à l'ouest par le Finistère et à l'est par l'Ille-et-Vilaine. Sa configuration est
celle d'une éclipse échancrée sur l'un de ses côtés, et son
étendue en superficie est de 687,603 hectares 24 ares ; sa
plus grande longueur, à vol d'oiseau, est de 140 kilomètres d'Evran à Plestin, et sa plus grande largeur, de
l'extrémité du sillon de Talberg , en Pleubian, à la
limite de Mellionnec, est de 84 kilomètres.
_2
Il est divisé administrativement en cinq arrondissements, comprenant 48 cantons et 389 communes.Les chefslieux de ces arrondissements sont : Saint-Brieuc, qui est
aussi le chef-lieu du département ; Dinan , Guingamp,
Lannion et Loudéac.
Après ces cinq chefs-lieux, les principales villes sont :
Lamballe, Paimpol, Quintin et Châtelaudren, dans l'arrondissement de Saint-Brieuc ; Plancoét, arrondissement
de Dinan ; Pontrieux, arrondissement de Guingamp, et
Tréguier, arrondissement de Lannion.
Géologie. — Le sol des Côtes-du-Nord est presque
entièrement composé : 1° de terrains cristallisés, vulgairement appelés primitifs et formés par les roches désignées
sous les noms de granit, syénite, gneiss micaschistes,
etc.; ces roches se trouvent presque partout ; 2° de terrains de transition inférieurs (système cambrien), composés presque exclusivement de schistes luisants, et de
terrains de transition moyens (système silurien), partagés
en deux groupes, les quartzites et les antraxifères, ces
deux derniers genres également très répandus ; 3° de terrains tertiaires moyens, comprenant les faluns ; on les
trouve seulement dans les communes de Saint-Juvat et
circonvoisines, arrondissement de Dinan ; 4° enfin, de
roches ignées qui ont donné naissance aux terrains primitifs; on les rencontre dans un grand nombre d'endroits.
Climat. — Quant au climat, il est d'ordinaire un peu
triste et plutôt pluvieux que brumeux, ce qui tient sans
doute au voisinage de la mer. Le ciel est souvent couvert
et il seraittrès humide si des vents assez forts, qui règnent
fréquemment dans la direction du sud-ouest, ne chassaient
les nuages et ne. venaient ainsi éclaircir l'horizon. C'est
peut-être à cette cause que l'on doit d'être préservé de
froids rigoureux en hiver et de chaleurs accabldntes en été. Les variations de température sont, du reste, très
-3—
fréquentes, aussi la neige, quand elle vient à tomber,
reste-t-elle fort peu de temps sur la terre, surtout dans
la zone du littoral.
Montagnes. Le département des Côtes-du-Nord est
traversé dans sa plus grande largeur par la chaîne des
montagnes d'Arrez, qui s'étend sur toute la Bretagne, de
l'est à l'ouest. La ligne de faîte de cette chaîne commence,
sur les Côtes-du-Nord, à la limite du Finistère, sur la
commune de Loguivy-Plougras ; traverse la forêt de
Beffou, en cette commune ; passe sur les communes de
Lohuec, Calanhel, la Chapelle-Neuve et Plougonver ;
limite celle de Callac, au nord; passe près de BulatPestivien ; s'étend sur la commune de Mael-Pestivien,
au nord du bourg ; remonte vers le nord jusque SaintHouarneau , en Bourbriac, passe près la chapelle SaintJean, en Kerrien, au bourg de Magoar ; sépare Kerpert
de Saint-Nicolas ; passe au bourg de Saint Gilles-Pligeaux ; traverse le sud des communes de Vieux-Bourg et
Saint-Bihy, celles de ta Harmoye et de Lanfains ; traverse la forêt de Lorge, en l'Hermitage ; passe au nord
de Piceno et de Plémy, au sud de Moncontour et de la
commune de Trébry, près de Collinée ; traverse les
communes de Saint- Gouéno Saint-Gilles-du-Méné,
Saint-Vran, Saint-Launeuc, la forêt de La Hardouinaye ;
passe au sud de Lanrelas et de Plumaugat, et se termine,
sur les Côtes-du-Nord, à la limite d'Ille-et-Vilaine, entre
Saint-Jouan-de-l'Isle et Saint-Méen.
Son développement est d'environ 140 kilomètres.
Cette chaîne de montagnes est aussi appelée Montagnes du Méné, à partir de Moncontour jusqu'à la limite
d'Ille-et-Vilaine.
Les Montagnes-Noires du Finistère se prolongent dans
les Côtes-du-Nord jusqu'à cette chaîne principale, par
une ramification dont la ligne de faîte prend naissance
—
,
—4—
à Tréogan, passe sur les communes de Plevin, Paule et
Glomel, traverse le bois de Kergrist-Moëlou, passe sur
les communes de Saint-Nicodème et Maël-Pestivien, et
se soude aux montagnes d'Auez en cette commune.
Cette chaîne secondaire se prolonge encore par une
ramification des montagnes d'Arrez vers le nord, commençant sur la commune de Bourbriac, passant à BelleVue, en Porit-Melvez, au bourg de Gurunhuel, traversant
la forêt de Coat-an-Noz, passant sur Louargat et Pédernec, et• se terminant à Bégard. Son développement
est d'environ 65 kilomètres.
Les points les plus é' vés des montagnes d'Arrez sont,
en allant de l'est à l'ouest : Goariva, en Plougras, 316m;
sommet de la forêt de Beffou, 326m ; Ménez-Kérespers,
en Plougonver, 321m; Kermarc'h, en Pestivien, 300m ;
Leindivet et Kerdavidou, en Bourbriac, 306 et 312m ;
Saint-Jean, en Kerrien, 303m ; Saint-Urnan, en Kerpert,
300n1; Kerdaniez, en le Vieux-Bourg, 308m ; Porte•Allinto,
source du Gouët, en Saint-Bihy,, 315m ; Kerchouan,
source de l'Oust, en La Harmoye, 320m ; les Landes, en
Lanfains, 325m ; château de la Cuve, en Trédaniel, 320m;
Montagne de Bel-Air, en Trébry, 340m, point le plus
élevé du département, Tombalon, en Saint-Gouéno,
314m. A partir de là, l'élévation du faîte diminue (l'une
manière très sensible jusqu'à la limite.
Dans la ramification des Montagnes-Noires, les points
les plus élevés sont, en allant du sud au nord : le MénezDu, en Piévin, 304m ; Toul-Hallec, en Paule, 298m ;
Kersaint-Eloy, en Glomel, 255m ; Crec'h-Moêllou, en
Kergrist, 303m.
Dans la ramification des montagnes d'Arrez, vers le
nord, nous citerons Pors-Dréo, en Gurunhuel, 305m, et
la montagne de Bré, en Pédernec, vaste cône de 3 kilomètres à sa base et dont le sommet est à 301m seule,
-5—
ment au-dessus du niveau de la mer. Mais, par son
isolement à l'extrémité de ]a ramification et son élévation au-dessus des terrains les plus voisins, c'est de tous
les monticules des Côtes-du-Nord celui qui a le plus l'aspect d'une montagne.
Le département se trouve donc divisé par les montagnes d'Arrez ex• deux versants principaux, l'un regardant le nord et déversant directement ses eaux dans la
Manche, l'autre tourné vers le sud et déversant ses eaux
dans l'Océan, après qu'elles ont traversé les départements voisins. Ces montagnes donnent naissance à une
foule de petits cours d'eau peu importants, vu leur
rapprochement de la mer. Les rivières les plus notables
sont :
Rivières du versant Nord, ou bassin de la Manche,
en allant de l'Ouest à l'Est. — 1. Le Léguer, qui prend sa
source au village de Pen-Léguer, en Bourbriac, passe près
de Pont-Melvez, traverse la forêt de Coat-an-Noz, passe à
Belle-Isle, près de Trégrom, Tonquédec et Buhulien, à
Lannion, et se jette dans la Manche au-dessous de cette
ville et entre les villages du Yaudet, en Ploulec'h, et de
Bec-Léguer, en Servet. (Nota). Le Léguer est désigné à
Lannion seulement sous le nom de Guer. Cette désignation n'est pas exacte, ainsi que l'indiquent bien les noms
bretons de Pen-Léguer et Bec-Léguer, qui signifient tête
et embouchure du Léguer.
Cette rivière reçoit plusieurs affluents, dont le principal est le Guic, qui prend naissance près de Plougras,
reçoit le fort ruisseau de Saint-Emilion, passe au-dessous
de Locquenvel où il reçoit le Scalon, traverse Belle-Isle
et se jette dans le Léguer, au-dessous de cette ville.
2° Le Jaudy, qui a sa source au village du Chap, en
Gurunhuel, passe au pont Jaudy, près de Tréglamus,
près de Saint-Laurent et Brélidy, près de Coatascorn,
_ 6 _
où il reçoit le ruisseau de Théoulas, puis celui de Poulloguer, traverse La Roche-Derrien, passe à Tréguier et
se perd dans la Manche à 6 kilomètres au-dessous de
cette ville. Son affluent principal est le Guindy, qui sort
de Louargat, près la montagne de Bré, passe près Pluzunet, de Caouennee, de Lanmérin et de Langoat, et se
jette dans le Jaudy, à Tréguier. Au-dessous de cette
ville, la rivière importante formée par la réunion du
Jaudy et du Guindy prend le nom de rivière de
'Tréguier.
30 Le Trieux, qui a sa source principale en la 20111 mune de Kerpert, passe aux étangs de Kerpert et du
Trieux, en cette commune ; tombe dans l'Étang-Neuf,
en Saint-Connan, où il se grossit de deux petits affluents;
reçoit ensuite le ruisseau de Senven ; passe entre les
communes de Plésidy et Senven-Léhart ; reçoit le ruisseau du Moulin-du-Bois, venant de Saint-Gildas; passe
sous le bourg de Saint-Péver, où il reçoit le ruisseau du
Sulé, venant de Bourbriac, et celui d'Avaugour, venant
de Lanrodec. Il longe ensuite les communes de SaintAdrien et Coadout, et reçoit le ruisseau de Bois-de-LaRoche, formé de ceux de Dour-Du et Dour-Lan, provenant
de Pont-Melvez et Gurunhuel ; traverse la ville de Guingamp, reçoit, en face de Trégonneau, le ruisseau du
Frout, venant de Saint-Agathon ; passe dans la ville de
Pontrieux et reçoit au-dessous de cette ville son principal affluent, le Leff ; passe sous Lézardrieux et se jette
dans la mer près de l'île de Bréhat.
Le Leff, principal affluent du Trieux, prend sa source
au Leslay, passe à Cohiniac, à Châtelaudren, près Lanvollon et Lanleff et se jette dans le Trieux au village de
Friandaoudour (nom breton dont la signification est :
nez dans deux eaux).
Le Gouët, qui a sa source dans la commune du Vieux-
-7—
Bourg, passe à Quintin, entre Plaine-Haute et SaintJulien, près La Méaugon et Trémuson, entre les communes de Plérin et Saint-Brieuc, et se jette dans la
Manche sous la tour de Cesson, dans la baie de SaintBrieuc.
50 Le Gouessant, qui a sa source en Trébry,.passe à
Lamballe, traverse l'étang des Ponts-Neufs et se perd
dans la Manche dans la grève de La Grandville, entre
Billion et Morieux.
L' Arguenon, qui prend sa source dans la commune
du Gouray, passe près Plénée-Jugon, à Jugon, où il reçoit le ruisseau de la Rosette alimentant le grand étang
de Jugon, traverse la ville de Plancoét et se jette dans la
Manche à Notre-Darne-du-Guildo, après avoir reçu, près
de là, l'affluent le Guébriant.
70 La Rance, qui prend sa source près Coltinée, se dirige d'abord vers l'est, en passant à Lanrelas; remonte
vers le nord, en passant près Sain t-Jouan-de-l'Isle, à SaintAndré-des-Eaux, à Evran, où elle se confond avec le
canal d'Ille-et-Rance ; reçoit le ruisseau de Guinefort,
passe à Léhon, Dinan, Taden, Saint-Samson, Plouèr
et Pleudihen, et. rentre dans le département d'Ille-etVilaine, où elle se jette dans la mer entre Dinard et
Saint-Servan.
Dans les cours d'eau indiqués ci-dessus se trouvent
les seules portions de rivières du département dans
lbsquelles la mer remonte assez loin pour les rendre
navigables à marée haute ; ce sont :
1° Le Léguer, navigable depuis son embouchure au
Yaudet jusqu'au port de Lannion, sur 8 kilomètres ;
e Le Jaudy, navigable depuis son embouchure près
l'île d'Er, jusqu'au petit port de La Roche, en passant
par le port de Tréguier, sur 15 kilomètres ;
3° Le Trieux, navigable depuis son embouchure, près
-8—
Bréhat, jusqu'au port de Pontrieux, en passant par le
port de Lézardrieux, sur 20 kilomètres ;
4° Le Gouèt, navigable depuis son embouchure jusqu'au
port du Légué, Saint-Brieuc, 3 kilomètres ;
L'Arguenon, navigable depuis son embouchure au
Guildo jusqu'au port de Plancoét, sur 17 kilomètres ;
6° La Rance, navigable depuis son embouchure jusqu'à
l'écluse du Châtellier, où elle rencontre le canal d'Illeet-Rance.
D'autrès cours d'eau moins importants se jettent aussi
directement dans la mer de la Manche ; les principaux.
sont : le Douron, qui sort du département du Finistère
et le sépare des Côtes-du-Nord sur une partie de son
parcours (il a son embouchure à Toul-an-Héry, en
la commune de Plestin) ; le Lézouen, qui se jette dans la
mer à Paimpol ; qui se jette dans la mer à Binic ;
l'Urne, qui passe à Yffiniac et se perd dans la baie de ce
nom ; le Frérnur, qui se perd dans la baie de La Frénaie,
au Port-à-la-Duc, et le Fre'mur (autre ruisseau du même
nom), qui sépare les Côtes-du-Nord de l'Ille-et-Vilaine
au nord-est, et se jette dans la mer entre Lancieux et
Saint-Briac.
Rivières du versant Sud, ou bassin de l'Océan. —
10 L'Aulnes, qui prend sa source à Lohuec, longe la limite des Côtes-du-Nord et du Finistère jusqu'à Rospélem,
en Carnoét, et rentre dans ce dernier département, où il
se jette dans le canal de Nantes à Brest. Un canal dérivatif de cette rivière, appelé Canal-de-la-Mine, conduit
ses eaux à la mine de plomb-argentifère de Poullaouén,
dont l'exploitation est actuellement abandonnée. Ce
canal a son origine sur la commune de Plourac'h, longe
celle de Carnoét à l'ouest, et rentre ensuite sur le
Finistère ;
2° L'Hyères, qui a sa source en Pestivien, passe près
-9—
de Callac, reçoit de nombreux affluents, entre autres les
ruisseaux de Kerdrequen, du Plessix, de Kersatelt et rentre
dans le département du Finistère au pont Sainte-Catherine, en Treffrin. It passe ensuite sur ce département,
près de Carhaix, et se jette dans le canal, non loin de là ;
3° Le Blavet, qui prend sa source au Felhand, eu
Bourbriac, traverse l'étang du'Blavet, passe entre MaëlPestivien et Kerrien, près de Trémargat, où il reçoit le
ruisseau de Coz-Milin ; passe près de Saint-Nicolas et de
Sainte-Tréphine, où il reçoit le ruisseau du Sulon; passe
à Gouarec, où il tombe dans le canal de Nantes à Brest.
Le Sulon, principal affluent du Blavet, prend sa source
sur le Haut-Corlay, traverse l'étang de Corlay, passe audessous de Saint-Nicolas, où il reçoit le ruisseau de Pellinee, passe près Sainte-Tréphine et se joint au Blavet.
un peu avant son arrivée à Gouarec ;
4° L'Oust, qui prend naissance près de Corlay, passe
entre lizel et Merléac, à Saint-Thél.o, Saint-Caradec,
longe les communes de Hémonstoir, Loudéac et SaintMaudan, et rentre dans le département du Morbihan.
C'est sur cette rivière qu'est établi le barrage de Bosméléac, en la commune de Merléac, formant un vaste.
étang destiné à l'alimentation du canal de Nantes à
Brest, auquel il envoie ses eaux par la rigole alimentaire,
qui a une étendue de 45 k. 791 m. sur les Côtes-du-Nord,
et se continue ensuite sur le Morbihan. Le réservoir de
Bosméléac a 4 k. de longueur et peut, lorsqu'il est rempli
à 15 mètres de hauteur, contenir 3,498,500 mètres cubes
d'eau ;
5° Le Lié, qui sort de la forèt de Longes, passe à Plouguenast, au Vau blanc, en Plé met, à La Prénessaye, La Chèze,
et limite à partir de là les Côtes4u-Nord et le Morbihan
jusqu'à Ja forêt de La Nouée, où il rentre entièrement
sur ce département. Il est tributaire de la Vilaine ;
-
— 10 —
60 Le Ninian, qui a sa source à Saint-Gilles-du-Mené,
passe près de Laurenan, à l'est de Plémet, sépare les
cornmunes de Coëtlogon et Plumieux du Morbihan et
rentre dans ce département à la Trinité-Porhoét ;
7° Le Meu, qui sort de Saint-Vian, traverse la forêt et
l'étang de La Hardouinaye, puis l'étang de Loscouét-surMeu, et rentre dans le département d'Ille-et-Vilaine au
sud de cette commune.
Etangs. Les principaux étangs du département sont:
10 Dans l'arrondissement de Dinan, l'étang de Jugon,
qui se déverse dans l'Arguenon ; l'étang de Guébriant, en
Pluduno, se déversant dans le ruisseau de ce nom, tributaire de l'Arguenon ; l'étang de Beaulieu, en Lan.guédias ;
2° Dans l'arrondissement de Guingamp, l'étang du
Poirier, d'où sort le ruisseau de ce nom qui se jette dans
celui de Théoulas, tributaire du Jaudy; l'étang de Poulloguer, au nord de la commune de Bégard, et d'où sort
le ruisseau de Poulloguer, affluent du Jaudy ; l'étang du
Corong, ou barrage de Glomel, qui alimente le canal de
Nantes à Brest (sa surface est de 76 hectares et sa contenance de 2,770,000 mètres cubes) ; l'étang du Blavet, en
Maél-Pestivien, se déversant dans le Blavet ; l'étang du
Pellinec, en Canihuel, se déversant dans le Sulon ; l'étang
de Saint-Connan et l'étang Neuf, en Saint-Connan, se
déversant dans le Trieux ;
3° Dans l'arrondissement de Lannion, l'étang de &jou,
en Loguivy-Plougras, se déversant dans le ruisseau de
Saint-Emilion, affluent du Guic et du Léguer ; l'étang de
Lez-Moal ou Bon-Voyage, en Plounérin, d'où sort le
ruisseau de Pont-ar-Yar, qui se jette dans la Manche au
milieu de la baie de Saint-Michel ;
4° Dans l'arrondissement de Loudéac, l'étang barrage
de Bosméléac, qui alimente le canal de Nantes à Brest ;
—
— 41 —
l'étang du Vaublanc, traversé par le Lié ; les étangs de.
la Hardouinaye et du Loscouët, traversés par le Meu, et
l'étang des Salles, se déversant dans le ruisseau de
Mérousse, allant au canal ;
5° Dans l'arrondissement de Saint-Brieuc, l'étang de
Châtelaudren, en cette commune, traversé par le Leff ;
l'étang des Ponts Neufs, en Coëtmieux, se déversant
dans le Gouëssant, ainsi que celui de la Touche, en Trébry ; l'étang des Quellennec, en Saint-Gildas, d'où sort le
ruisseau de Quellennec, affluent du Trieux, et l'étang de
Grande 11e, en Saint-Bihy, et l'étang de Quintin , se déversant dans le Gouët.
Canaux. Le département des Côtes-du-Nord ne possède que deux canaux :
I° Le canal de Nantes à Brest, qui rentre dans le département, à l'ouest, à la limite du Finistère, près de Carhaix. Il passe près de Glomel et de Rostrenen, à Plélauff,
à Gouarec, près Caurel et Mûr et rentre dans le Morbihan, après un parcours d'environ 52 kilomètres sur le
département, en traversant les cantons de Maël•Carhaix,
Rostrenen, Gouarec et Mûr ;
2° Le canal d'Ille et Rance, qui commence sur le département à la limite de l'Ille-et-Vilaine, près d'Evran,
et passe à Evran, Tressaint, Léhon et Dinan. Ce canal
occupe la rivière de Rance depuis Evran jusqu'à l'écluse
du Châtellier, au-dessous de Dinan, où il rencontre la
mer. Sa longueur sur le département est d'environ
20 kilomètres.
Il a été question de canaliser l'Arguenon entre Plancoët et Jugon et le Trieux, entre Guingamp et Pontrieux ;
l'exécution de ces travaux aurait rendu d'immenses services à l'agriculture, en permettant d'introduire à bon
marché les engrais marins dans l'intérieur du département.
-
-
-
-
--.12—
Mer, Côtes, Hes, Baies, Promontoires. — Le littoral
des Côtes-du-Nord offre un grand nombre de baies,
d'anses, de pointes ou caps, presque partout hérissés de
rochers et parsemés d'îlots. Le développement des sinuosités formées par les falaises qui la bordent peut être
évalué, au minimum, à 240 kilomètres, depuis la limite de
Lancieux jusqu'au port de Toul-an-Héry ; mais les îles de
quelque importance sont rares. Parmi ces dernières, noub
citerons. en allant de l'ouest à l'est :
lies.
I° L'île Milliau, en Trébeurden ; l'île Grande,
en Pleumeur-Bodou, qui a plus de 300 habitants employés presque tous à l'extraction des belles pierres de
taille qui se trouvent dans cette île ; le groupe des SeptHes, dont la principale, l'Ile-aux-lgoineL, a une petite
garnison et un phare ; l'île Tomé, dans la rade de Perros;
le groupe des îles d'Er, à l'embouchure du Jaudy ; l'île
de Bréhat, près de l'embouchure du Trieux, qui forme
une commune de 1,172 habitants ; l'île Harbour, près
Saint-Quay-Portrieux, et le groupe des Ebihens, en face
Saint-Jacut.
A part l'Ile-Grande et Bréhat, tous ces îlots sont
inhabités.
Baies.
Les baies principales sont celles de SaintMichel-en-Grève, entre Plestin et Saint-Michel, appelée
communément lieue de grève ; l'anse de Perros Guirec ;
la baie du Pellinec, en Penvénan ; la paie d'Enfer, en
Plougrescant ; la baie de Beauport, près Paimpol ; la
baie de Bréhec, près Lanloup ; la baie de Saint-Brieuc,
qui forme un enfoncement considérable de la Manche
dans les terres et s'étend depuis Saint-Quay jusqu'à
Erquy ; la baie de La Frénaye, entre Plévenon et Sain tCast ; l'anse du Guildo, à l'embouchure de l'Arguenon,
et la baie de Beaussais, en face de Trégon.
Caps.
Les principaux caps ou pointes sont : la
—
r
—
—
— 1.3 —
pointe deBihy, en Trébeurden ; celle de Bec-ar-Vilin, en
Plougrescant ; le sillon de Talberg, en Pleubian ; les
pointes de Ploumanac'h et du Château, en Perros ; celle
de l'Arcoest, en face l'île de Bréhat ; celle de Minard,
en Plouézec ; la pointe de Porche, en cette commune ;
celles de Roselier, en Plérin ; de Larmor, en Hillion; de
Pléneuf, en cette commune ; la pointe d'Erquy, le cap
Fréhel, en Plévenon ; la pointe de l'Isle, en Saint-Cast.
et celle de Saint-Jacut-de-la-Mer.
Ports de Mer. Les principaux ports de mer sont,
en allant de l'ouest à l'est :
Arrondissement de Lannion. — Toul-an-Héry, commune de Plestin ; Lannion ; Perros-Guirec ; Port-Blanc,
commune de Penvénan ; Tréguier ; La Roche-Derrien ;
Lézardrieux.
Arrondissement de Guingamp. — Pontrieux
Arrondissement de Saint-lirieuc. -- Bréhat ; Loguivy,
commune de Ploubazlanec ; Paimpol ; Le Portrieux ;
Binic ; Le Légué-Saint-Brieuc ; Dahouêt, commune de
Pléneuf ; Erquy.
Arrondissement de Dinan. — Le Port-Nieux, commune
de Pléhérel ; Plancet; Le Guild° ; Saint-Jacut-de-laMer ; Ploer, sur la Rance ; Dinan, sur la Rance ; Mordreuc, commune de Pleudihen, sur la Rance.
Des sources d'eaux minérales
Eaux minérales.
ferrugineuses existent sur un grand nombre de points,
notamment à Dinan, à Saint-Brieuc, à La Guévière, en
Maroué, au Quillio, à Lannion, etc.
Minéralogie. Parmi les minéraux précieux qu'on
rencontre dans. les Côtes-du-Nord, nous nons bornerons
à signaler les gisements de galène de plomb-argentifère
de Châtelaudren, qui se ramifient jusque dans les communes de Plélo, Plouvara, Trémuson et Plérin (mine des
Boissières), ceux de la forêt de Coat-an-Nos, de Carnet
—
—
—
— 14 —
et de Plusquellec. A Quénécan, en Carnoêt, on trouve un
filon de minerai de cuivre. Il existe des minerais de fer
à Gouarec, à Carbilan, dans le Menez, à Catenoy, en
Saint-Launeuc, à l'Hermitage. Parmi les roches intéressantes, nous citerons le beau quartz amétyste qui se trouve
entre Plouaret et Trégrom ; le quartz hyalin de la forêt
de La Hunbudaie ; les schistes maclifères de l'étang des
Salles, en Perret, etc. On trouvera aux articles concernant
chaque commune séparément, des renseignements spéciaux a.0 point de vue géologique.
Le département possède un très
Bois et forêts.
grand nombre de bois taillis ou de futaie et plusieurs
forêts importantes. Nous citerons :
1° Dans l'arrondissement de Dinan, la forêt de La
Hunaudaye, commune de Plédéliac, et le bois de Conquen, commune de Saint-Hélen ;
2° Dans l'arrondissement de Guingamp, la forêt de
Coat-an-Noz et Coat-an-Ney, dans les communes de
Belle-Isle et Louargat ; la forêt de D u ault, en la commune
de Saint-Servais, et le bois de Malaunay, sur Ploumagoar
et Saint-Jean-Kerdaniel ;
30 Dans l'arrondissement de Lannion, la forêt de
Beffou, en Loguivy-Plougras ;
4° Dans l'arrondissement de Loudéac, la forêt de
Loudéac, communes de Loudéac et La Motte; la forêt de
La Hardouinaye, communes de Merdrignac, St-Launeuc
et Saint-Yram, et le bois de Bosquen, commune du
Gouray ;
5° Dans l'arrondissement de Saint-Brieuc, la forêt de
Lorge, commune de L'hermitage-Lorge.
La forêt de Fréau (Finistère), appartenant à l'Etat, et
celles de Conveaux, Quénécan et La Nouée "Morbihan),
sont atténantes au département des Côtes-du-Nord, la
Ire touche à la commune de Carnoét (arrondissement de
—
— 15 —
Guingamp; ; la 2e se trouve au sud de Tréogan, sur le
sommet des Montagnes-Noires ; la 3e borde le canal de
Nantes à Brest, entre Gouarec et Mûr, et la 4e, longe la
limite de la commune du Cambout (arrondissement de
Loudéac).
