La Bologne rouge et l`horizon bleu - VCS Verkehrs
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La Bologne rouge et l`horizon bleu - VCS Verkehrs
Edition spéciale voyages mAGAZINE LA MOBILITÉ NOUVELLE Partir La Bologne rouge et l’horizon bleu Europe Randonnée Les meilleures liaisons ferroviaires Nouvelle perspective sur le Tessin Page 25 Page 42 3 / juin 2011 Passez avec toute votre famille des moments inoubliables à Europa-Park et découvrez des attractions palpitantes ainsi que des spectacles fascinants. Réservez votre excursion d’une journée ou votre séjour à Europa-Park avec ou sans voyage en train. www.cff.ch/europa-park Nouveau en 2011: forêt enchantée et attraction «Volo da Vinci» RailAway Moments palpitants à Europa-Park. -FW±MP BQQSPQSJ± QPVSWPUSF WPZBHFè 2VFDFTPJUQPVSVOF FYQ±EJUJPOPVVOF CBMBEFMFXFFLFOE OPVTBWPOTQPVSWPVT MFW±MPJE±BM 1MVTEJOGPT GSTJNQFMDIPV © Peter Krebs © CFF 25 © Urs Geiser L’Europe en train La nouvelle carte de l’ATE donne de précieux détails 42 34 Alta Via Maggia Un nouvel itinéraire à découvrir ACTUEL 4 29 Instantanés FRANCE 6 Hambourg La froide hanséatique frappe par sa diversité SERVICE FRANCE 30 La Corse à vélo L’horizon bleu ALLEMAGNE 12 PORTRAIT 34 I TA L IE 14 La diva tombée en disgrâce 20 PORTRAIT SUI SSE-I TA L IE 22 À Venise par la voie des eaux Hambourg la bien aimée SUISSE 38 Autour du Lac Léman SUISSE 42 Nouvelle perspective sur le Tessin 48 PORTRAIT 50 CONCOURS EUROPE 25 Les meilleures liaisons par train Page de couverture Les temps sont durs pour Bologne la rouge, mais sa beauté reste intacte. Photo: Peter Krebs. ATE Magazine la mobilité nouvelle Le magazine de l’ATE Association transports et environnement. Paraît 6 fois par an. Adresse de la rédaction: ATE, case postale 8676, 3001 Berne (tél. 0848 611 613; e-mail: [email protected]). Rédaction: Peter Krebs (pk). Pages régionales: Urs Geiser, Noëlle Petitdemange. Annonces: Katharina Rutishauser (tél. 058 611 62 54, fax 058 611 62 01; e-mail: [email protected]). Graphisme: www.muellerluetolf.ch, Susanne Troxler. Impression, distribution: Ziegler Druck, Winterthour. Papier: Charaktersilk, 100% recyclé. Tirage: 88000 (français 17000, allemand 71000). Prochaine édition: 28 juin 2010. Remise des annonces: 31 mai 2010. Renseignements: tél. 0848 611 613 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 3 ACTUEL Instantanés Editorial Bonnes salutations de l’Europe Les voyages à l’étranger font souvent la part belle à l’avion. Ce moyen semble plus rapide et meilleur marché que le rail. Ceux qui ont beaucoup de bagages misent sur la voiture. Par contre, le chemin de fer, respectueux de l’environnement, n’a pas la cote auprès des voyageurs. Sous certains points de vue, il ne peut que s’en prendre à lui-même. Les voyages transfrontaliers sont trop compliqués. Des liaisons directes et des trains de nuit ont été rayés, le chemin de fer fait le gros dos au transport de vélos, Des services de bus ont dans un premier temps été instaurés et testés dans quatre régions pilote. Les excursionnistes ont accueilli l’offre avec engouement. Au cours des deux premières années d’essai, le bus alpin a transporté au total environ 23 000 passagers. Depuis 2009, le bus alpin est financièrement indépendant de la Confédération ce qui ne compromet aucunement son succès. Entre-temps, il transporte près de 30 000 voyageurs par an dans les sept régions desservies. Distingué par plusieurs prix, le bus alpin s’est imposé comme exemple parfait pour le développement d’offres de transports publics en montagne adap- Le bus alpin dessert sept régions Le bus alpin soutenu par l’ATE s’impose. Il dessert entre-temps pendant l’été sept régions de montagne. Aussi étoffée qu’elle soit, l’offre des transports publics en Suisse présente certaines lacunes. Bon nombre de destinations touristiques en montagne sont mal desservies, voire pas du tout. Etant peuplés par moins de cent habitants, ces lieux d’excursion passent à travers les mailles du financement du trafic régional. Le bus alpin a été introduit en 2005 pour remédier à cette carence. il manque une information unitaire et fiable. Récemment, à la gare de Bologne, souhaitant me renseigner quant aux j’ai d’abord été envoyé de gauche à droite, jusqu’à ce qu’un employé pense à l’Internet: le site de la Deutsche Bahn. Cependant, le chemin de fer a beaucoup d’avantages. Contrairement à l’avion, il arrive au centre ville. Les temps de parcours et les tickets sont plus avantageux que l’on croit. Le magazine de l’ATE permet de combler les lacunes d’information. Au milieu de ce numéro (pages bleues), vous trouverez une carte indiquant les villes aisément atteignables, ainsi que des suggestions utiles, dans un format condensé. Notre (quatrième) numéro spécial sur le voyage sert, comme de coutume, de foire aux idées pour des voyages dans notre pays et dans les pays voisins. Pour des randonnées, des tours à vélo, des visites de villes et un parcours d’aventure en canoë, de Locarno à Venise (retour en train!). Il y a des trains directs qui relient la Serenissima à la Suisse. Le canot pliant peut être transporté comme bagage. Même le retour de Bologne s’est bien terminé. Depuis cette belle ville, il y a plusieurs liaisons journalières pour la Suisse qui admettent les vélos, chargés par les voyageurs ou transportés dans la housse. Il faut juste savoir lesquelles : les compagnies de chemins de fer ont encore du travail, pour que leurs voyageurs en aient moins. Peter Krebs, rédacteur en chef 4 Vacances écologiques en Suisse De nombreuses offres et possibilités ainsi que les partenaires respectifs facilitent l’organisation de vacances en Suisse respectueuses de l’environnement. Il suffit de les connaître. Le Magazine ATE montre la voie. Mobilité douce: L’organisation Suisse Mobile se définit comme réseau national destiné à la mobilité douce. Surtout efficace dans les domaines des loisirs et du tourisme, elle coordonne un réseau d’itinéraires officiel et balisé de manière uniforme pour la randonnée, le vélo, le VTT, le roller et le canoë. Le réseau est constitué des meilleurs itinéraires nationaux et régionaux. Grâce à des étapes découpées en fonction des transports publics, ces itinéraires conviennent aussi pour des excursions d’une journée. Des guides ainsi qu’un site Internet informent largement sur les itinéraires et l’off re de prestations de service (www. suissemobile.ch). Rent-a-bike (www.rentabike.ch, tél. 041 925 11 70) est la bonne adresse pour louer des vélos dans de nombreuses gares ainsi que dans cer- taines auberges de la jeunesse. Réservations et transport des bagages: La société Swisstrails rend les offres accessibles sur tous les 22 itinéraires nationaux du projet Suisse Mobile. En plus des offres forfaitaires, le nouveau service «Swisstrails à la carte» permet de composer des programmes de voyages individuels d’une durée indéfinie tout en profitant du confort d’hébergements réservés à l’avance et © SuisseMobile trains qui permettent le transport de vélos vers la Suisse, ATE MAGAZINE / JUIN 2011 © DR ACTUEL Instantanés Plus de passagers dans les transports publics Les trois principales entreprises des transports publics ont enregistré l’an dernier une forte croissance du nombre de voyageurs. Le bus alpin facilite en été l’accès sans voiture au haut plateau de Greina. du transport des bagages (www. swisstrails.ch, tél. 044 450 24 34). Transports publics (TP): Les sites Internet des entreprises TP fournissent souvent aussi des tuyaux de voyages aussi bien pour les particuliers que pour des groupes. Voici quelques adresses utiles : www.cff.ch, tél. 0900 300 300 (CHF 1.19/min. à partir d’un poste fixe); www.railaway.ch ; www.bls.ch (Berne/Valais) ; www.carpostal.ch. Lorsque l’offre du bus alpin (entre parenthèses le début de la saison): Chasseral BE (30 avril 2011), Thal SO (1er mai 2011), Moosalp VS (18 juin 2011), Binntal VS (18 juin 2011), Greina et vallée de Blenio GR/TI (24 juin 2011), Gantrisch BE (25 juin 2011, Alp Flix GR (2 juillet 2011). (com) Horaires sur www.busalpin.ch les transports publics ne peuvent plus répondre à la demande, il reste toujours le taxi des Alpes (www.alpentaxi.ch). Hébergements particuliers: De nombreux prestataires de Suisse proposent des hébergements dans des décors de rêve. En font notamment partie la plupart des cabanes CAS en montagne (www.sac.ch, tél. 031 370 18 18), les maisons des Amis de la Nature, principalement dans (com) les Préalpes et dans le Jura (www. amisdelanature.ch, tél. 031 306 67 67) et les auberges de la jeunesse situées le plus souvent en plaine et dans les villes (www. youthhostel.ch, tél. 044 360 14 14). Les membres de ces organisations bénéficient de réductions sur leurs nuitées. Quant à Patrimoine suisse, l’organisation gère un service d’information et de réservation pour des vacances chic dans des demeures classées (www.magnificasa.ch, tél. 044 252 28 72). C’est plus facile pour dormir sur la paille (www.schlafim-stroh.ch, tél. 041 678 12 86) et les vacances à la ferme (www. reka.ch, service de réservation). Actions en faveur de l’environnement/enfants : Différentes possibilités s’offrent également à celles et à ceux qui ont envie d’entreprendre quelque chose d’utile pendants leurs vacances. La Fondation Actions en Faveur de l’Environnement (FAFE) organise, propose et gère des chantiers de volontaires à travers Le canoë fait également partie de l’offre d’itinéraires de SuisseMobile ATE MAGAZINE / JUIN 2011 © Patrimoine Suisse tées à la demande. La fondation en avril 2011 d’une association constitue la base pour étendre le service à d’autres régions. L’association est financée par les cotisations des régions respectives ainsi que des organisations nationales responsables dont fait également partie l’ATE. Les sept régions suivantes profitent de L’année dernière, les CFF ont transporté 951 000 personnes en moyenne par jour: plus que jamais auparavant. Le nombre de passagers a augmenté de six pour cent par rapport à 2009. Le trafic voyageurs international a quant à lui progressé au-dessus de la moyenne. Les CFF ont réussi à augmenter leur part de marché par rapport aux autres moyens de locomotion pour la porter à 25,2 pour cent (2009: 24,6). Cette part de marché est particulièrement élevée parmi les navetteurs: aujourd’hui, un salarié sur trois se rend à son lieu de travail en train. La deuxième plus importante compagnie ferroviaire de Suisse, le BLS, a elle aussi enregistré une forte croissance. Le nombre des voyageurs a en effet progressé de 3,8 pour cent pour atteindre presque 50 millions. Quant au car postal, il a pour la première fois franchi en 2010 la barre des 100 millions de kilomètres parcourus. La demande a elle aussi atteint un nouveau record avec 121,2 millions de voyageurs. La maison « Unteres Turrahus », vallée de Safien, accueille désormais les vacanciers. toute la Suisse. Ils travaillent en groupes, pour la protection de la nature et l’entretien du patrimoine paysager. L’accent est mis sur la construction de murs de pierres sèches (www.umwelteinsatz.ch, tél. 033 438 10 24). Une dernière chose : Il est également possible de passer des vacances écologiques à l’étranger. Le voyagiste partenaire de l’ATE voyages via verde est spécialisé dans ce domaine (www. voyages-via-verde.ch, tél. 0848 823 824). Renseignements supplémentaires sur les suggestions d’excursions du Magazine ATE sur www.ate.ch/excursions). 5 ACTUEL Dossier Horizon bleu Texte et photos: Daniel Anker 6 « L’année prochaine, j’irai à la mer », disent les Français quand ils en ont assez de la montagne. Sur la Côte d’Azur et dans les calanques marseillaises, on a les deux : les Alpes et une vue dégagée sur la Méditerranée. Grande randonnée le long des plus belles côtes d’Europe. FRANKREICH Wandern La randonnée à travers les Calanques offre de très beaux coups d’œil sur la côte blanche et sur la mer: les falaises de la Grande Candelle. «M on aspiration précoce pour le ciel méridional »: cette formulation poétique constitue le premier titre du premier tome d’une œuvre en quatre volumes parue en 1818/19. L’auteur attiré par le Sud était un pasteur de Karlsruhe du nom de Christian Mylius. Le récit de voyage presque interminable porte comme titre « Pittoresque périple pédestre à travers le Midi de la France et une partie de Haute-Italie». Il nous faudrait avoir autant de temps que le pasteur infatigable. Pas seulement ATE MAGAZINE / JUIN 2011 pour voyager, mais aussi pour écrire. Les quatre tomes épais peuvent être achetés en ligne sur www.zvab.com ou consultés à la bibliothèque nationale à Berne. Mais ils sont trop précieux et bien trop lourds pour être emportés. Dans le quatrième livre, en début du chapitre 60, Mylius a noté: «Le chemin est large et grimpe par degrés durant deux heures, longeant souvent des précipices vertigineux. Ici, sur les hauteurs, nous avons pu savourer une fois encore la vue splendide sur Fréjus et la ravissante vallée fertile, le cours d’eau, le port, la mer, Saint-Raphaël et les montagnes de Saint-Tropez.» Et c’est précisément Saint-Tropez que nous avons choisi comme point de départ de notre randonnée direction ouest le long de la Côte d’Azur. «Toutes les côtes françaises sont hospitalières et libres. Le sable n’est pas compartimenté, exploité et cloisonné en parcelles à l’italienne, chacun profite du libre accès à la mer. » Publié il y a cinquante ans, l’ouvrage «Voyages en France » de Wolfgang Koeppen n’a rien perdu de son actualité et de la joie que procure la lecture. Certes, sur la Plage de Pampe- 7 FRANCE Randonnée Près du Cap Camarat, les vagues encerlent les rochers plantés dans la mer. lonne, les carrés VIP s’alignent côte à côte et comptent une ribambelle de boîtes de nuit fréquentées par la faune tropézienne. Mais ces zones ne vont pas jusqu’au bord de mer et l’on peut toujours flâner le long de la plage. C’est précisément ce qui donne tout son charme à ces promenades sur la Côte varoise qui relie Le Trayas dans l’Estérel à Les Lecques près de Saint-Cyr-sur-Mer. Le Sentier du littoral suit en grande partie les 432 kilomètres de la Côte varoise. Nous en parcourons 128 kilomètres auxquels s’ajoutent les 42 kilomètres jusqu’au Cap Canaille à Cassis et sa falaise maritime culminant à près de 400 mètres, la plus haute de France. Sans oublier les dix heures de marche à travers la mer de roche des calanques de Marseille – un final à couper le souffle d’une randonnée sur la Côte d’Azur en neuf étapes avec une durée de marche totale de 56 heures. Le Sentier littoral permet de décou- 8 vrir une Côte d’Azur plus ou moins restée intacte depuis tout ce temps: une côte scintillant en tons rougeâtres et jaunâtres avec des arbres verts et les embruns blancs, une eau merveilleusement bleue et un ciel azuréen. En plus, le sentier pédestre donne aux promeneurs l’agréable sensation de pouvoir jouer un tour aux propriétaires privés. Il a en effet été aménagé le plus souvent entre les terrains immobiliers et la mer. On a ainsi dépensé des fortunes dans les villas autour du Cap de Saint-Tropez qui n’accèdent cependant pas à la plage où passe le Sentier littoral discrètement balisé en jaune. Puis nous poursuivons notre chemin et voyons s’envoler la supposée magie des propriétés privées. Le changement social et végétal est particulièrement stupéfiant sur la Côte varoise. Cela a été rendu possible grâce au sauvetage de tronçons côtiers devant les projets de construction, mais aussi grâce à la confirmation du concept du Sentier du littoral en 1986 par la Loi Littoral. Le Cap Taillat n’est relié à la terre ferme que par une étroite langue de sable: en 1970, le Club Méditerranée avait acquis ce coin charmant de la Côte d’Azur pour y construire un village de vacances. Le projet de construction a pris du retard, le permis de construire a été retiré et le Conservatoire du Littoral a été en mesure de racheter l’îlot en 1987. Aujourd’hui, les promeneurs peuvent à nouveau emprunter librement les 38 kilomètres de chemin autour de la presqu’île de Saint-Tropez. Nous décidons de passer le premier jour sur la Plage de Pampelonne. Tantôt, ce sont les vacanciers en maillot de bain qui se font remarquer, tantôt ceux qui n’en portent pas. Les randonneurs avisés enlèvent leurs bottes pour se promener une heure pieds nus sur le sable. A droite l’odeur de crèmes solaires et d’amour, à gauche la mer et les bateaux à moteur. Ceux qui se fixent pour but d’en- ATE MAGAZINE / JUIN 2011 FRANCE Randonnée trer dans chaque restaurant et bar situé entre la Plage de Tahiti et la Bonne Terrasse n’arriveront jamais au bout de leur programme. En revanche, qui sait résister à toute tentation, tel Ulysse ignorant au large les chants des sirènes, aura en fin de compte des jambes aussi lourdes que les bras des plagistes en fin de saison. Les jambes et les bras sont mis à rude épreuve pendant la quatrième étape entre Le Lavandou et Les Salins-d’Hyères, autour du Cap Bénat. Le Sentier littoral s’arrête alors brusquement, nous laissant face aux rochers sur lesquels vont venir s’échouer les vagues si possible en douceur. A partir de là, pour avancer, nous avons besoin en plus de nos pieds aussi de nos mains. Quelques flèches jaunes indiquent l’itinéraire approximatif. Mais c’est à nous de décider où nous voulons poser un pied ou trouver une prise pour les mains. Jamais difficile, ce n’est pourtant pas non plus facile ; les Français appellent ce type de randonnée «sportif » : une sorte de randonnée d’escalade. Des roches d’ardoise totalement lisses puis tranchantes, jaunes et gris, avant que ne ressurgisse soudain une anse de rêve à laquelle on n’accède qu’ainsi – ou en bateau. Quant au président français, il