Introduction - Editions Dricot

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Introduction - page 1
Introduction
Depuis de nombreuses années, une amitié indéfectible me lie à Vladimir Pletser,
responsable des vols paraboliques à l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et candidat
astronaute belge. Vladimir fait partie des 5 candidats astronautes sélectionnés par la Belgique
en 1991 mais malheureusement, son rêve d’aller dans l’espace ne s’est pas encore concrétisé.
Nous avons déjà vécu pas mal d’aventures ensemble, comme voler en impesanteur, ou
encore assister à un lancement de la navette spatiale emmenant notre ami commun JeanFrançois Clervoy. Vladimir m’a également conseillé lors de la rédaction du scénario de mes
bandes dessinées Tania.
Sur l’Île de Devon, dans le Grand Nord Canadien, en juillet 2001, Vladimir a participé à
une mission de simulation de séjour sur la planète Mars, à bord de la « Flashline Mars Arctic
Research Station ».
Là-bas, dans un cratère météoritique, la Mars Society américaine a installé un Module
Spatial, un habitat martien dans lequel se relayent des équipages d’ « astronautes » qui
simulent un travail à la surface de la planète rouge. L’isolement est total et les sorties se
déroulent en scaphandre spatial.
Cette aventure exceptionnelle, Vladimir me l’a fait vivre jour après jour grâce aux courriels
qu’il me faisait le plaisir de m’envoyer. Il la partage encore régulièrement avec son public lors
de ses passionnantes conférences.
Quelques mois plus tard, Robert Zubrin, le président de la Mars Society, le sollicite pour
participer à une seconde expérience, similaire, cette fois à bord d’un module, le Mars Desert
Research Station, installé au beau milieu du désert de l’Utah, dans l’Ouest américain. C’est
ainsi que Vladimir fait partie d’une seconde mission de simulation en avril 2002.
Petit à petit germe l’idée : « Moi aussi j’aimerais participer à une telle aventure. Ne seraitce pas là l’occasion d’apporter ma modeste pierre à la conquête spatiale ? » Mais dans quel
équipage pourrais-je être sélectionné ? Les missions de simulation sont avant tout
scientifiques, moi je ne le suis guère.
Enseignant détaché à l’Euro Space Society de l’astronaute belge Dirk Frimout, je suis
chargé d’encadrer les Classes de l’Espace à l’Euro Space Center de Redu, dans les Ardennes
belges. Ne serait-il pas intéressant de développer une telle idée de simulation martienne dans
ce formidable outil pédagogique qu’est l’Euro Space Center ? En plus de nos traditionnels
stages d’astronautes, nous avons développé parallèlement d’autres types d’activités telles que
le « Rocket Camp » (fabrication de micro-fusées) et l’ « Astro Camp » (stage d’astronomie),
pourquoi ne pas mettre sur pied un « Mars Camp » : à l’image des missions de simulation
organisées par la Mars Society, des jeunes s’enfermeraient quelques jours dans un module
spatial et vivraient comme s’ils venaient de débarquer sur Mars.
Le Directeur de l’Euro Space Center, Jean-Marcel Thomas, séduit par le projet, entame
avec l’aide précieuse de Vladimir Pletser les démarches auprès de Robert Zubrin.
Pour préparer au mieux ces futurs « Mars Camp », l’idéal serait qu’un membre de l’équipe
pédagogique de l’ESC puisse participer à une mission à bord de la station arctique ou
désertique de l’Utah.
L’idée se concrétisera en septembre 2001, à l’occasion d’un congrès international de la
Mars Society à Rotterdam (Pays-Bas). Je m’y rends en compagnie de Jean-Marcel Thomas et
d’un autre membre de l’équipe pédagogique. Vladimir, qui habite en Hollande, vu qu’il
travail au centre de l’ESA à Noordwijk, nous rejoint.
Là, je prends vraiment conscience que l’aventure martienne est en route et que de vrais
passionnés de Mars existent.
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© EDITIONS DRICOT – LIEGE-BRESSOUX – BELGIQUE.
La préparation à la mission - page 2
Robert Zubrin nous accorde quelques minutes d’entretien et se montre très intéressé par
nos projets, et à notre question de savoir si des membres de l’équipe pédagogique pourraient
faire partie d’un équipage à bord de l’une des deux stations de la Mars Society, Zubrin nous
répond par l’affirmative. Trois places pourraient nous être accordées, mais dans trois
équipages différents.
