Des jouets dans le siècle

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Des jouets dans le siècle
Des jouets dans le siècle
Monica Burckhardt
Des jouets qui façonnèrent l’enfance du XX ème siècle : Meccano, Lego, Barbie… et les
autres…
La girafe « Sophie » Delacoste-Vulli. - Née dans les années 50, la girafe Sophie s'inscrit dans une
longue tradition des jouets en caoutchouc - jouets qui figurent parmi les premiers jouets fabriqués
spécialement pour les très` jeunes enfants. Hygiéniques et sans danger, ils leur permettent aussi
de se faire les dents.
La maison Derolland utilise dès 1860, dans son usine d'Asnières Sur Oise, le caoutchouc
pour la fabrication de balles. Par la suite, utilisée en feuilles, cette matière lui permettra d'y
découper des personnages, soldats et animaux, vendus au naturel ou peints. Pour ces nouvelles
fabrications, elle reçut un Grand Prix à Bruxelles, en 1910. Reprise par son gendre, Basile
Delacoste, en 1916, cette firme fabriquera des millions d'animaux dont des chiens, des moutons
et surtout la girafe « Sophie ».
Vullierme rachète cette maison en 1982. En 1992, Sophie figure toujours dans son catalogue,
et cela donc depuis plus de quarante ans. Combien de milliers de jeunes Français l'ont-ils
mâchouillée ?
L'ours en peluche - Steiff. - Au siècle dernier, les parents offraient à leur enfant des chevaux de
toutes tailles, du cheval à bascule à celui qu'il tirait derrière lui. L'ours jouet existait, mais
généralement mécanique, en fourrure véritable, muselé, féroce, inspiré de ceux des montreurs
d'ours qui parcouraient l'Europe.
La paternité de l'ours en peluche est réclamée par l'Amérique et par l'Allemagne, son nom
de « Teddy Bear » ne lui a-t-il pas été accordé par le président Théodore Roosevelt ? Son
immense succès est né dans les ateliers de Margarete Steiff à Geigen. Cette firme, à la foire de
Dresde de 1903, en vendit 3 000 exemplaires à l'acheteur américain de la maison Schwarz... De
1907 à 1953, Steiff aura une production constante de 250 000 pièces par an.
En France, dès 1907, les catalogues d'étrennes proposent des ours en peluche fine,
complètement articulés, avec ou sans voix. Ces premiers ours avaient une bosse adipeuse très
visible, de longs membres qui leur donnaient une allure militaire, une truffe et des griffes
rebrodées, des yeux en boutons de bottine, leurs corps rigide était bourré de copeaux ou de
kapok. L'ours blanc est contemporain de la découverte du pôle Nord par l'amiral Peary, il
illustre déjà la couverture du catalogue du Printemps en 1909.
Des fabricants français, d'abord Pintel, puis Clerc et Lang, produiront des ours de toutes
tailles, dont des modèles bon marché, fabriqués simplement en finette de couleurs vives. Dans
les années 50, devenues souples, les productions d'Ajena, de Boulgom, de Nounours sont
riches, allant de l'ours layette de coloris pastel, lavable, pour bébé, jusqu'aux ours réalistes
d'Anima et d'Aux Nations où l'on reconnaît l'ours des Pyrénées, l'ours à collier, l'ours polaire,
et de nombreux pandas. Les ours Steiff ont conservé une renommée internationale, toujours
marqués de leur « bouton à l'oreille » ; cette maison réédite même dans une série « collection »
les modèles vedettes de ses anciennes fabrications de série.
Les collectionneurs d'ours, très nombreux dans les pays anglo-saxons depuis fort
longtemps, apparaissent maintenant en France aussi, où ils ont même leur club.
L'ours est de loin le jouet préféré de l'enfant, il lui confie ses secrets et ses chagrins, il
l'emporte partout. Devenu adulte, il se souviendra toujours de ce merveilleux compagnon
perdu.
La boîte à lettres, trieur de formes - Playskool. - Après la première guerre mondiale, la
reconnaissance de l'individualité et de l'indépendance de l'enfant, ainsi que le développement
des crèches et des jardins d'enfants vont donner aux jouets un rôle nouveau. Des instituteurs
comme Herman Fisher, Irving Price et l'enseignante Lucille King furent des pionniers - ils
furent en effet les premiers à concevoir des objets en prenant systématiquement le point de vue
de leur utilisateur final, l'enfant.