Outre les quadrupèdes et les oiseaux
Règne animal.
domestiques, qui sont répandus dans les Côtes-dû-Nord
comme sur les autres points de la France, on a constaté
qu'il s'y trouvait, à l'état sauvage, cent quarante-sept
espèces, tant de mammifères que d'oiseaux et vingt-trois
espèces de reptiles. La mer y est riche en poissons, qui
sont pêchés à une faible distance du littoral. On compte
près de cent cinquante variétés de coquilles marines ou
fluviales et terrestres. Les annélides, les radiaires et les.
crustacés, vivent en très grand nombre dans les rochers
des grèves, ainsi que les zoophites ou polypiers. — La
classe des insectes est très riche en coléoptères; les lépidoptères, diurnes ou nocturnes, sont moins variés que
dans les départements qui se trouvent plus au sud.
—
II.
Divisions administratives. — Le département des .
Côtes-du-Nord, ainsi que nous l'avons dit au début de
cet ouvrage, renferme 389 communes, réparties entre
cinq arrondissements, dont les chefs-lieux sont : SaintBrieuc, Dinan, Guingamp, Lannion et Loudéac. La première de ces villes est en même temps le chef-lieu du
département. Le préfet y fait sa résidence. Sous ba direction immédiate, les sous-préfets, qui habitent les quatre
autres villes, administrent l'arrondissement confié à leurs
soins.
Indépendamment de ces cinq arrondissements, le département est encore divisé en quarante-huit cantons, qui
constituent le ressort de l'autorité judiciaire du degré
— 16 —
inférieur, la justice de paix. De plus, l'administration se
base sur les circonscriptions cantonales dans certaines
circonstances, notamment pour les mesures relatives au
recrutement de l'armée, pour les élections départementales, pour la liste du jury, etc.
A côté du préfet, qui agit seul dans un grand nombre
cas, siège un conseil de préfecture, dont il est le président
et qui forme tribunal administratif, jugeant les affaires
qui doivent lui être soumises d'après la loi.
Un conseil général, formé d'autant de membres qu'il
y a de cantons et nommé par le suffrage universel, se
réunit près du préfet deux fois par an. Il vote le budget
et les dépenses affectées aux services départementaux ; il
émet son avis sur les diverses mesures à prendre dans
l'intérêt du département.
Une commission départementale, que le conseil général choisit parmi ses membres, se réunit au moins une
fois par mois, à la préfecture, pour régler les affaires qui
lui sont renvoyées par le conseil ou déférées par la loi.
Des conseils sont également institués aux chefs-lieux
de chaque arrondissement et adjoints aux sous-préfets ;
ils sont, comme les conseils généraux, nommés par le
suffrage universel ; ils donnent leur avis sur toutes les
questions intéressant leur circonscription, en ce qui concerne les délimitations de communes, le classement
des chemins de grande communication ou d'intérêt
commun, l'établisement ou la suppression de foires et
marchés, etc.
Les communes sont administrées par les maires, aidés
ou suppléés par des adjoints et assistés d'un conseil
municipal.
HI.
Administration religieuse. — Évêché. — Le siège
épiscopal de Saint-Brieuc, auquel a été réuni celui de
Il a été tiré de cet ouvrage cinquante exemplaires
sur papier vergé numérotés.
ALBERT LE GRAND.
ous savons d'une manière eertaine que le premier des hagiographes
bretons est né dans la ville de Morlaix; on le verra plus loin, dans le
permis d'imprimer donné par le substitut du général des dominicains, et
dans les stances de l'avocat de Launay Padioleau ; on le sait également
par l'indication de Quétif et d'Échard dans leur énumération des écrivains de
l'Ordre des Frères Prêcheurs ; mais à notre grand regret, nous ignorons la date
de sa naissance. Les détails nous font également défaut sur sa famille, dont le
nom patronymique était bien Le Grand; et dans cette désignation, il ne faut
nullement voir un surnom, comme pour un autre dominicain illustre, le bienheureux Albert, qui fut maître de saint Thomas d'Aquin.
Les Le Grand étaient du diocèse de Léon, et Guy Le Borgne leur assigne la
seigneurie de Kerigonval (Kerigowal, d'après M. de Kerdanet), petit manoir situé
près de Lesneven, dans la paroisse de Trégarantec (1). Ils portaient pour armes :
d'azur à trois feuilles de trèfle d'argent : deux en chef et une en pointe. Il n'y a pas
à s'étonner de les voir établis à Morlaix ; au xvne siècle, beaueoup de familles
nobles négligeaient leurs chétives gentilhommières pour venir habiter dans les
villes, où elles se groupaient en vue des relations de société ; c'est ainsi que Morlaix
avait sa rue des Nobles, comme Quimper sa rue des Gentilshommes.
Ce séjour dans les cités était même devenu une nécessité pour les pères et les
mères qui voulaient procurer de bons maîtres à leurs enfants, et Morlaix en eut
d'excellents à cette époque, entre autres le Père Quintin et son ami Charles du
Louët, saint prêtre anglais (plus tard archevêque de Cantorbéry), qui enseignaient
en même temps les belles-lettres et la théologie. Albert ne dut pas être leur élève;
s'il l'avait été, cette circonstance eût été mentionnée dans la Vie du Père Quintin.
Quand celui-ci quitta son école, ee fut pour entrer eomme noviee au couvent
des Frères Prêcheurs de Morlaix, et par là même il devait avoir une influence
indirecte sur toute la vie d'Albert Le Grand.
(1) D'après le Nobiliaire de M. Pol de Courcy ils étaient aussi seigneurs de lIerseao. La smille
Le Grand subsiste toujours et garde fidèlement le souvenir du saint religieux, du charmant écrivain
qui fut sa principale illustration.
V.
DES S.
1
ij
ALBERT LE GRAND.
Le couvent de Saint-Dominique avait eu ses jours de gloire ; de son ancienne
splendeur, il gardait eneore sa très belle église ; on montrait toujours la chambre
qu'avait occupée saint Vincent Ferrier, mais de l'esprit de saint Dominique et de
saint Vincent il ne restait plus de trace lorsqu'entrèrent au noviciat Pierre Quintin
de Limbeau (1602) et Michel Le Nobletz de Kerodern (1607). Nous n'avons pas à
entrer ici dans le détail des odieuses persécutions qu'ils eurent à subir de la part
de religieux indignes ; nous avons seulement à signaler que si Dom Miehel dut
quitter la communauté, la vertu du Père Quintin triompha, le couvent des Frères
Prêcheurs vit renaître la ferveur des premiers temps ; en 1629, la réforme était
achevée, parfaite, et la ville de Morlaix tenait en la plus haute estime les fils de
saint Dominique. Cette estime se traduisait par une coutume très touchante : on
habillait les enfants en petits dominicains, et notre Albert porta ce vêtement. Si
ce costume est très beau, il ne put le faire valoir ni par sa taille, ni par la grâce
de sa tournure, car il était petit et dépourvu d'élégance, mais richement doué du
côté de l'intelligence ; ayant surtout beaucoup de vivaeité dans l'esprit, il développa par de fortes études les dons naturels qui lui avaient été départis.
Il était très jeune encore quand il entra au noviciat, dans la communauté de sa ville natale ; bientôt il fut envoyé au couvent de Notre-Dame de
Bonne-Nouvelle, à Rennes, et c'est là qu'il fit sa profession. Par voeation, les fils
de saint Dominique sont voués à la prédication, comme l'indique le titre même
qui leur a été donné par leur saint patriarehe : ils sont les Frères Prêcheurs.
‘ Albert prêcha donc,. il le fit fréquemment et dans beaucoup de localités différentes ; or, dans la famille Le Grand existait une tendance fort louable : on aimait
passionnément les études historiques, les vraies études, eelles qui sont faites sur
les pièces originales. Vers l'an 1472, le chanoine Yves Le Grand, chaneelier de la
cathédrale de Léon, recteur de Plounéventer et de Ploudaniel, aumônier du duc
François II, avait mis par écrit le fruit de ses recherches sur les antiquités léonnaises. Ces Mémoires étaient devenus la propriété d'un neveu, Vincent Le Grand,
sénéchal de Carhaix, soupçonné d'avoir quelque peu négligé le droit pour l'histoire locale ; à son tour, le magistrat légua à son neveu dominieain ses propres
écrits et les manuscrits du chanoine chaneelier ; le fruit des recherches de l'oncle
et du grand-oncle excita encore le goût naturel du jeune moine, et le Père Albert
profitant de ses courses apostoliques pour étudier les archives des paroisses et
recueillir les traditions locales n'eut plus qu'un désir : écrire les vies des saints de
la Bretagne Armorique. Il se mit à l'oeuvre, et il travaillait sur les écrits d'Yves et
de Vineent Le Grand et sur ses propres notes, lorsque arriva à Morlaix le Père
Noël des Landes, vicaire du Ministre général de l'Ordre pour la « Congrégation
Gallicane, » eomme on disait alors. Il venait faire la visite canonique du couvent.
Il ne nous est pas difficile de deviner pourquoi le Père Albert avait quitté NotreDame de Bonne-Nouvelle de Rennes pour revenir au berceau de sa vie religieuse,
Saint-Dominique de Morlaix ; ici, il était bien mieux à même de se renseigner
sur les Saints dont il nous a écrit les vies ; mais désormais l'existence du bon
religieux allait devenir quelque peu errante, plus encore que par le passé, car le
vicaire général des Dominicains, en approuvant le Père Albert dans le dessein
déjà eonçu, l'appuya de tout son crédit pour favoriser ses recherches, engageant
ALBERT LE GRAND.
iij
tous ceux qui pouvaient l'aider dans son projet à vouloir bien s'y prêter : « Nous
vous recommandons, disait-il, aux supérieurs des couvents que vous visiterez ;
tous eeux qui vous aideront dans votre entreprise nous seront chers à nousmême. » Et il ne se contentait pas de ces encouragements, mais s'adressant
directement au jeune écrivain, il lui disait : « Espérant que votre travail sera
utile à eeux qui viendront après nous, non seulement nous vous permettons de
pareourir en Bretagne les lieux où vous croirez pouvoir trouver à apprendre quelque fait ou éclaircir quelque doute, mais nous vous y exhortons paternellement,
ou plutôt, en vue du mérite de la sainte Obéissance, nous vous pressons d'écrire
ce que vous jugerez utile à la gloire du Dieu tout-puissant et au bien de l'Eglise
catholique. »
Cette lettre, où le P. Noël des Landes montre tout ce qu'il espère de son frère
en religion, est du 29 juin 1628, et c'est le 12 juillet 1634 que les Vies des Saints de
la Bretagne Armorique recevaient l'approbation du nouveau vicaire général de la
Congrégation Gallicane, Julian Joubert, en visite régulière au couvent de Nantes
(son prédécesseur Noël des Landes était devenu évêque de Tréguier). Six ans
avaient donc suffi pour mener à bonne fin l'entreprise ; mais avant d'avoir reçu
lieenee de se mettre ofsiciellement à l'oeuvre , l'écrivain avait déjà beaucoup
travaillé ; de plus, il pouvait utiliser la Gallia christiana de Joubert et le seeond
traité du Père Augustin du Pas (1) : Histoire de l'Eglise Britannique, c'est-à-dire
les Vies et Gestes des Saints et la succession des Evesques et Prélats de cette province.
Enfin, il avait trouvé ouverts tous les dépôts d'archives des évêehés et des
monastères, non seulement de son Ordre, mais de toutes les familles religieuses
intéressées à la gloire de leurs propres Saints et désireuses de voir exalter tous les
Saints de Bretagne ; or, elles étaient fort riehes ces arehives, dans un pays où le
protestantisme n'avait rien détruit.
Nous l'avons dit, l'approbation donnée par Julian Joubert fut rédigée à
Nantes ; il est donc probable que le Père Albert était venu en cette ville pour
surveiller l'impression de son livre. La veille même du jour où il recevait ce
précieux eneouragement, une autre grande autorité de son Ordre lui adressait
l'imprimatur, à la condition que le livre fût « veu et approuvé des docteurs. »
En raison même de cette injonction, il fut approuvé à Nantes, le 19 janvier
1636, par F. Regnaud Le Gendre, Carme, et J. Langlois, docteurs en théologie de
la Faculté de Paris ; le 11 avril, par Richard et de Longue Espée, docteurs en la
Faculté de théologie à Nantes ; enfin, le 12 avril de la même année, par J. Fourché, official, et Miehel du Breil, grand vicaire au spirituel et au temporel de
l'Evêque de Nantes.
L'impression de l'ouvrage a été eommeneée le 7 janvier 1634; le premier jour
de novembre 1636, elle est terminée, et le nouveau livre est offert à « Messeigneurs
des Estats de Bretagne; » l'exemplaire à eux adressé leur est remis le 27 décembre;
Messieurs des Etats en ordonnent le dépôt dans leurs archives, témoignent leur
satisfaetion à l'auteur et remettent au couvent des Dominicains de Rennes une
bourse de mille livres en or. Depuis l'invention de l'imprimerie, rarement un
(1) Mort au couvent des Dominicains de Quimperlé (1631).
iv
ALBERT LE GRAND.
livre avait reçu un aussi gracieux accueil, non seulement les épitres les plus
louangeuses, les anagrammes en français et en latin pleuvaient sur l'auteur ;
mais, succès bien plus sérieux, l'édition était épuisée en trois ou quatre ans, et
dès 1639, on en réclamait une nouvelle. Albert Le Grand la promit, mais ne voulut
point la donner sans avoir préalablement revu et eorrigé la première. Il n'eut
point la joie de faire paraître la seconde, mais ces derniers temps de sa vie ne
furent pas cependant inféconds : en 1640, il fit paraître l'oeuvre charmante à
laquelle il donna pour titre : La Providence de Dieu sur les Justes, ou l'histoire
admirable de Saint Budoc, archevesque de Dol et de la princesse Azénor de Léon, sa
mère, comtesse de Tréguier et Goêlo. Elle était dédiée à « Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Messire Hector d'Ouvrier, Evesque de Dol. » Cet opuscule,
chef-d'oeuvre de notre légendaire, fut accueilli comme l'avaient été les Vies des
Saints. L'auteur ne dut pas survivre bien longtemps à la publication de ees pages.
Dans sa Vie du Père Quintin, éditée en 1644, le Père' Jean de Réchac parle du
décès d'Albert Le Grand, mais sans préciser l'année où il eut lieu.
S'il est vrai de dire que le « style c'est l'homme », l'écrivain qui venait de
mourir dut laisser de bien vifs regrets : le langage de son époque, plein de saveur
chez la plupart de ceux qui l'écrivaient, possède chez lui une grâce naïve toute
personnelle, et procédant surtout de son inébranlable foi dans les faits qu'il
expose. Il est simple, il ne se recherehe jamais lui-même ; comment d'ailleurs
l'aurait-il fait, eu égard à son humilité, dont je ne donnerai pour preuve que les
lignes suivantes : « Mon stile, au reste est simple et historique, autant que le sujet
le peut permettre. S'il ne vous semble assez élégant, je vous réponds pour excuse,
que le François m'est comme estranger, estant, comme j'ay déjà dit, natif de
Morlaix; ville située au coeur de la Basse-Bretagne, dont le langage naturel est le
Breton. » Mais si la sympathie qui s'attachait à sa personne dut faire de sa mort
un deuil pour la Bretagne, du moins la vieille provinee ne vit pas éehouer le
projet qu'il avait eu de rééditer son oeuvre.
LES DIFFÉRENTES ÉDITIONS DU LIVRE D'ALBERT LE GRAND.
Dans la paroisse d'Ergué-Gabéric, près de la route qui va de Quimper à la
belle et pieuse chapelle de Notre-Dame de Kerdevot , s'élevait le manoir de
Lézergué (1); lorsque mourut le Père Albert, il était habité par Guy Autret de
Missirien (2), naguère soldat très vaillant, désormais chercheur patient, érudit,
écrivain de mérite, Breton passionné pour la gloire de son pays. Lézergué était
bien la paisible retraite qui eonvenait à ce sage, et le voisinage de Quimper
devait avoir pour lui un grand attrait, car il y avait son intime ami, René du
Loua de Coêtjunval, dont les vingt-cinq années d'épiscopat furent si fécondes
pour la Cornouailles. Lui-même a exprimé le charme qu'il trouvait à sa résidence
sileneieuse et à ses recherches historiques : « Sans charge et sans oecupation
(1) Le château actuel, construit au xvme siècle, dut abriter la jeunesse de Mgr François de La
Marche, dernier évêque de Léon.
(2) Missirien ou Missilien est en Kerfeunteun, tout près du bourg.
ALBERT LE GRAND.
V
civile, je possédois en repos la plupart de mon loisir et de ma solitude sans
solitude ; là ma vie se passoit dans un calme continuel, là entre toutes les
estudes, j'avois heureusement faict esleetion de celle de l'histoire, comme de la
plus convenable à mes inclinations ; ayant toujours creu que la recherche des
antiquitez estoit incomparablement plus utile que celle des tulipes et des peintures,
qui ne flattent que les yeux et les sens, au lieu que l'histoire est un solide aliment
de l'esprit , qui entretient et delecte si agreablement ceux qui l'ont une fois
savourée, qu'ils s'y attaehent après par délices, avec des affections et des ravissements incroyables. »
Ayant, plus que personne, ressenti ces asfections, goûté ces ravissements, le bon
chevalier prit en main la réédition des Vies des Saints de la Bretagne-Armorique,
et la mena à bonne fin. Outre des notes, des corrections et d'importantes additions
aux Vies déjà publiées, il joignit à celles-ci les légendes : 1° de saint Budoc, par
Albert Le Grand, 2° de saint Bieuzy et du Vénérable Frère Jean de Saint-Samson,
qu'il écrivit lui-même, 3° de saint Béat, de saint Colomban, de saint Marcoul, de
sainte Osmane, de saint Paterne, de saint René et de saint Secondel, par Dom Julien
Nicole, prêtre originaire du pays de l'Argoêt, 40 de saint Hélier, par J. Lambaré.
Suivaient deux tables, dont la plus étendue était due à Julien Nieole.
Outre ces ajoutés de la 2° édition, la 3°, qui par ailleurs lui était en tout
semblable, eomprenait cinq nouvelles notices : celles de saint Guingaloc, par le
même Julien Nicole, celle de saint Jacut, du bienheureux Robert d'Arbrissel, du
Père Pierre Quintin et de M. de Queriolet.
Cette troisième édition est de beaucoup la meilleure, et c'est d'elle que s'est
servi M. de Kerdanet pour la publication de l'édition moderne que tout le monde
eonnaît ; c'est aussi celle que nous reproduisons.
Voici donc le tableau des éditions qui se sont suceédé.
1°
Les vies, gestes, mort et miracles des Saints de la Bretagne Armorique ; ensemble,
un ample catalogue chronologique et historique des évêques des neuf évêchés
d'icelle, accompagné d'un bref récit- des plus remarquables événements arrivés de
leur temps, par Frère Albert Le Grand, de Morlaix, profès du Convent de Rennes.
In-40, 14 et 800 pages.
Nantes, Pierre Doriou, 1636 ou 1637.
2°
Les vies, gestes, etc., revu, corrigé et augmenté de plusieurs Vies des Saints de
Bretagne en cette seconde édition, par Messire Guy Autret , chevalier, sieur de
Missirien et de Lézergué.
In-4°, 752 et 386 pages (sans les tables).
Rennes, Ferré, 1659. Jean Vatar.
3°
Les Vies des Saints de la Bretagne Armorique, ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle, accompagné d'un bref recit des choses
Vi
ALBERT LE GRAND.
les plus remarquables arrivez de leurs temps; Avec les Fondations des Abbayes,
Prieurez, et Monasteres, et le Catalogue de la plus part des Abbez, Blazons de leurs
Armes, et autres curieuses recherches, enrichis d'une Table des Matieres, et succinie
Topographie des lieux les plus remarquables y mentionnez, par Fr. Albert Le
Grand, de Morlaix, Religieux, Prestre de l'Ordre des FF. Predicateurs, Profez du
Convent de Rennes; reveu, corrigé et augmenté, de plusieurs Vies des Saints de
Bretagne en cette troisième Edition , par Messire Guy Autre! Chevalier, Sr de
Missirien, et autres.
804 et 376 pages.
A Rennes, chez la Veuve de Iean Vatar, Imprimeur et Libraire ordinaire du Roy,
à la Palme d'Or. 1680.
40
Les Vies des Saints de la Bretagne-Armorique, par Frère Albert Le Grand, de
Morlaix. . . , avec des notes et observations historiques et critiques, par M. DanielLouis Miorcec de Kerdanet, de Lesneven, avocat et docteur en droit; revues par
M. Graveran, chanoine honoraire, curé de Brest.
Brest, rue Royale, 54. P. Anner et fils, 1837.
I
,
La foi simple, qui était si universellement répandue en Bretagne après les
prédications de dom Michel Le Nobletz, du Père Julien Maunoir et de la légion
de saints prêtres qui avait collaboré à leur oeuvre, ne pouvait que trouver ses
délices dans la lecture d'Albert Le Grand : je l'ai déjà dit, son style était plein de
charmes, mais de plus ses lecteurs appartenaient à cette race qui a toujours été
éprise de merveilleux et qui, par là même, acceptait avec un goût marqué des
récits où les miracles sont innombrables et quelquefois stupéfiants. Oui, c'était
bien là l'hagiographe qu'il fallait pour les bienheureux de la vieille Armorique,
et ceci suffit à expliquer que le livre du pieux dominieain ait eu trois éditions en
quarante ans ; cependant, le prix du volume devait être élevé, car la perfection
typographique n'y laissait rien à désirer.
Mais comment se fait-il qu'à partir de 1680 jusqu'à 1837, c'est-à-dire pendant
plus d'un siècle et demi, une édition nouvelle n'ait pas été réclamée, peut-être
même désirée ?
Les nouvelles générations se glorifiaient de n'être plus si crédules ; elles se
vantaient, non sans raison, d'être toujours croyantes, mais elles désiraient appuyer
leur foi sur des preuves, et même se montraient très exigeantes sur ce point. La
critique historique venait de naître et ne s'accommodait guère des légendes, surtout
des récits de miraeles.
D'autre part, les écrivains du grand siècle avaient modifié la langue, et le style
du Père Albert non seulement n'était plus à la mode, mais était l'objet d'un réel
dédain. Il fallait un nouvel hagiographe qui représentât la nouvelle science
appelée la Critique, et qui parlât le langage épuré de l'époque ; Dom Lobineau
parut. Son livre est de 1721. De même que le très savant bénédictin a dit trop de
mal d'Albert Le Grand, de même quelques admirateurs trop passionnés de notre
bon dominicain ont dit trop de mal de dom Lobineau.
Vii
ALBERT LE GRAND.
Quand celui-ci vient dire que la légende du Père Albert « est bien moins propre
à édifier les fidèles qu'à réjouir les libertins », quand il regarde comme un cas de
damnation l'exposé d'un miracle plus ou moins douteux, et s'écrie ; « Malheur à
celui qui rend de Dieu un faux témoignage ! » il n'y a qu'à sourire et hausser les
épaules ; mais c'était un louable but que de vouloir discerner le vrai et le faux, le
douteux et le certain, le croyable et l'incroyable, et il y a travaillé conseiencieusement. Qu'il ait trop cédé aux tendances de son époque : un certain scepticisme,
une confiance exagérée dans cette fameuse critique qui en était à ses débuts, mais
qui ne connaissait pas l'hésitation, cela n'est que trop évident; toujours est-il qu'il
a fait la lumière sur beaucoup de points, qu'il a presque toujours travaillé sur les
documents manuscrits et donné moins de confiance aux traditions orales ; par là
même il a rendu un réel service, en donnant la contre-partie du travail de son
devancier. Il s'est aussi très sérieusement occupé de donner la vraie chronologie
des événements ; or, sur ce point, Albert Le Grand avait été vraiment par trop
négligent et avait accumulé les erreurs et même les contradictions. L'oeuvre de
dom Lobineau venait à une époque où l'on était moins préoccupé de l'histoire et
des exemples des Saints, et par ses qualités comme par ses défauts, elle n'était
guère de nature à enthousiasmer les masses. Savante, conseieneieuse, mais sèche
et maussade, elle ne fut point rééditée au cours du xvnr siècle. On lui reprochait,
d'ailleurs, d'être quelque peu entachée sinon d'hérésie janséniste, du moins de
quelque faiblesse pour les héros de la secte.
De 1836 à 1839, parut, chez Méquignon junior, rue des Grands-Augustins, 9, à
Paris, la seconde édition de l'oeuvre de dom Lobineau ; ce n'était plus le grand
in-folio, c'étaient cinq volumes, assez pauvres d'aspect, publiés par l'Abbé
Tresvaux, vicaire général et official de Paris ; on s'accorde à ne reconnaître aux
annotations et aux ajoutés de Tresvaux qu'une médiocre valeur.
Or, depuis longtemps déjà, dans les bibliothèques ecclésiastiques, tout comme
chez les laïques, on ne trouve sur les Saints de Bretagne que l'édition Kerdanet,
d'Albert Le Grand, et l'édition Tresvaux, de dom Lobineau ; depuis vingt ans et
plus, les nouveaux venus dans le Sacerdoce ne peuvent se procurer soit l'un, soit
l'autre.
Pour combler cette regrettable lacune, fallait-il faire une oeuvre nouvelle dans
laquelle se seraient fondues les oeuvres de nos vieux écrivains ? Nous ne l'avons
pas cru, et ce n'est pas seulement parce que nos tendances personnelles nous
font trouver un charme indicible dans l'oeuvre d'Albert Le Grand ; c'est parce que
nous sommes convaincu qu'en cela nous participons au goût général de notre
époque ; nous n'accepterons pas avec la même confiance enfantine que les contemporains du bon Père Albert tous les dires de celui-ci, mais nous les lirons avec
le même attrait. Sa langue originale, sa langue vieillie que nous appelons aujourd'hui le vieux français, constituera pour nous un charme de plus dans son oeuvre.
Je sais bien que dans le nombre des lecteurs quelques-uns regretteront qu'on
n'ait pas rajeuni ce style antique ; je n'ai qu'une réponse à leur faire : je n'aime
pas plus le badigeon sur une oeuvre littéraire que sur les murs d'une cathédrale.
Après avoir lu vingt pages d'Albert Le Grand, on est suffisamment initié aux
particularités de son style ; que si cependant le sens de quelques mots échappe
v. ms S.
r
Viij
‘..
ALBERT LE GRAND.
à votre perspicacité, de grâce ne vous pendez point pour si peu ; il arrive si
souvent qu'on ne comprend pas davantage, sinon les mots, du moins les pensées
de nos écrivains modernes !
Donc, la présente édition sera conforme au vieux texte, et comme celle de
M. de Kerdanet elle reproduira la troisième édition publiée en 1680 ; mais au
lieu de donner la moitié de celle-ci, elle la reproduira tout entière avec les quinze
légendes ajoutées, comme nous l'avons dit plus haut, et avec les catalogues des
Rois et Reines, Ducs et Duchesses, Evêques, Abbés et Abbesses de Bretagne.
Nous avons la bonne fortune de pouvoir donner ici une lettre d'Albert Le
Grand au marquis de Rosmadec ; nous en devons la communication à M. Arthur
de la Borderie. L'auteur de l'Histoire de Bretagne, en nous autorisant à puiser
dans son admirable livre tout ce qui pourrait être utile aux annotations des Vies
des Saints, a bien voulu nous engager à publier cette lettre dont il possède
l'original et qu'il avait déjà fait paraître en 1857 dans la Revue de Bretagne et
Vendée, T. II, p. 424-426. Que l'éminent historien veuille bien agréer ici l'hommage
de notre profonde gratitude pour les encouragements et le concours qu'il nous a
prêtés avec une bienveillanee qui ne s'est jamais démentie.
Nous n'avons point ajouté aux Vies des Saints de la Bretagne les opuscules de
Jean de Langoueznou, du P. Cyrille Le Pennec, du P. Candide de Saint-Pierre et
du P. Georges Fautrel, qu'on peut lire dans l'édition donnée par M. de Kerdanet;
nous avons constaté que cela aurait augmenté démesurément ce livre déjà bien
épais. Dans cette voie des additions il serait d'ailleurs difficile de savoir où
s'arrêter.