Pour des raisons pratiques, nous irons dans la MDRS de l’Utah. Nous venons de gagner
notre ticket pour Mars !
Zubrin s’inquiète cependant de connaître notre bagage scientifique, de notre connaissance
de l’anglais et de notre condition physique. Trois conditions sine qua none. Nous lui
promettons de mettre au point une expérience scientifique, géologique.
Quinze jours plus tard, lors de mon arrivée matinale à l’Euro Space Center, le Directeur
m’annonce qu’il vient d’être averti qu’une place sera libre au sein de l’équipage MDRS-7,
déjà au mois de novembre ! « Es-tu prêt à relever le défi ? », me demande-t-il.
Une occasion pareille ne se représentera sans doute pas de sitôt. Je serai le deuxième Belge
sur Mars.
La préparation à la mission
Quatre semaines !
Quand la Mars Society nous a fait savoir que je pourrais participer à la mission MDRS-7,
un mois seulement me séparait de mon départ pour la planète rouge ! Les choses se
précipitaient bien plus vite que je l’avais imaginé !
Me préparer à cette mission en plus de mon boulot à l’Euro Space Center ! Je tenais
absolument à ajouter une expérience scientifique à mon travail pédagogique. Je ne voulais pas
faire pauvre figure à côté de mes futurs coéquipiers martiens. Ce sont des scientifiques qui
constituent les équipages de ces simulations … et moi, je ne suis pas de cette race-là …
Passionné d’espace, certes, mais de là à « rivaliser » avec des chercheurs, n’allais-je pas me
trouver ridicule ?
Le défi à relever était de taille et heureusement le soutien que j’ai reçu de partout le fut
aussi.
La nouvelle de ma sélection connue, je téléphone à mon ami Lucien Halleux1, géologue et
ancien candidat astronaute belge. Nous avions déjà évoqué les futurs Mars Camp ensemble et
avions émis l’idée d’expérimenter dans ce cadre un radar d’étude du sous-sol, le GPR
(Ground Penetrating Radar), radar utilisé par la société G-Tec de Spa qu’il dirige.
Lucien Halleux s’enthousiasme aussitôt. Il me promet toute l’aide nécessaire, et m’assure
de la collaboration de la maison suédoise Mala Géoscience conceptrice de ce radar. Cette
société prendra l’acheminement d’un GPR dans un lieu proche de la Station Martienne, où je
pourrais en prendre livraison.
Mes quelques heures de loisirs et mes derniers week-ends sont alors consacrés à l’étude du
fonctionnement du GPR. Dans ce but, je me rends plusieurs fois à Spa, afin de me familiariser
avec lui. Je n’oublierai pas de si tôt le regard amusé des passants, me voyant arpenter la petite
place devant la gare, tirant derrière moi une espèce de traîneau (le radar) et portant de façon
malhabile un sac à dos (contenant l’unité de contrôle) et un ordinateur portable sur mon
ventre ! « Qu’est-ce que c’est que ça pour un martien ? », auraient-ils pensé !
1
Lucien Halleux est directeur de G-Tec S.A. La société, qui compte une dizaine d’ingénieurs et de géologues, effectue des
mission de prospection géophysique dans le monde entier, sur terre et sur mer. Lucien Halleux est également enseignant, à
temps partiel, à l’Université de Leuven (KU Leuven) et à l’Université de Liège (U Liège). Il fait partie de la sélection 1991
des candidats astronautes belges, tout comme Vladimir Pletser et Frank De Winne.
À l’été 2004, G-Tec s’est implantée en région liégeoise.
Le Dr. Halleux est également d’une aide précieuse dans la préparation du projet « Mars Camp » à l’Euro Space Center de
Transinne.
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La préparation à la mission - page 3
Je prends également des contacts téléphoniques avec mon futur Commandant de bord,
Charles Frankel, et j’échange plusieurs courriels avec les autres membres de l’équipage. Ces
contacts préliminaires me rassurent et me mettent en confiance.
N’empêche, quatre semaines pour préparer une telle expédition, se mettre dans la peau
d’un martien, c’est vraiment peu. Mais je ne pouvais pas rater une telle opportunité. Trop tard
pour reculer car l’Euro Space Center compte sur moi.
Charles Frankel m’annonce également que nous aurons des quads (ou ATV en langage
martien : All Terrain Vehicle) à notre disposition. Oulala, je n’ai jamais piloté ces bêtes-là !
Et il va falloir le faire en scaphandre spatial ? Ça va être du sport !
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