Playskool, firme née en 1930, établie à Chicago depuis 1935, emprunta même quelques
idées au matériel utilisé par les psychologues pour les transformer en jouets simples. « Playskool
encourage les enfants à tirer, pousser, se pencher, ramper, emboîter, cogner, construire et
assortir », clamait leur publicité.
Leur « boîte à lettres », objet familier des enfants puisqu'ils le rencontrent au coin de la rue,
devint rapidement un jouet vedette. Elle connut des versions différentes, celle de 1941 était en
bois, peinte en vert, celle de 1956 adopta les couleurs des boîtes à lettres de la capitale, rouge et
bleu - depuis 1967, elle est fabriquée en matière plastique.
Ce modèle est à l'origine de tous les trieurs qui, empruntant des formes variées (chaussures,
maisons, camions), sont les incontournables des gammes actuelles destinées au premier âge.
Ces jouets, modestes à leur début, furent à l'origine d'une véritable révolution industrielle
du jouet, dont l'enfant fut le grand bénéficiaire, lui offrant des jouets solides, exigeant sa
participation active, mais créés avant tout pour l'amuser.
Le téléphone à roulettes - Fisher. - Ce classique de Fisher, vendu à plus de 35 millions
d'exemplaires, est un des best-sellers de l'histoire du jouet de la petite enfance. Dès l'apparition
du téléphone dans le monde des adultes, des versions jouets sont proposées aux enfants - ceux
du début du siècle étaient simplement des cornets reliés par un fil, ceux fabriqués par Jep dans
les années 30 sont munis d'une sonnerie, ils fonctionneront ensuite à l'aide de piles.
La grande nouveauté du « Chatter-telephone » de Fisher-Price est l'idée de donner à un
objet utilitaire un rôle amusant en lui prêtant un visage humain, avec des yeux mobiles et en le
munissant de roulettes, pour le transformer en un jouet à tirer, qui peut donc suivre le jeune
enfant dans ses premiers déplacements.
Le credo de Fisher-Price, fondé en 1930 à East Aurora, est un code du bon jouet : « Avoir
une valeur intrinsèque, être ingénieux, entraîner à l'action, être d'une construction solide, et
d'un « bon rapport qualité prix » Toutes ces conditions sont réunies dans ce projet, dans la
première version, le « Talk-back », remonte à 1960. IL figure toujours dans les catalogue de
1992, le personnage a seulement rasé sa moustache ! Sachant qu’il été vendu à des millions
d’exemplaires, il ne faut pas s’étonner qu’un jeune Américain sur deux possède un téléphone de
face de clown, et que ce soit un des jouets de base de milliers de crèches à travers le monde.
Les petites familles – Playmobil. – de Playmobil permettent aux enfants d’intégrer dans
leur jeu, sans aucune préméditation de scénario, le monde des adultes qui les entoure.
Personnages mobiles, avec une t^te ronde qui les ressemble, l’expression de leur physionomie
ne reflète aucun sentiment précis, car le principe du Playmobil System est de pourvoir
transformer les personnages en changeant simplement leurs accessoires ou leur costume ainsi le
skieur devient pirate et le clown Esquimau. Créée en 1876 à Fürth, la société Georg Branstaller
fabriquait des serrures, puis dans les années 90 produisit ses premiers jouets en métal. En
utilisant des matières synthétiques, elle connut son premier succès en 1985 avec les cerceaux de
« Hula-hoop », qui sera suivi par l’intervention d’un de ses créateurs, Hans Beck, père des
Klicky. Les premières séries illustrent l’univers américain des cow-boys avec fort, bureau du
shérif et drugstore, puis ce sera la gamme des pirates, où la bateau inspiré des goélettes du XVII
siècles est peuplé de pirates à crochet et jambe de bois.
Les thèmes suivent l’actualité ; en 1981, la station spatiales et ses cosmonautes possèdent un
équipement et des véhicules respectant les exigences de l’espace intersidéral.
Pour séduire les petites filles, ils produisent les membre se la famille et leurs activités et,
plus récemment, une merveilleuse maison de poupée de le belle Epoque avec un petit garçon
en costume marin et même des casseroles en cuivre.
Si les personnages de la famille Playmobil, estimé à quelque 900 millions de pièces, se
donnaient la main, ils feraient deux fois le tour de la terre !