Nous publions, non pas une bibliothèque, mais un volume. On aurait donc
tort de s'attendre à y trouver tout ce qui serait à dire sur un si ample sujet, et
ceci nous amène à terminer par l'expression d'un très vif désir : c'est que la lecture
d'Albert Le Grand détermine, chez les hommes compétents, la volonté d'écrire
ou la vie de tel ou tel Saint, ou l'hagiographie complète de chacun de nos diocèses
comme Son Eminence le Cardinal Archevêque de Paris l'a déjà fait pour le
diocèse de Nantes.
A. THOMAS,
Chanoine honoraire.
N.-B. — Les notes d'Albert Le Grand sont suivies de la lettre A.
On verra plus loin, page xxiij , quelle marque indique les additions et annotations
de Guy Autret de Missirien.
Les initiales suivantes désignent les annotateurs de la présente édition :
A.-M. T. — Alexandre-M. Thomas, chanoine honoraire ;
J.-M. A. — Jean-Marie Abgrall, chanoine honoraire;
P. P. — Paul Peyrou, chanoine.
L
BULLETIN
DE LA
SOCIETE D'ETUDES SelENTIFIQIIES
DU FINISTPRE
x
PREMIERE ANNEE
1879-1880
DEUXIEME FASCICULE
MORLAIX
IMPRIMERIE JULES IVI.AUGER
II, RUE DE BREST, II
1879
r
LISTE DES MEMBRES
DEUS DEPUIS
LA PUBLICATION DU DERNIER BULLETIN
MEMBRES RESIDANTS
MM. MAUGER, imprimeur a Morlaix ;
WACQUEZ, capitaine au 22° bataillon de chasseurs ;
DESROCRERS, professeur au college de Morlaix ;
FLORISSON, négociant a Morlaix ;
LE BRIS, GEORGES, a Ploujean ;
LE ROY, DANIEL, a Morlaix ;
DU BEAUDIEZ, a Saint-Pol-de-L6on ;
MAI1EO, negociant a Morlaix
LE BRAS, a Morlaix ;
MEMBRES CORRESPONDANTS
LE GAC, adjoint a la mairie de Plestin (Côtes-du-Nord);
BOULOT, lieutenant d'infanterie a Dellys (Alg6rie);
Tn. LEFEBVRE, 89, rue Nollet, a Paris ;
ANDOUARD , professeur a l'école de medecine de
Nantes ;
Mgr MAUPIED, a Saint-Martin-de-Lamballe (Cotes-duNord);
DELAGE, docteur Cs-sciences a Rennes.
PROCES-VERBAUX DES SEANCES
SEANCE DU 10 AVRIL 1879
Présidence de M. MICIOL.
La séance est ouverte a 7 heures 3/4.
Le proces-verbal de la derniere séance est lu et adopté sans
observations.
M. le Président annonce l'adhésion de cinq nouveaux membres,
ce qui porte a 445 le nombre actuel des sociétaires.
II est donne lecture d'une lettre de M. P. de Bonnechose, relative A. différentes especes de mousses nouvelles pour le Finistere.
, M. Miciol fait connaitre l'existence, a Morlaix (bois de Pennele),
de l'Hypnum resupinatom, non encore signalé en 13retagne.
M. le docteur Sanquer lit un mémoire sur la mortalité et la
natalité dans la ville de Morlaix. Ses observations remontent
l'année 4800. 11 appelle l'attention sur les remedes a apporter a
la mortalité des enfants nouveaux-nés, et notamment sur la
surveillance A. exercer sur le nourrissage.
M. Luzel commence la lecture d'un travail sur les origines
des contes bretons et sur leurs relations avec ceux des autres
nations ; il fait remarquer que presque tous les contes de fees se
retrouvent, sauf Riquet a la Houppe, dans toutes les regions, avec
quelques légères modifications.
M. le Président donne lecture d'un catalogue des champignons
Hymenomicetes de l'arrondissement de Morlaix, dressé par M. le
conte de Guernisac, avec la description d'especes nouvelles.
M. Miciol lit une note sur les granites les plus anciens du
Finistere, et sur la formation des blocs granitiques du Huelgoat.
Divers objets d'histoire naturelle sont pr6sent6s h la Societe.
La séance est levee a 9 heures 1/2.
5 _
SÉANCE DU 8 MAI 1879
Présidence de M. MICIOL.
La séance est ouverte à 7 heures 45.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et approuvé sans
observations.
M. Le Gac, adjoint au maire de Plestin, présenté par MM. Le
Marchant et Miciol, et M. Manger, imprimeur à Morlaix, présenté
par MM. Miciol et Hervé, demandent à entrer dans la Société,
le premier comme membre correspondant et le second comme
membre résidant. Le vote aura lieu à la première séance.
M. le Président annonce qu'il a reçu, de différents membres,
pour le Musée de la Société, les dons suivants de :
MM. de
Camille. — Des coquilles terrestres de la
Nouvelle-Calédonie;
PENNANECII, Denis. — Une tète d'bippopotame.
"%r ima. — Des minéraux.
Abbé LABIGOU. — Un cygne sauvage ;
AIE:ANDRE, Henri. — Divers oiseaux ;
C te de PENNÉLÉ. — Un celt en bronze ;
— Meule provenant des fouilles du camp d'Artus.
BILNVENCE, Albert. — Des monnaies anciennes ;
LUZEL. — Un celt en bronze ;
KERTANGUY,
11 insiste plus spécialement sur le don de M. le comte de Tromelin, qui se compose d'un herbier des Pyrénées, contenu dans
deux volumes reliés; d'un commencement d'herbier général de
la France, comprenant environ douze cents plantes; de plusieurs
instruments des âges de pierre et de bronze, et du traité de
Lubbock, L'homme préhistorique.
M. Lukis lit un mémoire sur les instruments de l'âge de
pierre; il traite principalement de la méthode à observer dans les
recherches de ces instruments, suivant la nature des terrains
étudiés.
A l'appui de sa démonstration, M. Lukis présente à la Société
de magnifiques échantillons d'instruments en silex des différentes
époques préhistoriques.
M. le docteur Sanquer, à l'occasion d'un cas d'éléphantiasis,
observé sur un jeune enfant à Morlaix, fait l'historique de cette
maladie qui serait due , d'après M. Cobbold , à un annélide
découvert en Australie par Bancroft, le Filaria Bancroftii; il a
examiné au microscope le sang de cet enfant, et présente le résultat de ses observations.
Il communique la photographie du sujet atteint de cette ma
ladie.
M. Miciol présente, d'après les relevés faits par M. le docteur
Sanquer, les tracés de diverses courbes représentant les variations de l'état civil à Morlaix, depuis l'an 4800, et indique les origines possibles de ces variations.
La séance est levée à neuf heures un quart.
SÉANCE DU 12 JUIN 1879
La séance est ouverte à sept heures trois quarts.
Après lecture du procès-verbal, qui est approuvé, M. le président fait part de la perte que la Société a éprouvée en la personne de M. le comte de Guerdavid, l'un de ses vice-présidents.
L'assemblée charge M. le président d'être l'interprète de ses
regrets auprès de sa famille.
MM. Manger, imprimeur à Morlaix, et Le Gac, adjoint à Plestin, sont reçus membres de la Société, le premier comme résidant, le second comme correspondant.
Sept présentations sont faites à la Société qui votera dans la
première séance.
M. le président donne communication d'une lettre de M. Allier,
professeur au collége de Morlaix, au sujet d'un prix à décerner à
l'élève le plus méritant des cours de sciences physiques et naturelles. Le renvoi à l'examen du bureau est décidé par l'assemblée.
——
La Société de botanique de Lyon est inscrite parmi les Sociétés
correspondantes.
M. C. de Kertanguy offre, pour le musée de la Société, deux albatros et deux damiers pris au cap Rom.
M. II. Alexandre présente une mouëtte cendrée et ses œufs.
M. Luzel donne lecture de la suite d'une étude sur les contes
populaires, et commence l'historique de la fable de la Laitière et
le Pot au lait, retraçant son itinéraire et ses variations depuis
l'Inde jusqu'en France.
M. Miciol remet deux notes, l'une sur une Véronique (Veronica
Peregrina L.) nouvelle pour la région et l'autre sur diverses algues rares ou nouvelles pour nos côtes.
M. Miciol fait une conférence sur les algues au point de vue
de leur utilité et du rôle qu'elles jouent dans la nature.
M. le président avertit l'assemblée que dans la prochaine séance
qui aura lieu le dix juillet la Société aura à élire un vice-président.
La séance est levée à neuf heures un quart.
SÉANCE DU 10 JUILLET 1879
Présidence de M. MICIOL
La séance est ouverte à 1 heure 1/4.
Le procès-verbal de la séance du 12 juin est adopté sans observations.
M. le président donne communication:
1 0 D'une lettre de M me la comtesse de Guerdavid en réponse à
une lettre du président, chargé par la Société d'exprimer ses
regrets de la perte de M. de Guerdavid, l'un des vice-présidents ;
20 D'une lettre de M. Le Dantec, de Brest, signalant, d'une
part, une plus grande extension du Cirsus hirsutus que M. Miciol
ne l'avait indiqué, et d'autre part, la présente près de Brest du
Viola Provoslii Bor. et de certaines mousses Orthotricluon phyl-
-8—
lanthum, Scleropodium illecebrum, Hypnum circinnatum, Hypnum
cupressiforme, var. resupinatum, dont il a été question dans le premier fascicule du bulletin de la Société.
MM. Vérant et Hervé présentent à la nomination de la Société
comme membre résidant, M. Daniel Le Roy, de Morlaix.
La Société admet, à l'unanimité, comme membres résidants :
MM. Florisson, présenté par MM. le docteur Lefebvre et Miciol ;
Desrochers, présenté par MM. Chabrier et Miciol ;
Et comme membres correspondants :
MM. Th. Lefebvre, à Paris, présenté par MM. Miciol et Hervé :
Andouard, professeur à l'école de médecine de Nantes, présenté par les mêmes ;
Boulot, lieutenant à Dellys (Algérie), présenté par MM.
Chabrier et Miciol.
Le scrutin est ouvert pour la nomination d'un vice-président,
en remplacement de M. de Guerdavid, décédé.
M. Prat-Carrabin fait une communication sur la floraison d'un
Agave à Morlaix, et indique les causes probables de cette floraison.
M. Lukis cite à cet égard le fait de la floraison d'une souche
d'Agave privée de feuilles et complètement enterrée.
M. le comte de Guernisac donne la liste des champignons Discomycètes de l'arrondissement de Morlaix.
M. Miciol lit une note sur la présence, à Morlaix, des Ranuncultes parviflorus Lin et Erysismum perfoliatum Crantz , et dans
l'ile Louët, des Raphanus maritimus (Lin), et Silene quinquevulnera
Lin).
11 expose les relations qui existent entreles flores comparées des
landes de la Gascogne et celles de la Bretagne. M. Ritter signale,
de son côté, la similitude d'aspect de ces régions.
M. Lukis fait un exposé du rôle des Infusoires et des Diatomacées dans la nature. 11 fait circuler des planches gravées de ces
êtres organisés. M. Miciol en présente divers échantillons à examiner ati microscope.
M. le docteur Sanquer lit une note sur l'utilité et l'influence du
bouillon gras dans l'alimentation.
M. Th. Lefebvre fait don à la Société de divers ouvrages et brochures relatifs à la Bretagne.
Le scrutin, pour la nomination d'un Vice-Président, est dépouillé et donne, sur 27 votants, le résultat suivant :
MM.
11 voix.
Docteur SANQUER, 8 voix.
DE GUERNISAC, 7_ —
D ELESTRE,
1
Personne n'ayant obtenu la majorité absolue, une discussion
s'élève sur la question de savoir si on procédera de suite à un
second tour de scrutin. Après observations présentées par
MM. Prat, Ritter, Maljean, de Lanlay, la Société décide qu'il y a
lieu de passer au second tour de scrutin qui, sur 18 votants,
donne les résultats suivants :
MM. LUKIS, I1 voix.
Docteur SANQUER, 6 voix.
DE GUERNISAC, 1
M. Lukis ayant réuni la majorité absolue, est proclamé VicePrésident pour le reste de l'année 1879.
Il remercie la Société de sa nomination.
La séance est levée à 2 heures 1/2.
SÉANCE DU 14 AOUT 1879
Présidence de M. MICIOL.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans
observations.
M. Daniel Le Roy, de Morlaix, est admis comme membre résidant.
Sont présentés à la Société :
Comme membres résidants : M. Mahéo, par MM. Chaperon et
Hervé, et M. du Bandiez, par 1\1111. Miciol et de Kertangu), ;
Comme membre correspondant, M. l'abbé Maupied, de Lamballe, par MM. l'abbé Sévézen et Miciol.
— 10 —
M. le Président donne communication d'une lettre de M. Th.
Lefebvre, de Paris, membre correspondant, annonçant que, sur
sa demande, M. le ministre des Beaux-Arts comprendra le Musée
de Morlaix dans le nombre de ceux auxquels sont accordés périodiquement des tableaux et objets d'art.
Lecture est faite àe la lettre de M. le Ministre.
M. l'Inspecteur d'Académie de Quimper adresse à la Société,
au nom de M. le Ministre de l'Instruction publique, une demande
de communication des documents et travaux qu'elle peut posséder
relativement à l'enseignement primaire et en particulier aux
écoles avant 1879. Les copies de ces documents figureront dans
une bibliothèque centrale scolaire et un musée pédagogique annexe que le gouvernement crée à Paris. Les membres de la Société,
en possession de travaux utiles pour cet objet, sont invités à contribuer à cette création.
M. l'abbé Maupied adresse divers renseignements sur les Héronnières des environs de Carhaix, et sur un gisement de Trilobites, à Roc'h-ar-Vrand, entre Motreff (Finistère), et Gourin
(Morbihan).
M. Th. Lefebvre offre à la Société divers ouvrages et brochures.
La Société charge le Bureau de remercier M. Lefebvre du concours dévoué qu'il apporte à son développement.
M. Chabrier présente une brochure sur diverses analyses intéressant l'agriculture et l'histoire naturelle du pays. Ce travail
est complété par une notice de M. de Champagny sur la production du lait dans les différentes espèces de la race bovine.
M. le Président communique un extrait d'une note de M. Tournier, sur l'extraction de l'iode des goémons et sur leur mode de
traitement dans les usines de MM. Mazé-Launay et Pellieux.
M. le docteur Sanquer donne lecture d'un travail sur la consommation de la viande à Morlaix. Ce mémoire est accompagné
de tableaux statistiques présentant les résultats relatifs à chaque
nature de bétail. 11 fait ressortir que la consommation par ha bi-.
tant, à Morlaix, est plus faible que dans la presque totalité des
autres villes de France.
11 —
Diverses observations sont présentées au sujet de cette communication par MM. de Guernisac, Swiney, Puyo et Miciol.
La séance est levée à 9 heures.
SÉANCE DU II SEPTEMBRE 1879
Présidence de M. MICIOL.
' Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans
observations.
Admission, comme membres titulaires, de MM. Mahéo et du
Beaudiez, et comme membre correspondant, de M. l'abbé Maupied, de Lamballe.
Plusieurs membres font connaître de nouvelles espèces de
plantes non encore signalées dans ces régions. Le crepis setosa,
trouvé par M. Hervé, à Pennelé, près Morlaix, le Botrychium lunaria Lin, intéressante fougère, trouvée par M. l'abbé Le Corre,
près Pont-Melvez (Côtes-du-Nord) , le Geranium platypetalum,
Marsh., plante du Caucase, récolté dans les prairies de l'Hôpital
à Morlaix, et entre Quimper et Pont-Croix, par M. l'abbé Livinec.
M. le président donne lecture de la suite du travail de M. Luzel sur l'origine des contes populaires en prenant comme type,
la fable: la Laitière et le Put au lait. »
M. le docteur Sanquer lit une note sur la consommation des
boissons à Morlaix. De ce travail, il ressort que les chiffres de
consommation des boissons alcooliques dépassent ceux de la plupart des autres villes.
Cette quantité est, pour 1878, d'environ 60 litres par an et par
tête d'homme adulte..
M. Clech commence l'exposé de « l'Histoire de la verrerie et des
vitraux en Bretagne. » Ce travail important sera continué.
M. Hervé présente à la Société trois boîtes d'insectes envoyées
par M. Duchaine; de Paris, et M. Nugue, de Nogent-sur-Marne.
La séance est levée à 9 heures.
1,)
SÉANCE DU IO OCTOBRE
Présidence de M. MICIOL
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans
observations.
Sont présentés :
Comme membre résidant, M. Le Bras, par MM. Le Sévère et
Miciol ; comme membre correspondant, M. Delage, professeur au
Lycée de Rennes, par MM. Chabrier et Miciol.
Le Président donne lecture d'une lettre du président de la
Société entomologique de Bruxelles, relative à l'échange des
comptes rendus des séances des deux Sociétés.
Plusieurs espèces de plantes nouvelles pour le Finistère ou la
Bretagne, ou provenant de localités non-signalées sont indiquées:
Crambe maritima L. à la pointe de Plestin (M. de Lanlay).
Bymenophyllum Thunbridgense Sm., grotte de Roc'h-Toul
(M. Hervé).
Galeopsis versicolor Curt., à Pont-Melvez , Côtes-du-Nord,
(M. l'abbé Le Corre).
Polygonum (labium Stein., à Pont-Melvez, Côtes-du-Nord,
(M. l'abbé Le Corre).
Corrigiola litloralis L., à Collorec (M. l'abbé Livinec).
Galeopsis pubescens Besser., à Collorec (M. l'abbé Livinec).
Besser., à Carantec (M. Hervé).
—
bifida Boënn., à Morlaix (M. Miciol).
—
Festuca gigantea Will. (M. Hervé).
Mentha'subspicata Weiche, à Ploujean (M. Miciol).
— Hostii Bor., à Plouigneau (M. Hervé).
palustris Mcench. — - salebrosa Bor., à Carantec (M. Hervé).
nemorosa Wild., à Morlaix (M. Miciol).
Polygonum microspermum Jord., à Carantec (M. Hervé).
—
polychnemiforme Jord., *(M. Miciol).
-
Jord.,
humifusum
rurivagum Jord., à Morlaix
— 13 —
M. Le Dantec, de Brest, signale 58 espèces de mousses nouvelles pour le Finistère et même pour la Bretagne.
M. Hervé présente des échantillons de cocons, chrysalides et
papillons du ver-à-soie du chêne (Attacus Yama Maï) obtenus de
graines, à Morlaix, par Mme Rigolage.
M. Lukis donne lecture d'un mémoire sur la classification des
stations préhistoriques de rage de pierre et sur les habitations des
cités lacustres. A propos de ce travail, M. Hervé présente divers
objets en silex taillé trouvés récemment par lui dans la grotte de
Roc'h-Toul, en Guiclan.
Des échantillons de blende (Sulfure de zinc) d'Huelgoat, sont •
soumis à la Société.
Le Président signale divers dons ornithologiques faits par
MM. H. Alexandre, H. de Forges et de Créac'quérault. ll annonce
que M. le Maire et la Municipalité de Morlaix ont. mis, pour l'établissement du Musée, à la disposition de la Société, une salle
attenant à la grande salle des Jacobins. Cette installation pourra
être prochainement achevée, gràce à un don de vitrines fait par
M. le comte de Tromelin.
Ce membre complète ce don par une collection de papillons.
La Société décide que des remerciements seront adressés à
M. le comte de Tromelin.
La séance est levée à 8 heures 45.
NOTE SUR LA CONSOMMATION DE LA VIANDE A MORLAIX
Par M. le Dr SANQTJER.
Une des questions les plus importantes de l'hygiène publique
est celle de l'alimentation. Les hygiénistes se sont surtout occupés des blés, et un de nos compatriotes de Quimperlé, M. Moreau
de Jonnès, a montré le rapport qu'il y avait entre le prix des
grains et la mortalité. La question de la viande est tout aussi
digne d'intérêt.
Pour maintenir ses forces, l'homme fait face par l'alimentation aux pertes auxquelles il est soumis ; il doit y avoir égalité
entre ce qui entre et ce qui sort de l'organisme ; et comme l'on
perd par jour en moyenne 20 grammes d'azote et 300 grammes
de carbone, c'est donc cette quantité de carbone et d'azote que
les aliments quotidiens doivent contenir. Si une personne se nourrit uniquement de pain, par exemple. (100 grammes de pain, d'après Payen, contenant 30 grammes de carbone et 1 d'azote) il lui
faudra en consommer 2,000 grammes par jour. Or la moitié,
4,000 grammes, contenait les 300 grammes de carbone suffisants
pour l'entretien ; il y aura donc surcharge inutile et fatigue pour
les facultés digestives ; et cet état de choses répété arrivera fatalement à altérer la santé. De là la nécessité, pour avoir une nourriture vraiment hygiénique, de choisir les aliments qui offrent
les principes réparateurs sous le plus petit volume possible ; le
régime que déterminerait la physiologie devrait comprendre
1,000 grammes de pain (avec 300 grammes de carbone et 10 d'azote) et 300 grammes de viande qui contiennent 30 grammes de
carbone et 10 d'azote, et chose curieuse ! ce que la tbéorie indique, l'expérience, l'observation pratique viennent le confirmer ;
c'est ainsi que depuis longtemps, par exemple, était établie la ration du marin français.
300 grammes de viande sont donc indispensables à l'homme
pour s'entretenir en santé. En Angleterre on approche de cette
quantité ; la moyenne générale était, il y a quelques années, de
— 15 —
84 kilogrammes par habitant et par an. En France on est loin de
ce compte. Les campagnards mangent peu de viande, et voici le
tableau que donne M. Maurice Block pour la consommation
moyenne individuelle des chefs-lieux de département et d'arrondissement.
1816 1839 1844 1854 1862 1867 1872 50 k.
48
50
53
56
57
59
70
59
12
43
60
49
J'ai fait le relevé de la viande consommée à Morlaix pendant
11 années et j'arrive aux moyennes suivantes par an et par habitant:
52 k. 3
4867 1
52
1868
52
1
1869 50
8
1870 48
1
1871 44
3
1872 1873 44
48
9
1874 57
2
1875 1876 55
4
55
1 8 7 7 ... • 48
3
1878 Il résulte de ce tableau que notre consommation est inférieure
à la moyenne générale des chefs-lieux d'arrondissement de
France. Nous ressentons le contre-coup de la guerre de 1870;
notre consommation diminue. Elle baisse en 1871, plus encore en
1872 et atteint son minimum en 1873, pour se relever un peu en
1874, et dépassa en 1875, 1876, 1877 les chiffres des dernières
années de l'empire; il y a cependant encore une diminution en
1878. Il résulte surtout de ce tableau que la quantité de viande
que les Morlaisiens mangent est de beaucoup trop faible. Si nous
prenons l'année dernière j1878, il y a eu 48,3 kilogrammes con-
— 16 —
sommés par habitant, ce qui met la ration quotidienne à 132
grammes. En faisant un simple calcul, on arrive facilement à
voir que pour être dans les conditions exigées par la physiologie,
il eût fallu, au lieu de 733,162 kilogrammes consommés, ayant
paru à l'octroi, il eût fallu près de 2 millions de kilogrammes : en
chiffres exacts 1,664,147. L'alimentation de Morlaix est donc toutà-fait insuffisante.
Comment remédier à un état de choses qui influe si facheusement sur la santé publique ? En hygiène on est partisan de la
suppression des octrois sur les subsistances. Les octrois, dit Michel
Lévy, ont une influencé fàcheuse sur la nourriture du peuple ;
ils n'empêchent point l'abondance ni n'augmentent la disette,
mais ils aggravent les effets dépopulateurs de renchérissement
du prix des vivres et, dans tous les temps, ils réduisent la proportion de nourriture animale qui entre dans le régime des classes
inférieures. Quel impôt plus irrationnel et plus désastreux que celui qui en ôtant aux travailleurs les moyens derestaurer leurs forces,
abaisse la puissance productive du pays, accroit les charges de la
société par l'augmentation des chances de maladie parmi les classes les plus nombreuses, diminue la valeur de la population par
la succession plus rapide des générations.M. de Kergorlay, probablement un compatriote, prouve par des chiffres que la consonrmation de la viande augmente avec la diminution des droits
d'octroi, et baisse avec l'accroissement des mêmes droits.
La question des importations nous intéresse aussi. Généralement il y a antagonisme marqué entre ceux qui produisent et
ceux qui consomment. Une conclusion assez curieuse ressort
pourtant du tableau que j'ai dressé : le nombre de porcs qui paraissent à l'abattoir et leur poids net sont restés sensiblement les
mêmes et cependant la quantité de lards importés, représentée
par le nombre de kilog. de viandes salées paraissant à l'octroi, a
considérablement augmenté depuis quelques années. Vu le bon
marché de ces lards, le nombre des consommateurs s'est donc
accru.
Ce que l'on a fait pour les lards d'Amérique, on désirerait le
voir faire dans l'avenir pour les boeufs, à Morlaix qui a tant de
relations avec les ports anglais et le Havre, et ce serait une ques-
------ 17 —
tion d'un si grand intérêt pour l'hygiène publique morlaisienne
que je cite quelques chiffres pris dans des publications récentes.
La viande étrangère est certainement inférieure à celle de nos
races indigènes; elle est inférieure naturellement; elle devient
inférieure par le transport ou par le surmenage que les méthodes
d'abattage font subir aux boeufs ; elle n'aura chance d'être admise
sur nos marchés qu'avec une grande différence de prix. La question est encore loin d'être résolue.
Deux systèmes sont en présence : l'importation d'animaux
vivants, et l'arrivée de viandes conservées par le froid.
D'après un article très-intéressant de la Revue scientifique du
19 juillet 4879, l'importation des animaux vivants aurait très-peu
d'avenir. Un boeuf de la Plata coûte en moyenne :
Frais de transport et de nourriture
Prix moyen d'achat
Pertes évaluées à 7,50 0/0
353 fr.
55 25
30 60
438 fr. 85
Et on a à l'arrivée un boeuf des plus étiques, se trouvant dans
des conditions déplorables et pour lequel on a même proposé au
débarquement un système de parcage, d'ailleurs impraticable.
Les boeufs des Etats-Unis sont dans de meilleures conditions;
la traversée n'est que de 12 jours mais malgré tout, elle les
fatigue, les amaigrit, en fait mourir un grand nombre. Le prix de
transport, nourriture comprise, serait de 210 à 220 francs ; tandis
que la même quantité de viande arrivant conservée par la glace,
ne coûte que 40 francs, et il n'y a à tenir compte ni de déchet par
amaigrissement ni de mortalité. Cependant Figuier (Année scient:figue) cite une note adressée à la Société d'encouragements pour
l'industrie, d'après laquelle, sur les marchés de Liverpool et de
Glascow, le kilog. de boeuf conservé par la glace se vendrait
1 fr. 40 le kilog. et on ne compterait que 0 fr. 20 par kilog. pour
le fret de Chicago à New-York, de New-York en Angleterre, frais
généraux et bénéfices des entremetteurs. Aussi la Revue scientifique
termine-t-elle son article en exprimant un doute sur la quantité
de viandes signalée comme importée;
— 18 —
L'avenir semble plutôt réservé au Frigorifique et surtout au
Paraguay, car à la Plata le boeuf est moins cher qu'aux ÉtatsUnis.