n’y viendra sans doute qu’en limousine ou en hélicoptère. Sa résidence d’été, le Fort de Brégançon, ne se trouve en effet qu’à une encablure de là. Nous faisons le salut militaire et poursuivons notre route. Quel bonheur de marcher et de s’accorder un verre en fin de journée ! Une petite mousse bien fraîche et méritée après le parcours exigeant qui nous conduit du Cap de Carqueiranne jusqu’à la plage du Mourillon, avec vue sur l’entrée du port de Toulon. Plus tard, nous nous régalons dans un restaurant de poisson de la capitale du département du Var. Le lendemain matin, nous prenons le bus pour rejoindre le point de départ de l’étape suivante, le tour du Cap Sicié qui s’enfonce dans la mer comme la proue d’un bateau immobile: encore un passage côtier de rêve traversant une végétation luxuriante. En contraste saisissant se présentent à nous les escaliers partiellement rouillés entre Sanary-sur-Mer et Bandol: sensations fortes pour nous autres piétons. beauté m’a réconcilié avec le monde. Toujours. C’est vrai qu’elles sont belles, les calanques. Il ne suffit pas de le dire, il faut s’y rendre. Mais on n’y arrive qu’à pied ou en bateau.» C’est ainsi que l’auteur marseillais Jean-Claude Izzo décrit les excursions de son héros Fabio Montale du polar politique «Chourmo» dans les paysages calcaires situés entre la deuxième plus grande ville de France et la Méditerranée. Les calanques: une réserve naturelle longue de 20 et large de 4 kilomètres. C’est en juin 2011 que naîtra officiellement le Parc national des Calanques. Une idée judicieuse car ce paysage aux fjords profondément encastrés est absolument unique, pas seulement en Europe. Précisons toutefois que les calanques – traduction: pentes raides, criques) n’appartiennent plus à la Côte d’Azur (qui commence près de Bandol) mais à la Provence. « Parfois je partais me promener dans les calanques, Sormiou, Morgiou, Sugiton, En-Vau… Des heures de marche avec mon sac à dos. Je transpirais et perdais mon souffle. Je restais cependant d’attaque. Mes doutes et mes craintes se sont estompés. Mes angoisses aussi. Leur Le sentier pédestre entre le Cap Bénat et le fort de Fort Brégançon (en bas). Coteau fleuri près du Cap Sicié (à droite). ATE MAGAZINE / JUIN 2011 9 Marseille, avec son vieux port, constitue le point de départ ou d’arrivée des randonnées le long de la Côte d’Azur. Dans le port de pêcheurs de Cassis, localité aussi ravissante que pittoresque entre le Cap Canaille et les calanques, des embarcations attendent les touristes pour les conduire dans les criques et anses de ce paysage calcaire sauvage. En traversant la jetée avec notre sac à dos, nous voyons un canotier nous faire signe de la main. Non merci, nous préférons poursuivre notre chemin à pied. «C’est bon pour les jambes », nous lance-t-il dans son inimitable accent provençal. Qui a de bonnes jambes réussit à parcourir le trajet en une journée. Et s’il lui reste quelques réserves, il peut même aligner un crochet d’environ une heure dans l’un des autres endroits magiques de ces montagnes maritimes blanches: le Cap Morgiou. Lorsqu’on est assis tout devant, quelques mètres plus loin encore que le dernier bouquet de fleurs jaunes, on a définitivement laissé le monde derrière soi. Immobilité et mouvement. Il ne reste que les vagues qui déferlent contre la falaise vingt mètres en contrebas. Des mouettes crient, un bateau passe en faisant teuf-teuf. Le regard vers l’est va jusqu’au Bec de l’Aigle, près de La Ciotat, et vers l’ouest jusqu’à l’Ile Maire, devant Les Goudes: toute la splendeur rocheuse des calanques. «L’année prochaine, j’irai à la mer!» Cette phrase très prisée des Français est surtout prononcée quand les vacances en montagne sont littéralement tombées à l’eau tandis que le soleil a illuminé le ciel méridional. La montagne et la mer – ça paraît incompatible. Mais pas dans les calanques et plus généralement sur la Côte d’Azur qui n’est en principe rien d’autre que la côte des Alpes. L’année prochaine, j’irai à la mer. Pourquoi attendre ? En route, les amis! Informations pratiques Caractère : Le trajet Saint-Tropez-Marseille à pied convient aux randonneurs chevronnés et aux bons marcheurs. Ceux qui ne peuvent pas marcher des heures pour accéder aux criques de rêve auront du mal à s’en sortir. Et ceux qui perdent la vue d’ensemble rien qu’en voyant deux rangées de chaises longues ne trouveront pas leur route sur les chemins le 10 plus souvent balisés. Les étapes 4 et 5 comportent également des tronçons sans chemin qu’il s’agit d’escalader – sauf quand les vagues trop hautes empêchent le passage. Saison : Mai, juin, septembre; beaucoup d’hôtels sont fermés en avril et en octobre et en plein été, il y a trop de monde. Y aller: En train via Marseille jusqu’à Toulon (www.cff.ch), puis en bus à Saint-Tropez (www.varlib.fr). Itinéraire en 9 étapes : www.ate. ch/excursions Equipement : Bonnes chaussures de randonnées, maillot de bain. Cartes : IGN Top 25, feuilles 3545 OT St-Tropez, 3446 ET Le Lavandou, 3446 OT Hyères, 3346 OT Toulon, 3245 ET Aubagne-La Ciotat, 3145 ET Marseille. Guides : Pierre Garcin, Nicolas Lacroix : Sentiers du littoral méditerranéen, Randonnées de Marseille à Saint-Tropez, Editions Glénat 2008 (guide illustré avec descriptif de pratiquement toutes les étapes). Daniel Anker : Côte d’Azur, Rother Wanderführer 2011. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 © A. Murillo/iStockphoto Optez aujourd’hui pour l’adhésion famille ! Plus l’ATE comptera de membres, plus son poids politique sera important. Vous pouvez nous soutenir en transformant votre adhésion individuelle en une adhésion famille ou couple. Le supplément n’est que de 15 francs par année. Toutes les personnes vivant dans votre ménage bénéficieront des avantages réservés aux membres de l’ATE. Pour donner une dimension familiale à votre adhésion à l’ATE : en ligne sur www.ate.ch/famille ou par téléphone au 0848 611 613 ( tarif normal ). Passez avec toute votre famille des moments inoubliables à Europa-Park et découvrez des attractions palpitantes ainsi que des spectacles fascinants. Réservez votre excursion d’une journée ou votre séjour à Europa-Park avec ou sans voyage en train. www.cff.ch/europa-park Nouveau en 2011: forêt enchantée et attraction «Volo da Vinci» RailAway Moments palpitants à Europa-Park. EN ROUTE Portrait Mario Muntwyler, 14 ans, est le «fils du milieu» de la famille de cirque Monti. Il a été en tournée avec le cirque depuis sa naissance. «La caravane est mon chez-moi» Propos recueillis par Stefanie Stäuble «F in janvier, nous étions avec l’école dans un camp de ski sur le Splügen. Nous ne partons qu’une semaine par an en vacances avec la famille, toujours à la fin de la saison, en octobre. Le plus souvent, c’est la mer qui nous attire, l’an dernier, nous avons séjourné à Chypre. Le temps manque pour des voyages dans les pays d’outremer. Croyez-moi, je mène une vie tout à fait normale. J’ai ma propre chambre même si, en ce qui me concerne, il s’agit d’une caravane. J’adore le hip hop, genre 50 Cent. J’aime aussi parfois regarder un DVD. Ma série TV favorite est «Two and a half men», connue sous le titre «Mon oncle Charlie». Jouer sur une Playstation me plaît également, mais je n’ai pas eu trop le temps de le faire récemment. La lecture n’est pas mon truc. Parfois, je jette un œil sur le « Sonntagsblick ». J’écoute aussi peu la radio. Cela ne m’empêche pas d’être au courant sur ce qui se passe dans le monde. On ne peut pas ignorer ce qui arrive au Japon ou en Libye. Mon passe-temps favori? Jongler. J’ai mon propre numéro de jonglage avec des quilles au Circus Monti. Les plus beaux sites Les emplacements du chapiteau en bord de lac sont les meilleurs: Sempach, Lucerne ou encore Unterägeri. Sauter dans l’eau en été par une chaleur torride est un plaisir irrésistible. Pendant la saison, qui dure pour notre cirque de mars à octobre, je jongle environ trois quarts d’heure chaque après-midi pour m’échauffer et réviser des exercices qui n’étaient pas au point la veille. Berne a le 12 public le plus enthousiaste. Au- la même classe d’école du discune idée pourquoi il en est ain- trict de Wohlen où j’ai quelques si mais c’est bien à Berne que ça bons amis. Nous avons deux camarche le mieux. Nous restons ravanes scolaires, l’une pour l’enen général de deux à quatre se- seignement et l’autre pour les maines dans les villes d’une cer- examens et le travail en groupe. taine importance et seulement Défense de copier, évidemment, d’un à deux jours dans les petites même si on est seul! Mes points localités. J’ai l’habitude d’être forts sont le français et l’antout le temps en voyage. Ce se- glais, surtout l’oral. Je ne peux rait à mon avis ennuyeux de tou- pas m’entretenir avec les artistes jours rester au même endroit. sans ces deux langues. Cette anDepuis que j’ai appris à penser, née, les artistes viennent de huit je suis souvent entouré d’adultes. nations : Etats-Unis, Canada, ItaCe qui ne m’empêche pas d’être lie, France, Maroc, Pologne, Alaussi en contact avec des jeunes lemagne et Suisse. de mon âge. J’ai presque partout Le cirque dans le sang des copains car on retrouve souvent au même endroit les mêmes Je pense avoir du sang de cirque. personnes rencontrées l’année Artiste est mon métier de rêve précédente. Quand il fait beau, et je peux tout à fait m’imaginer nous jouons au foot ou au basket. de m’inscrire un jour à l’école Cinq enfants accompagnent cette d’artistes de Stockholm, une année le Circus Monti en tour- très bonne adresse pour les jonnée. Un enseignant et une maî- gleurs. Mon frère aîné suit une tresse à temps partiel assurent Un enseignant et une maîtresse notre éducation. Pendant la saià temps partiel assurent notre son, j’ai l’école le matin tandis éducation. que l’après-midi et le soir sont généralement consacrés aux repré- formation commerciale, ce serait sentations. Je n’assiste pas à la se- également une possibilité pour conde partie du spectacle, je dois moi. Mais j’adore me produire être au lit à dix heures, à cause de au cirque. Je n’ai pas vraiment le l’école. J’ai du mal à commencer trac, sauf quand quelqu’un dans m’impressionne, ma journée, en revanche, il m’ar- l’assistance rive d’être encore en pleine forme comme Jonny Fischer de « Dià minuit. Je me couche souvent vertimento » ou le jongleur Kris tard le week-end. Après la repré- Kremo. Comment j’en suis arrisentation, on me trouve normale- vé au jonglage ? En 2003, quand ment autour du buffet à discuter j’avais six ans, mon père prépaun peu avec les autres. Parfois, rait un numéro de diabolo avec des enfants viennent me voir à mon frère aîné. J’ai traîné aula fin du programme. En hiver, tour d’eux jusqu’à ce qu’on m’asje suis pendant quatre mois dans socie au numéro. Auparavant, le ATE MAGAZINE / JUIN 2011 EN ROUTE Portrait © Circus Monti réglées. Il ne faut pas croire non plus que nous faisons plus de barbecues que d’autres, et nous ne sommes pas continuellement en train de chanter autour d’un feu de camp … On retrouve souvent les mêmes petits groupes. Nous prenons le repas de midi et le souper en deux services à vingt personnes. Il faut donc être ponctuel. Cette année, la nourriture est super. J’aime beaucoup les pâtes et la viande – de temps à autre un tartare de bœuf par exemple. A midi, je mange le plus souvent en famille. Parfois, c’est ma grand-mère qui cuisine, elle aussi accompagne la tournée. Mon grand-père, qui a fondé le Circus Monti, n’est plus en vie. Je visite beaucoup d’endroits de Suisse. Pendant huit mois de l’année, nous voyageons de lieu en lieu. Je n’arrête pas de remettre ma caravane en état pour repartir – avant de la réarranger à mon goût une fois arrivé à destination. Le plus souvent, je roule en camion à côté de mon père et nous écoutons un peu de musique. Je suis ouvert, mais pas vis-à-vis de tout. Nous sommes à peu près soixante et j’aime bien la compagnie. Quand nous avons installé notre chapiteau à un endroit, je me déplace comme d’autres adolescents à pied ou à vélo. Certains de mes camarades de classe à Wohlen ont aujourd’hui une mobylette, mais cela nous poserait un problème de transport. Si je me sens différent de mes copains du même âge? Non. Comme je l’ai dit, je mène une vie tout à fait normale. » Dans son numéro de cirque, Mario Muntwyler (14 ans) jongle avec des quilles, mais il le fait aussi avec tout ce qui lui tombe sous la main. Circus Monti avait eu des chevaux, chèvres, ânes, poules et oies dans son programme, cette saison, nous voyageons sans animaux, ce qui me convient tout ATE MAGAZINE / JUIN 2011 à fait. Ce que je ne peux en aucun cas m’imaginer? Un numéro de fauves. Ça ne m’excite pas du tout. La vie de cirque me corres- pond. Mais c’est une vie absolument normale. Une famille de cirque est certes une grande communauté mais là aussi, tout se déroule selon des voies bien Le Circus Monti est en tournée jusqu’à fin octobre en Suisse alémanique (jusqu’à Bienne) avec son 27e programme, «Monti 2011 – en bloc ! ». Une réduction de 5 francs par personne est accordée aux membres ATE (5 personnes au maximum). Détails et étapes de la tournée sous www.vcs-bonus.ch ou auprès du Circus Monti, tél. 056 622 11 22. 13 © Peter Krebs La diva tombée en disgrâce 14 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 BOLOGNE Destination villes Bologne connaît des temps difficiles. Un ancien maire croupit derrière les barreaux, un autre est poursuivi pour corruption. Il vaut pourtant la peine de visiter celle que Pier Paolo Pasolini qualifiait de deuxième plus belle ville d’Italie. S ur la Piazza Ravegnana, l’institutrice demande à ses élèves de 12 ans à quoi servaient autrefois les deux tours élancées qui en ce point central de la ville semblent s’élever jusqu’au ciel? Pour pouvoir tirer d’en haut des flèches sur les assaillants, pour y mettre une horloge, parce que c’est beau, pour y enfermer les bandits, telles sont les réponses. Celle de la beauté et celle des flèches sont justes, dit l’institutrice. Les deux tours, la Garisenda et la Torre dell’Asinello, ont été édifiées au début de XIIe siècle par de riches familles qui y ont trouvé refuge en des temps peu sûrs. Mais les Bolonais n’ont pas été attaqués de l’extérieur. Les ennemis vivaient dans la ville même. La querelle séculaire entre les Guelfes fidèles au pape et les Gibelins acquis à l’empereur avait partagé la population en deux camps. Les édifices étaient en outre un signe de pouvoir. Plus les tours étaient hautes et belles, plus riches et estimés étaient leurs propriétaires. C’est ainsi que Bologne, comme d’autres villes d’Italie, a grandi en hauteur bien avant l’ère des gratte-ciel. Au-dessus des toits moyenâgeux s’élevait une forêt de plus de 100 de ces simples tours de briques rouges. Une vingtaine d’entre elles ont survécu à l’épreuve du temps et des tremblements de terre. Beaucoup n’ont succombé que face au plan directeur de 1889, quand on a rasé des quartiers entiers, ainsi que les remparts, pour répondre aux besoins de l’ère industrielle: pour des rues plus larges, des trams (aujourd’hui disparus) et des banques (toujours là, elles). Les deux tours de la Piazza Ravegnana sont si penchées qu’on se demande comment elles font pour tenir encore debout. La Garisenda, la plus penchée des deux, a failli s’effondrer pour de bon. C’est pour cela qu’au XIVe siècle on l’a raccourcie de moitié. Maintenant, elle a l’air d’être l’enfant mal élevé de la mère Asinello, haute de près de 100 mètres, qui donne de la bande de son côté. Ce couple titubant forme un contraste anarchique avec la ville sévère et clairement articulée. Presque comme si deux joyeux soûlons se moquaient de la capitale de l’Emilie-Romagne. Mais La Piazza Maggiore avec le Palazzo del Podestà (à gauche) est, à la belle saison, le lieu de rencontre principal dans le centre historique de Bologne. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 15 BOLOGNE Destination villes Vie de tous les jours dans une vieille rue, sur la Piazza Santo Stefano et dans la Salaborsa avec sa bibliothèque publique très utilisée. mière page des articles brillants d’intellectuels de renom. Pier Paolo Pasolini a étudié à l’Université de Bologne et passé ici sept années heureuses. Cela crée des liens. cela, l’institutrice ne le dit pas. Entretemps, la classe a disparu entre les arcades de la Rocchetta, la base crénelée de la Torre dell’Asinello, pour gravir les 498 marches menant à son sommet. De làhaut, ils ont la plus belle vue sur Bologne, située au bord sud de la plaine du Pô, au pied des Apennins. Ces données de base, il faut les fournir dans le cas de Bologne. Les gens du Nord en font bien moins cas que de Florence, Venise, Milan ou Sienne. Les spaghettis bolognaise sont plus connus de ce côté des Alpes que les Bolonais. C’est surprenant. « Bologne est la plus belle ville d’Italie après Venise, j’espère que c’est clair», écrivait en 1969 l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini dans le quotidien conservateur romain Il Tempo: à une époque où la moitié de la presse italienne n’était pas encore entre les mains du premier ministre en exercice et de son clan et où les grands journaux imprimaient en pre- 16 Nous voici ainsi arrivés au second symbole de cette ville, qui se nomme volontiers «la docte». L’université, fondée en 1088, serait la plus ancienne d’Europe. Ses aulas, ses facultés et ses instituts se trouvent dans de vieux palais de la Via Zamboni. Les quelque 70 000 étudiants inscrits marquent de leur empreinte la vie de la cité. Depuis la réforme de Bologne, ils étudient assidûment, mais il reste encore parfois du temps pour une manifestation ou un petit happening, qui apportent un peu de couleur dans les rues rouges. Dans le quartier de l’université se dresse le Teatro comunale. L’opéra, comme beaucoup d’autres scènes italiennes, souffre des réductions massives du budget culturel. Sur la façade qui donne sur la Piazza Verdi, une banderole proclame : Un popolo senza teatro è un popolo morto. A l’intérieur, on joue l’opéra Risorgimento : pour le 150e anniversaire de l’unité italienne, dans l’avènement de laquelle l’Emilie-Romagne a joué un rôle majeur. On peut admirer à Bologne non seulement des opéras, des drames et des comédies, mais aussi beaucoup de magnifiques églises et musées. La Pinaco- teca Nazionale, installée dans un ancien couvent, abrite l’une des plus importantes collections de peintures du pays. Elle a été fondée pendant l’occupation française, pour y sauver des griffes de Napoléon les œuvres des églises et des couvents du nord de l’Italie. Au Santuario di San Luca, dont la coupole brille sur un contrefort des Apennins, les visiteurs accèdent par un passage couvert orné d’arcades long de 3,5 kilomètres. Les rues de la vieille ville ont souvent aussi de part et d’autre des arcades, appelées Portici. Il y en aurait 38 kilomètres en tout. Les plus belles sont peut-être celles de la basilique Santa Maria dei Servi. Le toit voûté aux proportions harmonieuses qui forme un cloître devant l’église est soutenu par des piliers élancés, richement décorés. Un des lieux de formation les plus originaux de Bologne a nom Salaborsa. Il se trouve au centre, à côté de la Fontaine de Neptune. Le bâtiment a servi successivement de Bourse du commerce, de salle de basket-ball, de bureau de poste et de siège de l’administration communale. Depuis dix ans, la jolie salle et ses galeries sont une bibliothèque publique. Jeunes et vieux y viennent pour lire gratuitement livres et journaux, pour travailler et pour apprendre. L’institution est si appréciée que les places à ses tables sont comptées. Un secteur important est réservé aux ouvrages sur Bologne. Ils présentent la peinture locale, les monnaies, les anciennes familles et la courageuse résistance des partisans aux occupants allemands durant la Deuxième Guerre mondiale. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 BOLOGNE Destination villes Ils racontent aussi bien la vie du chansonnier Carlo Musi, qui émouvait il y a cent ans les cœurs des Bolonais avec ses nostalgiques chansons en dialecte, que la carrière du footballeur Giaccomo Bulgarelli, qui faisait jubiler les fans du FC Bologna dans les années 60. On peut tout apprendre à la Salaborsa de ce qui a fait bouger les Bolonais. Mais après une visite on sait surtout une chose : c’est que l’on ne sait rien de l’antique cité et de ses 370 000 habitants. Hâtons-nous donc de sortir, pour apprendre quand même quelque chose, et répondre à l’appel de la Piazza Maggiore toute proche, l’une des places les plus vastes, les plus belles et les plus sans voitures d’Italie. Elle constitue le centre de la vieille ville, qui déroule comme un oignon ses anneaux concentriques. L’es- presso y est aussi bon et aussi cher que sur quartier du marché et elle est un régal tous les grands champs de bataille touris- pour les yeux. Les vendeuses de fruits et tiques d’Italie. Une alternative s’offre avec légumes y offrent leurs marchandises cola Piazza Santo Stefano, moins mondaine, lorées, aubergines et artichauts côtoient devant la plus ancienne église de la ville, qui fait partie d’un monasAprès une visite à la Salaborsa tère encore en activité. Un étudiant gratte de sa guitare. Avec l’apéritif, on sait surtout une chose: on ne on vous sert sous les arcades une sait rien de l’antique cité. demi-douzaine de sandwiches. Il faut veiller à garder de l’appétit pour le repas du soir, car à Bologne on mange pommes et courgettes. Des poissons de bien et les vins sont fort bons. toutes sortes reposent sur la glace et partent comme des petits pains. Mais le plus Et nous voilà déjà au prochain cliché: impressionnant, ce sont les salsamenterie Bologna la grassa. Une balade le long de avec leurs lourdes grappes de jambons la Via Pescherie Vecchie, qui part de la accrochées au plafond, leurs tours de saPiazza Maggiore, montre qu’il y a là du lamis et de mortadelles (Bologne en est vrai. La rue étroite sans arcades forme la patrie), leur profusion de parmesan du avec la Via Drapperie qui la prolonge le plus jeune au plus vieux, et leurs rayons Bologne possède de très nombreuses arcades le long de ses rues. De fort beaux portici entourent l’église Santa Maria dei Servi. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 17 Un très beau choix de fruits et de légumes attend preneur dans la Via Pescherie Vecchie. pleins de champignons, d’huile d’olive et de vinaigre balsamique. Mais assez festoyé. Il est temps de passer aux choses sérieuses. A la politique. «La rouge» est le troisième et dernier pseudonyme dont s’orne la ville. Elle le doit à la couleur dominante de ses bâtiments, mais aussi au fait que les communistes ont gouverné avec succès cette Informations utiles Aller/retour: En train jusqu’à Milan (trains directs depuis Genève, Lausanne, Bâle, Berne, Zurich, etc.). Depuis Milan, liaisons directes, en partie par des trains à grande vitesse (voir p. 26 / 27). Logement: Nombreux hôtels de toutes catégories. Liste sur le site www.provincia. bologna.it/turismo Hôtel de prix moyen recommandé: Albergo Rossini, Via dei Bibiena 9/11, tél. 0039 051 237716 Marchés: Via Pescherie Vecchie /Via Drapperie et Piazza Aldrovandi. Spécialités biologiques: Bottega bio, Vicolo Alemagna 2/c. Spécialités émiliennes: Tamburini, via Caprarie 1. Informations sur la commune: www.comune.bologna.it 18 ville aisée pendant des décennies après la Deuxième Guerre mondiale. En Suisse, un pavé intitulé Das rote Bologna a vanté en 1976 les mérites du modèle de buon governo de gauche. Celui-ci a duré jusqu’en 1999, quand Giorgio Guazzaloca, du Pôle de la Liberté berlusconien, a été élu maire. En 2004, la gauche a repris la barre. Mais seulement jusqu’au départ peu glorieux de son maire éphémère le professeur Flavio Delbono en février 2010. Il s’est avéré que lorsqu’il était vice-président de la région Emilie-Romagne, il avait subventionné sa secrétaire et maîtresse avec des fonds publics. Delbono a été condamné entre-temps à 19 mois de prison. Depuis, Bologne est sans capitaine. Jusqu’aux élections du 16 mai 2011, la commune est administrée par une commissaire. Des projets importants restent bloqués. Et la ville en avait d’envergure. Elle s’appelle «Città che cambia», ville en mutation. Dans une exposition de l’«Urban Center» à la Salaborsa, des prospectus optimistes parlent de la construction d’un métro et d’un « People mover », qui doit relier la future gare de trafic à grande vitesse à l’aéroport. Ces projets ont été gelés, informe laconiquement le concierge. Ils sont controversés, l’argent manque. On ne réalisera que le Civis, un hybride de bus et de tram à guidage optique. La merveille d’un nouveau genre devrait rouler de manière presque entièrement automatique, dans les rues revalorisées. Mais elle ne fonctionne pas encore et produit surtout, pour l’instant, de bruyants parasites. Il y a quelques semaines, il est apparu que Guazzaloca se serait procuré des avantages personnels en confiant le mandat à une filiale de Fiat. Maintenant, cet ancien maire est à son tour poursuivi pour corruption. Comme disait l’institutrice: les ennemis vivent dans la ville même. Bologne sans chef a perdu la face, écrivent les commentateurs. Au fond, elle se débat contre les problèmes que rencontrent de nombreuses villes moyennes du Bel Paese. Mais la chute dans la moyenne frappe durement l’ancienne diva fortunée: «Elle repense à l’époque du modèle émilien et se voit elle-même comme une aristocrate tombée en disgrâce », analyse Il Post. Espérons seulement que Bologne reprendra le dessus et se rappellera ses qualités. Car elle n’est pas seulement la deuxième plus belle ville du pays, mais aussi l’une des plus futées. Peut-être prendra-t-elle exemple sur ses deux fameuses tours. Qui donnent sérieusement de la bande, mais ne tombent pas. Texte et Photos: Peter Krebs ATE MAGAZINE / JUIN 2011 © ImagepointBIZ © Project Photos Couverture optimale pour vos voyages et vos loisirs Ces dernières années, la couverture d’assurance du Carnet d’entraide ATE a été considérablement étendue au domaine des loisirs. Contrairement à d’autres assureurs, l’ATE offre également une couverture frais d’annulation pour les concerts et manifestations. Le plaisir de voyager est maximal lorsque l’on se sait parfaitement couvert en cas de pépins: le Carnet d’entraide ATE vous offre toutes les prestations nécessaires, tout en vous épargnant nombre d’assurances voyage supplémentaires. Empêché de partir en vacances? Obligé d’interrompre un voyage? Grippé au moment de participer à un tour organisé? Pas de soucis: le Carnet d’entraide ATE couvre les frais d’annulation et les incidents de voyage – et contrairement à d’autres assureurs, la couverture est valable pour toutes les personnes vivant dans le même ménage et s’applique aussi au territoire suisse. La couverture porte sur les ar- rangements de voyage, la location d’appartements de vacances, de bateaux ou de camping-cars, les cours de langue, les séjours à l’hôtel, ainsi que les voyages en voiture, à moto, à vélo, en transports publics ou à pied. Les frais de recherche, de sauvetage et de rapatriement depuis l’étranger sont eux aussi couverts. Outre ces prestations, le Carnet d’entraide ATE offre une couverture frais d’annulation pour les manifestations, telles que matches de football, cours de Feng-Shui, concerts ou représentations de cirque. Avec ou sans voiture Le Carnet d’entraide ATE pour personnes non motorisées com- Le Carnet d’entraide ATE gratuit pendant deux mois En optant pour le Carnet d’entraide ATE d’ici au 31 juillet 2011, vous recevrez une extension de couverture d’assurance gratuite de deux mois (couverture de 14 mois au lieu de 12 mois). Contrat et informations : carte-réponse à la fin de ce magazine, sur le site www.carnetentraide.ch ou par téléphone au 0848 611 613. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 porte l’assurance frais d’annulation et rapatriement (lorsqu’on doit renoncer à partir en voyage ou que l’on doit l’interrompre). Il couvre également les coûts dus au retard d’acheminement des bagages, les risques d’insolvabilité des compagnies aériennes (suppression des vols par manque de liquidités), ainsi que la protection juridique à l’étranger (frais d’avocats). Le Carnet d’entraide pour personnes motorisées comporte, lui, également l’assurance dépannage à l’étranger. Votre assurance voyages et loisirs pour 365 jours Couverture d’assurance complète pour les voyages, réservations d’hôtel, excursions d’un jour, concerts, manifestations sportives, cours, etc., en Suisse et à l’étranger. Prise en charge des coûts suite à un accident, une maladie, des troubles politiques, etc., en voyage ou dans les loisirs. Remplacement des bagages en cas de retard d’acheminement. Problèmes juridiques à l’étranger. Assurance dépannage (avec le carnet d’entraide pour personnes motorisées) en Europe et dans les pays du pourtour méditerranéen (sans la Suisse et le Liechtenstein). Des primes avantageuses pour les membres de l’ATE. Toutes les personnes faisant partie de votre ménage sont couvertes. Central d’appel 24 h./24 Dès Fr. 55.– par année Stefanie Stäuble Bons tuyaux pour préparer vos voyages Vérifiez la validité de votre passeport et des autres documents de voyage (indications et photos à jour). Demandez si nécessaire un visa. Retirez des devises locales et des chèques de voyage auprès de votre banque. Transmettez votre adresse de vacances à vos voisins et à vos connaissances pour qu’ils puissent vous contacter en cas d’urgence. Réglez votre loyer et vos factures ou demandez à une connaissance de s’en occuper en cas de longue absence. Faites garder ou dévier votre courrier pour la durée de votre absence (courrier postal, journaux, magazines). Prenez rendez-vous chez votre médecin et informez-vous sur les vaccins nécessaires. 19 EN ROUTE Portrait © Peter Krebs Franz Vogel et son vélo de course sur lequel il parcourt chaque année environ 8000 kilomètres: plus qu’en voiture. Depuis 1990, Franz Vogel a entrepris chaque été un tour cycliste exigeant en compagnie de quatre à cinq autres coureurs. L’année dernière, le groupe est parti pour son vingtième et dernier tour. Il en reste des souvenirs inoubliables. « C’était vachement chouette » Propos recueillis par Peter Krebs 20 «J ’ai commencé le vélo de course très tard, à 45 ans. Un jour, j’ai donné rendez-vous à quelques amis d’Aesch pour faire un tour. Nous avons alors décidé de franchir le Stilfserjoch, l’un des cols alpins les plus exigeants. A notre arrivée à Bormio, l’un de nous a dit qu’au fond, le Gavia était lui aussi à notre portée. Nous nous sentions tellement bien que nous avons aligné ce col du Tyrol du Sud. Le lendemain, nous avons rejoint le val Müstair via le col de l’Umbrail. D’abord la «Grande Route» Puis nous nous sommes dit que nous pourrions nous attaquer à plus gros. Il y avait notamment la célèbre Grande Route des Alpes qui relie Martigny à Nice. Un trajet légendaire. Des livres lui ont été consacrés. Nous l’avons par- couru pour la première fois en 1990. La route franchit les plus hauts cols des Alpes, dont le Galibier, l’Iseran et le col de la Bonnette. Culminant à 2802 mètres, ce dernier est le passage routier le plus élevé d’Europe. Pour que la route passe plus haut encore, les Français ont construit une bretelle supplémentaire depuis le col de la Bonnette. Cette expérience a plus ou moins été le déclic pour ATE MAGAZINE / JUIN 2011 EN ROUTE Portrait Beaucoup de préparation Nous avons consacré plusieurs séances aux préparations d’un tour. Nous nous sommes réunis pour discuter des routes possibles avant de tomber d’accord sur une proposition. Il est mieux de choisir son itinéraire avant le départ. Sinon, on risque de se chamailler en cours de route. « Oh, ce serait chouette de faire aussi ça », entendrait-on. La règle était que le tour cycliste ne dépasse pas cinq à sept jours, sans compter le voyage aller et retour. L’un des participants dessinait les profils de déclivité, un autre inscrivait la route à suivre sur les cartes. Une fois sur place, ça marchait généralement bien. A quelques exceptions près. En Sardaigne, près de Cagliari, nous avons roulé dix kilomètres sur l’autoroute. Per- ATE MAGAZINE / JUIN 2011 sonne n’a bronché. Une autre fois, en République tchèque, une femme à qui nous demandions notre route a dessiné les directions à la craie sur la route. Inutile de préciser qu’aucun de nous ne comprenait le tchèque. Moi-même j’étais chargé des albums de souvenir. Au début je les ai réalisés à la main, collant une photo après l’autre. A partir de 2004, la photographie numérique a simplifié bien des choses mais a parallèlement aussi augmenté le nombre de pages. Les albums présentent les tours à travers des photos, des textes et des statistiques. Nous savons ainsi l’itinéraire de chaque étape, nous connaissons son profil, la longueur et la vitesse moyenne. Nous avons parcouru pendant les vingt tours plus de 16 000 kilomètres en franchissant au total à peu près 240 000 mètres de dénivellation. Longues étapes Nous avons presque toujours entrepris nos périples en été, sauf en 1997 quand nous sommes allés en septembre dans la Sierra Nevada, dans le sud de l’Espagne. En 1998, nous avons choisi de faire un tour de Suisse. Nous sommes partis d’Aesch et y sommes revenus – tout de même 1150 kilomètres. C’était notre plus long tour et également l’un des plus beaux. Lors de notre périple en Corse, il y a quatre ans, nous avons été particulièrement impressionnés par le paysage. On y a à la fois la mer et la montagne. C’est formidable. Les étapes de 200 kilomètres voire plus n’étaient pas rares. Le tour le plus extrême a été celui de 1996 reliant Genève à Turin à travers les Alpes françaises au cours duquel nous avons franchi 19 cols en six jours. Compte tenu de notre âge, les étapes ont été raccourcies lors des trois derniers tours et nous avons choisi des tracés plus plats. Pendant toutes ces années, nous n’avons été que deux fois victimes d’accidents sérieux. Pendant notre tour de cette heure-là. Plus tard, à l’hôSuisse, l’un des participants a fait tel, nous avons rempli notre therune chute dès la première étape. mos d’eau chaude pour boire du Il a dû faire soigner ses blessures café lyophilisé en cours de route. à la tête à l’hôpital de Moutier. En Tout ça s’est peu à peu développé. Italie, un membre du gruppetto Au début, nous ne réservions pas s’est fracturé six côtes et a dû être l’hôtel. Il nous est arrivé de passer la nuit quelque part dans une rapatrié en Suisse par la Rega. Je dois avouer que nous étions buanderie ou dans des lits mitoujours suivis par un véhicule teux. Sur le coup, c’était assez déconduit par un et plus tard deux sagréable. Mais aujourd’hui, ça chauffeurs. Au début, nous avi- fait partie des souvenirs. Je suis tout sauf un grand ons gratuitement à notre disposition une fourgonnette VW d’un voyageur. Je n’ai jamais mis les vigneron d’Aesch. En contre- pieds hors de l’Europe. Mes partie, nous l’aidions deux fois ces tours cyclistes me tiennent par an dans son vignoble. Plus tard, nous avons loué une Nous savons l’itinéraire de voiture utilitaire chaque étape, nous connaissons appropriée. Nous emmenions relati- son profil et la vitesse moyenne. vement beaucoup de bagages. Pour éviter de laver le soir les tenues de cy- à cœur. Qu’est-ce qu’on a vécu clistes trempées de sueur, nous comme surprises ! J’ai découen avons porté chaque jour une vert des régions que je n’aurais nouvelle – tous les cyclistes évi- jamais vues autrement dans ma vie. Lorsque le Tour de France est demment la même, ça va de soi. dans les Pyrénées, nous sommes Départ aux aurores nombreux à allumer la télé et à Sur nos premiers tours, nous par- plonger en parallèle dans l’album tions très tôt le matin, vers cinq de souvenirs. Nous repensons heures et demie. Sans exception. alors à notre propre tour des PySelon les pays, on ne peut pas en- rénées en nous disant: C’était vacore prendre le petit-déjeuner à chement chouette. » © mad les 20 tours qui ont suivi année après année. Contrairement au premier tour, nous avons par la suite toujours composé les trajets nous-mêmes. Jusqu’à notre dernier voyage de Salzbourg via la Carinthie jusqu’en Styrie. Nous avons voulu nous arrêter tant que tout fonctionnait encore et que chacun était en mesure d’y participer. Il est important que tous les participants roulent à peu près à la même vitesse. Nous formions un groupe de cinq, parfois six hommes. L’un est maçon, un autre agent commercial. Il y avait aussi un employé de la poste et un acheteur de fruits et légumes pour la Migros. Quant à moi, je suis imprimeur. J’ai travaillé 30 ans comme acheteur de produits imprimés pour Coop. Depuis quatre ans, je suis à la retraite, mais je continue à rouler chaque année quelque huit mille kilomètres sur mon vélo de course: plus qu’en voiture. J’ai d’ailleurs rendez-vous cet après-midi avec un ami pour faire un tour. Comment résister par ce temps splendide ! Nous avons l’intention de pédaler jusque dans la région proche du Sundgau, pauvre en trafic. Vingt périples en vélo en commun et beaucoup de souvenirs, cela crée un lien. Le groupe cycliste d’Aesch en pleine course. 