Le baigneur – Peticollin. – Les bébés de caractère apparaissent au début du XXème
siècles, leurs visages sont expressifs, certains boudeurs, d’autres pleureurs. Mais c’est l’emploi
du celluloïd qui donnera naissance aux baigneurs, que les filles peuvent désormais manipuler et
laver sans problème – fini les têtes en porcelaine si fragiles qui engendrèrent tant de larmes.
Anel, qui devint Convert en 1930, produisit des 1900 des baigneurs à chemise moulée.
La société industrielle de celluloïd, puis Société Nobel Française en 1927, donna à ses
poupées des prénoms qui devinrent célèbres ; Jacky Claudine, et Josette qui, devenue
Françoise en 1951, fut le mannequin des patrons de Modes et Travaux.
Le nom baigneur, pour des générations de petites filles, reste attaché à la marque Petitcollin
qui, avec son fameux sigle frappé d’une tête d’aigle, produisit de 1907 à 1960 des baigneurs de
toutes tailles, de celle d’une mignonnette à celle d’un vrai bébé. Certains avaient des yeux
peints, d’autres en verres fixes- dès 1930, une version noire, Négri et un Asiati jaune figuraient
aussi à son catalogue.
L’emploi du celluloïd fut définitivement interdit en 1960 et remplacé par les matières
plastiques.
Le relais de ces bébés lavables sera pris par Catherine Réfabert, dont la première collection
vit le jour en 1978, avec son bébé-Chéri. Son Nouveau-Né de 55 centimètres, si proche d’un
vrai bébé, servira même à enseigner la puériculture aux futures mamans, tandis que son
Dernier-Né de 1986 est tellement réalise qu’il est fripé comme un enfant qui vient de naître.
La poupée-mannequin Barbie - Matte/. - Née en 1959 aux États-Unis, Barbie est devenue
non seulement la poupée-mannequin la plus célèbre du monde mais aussi un véritable
phénomène de société.
Dans l'histoire de la poupée - le terme de bébé n'apparaîtra qu'au milieu du xix e siècle -,
jusqu'alors les poupées étaient de jeunes femmes de papier accompagnées de malles contenant
de riches trousseaux qui suivaient de près la mode. S'inspirant des poupées de papier et de leurs
vêtements à découper, Ruth Handler voulut donner à sa fille une poupée-mannequin, en trois
dimensions, dans laquelle elle pourrait se projeter. Nommée Barbie - diminutif du nom de sa
fille Barbara -, elle fut présentée au public à l'occasion de la foire du jouet de New York, en
1959. On la dota très vite d'une élégante garde-robe. La famille de Barbie s’agrandit, en 1961,
d'un chevalier servant, Ken, et en 1964 d'une petite soeur, Skipper.
Barbie fait son apparition en France à l'occasion de la foire de Lyon de 1963 ; l'aspect pinup de la poupée choque un peu les parents français, et ce n'est qu'à partir de 1972 qu'elle
commence à séduire les petites filles françaises jusqu'à l'engouement d'aujourd'hui.
Barbie changera plusieurs fois de visage, son corps deviendra entièrement articulé, le
groupe de ses amis s'agrandira mais, surtout, elle évoluera avec les préoccupations de son
époque - elle sera tour à tour hôtesse de l'air, sportive, californienne ou superstar.
Son succès commercial se confirmera d'année en année ; on estime que plus de 450
millions de Barbie furent vendues ; en France on en vend quelque 3 millions par an, ce qui
représente six par minute - ainsi 86 % des petites filles de trois à dix ans possèdent une Barbie.
Ses admiratrices ont leur propre club.
La petite fille s'identifie à sa poupée, qui sert de support à de nombreux jeux où vêtements
et accessoires occupent une place importante. Barbie est, et restera, le témoin de notre époque.
Le jeu de construction - Meccano. - Inventé par un homme d'affaires à l'époque de la
glorieuse Angleterre victorienne, le concept inusable du Meccano a résisté au temps. Né du
désir de son fils de posséder une grue semblable à celles qu'il voyait sur les quais de Liverpool,
Franck Hornby invente pour lui un jeu de construction faisant appel à son intelligence et à sa
dextérité.
Le principe est d'assembler des pièces à combinaisons multiples grâce à leurs rangées de
perforations équidistantes. Hornby dépose un brevet pour son invention en 1901 sous le nom
de « Mechanics Made Easy » qui deviendra Meccano, une contraction de « make and know ». A
la fin de l'année, ce jeu provoque une bombe sur le marché, avec 10 000 boîtes vendues.