A bord du Frigorifique, le froid est produit par l'action et la
vaporisation de l'éther méthylique sur une solution de chlorure
de calcium. Çette solution, quoique à — 10°, ne se congèle pas et
est amenée dans les chambres dites de froid. Le Paraguay a
adopté le système congélateur Carré : il y a dégagement du gaz
ammoniac dissous dans l'eau, passage de l'ammoniaque de l'état
gazeux à l'état liquide, puis réfrigération produite par le retour à
l'état gazeux de l'ammoniaque liquéfié. Voici le résumé (lu parallèle que fait M. Féris, dans les archives de médecine navale,
(mars 1878) entre les systèmes de ces deux navires : la viande
du Frigorifique est couverte d'une espèce de vernis noirâtre qui
ne flatte pas Fceil, que l'on enlève, d'où un déchet qui diminue
le rendement. En outre une certaine quantité d'eau de constitution de la chair s'évapore pendant l'opération, ce qui détermine
une perte de poids ; dans le Frigorifique encore, les quartiers
sont séparés les uns des autres, et suspendus à des crocs ; de là
perte d'espace et élévation du frèt. Dans le système adopté par le
Paraguay, le froid produit est plus considérable — 28° ou — 30°.
Une première opération s'effectue à terre ; 12 heures environ sont
nécessaires pour que la congélation s'opère jusqu'au cœur, pour
ainsi dire, de la substance animale. La viande est dure comme le
carton-pierre, puis empilée dans les cales du Paraguay. Au sortir
des cales, elle a l'aspect de la viande ordinaire ; sou seul inconvé_
nient, c'est d'avoir les fibres brisées par la congélation (il me
semble aussi que son goût doit être modifié). La viande glacée
doit être exposée 24 heures à l'air pour pouvoir être mangée et
elle s'est conservée d'une façon parfaite pendant 4 jours à une
température de — 24°. L'on voit donc, quand le bon marché de
la viande sera réel, que l'hygiène morlaisienne pourrait profiter
de ces expéditions. Mais on n'en est encore qu'à la période d'essai.
Intéressons-nous à toutes ces tentatives et désirons vivement
que nos races indigènes de boucherie s'améliorent et produisent
davantage, mais en même temps que les importations réussissent
et nous apportent une viande de qualité inférieurs mais à bon
— 19 —
marché. Quand il y a de si grands vides à combler, il y a place
pour tous. Que les Morlaisiens arrivent à consommer à peu près
ce qui leur est indispensable, c'est le but à poursuivre; il est
encore loin d'être atteint.
Depuis la communication de cette note, j'ai lu que la société
du Frigorifique avait fait une liquidation fâcheuse; et que le
Paraguay avait malheureusement eu à subir un abordage en mer.
Mais l'acquisition scientifique reste ; et la question sera certainement reprise.
CONSOMMATION DE LA VIANDE A MORLAIX DEPUIS 1867 JUSQU'A 1878...
BOEUFS
VACHES
VEAUX MOUTONS PORCS
TOTAL DES POIDS
MOYENNE
OBSERVATIONS
1
Têtes .....
1.056
898 7.060 4.800
981 Poids net 1867 Poids brut. 379.344 kil. 261.842 278.572 118.511 147.692 Viande fraiche Poids net.. 189.672 - 130.921 185.715 59.255 118.154 Viande salée •
693.717 k.
38.084 4.204 736.005 k. 52 k 3
Tètes.....
1.038
9721 7.2971 4.7451
9911Poids net 684.742 k.
1868 Poids brut. 363.365 kil. 284.554 278.599 119.968 143.832iViande fraiche- 43.534 Poids net.. 181.682 - 142.277 185.733 59.984 115.066 Viande salée 3.604 731.880 k.
Tètes ..... 1.096
9021 6.583' 4.361 909 Poids net 667.320 k,
1869 Poids brut. 384.075 kil. 267.683 256.690 III .753 143.046 Viande fraiche 60.556 Poids net.. 192.037 - 133.841 171.127 53.876,114.439 Viande salée 4.550 732.426 k.
Tètes .....
1.180
769 8.325 5.138' 869 Poids net 682.711 k.
1870 Poids brut. 410.076 kil. 223.491 291.219 130.063 133.438 Viande fraiche- 23.569 Poids net.. 205.038 - 111.745 194.146 65.031 106.751 Viande salée 7.659 /13.939 k. 50 k 8
Tètes ..... 1.047 8'94 6.6361 5.190
891 Poids net 622.707 k.
1871 'Poids brut. 342.411 kil. 251.264 229.370 128.081 134.894 Viande fraiche 38.441 Poids net.. 171.205 - 125.632 152.914 64.040 108.916 Viande salée *14.833 675.981.k. 48 k1
1 872
688 Poids net 826 6.309 3.363
950
Têtes .....
Poids brut. 327.775 kil. 240.330 235.705 86.964 106.940 Viande fraîche I Poids net.. 163.887 - 120.165 157.237 43.482 85.552 Viande salée I .es feuilles d'octroi donnent le
nombre de têtes et
le soids brut.
Pour avoir le
po ds net, se rappeler que le déchet
esl.pourles boeufs,
vaches, moutons,
de 112; de 113 pour
les veaux et de 115
po ar les porcs.
(Loi du 24 juillet
1867).
Dans la colonne
des totaux,le Poids
net est celui de l'abattoir ; le poids
des viandes fraichos et des viandes
sa: ées représente
les quantités entrr.nt aux autres
bureaux de la ville
570.323 k.
46.131 20.036 636.490 k. 44k 3
848 Poids net 548.261 k.
Têtes .... 842 . 684 6.133 3.487
1873 Poids brut. 291.071 kil. 204.753 234.408 87.918 125.448 Viande fraiche- 43.610 Poids nets.. 145.535 - 102.376 156..272 43.959 100.119 Viande salée.-- 40.619 •
632.490 k. 44 kOC,D
CJ
964 Poids net Tètes ..... 1.037 678 7..7781 3.886
1874 Poids brut. 366.355 kil. 193.579 290.963 402.138 143.921 Viande fraiche Poids net.. 183.177 - 96.789 194.016 51.069 •15.137 Viande salée 640.188 k.
38.738 23.361 7
r.
702.287 k. 48k 9
919 • 8.270 4.979 1.115 Poids net 4.243
Tètes .....
1875 Poids brut. 406.015 kil. 251.817 306.107 132.099 175.857 Viande fraîche Poids net.. 203.007 - 125.958 204.072 66.049 140.686 Viande salée 739.750 k.
70.884 11.923 822.557 k. 57 k2
1.064 7.354 5.481
1.484
1.066 Poids net Tètes .....
1876 Poids brut. 462.164 kil. 293.461 272.782 141.479 162.954 Viande fraiche Poids net.. 231.082 - 146.730 481.855 70.739 130.364 Viande salée 760.770 k.
63:755 17.979 842.504 k. 55 k 4
in.
1.435 7.153 5.222
998 Nids net 756.687 k.
1.201
Têtes .....
55.204 Poids brut. 375.370 kil. 389.170 272.451 139.925 153.513 Viande fraiche ib
1 Poids net.. 187.695 - 194.585 181.634 69.962 122.811 Viande salée.-- 27.598 839.489 k. 55 k 0
n
te
632.059 k.
877 Poids net 795
1.519 6.180 4.756
Tètes .....
n
47.335 1878 Poids brut. 262.380 kil. 323.412 241.508 130.102 141.382 Viande fraîche 53.768 Poids net.. 131.190 - 161.706 161.006 65.051 113.106 Viande salée 733.162'k. 48 k 0
1 877
-22—
J'ai montré à la dernière séance que le Morlaisièn ne consomme pas la moitié de ce qui lui est indispensable comme
viande.
Si l'on examine les chiffres indiquant les quantités de boissons consommées, on voit que, contrairement à ce qui a lieu pour
les viandes, la progression est constante et énorme.
•
En 1878, la consommation d'alcool est à peu près le double de
ce qu'elle était en 1857, et cependant la population est loin
d'avoir doublé.
La consommation d'alcool est plus forte à Morlaix qu'à Paris.
Paris 1858 1862 (après l'annexion) 80,470 hectolitres.
105,406
—
Morlaix qui a une population environ 100 fois moindre :
1858 1861 962 hectol. 18
1,127 — 81
En prenant pour base du prix que coûte l'alcool aux consommateurs, les chiffres que donne un éminent publiciste, Alglave,
dans la Revue politique et littéraire, on voit que l'hectolitre d'alcool
revenant à 444 francs,
Prix de revient du fabricant Impôts et octrois Bénéfices et frais des intermédiaires 52 francs.
155 —
237
444 francs.
chaque Morlaisien aurait consommé, en 1878, près de 45 francs;
chaque famille composée de cinq membres consommerait en
moyenne près de 225 francs, sans parler du vin, cidre, bière et
autres boissons. 11 est vrai qu'il serait intéressant de savoir de
quelle quantité la consommation des campagnards qui prennent
en ville des verres ou des litres d'eau-de-vie, au détail, atténuerait
celle de nos concitoyens. Toujours est-il que le desideratum de
l'hygiène serait, en même temps que la suppression des droits
sur la viande, l'établissement des maxima sur l'alcool.
D r SANQUER.
TABLEAU
DE LA
CONSOMMATION DES BOISSONS
A MORLAIX
Ce Tableau est dressé en hectolitres, si ce n'est
pour les alcools contenus dans les vins alcoolisés
au-dessus de 15° pour lesquels l'unité est le litre.
ANNÉES
VINS
CIDRES
ALCOOLS
BIÈRES
1857
1858
1859
1860
1861
1862
1866
1867
1868
1869
1870
1871
1872
4873
1874
1875
1876
1877
4878
2006,01
2094,40
2704,11
2590,58
2677,32
3072,01
4977,00
4502,77
4205,35
4552,64
4557,70
4701,11
5290,00
5089,87
4078,42
5244,56
5456,84
5473,03
5344,05
846,69
1669,84
3561,10
2406,47
4150,49
3934,01
1673,91
2482,47
4752,05
3275,81
2575,17
4110,78
912,29
2153,27
5622,37
4528,39
4595,98
2739,29
4143,01
894,88
962,18
1062,40
1034,61
1127,81
1201,63
4300,39
4239,39
1251,03
1281,40
1252,69
1194,19
1124,07
1222,00
1187,15
1317,44
1343,35
1464,18
1513,20
3570,90
3940,90
3360,31
3292,15
3294,10
3431,89
3360,59
2219,48
2081,65
2293,92
2691,03
1777,25
2200,70
1712,90
4576,00
1787,96
1369,61
1519,14
1380,00
Almeida
vins
alcoollüs.
176
195
509
413
334
503
608
CONTES POPULAIRES
Leur origine, leur propagation et leur importance
scientifique.
PAR M. LUZEL
(Suite)
Tout le monde connaît la charmante fable de La Fontaine :
La laitière et le pot au
:
Perrette sur sa tète ayant un pot au lait,
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à: la ville.
Mais l'on sait moins communément que la fable n'est pas de
l'invention de La Fontaine et qu'il en a emprunté le thème primitif à un recueil de fables indiennes, dont je vais essayer de
retracer les fortunes diverses et l'itinéraire suivi pour arriver
jusqu'à nous.
La Fontaine publia les six premiers livres de ses fables, en
1668, et personne n'ignore que la plupart d'entre elles sont imitées d'Esope, de Phèdre, d'Horace et de quelques autres écrivains
plus modernes. Mais ce sont là des imitations comme lui seul
savait en faire, égales sinon supérieures aux originaux et dont il
a dit lui-même :
Mon imitation n'est point un esclavage.
En 1678, parut une nouvelle édition de ces six livres, augmentée de cinq livres de fables nouvelles ; et en 1694, une autre édition vint clore le cycle de ces immortels petits poèmes.
— 2i —
La fable de La laitière et le pot au lait se trouve dans le septième livre et parut, par conséquent, pour la première fois, dans
l'édition de 1678. Or, dans la préface de cette édition, on lit ce
qui suit :
« Je ne crois pas qu'il soit bien nécessaire de dire où j'ai
« puisé ces derniers sujets. Seulement, je dirai; par reconnais« sance, que j'en dois la plus grande partie à Pilpay, sage indien.
« Son livre a été traduit en toutes les langues. Les gens du pays
« le croient fort ancien et original à l'égard d'Esope, si ce n'est
« Esope lui-même, sous le nom du sage Lokman. »
Voilà qui est entendu et à l'abri de toute contestation, puisque
c'est La Fontaine lui-même qui nous le' dit : C'est à Pilpay ou
Bidpaï (l'orthographe du nom est incertaine), sage indien, que
notre fabuliste a emprunté les sujets d'un grand nombre de ses
fables. Cherchons donc si, dans l'ancienne littérature de cc pays,
nous trouverons quelques traces de Perrette et de son pot au lait.
La littérature indienne est très-riche en fables et en contes, et
aucune autre ne peut lutter avec elle, sous ce rapport. Il est
même très-probable que c'est aux Indiens et principalement aux
Bouddhistes, que nous devons l'invention des fables et plus parti
culièrement de celles où figurent des animaux comme interlocuteurs ou agents principaux.
La plus connue des collections de fables en sanscrit est le
Pantchatantra , espèce de Pentateuque ou de Pentainerone. Un
autre recueil, également sanscrit et qui porte le titre de l'Hitopadesa ou l'Avis salutaire, n'est qu'une combinaison des récits du
premier avec d'autres récits de sources diverses. Le Pantchatantra
est fort ancien ; il est impossible aujourd'hui d'en déterminer la
date, d'une manière quelque peu précise. Nous savons seulement
qu'il en existe une traduction en ancien persan, qui fut faite environ 550 ans après J.-C. Mais la rédaction première en sanscrit
était de beaucoup antérieure. a
Existe-t-il quelque chose dans le Pantchatantra qui ressemble à
la fable française ? Que l'on en juge par l'histoire suivante, que
nous y trouvons
— 26 —
« Il y avait quelque part un Brahmane, dont le nom était
« Svabhâvakripana, ce qui veut dire un avare de naissance. 11
« avait, en mendiant, amassé une grande quantité de riz. Après
« en avoir pris ce qu'il fallait pour son repas, de ce qui restait,
« il remplit un pot. Il accrocha ce pot à une cheville enfoncée
« dans le mur, plaça son lit au-dessous, et, les yeux fixés, toute
« la nuit, sur ce vase, il songeait : — Ah I ce pot est à la vérité
« plein de riz jusqu'au bord. S'il y avait maintenant une famine,
« j'en tirerais certainement une centaine de roupies 1 Avec cela,
« j'achèterai une paire de chèvres. Elles feront des petits, au bout
« de six mois, et j'aurai ainsi un troupeau de chèvres. Alors, avec
« les chèvres, j'achèterai des vaches. Aussitôt qu'elles auront
« vêlé, je vendrai les veaux ; ensuite, avec les vaches, j'achèterai
« des buffles ; avec les buffles, des juments. Quand les juments
« auront mis bas, j'aurai une grande quantité d'or. Avec cet or,
« j'achèterai une maison à quatre corps de logis, et alors, un
« Brahmane viendra chez moi et me donnera en mariage sa fille,
« une beauté, qui aura une grosse dot. Elle mettra au monde un
« fils, et je l'appellerai Somasarman. Quand if sera assez grand
« pour que je le fasse sauter sur mes genoux, je m'assiérai
« avec un livre derrière l'écurie, et tandis que je serai occupé à
« lire, l'enfant me verra, s'élançant du giron de sa mère, et courra
« vers moi, pour que je le fasse sauter sur mes genoux : il vien« dra trop près des pieds des chevaux, et, plein de colère, j'appel« ferai ma femme : — « Prenez l'enfant, prenez-le I » Mais elle,
« absorbée par quelque soin domestique, ne m'entend pas. Alors,
« je me lève et lui donne un coup de pied comme celui-ci. »
« En rêvant ainsi, il donne un coup de pied et brise le pot. Tout
« le riz tombe sur lui et l'enfarine. C'est pourquoi je dis :
« Celui qui fait des projets insensés pour l'avenir sera tout bar« bouillé de blanc, comme le père de Somasarman. »
Le même conte se retrouve dans le second recueil sanscrit
l'Hitopadesa, légèrement modifié dans la forme, comme on va le
voir. C'est toujours la satire de l'homme qui bâtit des châteaux
en Espagne.
« Dans la ville de Devikotta, vivait un Brahmane du nom de
« Devasarman. A la fête du grand équinoxe, il reçut une assiette
— 27 —
« pleine de riz. Il la prit, alla dans la boutique d'un potier, qui
« était pleine de faïence, et, accablé par la chaleur, il se coucha
« dans un coin, pour faire la sieste. Afin de préserver son plat de
« riz, il tenait un bâton dans ses mains, et il commença à songer
« ainsi : — « Maintenant, si je vends cette assiette de riz, je
« recevrai dix touries (kapardaka). J'achèterai alors ici des pots,
« des assiettes, et, après avoir encore augmenté mon capital,
« j'achèterai et je vendrai des noix d'arec et des vêtements, jus« qu'à ce que je devienne extrêmement riche. J'épouserai alors
« quatre femmes, et je ferai ma favorite de la plus jeune et de la
« plus belle des quatre. Alors, les autres femmes en seront très« irritées et commenceront à se disputer : mais j'entrerai dans une
« grande colère, je prendrai un bâton, et je les rosserai d'impor« tance. » Tout en parlant ainsi, il lança devant lui son bâton ; le
« plat de riz fut brisé en mille morceaux, et plusieurs des pots
« qui se trouvaient dans la boutique furent cassés. Le potier, en
« entendant ce bruit, accourut dans la boutique, et quand il vit
« 'ses pots brisés, il adressa au Brahmane une verte semonce et
« le chassa de sa boutique. C'est pourquoi je dis : — « Celui qui
« fait des plans pour l'avenir et s'en réjouit d'avance verra sa
« joie se changer en tristesse, comme le Brahmane qui brisa les
« pots. »
Bien que nous ayons dans ces deux contes ou fables un
Brahmane et non une faitière, personne ne contestera, je le suppose, que les premiers germes de la fable de La Fontaine n'y
soient contenus. Cela étant donc admis, il s'agit, à présent, de
savoir comment a dû s'effectuer le voyage de l'Inde en France et
par quelles transformations successives le Brahmane primitif est
devenu, chez nous, une alerte et pimpante laitière, au cotillon
simple et souliers plats. C'est ce que je vais essayer, et bien que
quelques documents et intermédiaires nous fassent défaut, comme
on doit s'y attendre en pareille matWe, il en reste encore suffisamment pour établir la filiation et appuyer solidement notre
thèse.
Mais une réflexion, avant d'aller plus loin.
N'est-il pas vraiment étonnant de voir que les premières leçons
de sagesse terrestre que nous donnons à nos enfants, nous les
-28—
tirions d'une source si éloignée, bien plus, d'une source profane
et gravement entachée d'hérésie et d'idolâtrie ? C'est ainsi encore
que nous voyons, par suite d'un phénomène psychologique de
même nature, la légende du Bouddha Cakya-Mouni passer dans
le martyrologe ou l'hagiographie chrétienne, sous les noms de
saints Barlaam et Josaph, qui n'ont jamais existé.
Ce sujet de la transmission des fables indiennes en Europe, et
principalement en France, a été traité d'une manière supérieure
par cieux savants français, d'abord, MM. Sylvestre de Sacy (1) et
Loiseleur Deslonchamps (2), — puis un savant allemand, M. Théodore Benfey, dans sa remarquable préface du Pantchatantra. Avant
eux, Huêt, le savant archevêque d'Avranches, avait démontré,
avec toute la science de son temps, en ces matières, que les fables
orientales nous sont venues de l'Inde, à travers la Perse, par la
route de Bagdad et de Constantinople.
Dans le milieu du VIII° siècle, sens le règne du calife Almanzor, Abdallah lhn Almokafla composa son recueil de fables connu
sous le nom de : Calilah et Dimnah, que nous possédons encore
aujourd'hui. Dans sa préface, Abdallah nous dit qu'il a traduit
ces fables du Pehlvi, l'ancienne langue de la Perse, et qu'elles
avaient été traduites en Pehlvi, environ 200 ans avant lui, par
Bazuyech, le médecin de Chosroês Nushirvan, le roi de Perse contemporain de l'empereur romain Justinien. Dans cette traduction,
le conte ou la fable du Brahmane et du pot de riz est racontée
comme suit :
«
«
«
«
«
«
« Un religieux avait l'habitude de recevoir, chaque jour, dans
la maison d'un marchand, une certaine quantité de beurre
(c'est-à-dire d'huile) et de miel. Lorsqu'il en avait mangé ce
dont il avait besoin, il mettait le reste dans une cruche qu'il
pendait à un clou, dans un coin de la chambre, espérant qu'avec le temps, la cruche finirait par se remplir. Or, un jour qu'il
était étendu sur son lit, avec un bâton à la main, et la cruche
(1) Calilah et Dimnah, ou fables de Bidpaï, en Arabe, Paris, 1816.
(2) Essai sur les fables indiennes et sur leur introduction en Europe,
Paris, 1838.
-29—
«
«
«
«
•
«
«
suspendue au-dessus de sa tète, il se mit à songer au prix du
beurre et du miel, et se dit à lui-même : — « Je vendrai ce qui
est dans la cruche, et avec l'argent que j'en aurai j'achèterai
dix chèvres ; elles me donneront un jeune, tous les cinq mois,
et, en y ajoutant le produit des chevreaux, aussitôt qu'ils commenceront à porter, il ne se passera pas beaucoup de temps
que je n'aie un grand troupeau. »
« Il continua de faire ses calculs, et trouva, que de ce train-là,
« dans l'espace de deux ans, il aurait plus de quatre cents chèvres.
« — « A l'expiration (le ce terme, j'achèterai, dit-il, une centaine
« de bêtes à cornes, dans la proportion d'un taureau ou d'une
« vache par quatre chèvres. Je ferai alors l'acquisition de terres,
« et je louerai des ouvriers pour les labourer avec les bêtes et les
« mettre en culture. De cette manière, avant cinq ans révolus,
« j'aurai sans aucun doute réalisé une grande fortune, par la
« vente du lait que les vaches donneront et par le produit de ma
« terre. Je m'occuperai eusuite de faire bâtir une maison magni« tique et d'engager un grand nombre de serviteurs mâles et
« femelles. Quand mon établissement sera terminé, j'épouserai la
« plus belle femme que je pourrai trouver. Dans le temps voulu;
« étant devenue mère; celle-ci me fera présent d'un héritier de
« mes biens. L'enfant, en grandissant, recevra les meilleurs
« maîtres que je pourrai lui procurer, et, si les,progrès qu'il fait
« dans ses études sont ce que je puis raisonnablement espérer, je
« serai amplement payé des peines et des dépenses que j'aurai
« faites pour lui; mais si, au contraire, il trompe mes espérances,
« le bâton que j'ai là sera l'instrument dont je me servirai pour
« lui faire sentir le mécontentement d'un père justement irrité. »
« — A ces mots, il leva brusquement vers la cruche le bâton
« qu'il tenait à la main; il la brisa, et tout le contenu s'en
« répandit sur sa tète et sur son visage. »
Ceci est la première. version arabe. La coïncidence entre elle
et les deux versions sanscrites et Pehlvi, que nous avons déjà citées
est remarquable ainsi que la divergence qui existe dans le dénoùment de l'histoire. Le Brahmane et le religieux bâtissent tous les
deux des châteaux en Espagne ; mais, le premier donne un coup
de pied à sa femme, et le second châtie seulement son fils: Dans
— 30 —
cette dernière version, il est déjà question de lait; il est vrai que
la laitière manque encore, mais nous finirons par la trouver aussi.
Nous avons jusqu'ici suivi les traces du conte sanscrit au
Pehlvi et du Pehlvi à l'Arabe. Nous l'avons vu passer de l'ermitage des sages indiens à la cour des rois de Perse, et de là, au
palais des puissants califes de Bagdad. ll est bon de faire remarquer ici qiie le calife Almanzor, sur l'ordre duquel fut faite la
traduction arabe, était le contemporain de Abder-Rhaman, et que
tous les deux sont antérieurs de peu d'années à Haroun-Al-Raschid, le grand amateur de contes des Milles et une nuits, lequel,
comme on sait, était contemporain de Charlemagne. A cette époque, par conséquent, la route était grande ouverte aux fables
orientales. Cependant, près de trois cents ans s'écoulent avant
que nous rencontrions ces fables dans la littérature de l'Europe.
Elles existaient sans doute dans le peuple, à l'état de traditions
orales, mais elles n'avaient pas encore été rassemblées dans des
livres ou plutôt des recueils manuscrits.
Nous en resterons là, pour aujourd'hui, et poursuivrons notre
enquête, dans une prochaine réunion, où nous la conduirons
jusqu'à La Fontaine, qui a donné à la fable indienne, puis persane
et arabe, la forme parfaite et définitive sous laquelle elle passera
à la postérité la plus reculée.
(A suivre.)
VERRE ET VITRAUX
Les arts, on le sait, reflètent une double civilisation : celle d'un
peuple et celle d'une époque ; bien connus, ils peuvent aider à
élucider, même à résoudre des problèmes dignes d'attention. Dans
la question dont nous allons nous occuper notre ambition sera
moindre, mais, l'objet dont il s'agit, est d'une valeur industrielle
— 31 —
si connue, il offre à la vue un épanouissement si brillant, que
même réduite, son histoire fournira encore quelque intérêt; nous
voulons dire l'histoire du vitrail colorié, et préalablement celle du
verre.
D'après Pline, l'invention de cette pierre factice transparente est
due à des navigateurs Phéniciens, qui, un jour entr'autres, prirent attérissage sur une plage dont les grains sablonneux étaient
mélangés de carbonate de potasse. A ces matières, il ne manquait
qu'une troisième condition pour produire du verre: celle d'un feu
prolongé et violent, comme celui qui sert au travail des pièces de
fer de gros calibre.
Mais Pline ne va pas si loin, son texte est explicite ; et, sa
flamme ne doit servir qu'à produire l'anodine ébullition du potau-feu ; d'où sa version, aux yeux de la science, est regardée
comme inadmissible.
Aussi, a-t-il fallu chercher l'origine du verre ailleurs ; et, on
l'a trouvée sans nul doute, dans le traitement du minerai de fer,
qui, d'une part, donne du métal, de l'autre, des gangues changées
en scorifications et en granules, lesquelles bien observées sont du
verre; comme l'attestent les personnes ayant la connaissance des
hauts fourneaux métallurgiques.
Ayant reconnu la connexité des deux substances, il advient
que le premier travailleur du métal précité est aussi l'inventeur
du verre.
Or, d'après Flavius Josèphe, il est généralement admis, que le
premier homme avant mis le fer en oeuvre est Tubal-Caïn, fils de
Lamech, qui, selon la chronologie la plus accréditée, vivait vers
l'an 3300 avant l'ère chrétienne ; date qui, à la rigueur, pourrait
être acquise aussi bien qu'une autre en faveur de l'antiquité du
verre, en reconnaissant toutefois, que les ruissellements solidifiés
qui le caractérisent souvent, ont dû se produire pendant longtemps avant d'être régulièrement exploités.
Ce point de départ, conjectural jusqu'ici, ne va pas moins entrer dans le domaine des faits positifs, si nous nous rapportons
aux découvertes faites il y a peu d'années, dans les sarcophages
de l'ancienne Egypte. On les doit à un savant anglais, sir Gardner
Wilkinson.
-32Plusieurs dessins et peintures à fresque qui représent des ouvriers Égyptiens soufflant et travaillant le verre à diverses phases
de sa fabrication, ont aussi été publiés par le même auteur qui
assigne aux originaux une date de 3307 ans avant notre ère.
Mais ce n'est pas seulement dans les livres, ni en Egypte que
les curieux peuvent prendre connaissance de divers objets en
verre appartenant à une époque aussi reculée que celle dont nous
venons de parler. Le Musée du Louvre, aussi bien que plusieurs
collections de Province nous en offrent d'interressants spécimens.