21 SUISSE–ITALIE Canoë Texte et photos: Michael Rytz Pagayer sur le Pô ? Sur des flots troubles par une plaine sans fin ? L’aventure, malgré ces réserves, était tentante. Et le « roi des fleuves » a emporté tranquillement tous les préjugés. Journal de bord. À Venise par la voie des eaux 1er jour : Locarno – Cannero Dimanche 9 mai 2010 : Lourdement chargé, je prends le train à la rencontre de mon aventure sportivo-culturelle de pèlerinage nature en canoë. J’avais prévu une trentaine de kilos, mais j’ai l’impression d’en trimballer une bonne quarantaine. « Vous allez dans les airs ? », me demande une voyageuse. D’autres sourient amusés à la vue de la bête de somme avec son sac à bateau. Lungolago Locarno. En 30 minutes, le sac informe se métamorphose en un kayak racé. Départ au sec, mais ensuite, comme si le Lac Majeur n’était pas déjà suffisamment près de déborder, de la pluie, de la pluie et encore de la pluie. Je passe la frontière, pas un douanier sur la rive pour me faire signe. Brève éclaircie, belle ambiance de soir de pluie à Cannobio. Je m’offre une pause café. Pluie à Cannero où je monte ma tente, pluie la nuit et le matin. Un tiers de mes habits sont déjà mouillés. Un poignet me fait mal. Au restaurant, je suis le seul client ; le chef vient de Venise. Service attentionné et avertissement : « Faites attention ! » 2: Cannero – Sesto Calende Je passe devant de jolies maisons avec bateaux et piscine. Presque tous les volets sont clos. Avec la maison de luxe il faudrait aussi le luxe du temps. Beaucoup d’arbres ont les pieds dans l’eau ; attention aux clôtures inondées avec leurs arêtes vives. Même au restaurant les pieds restent froids et mouillés. Abandonner ? Non, 22 mais pourquoi pas embarquer ? Après avoir demandé au capitaine si un bateau pliable peut monter à bord non plié, je poursuis en passager d’Intra à Stresa et Arona. Un tiers des 60 km du lac en cadeau. Caffè e dolce devant moi, j’admire le lac sous les nuages. L’équipage prend un soin touchant de son unique passager, aide à placer le kayak à la proue du bateau de ligne. Il me signale aussi un pont inondé près de Piacenza. Vigoureuse poignée de main du capitaine : « Buon viaggio ! » A Arona je me glisse dans mon esquif et suis à nouveau mon propre capitaine. Un indigène m’accompagne un moment sur son kayak de course. Devant moi s’étend Sesto Calende. Le lac devient peu à peu cours d’eau et m’apporte un soutien de 2 km/h. Le camping Italia Lido est situé sur la rive, et le ciel a enfin refermé ses écluses. 3: Sesto Calende – Vigevano Pluie tempétueuse toute la nuit. La tente a tenu bon. Mal dormi, déjà en pensée avec ce qui m’attend : une étape avec sept barrages – à inspecter avec soin avant de se risquer – et un portage. A six heures la pluie cesse. Vite plié bagages, couverture refermée à sept heures pile. Le courant rapide du Tessin m’emporte, quelques coups de pagaïe et déjà Sesto est derrière moi. Le premier barrage de Miorina, qui règle le niveau du lac, est complètement ouvert et bien navigable. Près du gigantesque barrage de Porto Torre suit une courte étape sur terre : en tirant mon bateau à travers la forêt tropicale et les sentiers plein de flaques. Encore faut-il trouver l’accès à l’eau : partout bosquets, épines, clôtures – « Privato » ! Enfin je découvre un accès possible au-dessous du barrage oblique de Somma Lombardo, haut de dix mètres : Pane perduto. Mamma mia : des masses d’eau mugissantes (1000 m3/sec d’après les indications) se déversent, la vitesse du courant atteint 20–30 km/h. Le Tessin sera-t-il ainsi tout du long ? Une bonne partie des bancs de cailloux sont inondés. Un peu partout des buissons se balancent comme des skieurs nautiques sur la rivière en crue. De temps en temps le Tessin se partage en deux ou trois bras. De puissants tourbillons refluant et des coupures exigent une navigation prudente, mais il y a de la place pour la ligne idéale. Je me fraie un passage à coups de pagaïe et atteins Vigevano à trois heures et demie. Le camping n’existe plus. 4: Vigevano – Pavie Ambiance de déluge. La réceptionniste me demande en plaisantant si je ne veux pas embarquer déjà sur le parking inondé. Le pont près de Vigevano est tout à fait navigable. Au milieu s’est formé un puissant rouleau, pour la grande joie des canoéistes de rodéo locaux. Le Tessin s’élargit, réfrène son tempérament. Son courant tranquille traverse une magnifique réserve naturelle où vivent maints oiseaux aquatiques. Autre curiosité au fil de l’eau, ATE MAGAZINE / JUIN 2011 SCHWEIZ–ITALIEN Kanu Après avoir pagayé douze jours, arrivée au but: avec un canoë pliable sur le Canale Grande. le vieux pont de bateaux. Peu avant le but de l’étape, le soleil se montre pour la première fois. La ville médiévale : très italienne, avec tout ce que cela comporte, dans une ambiance conviviale, peu touristique. Ce n’est qu’à la gare que je trouve des cartes postales. Les ruines de l’écluse multiple témoignent de l’importance historique de Pavie comme nœud du trafic fluvial : une liaison navigable entre Venise et Milan passait par ici via le Naviglio Pavese. Avec ma famille venue par le rail, je passe trois jours au camping. Peu après Pavie, le Tessin se jette dans le Pô, dont le bassin est presque deux fois plus grand que la Suisse. En crue, son courant atteint des vitesses élevées ; les bâtiments, les câbles inondés peuvent être dangereux. Changement de programme : retour en train avec armes et bagages. Mais ce n’est que partie remise. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 5: Pavie – Monticelli Pavese Deuxième essai. Il fait maintenant beau et chaud. Le niveau de l’eau sur les piliers du pont couvert de Pavie a baissé d’environ 1,5 mètre. Peu après, le Tessin coule encore plus tranquillement. Sans pagayer, on n’avance plus vraiment. Vitesse de tourisme, plus ou moins 6 km/h, « coup de pouce du courant », 2–4 km/h. Il reste beaucoup de temps pour admirer le paysage qui défile. Le lit de la rivière d’élargit de façon encore plus impressionnante. Il faut beaucoup de temps pour passer d’une rive à l’autre. Dernier rafraîchissement du chapeau sur les derniers mètres du Tessin. Le résultat du mélange entre les eaux claires du Tessin et celles, brunâtres, du Pô, évoque malheureusement plutôt le pot de chambre. Nuit passée sur une île dans une grande boucle du fleuve. Sous tente, j’écoute des chants d’oiseaux que je n’avais encore jamais entendus. Petite musique de nuit toute la nuit. 6: Monticelli – Crémone Le Pô est si généreux dans ses méandres que l’on perd facilement le sens de l’orientation. Il y a une demi-heure, j’avais le soleil en face, maintenant il me réchauffe soudain le dos. On peut s’y retrouver grâce aux ponts, sous plusieurs desquels on passe à chaque étape. Oui, l’agriculture est souvent fortement industrialisée. Oui, la qualité de l’eau laisse à désirer. Mais, vu du canoë, le paysage reste des plus charmants. Même endigué contre les crues, le Pô est bâtisseur d’îles et de larges bancs de cailloux, de sable et de glaise à la riche végétation. Je rencontre quelques castors. Des poissons exécutent des cabrioles en l’air, un spécimen de taille respectable saute par-dessus la pointe de mon esquif. Pause à Piacenza. Quand le fleuve était en crue, je n’aurais pas pu éviter les câbles en acier du pont de secours. Au terme de près de neuf heures, j’atteins la ville des luthiers, Crémone. Sur la place du Dôme, une grande assiette de risotto accompagnée d’un bon rouge lombard redonne une énergie nouvelle. 21 heures, chaleur agréable, Crémone en habits d’été est assise aux terrasses ou flâne dans les rues. 7: Crémone – Boretto Silence matinal sur l’eau, brisé seulement par les coups de pagaïe en rythme. Le gilet de sauvetage siffle doucement à chaque torsion du torse. Son de cloches dans le lointain. Le camping de Casalmaggiore 23 SUISSE–ITALIE Canoë n’existe plus non plus. C’est égal, cela me tente de poursuivre dans l’air du soir jusqu’à Boretto. Et un « Amico del Po », quand je lui ai nommé le but de mon étape, a aussitôt saisi son mobile et appelé Emilio à Boretto. Emilio, président de l’association locale de canoë, est là. Il me montre le beau clubhouse au milieu du Museo del Po avec ses vieux bateaux et ses anciens moteurs. Il me confie la clé et me laisse passer la nuit parmi eux. 8: Boretto – Pellestrina plage Presque inimaginable de pagayer si longtemps sans avoir mal aux fesses. Mais le siège de mon Wisper, avec coussin pneumatique, ne laisse rien à désirer. Je m’embarque à cinq heures et, douze heures plus tard, je manque le débarcadère de Sermide et dresse mon camp sauvage sur une plage peu avant Pellestrina. Celui qui traverse la plaine du Pô en bateau doit s’attendre à quitter de temps en temps la zone confortable. 9: Pellestrina – Polesella Un jour de « vacances » est de mise aujourd’hui. Un restaurant flottant invite à s’attarder. Le patron m’offre un guide du Pô avec des règles de navigation et des numéros de téléphone pratiques pour le service des écluses. Après-midi : en rafraîchissant constamment mon long T-shirt dans l’eau, la chaleur reste supportable. J’arrive à Polesella par 38° C à l’ombre. Fait la connaissance de Giovanni, maçon, 22 ans, femme et enfant en Roumanie. Tous les trois mois, il prend l’avion pour passer une semaine à la maison. Il me sert un repas, m’offre le gîte, souhaite faire un essai de pagayage. Qui échoue lamentablement. Dans sa fougue juvénile, il chavire. Ce qui était encore tassé dans le bateau est trempé. Au bar, je demande où trouver un albergo – et on me transporte en auto jusqu’à l’hôtel, à 2 km. 24 10: Polesella – Can. Brondolo A pied tôt le matin jusqu’au pont près du bar où mon canoë est stationné. Pause café à Polesella, puis un joli tronçon avec plus de courant que prévu. Mes coups de pagaïe sont bientôt comptés. Avant que le Pô ne s’évase en delta jusqu’à la mer, je le quitte vers l’imposante Volta Grimana. Des deux côtés, une haute muraille recouverte d’épines. Pas de chemin en vue pour porter le bateau, mais sur le mur un numéro de téléphone est peint. Un appel suffit et Sésame s’ouvre en grinçant. Parois hautes de vingt mètres dans l’écluse sous vidéosurveillance. L’eau monte, puis la seconde porte libère le regard sur le fleuve Adige. 25 km de pagayage dans le canal de Chioggia me séparent encore de la mer. Au bord du Canale Brondolo je fais halte au Bed&Breakfast recommandé. Une oasis avec parc, âne, véranda, four à pizza, jardin de légumes bio et des hôtes cordiaux. Le fils compare le système berlusconien à une sorte de Truman-Show : quand on en fait partie, on ne s’en rend quasiment pas compte. 11: Canale Brondolo – Chioggia Soleil, vent arrière, pas d’autre âme qui vive sur le canal. Sui- vent trois écluses qui compensent les différences de niveau jusqu’à Chioggia. L’idée de faire un tour en canoë dans les canaux de la petite sœur de Venise tombe à l’eau, des travaux sont en cours. Je pagaïe jusqu’au camping tout proche avec bar sur la plage. La mer ! Dans le vent du soir qui se lève, les skatesurfers affluent. Je surfe moi aussi sur les vagues. 12: Chioggia – Venise Je longe l’île de Pellestrina qui sépare la lagune de la mer et la protège. La marée basse m’oblige à trouver un nouveau point d’accès. Un fort vent de mer freine la course. Entre Chioggia et Venise, on traverse deux passages vers la mer : attention aux immenses péniches et aux courants des marées. Les bateaux rapides sont attentifs, réduisent leur vitesse. Puis ce moment de rêve, dans la brume là-bas la silhouette de Venise avec San Marco. La voie navigable Locarno–Venise existe. Des pilotis indiquent une route directe, avec une vitesse maximale autorisée de 14 nœuds. Ensuite, encore indemne sur la voie navigable de la Giudecca, sur laquelle voguent aussi les grands ferries qui relient la Grèce à l’Italie. Me voici bientôt en plein dedans. Final grandiose, parmi mes semblables : tout le monde prend le bateau. Taxis, voirie, transports publics (vaporetti), transport de légumes, ambulances. En cinq minutes, je vois davantage de bateaux que sur les 600 kilométres parcourus depuis Locarno. Des règles de navigation pour les canoës visitant Venise ? Il n’y en a manifestement pas de particulières, il ne faut juste pas déranger. Sur l’eau aussi, on a vite perdu le sens de l’orientation. Il est d’autant plus beau de déboucher soudain sur le Canal Grande et le pont du Rialto. Le bateau est plié. A la gare de Santa Lucia, directement accessible par l’eau, le train pour Berne attend. Six heures de voyage pour rêver, et pour me plonger dans le guide du chemin de randonnée cycliste du Pô. Il parle de la chance de découvrir un itinéraire encore épargné par le tourisme de masse. On peut en dire autant de la descente du Pô en canoë. Il n’y a pas d’« infrastructure de vacances », et le côté aventure en est d’autant plus marqué, comme la joie de tomber par surprise sur un restaurant au bord de l’eau. Plus amples informations sur le parcours et l’équipement: www.ate.ch/excursions Embarquement pour l’aventure à Lungolago près de Locarno. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 EUROPE Carte ferroviaire ATE Heidelberg, le Vieux Château Kopenhagen, la Petite Sirène © Peter Krebs Berlin, la coupole du Reichstag Prochain arrêt: l’Europe Pour son édition voyages, le magazine ATE a tout spécialement conçu une carte de l’Europe avec des villes facilement atteignables en train depuis la Suisse. Avec cette nouvelle prestation, l’ATE donne des idées de séjour et simplifie la préparation des vacances dans les pays voisins. L e voyage en train, c’est déjà un peu les vacances. Et si le trajet vers Madrid, Vienne ou Londres est jugé trop long pour un weekend prolongé, d’autres villes tout aussi captivantes et plus proches de la Suisse ne demandent qu’à être découvertes. Avignon n’est qu’à trois petites heures de Genève, Munich à quatre heures de Zurich et il ne faut que cinq heures depuis Lausanne pour rejoindre Bologne « la rouge» (découvrez notre reportage en page 14). Nous avons indiqué le temps de trajet en train vers les capitales et les grandes villes européennes, et le nombre de changements nécessaires. Afin de ne pas surcharger la lecture, seuls Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich ont été choisis comme lieux de départ. Les deux sites Internet les plus performants pour rechercher un horaire de train vers l’Europe sont ceux des CFF et de la Deutsche Bahn. Le site d’Interrail donne des informations utiles sur les pays ATE MAGAZINE / JUIN 2011 et leur réseau ferroviaire, ainsi que des liens vers les sites web des chemins de fer nationaux. Le Global Pass – une sorte d’abonnement général – représente la meilleure option si vous comptez prendre beaucoup le train dans toute l’Europe. Il est valable dans 30 pays pour une période consécutive ou des jours flexibles. Le prix pour un adulte est de 340 francs pour cinq jours et 811 francs pour un mois complet. Les jeunes de moins de 26 ans bénéficient d’un tarif préférentiel. Une réduction de 50 % s’applique aux enfants âgés de 4 à 11 ans, tandis que les enfants de moins de quatre ans voyagent gratuitement. Le Senior Pass donne droit à une réduction de 10 % sur les tarifs adultes. Il existe aussi des abonnements pour un seul pays. De manière générale, il est vrai qu’envoyer ou emporter son vélo dans le train n’est pas toujours aisé. Il est préférable de bien se renseigner avant, car il n’est pas autorisé de voyager avec un deux-roues dans tous les trains et ce n’est pas toujours gra- tuit non plus. Les trains de nuit City Night Line représentent la meilleure option pour le Nord et l’Est de l’Europe. Le sac à vélo de type «tranzbag » donne accès à nombre de trains qui n’autorisent pas le chargement libre-service (par ex. ICE allemands et trains