Les grains de verre, les bracelets, les fibules, les baignoires pour
les yeux, s'y voient assez fréquemment.
Tous ces objets aussi bien que les suivants, coulés dans des
.moules sont opaques, et rappellent beaucoup la porcelaine blanche, la grise quelquefois, il y en a aussi de bleu pâle et (le couleur verdâtre.
Les statuettes des dieux domestiques, Lares et Pénates, à genoux ou accroupies, bien qu'en nombre, se rencontrent cependant
moins que celles du Dieu Anubis avec sa tète de chien ; celui-ci
offre surtout cette particularité ; qu'il exécute toujours]un pas, le
pied gauche placé en avant, comme étant le mouvement le plus
naturel à l'homme qui se met en marche.
Cette tête de chien, emblème de l'activité vigilante, jointe à un
corps en marche ou en mouvement, très portatif par sa petite
dimension, ne semble-t-il pas indiquer dans l'ancienne Egypte,
un Dieu préposé à la garde du voyageur pédestre.
Dans le cas d'une affirmative, celui-ci reconnaîtrait son infériorité, le portant à chercher un protecteur où il croit pouvoir le
trouver.
Durant son séjour et sa longue captivité en Egypte , le peuple
juif put y connaitre le verre, et plusieurs usages auxquels il pou
vait servir. Voisin des rivages Phéniciens ce même peuple put
aussi entendre quels merveilleux produits sortaient des7ateliers
de Sidon. Et probablement elle ne lui était pas inconnue cette
fameuse colonne en verre émeraude, qui, au dire d'Hérodote, jetait un éclat si extraordinaire.
Aussi un grand personnage biblique, Job, au7chap. 28 0 vt 17°
. du livre qui porte son nom, a-t-il une grande idée du verre,
-33—
quand il associe cette matière à l'or, et qu'il s'écrie : « Ni l'or, ni
« le verre ne. pourront lui être égalés (à l'intelligence. »)
Seulement, il convient d'ajouter, d'après M. le chevalier de
Jaucourt (1), que depuis son origine jusqu'au cinquième siècle
le verre était confondu sous la même dénomination que toute
matière dure, brillante et transparente, et que ce fut Saint Jerome qui le premier appliqua exclusivement le mot de « Vitrum. »
pour désigner le produit dont nous parlons.
Mais n'anticipons pas sur le temps; et revenons à Pline et
autres auteurs, qui ont encore à nous citer des ouvrages publics.
« Si considérables qu'on a de la peine à y ajouter foi, tant ils
étonnent l'imagination. » Ainsi, ce dernier écrivain, liv. 36, page
24, de ses écrits, nous rapporte que Scaurus fit faire, pendant son
édilité, un théâtre dont la scène était composé; de trois ordres ;
le premier était de marbre, celui du milieu était de verre — espèce de luxe qui n'a pas été renouvelé depuis ; — et le troisième
était de bois doré.
Clément d'Alexandrie rapporte aussi que Saint Pierre fut prié
de se transporter dans un temple de l'île d'Aradus — sur les
côtes de la Phénicie — pour y voir un ouvrage de renommée,
c'était un édifice orné de colonnes de verre d'une grandeur et
d'une grosseur si extraordinaires qu'elles captivèrent l'admiration
du prince des apôtres.
Un autre ouvrage en verre non moins célèbre dans l'antiquité,
était une admirable sphère céleste de l'invention d'Archimède.
L'écrivain latin Claudien (IV s.) la célèbre en une pièce de Vers citée par Merret dans son ouvrage sur la verrerie.
Que ces récits soient exagérés ou non ; il n'en est pas moins
vrai que les auteurs à qui nous les empruntons, se fussent expo
sés à la dérision de leurs contemporains, s'il n'avait été reconnu
et contrôlé par ceux-ci que le verre était susceptible de magnifi
ques applications.
Si invraisemblables que soient ces mêmes récits, on sera moins
tenté de les qualifier d'apocryphes, si l'on veut bien se rappeler
(1) Ecrivain et amateur de Beaux-Arts sous Louis XV.
— 34 —
que Clément d'Alexandrie ne dit point que les colonnes dont il
vient d'être parlé, fussent d'une pièce ou composées de grandes
sections.
D'ailleurs, les « anciens » savaient couler en bronze, même
une statue équestre de grandeur colossale ; celle de l'empereur
Marc-Aurèle qui nous est parvenue en est une preuve. Est-il besoin d'ajouter que ce dernier travail est plus difficile à réussir
que la fonte d'une colonne et que dans l'un et l'autre cas les procédés à employer se ressemblent beaucoup ; quelle que soit la
différence des matières.
Voici une autre preuve — physique ou matérielle — de ce que
pouvaient les anciens ; supposons qu'un auteur quelconque eût
ajouté un quatrième récit à ceux que nous venons de lire, et qu'il
eût dit : Nos devanciers extrayaient dans les carrières des blocs de
granit, ils les équarissaient, les transportaient au loin, et, les érigeaient verticalement sur un socle ou piédestal élevé. Ces blocs,
ainsi ouvrés sur un plan re0angulaire, avaient quelquefois 100
pieds de longueur (4) -et, sur chaque face, une largeur moyenne
de 8 pieds. (2)
Hé hien ! nous croyons que plus d'un lecteur eût regardé cette
constatation comme étant aussi extraordinaire que les précédentes ; jusqu'au moment, peut-être même après la déclaration qui
suit: c'est que le monolithe dont il vient d'être question, n'est autre
qu'un ancien obélisque — celui de Ramessès — actuellement
élevé sur la place de Saint-Jean-de-Latran, à Rome (3).
Après la question d'art et celle de la décoration monumentale
vient aussi celle de l'industrie laquelle compte parmi ses produits des miroirs en verre noir ou fausse obsidienne. Eu ce qui
concerne le monocle de Néron, on ignore si c'était une vraie émeraude ou du verre coloré; mais le doute n'existe pas au sujet des
deux tasses qu'il avait payées 6,000 sesterces (1,200 fr.)
En se rapportant aux exhumations de Pompeï décrites et consignées dans le bel ouvrage de M. Mazois, on voit que des vitres
(1) 32 m 16.
(2) 2 in 60.
(3) Brisé lors de l'invasion des barbares et raccordé depuis, cet
obélisque était de dimensions plus grandes que celles désignées.
— 35 —
blanches semblables aux nôtres étaient connues dès, et peut-être
avant le premier siècle de notre ère.
L'habileté dés ouvriers Romains était telle qu'il exécutaient ce
que plus tard on regarda comme une nouvelle découverte et un
immense progès; celle des verres dits plaqués, ou la superposition de deux ou plusieurs couches de couleurs distinctes obtenues
par le soufflage; de telle manière qu'en incisant avec une pointe
aigüe l'une des surfaces on obtenait une gravure sur un fond de
couleur différente.
•
Les lentilles ou verres convexes étaient aussi connues dès
l'antiquité, c'est Aristophane qui nous l'apprend par la facétie
d'un acteur, Sthrepsiade, qui, pour rire aux dépens cle Socrate,
enseigne une nouvelle méthode pour payer de vieilles dettes :
« C'est, dit-il, de mettre entre le soleil et le billet du créancier,
« une belle pierre transparente, que vendaient les droguistes, et
« d'effacer par ce moyen les lettres du billet. » (1)
Avec ces objets et d'autres verreries qu'il serait superflu de décrire, nous pouvons actuellement, par la pensée, nous représenter
un groupe industriel d'autant plus intéressant que l'art antique
peut le couronner par une vraie merveille: le vase dit Barberini,
lequel au dire de Wiackelmann (2) est dans le style qui caractérise le siècle de Phidias ; c'est aussi l'oeuvre d'un artiste Grec, à
en juger par le choix du sujet qui y est représenté.
Ce sujet parait avoir été dicté pour flatter Alexandre Le Grand
et affirmer sa prétendue descendance de Jupiter. Olympias, mère
du héros, occupe une place distinguée dans chacune des deux
compositions qui entourent ledit vase (3) et il se trouve, le serpent compris, qu'un célèbre récit primordial n'aurait pas été inconnu à l'artiste modeleur. C'est d'ailleurs ce qui se remarque
souvent dans l'antique théogonie.
(1) V. Les Nuées, act. 2; sc. 1.
(2) Critique renommé d'art ancien, 1717-1768.
(3) En effet les sujets qui entourent ledit vase, renferment en tout
sept figures blanches en relief, appliquées sur un fond uni noir,
conditions de travail qui subissent au feu des dilatations très inégales, et par suite, des craquelures qu'une grande expérience peut
seule faire éviter.
— 36 —
Devenu plus tard un des précieux ornements du musée de
Londres, le vase Barberini y est admiré, non seulement comme
oeuvre d'un ordre élevé, mais encore comme offrant un rare
exemple de la manière habile avec laquelle les anciens artistes
savaient surmonter les obstacles matériels. Pour tout dire, c'est
aussi un des grands modèles de « l'art appliqué à l'industrie. »
Comme on vient de lé voir, le fil de notre narration nous a
conduit à mentionner plusieurs peuples riverains de la mer Méditerranée; des découvertes faites à notre époque nous permettent
d'y ajouter l'Archipel, et près du « golfe Arabique » Mycènes ; où
M. Schliemann a découvert du verre en 1876. C'était dans le caveau funéraire d'Agamemnon, celui qu'Homère dans l'Iliade appelle le roi des hommes.
D'autres découvertes faites dans des sarcophages Assyriens et
dans le palais de Nemrod, ont aussi mis au jour plusieurs objets
et des fragments de verre.
Il résulte de ces diverses constatations que cette matière a été
connue à une date très reculée dans l'antiquité ; elle a aussi été
répandue et exploitée avec éclat jusque dans la Perse, et on peut
dire avec vérité, qu'à part quelques peuplades barbares, elle a
reçu le droit de cité dans toutes les nations connues des anciens,
y compris les peuples Celtiques.
(A suivre.)
Morlaix, le 44 septembre 4879.
E. CLECH.
NOTES ENTOMOLOGIQUES
Par M. HERVÉ
Mes dernières chasses ont encore augmenté de quelques espèces
la liste des Coléoptères et des Hémiptères récoltés aux environs
de Morlaix.
En 4879, et malgré les pluies persistantes, j'ai trouvé, pour la
première fois, les Coléoptères suivants : Cceliodes ruber, Cerambyx
Scopolii, Blaps similis, lps ferruqinea, Hydrocyphon de/lexicollis,
Crepidodera transversa, Ceutorhynchus crucifer ( en nombre sur
Cirsium arvense), Hylotrupes bajulus, Salpingus castaneus.
Parmi les bonnes espéces retrouvées, je citerai le Encephalus
complicans, dont j'ai pu prendre, en Ploujean, le 42 mars, trois
exemplaires dans un fagot d'ajoncs, et deux autres exèmplaires,
en Plouigneau, le 31 août, sous un tas d'herbes ; c'est ce même
jour que j'ai recueilli, sur les arbustes, le long de la rivière,
dix-huit Hydrocyphon deflexicollis.
Je citerai encore le Scydmenus nanus, espèce rare et difficile à
trouver, à cause de sa petite taille, et un Cathor,niocerus que je
n'ai pu encore parvenir à classer.
En Hémiptères, je citerai aussi de bonnes captures : Orthotylus
viridinervis, Psallus diminutus , Typhlocyba quercus, T. expunctata,
Cicadula varictta, A cocephalus albifrous, A. bifasciatus, Athysanus stria, Thamnottetix cruentata, Delphas 4-rnaculata, D. fuscifrons, Dellocephalus maculiceps, rare espèce, nouvelle, je crois, pour la France.
Enfin, je citerai Trioza crithmi (Low) retrouvée en rade de Morlaix, sur le Crithmum 7naritimum. Cette espèce, alors inédite, a
été découverte par mon excellent collègue et ami, le docteur
Puton, de Remiremont, dans une excursion que nous fîmes
ensemble à Roscoff, le 24 juin 1878. Elle a été depuis décrite par
le docteur Low, de Vienne.
FLORAISON D'UN AGAVE A MORLAIX
Par M, PRAT-CARRABIN
Un fait assez rare pour la région du Nord-Finistère se produit
en ce moment chez M. Croissant, place Traoulen, à Morlaix, c'est
celui de la floraison d'un Agave (vulgo Alois).
Cet Agave qui n'est pas l'A. americana ordinairement cultivé,
`mais une espèce voisine, l'Agave attenuata, est originaire de l'Amérique centrale et fleurit assez facilement dans nos régions, à Roscoff par exemple où un fait de floraison remarquable a pu étre
observé récemment.
Ce qui peut appeler l'attention sur le fait produit à Morlaix,
c'est que la plante est cultivée en caisse et que ses rejets latéraux
ont été gelés, ce qui a permis à la sève de la plante de se porter
sur un rejet unique qui, en raison des conditions de difficultés
apportées à sa foliation, a permis d'apporter à la floraison cet
excédant de sève.
Ce fait curieux n'est pas nouveau et M. Lukis signale à la
Société l'exemple d'autres Agaves qui, réduits à leur simple
souche, ont pu dans l'année donner des rejets florifères.
PLANTES RARES OU NOUVELLES
POUR LE FINISTÈRE
Par 51. 111CIOL.
ManuncuItus parvi orus L. — Cette plante assez rare en
Bretagne n'a pas encore été signalée dans les environs de Morlaix,
elle s'est rencontrée ce printemps dans une murette en pierre près
de l'abbaye (le St-François.
— 39 —
Erysimum orientale R. Br. — (E. Perfoliatuni, Crantz,
Brassica . orientalis L.) Cette plante ne me parait pas avoir encore
été indiquée en Bretagne. Je l'ai récoltée près de la Manufacture
des tabacs à Morlaix. Comme c'est une plante calcicole , elle
doit être regardée comme adventive ; mais j'ai cru devoir signaler
sa présence évidemment accidentelle, sans que son nom doive être
joint à la flore régionale.
'
Ta.aphanus maritimus (Smith). — Le radis maritime est
assez rare dans les environs de Morlaix. 11 se trouve surtout dans
l'île Louët. Il est à remarquer que ce végétal ne se rencontre pas
dans les autres îles de la rade et qu'il soit confiné en ce point.
Silone quinquevulnera (L.). — Le Silene quinquevulnera de
Linné, que certains auteurs réunissent au S. Gallica, mérite d'en
être réellement séparé.-Tout ce groupe d'ailleurs assez confus a
été déjà l'objet de travaux et MM. Jordan et Fourreau en ont
séparé des types assez nettement caractérisés.
Ce Silène, qui est une plante méridionale de la Méditerranée,
se trouve en quantité assez considérable sur le côté sud de l'île
Louët. C'est donc une acquisition pour la flore bretonne.
Les échantillons récoltés paraissent se rapporter au Silene
znyloptera. Jord. Four. -- Une des formes établies par MM. Jordan et Fourreau, en subdivisant le Silene quinquevulnera de Linné.
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
DES
BIBLIOPHILES BRETONS
ET DE
L'HISTOIRE DE BRETAGNE
4'1
PREMIÈRE ANNÉE
(1877-1878) •
NANTES
SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES BRETONS
ET DE L'HISTOIRE DE BRETAGNE
M.BCCC.LXX .VI ❑
AVERTISSEMENT
A Société des Bibliophiles Bretons a commencé de vivre, ou du moins de manifester
sa vie, en se constituant par le vote de ses statuts
dans sa première séance, en date du 24 mai 1877.
Le 24 mai 1878, elle comptait déjà une année
d'existence.
Le premier cahier du Bulletin, que nous publions aujourd'hui, a pour but de faire connaître
à tous les Sociétaires les décisions, les actes de
la Société et les résultats atteints par elle pendant
cette première année.
En tête nous plaçons les Statuts, puis la composition du bureau actuel et la liste des membres
fondateurs.
Suivent les Extraits des procès-verbaux de
toutes les séances générales tenues par la Société
du 24 mai 1877 au 24 mai 1878, et quelques
renseignements relatifs aux publications.
Enfin, la liste des ouvrages donnés à la biblio-
— vm —
thèque de la Société, avec l'indication des donateurs, auxquels nous offrons ici, de sa part, les
plus vifs remerciements.
Chaque année nous publierons un pareil Bulletin ; nous espérons même pouvoir y joindre
d'utiles renseignements qui manquent encore à
celui-ci, par exemple une chronique bibliographique et surtout des notices nécrologiques sur
ceux de nos confrères que nous pourrions avoir
le malheur de perdre. Pour ceux que nous avons
déjà perdus, nous réparerons l'an prochain la
lacune qui existe dans ce cahier-ci.
Cette année — conformément à l'usage des Sociétés analogues à la nôtre — nous nous bornons
à dominer, à la fin du Bulletin, quelques pièces
historiques inédites et de peu d'étendue.
LE BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
DES BIBLIOPHILES BRETONS.
SOC IÉTÉ
DES
BIBLIOPHILES BRETONS
ET
DE L'HISTOIRE DE BRETAGNE
v
Otatuts
ARTICLE I.
A SOCdTE DES BIBLIOPHILES BRETONS ET DE
L'HISTOIRE DE BRETAGNE est instituée pour
entretenir et propager le goût des livres,
sauver de la destruetion, réunir, publier, traduire
et réimprimer les volumes , pièces , manuscrits et
2
- 2 -
documents quelconques inédits ou rares, pouvant
intéresser l'histoire et la littérature de l'ancienne
province de Bretagne.
ARTICLE II.
Le siége de la Soeiété est à Nantes, à la Bibliothèque publique, salle de la Commission de surveillance.
ARTICLE III.
Pour faire partie de la Société, il faut être présenté
par deux membres, être admis à la majorité au scrutin
seeret, et déelarer adhérer aux présents statuts.
ARTICLE IV.
La Société se réunit une fois par mois. Les
membres sont convoqués par lettre individuelle.
ARTICLE V.
La Société est administrée par un bureau eomposé
d'un président, de deux viee-présidents, d'un secrétaire, d'un seerétaire-adjoint, d'un trésorier et d'un
bibliothécaire-arehiviste , lesquels sont élus pour
deux ans dans une assemblée générale qui a lieu
dans la première quinzaine de juin. Les membres
du bureau sont indésiniment rééligibles. En outre ,
chaque groupe d'assoeiés appartenant à l'un des einq
—3—
départements de la Bretagne désigne un délégué
représentant la Soeiété dans son département et
chargé de eorrespondre avee le bureau, dont il ait
partie de droit.
ARTICLE VI.
Chaque Sociétaire paie d'avance et dans le eourant
du mois de juin de chaque année une somme de
vingt franes*. Indépendamment de cette cotisation,
tout membre, au moment de son admission, acquitte
un droit d'entrée de quinze francs. — Les membres
fondateurs sont dispensés de ce droit **.
ARTICLE VII.
Le produit des eotisations, des dons volontaires et
de la vente des volumes publiés, est affecté à la
publication d'ouvrages, à l'aehat de pièees intéressantes et au paiement de toutes les dépenses régulièrement votées par la Société.
ARTICLE VIII.
Le choix des ouvrages à éditer est fait par la
Société. La surveillanee de la publieation, des notes,
• Conformément d l'usage admis dans la plupart des sociétés,
la cotisation annuelle peut etre remplacée par une somme de
deux cents francs, une fois donnée.
". Les deux cents premiers Sociétaires inscrits ont soute droit
au titre de membre fondateur. (Décision prise en assemblée
générale, le 14 Janvier 1878.)
—4—
préfaces et eommentaires qui y seraient joints, appartient à un comité eomposé du bureau, de l'auteur de
la publieation , et d'autres membres de la Soeiété
appelés par le bureau, s'il le juge nécessaire.
ARTICLE IX.
Il est tiré de chaque ouvrage publié par la Société
un nombre d'exemplaires égal à celui des sociétaires
et en plus zoo exemplaires qui sont mis dans le
commeree. Chaque membre a droit à un exemplaire,
et l'auteur d'une publication reçoit en plus Io exemplaires sur papier ordinaire. — Les membres nouvellement admis n'ont droit à la continuation d'un
ouvrage en cours de publieation qu'autant qu'il en
reste des exemplaires disponibles et moyennant un
prix fixé par le bureau, pour la partie publiée avant
leur entrée dans la Société.
ARTICLE X.
Les exemplaires des membres de la Société devront
toujours être tirés d'un format ou sur un papier
spécial , se distinguant notablement du reste de
l'édition destinée au public. Ces exemplaires seront
numérotés et porteront le nom des membres auxquels
ils devront appartenir. La mise en vente en est
formellement interdite.
ARTICLE XI.
Une bibliothèque sera formée tant avec les publications de la Société qu'avee les livres ou manus-
—5—
crits provenant d'aehats ou de dons volontaires.
Aucune pièee ne pourra sortir du loeal ehoisi pour
la bibliothèque.
ARTICLE XII.
Toute modification aux présents Statuts ne pourra
avoir lieu qu'en assemblée générale , eonvoquée
spéeialement pour ce sujet, et à la majorité des deux
tiers des membres présents.
Nantes, en assemblée générale, le 24 mai 1877.
Le Bureau provisoire :
C. MARIONNEAU, A. PERTHUIS -LAURANT, H. LEMEIGNEN.
Approuvé les présents Statuts :
Le Préfet de la Loire-Inférieure,
V" MALUER.
Certifié conforme :
Le Président ,
Le Secrétaire ,
ARTHUR DE LA BORDERIE.
A. DE GRANGES DE SURGiRES.
Nantes, le 24 mai 1878.
,s
--7
i-te
.....
.
ek.-_-_ 1
e2e?'
:;
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
ÉLECTIONS DU
Président:
Vice-Présidents :
5 SEPTEMBRE 1877
Arthur DE LA BORDERIE.
Le général E.
MELLINET.
Henri LEMEIGNEN.
Secrétaire:
A. DE GRANGES DE SURGèRES.
Secrétaire-Adjoint:
Jules RIALAN.
Trésorier :
Alexandre PERTHUIS-LAURANT.
Bibliothécaire-Archiviste : S. DE LA NICOLLIèRE■TEUEIRO•
Délégués : J. GAULTIER DU MOTTAY (Côtes-du-Nord).
Louis DE KERliGU (Finistère).
Sigismond ROPARTZ (Ille-et-Vilaine).
René KERVILER (Loire-Inférieure).
Vincent AUDREN DE KERDREL (Morbihan).
COLLECTION
DE
DOCUMENTS INÉDITS
SUR L'HISTOIRE DE FRANCE
PUBLIES PAR LES SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
PREMIÈRE SÉRIE
HISTOIRE POLITIQUE
CARTULAIRE
DE
L'ABBAYE DE REDON
EN BRETAGNE
PUBLI E
PAR M. AURÉLIEN DE COURSON
CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHÙQUE DU LOUVRE
MEMBRE DU COMITÉ DES TRAVAUX .11ISTpRIQUES ET DES SOCIÉTÉS SAVANTES
PARIS
IMPRIMERIE IMPÉRIALE
hI DCCC LX1II
AVANT-PROPOS.
s
Le Cartulaire de Redon, légué, il y a peu d'années , à Description
du
Mgr l'archevêque de Rennes par M. l'abbé Debroise, ancien Cartulaire.
bénédictin, se compose, dans son état actuel, de cent quarante-.
deux feuillets en parchemin, écrits au verso et au recto, plus
deux feuillets de garde, où l'on a inséré plusieurs chartes. Le
manuscrit, dont la jolie minuscule accuse le commencement
du xie siècle, forme un petit in-folio qui mesure un peu plus
de trente-sept centimètres de hauteur sur à peu près vingt-.
neuf de largeur; il est réglé à la pointe sèche, et, dès le verso
du premier feuillet, on y remarque un changement notable
dans l'écriture. Les caractères deviennent, en effet, un peu
plus allongés, les panses des A plus grandes, les lignes plus
rapprochées. Il en est ainsi jusqu'au folio lio recto, où commence une écriture plus fine, moins anguleuse, plus agréable
à A partir du feuillet 126, l'encre prend une teinte plus
foncée et le nombre des lignes augmente.
Les quinze ou vingt dernières chartes du recueil semblent
avoir été transcrites par autant de mains différentes.
Nous avons à signaler, dans le Cartulaire, de nombreuses Lacunes.
lacunes. La première se trouve au folio 8 verso, auquel succède le folio 51 recto. Les quarante-trois feuillets qui manquent
TABLE
DES
MATIÈRES DES PROLÉGOMÈNES.
CHAPITRE PREMIER.
Anciennes populations de l'île de Bretagne.
I.
S IL Les Bretons après la conquête romaine
S III. De la péninsule armoricaine pendant l'occupation romaine. — De l'alliance des Francs et des Armoricains. — Conséquence de cette alliance
pour les Bretons réfugiés en Armorique.
S 1V. Lutte des Bretons contre les Francs sous les Mérovingiens.
S
.
Pages.
vi
xv
CHAPITRE II.
xix
Les Bretons sous les Carlovingiens. — Avénement de Nominoë
S I.
Saint Conwoion. — Fondation de l'abS II. La Bretagne sous Nominoë. xxv
baye de Redon
S III. L'abbaye de Redon après la mort de Louis le Débonnaire. — Conquêtes
de Nominoë.— L'abbaye de Redon sous Érispoë et ses successeurs... xxxir
S 1V. L'abbaye de Redon depuis 851 jusqu'à la mort d'Alain le Grand. — Inxxxvti
vasions normandes et destruction de la Bretagne
S V. L'abbaye de Redon depuis le retour d'Alain Barbe-Torte jusqu'à la prise
XLr
de Redon par Jean IV
S VI. La ville de Redon, ses institutions municipales, son industrie, son comLV1I
merce
S VII. Des corps de métiers et du commerce maritime à Redon "mir
S VIII. L'abbaye de Redon depuis le xv' siècle jusqu'à la révolution française. .
CHAPITRE III.
Géographie historique.— Préliminaires LXXrI I
VIU
I.
S II.
S III.
S IV.
S V.
S VI.
S
TABLE DES PROLÉGOMÈNES.
Des diverses applications du mot Armorique.
Des cités et des pagi, en général.
Le comté, eomitatus.
La centaine, la vicairie, la plebs, la condita.
La commote, la trêve, le village
Des noms de lieux en général.
Pages.
LXXVIII
Lxxxi
LXXXII
LXXXIII
LXXXrII
xc
CHAPITRE IV.
Les Nannètes. — Limites de leur cité. — Leurs villes principales.
—Origine des pagi. — Voies romaines. xciv
ci
Des anciennes subdivisions du pays nantais S II.
cix
Divisions ecclésiastiques.— Origines du diocèse de Nantes
S III.
Limites du diocèse de Nantes cxxv
S IV.
Subdivisions ecclésiastiques, archidiaconés, climats, doyennés cxvi
S V.
Les Rhedons. — Leur capitale. — Voies romaines
cxx
S VI.
Divisions ecclésiastiques. — Le diocèse de Rennes.. S VII.
cxxv
S VIII.
Subdivisions ecclésiastiques, archidiaconés, doyennés.
CXXVIII
Les Vénètes. — Limites de leur cité. — Oppida. — Capitale. —
S IX.
ampagne de César. — La Vénétie sous la domination romaine.
C
cxxx
Dariorigum ou Vannes après la conquête. — Travaux, établissements
S X.
romains.— Les Bretons en Vénétie. — Un roi de Vannes cxxxvi
Des anciennes subdivisions territoriales de la Vénétie. S XI.
CXL
S XII.
Divisions ecclésiastiques. -- Le diocèse de Vannes. ccxxi:iv
S XIII. Subdivisions ecclésiastiques.
S XIV. Les Osismes. — Situation et limites. -- Capitale, voies romaines. —
Divisions de leur cité après l'arrivée des Bretons
CXLrIII
S XV.
La Cornouaille. — Ses limites. — Ses pagi. — Le Poukaer
eu
S XVI. Coris opitam CLXI
S XVII. Divisions ecclésiastiques. — Diocèse de Cornouaille ou de Quimper.
— Considérations générales sur l'église bretonne CL XVI
S XVIII. Subdivisions ecclésiastiques, archidiaconés, doyennés.
CLXXIII
S XIX. Le Léon et ses limites. — Origine de cette dénomination c i .xxvi I
S XX.
Divisions ecclésiastiques. — Fondation du diocèse de Léon
CLXXX
S XXI.
Subdivisions ecclésiastiques
CLXXXII
S XXII. Les Curiosolites. — Limites de leur cité. — Établissements romains CLXXXIII
S XXIII. La Dorrinonée , ses limites, ses princes CLXXXVI
S XXIV. L'évêché de Tréguer, ses limites. — Rectifications historiques ci.xxxviii
S XXV. Subdivisions ecclésiastiques
CXCI
S XXVI. Évêché de Sain t,c13rieuc. — Origines. — Limites
exclu
S XXVII. Subdivisions ecclésiastiques CXCVI
S I.
TABLE DES PROLÉGOMÈNES.
XXVIII. L'évêché d'Alet. Ses limites.— Le Pou-tre-coet
S XXIX. Subdivisions ecclésiastiques, archidiaconés , doyennés Diocèse de Dol. — Juridiction de saint Samson.
S XXX.
S XXXI. Palais, demeures des princes bretons au lx' siècle
S XXXII. Habitations, châteaux des mactyerns au lx' siècle
S XXXIII. Châteaux construits en Bretagne après l'expulsion des Normands
S XXXIV. Des moulins
S XXXV. Navigation, ports, écluses, ponts, voies publiques.
Pages.
S
cxcvii
cciii
ccvii
ccix
ccxi
ccxi
ccxiii
CHAPITRE IV bis.
S I.
S II.
S III.
S IV.
Moeurs, usages, faits particuliers
De la langue des Gaulois et des anciens Bretons
Des noms propres chez les anciens Bretons
Des surnoms. ccxvi
ccxxiv
ccxxvii
ccxxxiii
CHAPITRE V.
S I.
S II.
S III.
S IV.
ccxxxvi
Des institutions, bretonnes en général.
ccxxxvill
Du Brenin et de ses privilèges Des hommes libres et de l'organisation du clan chez les Bretons
insulaires
ccxxxix
CCXLI
Des compositions
CHAPITRE VI.
Du régime féodal chez les Bretons armoricains CHAPITRE VII.
S I.
S II.
S III.
S IV.
S V.
S VI.
VII.
S VIII.
S
De l'organisation judiciaire chez les Bretons armoricains
Preuves testimoniales; conjurateurs
Des boni homines
Des scabins
Consentement des parents et des seigneurs dans les actes de ventes
ou de donations; symboles d'investiture
Des formules. — Annonce de la fin prochaine du monde. — Anathèmes
Les dates
Des sceaux et de l'annonce du sceau.
CCL
CCLII
CCLIr
CCLr
Ibid.
CCLIX
eux'
CCLXIII
TABLE DES PROLÉGOMÈNES.
CHAPITRE VIII.
Pages.
I.
État dès personnes. — Aperçu général.
S II. Hommes libres d'une dignité supérieure
S III. Hommes libres du second et du troisième ordre.
S IV. De la servitude chez les anciens Bretons.
S V. De la condition des populations rurales en Armorique. — Du colonat, du servage, du villainage
S VI. Arts et métiers
S VII. Des officiers civils.
S VIII. Des officiers ecclésiastiques.
S
CCLXrII
CCLXVIII
CCLXIX
CCLXX
CCLXXrII
LXXXrIII
ccxc
ccxci
CHAPITRE IX.
ccxcu
ccxcv
ccxcvii
ccxcvm
S I.
De la condition des terres.
S II. De l'alleu
S III. Des hereditates , des bénéfices, de la précaire
S IV. Des différentes espèces de biens.--La manse, le ran, le tigran, etc..
CHAPITRE X.
S 1.
Des impôts publics et des redevances privées
S II. Des redevances et des services
S HI. Des services.
ceci
cccui
cccvn
CHAPITRE XI.
Des poids et des mesures
S I.
Mesures de supersicie
S II. Mesures de capacité pour les grains
S III. Mesures de capacité en Vannes, Rhuys et Auray
S IV. Mesures de capacité en Hennebont
Mesures de capacité dans la juridiction de Guélnéné-sous-Hennebont
Mesures de capacité en la Roche-Moisan-sous-Hennebont
Mesures de capacité dans les fiefs de Léon-sous-Hennebont
Mesures de capacité en Treis•Faven.
Mesures de capacité en Naustang
S V. Ploermel (Mesures de)
S VI. Quimper-Corentin (Idem)
S VII. Huelgoet (Idem).
ccc x
cccx
CCCXI II
cccxiv
CCCXV
Ibid.
Ibid.
Ibid.
Ibid.
CCCXrI
Ibid.
Ibid.
CCCXV
xi
Pa g es.
TABLE DES PROLÉGOMÈNES. S VIII.
S IX.
S X.
S XI,
S XII.
S XIII.
S XIV.
S XV.
S XVI.
Duault (Mesures de)
Carhaix (Idem)
Châteaulin de Cornouaille (Idem)
Ponteroix (Idem)
Pont-l'Abbé et Cap-Cavai (Idem)
Cône, Fouesnant et Rosporden (Idem)
Lesneven (Idem)
Saint-Renan (Idem)
Brest et Léon (Idem)
S XVII.
Morlaix (Idem)
S XVIII. Lann*ur (Idem) Lannion (Idem)
S XIX.
S XX.
Gee% (Idem)
S XXI.
Guingamp (Idem)
Minibriac (Idem)
S XXII.
S XXIII. Penthièvre et Lamballe (Idem)
S XXIV . Mon won tou r (Idem)
Dinan (Idem)
S XXV.
S XXVI. Retz (Idem).
S XXVII. Loyaux (Idem)
S XXVIII. Guérande (Idem).
S XXIX. Mesures de capacité pour les liquides.
GCCXr1I
Ibid.
GCCXrIII
Ibid.
Ibid.
cccxix.
Ibid.
Ibid.
cccxx
Ibid.
Ibid.
cccxxi
Ibid.
Ibid.
Ibid.
cccxxii
Ibid.
cccxxiii
Ibid.
Ibid.
cccxxiv
Ibid.
y
CHAPITRE XII.
S I.
S II.
S III.
Prix des terres Du revenu de la terre Valeur des animaux
cccax,vii
CGCXXXII/
cccxxx1).1
De la transmigration des Bretons en Armorique, par Dom Le
Gallois De la manière dont s'effectua le passage des Bretons en Armorique
Les Bretons s'établissent, avec la permission des ,Romains , dans
la presqu'île armoricaine, alors très-peu peuplée
Distinction faite entre la Bretagne et la Romanie
cccxi.iv
ÉCLAIRCISSEMENTS.
I
III.
IV.
CCCXLV
XII
TABLE DES PROLÉGOMÈNES.
Des rapports qui existaient entre les Gallo-Francs et les Bretons
De la fable de Conan Mériadec.
Des limites du territoire breton
Des premières contrées occupées par les Bretons en Armorique Observations de Paul-Hector Scotti sur la réforme projetée à Redon Le mot plebs employé en Normandie avec le même sens que chez les
Bretons.
XI.
Pouillé de Nantes XII. Pouillé de Rennes.
XIII. Pouillé de Vannes.
X IV. Des Curiosolites de César et des Corisopites de la Notice dik Provinees
X V.
M. Bizeul conteste que la Bretagne ait été colonisée par les Bretons XVI. Redevances des villains .
XVII. Du nombre des soldats romains placés en Armorique , vers le v° siècle XVIII. Usements de la forêt de Brécilien.
XIX. De la servitude en Bretagne.
XX.
Liste des abbés de Redou
V.
VI.
VIL
VIII.
IX.
X.
Pages.
CCCXL V
CCCXLr I
CCCXLrII
CCCXLrI1I
Ibid.
CCCXL IX
Ibid.
id..
CCCL Ir
CCCLIX
CCCLXrI
ccuLxvii
CCCLXXI
ccc Lxxii
cccxcix
PROLÉGOMÈNES.
CHAPITRE PREMIER.
S I".
Anciennes populations de l'île de Bretagne : les Belges, les Bretons, les Kymri.
Mon intention n'est pas de rechercher à quelle époque l'île de Bretagne
reçut ses premiers habitants. Laissant de côté les temps qui précédèrent la
période historique, j'essayerai seulement de mettre en lumière les faits à
peu près certains que nous ont transmis les principaux historiens de l'antiquité. C'est Jules César, le mieux informé de tous, que je vais d'abord interroger
« L'intérieur de la Bretagne est habité, dit-il, par des peuples nés, selon
« la tradition, dans l'île elle-même, et le littoral, par des Belges qu'y avait
« attirés l'amour de la guerre et du pillage. Ces derniers ont presque tous
« conservé, dans leur nouvelle patrie, le nom des cités d'où ils sont sortis. . . .
«Parmi les Bretons, les Cantii, qui habitent le bord de la mer, sont de
« beaucoup les plus civilisés; leurs moeurs diffèrent à peine de celles des
« Gaulois 1 . »
«Britanniœ pars interior ah iis ineolitur,
« quos natos in insula ipsa memoria proclitum
« dieunt : maritima pars ab iis , qui prœde ac
« belli inferendi causa ex Bel gio transierant; qui
s «mestere lis nominibus civitatum appellautur,
«quibus orti ex civitatibus eo pervenerunt...
« Ex his omnibus longe sunt hurnanissimi qui
Cantium incolunt, que regio est maritima
« omnis, neque multum a gallica differunt con« suetudine.» (De Bell. gal. V, rai et m.)
A
PROLÉGOMÈNES.
Ainsi, selon César, la Bretagne, primitivement habitée par des populations réputées autochthones , aurait été, plus tard, envahie par des GalloBelges qui s'établirent sur le sol conquis 1 . Cette opinion, Tacite l'adopte,
de son côté , comme la plus vraisemblable :
«Quels ont été, dit le grand historien, les premiers habitants de la Bretagne, des indigènes ou des étrangers ? C'est ce qu'il est difficile de
« savoir dans ces pays barbares. . . A tout prendre, cependant, il est â présumer que les Gaulois ont occupé le littoral voisin du leur. Les cérémonies religieuses y sont nées des mêmes superstitions; le langage diffère
«peu 2 . »
Voici maintenant un troisième témoignage, celui du vénérable Bède,
l'homme le plus savant de son siècle , et qui connaissait à fond les origines
de la nation bretonne :
«Primitivement, l'île de Bretagne eut pour habitants les Brittones , dont
« elle a reçu son nom , et qui, sortis du tractus armoricanas , s'adjugèrent les
« régions méridionales du pays 3 . »
De ces textes rapprochés il est permis, ce semble, de conclure qu'à une
époque dont il est impossible de fixer la date , Albion fut d'abord occupée
par des tribus détachées des premières peuplades établies en Gaule; et que,
après un laps de temps plus ou moins considérable, d'autres tribus, parties
des mêmes rivages , c'est-à-dire des contrées occupées par les Belges , vinrent
s'emparer de la lisière maritime qui s'étend du pays de Kent aux promontoires de l'ouest.
Le mot Bele e , mal interprété par quelques savants allemands, a fait
croire que les Belges, en général, étaient des Germains 5 . C'est une grave
u
« .Et Beslo Blet° , ibi remanserunt atque,
agros colere eceperunt. s (De Bell. gall. V ,
a Cmterum Britanniam qui mortales initio
« coluerint , indigenu an adveeti , ut inter Barba« ros , parum compertum . In universum ta« men œstimanti Galles vicinum solum oceupasse
« credibile est; eorum sacra deprehendas, su« perstitionum persuasione : sermo haud mu!.
tum diversus. » (Agricol. xT.
In primis hœc insula Brittones, a quibus
nomen, aecepit, ineolas habuit, qui de tractu
«armorieano, ut fertur, Britanniam advecti,
«australes sibi partes islius vindiearurit. s (Berl.
)
« Hist. ecclas. I. I , c. i, Monum. Britann. histor.
in-fos. p. r og.)
Whitaker (Genuine history of the Britons)
a essayé de préciser eette date; mais ses assertions ne reposent que sur le témoignage de
Richard de Cireneester, dont voici les paroles :
« Ann. mund. M.M.M.—Cirta hœc tempora cul« tam et habitatam Britanniam arbitrantur nonnulli. »
Holtzmann a été plus loin eneore : il a
prétendu démontrer l'unité absolue des races
tudesque. et gauloise.
CHRONIQUE
D'ARTHUR DE RICHEMONT
CONNÉTABLE DE FRANCE, DUC DE BRETAGNE
(4393-4458)
PAR
GUILLAUME GRUEL
PUBLIÉE POUR LA SOCIÉTÉ DE L ' HISTOIRE DE FRANCE
PAR
ACHILLE LE VAVASSEUR _
A PARIS
LIBRAIRIE RENOUARD
H. LAURENS, SUCCESSEUR
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE L ' HISTOIRE DE FRANCE
RUE DE TOURNON, N°
M DCCC XC
249
6
CHRONIQUE
D'ARTHUR .-DE RICHEMONT
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR
A NOGENT-LE-ROTROU.
EXTRAIT DU RÈGLEMENT.
ART. 14. - Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et
choisit les personnes les plus capables d'en préparer et d'en
suivre la publication.
Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire
responsable, chargé d'en surveiller l 'exécution.
Le nom de l'éditeur sera placé à la tête de chaque volume.
Aucun volume ne pourra paraitre sous le nom de la Société
sans l'autorisation du Conseil, et s'il n 'est accompagné d'une
déclaration du Commissaire responsable, portant que le travail
lui a paru mériter d'être publié.
Le Commissaire responsable soussigné déclare que l'édition de
CHRONIQUE D ' ARTHUR DE RICHEMONT, préparée par M. Achille
LE VAVASSEUR, lui a paru digne d'être publiée par la SOCIÉTÉ
la
DE L ' HISTOIRE DE FRANCE.
Fait à Paris, le 30 novembre 1890.
Signé : M's DE BEAUCOURT.
' Certifié :
Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France,
A. DE BOISLISLE.
INTRODUCTION
1.
BIOGRAPHIE DE GUILLAUME GRUEL.
§ I.
FAMILLE DE GUILLAUME GRUEL (XIV e -XV e SIÈCLE).
La Chronique d'Arthur de Richemont, par Guillaume
Gruel; figure dans toutes les grande-collections de mémoires
sur l'histoire de France ; mais les éditeurs sont unanimes à
reconnaître leur complète ignorance sur la vie de ce biographe-, dont le travail, qualifié d'apologie, n'est consulté
qu'avec la plus grande défiance. Après avoir insinué timidement qu'il devait être Breton, on affirme peut-être avec
quelque témérité qu'il habitait, en 1427, la paroisse de SaintÉtienne à Rennes' ; un manuscrit de sa chronique lui donne
le titre de gentilhomme ordinaire de la maison du connétable de Richemont'; enfin, MM. Vallet de Viriville et
J. Quicherat prétendent, avec raison, il est vrai, mais sans
fournir la preuve de leur assertion, que Raoul Gruel et
Guillaume étaient frères 3, tandis que M. Petitot nie l'exis1. Article de P. Levot dans la Biographie bretonne, I, p. 849,
reproduit dans la Nouv. Biographie ge'n., t. XXII, p. 243.
2. Bibl. nat., ms. fr. 18697 ou ms. S, fol. 23 r°.
3. Article de M. Vallet de Viriville sur Raoul Gruel, dans la
a
ij
INTRODUCTION.
tence de textes établissant cette parenté, que M. Cosneau,
le dernier historien de Richemont, admet sans la considérer
comme absolument certaine s . En ajoutant à ces indications isolées quelques détails tirés uniquement de la Chronique de Richemont, l'on aura le sommaire complet de ce
que l'on sait actuellement sur Guillaume Gruel et sa famille.
De patientes recherches nous ont permis, malgré l'extrême
rareté des documents, d'arriver à des conclusions plus certaines.et d'élargir ce cadre trop restreint.
Le nom de cette famille, originaire de la Bretagne orientale 2, apparaît dans les actes dès le xrve siècle, et les Gruel,
gens de petite noblesse, fournissent alors à l'Église et aux
armées ducales plusieurs moines et écuyers, dont nous ne
connaissons guère que les noms. En 1320, nous trouvons
parmi les moines de Saint-Méen un Raoul Gruel, qualifié
de « prieur des plaids ,. » En 1398, Frère Simon Gruel représente le monastère de Saint-Melaine dans un procès porté
devant le Parlement de Bretagne, siégeant à Rennes *. Dans
le même siècle, un Guillaume Gruel figure dans la montre
d'Olivier de Montauban, faite à Dinan, le 16 janvier 13575;
il porte le titre d'écuyer : nous sommes donc en présence d'une
famille noble. C'est sans doute le même que l'on voit quelques
années plus tard, en juin 1363, au service de Maurice Mauvinet 6. On lit dans le Dictionnaire d'Ogée, à l'article QuéNouv. Biographie gén., t. XXII; J. Quicherat, Procès de Jeanne
d'Arc, 1847, IV, p. 315.
1. Collection Petitot, VIII, 405; Gosneau, le Connétable de
Richemont, 1886, p. 469.
2. Cf. ci-dessous, p. xviij.
3. « Prior placitorum. » Preuves de D. Morice, I, 1296. Saint-
Méen (sanctus Mevennus ou Mevennius), cant., Ille-et-Vilaine;
cf. sur ce monastère : Gallia christiana, XIV, 1018 et suiv.
4. Preuves de D. Morice, II, 687.
5. Ibid., I, 1504.
6. Ibid., I, 1558.
iij
dillac', qu'en 1400, le domaine de la Bodinaye appartenait
à un personnage de ce nom. Au mois de mai 1418, un autre
Guillaume fait partie des hommes d'armes désignés pour
accompagner le duc Jean VI dans son voyage à la Cour de
France, et il reçoit douze livres pour ses gages du mois
d'avril. En octobre, il lui est fait un nouveau paiement pour
le même objet, et il doit toujours suivre le duc lorsque
celui-ci ira vers le Roi pour travailler à rétablir la paix 2.
Quand, à la fin de 1424, Richemont, revenu à des sentiments
plus patriotiques et désireux de profiter des bonnes dispositions du Roi de France à son égard, se rendit à Angers, où
se tenait la Cour, il emmena une nombreuse escorte, dans
laquelle on remarque un Raoul Gruel qui fait partie de la
maison même du futur connétable, et un Guillaume Gruel
placé sous les ordres de Guillaume de Montauban 3. Avant de
poursuivre cette étude, il nous faut identifier ces Guillaume
Gruel, ainsi mentionnés à diverses reprises au xlv e et au
xve siècle.
Albert Le Grand, dans ses Vies des saints de la Bretagne', distingue deux Guillaume Gruel ; l'aîné, auteur
d'une chronique de Jean le Conquérant, ouvrage qui nous
est inconnu, et le jeune « chroniqueur des ducs François I e`,
Pierre II, Artus III et François II; » pour l'histoire de la
bienheureuse Françoise d'Amboise, il a emprunté à ce dernier plusieurs mentions contenues « ès chapitres 57, 59 du
livre I ; 42, 45, 46, 47 et 48 du livre III; 10, 16, 17, 18 et
21 du livre IV E . » Ce renvoi se réfère; croyons-nous, à un
manuscrit perdu de la Chronique de Richemont, qui ne
INTRODUCTION.
1. Dict. historique et géographique de la Bretagne, 1853, II, 386.
Quédillac, Ille-et-Vilaine, arr. de Montfort, tant. de Saint-Méen.
2. Preuves de D. Morice, II, 967-969.
3. Ibid., II, 1147, acte du 6 octobre 1424.
4. Cf. Vie du bienheureux Charles de Blois dans l'édit. de 1637,
p. 348, et dans l'édit. de 1837, p. 600.
5. Cf. édit. de 1637, p. 335, et édit. de 1837, p. 585.
iv
INTRODUCTION.
nous est pas parvenue ainsi subdivisée; la période qu'elle
embrasse correspond en effet au règne de quatre ducs,. mais
commence à Jean VI pour finir à la mort d'Arthur III. C'est
peut-être par une déplorable erreur qu'Albert Le Grand
attribue à Guillaume le jeune une chronique de François II,
et ne parle pas de celle de Jean VI : il est clair que chacun
des livres qu'il indique comprend l'histoire d'un duc; or,
d'après sa citation, il n'aurait rien emprunté au livre lI,
contenant précisément l'histoire du duc Pierre, époux de
Françoise d'Amboise, dont il a raconté la vie. En outre, on
trouve dans la notice consacrée à cette princesse au moins
deux mentions qui paraissent tirées de la partie de notre
chronique correspondant au règne de Jean VI; la première,
se rapportant aux années 1430 et 1431, a trait aux difficultés survenue alors entre le seigneur de Thouars et
Georges de la Trémoille, et aux premières négociations
entamées pour le mariage de Françoise d'Amboise ; la
seconde relate la maladie et la mort de Jeanne de France,
duchesse de Bretagne, arrivée en 1433'. Il est fort présumable que les deux chapitres presque consécutifs du livre I,
auxquels Albert Le Grand renvoie dans sa citation, contenaient les deux mentions que nous venons de signaler, et
que par suite ce livre I renfermait, non l'histoire de François le", comme il le dit par erreur, mais celle de Jean VI,
l'ouvrage entier s'arrêtant à la mort d'Arthur III.
Celui qu'Albert Le Grand appelle Guillaume Gruel le jeune
est donc, à notre avis, le chroniqueur de Richémont. Quant
à Guillaume l'aîné, il vivait certainement encore au commencement du xv e siècle, puisqu'il a écrit l'histoire de Jean
le Conquérant, mort seulement le t el novembre 1399, et
c'est sans doute le personnage désigné par Ogée comme possesseur, en 1400, d'une métairie à la Bodinaye, paroisse
de Quédillac. Il est absolument impossible de déterminer
1. Gruel, p. 76, 80 et 81, et Vies des saints, 1837, p. 547.549.
INTRODUCTION.
v
quels liens de parenté pouvaient exister entre ce Guillaume
Gruel l'aîné et son homonyme mentionné en 1357 et 1363;
mais il est bien certain qu'on ne peut les identifier l'un avec
l'autre. En effet, la métairie de la Bodinaye appartenait
encore, en avril 1427, à un Guillaume 2 ; en 1441, elle est
dans les mains de Raoul Gruel 3 , selon toute vraisemblance,
fils du précédent, et certainement frère du biographe de
Richemont, comme nous le démontrerons. Or, il n'est pas
très vraisemblable que le père de Raoul et de Guillaume
Gruel, celui-ci étant encore vivant en 1474, fût, dès 1357,
en âge de porter les armes.
En résumé, il faut distinguer trois personnages de cette
famille ayant porté le même prénom au xrve et au xv e siècle :
Guillaume I ee , que nous connaissons par les montres du
13 janvier 1357 et du 5 juin 1363 ; Guillaume II, probablement le chroniqueur de Jean le Conquérant, celui qu'Albert
Le Grand appelle l'aîné; enfin Guillaume III le jeune, qui
seul nous intéresse particulièrement. Nous n'avons plus à
nous occuper de Guillaume I e '.
1. Cf. ci-dessus, •p. ij.
2. On lit en effet dans la « Réformation de la noblesse de l'évêché de Saint-Malo, paroisse de Quédillac, 23 avril 1427 : Guillaume Levesque, Jean Fuxet, commissaires. Nobles : messire
Eustache de la Houssaye, à Cauléon, y a un métayer; Guillaume
Gruel, à la Bodinays, idem; Jean Le Léonnais, à son hostel de
la Houssaye, idem; Olivier Labbé, à son hostel de la Pellerais,
idem; Allain de Landugen, en son hostel de La Bouëre, idem;
Perret de Launay, à La Pellerais, métairie ancienne, idem; Jean
Rioux, en'son hostel de Brebuan ancien. » (Bibl. municipale de
Nantes, ms. fr. 54756, t. I, fol. 56 r°; cf. à la Bibl. nat., ms.
fr. 22320, fol. 715 v o . On trouve une liste de nobles presque identique, dressée la même année, mais par d'autres commissaires,
dans la publication suivante de M. Henri des Salles, Évesché de
Saint-Malo, anciennes réformations... Paris, 1864, in-8 e, p. 52.)
3. Évesché de Saint-Malo, anciennes réformations, p. 29. M. des
Salles a imprimé par erreur « La Robinaye» au lieu de « La Bodinaye ». (Cf. Bibl. municipale de Nantes, ms. fr. 54756, t. I, fol. 56.)
vj
INTRODUCTION.
En 1418, comme en 1424, nous sommes encore en pré-.
sence de Guillaume l'aîné , . A la première de ces deux dates,
le chroniqueur de Richemont était certainement trop jeune
pour figurer dans une compagnie d'hommes d'armes ; de
plus, il ne dit pas un mot dans sa biographie des préparatifs
faits pour le voyage de Jean VI à la Cour de France, événement qui avait cependant une certaine importance. On
pourra nous répondre que cela ne rentrait pas dans son
sujet, puisqu'en 1418 Richemont était prisonnier en Angleterre, et on fera remarquer que pour le voyage de ce dernier
à Angers, en 1424, le chroniqueur ne garde pas le même
silence ; il donne même une liste des seigneurs formant le
cortège de Richemont et il n'oublie pas le sire de Montauban, dans la compagnie duquel se trouvait précisément le
Guillaume Gruel mentionné dans l'acte du 6 octobre 1424.
Cette coïncidence entre le texte édité par D. Morice et le
récit même de notre chroniqueur mérite de fixer l'attention ;
cependant il ne faut pas y attacher trop d'importance ; Gruel
s'est en effet chargé de résoudre cette difficulté, et, dans l'appel qu'il fait en terminant son livre à la bienveillance de ses
lecteurs 2 , il avoue très sincèrement n'avoir appris que par
ouï-dire les événements antérieurs à l'élévation de Richemont à. la dignité de connétable ; ce n'est donc pas lui qui
se trouvait, lors du voyage d'Angers, dans la compagnie
du sire de Montauban, mais bien Guillaume Gruel l'aîné.
Il est probable que ce dernier était mort lorsque le chroniqueur du connétable commença à prendre des renseignements
et à réunir des notes pour le travail qu'il composa plus tard ;
c'est la raison pour laquelle il n'en parle pas dans cette
partie de son récit, où il mentionne plusieurs fois Raoul
Gruel, évidemment l'un de ceux qui vécurent « en la compaignie » de Richemont avant qu'il fût connétable et qui trans1. Cf. ci-dessus, p. iij.
2. Gruel, p. 233.
INTRODUCTION.
vij
mirent à son biographe des renseignements, fort concis du
reste, sur cette période, notamment sur le voyage d'Angers.
On trouve dans les registres des réformations de la noblesse
de Bretagne d'autres mentions que l'on doit encore appliquer à ce Guillaume l'aîné. C'est lui qui est signalé en 1427
comme propriétaire de la métairie de la Bodinaye à Quédillac 1 ; à la même époque , il résidait à Rennes , en la
paroisse de Toussaints 2 , et avait en outre un hôtel, franc de
fouage, dans la paroisse de Saint-Etienne-lés-Rennes , .
Les résultats de l'enquête des réformateurs montrent que la
famille de notre chroniqueur était d'une noblesse incontestable. Guillaume l'aîné, qui abandonna sans doute la carrière des armes à l'époque où Richemont devint connétable,
mourut probablement avant 1441, puisqu'en cette année sa
.
métairie de la Bodinaye appartenait à Raoul Gruel 4.