rapides italiens), ce qui implique de démonter la roue avant. Un billet international pour vélos, ainsi qu’une réservation obligatoire, sont normalement exigés pour le chargement des vélos par les voyageurs à l’étranger. Dans les TGV tout comme dans les trains de nuit français, la réservation obligatoire coûte 10 euros. Dans les autres trains grande ligne et les TER, le chargement des vélos est gratuit et se fait sans réservation. Il est possible de réserver depuis la Suisse des places dans les trains allemands grande ligne où le chargement des vélos par les voyageurs est autorisé. La Deutsche Bahn fournit des précisions via sa hotline vélo. Elle donne aussi des informations sur le Danemark, la Hollande, la Hongrie, le Luxembourg et la République Tchèque. Noëlle Petitdemange Liens utiles Horaires en ligne dans toute l’Europe : www.cff.ch, www.bahn.de Horaires des ferrys au départ de la France ou de l’Italie vers la Corse et la Sardaigne: www.sncm.fr, www.corsicaferries.fr , www.aferry.fr Infos sur les réseaux ferroviaires : www.cff.ch/interrail, www.bueker. net/trainspotting/maps.php, www. railteam.fr Liste des compagnies ferroviaires : www.railpassenger.info > Adresses utiles www.cff.ch/velo. On y trouve notamment une liste des meilleures correspondances internationales pour le chargement des vélos par les voyageurs. www.bahn.de et sa hotline vélo 0049 1805 15 14 15 (EUR 0.12/min) www.velo.sncf.com www.oebb.at/de/Reiseplanung/index. jsp 25 VOYAGE S Montagnes citadines Légende Lieux de départ BE = Berne BS = Bâle GE = Genève Lsne = Lausanne ZH = Zurich GE: 5h45/1 Durée approximative depuis le lieu de départ / nombre de changements (minimum) ZH: d 9h/0 durée approximative depuis le lieu de départ, de nuit / nombre de changements train de jour train de nuit $PVWHUGDP BS: 6h45/0 ä d 10h50/0 /RQGUHV BS: 7h30/1 GE: 6h45/2 ä &RORJQH äBS: 4h/0–1 ä%UX[HOOHV BS: 5h45/1 GE: 5h45/1 Idée reçue L’avion, c’est plus rapide On reproche au train d’être chronophage, mais on oublie souvent de compter le temps de trajet pour se rendre à l’aéroport, l’attente à l’embarquement et le trajet vers le centre ville. Le train, lui, nous prend et nous amène directement au cœur de la cité. Certains vols décollent très tôt le matin ou tard dans la soirée, ce qui ne permet pas toujours de rejoindre l’aéroport. Les trains de nuit représentent une alternative intéressante. L’avion, c’est moins cher Il est vrai que les tarifs de certaines compagnies aériennes sont alléchants pour les voyageurs qui réservent tôt, mais ces offres sont limitées et n’incluent souvent pas les multiples taxes qui viennent s’ajouter au prix du billet (bagages, taxe d’aéroport, taxe sur les carburants, assurances, etc). Le rail propose aussi des tarifs avantageux si on s’y prend à l’avance. Par exemple pour Budapest (dès 65.– aller), Prague (dès 70.– aller), Barcelone (dès 70.– aller) ou Copenhague (dès 70.– aller). 3DULV BS: 2h45–3h30/0–1 ä 1DQF\ BS: 3h30–45/1 ä ä 6WUDVERXUJ BS: 1h/0 'LMRQ 1DQWHVä ä%¤OH Lsne: 2h/0 BS: 6h30–45/1 Lsne: 7h30/1 GE: 6h30/1 ä ä%HUQH /D5RFKHOOHä Lsne: 8h30/1 *HQªYHä /\RQä %RUGHDX[ä BS: 7h45/1 GE: 7h45/1 ä /DXVDQQH 7XULQ GE: 1h45–2h/0 BE: 5h15/1 Lsne: 5h30–45/1 ZH: 5h30–45/1 ä 6DYRQH BE: 5h45/1 Lsne: 6h45/2 ZH: 6h15/1 1°PHV $YLJQRQ ä GE: 3h/0 1LFH ä äGE: 6h3 ä 0RQWSHOOLHU ä$L[HQ3URYHQFH GE: 4h/1 ä GE: 3h45/1 0DUVHLOOH GE: 3h15/0 7RXORXVHä GE: 6h30–45/1–2 © Carte: WoGi/fotolia.de; Graphique: ATE/müllerlütolf.ch 0HW] BS: 3h30/0 Lsne: 4h/0 GE: 3h/0ä ä3HUSLJQDQ GE: 5h45/1 GE: 3h30/0 OH Nice: d 1 $M ä %DUFHORQH 0DGULGä BS: 19h/1 (d depuis Paris) GE: 19h30/1 (d depuis Paris) 14h/2 (d jusqu’à Girona) 26 17h30/1 (d depuis Paris) d 13h45/1 (d depuis Genève) GE: 8h/2 d 10h/0 Ma Ni BS: 3RUWR7RUUH Gênes: d 1 Marseille: d 1 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 EUROPE Carte ferroviaire ATE ä&RSHQKDJXH BS: d 16h30/0 ä2VWVHHEDG%LQ] BS: 14h45/2 (d jusqu’à Berlin) BS: d 14h15/0 (juillet/août, 1 par semaine) ä+DPERXUJ BS: 6h45/0 d 10h30/0 /HLS]LJ BS: 6h45/1 d 9h30/0 BS: 7h50/1 ä d 11h/0 ä3UDJXH ä)UDQFIRUW BS: 2h45–3h/0–1 +HLGHOEHUJ äBS: 2h30/1 .DUOVUXKH äBS: 1h45/0 ä 6WXWWJDUW ä1XUHPEHUJ BS: 5h/1 ZH: 5h–5h30/1–2 ˇ ä&%XGHMRYLFH ZH: 9h/1 9LHQQH ZH: 8h/0 d 9h/0 ä /LQ] ä ä0XQLFK ZH: 6h30/0 ZH: 4h15/0 ä 6DO]ERXUJ ,QQVEUXFN ä 0LODQ ä MDFFLR ä ä5DYHQQH BE: 4h45/1 Lsne: 5h/1 ZH: 5h15/1 BE: 7h/2 Lsne: 6h45/2 ä)ORUHQFH BE: 5h30/1 Lsne: 5h45/1 ZH: 5h45/1 ä%DVWLD Gênes: 4h15/0 Savone: d 10h45/0 Marseille:d 11h30/0 arseille: d 11h/0 ce: 6h45/0 10h/0 14h/0 Lsne: 8h/1 ZH: 8h15/1 BE: 6h30/1 Lsne: 6h15–30/1 ZH: 6h30–7h/1 0–45/0–1 10h30/0 ä %RORJQH Lsne: 5h30/1 ZH: 5h30–45/1 ä H5RXVVH ZH: d 11h45/0 ä 9HQLVH ä *¬QHV ä BE: 5h/1 ä%XGDSHVW ZH: d 12h/0 ä5RPH Pour les amies et amis du rail, l’éditeur Kümmerly + Frey a publié une carte grand format de l’Europe, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au 1:5’000’000. Les lignes ferroviaires sont réparties en différentes catégories telles que l’écartement des voies, les tronçons à grande vitesse, la traction électrique, les tronçons marchandises, ou encore les lignes en construction ou planifiées. On y trouve les chemins de fer de 48 pays, avec vue en perspective. /MXEOMDQD 7ULHVWH ä BE: 7h45/1 BE: 3h/0 Lsne: 3h15/0 ZH: 3h45/0 ä ä%UDWLVODYD ZH: 11h/1 (d jusqu’à Vienne) ZH: 5h15/0 ZH: 3h30/0 =XULFK ä ä%RO]DQR%R]HQ ZH: 6h45/1 HVä Deux cartes ferroviaires pour l’Europe BS: d 13h/0 ZH: 12h/1 BS: 2h45/1 H BS: d 16h/0 'UHVGH ä 1 ä9DUVRYLH ä %HUOLQ BS: 7h–7h15/0–1 d 10h15/0 BE: 7h15/1 Lsne: 7h30/1 ZH: 7h30/1–2 ä=DJUHE ZH: d 14h/0 Thomas Cook en est déjà à la 18e édition de sa carte Rail Map Europe. Au recto, un plan au 1:4’000’000 donne un aperçu du réseau ferroviaire, de Lisbonne à Moscou. Au verso figure toutes les lignes de chemin de fer d’Europe centrale, au 1 :1’500’000. Les tronçons pittoresques sont surlignés en vert. Une sélection de parcours en bus et en bateau complète la carte. Carte des chemins de fer d’Europe : Kümmerly + Frey, ISBN 978-3-033-01398-82. Prix : 19,90 francs. Disponible en librairie ou sur www.swisstravelcenter.ch Rail Map Europe : Thomas Cook, ISBN 978-1-84848-356-9. Prix : 9,99 livres sterling (15 fr. env.) Disponible en librairie ou sur www.thomascookpublishing.com ä2OELD Gênes: d 9h30/0 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 27 EUROPE Carte ferroviaire ATE Turin, café San Carlo Budapest, Basilique St-Étienne © Peter Krebs Vienne, Cathédrale St-Étienne Billet en ligne, rabais, informations Vente de billets via internet et réductions de prix : les chemins de fer sont à la page. Mais il leur manque encore une plate-forme unifiée. L es compagnies de chemin de fer se sont inspirées des prestataires à bas prix (low cost) : acheter des billets de train via l’internet est devenu plus facile. On trouve aussi de plus en plus d’offres à prix réduit. Parmi les lacunes qui subsistent, on relèvera en particulier qu’aucune plate-forme en ligne unifiée ne vend des billets pour toute l’Europe. Le site web de Railteam, l’alliance européenne d’opérateurs à grande vitesse, propose de nombreuses informations, mais il n’est pas possible d’y passer commande de billets (www. railteam.ch). De gros écarts de prix L’ATE a comparé les sites web de pays voisins avec celui des CFF. Un achat-test sur www.oebb.at pour le trajet Aarau – Salzbourg et retour, avec réservation un mois à l’avance, était possible au prix de 88 euros (112 francs suisses env.) moyennant le choix d’un train spécifique (billet valable seulement dans le train indiqué) ou pour 122 euros (156 fr. env.) au tarif normal. Sur www. bahn.de, des billets pour un aller simple Winterthour – Nuremberg étaient proposés deux 28 semaines à l’avance dans une fourchette de 39 (prix réduit) à 99 euros (50 à 126 fr. env.). Les deux compagnies accordent 25% de rabais sur les voyages transfrontaliers aux titulaires d’un abonnement suisse demi-tarif ou général. Cette réduction n’est toutefois pas disponible lors d’une réservation en ligne sur le site web des chemins de fer allemands DB. La compagnie française SNCF a créé le site web www.tgv-europe.ch pour la clientèle helvétique. En fonction de l’itinéraire et du moment de la commande, on dispose du tarif normal sans réservation, d’offres ferroviaires à bas prix ainsi que de réductions pour les personnes âgées. La convivialité et la diversité de l’offre du site www.trenitalia.it pourraient être grandement améliorées. Si l’on ne parle pas italien, la seule alternative est l’anglais. Et quand on clique sur les propositions de l’horaire, la réponse est souvent «We are sorry, but the chosen solution is not purchable» («Désolé, mais l’option choisie n’est pas disponible»). Sur www.cff.ch, un clic sur «Voyages / Ticket Shop / Voyages en Europe», permet d’acheter en ligne des billets au départ de gares en Suisse vers des pays voisins ou plus lointains. Les réductions liées à l’AG, au demitarif et aux cartes Rail Plus sont accessibles lors de la réservation, de même que les rabais proposés par les compagnies étrangères. Dans les régions voisines Pour visiter les régions frontalières de la Suisse, mieux vaut acheter un billet CFF jusqu’à la frontière, puis prendre un forfait ferroviaire régional à un automate ou un guichet des chemins de fer étrangers. Depuis quelque temps, on trouve aussi des automates à billets ÖBB aux gares de Buchs et Sankt Margrethen (canton de Saint-Gall), DB à Bâle et Schaffhouse, SNCF à Bâle (mais pas à Genève). À la gare badoise (Badischer Bahnhof) de Bâle, les guichets de la DB sont ouverts tous les jours. Il existe une offre forfaitaire avantageuse pour les trajets en train et en bus dans tout le Vorarlberg et le Liechtenstein : la carte Maximo, à 12,20 euros par jour ou seulement 26,10 euros pour une semaine entière (www. vmobil.at). Dans les deux lands allemands contigus à la Suisse – la Bavière et le Bade-Wurtemberg –, le «Bayern-Ticket» et le «BadenWürttemberg-Ticket» ont beaucoup de succès. Ces cartes journalières coûtent 21 euros (27 fr. env.) pour une personne ou 29 euros (37 fr. env.) pour un groupe jusqu’à cinq personnes voyageant ensemble (www.bahnland-bayern. de et www.3-loewen-takt.de). Les forfaits pour le train et, parfois, aussi pour le bus s’appellent «Alsa + groupe journée » en Alsace et « pass visiter» en Franche-Comté (valable seulement le week-end et pendant les vacances scolaires). Pour les offres régionales des transports publics français, le site www.tersncf.com constitue une précieuse source d’informations. Le Tyrol du Sud est accessible en train via Innsbruck – col du Brenner – Bolzano. Pour qui ne craint pas les correspondances, il est possible d’atteindre Merano à la cadence horaire avec le Chemin de fer rhétique entre Landquart à Zernez, puis de franchir le col de l’Ofen (Ofenpass) en car postal et de continuer avec le train du Vinschgau (Vinschgaubahn, www.mobilcard.info). Jürg Tschopp ATE MAGAZINE / JUIN 2011 © RhB SERVICES Offres spéciales Un plus pour les membres de l’ATE : Fr. 20.– de rabais sur l’offre Railaway «Bernina Express» (valable jusqu’au 30.09.2011). Le bon figurant sur le rabat de ce magazine peut être échangé auprès de n’importe quel guichet CFF. Pour plus de détails, consulter le site www.bonus-ate.ch. Minotel: hôtels tout confort Voyage panoramique à bord du Bernina Express : En vacances avec la Camping Card Le camping a le vent en poupe. L’ATE propose donc la Camping Card International (CCI) à ses membres. Les titulaires d’une CCI bénéficient de rabais pouvant aller jusqu’à 25 % et ce, dans plus de 1100 campings dans 26 pays d’Europe. La Camping Card comprend une assurance RC valable dans le monde entier, sauf aux USA et au Canada. Sa validité couvre l’année civile indiquée sur la carte et expire en mars de l’année suivante. Déjà exigée par certains campings, elle garantit aux exploitants une certaine sécurité, par exemple en cas de sinistre. Plus besoin de présenter son passeport ou sa carte d’identité : la CCI est acceptée dans les campings comme pièce de légitimation (sauf en Suède). Pourquoi ne pas s’offrir un petit séjour à Cannes, en flânant sur la promenade, comme une star? L’hôtel des Orangers jouit d’une situation privilégiée au cœur de la vieille ville, à cinq minutes des plages, de la Croisette et du Palais des Festivals. En été, la piscine s’offre pour un bain rafraîchissant, sise au milieu d’un jardin parfumé aux odeurs d’oliviers et de lavande. Le séjour devient encore plus agréable pour les Un plus pour les membres de l’ATE: réduction de 10%, à partir de deux nuits. Valable pour l’Eco-Hôtel de Montézillon (tél. 032 732 22 11) ainsi que pour le Café-Hôtel à Neuchâtel (tél. 032 710 18 58). Détails sur www.bonus-ate.ch. membres de l’ATE, grâce aux prix avantageux sur toute la collection Minotel. Outre l’hôtel des Orangers, Minotel compte des établissements de charme dans 33 pays, dont une cinquantaine en Suisse. Le réseau privilégie les petits patrons : la plupart des hôtels appartiennent à la famille exploitante. Un plus pour les membres de l’ATE: 10% de réduction sur les nuitées en réservant via internet. Sur www.bonus-ate.ch vous trouverez le code ATE pour votre réservation sur le site minotel.com. © Minotel Vue du Bernina Express, la Suisse se présente sous son meilleur jour. Après un voyage en train jusqu’à Lugano, un bus longera le lac de Côme et les vignobles de la Valteline jusqu’à Tirano. Le retour dans les wagons panoramiques du Bernina Express vous fera découvrir toute l’étendue de cette ligne inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. La plus haute voie de chemin de fer sans crémaillère à travers les Alpes grimpe jusqu’aux glaciers, au sommet du col de la Bernina, se frayant un passage le long de côtes escarpées. La ligne de l’Albula et de la Bernina du Chemin de fer rhétique relie l’Europe du nord et du sud des Alpes, de Tirano (Italie) à Coire. L’Eco-Hôtel l’Aubier à Montézillon, établi en pleine nature, avec une vue splendide sur le lac et les Alpes, est un endroit propice à la randonnée. La maison de caractère conviviale et écologique propose des saveurs régionales, des produits bio et une ferme biodynamique avec fromagerie et boucherie. Au centre de la vieille ville de Neuchâtel se trouve le Café-Hôtel l’Aubier (photo) qui propose du café bio-dynamique artisanal fraîchement torréfié, des tartines, des potages et salades. La plupart des ingrédients proviennent de la maison mère à Montezillon. Dans les étages, neuf chambres lumineuses attendent les hôtes. Les deux maisons sont certifiées Goût Mieux, Bourgeon et Demeter. © L’Aubier L’Aubier : un bouquet unique © fotolia Un plus pour les membres de l’ATE : La Camping Card à Fr. 25.–. Pour l’obtenir, vous devrez disposer de votre numéro de membre ATE ainsi que de votre carte d’identité ou passeport. Formulaire de commande en ligne sur www.bonus-ate.ch, tél. 0848 611 613. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 29 VOYAGE S © Keystone Montagnes citadines Texte: Christophe Siegenthaler Découvrir l’Ile de Beauté en automne permet de prolonger l’été et d’éviter les nombreux touristes. Voyage à vélo d’Ajaccio à Bastia en longeant les côtes corses et en profitant de se rafraîchir dans les criques nombreuses. La Corse à vélo par les côtes 30 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 CORSE Vélo L e périple conquérant commence à Ajaccio, ville natale de Napoléon Bonaparte. Après être passé devant le port par lequel nous avons débarqué le matin précédent, notre voyage à vélo débute en quittant Ajaccio noyé dans son trafic routier matinal. La grève des ports de Marseille fait menacer la Corse d’une pénurie de carburants, le sujet est répété en boucle dans les médias. Toutefois, en quittant la ville, il faut bien avouer que, à nos yeux, les conséquences ne sont pas perceptibles, malgré le rationnement des stations essence. Les formes bizarres des falaises des Calanche di Piana sont l’un des nombreux paysages que l’on peut vivre intensément à vélo. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 des blocs posés en équilibre miraculeux au-dessus de profondes ravines tapissées de vert. Selon la tradition populaire, le diable serait intervenu pour concevoir un tel chaos de rochers erratiques de granit rouge. Après un long moment de contemplation, Porto nous attend plus bas pour la soirée et une nuit de repos méritée. Une route magnifique Galéria est la destination suivante. Une série de virages attendent notre passage. La route est magnifique avec ses points de vue sur la côte et la mer. Cela n’est pas un hasard qu’en sens inverse nous croisons de vieilles voitures participant à un rallye touristique. Le rythme du cycliste semble pourtant plus approprié pour apprécier le paysage. Parvenus au but de l’étape, un saut dans la mer permet de se rafraîchir, la température de l’eau étant encore agréable au début du mois d’octobre. Des lacets à franchir Quelques kilomètres plus loin, notre première étape emprunte une route avec moins de trafic et la montée du premier col, celui de San Bastiano culminant à 464 mètres, débute. En venant de Suisse, le dénivelé peut sembler relativement faible mais quand le point de départ se trouve au niveau de la mer, Parvenus au but de l’étape, un saut cela fait quand dans la mer permet de se rafraîchir. même quelques lacets à franLe lendemain, la route suivant chir. Arrivé au sommet sans difficulté, la descente nous entraine la côte et dont le revêtement est à Cargèse, la Grecque. La locali- délabré, mène à Calvi avec des té s’étendant sur un promontoire vues splendides sur le littoral, sur de granit au-dessus de la mer a la côte sauvage creusée d’anses. la particularité de posséder une En plus, les voitures semblent église grecque, car elle a été fon- avoir disparu: nous pédalons dudée par des colons venus du Pé- rant près de 20 kilomètres avant que la première voiture nous loponnèse. Quelques calories avalées et dépasse. Arrivés à Calvi, nous une petite sieste, une nouvelle rencontrons un couple de cycloascension commence vers le col touristes néo-zélandais, nous de Lava, qui conduira vers l’un conseillant de passer par le Capdes paysages naturels les plus Corse. Pour pique-niquer, nous étonnants de Corse : les Calanche grimpons à l’intérieur de l’im(prononcer Calanque) de Piana. posante Citadelle ayant connu de La récompense du paysage dé- nombreux sièges au cours de son passe largement les efforts four- histoire. Alors qu’une centaine nis, encore plus avec les couleurs de résidents l’occupent actueldu début d’un coucher de soleil. lement, ils ont été jusqu’à 6000 Le site, inscrit au patrimoine par le passé. Au cours de notre mondial de l’Unesco, est un laby- balade, quelques pans de murs rinthe de rochers sculptés par le informes se présentent à nous : vent et la pluie, avec des aiguilles selon une thèse, que certains tranchantes tendues vers le ciel, habitants soutiennent mordicus, 31 © Christophe Siegenthaler Le petit port de Centuri est réputé pour ses langoustes. il s’agit des derniers vestiges de la maison natale de Christophe Colomb. Un café avalé au port, le voyage se poursuit vers la destination du jour : l’Ile-Rousse qui doit son nom à ses îlots de granit rouge, dominé par un phare. Vers le col de Vezzo Cap-Corse ? Le soir, la question se pose, dans un restaurant à recommander en dégustant une spécialité avec du brocciu, fromage corse à base de lait de chèvre. Le nord de l’île n’était pas prévu au programme, mais, après avoir examiné la carte, nous passerons par le nord de la Corse. Après une journée sans pédaler et à profiter du bord de mer, nous remontons sur notre vélo et attaquons la montée vers le col de Vezzo. A notre droite les Agriates : une zone hostile et mystérieuse, une région quasi inhabitée et un maquis dense qui cède la place à l’aridité de la roche. Un groupe de trois cyclistes sportifs nous dépassent peu avant le sommet, en signalant de tenir bon car il est proche. La descente conduit vers St-Florent, un des plus beaux 32 mouillages de Corse. En début d’après-midi, notre périple se dirige vers le Cap-Corse. La route traverse tout d’abord quelques vignobles : Patrimonio est réputé pour ses vins AOC, dégustés et appréciés le soir d’avant. Passé Nonza, le chemin de la côte alterne entre descentes et montées, la pente au-dessus de la mer étant parfois vertigineuse. L’activité humaine n’a pas laissé la nature intacte, même dans ces lieux. Une friche industrielle balafre le flanc de la colline, il s’agit des vestiges de la mine d’amiante, exploitée durant 20 ans et fermée en 1965. Nous poursuivons en traversant des localités, où les habitants bavardant au bord de la route nous saluent. L’objectif de la journée atteint, nous découvrons une bien mauvaise surprise : un panneau indique que le camping est fermé. L’aimable gérante du petit magasin de Morsiglia se charge de trouver une solution. Un coup de fi l à l’un de ses amis et nous voilà logés : un bed & breakfast nous attend à Centuri, quelques kilomètres plus bas. La petite localité du bord de mer est réputée pour sa langouste, mais comme pour le camping, nous arrivons trop tard, la saison est terminée. Une ascension nous attend sans échauffement le jour suivant. Arrivés à 365 mètres, le Moulin de Mattei nous fait signe : frappé par la foudre, en 1834, il fut restauré et transformé en panneau publicitaire par l’inventeur de l’apéritif du Cap-Corse, un siècle plus tard. Nous profitons de la vue sur la pointe de l’île. Ensuite, descente sur la côte est du CapCorse, moins spectaculaire, et direction Bastia. Le lendemain au soir, un ferry nous amène sur le continent où l’automne semble déjà bien avancé. Informations utiles Aller/retour: Prendre le TGV à Genève pour Marseille. A Marseille prendre le ferry pour Ajaccio (avec la compagnie SNCM). De Bastia, prendre le ferry pour Savone (avec la compagnie Corsica Ferries), puis prendre le train à Savone pour Milan où un changement est nécessaire pour rentrer en Suisse. Autre possibilité: prendre le ferry pour Marseille (compagnie SNCM), puis prendre le TGV de Marseille à Genève. Parcours: Il n’y pas de piste cyclable. Les routes aux alen- tours d’Ajaccio et de Bastia, ainsi que la route Calvi – L’Ile Rousse ont (parfois) passablement de trafic, le reste des routes empruntées ont peu de circulation. Saison idéale: Septembre – mi-octobre, il y a peu de touristes et le temps est encore très agréable. Attention, certains campings sont déjà fermés à cette période. Informations détaillées et tuyaux: Routes, itinéraires précis, adresses sur www.ate.ch/excursions ATE MAGAZINE / JUIN 2011 Tout ce qu‘il vous faut pour dehors. SPATZ Camping + Outdoor Equipment Hedwigstrasse 25 8032 Zurich Tél. 044 383 38 38 www.spatz.ch Camping + Outdoor Equipment Vous recherchez ? Vous proposez ? Solution du Sudoku Votre message sur 3 lignes pour Fr. 51.– ! Une petite annonce dans le Magazine ATE vous permettra d’atteindre votre objectif ! Réservez une annonce à l’adresse www.ate.ch/magazine. Renseignements au 058 611 62 59 Pour une mobilité d’avenir 3 9 5 7 8 6 1 2 4 7 8 4 5 2 1 9 3 6 6 2 1 9 3 4 8 7 5 8 7 6 3 9 2 5 4 1 ' /&$1-! 5 3 9 4 1 7 2 6 8 1 4 2 8 6 5 7 9 3 9 6 3 1 7 8 4 5 2 2 5 8 6 4 9 3 1 7 4 1 7 2 5 3 6 8 9 &$& "$ $%! &"%1(($%! &$%&% %' '%'(&$! &#'1%$"!%$&%$ ! &$$1!' %" & $1%' &$ %!' !$!'""!'$ ' /&-%$(, & & )))%!$!'%%!$ * (!'%(!+, &$ !'",&& ! & !'%(!'%-'$! %$1 "$"$%! %'$"$.$ '& , rs : E-bike u o c x n o c nombreu Grand e d t e t u m bons Mam gagner ! ix à autres pr stal.ch/ideesloisirs po www.car Idées loisirs Découvrez et vivez au rythme de notre offre d’excursions variées Idées loisirs de CarPostal vous propose plus de 300 possibilités : excursions pédestres, culture, tout pour la famille et plus encore – découvrez à bord d’un car postal les plus beaux endroits de Suisse. www.carpostal.ch/ideesloisirs Texte: Christine Zeiner Photos: Peter Krebs Hambourg est en pleine mutation. Autour du vieux port, un énorme quartier neuf voit le jour avec, pour figure emblématique, «l’Elbphilharmonie». Ses vieux quartiers apparaissent, bien plus encore, colorés et effrontés. «Tous te convoitent, et 34 VISITES DE VILLES Hambourg C rountch! Le bateau racle le fond de l’eau. «Vous avez vu? Ici, il n’y a pas d’eau! » L’embarcation fait demi-tour : la ville-entrepôt nous refuse la visite. La marée remontera dans une à deux heures. «Ici, le courant descend sept heures durant, puis remonte pendant cinq heures», nous explique le capitaine. Nous nous sentons un peu à l’étroit, comme dans les canaux de Venise. En haut des immeubles néogothiques de briques en terre cuite, on aperçoit les crochets des poulies qui, autrefois, servaient à hisser les sacs de café et d’épices dans les entrepôts. Aujourd’hui, on y stocke principalement des tapis d’Orient. Le voyage avec le bateau régulier sur l’Elbe offre une possibilité très agréable de visiter Hambourg: le débarcadère de St-Pauli. tu le sais» ATE MAGAZINE / JUIN 2011 bourgeois, des touristes, des ivrognes, des prostituées, des chauds lapins, des artistes et autres pseudo-artistes. L’endroit est teinté de bohème, d’extravagance et d’excès en tout genre. Ca sent la saucisse à rôtir, la bière et l’urine. Le calme règne dans le nouveau quartier Hafencity. Le vieux port est parsemé d’immeubles de bureaux et d’appartements modernes, froids et mondains, jusqu’au chantier du futur centre de concerts Elbphilarmonie. Il a pour vocation de devenir la nouvelle figure emblématique de la ville. Une superstructure élancée de verre s’élève sur d’anciens entrepôts de cacao. L’édifice est l’œuvre des architectes bâlois Herzog & de Meuron. L’Elbphilharmonie est aux antipodes de la réputation de retenue de la ville hanséatique. Son financement devait être assuré par des dons et la vente d’appartements de luxe – dans l’intervalle, les coûts à la charge du contribuable ont passé à 350 millions d’euros. La date d’inauguration n’a cessé d’être repoussée. On table actuellement sur novembre 2013. Le raccordement au métro entraîne de lourdes dépenses, alors que l’argent manque pour l’extension du RER dans les autres districts. Notre esquif repart en direction du nord, laissant derrière lui les vieilles façades à tourelles et encorbellements du port marchand. Nous croisons un vapeur du Mississippi. En arrière-plan on travaille à la construction du futur centre de concerts «Elbphilharmonie». Plusieurs grues entourent sa structure vitrée. Le bateau tangue fortement. De l’eau nous éclabousse. Les mouettes s’en rient. Nous passons devant les docks no 1. Notre embarcation paraît minuscule à côté des cargos. Plus loin, nous découvrons le centre de nettoyage et de maintenance des conteneurs. Nous poursuivons à travers une écluse pour nous reL’Elbphilharmonie est aux trouver au débarcadère du quartier de St-Pauli et son célèbre clocher des antipodes de la réputation de marées, ses halles d’enregistrement centenaires et sa station de métro. retenue de la ville hanséatique. La vie économique et culturelle de la ville est rythmée par son port. Son développement détermine celui de On peut visiter le chantier pour la moHambourg. Aussi son maire socialiste, dique somme de cinq euros et se faire Olaf Scholz, envisage-t-il d’abaisser le lit présenter les salles de concert inachevées, de l’Elbe pour en garantir l’accès aux gros l’espace réservé au public, l’acoustique. porte-conteneurs. Les Verts ne sont, eux, On atteint le septième étage à pied. La guère emballés par le projet. plate-forme à 37 m au-dessus de l’Elbe Le débarcadère est à une encablure devrait être un jour publique. Le vent mude la Reeperbahn, le quartier « chaud » git. De là, on voit des églises, beaucoup de de Hambourg. De chaque côté, de mas- bateaux, l’Hôtel de ville, les docks et les sives enseignes lumineuses proposent de Deichtorhallen, halles marchandes devel’érotisme en veux-tu en voilà. Ce sont nues centre d’expositions. les marins qui ont donné au lieu son caChristine Ebeling n’est pas enthouractère d’origine : c’est là, naguère, qu’ils siaste. En 2009, cette sculptrice a particiy tressaient les cordes et les câbles. Au- pé avec deux cents autres artistes au squat jourd’hui, c’est devenu le quartier bran- des bâtiments historiques du quartier ché de la ville: on y rencontre des Ham- «Gängeviertel», au centre de Hambourg. 35 'XDXPDL GHUDEDLV Offres spéciales pour les membres ATE VXUWRXWOµDVVRUWLPHQW GHODERXWLTXH$7( Voici l’été – temps des voyages : voyager léger * à part le leggero vento et les bons-cadeaux 10 % de rabais 10 % de rabais Fr. 215.10 Fr. 80.90 Schöffel easy: la veste pour everywear T-shirts en mérinos – légers, aérés et ne gardant pas d’odeurs désagréables Women Tailles: 34t36t38t40t42t44 Prix ATE Fr. 239.– (au lieu de 249.– ) 7632.C9 violet, 7632.C8 olive, 7632.C2 noir Women Tailles: XStStMtLtXL T-Shirt Tech T Lite Fr. 89.90 7307.G9 rouge, 7307.G8 violet foncé, 7307.A1 noir Men Tailles: 48t50t52t54t56 Prix ATE Fr. 239.– (au lieu de 249.–) 8032.A5 olive, 8032.R1 bleu, 8032.L1 noir Men Tailles: StMtLtXL T-Shirt Tech T Lite Fr. 89.90 7311.H5 vert, 7311.H6 anthracite, 7311.A1 noir 10 % de rabais Fr. 179.10 10 % de rabais Fr. 98.10 3 possibilités de charger: SOLAR USB 220 V PowerMonkey Explorer – réserve de courant Prix ATE Fr. 109.– (au lieu de 129.–) 8129 PowerMonkey Explorer 10 % de rabais Fr. 170.10 10 % de rabais Fr. 89.10 Scarpa Mojito – solide et polyvalent Pantalon stretch – léger et confortable Sacoches latérales pour vélo Deuter, 2 × 24 l 6764 Sacoches latérales Deuter, la paire Fr. 189.– Women Tailles: 34t36t38t40t42t44t46 Pantalon stretch Women 4733.H1 sable, 4733.F1 kaki Fr. 99.– Women Pointures: 36 – 42 Scarpa Mojito Women 8007.B2 vert clair, 8007.B3 turquoise Fr. 199.– Men Tailles: 44t46t48t50t52t54t56t58 Pantalon stretch Men 4732.H1 sable, 4732.F1 kaki Fr. 99.– Men Pointures: 40 – 47 Scarpa Mojito Men 8008.B4 brun, 8008.B5 olive Fr. 199.– Vous trouverez des informations et des offres supplémentaires sous www.boutique-ate.ch VISITES DE VILLES Hambourg Aujourd’hui, elle y boit un café dans le bistrot déglingué remis en exploitation. La maison est entourée d’échafaudages et le petit quartier cerné par des immeubles de verre. L’établissement propose des concerts, des soirées de lecture et des projections de films. On y a restauré les tapisseries et réinstallé de vieux meubles. En échange d’un don, les hôtes se font servir du thé, du café et des pâtisseries. « J’aime son architecture, même si je préfère le sobre », confie Ebeling à propos de l’Elbphilharmonie. Ce n’est pas l’apparence qui pose problème, mais le fait que la population de la ville – qui pourtant le finance – n’en profitera pas vraiment. Pendant des années, le Gängeviertel a été laissé à l’abandon. Un promoteur voulait racheter les vieilles maisons ouvrières et en détruire la plupart. Les artistes voulaient, eux, conserver ce quartier historique. Il doit être «ouvert à tous». «Dans la ville, trop d’ateliers d’artistes ont été transformés ou vendus», explique Ebeling. Ici, des talents créateurs peuvent y travailler. Même si ce n’est pas leur but, ils redorent l’image culturelle de Hambourg. Les subventions aux théâtres, musées et bibliothèques publiques ont été supprimées. Nombre d’entre eux craignent de devoir fermer. Ebeling ne veut pas entendre parler de politique de marketing. Il s’agit avant tout d’échange et de partage. Pour Anna Bergschmidt, la paix sociale est aussi menacée dans le district d’Altona: les prix grimpent et beaucoup de gens ne peuvent plus les payer. L’endroit est tendance. Bergschmidt est membre de «l’initiative anti-IKEA». Le géant du meuble envisage l’ouverture d’une succursale à Même si ce n’est pas leur but, les artistes redorent l’image culturelle de Hambourg. la Grosse Bergstrasse, la toute première zone piétonne d’Allemagne. Bergschmidt craint que ce centre Ikea n’attire davantage de voitures. A ses yeux, il n’est pas une plus-value pour la ville, mais une atteinte à la diversité culturelle d’Altona. Les opposants au centre IKEA estiment que la surface libérée par la démolition de l’ancien centre d’achat pourrait être plus avantageusement mise à la disposition des Hambourgeois. Non loin de là, l’artère commerçante du quartier d’Ottensen est une succession de boutiques de mode, d’échopes de luxe et de restaurants chics. On y trouve un café «Schweizweit», où l’on sert röstis, fromage et Rivella et un magasin «El Ro- jito» où l’on vend du café issu d’un commerce équitable. Le centre culturel « Fabrik », fondé en 1971 dans une ancienne usine de machines, propose des lectures, des débats, des concerts et des représentations théâtrales. Naguère, Ottensen était un quartier industriel et ouvrier. On l’appelait le «bourg des mites»: on disait alors des tuberculeux qu’ils avaient les poumons mités. Hambourg reste prolétaire et terre à terre, ici et là déchirée et élimée, ailleurs chic et élégante. La ville se montre créative et progressiste: la culture «alternative » prospère à l’ombre de la mutation des quartiers pauvres en quartiers riches. Ici la riche bourgeoisie protestante et hanséatique côtoie encore et toujours les émigrants venus des quatre coins d’Allemagne et du monde. « Hambourg, tous te convoitent. Tu le sais et ça te plaît. » chantais le groupe berlinois des années 90 Lassie-Singers. La constatation reste valable. Infos utiles Aller/retour : plusieurs liaisons ICE depuis Bâle et Zurich (www.cff.ch), ainsi qu’un train de nuit depuis Zurich (www.citynightline.ch voir aussi en pages 31/32). Hébergement/informations touristiques : www.hamburg-tourism.de Offres forfaitaires: www.voyages-via-verde.ch, tél. 0848 823 823 A gauche, le quartier d’ Ottensen et, à droite, l’ancienne et la nouvelle architecture dans le quartier des entrepôts. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 37 © Pro Velo SUISSE Voyages en train 38 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 SUISSE Vélo Claude Marthaler aime parcourir le monde à vélo. Avec Delphine Klopfenstein, il a rédigé un guide de 25 itinéraires cyclables autour du lac Léman. Le Magazine ATE en a testé trois. L’Arc lémanique à vélo Séparées de la route du col du Marchairuz par des murs en pierres sèches, les vaches contemplent les cyclistes. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 S i nous connaissons le Salève, la montagne de Genève, nous sommes moins familiers du massif des Voirons, au sud-est de la ville. Une lacune géographique qu’il s’agit de combler: c’est pourquoi nous choisissons cet itinéraire. Le chapitre 10 du guide précise que le voyage commence à Chêne-Bourg, près du terminus du tram 16. À la gare Cornavin, au centre de Genève, nous interrogeons donc des passants pour trouver cette ligne 16 et nous la suivons à vélo. Cela s’avère une entreprise plutôt audacieuse. Les rues de Genève sont parsemées de nids de poule, et nous nous retrouvons coincés entre les rails et le trottoir, otages d’un trafic motorisé infernal. Pas étonnant que nous n’ayons croisé que quatre autres cyclistes en tout, sur les six kilomètres séparant la gare principale du début de l’excursion des Voirons. Nous leur tirons notre chapeau et prenons acte: les cyclistes raisonnables montent dans le tram 16 avec leur vélo. Après Chêne-Bourg, le monde redevient vivable. Nous sortons de la ville et roulons dans l’agglomération. Les voitures et motos s’écoulent lentement dans les cités-dortoirs. Nous arrivons dans des vignobles avec des châteaux en miniature et au milieu de champs où ça sent le printemps. La randonnée commence vraiment. Par chance, la montée est progressive, sur une petite route qui semble désormais n’appartenir qu’à nous. Ici, en direction du col de Saxel, on croise soudain davantage de gens à vélo qu’en voiture. On se salue et se souhaite bon courage. Du courage, il en faut un soupçon pour atteindre le petit col, et aussi un peu de détermination. À gauche, un bistrot accueillant. Onze heures a sonné. Il ne reste rien de la spécialité maison – les croissants du Mont-Blanc – et il est trop tôt pour dîner. Quelques indigènes prennent l’apéro. Nous attaquons donc la variante que le guide recommande aux cyclistes téméraires et gravissons la route vers le monastère de Bethléem. Notre témérité se voit récompensée. Un lacet après l’autre, nous gagnons de la hauteur dans une forêt sauvage et faisons une halte au modeste cloître du monastère. Nous ne sommes pas encore tout en haut des Voirons, mais ce relief montagneux nous a enchantés. Nous enlevons facilement les quelques mètres de dénivelé qui nous séparent de la fin de la route, puis marchons dix minutes jusqu’au belvédère. Sous © Pro Velo Texte: Dres Balmer Vue sur le paysage dans la région frontalière entre la Suisse et la France sur la rive gauche du Léman. 39 SUISSE Vélo la pointe de nos chaussures, nous distinguons la ville de Genève et sa banlieue à travers le couvercle de smog et, à l’arrièreplan, des avions en phase d’atterrissage. À l’horizon, le Crêt de la Neige et le Reculet, les plus hautes montagnes du Jura. À notre gauche, se dresse le Salève. Encore un chouïa de courage pour la jolie descente sur une bonne route vers Boëge, mais surtout pour le dernier morceau, d’Annemasse à Genève dans la circulation dense du soir. Notre journée de travail s’achève avec le retour, cette fois dans le tram numéro 16. Informations sur l’itinéraire n° 10 : tour des Voirons L’itinéraire : Genève – Chêne-Bourg (410 m) – Jussy – Monniaz – Langin – Col de Saxel (943 m) – Boëge – Fillinges – Annemasse – Chêne-Bourg – Genève. 45 km, 510 mètres de dénivellation. Avec la variante du col de Saxel jusqu’au signal des Voirons (1480 m) et le retour, compter 57 km, 1047 m de montée. Description : route de montagne. Niveau : difficile. Avec onze confitures sur la Riviera L’ sons un crochet par la France et mesurons concrètement les disparités économiques: pour l’équivalent de 85 francs suisses par personne, nous mangeons, buvons et dormons comme des rois dans un petit hôtel sympathique à Bret, au bord du lac, à deux kilomètres de la Suisse. Au petit déjeuner, nous avons le choix entre onze confitures différentes, toutes faites maison. © Pro Velo itinéraire 24 suit les rives du lac Léman de l’est de Lausanne jusqu’au village de Saint-Gingolph, que traverse la frontière avec la France. Nous choisissons de l’emprunter dans le sens inverse de celui qu’indique le guide et partons de Saint-Gingolph au lieu d’y arriver. L’après-midi touche à sa fin, le soleil plonge derrière Genève. Avant qu’il disparaisse, nous fai- Le château de Chillon, tant de fois photographié, est incontournable sur l’itinéraire de la partie supérieure du lac Léman. 40 Le lendemain matin, nous retournons en Suisse sans le moindre nuage au-dessus de la tête. Il est plus agréable de pédaler avec onze confitures dans l’estomac. Passé Saint-Gingolph, nous voilà au Bouveret un instant plus tard. Nous nous retrouvons là dans une sorte de Venise art moderne, un village de vacances dans lequel estivantes et estivants naviguent sur les canaux à bas régime jusqu’à leur domicile. Étonnés, nous nous promenons sur les passerelles entre des centaines d’appartements de vacances dont presque tous les volets sont fermés. En dix minutes, nous apercevons en tout et pour tout trois personnes. Cet endroit que Suisse Tourisme dépeint comme une «charmante station balnéaire» évoque plutôt, à nos yeux, les sinistres coulisses de l’abondance. Il est bien différent, le monde qui nous attend plus à l’est, aux Grangettes, dans le delta du Rhône. C’est maintenant, au printemps, que la nature est la plus opulente. La vie jaillit comme d’un volcan en une centaine de couleurs. Les oiseaux chantent dans les roseaux, les grenouilles coassent dans les eaux croupissantes, l’herbe pousse au point qu’il nous semble l’entendre. L’or paraît tomber en pluie et les feuilles jouent dans le vent. Comme hébétés, nous décidons de faire une pause avant de continuer vers Villeneuve, qui nous ramènera à la civilisation. Sa rue principale pourrait être belle; hélas, elle est couverte de voitures. Plus tard, nous trouvons l’embranchement vers la rive et le Château de Chillon. La route est joliment aménagée, mais étroite. Le trafic motorisé repousse les cyclistes sur le chemin du bord du lac, où ils exaspèrent les piétons. De Villeneuve à Vevey, la rive du Léman est appelée la « Riviera ». Cela sonne aussi chic qu’Acapulco et St-Moritz, mais ici, le règne du moteur atteint apparemment les limites du supportable. Celles et ceux qui souhaitent parcourir la dernière partie de l’itinéraire jusqu’à Lausanne grimperont dans Lavaux, par exemple en direction de Grandvaux. Les routes sont parfois si raides que même les voitures s’essoufflent. À Grandvaux, un café offre une terrasse panoramique. Nous pouvons y admirer d’en haut l’entier de notre excursion du jour, ainsi que les vignobles. Le café s’appelle Restaurant du Monde. Nous nous demandons duquel il s’agit. Informations sur l’itinéraire n° 24 : tour du Haut Lac L’itinéraire: Lausanne – Ouchy – Vevey – Montreux – Villeneuve – Le Bouveret – St-Gingolph. 43 km, 10 m de dénivelé. Description : itinéraire au bord de l’eau. Niveau : moyen. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 ©Dres Balmer La montée de Nyon en direction du col du Marchairuz n’est pas particulièrement raide, mais elle ouvre bien l’appétit. Croûtes au fromage au Marchairuz L a ville de Nyon, sur la rive nord du lac Léman, est élégante. On y entend parler anglais et russe. Des yachts de luxe se dandinent dans le port. L’endroit deviendra peut-être un deuxième Montreux. Côté sud du lac, on voit la chaîne des Voirons, que nous avons récemment parcourue. Nous sommes au pied du Jura et c’est ce massif qui nous attire aujourd’hui, pour admirer la rive opposée à hauteur égale. Nous suivons donc l’itinéraire n° 11, baptisé « Le Marchairuz». Pendant un bref moment, nous quittons la ville en direction du nord, puis l’itinéraire bifurque sur une petite route qui monte entre les arbres et pardessus des ruisseaux. Changins, Coinsins, Begnins et Bassins : nous passons par une série de villages dont les noms finissent tous par « ins » – que les gens du coin prononcent « eiiiin» avec le nez. Cette symphonie nasale prend fin à Bassins. La petite route monte résolument, et le paysage gagne chaque minute en largeur. Alors que des champs cultivés nous entourent encore, plus haut, ce ne sont plus que pâturages séparés par des murs en pierres ATE MAGAZINE / JUIN 2011 sèches, plus quelques rares étables en bois. La région est si enchanteresse que nous aurions été à peine surpris si quelque lutin avait traversé notre route. Celle-ci monte, monte et monte encore. Nous croisons des gens qui poussent leur vélo, papotent joyeusement et profitent de la vie. Un des pousseurs fume même une cigarette. Voilà comment franchir les dénivelés d’élégante manière. D’une telle compagnie, nous ne pouvons qu’apprendre que le vélo est parfois trop rapide même quand il s’agit de gravir des montagnes. De l’autre côté, nous nous laissons glisser sur une pente douce, que nous suivons par une bonne petite route. On avance en général horizontalement, comme en apesanteur. Dans le groupe des pousseurs, quelqu’un qui semblait bien connaître les lieux a déclaré: «Ah oui, je suis déjà venu ici à ski de fond.» Tout juste: nous voyons les piquets qui jalonnent la piste et sont restés là depuis l’hiver. La route étroite disparaît dans un bosquet. À fin mars, une solide couche de neige recouvre encore l’asphalte. Elle forme même une carapace de glace à l’ombre. Çà et là, notre excursion a des allures de patinage artistique. Nous nous remettons à danser sur la selle du vélo et atteignons la route grimpant vers le Marchairuz. Avec ses 1449 mètres d’altitude, c’est le plus haut col routier du Jura, mais la montée depuis le nord offre davantage de facilité que n’importe quel autre col plus élevé. Pourtant, le dénivelé et l’intermède glacé ont été si exigeants qu’à l’auberge, nous dévorons une croûte au fromage typique avec jambon et œuf. Au moment du café, nous faisons le bilan des trois excursions. Le guide de Delphine Klopfens- tein et Claude Marthaler s’adresse aux braves ainsi qu’à celles et ceux que les dénivelés n’eff raient pas. Il n’y a pratiquement que sur les hauteurs que l’on échappe au trafic motorisé, qui asphyxie le Léman et les agglomérations qui l’entourent. Informations sur l’itinéraire n° 11: le Marchairuz L’itinéraire : Nyon (406 m) – Genolier – Arzier – Bassins – La Chaumette – La Bassine – col du Marchairuz (1449) – Saint-Georges – Longirod – Bassins – Nyon. 56 km, 1050 m de dénivelé. Description : route de montagne. Niveau : difficile. Le guide cycliste du lac Léman Delphine Klopfenstein, Claude Marthaler, L’Arc lémanique à vélo. 25 belles balades. Édité par Pro Vélo Suisse, Pro Vélo Genève et le Velojournal, éditions Werd Verlag Zurich (en français uniquement), 34,90 fr. Les itinéraires illustrés par des photos et des cartes couvrent la région lémanique et ses environs, en Suisse et en France. Ils suivent en partie le réseau balisé de La Suisse à vélo, ou alors orientent les cyclistes au moyen d’une bonne description de la route à suivre. Les paysages vont de la randonnée urbaine au voyage au bord de l’eau, en passant par des excursions exigeantes d’un point de vue topographique. Ce guide est idéal pour découvrir les nombreuses richesses naturelles et culturelles de cette région. 41 ACTUEL © Roberto Buzzini Dossier Texte: Urs Geiser Un nouveau sentier d’altitude relie désormais en continu la montagneemblême de Locarno, le Cardada, à Fusio, dans la vallée de Lavizzara : la Via Alta della Vallemaggia VAVM. Nouvel atout pour le tourisme de randonnée. Nouveaux itinéraires au Tessin 42 RANDONNÉE Suisse L Un parmi les nombreux coups d’œil sur la chaîne du val Verzasca qu’offre le parcours: à gauche, l’arête du Poncione d’Alnasca. ATE MAGAZINE / JUIN 2011 e feu de cheminée crépite dans le sé- contact avec la pente herbeuse escarpée, jour de la cabane rénovée qui allie notre appréhension s’envole aussitôt. On élégamment ancien et nouveau. Autour trouve en effet à chaque pas une trace à des tables entièrement occupées, les vi- suivre ou du moins des marches stables sages révèlent une certaine impatience et les lacets se trouvent à bonne distance joviale. Les odeurs émanant de la cuisine du précipice. Les quelques petites parois éveillent l’appétit. Et voilà qu’on nous rocheuses sont faciles à escalader grâce à apporte déjà une minestrone bouillante. des chaînes en fer. Le point culminant de Noris Mignami, cette semaine-là gardienne de la On trouve en effet à chaque pas cabane de Soveltra, dit ne pas avoir eu recours à une une trace à suivre et les lacets sont recette spéciale: «Surtout beaucoup de légumes, un à bonne distance du précipice. peu de beurre et laisser mijoter tout doucement», c’est tout ce qu’elle nous en dit. En plus de No- la Via Alta se situe à environ 2500 mètres ris, on trouve à la cuisine également An- d’altitude, la couronne est à portée de gela et Lucia tandis que Filippo, le neveu main. Avec le Triangolino et le Monte de 11 ans de Noris, assume le service en vi- Zucchero, au sud du col de Redorta, la revoltant. Bondissant comme une balle de Corona di Redorta offre un exceptionnel ping-pong, il remonte l’escalier vers la cui- décor de hautes Alpes. sine quatre à quatre non sans y ajouter de La suite n’est pas moins agréable. Ce temps en temps une pirouette. Très adroit, qui sur la carte se présente comme une il pose à présent le risotto alla nonna sur la affaire pour le moins ardue (« I Rocc ») se table. En troisième plat, il sert du fromage révèle en réalité comme une mer de ped’alpage qui ne pourrait pas être plus racé. tites bosses rocheuses totalement lisses au milieu d’une vaste surface herbeuse Nous avons amplement mérité notre où scintillent des nuées de gentianes d’un repas. La veille, nous étions partis de bleu intense. Nous descendons d’abord Broglio pour traverser la vallée féerique allègrement avant que le chemin ne rede Tomè avant de monter jusqu’à l’alpe devienne plus difficile. Passant devant éponyme et de bifurquer dans la Via les témoins respectables d’une culture Alta. Nous n’avons pas raté l’occasion de alpestre révolue, nous faisons une halte nous baigner le soir dans le lac qui nous à Pianconi. Un petit lac avec des îlots a charmé par son magnifique jeu de cou- de linaigrette réfléchit l’univers montaleurs. L’hébergement spartiate à la cabane gneux de la partie supérieure de la vallée Tomè, avec seulement quatre places pour de la Maggia. dormir et un âtre ouvert, appartient au passé. Il a fait place à un écrin d’architecLa descente vers Soveltra est le desture alpine équipé d’une cuisinière à gaz sert. Des dolci nous sont évidemment et d’une réserve de boissons. Les huit ou aussi servis par Noris qui a autrefois ofneuf matelas sous les combles sont peu ficié à la cuisine du restaurant familial comparés à la capacité des autres cabanes « Lavizzara» à Sornico, en bas de la valsituées le long de la Via Alta qui en comp- lée. Un autre dessert nous est offert detent quinze ou plus. Dès que le finance- vant la cabane sous forme d’une splenment du projet sera assuré, le Patriziato dide lumière du soir éclairant les flancs di Broglio rendra également habitable du Campo Tencia qui ferme de manière l’écurie derrière la cabane. imposante la vallée encaissée de Soveltra. Départ aux aurores de Tomè. A l’heure Ce plus haut sommet entièrement situé du goûter, au passage sans nom près du sur territoire tessinois est plus facile à point 2156, nous jetons un regard crain- gravir à partir d’ici que de la cabane de tif vers le versant sud-ouest de la Corona Campo Tencia. Comment résister à la di Redorta. C’est par là que nous sommes tentation de prolo nger la balade sur la censés passer? Dès que nous sommes en VAVM d’une journée ? 43 RANDONNÉE Suisse L’idée du sentier de grande randonnée le long de la ligne de partage des eaux de la Maggia et de la Verzasca est née il y a un peu plus de sept ans au sein d’une poignée d’amis de la montagne du club alpin régional. Directeur technique de l’association touristique de la vallée de la Maggia, Matteo Zanoli a sensiblement contribué à ce que ce rêve devienne peu à peu réalité. Avec une demi-douzaine d’ouvriers saisonniers, de dix à quinze participants aux programmes d’activités et de deux à trois personnes effectuant leur service civil, il assure l’entretien du réseau de sentiers pédestres de plus de 700 kilomètres et dégage les chemins envahis par la végétation ou en construit de nouveaux. Zanoli ajoute cependant que le travail ne pourrait pas être accompli sans une bonne collaboration avec les communes et les particuliers. L’aménagement de la Via Alta a coûté environ 120 000 francs – hors construction des cabanes © Urs Geiser – et les frais d’entretien sont estimés à 5000–6000 francs par an. Les initiateurs du projet n’ont cependant pas tout dû reprendre à zéro. Si le tracé existait en effet déjà en grande partie, il a fallu l’améliorer, notamment à l’extrême sud, autour de la Cima della Trosa et le Madone. Mais l’une des innovations apparaît en plein jour dès la Bocchetta di Orgnana. Au lieu de rejoindre l’Alpe Nimi par le bas, il est aujourd’hui possible d’y accéder par le haut, ce qui est nettement plus spectaculaire. La Capanna Nimi n’est pas équipée de douches comme la cabane de Soveltra. En revanche, il y a une baignoire à l’eau de source offrant une vue unique sur le lac Majeur. Juste à côté, des cochons de laine se vautrent dans la boue. Roccia est le nom du berger de Maremme blanc et à long poil qui surveille son troupeau en aboyant depuis qu’un loup a égorgé plusieurs chevreaux. Le regard de Roccia et sa nature brisent le cœur des personnes les plus hostiles aux chiens. Pietro, le berger des chèvres, produit ici son propre fromage de brebis. Lui aussi s’appelle Zanoli – c’est le frère de Matteo. Au lieu de continuer en tant que banquier à accumuler de l’argent, Pietro s’occupe aujourd’hui de la plus-value de l’économie alpestre. Il descend donc pour ainsi dire du tertiaire au primaire. Il poursuit l’œuvre de son oncle Gioachino qui a réveillé Nimi il y a 30-40 ans de sa léthargie. Après une soirée d’octobre douce comme en été, nous sommes accueillis derrière Nimi dans une lumière automnale éblouissante par l’un des tronçons de la Via Alta qui offre les plus belles vues: la crête entre Cima di Nimi et Madom da Sgióf. Les puristes regretteront sans doute que les marquages blanc-bleublanc nous évitent de chercher notre chemin à travers le dédale de blocs rocheux et que des marches en fer nous aident à franchir les obstacles. Mais le pragmatique en moi me dit que l’intervention est bien modeste comparée à une via ferrata et que l’avantage touristique potentiel est d’autant plus grand. L’étape de Nimi à Masnèe est heureusement courte. Heureusement, parce que des lacs idylliques, comme celui de Starlaresc da Sgiof, bordent le sentier et invitent à s’y prélasser. Il y a deux ans, nous