Raoul, seigneur de la Motte-Boutier 5 , du chef de sa femme,
est le personnage le plus considérable de cette famille, et il
paraît avoir joui de tous temps d'une certaine faveur auprès
d'Arthur de Richemont. Comme jusqu'en 1425 il est le
principal inspirateur du_récit de Guillaume le jeune, nous
croyons utile de résumer ici les renseignements que nous
avons pu réunir sur sa vie, ce qui nous aidera en outre à
déterminer ultérieurement les moyens d'information dont
notre chroniqueur disposait.
4. Cf. ci-dessus, p. v.
2. Communication de M. Pol de Courcy, d'après un registre
de réformation.
3. « Refformation de l'évêché de Rennes faitte en l'an 1427...
Sainct-Estienne près Rennes : Enqueste des exempts de la susdite paroisse faitte par Jarret Baude et Eon Pofraÿe, commissaires. Nobles :... Guillaume Gruel. » (Bibl. Mazarine, ms. fr.
n° 1879, fol. 1, r et 12 ve ; ce ms. du xvue s. est intitulé : « Réformation de la noblesse des évêchés de Rennes et de Don. s)
4. Cf. ci-dessus, p. v.
5. La Motte, domaine situé t Pleugueneuc, Ille-et-Vilaine,
arr. de Saint-Malo, cant. de Tinténiac.
viij
INTRODUCTION.
En voyant la métairie de la Bodinaye passer des mains de
Guillaume l'aîné dans celles de Raoul, nous avons été porté
à croire que celui-ci était fils du premier. En 1474, Guillaume le jeune est exempté de payer les droits de rachat dus
au duc par suite de la mort de messire Arthur Gruel, « son
neveu , ; » cet Arthur, qu'il ne faut pas confondre avec son
fils aîné, qualifié seigneur de Saint-Jean et de la Motte et
qui vivait "encore en 1487, étant le fils aîné de Raoul Gruel
et de Marie Boutier sa femme, il en résulte que Raoul est le
frère de Guillaume, et sans aucun doute son frère aîné, puisqu'il est mentionné dans la chronique comme témoin oculaire dès 1420, tandis que Guillaume ne parle de lui-même
qu'en 1434 2 . Le titre de chevalier qui lui fut conféré, le
1. Bibi. nat., ms. fr. 22318, p. 17.
2. Voir le Tableau généalogique, ci-dessous, p. xxj. Nous indiquons dans ce tableau ce que nous savons sur Arthur I er . (Bibi.
nat., ms. fr. 22318, p. 1030; ibid., Pièces orig. du Cabinet des
titres, ms. 480, fol. 19.) Son fils Arthur II naquit en janvier 1458,
époque où il fut baptisé. (Preuves de D. Morice, 11,1724.) En 1473,
il est dispensé par le duc de payer les droits de rachat dus après
la mort de sa mère Brigitte Boutier. (Bibi. nat., Collection de
Bretagne, ms. fr. 22318, p. 1030.) En 1480, il est poursuivi
par l'évêque de Saint-Brieuc pour excès commis dans le palais
épiscopal (ibid., p. 628), et arrêté pour ce fait au mois de mai de
l'année suivante (ibid., p. 629). Au commencement de 1481, il
fait partie de cinquante lances placées sous les ordres de Bertrand
du Parc. (Preuves de D. Morice, III, 389.) Il devient lui-même
capitaine de vingt lances en 1486 (ms. fr. 22318, p. 549), et prête
serment au duc l'année suivante, en qualité de capitaine de Ploërmel. (Preuves de D. Morice, III, 542.) En 1543, un Arthur est
encore signalé comme seigneur de la Haye-Boutier, domaine de
la paroisse de Rozlandrieux, dans l'évêché de Dol..(Bibl. municipale de Nantes, ms. fr. 54756, t. H, fol. 28 v o. Rozlandrieux,
Ille-et-Vilaine, arr. de Saint-Malo, cant. de Dol.) Ce dernier personnage ne figure pas dans notre Tableau généalogique, parce que
nous n'avons pu découvrir la place qui lui appartient. Nous avons
laissé de côté pour la mème raison Eustache Gruel, dont notre
chroniqueur signale (p. 136) la bravoure au siège de Montereau,
INTRODUCTION.
ix
rôle relativement important qu'il joua dans diverses négociations entreprises par le connétable suffiraient pour indiquer qu'il était le chef de la famille.
Les Gruel étaient vassaux des seigneurs de Montauban,
dont ils devinrent plus tard les alliés par le sang' ; c'est
dans leur maison que Raoul remplit d'abord les fonctions
auxquelles étaient tenus les jeunes nobles vis-à-vis de leur
suzerain. En 1420, Guillaume de Montauban' le donna, en
qualité d'écuyer tranchant, au comte de Richemont, alors
prisonnier du Roi d'Angleterre. Deux ans plus tard, il menait
à bonne fin la difficile négociation, qui amena le mariage de
son nouveau maître avec M m ° de Guyenne, soeur du duc de
Bourgogne, et veuve du Dauphin Louis; il assista en personne à ce mariage, célébré le 10 octobre 1423, à Dijon'.
La même année, il recevait une double mission auprès des
Cours de France et de Bourgogne'. En 1424, il faisait le
voyage d'Angers dans la suite de Richemont s . Pendant les
conférences qui précédèrent le traité d'Arras (1435), Richemont députà vers le duc d'Orléans, alors à Calais, Henri de
Villeblanche et Raoul Gruel, chargés de s'enquérir des intentions du célèbre prisonnier 6 .
Raoul se montre aussi brave guerrier qu'habile diplomate, puisqu'en 1439, il est armé chevalier sous les murs
en 4437. Le Compte de Guillaume Ripault (Pièce just. XXVII)
mentionne deux fois Eustache Gruel.
1. Par le mariage d'Arthur Gruel, fils de Raoul, avec Brigitte
Boutier, petite-fille de Jean Boutier et d'Isabeau de Montauban.
(Du Paz, Hist. généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, édit. 1620, p. 459; cf. le Tableau généalogique, ci-dessous,
p. xxj.)
2. Gruel, p. 21, note 2.
3. Ibid., p. 26 et 27; Preuves de D. Morice, II, 1173, 1174.
4. Gruel, p. 30; D. Félibien, Hist. de Paris, 1725, IV, 589 1 .
5. Cf. ci-dessus, p. iij.
6. Gruel, p. 103.
x
INTRODUCTION.
d'Avranches. Il accompagne, en 1442, le connétable dans
le Midi et prépare son second mariage avec Jeanne d'Albret'.
A partir de cette époque, il n'est plus mentionné dans la
chronique rédigée par son frère; mais il n'en continue pas
moins à bien servir son maître. En effet, devenu capitaine
de Solidor, et chambellan, il reçoit, à la fin de 1457 et au
commencement de l'année suivante, plusieurs présents et
pensions de Richemont, qui a ceint la couronne ducale.
Arthur III donne en outre à son fidèle serviteur une marque
de faveur spéciale en consentant à être le parrain de son
petit-fils Arthur Gruel 2 .
A une date qu'il est impossible de déterminer exactement,
Raoul épousa Marie Boutier, dame de la Motte, fille de Jean
Boutier et de Raoulete de Senedavi ; il en eut trois fils :
Arthur, qui est le père du filleul de Richemont, Robert et
Charles; les deux derniers ne laissèrent pas de postérité 3 .
Nous ignorons la date de la mort de Marie Boutier; mais
nous savons que, le lieu de sa sépulture ayant fait l'objet
d'une contestation de la part de Guillaume de la Barre, seigneur de la Colombière, celui-ci dirigea contre l'abbé de
Beaulieu et Arthur Gruel des poursuites dont nous ne connaissons pas le résultat'. Raoul mourut au commencement
de 1463, avant le 16 mai s .
Ajoutons, en terminant, que sa descendance s'éteignit au
commencement du xvl e siècle, et que l'on y rattache à tort
un Claude Gruel, seigneur de la Frette, que l'on trouve
mentionné dans un acte de 1596, conservé aux Archives
nationales s :
1. Gruel, p. 155 et 178..
2. Preuves de D. Morice, II, 1740, 1725, 1726, 1716,.724.
3. Cf. le Tableau généalogique, ci-dessous, p. xxj.
4. Bibl. nat., ms. fr. 22318, p. 620.
5. Cf. ci-dessous, p. xvj.
6. Cf. le Tableau généalogique, p. xxj ; Michaud, Biographie universelle, XVII, 633; Arch. nat., K 106, n e 3.
xj
INTRODUCTION.
§II.
GUILLAUME GRUEL BIOGRAPHE DU CONNÉTABLE
DE RICHEMONT.
(Né vers 1410, mort entre 1474 et
1482.)
Nous ne savons rien de précis sur la jeunesse âe Guillaume, frère puîné de Raoul, et auteur de la Chronique
d'Arthur de Richemont, quoiqu'il ne soit pas tout à fait
aussi inconnu que M. Petitot veut bien le dire'. Il parle
rarement de lui-même dans son oeuvre, et c'est toujours
d'une manière très brève. En ajoutant à ces renseignements
par trop concis ceux que nous offrent les rares documents
qui mentionnent notre chroniqueur, nous allons essayer de
donner sur sa vie quelques nouveaux détails.
Né dans les dix premières années du xve siècle, il fut sans
doute élevé, comme Raoul, dans la maison des seigneurs de
Montauban, dont il parle souvent dans la première partie
dé son récit. Vers 1425, c'est-à-dire cinq années après son
frère, il entra au service de Richemont, dèvenu connétable
de France. C'est ce qui ressort clairement du passage qui
termine la chronique, passage dans lequel il se présente
comme témoin oculaire à partir de cette époque et déclare
n'avoir plus besoin de chercher ses renseignements auprès
de ceux qui étaient « en la compaignie » de Richemont
« avant qu'il fust connestable 2 . » Dès lors, il suit son nouveau maître dans la plupart de ses expéditions militaires.
A la fin de 1434, entre le 17 octobre et le 13 décembre, fête
de sainte Lucie, Guillaume, préposé, avec deux autres
hommes d'armes, à la garde de Robert de Saarbruck,
damoiseau de Commercy, prisonnier sur parole, s'acquitta,
1. Collection de Mémoires, VIII, 405.
2. Gruel, p. 232, 233.
xij
INTRODUCTION.
parait-il, assez mal de sa mission ; car le sire de Commercy,
mécontent des procédés des gens d'armes du connétable,
oublia, comme cela lui arrivait trop souvent, ses solennelles
promesses, et trouva moyen d'échapper à ses trop confiants
gardiens. Guillaume, ainsi pris en faute, ne manque pas de
faire ressortir, à juste titre, d'ailleurs, la mauvaise foi de
son prisonnier ,.
En juin 1435, on le trouve près de Richard, comte
d'Etampes, l'un des frères de Richemont; la comtesse
d'Etampes ayant mis au monde un fils, qui devint plus tard
duc sous le nom de François II, Guillaume fut chargé de
porter cette heureuse nouvelle au connétable, alors sur le
point de se rendre au congrès d'Arras 2. Il ne l'accompagna
certainement pas dans ce voyage; car il n'eût pas manqué
de donner de plus amples détails sur le rôle de Richemont
dans les longues conférences qui précédèrent la conclusion
du traité. Il resta, croyons-nous, avec les troupes françaises
qui guerroyaient aux environs de Paris, puis se rendit à
Parthenay, la principale des seigneuries du connétable et
son séjour habituel lorsqu'il n'était pas en campagne. L'expression « s'en vint veoir madame de Guyenne, » que la
chronique applique à Richemont, donne à entendre que
Guillaume précéda son maître à Parthenay ; la mention des
passages multipliés de la comtesse d'Etampes par cette ville
ne peut laisser de doute sur le séjour qu'y fit alors Guillaume Grue1 3.
Quel rôle joua-t-il ensuite dans la campagne de 1'Ile-deFrance et de la Champagne, qui amena la reddition de Paris
et des places voisines ? La chronique et les documents ne
1. Gruel, p. 95, 96; Chronique du doyen de Saint-Thiébaut de
Metz, dans l'Hist. de Lorraine de D. Calmet, 1728, II, 218.
2. Gruel, p. 101 et notes 2, 4 ; Anselme, Ristoire généalogique,
1, 463.
3. Gruel, p. 110.
INTRODUCTION.
xiij
nous apprennent rien sur ce point. Cependant il assista à la
plupart des faits d'armes de cette époque ; les détails précis
et circonstanciés qu'il donne dans cette partie de son récit
sont là pour le prouver. En 1440, durant le siège de Meaux,
Richemont, maître de la ville, mais non de l'île du Marché,
confia la garde du pont qui reliait l'une à l'autre à des
écuyers de sa maison, au nombre desquels se trouvait Guil.laume'. La rapidité avec laquelle il passe sur les événements
militaires qui signalèrent la campagne du Bourbonnais et de
l'Auvergne, entreprise par le Roi et le connétable contre les
seigneurs coalisés, indique que Gruel n'assista en personne
qu'aux débuts de la Praguerie. La mention de la mort du
seigneur de Rostrenen, si singulièrement encadrée dans le
contexte, nous porte à croire qu'il résidait alors à Paris 2 .
Il est bon de remarquer que Mme de Guyenne y était arrivée
le 24 décembre 1438 3 , et n'avait probablement pas quitté
cette ville depuis lors. Gruel fut-il à cette époque attaché à
sa personne? Le fait ne nous paraît pas invraisemblable;
toujours est-il que, dans son testament du 14 janvier 1442,
elle n'oublia pas de lui faire un legs assez considérable'. En
cette même année, il suivit dans le Midi le Roi et le connétable qui se rendaient sous lès murs de Tartas pour empêcher cette place de tomber dans les mains des Anglais, et,
sept mois à peine après la mort de Mme de Guyenne, il assista,
ainsi que Raoul son frère, au mariage de Richemont avec
Jeanne d'Albret, célébré à Nérac, le 29 août s . Gruel énumère les chevaliers et écuyers de la suite du connétable qui
furent présents à cette solennité, et c'est dans ce passage
précieux que le chroniqueur, jugeant son travail assez
1. Gruel, p. 153.
2. Ibid., p. 160.
3. Ibid., p. 141.
4. Ce testament a été publié par M. Cosneau, dans le Connétable
de Richemont, p. 586-596; cf. p. 591.
5. Gruel, p. 178, 179.
xiv
INTRODUCTION.
avancé pour avoir quelque prix, revendique l'honneur de
l'avoir composé. Il quitta l'armée royale en même temps que
Richemont, rappelé en Bretagne pour assister à l'entrée
solennelle à Rennes du nouveau duc François. Gruel recevait alors dix écus de gage par mois à titre d'écuyer du
connétable'.
Quelques années plus tard, en 1450, nous le retrouvons
prenant une part active à la campagne de Normandie ; à
Formigny, il combat à côté du connétable, puis est commis
à la garde des otages après la reddition des villes de Caen
et de Cherbourg 2 . La conquête de la province étant terminée, le Roi en confia le gouvernement au connétable de
Richemont, qui y séjourna la plupart du temps, de 1451 à
1455 3 . Pendant la même période, Gruel resta vraisemblablement à Parthenay ; remarquons, en effet, la nuance des
termes employés dans la chronique : il dit ailleurs' que
Richêmont laissa à Paris M me de Guyenne fort malade et
« s'en alla à Parthenay ; » or, on sait qu'alors Gruel se
trouvait à Paris. Au contraire, dans le passage qui nous
occupe, il met toujours, en parlant des voyages faits par
Richemont de Normandie à Parthenay, « puis s'en vint à
Parthenay; » cette expression, plusieurs fois répétée à
quelques lignes de distance, indique clairement que Gruel
ne suivit pas alors le connétable, ce que l'on eût d'ailleurs
pu conclure de l'extrême brièveté des renseignements qu'il a
donnés sur le séjour de Richemont en Normandie, la cessation des hostilités ne suffisant pas à expliquer une telle concision.
Il ne fait plus dès lors aucune mention de lui dans sa
4. Cosneau, le Connétable de Richemont, p. 657; cf. à la Bibl.
nat., ms. fr. 20684, fol. 249 ro .
2. Gruel, p. 206, 213 et 214.
3. Ibid., p. 217 et suiv.; cf. la note 1 de la p.219.
4. Ibid., p. 172.
5. Ibid., p. 217 et suiv.
INTRODUCTION.
xv
chronique ; cependant nous pouvons encore suivre ses traces
pendant quelque temps, grâce à des textes publiés par
D. Morice dans les Preuves de son Histoire de Bretagne,
et à des extraits de la collection manuscrite dite de Bretagne, conservée à la Bibliothèque nationale. De même que
Raoul, il resta près de la personne de Richemont, devenu
duc', et reçut alors plusieurs marques de bienveillance.
Arthur III, voulant confier les villes de son duché à des
hommes sûrs et dévoués, institua, le • 5 octobre 1457,
divers capitaines de places, parmi lesquels nous retrouvons
bon nombre des compagnons d'armes de Guillaume, et il
n'oublia pas ce dernier qui fut nommé capitaine de Dol'. Il
conserva néanmoins le titre d'écuyer résidant, et recevait en
cette qualité une pension du nouveau duc, au commencement de 1458. Le 10 juillet de cette même année, il fut
chargé, avec le sire de Châteauneuf, de faire passer les
montres qui devaient avoir lieu dans l'évêché de Dol, le
1 e ' septembre suivant'. La situation des capitaines de Dol
était assez difficile, l'évêque et le duc se disputant le droit de
pourvoir à la garde de la•place 4 ; nous savons, il est vrai,
qu'en mai 1456, l'évêque Alain, cardinal de Sainte-Praxède,
reconnaissait que la garde de la ville et du château appartenait au duc, qui avait en outre divers autres droits , ; mais,
1. Preuves de D. Morice, II, 4722.
2. Ibid., 1710; cf. Bibl. nat., ms. fr. 22318, p. 570.
3. Ibid., 1725, 1716.
4. Voir aux archives de la Loire-Inférieure, E 184, un cahier
en papier d'une écriture du xve siècle contenant le « Sommaire
des causes... déférées en appel au Parlement s, dans lequel on
lit : Ensuyvent aucunes causes des regayres de Bretaigne
autresfoys dévolus par. apel en la Court de Parlement de Bretaigne... Du regaire de Doul : Entre l'évesque de Doul et le procureur de Rennes, sur le débat de la garde et capitaienie de la
ville et chasteau de Doul. D
5. « Adveu baillé au duc par Allain, cardinal de Sainte-Praxède,
évesque de Dol, par lequel il cognoist que la garde des ville et
C
xvj
INTRODUCTION.
malgré cet aveu, signé par l'évêque et scellé de son sceau, de
nouvelles difficultés s'élevèrent bientôt entre l'autorité ecclésiastique et le pouvoir militaire. Dans la première moitié de
1458, Jean Le Chevrier, « se disant scelleur de l'évêque de
Dol, » ayant manifesté certaines prétentions que Gruel refusait d'admettre, il en résulta un différend que Macé de la
Monneraie, lieutenant de Dinan, fut chargé d'examiner par
lettres du 10 juillet de cette année'. Guillaume eut-il gain
de cause ? Nous ne le savons pas ; mais il ne conserva pas
longtemps ses fonctions de capitaine, car on voit que, dès le
10 janvier 1459, il est remplacé par Jean Chauvin, chevalier, qui prête alors le serment accoutumé'.
Le 16 mai 1463, il fut exempté du paiement des droits de
rachat dus par suite de la mort de Raoulete de Senedavi,
belle-mère de Raoul Gruel. A quel titre Guillaume était-il
débiteur en cette circonstance ? Sans doute comme gardien
des enfants de son frère décédé'. Il eut plus tard à remplir le
cité de Dol avecq le château, appellé la tour Morice, appartient
au duc, et qu'il peut en la dite ville faire bastir telles forteresses
que bon luy semblera et que les appellations des juges et son
regaire ressortent à la Cour de Rennes, et de là en Parlement,
et jouir des regaires et temporel, le siège vacquant, le_tenir en
sa main, y commettre et instituer tous officiers de justice et de
recepte. Datté en may 1456; signé de sa main et scellé. Et outre
que le dit duc a droit d'avoir sceaux et tabellionnage en la dite ville
de Dol. D (Bibi. nat., ms. fr. 22319, p. 450.)
1. Preuves de D. Morice, II, 1717.
2. « Es diz jour et an [10e jour de janvier 1458 (anc. st.)]
messire Jehan Chauvin, chevalier, a fait semblable serment et
promesse [se porter bien et loyaument et faire tout ce qui sera
pertinent], touchant la cappitenie de Dol, et en a baillé pièges
Eonnet Sauvage, seigneur du Plesseix-Guériff, et Jehan Couedor,
quelx se y sont constituez en semblable forme. » (Archives de
la Loire-Inférieure, E 141, page 4.)
3. Le ms. fr. 22318 de la Bibi. nat. contient deux mentions
relatives à la mort de Raoulete de Senedavi : « Maintenue pour
messires Artur Gruel et Raoul Gruel sur un enfeu en l'église de
INTRODUCTION.
xvij
même office auprès de ses arrière-neveux; car, ainsi que
nous l'avons dit plus haut, en 1474, il fut encore exempté
de droits semblables à payer après la mort de son neveu
Arthur.
A partir de cette époque, le nom de Guillaume Gruel disparaît complètement des actes et de l'histoire. Aussi ne pouvons-nous déterminer qu'approximativement la date de sa
mort. Disons d'abord que nous ne pouvons accepter celle de
1504, qui est donnée, sans preuves à l ' appui, par M. Potier
de Courcy, dans son Nobiliaire et Armorial de Bretagne 2.
A notre avis, Guillaume était mort depuis longtemps; en
effet, le chanoine Le Baud, qui a écrit avant 1482 sa première Compilation des cronicques... des Bretons, met
à profit le travail de Gruel avec une liberté qu'il n'aurait
certainement pas eue si ce dernier avait été là pour revendiquer la propriété de son oeuvre ; nous aurons d'ailleurs à
revenir en détail sur cette question 3 . Qu'un Guillaume Gruel
soit mort en 1504, nous ne le contestons pas, ce nom paraît
avoir été assez répandu : on trouve des Gruel dans le Perche,
en Normandie et jusqu'en Dauphiné' ; mais il ne s'agit pas,
à cette date, du chroniqueur de Richemont, qui mourut,
selon toute probabilité, peu après 1474 et avant 1482.
Saint-Bria, en l 'évêché de Saint-Malo, auquel enfeu ils ont
depuis naguères fait inhumer Raoullette de Senedavi, ayeulle
du dict messire Artur. » (Ms. cité, p. 621.) « Don à Guillaume
Gruel du rachat escheu par le décez de feue Raoulete de Senedavy, autrefois femme de feu Jean Botier. 16 may 1463. » (Ms.
cité, p. 625.)
1. Ci-dessus, p. viij.
2. Voir la 2e édition, 1862, I, 388.
3. Cf. ci-dessous, p. xxij et suiv.
4. Cartulaire de l'abbaye de la Trappe, dans le Bulletin de la
Société historique et archéologique de l'Orne, 1885, t. IV, pièces 38,
39 et 40 ; Arch. nat., JJ 145, fol. 124 vo ; Bibi. nat., ms. fr. 20486,
fol. 110.
b
xviij
INTRODUCTION.
§ III.
LIEU D ' ORIGINE, SITUATION SOCIALE ET RELATIONS
DE GUILLAUME GRUEL.
La famille de Guillaume était vraisemblablement originaire de Quédillac én Bretagne, localité distante de deux
lieues environ de Montauban, où se trouvait le domaine de
la Houssaye-Gruel, qui était, an xv e siècle, nous ne savons
par suite de quelles mutations, passé entre les mains de Jean
Le Léonnais'. Cependant, si les Gruel avaient aliéné la terre
à laquelle était attaché leur nom, ils en avaient conservé
une autre à Quédillac même, celle de la Bodinaye, dont nous
avons déjà eu l'occasion de parler, et ils possédaient deux
hôtels, l'un à Rennes et l'autre à Saint-Étienne-lès-Rennes ;
de plus, Raoul acquit, par son mariage avec Marie Boutier,
la seigneurie de la Motte, à Pleugueneuc 2, paroisse située à
sept ou huit lieues au plus de Quédillac. Nous avons déjà
indiqué les rapports féodaux qui devaient exister entre la
famille de notre chroniqueur et les seigneurs de Montauban 3 .
Raoul gagna sur le champ de bataille le titre de chevalier ;
Guillaume, qui, dans certains manuscrits de sa chronique,
est rangé parmi les gens de « grant faczon 9 , » ne semble
pas avoir obtenu le même honneur. En effet, dans les énu1. Cf. ci-dessus, p. iij, note 1, et p. v, note 2.
2. C'est sans doute le même domaine qu'Ogée (Dict. hist. et
géogr. de la province de Bretagne, nouv. édit., II, 298) indique
sous le nom de la Motte-Gruel, comme appartenant, en 1500, à
Charles Gruel; la terre de la Motte-Boutier, qui n'est plus signalée
à cette dernière date, était devenue la Motte-Gruel en passant
dans la famille de notre chroniqueur.
3. Cf. ci-dessus, p. ix.
4. Gruel, p. 179, note 1.
INTRODUCTION.
xix
mérations d'écuyers nouvellement créés chevaliers sous les
murs de Sillé-le-Guillaume, en 1434, à la prise de Montereau, en 1437, et près d'Avranches, vers Noël 1439', ils
sont tous qualifiés par Gruel de « missire », titre qu'ils ne
portent pas auparavant dans la chronique ou dans les textes = .
Raoul Gruel, plusieurs fois mentionné avant 1440, est appelé
pour la première fois « missire » à cette date, où il reçut
l'ordre de la chevalerie, titre qu'il conserve dans la suite du
récit. Or, on ne voit pas que Guillaume ait été armé chevalier, ni qu'il soit traité comme tel dans les actes ; c'était seulement un écuyer noble.
Il a consigné, dans sa chronique, à diverses reprises, les
noms de plusieurs de ses compatriotes : Eustache de la Houssaye, Jean Le Léonnais, Olivier Labbé, Jean Riou, qui tous
possédaient des manoirs à Quédillac, les Le Vayer, propriétaires de la métairie de Champeaux à Saint-Étienne-lésRennes 3 . Le centre des relations de cetté famille est dans la
partie de la Bretagne orientale comprise entre Rennes, Pleugueneuc et Saint-Méen, cadre dont Quédillac et Montauban
occupent le centre.
Les mariages de Raoul et d'Arthur son fils, le premier
avec Marie de la Motte-Boutier, le second avec Brigitte de
la Haye-Boutier, rattachaient la famille de notre chroniqueur aux seigneurs de Montauban, de Beaumanoir et de
la Hunaudaye 4 . Guillaume avait donc dans le sein même de
sa famille des relations avec des personnages dont le nom
revient souvent dans son récit, et qui sont autant de témoins
1. Gruel, p. 85, 137, 155.
2. Pour Guillaume de Vendel, par exemple, mentionné p. 137,
cf. Preuves de D. Morice, II, 1174, 1626.
3. Cf. ci-dessus, p. v, note 2; bibi. Mazarine, ms. fr. 1879,
fol. 12 v o .
4. Voir le Tableau généalogique, ci-dessous, p. xxj; Hist. généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, par Du Paz, 1620,
p. 475 et 459.
xx
INTRODUCTION.
oculaires, auprès desquels il a pu prendre des renseignements exacts et de la plus haute valeur. En outre, tous ces
chevaliers et écuyers peu connus qu'il énumère parfois sont
ses compagnons d'armes, et, lorsque l'âge et les fatigues de
plusieurs campagnes l'obligèrent à abandonner la carrière
militaire, il dut conserver avec eux les rapports suivis que
fait naître ordinairement une longue confraternité d'armes,
et réunis ils aimaient sans doute à se rappeler les dangers
courus en commun , les victoires remportées et les villes
gagnées. Guillaume put alors rectifier, d'après leurs récits,
des erreurs que des souvenirs confus ou des notes incomplètes
avaient introduites dans sa narration , combler quelques
lacunes de son travail, et écrire, sous la dictée de ces vieux
guerriers, une histoire militaire presque complète de la première moitié du xve siècle.
TABLEAU GÉNÉALOGIQUE
DE
LA FAMILLE DE GUILLAUME GRUEL
Alain Boutier, seigneur de la Motte, épouse :
1° Alliotte de Mathelien, dame de la Claye,
dont il a :
Jeanne Routier, ,
mariée à Jean de Beaumanoir, seigneur du Besso;
2° ? ; il a de sa seconde femme :
Jean Routier, seigneur de la Motte, fils aîné
épouse Raoulete de Senedavi, morte en avril 1x63.
Guillaume Boulier, abbé de Beaulieu.
Guillaume Gruel l'aîné,
père (?) de
1
Marie Boutier, dame de la Motte, épouse Raoul Gruel.
1
GRUEL, chroniqueur
du connétable de Richemont.
GUILLAUME
1
Arthur I Gruel, seigneur de la Motte
et de la Bodinaye, épouse Brigitte de la Haye-Boulier,
et meurt avant le 29 novembre 1474.
Arthur II, seigneur de Sa' int-Jean et de la Motte,
épouse Jeanne de Couvran.
1
Françoise Gruel, fille unique, épouse le seigneur
de Pleumaugat et meurt sans héritiers directs.
Robert, mort sans' héritiers directs
en avril 1506.
Charles, mort (sans héritiers
directs.
I4
xxij
INTRODUCTION.
II.
COMPOSITION ET SOURCES
DE LA CHRONIQUE D'ARTHUR DE RICHEMONT.
§I.
LIEU ET DATE DE COMPOSITION DE LA CHRONIQUE.
Il est assez difficile de déterminer d'après le contenu de la
chronique le lieu où elle a été rédigée; Gruel cite un très
grand nombre de villes situées dans les régions les plus
diverses, sur lesquelles il possède des renseignements généralement exacts; on ne peut par suite ranger son travail parmi ]es chroniques purement locales, ni en tirer des
conclusions précises pour la question que nous venons de
poser. Cependant il est présumable que Guillaume a passé la
fin de sa vie dans un des domaines que sa famille possédait
dans la Bretagne orientale'. Est-ce à Rennes, ou à Quédillac? Nous savons qu'en 1441 la métairie de la Bodinaye,
située dans cette dernière localité, était entre les mains de
Raoul Gruel 2 ; aucun texte ne nous dit exactement à qui
appartenaient, dans la deuxième moitié du xv e siècle, les
possessions des Gruel à Rennes; néanmoins il est possible
que Gruel hâbitât cette dernière ville lorsqu ' il commença à
rédiger sa chronique; en effet, donnant à l'année 1422 des
détails assez étendus sur la reconstruction des fortifications
de Rennes faites par les conseils de Richemont, il termine la
description des travaux accomplis par ces mots « comme
1. Gruel ne cite pour ainsi dire pas une seule localité de l 'ouest
de la Bretagne, qu'il ne parait pas connaître.
2. Cf. ci-dessus, p. v.
INTRODUCTION.
xxiij
povés veoir, » qui semblent indiquer que le chroniqueur les
avait alors sous les yeux Remarquons en outre qu'il ne
manque jamais de signaler l'entrée solennelle des nouveaux
ducs de Bretagne à Rennes P .
Il conçut le projet de composer sa chronique bien avant
de l'exécuter, et dut prendre au jour le jour de nombreuses
notes qu'il n'eut plus ensuite qu'à réunir dans un ordre
chronologique plus ou moins rigoureux. Il est évident qu'il
mit ces notes en oeuvre seulement après la mort d'Arthur III ;
plusieurs passages dispersés de la chronique ne laissent
aucun doute à cet égard, notamment le début : « Cy commence la cronique de très hault et très exellant prince de
bon memoire Artur
qui regna trop petit en Bretaigne,
car il ne fut duc que quinze moys 3 . »
Gruel a donc commencé son travail après le 26 décembre
1458; il était certainement terminé avant 1482, puisque Le
Baud l'a intercalé dans la Compilation qu'il présenta vers
cette époque à Jean de Derval, seigneur de Châteaugiron
Mais il nous semble possible de restreindre notablement ce
laps de temps. Il faut remarquer en effet que Gruel ne dit
1. Gruel, p. 24.
2. Ibid., p. 180, 216 et 224.
3. Ibid., p. 1, et en outre ibid., p. 11 : « monseigneur Richart
de Bretaigne, qui puis après fut conte d'Estempes et seigneur de
Cliczon; » p. 17, 18, la relation de la bataille d'Azincourt qui n'a
été écrite qu'après 1436 (cf. ci-dessous, p. xxx) ; p. 29 : « il convenoit passer par Normandie qu 'il [Bedford] tenoit pour lors; »
p. 36 : « et trouva le royaume le plus au bas que jamais fut et le
laissa le plus entier qu'il fut passé à cccc ans; » p. 76 : a et là fut
entreprins le mariage de monseigneur Pierres de Bretaigne, qui
puis fut duc, et de madainoiselle I+rançoyse d'Amboyse qui puis
fut duchesse; » p. 93 : i le duc de Bar qui est à present Roy de
Cecille; » p. 180 : « ... maistre Robert de la Riviere qui puis fut
evesque de Rennes; » p. 232 : a et depuis sa mort, la duchesse
Katherine, son espouse, a fait parachever les cloaistres... »
4. Cf. ci-dessous, p. xxvij.
xxiv
INTRODUCTION.
rien du rôle néfaste joué par Arthur dè Montauban dans le
différend, qui s'éleva entre le duc François et son frère Gilles
et qui aboutit à l'assassinat de ce dernier'. Cette réserve, qui
montre l'attachement de Gruel pour ses anciens maîtres,
nous porte à croire que cet épisode fut relaté à une époque où
Arthur de Montauban vivait encore, c'est-à-dire avant 1468.
Evidemment Gruel connaît toutes ces choses « qui furent
données à entendre » au Roi et au duc François. Il se tait,
par prudence d'abord, pour ne pas s'aventurer sur un terrain
fort épineux; il est facile de constater qu'il ne jouit pas de
la même liberté que Le Baud et Albert Le Grand, qui nous
montrent Arthur de Montauban animé alors d'une grande
perversité ; ensuite Gruel devait avoir quelque répugnance à
rappeler les méfaits d'Arthur, dont la famille touchait de si
près à la sienne, et qui, devenu à la fin de sa vie moine
célestin, fut bientôt promu archevêque de Bordeaux. En
outre il pouvait craindre de déplaire à Jean de Montauban,
qui mourut en 1466 2.
Vers la fin de son récit, Gruel fait une allusion, d'ailleurs
assez brève, aux' difficultés qui surgirent entre le duc
Arthur III et « l'evesque de Nantes, nommé Guillaume de
Malestroit, » prélat que l'on trouve appelé « le plus mauveis
ribauld traître que vous veistes oncques3. » Guillaume de
Malestroit, évêque de Nantes en 1443, se démit de cette
dignité au commencement de 1462, époque où il fut nommé
archevêque de Thessalonique ; il mourut au Mans le 17 août
1492'. Or il faut remarquer que Gruel prend la précaution
de spécifier l'évêque de Nantes dont il s'agit, d'où l'on pourrait présumer que Guillaume n'occupait plus le siège de
Nantes au moment où le chroniqueur écrivait. Une autre
1. Gruel, p. 191-193; Albert Le Grand, Vies des saints de Bre- tagne, 1837, p. 553, 554 ; Bibi. nat., ms. fr. 8266, fol. 367 v^, col. 2*.
2. Nouv. Biographie gin., XXXVI, p. 113 et 114.
3. Gruel, p. 228.
4. Gallia christiana, XIV, 829.
INTRODUCTION.
xxv
remarque qui est encore plus digne d'attention, c'est que
Gruel n'eût sans doute pas osé, même sous l'égide d'autrui,
appeler « ribauld traître » un prélat occupant le siège
épiscopal de Nantes, c'est-à-dire un des personnages les plus
considérables de Bretagne. La disgrâce que dénote l'éloignement de Guillaume de Malestroit en 1462 pouvait seule permettre une telle hardiesse d'expression.
'En résumé la chronique du connétable de Richemont,
commencée après la mort de ce dernier, écrite certainement
entre 1459 et 1482, a été très probablement terminée après
1462 et avant 1466, date de la mort de Jean de Montauban.
SOURCES DE LA CHRONIQUE.
Gruel ne cite aucune soûrce écrite; faut-il le croire sur
parole lorsqu'il affirme avoir vu lui-même la plupart des
faits dont il nous a transmis le récit, * et avoir eu connaissance des autres par des rapports de témoins oculaires? Il
n'est pas besoin de démontrer tout l'intérêt que présente la
solution de cette question pour déterminer la valeur historique de la biographie du connétable. Sommes-nous en présence d'un travail original écrit entièrement par un contemporain et sous la dictée de contemporains, ou bien n'est-ce
qu'un ouvrage de seconde main, basé sur des chroniques
antérieures, une sorte de compilation dans laquelle l'écuyer
de Richemont aura intercalé çà et là quelques souvenirs
personnels? Les analogies frappantes qui existent entre sa
chronique et certains passages de la partie correspondante
des Croniques annaulx et de la première Compilation
du chanoine Le Baud donnent à cette question une importance capitale; mais le peu de renseignements que l'on
possède sur l'origine, les sources et la date de la rédaction
xxvj
INTRODUCTION.
des Croniques annaulx, le silence que garde P. Le Baud
sur les annales bretonnes, dont il a tiré la fin de sa première Compilation, en rendent la solution embarrassante.
Ces deux ouvrages, il ne faut pas l'oublier, ne sont que
des compilations, des assemblages de chroniques ou d'extraits de chroniques plus ou moins bien reliés entre eux,
tandis que Gruel revendique hautement l'honneur d'avoir
écrit son ouvrage à l'aide de ses souvenirs et de ses informations personnelles : ce qui établit déjà une présomption en
faveur de l'originalité de la biographie du connétable.
Examinons d'abord les liens qui unissent les Croniques
annaulx et la chronique de Gruel.
Les Croniques annaulx, dont nous ne connaissons que
des fragments (de 593 à 1463), publiés par D. Lobineau',
étaient un recueil d'extraits, principalement en latin, de chroniques anciennes, de chartes et même de légendes, qui aurait
été formé vers 1464 2 . Mais de ce que cette compilation s'arrête en 1463, on n'en peut conclure aveé'certitude qu'elle ait
été faite dès l'année suivante ; la date de 1464, attribuée à la
formation de ce recueil, est donc purement hypothétique et ne
peut nous arrêter dans notre argumentation. Pour constater
l'étroite parenté qui existe entre les Croniques annaulx
et l'oeuvre de Gruel, il suffit d'y lire la relation de la campagne de Richemont dans le Maine et la région voisine;
la version latine des Croniques annaulx reproduit littéralement le passage de Grue1 3. Quel est le texte original?
On serait porté à croire au premier abord que Gruel est
le traducteur, puisque nous savons qu'il n'a connu qu'indirectement les événements de cette époque; cependant il
n'en est certainement rien. Il est évident en effet que le
1. Hist. de Bretagne, II, 351-368.
2. Bibl. nat., Collection de Bretagne, ms. fr. 22326, p. 319.
3. Gruel, p. 9, 10; Croniques annaulx dans l'Hist. de Bretagne
de D. Lobineau, II, 366, 367.
INTRODUCTION.
xxvij
compilateur des Croniques annaulx traduit un texte français qu'il a sous les yeux ; son vocabulaire de latiniste
n'étant pas très riche, il est obligé de reproduire des mots
français dont il ne trouve pas l'équivalent en latin; c'est ce
qui lui arrive la plupart du temps pour les noms propres et
même, ce qui est important à remarquer, pour des noms
communs, par exemple, dans ce cas « cepit d'assault
Sillé... » Assurément, si le compilateur avait eu le choix
dans l'expression de cette idée, il n'eût pas intercalé le mot
« d'assault » au milieu de sa phrase latine; s'il le fait, c'est
parce qu'il veut rendre entièrement la pensée exprimée par
son devancier, c'est parce qu'il agit en traducteur consciencieux, qui sacrifie l'élégance et la correction à l'exactitude.
Cette partie des Croniques annaulx est donc la version latine d'un texte français, qui sans doute n'est autre
que la chronique de Gruel, composée entre 1462 et 1466.
Dans quelle mesure le compilateur a-t-il utilisé la biographie de Richemont, il est impossible de le dire d'une manière
précise, puisque nous n'avons que des extraits des Croniques annaulx; mais il nous suffit d'avoir montré que très
probablement son ouvrage, loin de compter parmi les sources
de la chronique de Gruel, n'en est, au moins dans le passage
ci-dessus indiqué, qu'une traduction d'ailleurs très fidèle.
Arrivons maintenant à l'examen des rapports que nous
avons signalés entre la première Compilation de Le Baud
et notre chronique. Les renseignements sont un peu moins
rares ; nous savons que Pierre Le Baud composa sa Compilation des cronicques et ystoires des Bretons avant
1482, puisqu'il en fit hommage à Jean de Derval, seigneur
de Châteaugiron, mort le 31 mai de cette année'. D. Lobineau reproduit dans son Histoire de Bretagne 2 une miniature tirée de l'ancien manuscrit de cette compilation, qui
9. Levot,
2.
I, 822.
Biographie bretonne, 9852, I, 335.
xxviij
INTRODUCTION.
représente Le Baud à genoux offrant son livre à Jean de
Châteaugiron, assis et entouré de quelques dames et seigneurs. Puisque nous sommes amené à parler de cet ancien
manuscrit, signalé par D. Morice comme se trouvant de son
temps à la Bibliothèque du Roi, disons que, contrairement
à l'opinion exprimée par Gaillard 2 , l'indication donnée
par D. Morice devait être exacte : si le manuscrit de la première Compilation de Le Baud sortit pour un temps de la
Bibliothèque du Roi, il y est rentré et se trouve aujourd'hui
classé sous le n° 8266 du fonds français (supplément) ; après
le texte de l'ouvrage 3, on trouve la miniature reproduite
dans l'Histoire de Bretagne de D. Lobineau.
Nous n'énumérerons pas ici tous les points de contact que
nous avons remarqués entre la Compilation de Le Baud et
la chronique de Gruel; il est facile de s'en rendre compte à
l'aide des extraits que nous donnons dans nos pièces justificatives'. Dès 1847, M. J. Quicherat n'avait pas hésité à considérer la biographie du connétable de Richemont comme
la source principale de la partie correspondante de l'ouvrage
du chanoine Le Baud 5 . A vrai dire, les deux auteurs sont
contemporains, ils ont écrit à une dizaine d'années d'intervalle; mais, à priori, entre un compilateur comme Le Baud
et un biographe spécial comme Gruel, il n'est pas permis de
refuser au second le titre d'auteur original. Les passages
communs aux deux auteurs offrent ce caractère particulier
qu'ils concernent tout spécialement la Bretagne. Ainsi Le
Baud ne dit pas un mot de la prise de Giac par le connétable, épisode raconté avec assez de détails par Gruel 6 ;
même silence de Le Baud pour les événements étrangers à la
Hist. de Bretagne, I, 7.
Notices et Extraits des mss. de la Bibliothèque royale, VII, 415.
Au fol. 393 v°. .
Pièce just. I.
Procès de Jeanne d'Arc, IV, 315.
6. Gruel, p. 46-50.
1.
2.
3.
4.
5.
INTRODUCTION.
xxix
Bretagne, qui remplissent les chapitres xLII-xLVIU' ; l'intervention de la Pucelle le fait sortir de sa réserve ordinaire
pour tout ce qui rentre dans l'histoire générale; il omet
presque entièrement le chapitre LI 2 , puis les chapitres LIII,
Lv, LVI, LvU 3 , et d'autres concernant la campagne de l'Ilede-France qui aboutit à la prise de Paris, événement que le
compilateur breton ne fait guère que rappeler en passant.
Ces indications , que nous pourrions multiplier encore,
tendent à montrer dans quelle mesure et d'après quelle méthode Le Baud a utilisé la chronique de Gruel, qui n'est
d'ailleurs pas la seule source mise en oeuvre par le compilateur dans cette partie de son récit. Quelquefois il date d'une
manière plus précise l'événement raconté par son devancier : il nous apprend ainsi l'année du mariage de Jeanne
de France avec le duc de Bretagne celle de la révolte de
Saint-Brieuc 5 . Si l'on admet que Gruel est le plagiaire,
comment expliquer qu'il ait omis ces dates et plusieurs
autres? Il est bien plus vraisemblable de croire que Le Baud,
compilant plusieurs chroniques antérieures, a complété les
renseignements contenus dans la biographie du connétable;
mais, en général, lorsque celui-ci est directement mis en
scène dans les événements concernant spécialement la Bretagne, Le Baud ne fait que paraphraser la chronique de
Gruel. Nous demanderons à ceux qui pourraient conserver
quelque doute sur ce fait de citer la chronique à laquelle Le
Baud a emprunté la fausse date de 1421 (pour 1422) qu'il
assigne à la mort de Henri V, roi d'Angleterre, et à celle
de Charles VI ; évidemment ce ne peut être qu'à l'oeuvre
de Gruel, qui a précisément commis cette erreur s . Dans la
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Gruel, p. 57-68.
Ibid., p. 74.
Ibid., p. 80, 82-404.
L, fol. 338 v o , col. 2 ; Gruel, p. 5.
L, fol. 339 r°, col. 1; Gruel, p. 7.
L, fol. 352 v°, col. 1 ; Gruel, p. 27, 28.
xxx
INTRODUCTION.
seconde Histoire de Bretagne que Le Baud entreprit plus
tard sur l'ordre de la Reine Anne, duchesse de Bretagne, il
eut soin de rectifier cette date Donc, même pour la partie
de son récit antérieure à 1425, Gruel n'a pas utilisé de
sources écrites, et sa chronique a été traduite dans certains
passages des Croniques annaulx, mise en oeuvre et parfois copiée presque littéralement dans la première Compilation de Le Baud.
Rien ne s'oppose à ce que nous ajoutions foi à l'affirmation de Guillaume Gruel, lorsqu'il divise lui-même sa chronique en deux parties au point de vue des sources : la
première entièrement inspirée par la tradition orale et s'étendant jusqu'à la nomination de Richemont connétable de
France, en 1425 ; la seconde écrite, sinon entièrement, au
moins en majeure partie, par un témoin oculaire.
Dans ]a première partie, le récit de la bataille d'Azincourt
est sans doute l'un de ceux que Gruel apprit de la bouche
même de Richement E . Le chroniqueur nous le donne bien à
entendre lorsqu'il raconte que, vers le milieu de 1436, son
maître, passant par Azincourt, au retour d'un voyage dans
les états du duc de Bourgogne, « devisa à ceulx qui là
estoient comme la bataille avoit esté 3. » Il serait téméraire
d'affirmer que la scène de la « decongnoissance » provient
de la même source : Richemont, fait prisonnier à la bataille
d'Azincourt, retrouva en Angleterre sa mère qu'il n'avait
pas revue depuis sa première jeunesse; cette longue séparation empêcha son fils de la reconnaître; l'épisode est rapporté en termes fort touchants par le chroniqueur. Il ne
resta auprès de Richemont, pendant son séjour en Angleterre, qu'un seul serviteur nommé Catuit 4 . Le fait même
1.
2.
3.
4.
Le Baud, Hist. de Bretagne, édit. d'Hozier, 4638, p. 462.
Gruel, p. 233.
Ibid., p. 126.
Ibid., p. 19.
INTRODUCTION.
xxxj
de la mention de ce personnage permettrait peut-être de le
considérer comme l'inspirateur de ce récit. Gruel n'ayant
pu se procurer d'autres détails sur la captivité de Richemont, sa chronique présente une lacune de près de cinq
années dont il n'est nullement question. Selon toute apparence, il a'connu par son frère Raoul la plupart des événements qui suivent jusqu'à 1425; en effet, celui-ci, faisant
partie depuis 1420 de la maison de Richemont', se trouvait par suite en rapport constant avec lui; à partir de
cette année jusqu'au voyage de Richemont à Angers 2, il
n'est pas mentionné moins de cinq fois. Ces fréquentes citations, le rôle important que la chronique lui attribue dans
les événements de cette période nous le désignent clairement
comme l'inspirateur des chapitres xvil à xxv.
Dans la seconde partie de la chronique (1425-1458),
Gruel nous apparaît presque toujours comme un témoin
oculaire, et s 'il mentionne quelque événement sur lequel il
ne possède que des renseignements de seconde main, il le
fait avec une brièveté caractéristique. Nous ne serions pas
surpris qu'il eût eu à sa disposition; outre ses propres notes
et les communications de ses compagnons d'armes, certaines
pièces d'archives, notamment des rôles d'hommes d'armes
et des lettres émanant du connétable. Si l'on rapproche, en
effet,. les renseignements contenus dans une lettre adressée
par Richemont aux habitants de Lyon, le 28 juillet 1425,
de l'énumération des seigneurs qui se joignirent à lui pendant son différend avec le Roi, on peut supposer que Gruel a
eu connaissance soit d'une copie de cette lettre, soit encore,
ce qui serait aussi vraisemblable, d'un rôle contenant les
noms des gens d'armes qui vinrent alors se ranger sous la
bannière de son maître 3 .
1. Gruel, p. 21.
2. Ibid., p. 34.
3. Cf. Gruel, p. 37,
et
la
lettre du 28 juillet 1425, dans la
Revue
xxxij
INTRODUCTION.
Nous devons signaler également certaines analogies que
nous avons remarquées entre quelques passages de l'oeuvre
de Gruel et les chroniques de Berry et de Mathieu d'Escouchy. La campagne entreprise par le connétable en mars 1434
est racontée parfois en termes presque identiques dans la
chronique de Gruel, et, d'une manière plus abrégée, dans
celle de Berry ' ; mais celui-ci ne donne aucun détail qu'on
ne rencontre dans l'oeuvre du premier, dont le récit est en
outre plus complet. Si l'on admettait que l'un des deux chroniqueurs a eu connaissance du travail de l'autre, évidemment ce passage de la biographie du connétable devrait, et
par son étendue et par les matières qui y sont traitées,
être considéré comme la source originale. Cependant il ne
faut peut-être pas trop s'étonner de la ressemblance dont
nous venons de donner un exemple, puisque les deux chroniqueurs étaient bien souvent témoins oculaires des faits
qu'ils ont rapportés, et que de plus le premier, en sa qualité
de roi d'armes de France, et le second, comme écuyer du
connétable, se trouvaient dans une situation également favorable pour suivre de près les opérations militaires.
Le chapitre xxxli de la chronique de Mathieu d'Escouchy
nous paraît en majeure partie extrait, non du Recouvrement de Normandie par Berry, que M. de Beaucourt
indique avec raison comme la source générale utilisée dans
cette partie 2 , mais de la chronique de Gruel, notamment le
récit des voyages du connétable vers le duc de Bretagne, de
(l'histoire nobiliaire, directeur M. Sandret, 1882, p. 457, et en
tirage à part dans les Lettres du connétable de Richemont, publiées
par M. de Beaucourt, 4883, gr. in-8°, p. 5.
1. Comparer notamment l'indication du jour et du lieu assigné
comme rendez-vous aux Français sous les murs de Sillé-le-Guillaume dans Gruel, p. 83, et dans Berry, édit. de D. Godefroy,
Hist. de Charles VII, p. 387.
2. Chronique de Mathieu d 'Escouchy, t. I, p. xxxvnr.
INTRODUCTION.
xxxiij
la fortification de Saint-Aubin', des courses faites aux environs de Fougères, de la prise de Saint-James de Beuvron et
de Mortain, enfin de l'attaque dirigée sur Tombelaine 2 .
On remarque une grande concordance entre les différentes
relations du « recouvrement de Normandie » ; mais, si nous
reconnaissons l'auteur de l'ouvrage qui porte ce nom comme
un témoin oculaire, nous ne pouvons accorder le même titre
à Mathieu d'Escouchy, qui a dû, à notre avis, utiliser, non
seulement le travail de Berry, mais aussi la biographie de
Richemont, spécialement pour le récit de la bataille de Formigny et de la prise. de Vire. Parmi les mentions caractéristiques communes aux chroniques de Gruel et de Mathieu
d'Escouchy, nous citerons : 1° l'arrivée pendant la nuit à
Saint- Lô d'un messager envoyé au connétable par le comte
de Clermont 3 ; 2° la présence d'un moulin à vent dans l'endroit occupé par Richemont sur le champ de bataille' ;
3° le soin pris par le connétable et le comte de Clermont de
faire enterrer les morts 5 ; 4° le séjour des deux comtes à
Saint-Lô pour « eulx refreschir e »; 5° bien que Mathieu
d'Escouchy fixe à 4,000 francs et Gruel à 4,000 écus la
rançon de Henry de Norbery, capitaine anglais de Vire, il
y a des analogies d'expression entre les deux auteurs'.
4. Cet événement n'est pas signalé dans le Recouvrement;
cf. Cronicques de Normendie, édit. Hellot, p. 102.
2. Gruel, p. 195 et suiv.; Chronique de Mathieu d'Escouchy, I,
171-175.
3. Gruel, p. 205 ; Chronique de Mathieu d'Escouchy, I, 279-280;
Cronicques de Normendie, p. 145.
4. Gruel, p. 206; Chronique de Mathieu d'Escouchy, I, 283; Cronicques de Normendie, p. 146.
5. Gruel, p. 208; Chronique de Mathieu d'Escouchy, I, 285; les
Cronicques de Normendie ne mentionnent pas ce fait, cf. p. 147.
6. Gruel, p. 208; Chronique de Mathieu d'Escouchy, I, 286; cette
mention fait défaut dans les Cronicques de Normendie, p. 148.
7. Gruel, p. 208 ; Chronique de Mathieu d'Escouchy, I, 287 ; mention moins complète dans les Cronicques de Normendie, p. 148:
c
xxxiv
INTRODUCTION.
Puisque Gruel n6us a signalé à diverses reprises sa présence dans la campagne de la Basse- Normandie, nous
n'avons aucune raison pour hésiter à le reconnaître, après
cette étude comparative, comme auteur d'une oeuvre entièrement originale qui paraît avoir été discrètement utilisée
dans la Chronique de Mathieu d'Escouchy.
ÉDITIONS ET MANUSCRITS.
§ I.
ÉDITIONS.
Dans le commencement du xvn° siècle, Théodore Godefroy, comprenant l'importance de l'oeuvre de Gruel, en
donna une première édition', d'après un manuscrit qui lui
fut communiqué par le savant Peiresc 2 . C'est à tort que
Œttinger 3 et la Nouvelle Biographie générale, celle-ci
reproduisant un article de M. P. Levot dans la Biographie
bretonne, indiquent une édition antérieure sous le titre de :
Histoire du vaillant chevalier Arthus, fils du duc de
Bretaigne, 1521 (alias 1522 ), in-4° gothique 4. Nous
sommes persuadé qu'elle n'a jamais existé. Les autres bibliographies anciennes et modernes, les catalogues des grandes
bibliothèques des deux derniers siècles, notamment ceux que
4. Histoire d'Artus II!, duc de Bretaigne, et connestable de France.
Contenant ses mémorables faicts depuis l 'an 1413 jusques à l'an 1457.
De nouveau mise en lumière par Théodore Godefroy. Paris,
Abraham Pacard, 1622, in-40.
2. Cf. ci-dessous, p. xliij.
3. Bibliographie biographique universelle, 1854, I, 69.
Ii. Nouv. Biographie gén., XXII, 243.