avons constaté que de nouvelles traces conduisaient de Masnèe direction © Matteo Zanoli L’entretien des sentiers par des professionnels et vue idyllique photographiée au dessus de Tomè. 44 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 ACTUEL © Karen Cordes Dossier Découverte rafraîchissante en-dessous du chemin entre Prato-Sornico et la cabane Soveltra. Laghetto Pianca. Ces traces se sont entretemps transformées en sentier ce qui off re l’occasion à Masnèe de se positionner comme centre de vacances au bord de lacs alpins. Après Masnèe, le marquage alpin blanc-bleu-blanc domine par rapport au balisage blanc-rouge-blanc moins exigeant. Mais les incessantes montées et descentes qui nous font perdre le souffle valent indéniablement les efforts consentis. Il y a là le sommet arrondi du Pianciasca qui, avant l’ère de la VAVM, n’était accessible qu’au prix d’un grand détour. Au pied du Pizzo Coca s’étendent deux lacs dont le plus petit a des allures de piscine dont la température atteint, grâce à la faible profondeur, souvent 20 degrés même à la fin de l’été. Entre les deux lacs se situe la ligne de partage des eaux du Coglio et du Giumaglio dont les vallées se rejoignent plus bas. Elle se trouvent directement en contrebas de celle que suit la Via Alta: un endroit géomorphologique remarquable. L’étape suivante, l’Alpe Spluga, a connu une véritable renaissance. Il y a 100 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 ans, on y dénombrait encore 27 vaches, 6 bœufs, 5 veaux, 151 chèvres et 8 cochons. Des animaux y ont passé l’été pour la dernière fois en 1957. Puis est venu le lent déclin. En 2004/05, le Patriziato di Giumaglio a complètement rénové l’ensemble d’immeubles avec l’aide d’artisans professionnels et d’une centaine d’assistants qui ont fourni des milliers d’heures de travail bénévole. Les toits parfaits en pierre sont un régal pour les yeux et l’infrastructure de la cabane off re un confort à la hauteur des espérances. Rien que géographiquement, Spluga est prédestiné à devenir une sorte de charnière de la Via Alta. Les environs sont d’une beauté inouïe. Pascolo dei Laghi, pâturage des lacs, est le nom de cette vaste cuvette. Des ruisseaux sillonnent en méandres à travers la plaine gorgée d’eau et luxuriante. Ils se déversent dans de petits lacs marécageux et dans des bassins où l’on peut se baigner. On tombe sur des exclusivités de la faune et de la flore, comme les orchidées ou la libellule arctique d’émeraude. Lors de ma première visite, à tout de même près de 2000 mètres d’altitude, j’ai vu un superbe exemplaire de couleuvre à collier glisser à travers les rhododendrons des Alpes. Spluga démontre aussi une chose : l’infrastructure de la VAVM ne sert pas seulement à ceux qui sont en forme et suffisamment expérimentés pour parcourir l’ensemble du sentier d’altitude. On peut également la savourer en ne l’empruntant que ponctuellement. Un sentier de randonnée de montagne complètement réaménagé adapté aux familles conduit désormais de la Bocchetta Canòva, au-dessus de Spluga, jusqu’aux vallées Un livre et une exposition sur la Via Alta A peine inaugurée, la VAVM se retrouve déjà sous forme d’un livre («di tracce e orizzonti») et au musée. A travers plus de cent photos en couleurs, Roberto Buzzini a réussi à capter la magie de ce voyage dans le temps. Texte d’accompagnement en trois langues (i, d, f), 176 pages, Fr. 45.–. A commander sur [email protected] ou chez Edizioni A2, CP 48, 6670 Avegno. Le Museo di Valmaggia à Cevio, dont le détour vaut la peine, consacre son exposition thématique annuelle au livre, respectivement à la Via Alta. (jusqu’au 30 octobre). 45 Papa prévoit tout! Même le pire... Si l’un de mes parents venait à disparaître ou devenait invalide, avec la rente FSMO je poursuivrais mes projets d’avenir. Vous aussi, cotisez dès maintenant auprès de la Fondation FSMO. SANS BUT LUCRATIF FONDATION DE SECOURS MUTUELS AUX ORPHELINS 46 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 © Urs Geiser Des échelons métalliques diminuent les difficultés de l’étape de Nimi à Masnèe. d’Osura et de Verzasca. Depuis Giumaglio, Spluga est maintenant facilement accessible en quatre heures de marche. A propos de Giumaglio: lorsque Filippo, le turbulent jeune serveur de la cabane de Soveltra, m’a révélé qu’il habite là-bas, je lui ai demandé s’il connaissait la cabane de Spluga. « Bien sûr, j’y vais souvent. » J’ai cru déceler un ton un peu vexé. Sa grand-mère m’a dit qu’il aide pendant les vacances d’été deux semaines sur une alpe. Filippo, un vrai espoir pour le renouveau de la vallée de la Maggia. La Nonna Noris de 72 ans et au tempérament fougueux ne comprend que difficilement ma question sur sa motivation. «La cabane de Soveltra n’est pas encore entièrement remboursée, et nous ne pourrions jamais nous en sortir financièrement sans les bénévoles.» Ici, on ne parle pas de solidarité, on la vit. L’étape de la VAVM entre Spluga et Tomè n’est pas tout à fait sans problème, même par de bonnes conditions. Ceux qui partent direction sud voient depuis la Val Cocco deux barrières rocheuses en face d’eux qui semblent infranchissables. Les constructeurs du sentier ont résolu le problème en creusant une percée pentue à travers la jungle de rochers et de broussailles; les randonneurs gravissent cette voie en escaladant des marches hautes ATE MAGAZINE / JUIN 2011 – mais ils oublient ces efforts épuisants dès qu’ils aperçoivent la splendide vue qui s’offre à eux depuis la crête. Un couloir effrayant conduit hors de la vallée de Serenello où les dépenses d’énergie se retrouvent démultipliées: deux pas, une glissade, encore deux pas. En plus, il y a de nombreuses pierres détachées qui risquent d’avoir des incidences fâcheuses pour la dynamique du groupe. Notons cependant que le degré de difficulté technique ne dépasse pas la limite officielle (T4). Il n’y a pas de passages extrêmement exposés, comme sur la Via Alta della Verzasca voisine. Selon Matteo Zanoli, ils étaient déjà des centaines l’année dernière à venir assouvir leur curiosité sur la Via Alta naissante. La motivation se retrouve boostée par l’autre ligne de partage des eaux sur le flanc ouest de la vallée. Tôt ou tard, la VAVM devrait faire le tour de toute la vallée de la Maggia. Pour Zanoli, qui s’engage par ailleurs en tant que municipal de Avegno-Gordevio en faveur du développement durable, la route à suivre est claire: «Cela ne nous apporte absolument rien d’installer une piscine olympique à Cevio. Il nous faut jouer nos atouts: l’univers montagneux intact et un paysage soigneusement entretenu.» L’héritage socioculturel est exemplairement présenté par les sentiers thématiques, les «Sentieri di pietra», qui ont sensiblement gagné une grande popularité en très peu de temps. Et qu’en est-il de la sixième – ou première – très belle étape de la Via Alta de Soveltra à Fusio? Nous nous retrouvons ici dans un domaine blanc-rouge-blanc, même si la descente du col de Fornale paraît au début plutôt casse-cou. Sur le chemin vers le lac de Mognòla, on aperçoit de loin l’église en marbre de Mogno avec laquelle Mario Botta a conçu un lien aussi tranquille que mystique entre la terre et le ciel qui ne laisse personne insensible. Les architectes de la Via Alta ont eux aussi réussi une œuvre d’art similaire. Principales adresses Internet: www.vialtavallemaggia.ch (avec PDF du dépliant informatif) ; www.vallemaggia.ch; www.pietraviva.ch; www.museovalmaggia.ch ; www.sav-vallemaggia.ch Caractéristique de la randonnée/cartes: Le degré de difficulté varie entre T2 et T4. Pour la plupart des étapes (en tout quelque 60 kilomètres), il faut compter entre 7 et 9 heures de marche. Carte topographique : 1:25’000, feuilles 1312 Locarno, 1292 Maggia et 1272 Campo Tencia. Informations supplémentaires : www.ate.ch/excursions 47 EN ROUTE Portrait © Peter Mosimann Franziska Abbühl exerce le métier masculin de pilote de locomotive auprès des chemins de fer de la Jungfrau. Parfois, elle passe la nuit aux abords du glacier de l’Eiger et commence sa journée en déblayant la neige. Franziska Abbühl (41 ans) est la première pilote de locomotive des chemins de fer de la Jungfrau. «Il faut savoir aimer la montagne» Propos recueillis par Regula Tanner 48 «J ’ai voulu aller tout en haut. Ce que je préfère, c’est de conduire le train de la Petite Scheidegg jusqu’au Jungfraujoch culminant à 3454 mètres. Certes, la majeure partie se passe dans le tunnel. Mais ça aussi, c’est intéressant : traverser cet ouvrage d’art presque centenaire, sentir l’inclinaison et être au plus proche de la montagne. J’ai toujours voulu travailler dans le rail. Mon père était mécanicien de locomotive de la Wengernalpbahn WAB. Le soir, quand personne ne nous voyait, il emmenait parfois ses enfants avec lui. Des moments mer- ATE MAGAZINE / JUIN 2011 EN ROUTE Portrait Un emploi à plein temps Tout le monde n’a pas la chance de travailler dans les montagnes. Après m’être occupée de mes enfants, je repris contact avec les chemins de fer de la Jungfrau qui m’ont proposé un emploi à plein temps. En été, j’assure le service sur le trajet alors qu’on me retrouve le plus souvent dans l’atelier en hiver. J’y contrôle les installations électriques des cabines de conduite. Si nécessaire je remplace les câbles défectueux. Ma formation m’est également utile en cas de pannes. Heureusement, il n’y en a pas trop. Mais une panne de courant survient parfois en plein tunnel. Les wagons sont alors plongés dans le noir. Dans de telles situations, ce sont les passagers qui constituent le principal problème. Certains sont pris de panique et crient au secours. «Qu’est-ce qui se passe?» Je transmets alors des informations par haut-parleur en allemand, anglais et français – ça rassure. Le plus souvent, la panne est rapidement réparée. Mais il arrive que les voyageurs soient obligés de changer de train, doucement, l’un après l’autre, en empruntant l’escalier de la motrice. En effet, il est impossible de descendre sur les côtés, le tunnel étant trop étroit. Des messages préenregistrés sont diffusés en huit langues: allemand, anglais, français, italien, espagnol, japonais, coréen et chinois. Il faut dire que les tou- ATE MAGAZINE / JUIN 2011 ristes sont nos principaux clients. part peu après cinq heures. Nous En général, ils se pressent le ma- nous installons dans la locomotin pour monter sur le Jungfrau- tive centenaire He 2/2 et dégajoch avant de repartir peu après geons la voie de la neige. Tout vers Genève ou Lucerne. Ce serait trop de stress De temps à autre, nous sommes pour moi. Je préobligés de nous arrêter pour défère infiniment la tranquillité des crocher au piolet de gros glaçons. montagnes. Pendant mon temps libre, je gravis volontiers des fonctionne alors encore entièresommets. Rien de bien extrava- ment de manière mécanique. Ni gant cependant, plutôt des tours dispositif d’homme-mort ni afcontemplatifs, Mönch et Jung- fichage numérique. Quelle sensation de conduite! De temps à frau par exemple. Il faut savoir aimer la mon- autre, nous sommes obligés de tagne quand on travaille en alti- nous arrêter pour décrocher au tude. Et pas seulement par beau piolet de gros glaçons suspendus temps, mais aussi en cas de pluie, au plafond. Nous nous aidons neige et vent. En revanche, à l’an- les uns les autres et formons une nonce d’une tempête, le service équipe soudée. A huit heures, quand la première rame transest interrompu. porte les passagers vers le haut, Dégager la neige tout doit être en ordre. En hiver, je préfère partir très tôt. Les journées de pointe, nous Les trois employés qui assurent le emmenons plus de 5000 voyaservice du matin passent la nuit geurs jusqu’au Jungfraujoch. dans la maison du personnel à Quand il n’y a pas suffisamment la station Eigergletscher. Dé- de places assises, j’invite deux passagers à s’asseoir dans la cabine de conduite. Ce qui les ravit le plus souvent. A l’arrière du train, on ne voit rien tandis qu’à l’avant, on distingue le trajet, les signaux et l’inclinaison qui atteint en partie 25 pour mille. C’est surtout impressionnant lors de la descente. Certains, en général des passionnés du rail et des enfants, me demandent s’ils peuvent s’installer dans la cabine de conduite. « Comment freinezvous ? », demandent-ils parfois. Je leur explique alors les différentes méthodes de freinage. Des vaches et des touristes Et c’est vrai que nous devons souvent freiner! En été, des vaches bloquent parfois les voies, en hiver, ce sont les skieurs. Et à la Petite Scheidegg presque toujours des touristes. On a beau crier et klaxonner, rien n’y fait. Ils pensent que nos trains sont sans danger parce qu’ils circulent à vitesse réduite. Or les rames pèsent 60 tonnes et il faut un sacré bout de temps pour les immobiliser. » © Peter Mosimann veilleux. A la fin de ma scolarité, j’ai fait un apprentissage de monteuse en électronique. Je ne suis pas faite pour travailler dans un bureau et préfère me servir de mes mains. Trois ans plus tard, en 1990, j’ai abordé deux compagnies pour me faire engager comme pilote de locomotive. Le BLS m’a fait comprendre qu’on ne désirait pas de femmes à ce poste. Les chemins de fer de la Jungfrau m’ont embauchée – comme première pilote de locomotive de son histoire. Le voyage de la Petite Scheidegg au Jungfraujoch a lieu en majeure partie en tunnel. 49 SERVICES Divertissement Sur et autour de la montagne-légume, la nature se prépare de mille couleurs au printemps. CONCOURS Une montagne comme un légume L a montagne dont nous recherchons le nom a adopté en allemand celui d’un légume d’hiver. Ou l’inverse. Car la montagne est certainement plus vieille que le légume qui était autrefois une denrée alimentaire fort répandue. Aujourd’hui, il faut plus ou moins la ranger parmi les spécialités culinaires. L’aliment se mange cru ou cuit. Mais bon, ce n’est pas le légume qui nous intéresse mais la montagne située à l’extrême nord de la Suisse. Pour être précis, elle constitue la pointe la plus septentrionale du pays alpin sans toutefois appar- tenir aux Alpes mais au Jura tabulaire. Un peu comme le légume, la montagne mène une vie marginale. Elle est à ce point en marge qu’elle franchit même la frontière du pays. C’est hélas aussi le cas pour son point culminant, à 924 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans le land de Bade-Wurtemberg. Dans le cas présent, on ne peut guère parler de sommet. En haut, la montagne est plutôt espacée et plate ce qui en fait un terrain idéal pour des promenades estivales et du ski de fond en hiver. Beaucoup s’adonnent à PROCHAIN NUMÉRO Sudoku Les agglomérations dédaignées © Peter Krebs 50 La majeure partie de la population suisse vit dans des agglomérations. Paradoxalement, ces zones sont les moins choyées du pays. On se préoccupe des centres-villes, on soigne affectueusement nos montagnes, mais on occulte nos fades banlieues. Que fautil faire pour les remettre en valeur? ces moyens de locomotion et viennent surtout de la capitale cantonale dont c’est la montagne maison. Il faut bien l’admettre, la petite capitale cantonale a une montagne maison tellement ravissante que bon nombre d’habitants d’autres capitales cantonales plus grandes risquent d’en être jaloux. Posté sur l’une des tours panoramiques, balayant l’horizon du regard, on reconnaît deux des principaux fleuves européens, ou du moins leurs vallées. Le jeune Danube entame son long périple vers l’est, et au sud, le Rhin coule Solution en page 33 1 8 6 2 1 3 6 9 7 3 2 3 2 9 7 6 8 7 6 5 7 5 1 5 8 3 9 3 en sens inverse. Nul besoin cependant de toujours voir plus loin, il y a aussi des choses intéressantes à découvrir à proximité. Le dos de la montagne a des allures de parc géant. Au printemps, les prairies maigres se transforment en vastes champs floraux multicolores. Sur les champs et les chemins, on tombe presque à chaque pas sur des fossiles. Il s’agit de coquillages fossilisés déposés dans les couches calcaires il y a très très longtemps par la mer du Jura et qui sont pour ainsi dire recrachés aujourPeter Krebs d’hui. Comment s’appelle la montagnelégume ? Veuillez adresser votre réponse d’ici au 27 mai 2011 à: Magazine ATE, Concours, case postale 8676, 3001 Berne, [email protected] ou www.ate.ch/concours Prix: Bon pour deux personnes y compris dîner (valeur max. Fr. 150.–), nuitée et petit-déjeuner sur la montagne-légume cherchée. © mad Solution du concours précédent: Orbe. Gagnant: Ueli Salzmann, Wabern. Un vélo d’une valeur de Fr. 1500.– offert par Tour de Suisse Rad AG. 4 ATE MAGAZINE / JUIN 2011 Le Cap Corse et ses tours à vélo Ce circuit vous fera découvrir le littoral du Cap Corse, fluide et calme sur la côte est, sauvage et abrupte sur la façade ouest, ainsi que l‘intérieur du cap et sa nature bien spécifique et toujours changeante. Tout au long de votre séjour vous allez croiser de nombreuses tours, Paolines ou Génoises, toutes différentes et magnifiques, elles dominent la mer et sont les gardiennes des côtes. Le Cap Corse et ses tours à vélo Prix par personne à partir de € 439.– 7 jours/6 nuits, 5 jours de vélo La pointe de la Corse : contrastée sur fond azur Les tours, gardiennes du littoral Inspiration philosophique à la tour de Sénèque Réservations et conseils : tél. 0848 823 824, info @ voyages-via-verde.ch www.voyages-via-verde.ch En route vers la nature Vous trouverez les descriptions détaillées de cette offre, d’autres suggestions ainsi que les prix dans le catalogue « Chamina voyages – liberté 2011 » auprès de voyages via verde, à commander par la carte de commande dans le rabat de la couverture, par courriel ou via internet. 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