Rapidement, Hornby ajoute roues, poulies, engrenages, puis moteurs à vapeur et électriques.
Son succès grandissant, Hornby ouvre sa propre fabrique à Liverpool, puis à Berlin et en
France. Après Belleville et Bobigny, qui produisit 500 000 boîtes en 1951, c'est à Calais que
Meccano est fabriqué aujourd'hui, tandis que l'usine de Liverpool ferme en 1979, et que
Meccano est distribué, aux États-Unis, sous le nom d'Erec-tor. En 1965, Meccano ajoute à sa
gamme une série junior, en plastique, pour les enfants à partir de quatre ans.
Meccano a sa propre revue', de nombreux clubs' de fans qui organisent des bourses
d'échange et des expositions en France et en Europe. A celle de 1991, à Barcelone, on pouvait
admirer la cathédrale de la Sagrada Familia qui a nécessité 140 heures et 2 500 pièces. L'une des
réalisations les plus spectaculaires en Meccano est la tour que M. Bréal et l'équipe de Calais
dédièrent, en 1989, à Gustave Eiffel, et qui leur demanda 828 heures de montage.
L'expression « cela s'ajuste comme les pièces d'un Meccano », passée dans notre vocabulaire,
résume la place importante de ce jeu dans notre société, et cela depuis 1901 !
Le jeu de construction - Lego. - L'histoire de la brique Lego tient du conte de fées. Il y
avait dans les années 30 à Billund, au Danemark, un charpentier, nommé Ole Kirk
Christiansen, qui se mit à fabriquer des jouets en bois. Ses fils et petits-fils continueront cette
entreprise familiale devenue aujourd'hui une des plus importantes du monde.
En 1947, son fils Gotdfred est un des premiers à utiliser le plastique ; en 1954 il dépose la
marque Lego, contraction de Led godt, qui veut dire bien jouer.
Le principe est simple - à partir de briques de couleurs qui s'imbriquent les unes dans les
autres au moyen de tenons, l'enfant construira des tours, des maisons, des bateaux... Dès 1967,
le succès est tel que, pour ne pas décevoir les milliers d'enfants qui croyaient que l'usine de
Billund était construite en briques Lego, on ouvre pour eux un parc miniature : Legoland, avec
des villes, des ports, des cathédrales et même des montagnes, le tout en briques Lego.
Suivant sans cesse le progrès et l'actualité, 1979 sera marquée par une série Espace. En 1989, les
Pirates connaîtront même les honneurs du musée de la Marine ! Sur le plan technique, Lego
s'enrichit aussi, proposant aux plus grands une initiation à la mécanique et leur offrant la
possibilité de télécommander les véhicules qu'ils construisent.
Duplo, brique 8 fois plus grosse, s'adaptera aux petites mains des très jeunes enfants ; sa
gamme, représentée par un gros lapin rouge, se complète, d'année en année depuis 1969, de
personnages, d'une maison, d'un zoo.
En 1992, Lego augmente les possibilités de bricolage des très jeunes enfants en inventant
« Toolo », un outil sans danger, et lance des briques couleur pastel pour séduire les petites
filles.
Ole Kirk Christiansen pensait que le monde de l'enfant n'a pas plus de limites que son
imagination, pas moins de couleurs que ses rêves - il disait : « Laissez faire un enfant et il
construira un monde beaucoup plus riche et fantastique qu'un adulte ne saurait le concevoir. »
Ces principes régissent encore aujourd'hui cette gigantesque entreprise familiale où les
besoins et les joies des enfants sont rois.
Le train électrique - La Flèche d'or - JEP. - En 1928, le Jouet de Paris lance sa Flèche
d'or, qui sera l'un des plus beaux trains-jouets du monde avec sa locomotive type 230 et sa
fameuse voiture « Pullman ».
Dès 1910, la Société industrielle de ferblanterie avait repris le Jouet de Paris, ses
productions seront marquées J. de P., et, à partir de 1928, JEP. L'âge d'or de cette firme se situe
entre 1925 et 1930 ; elle fournissait alors les plus beaux jouets de France automobiles Renault,
Talbot, Bugatti, et des trains comme le Train bleu et la Flèche d'or.
Sortie de l'usine de Montreuil qui occupait 750 ouvriers, la Flèche d'or, d'un écartement de
35 mm, était un train électrique comprenant une locomotive de type 230 b, un tender à
bougies, une voiture de voyageurs de type Pullman dont les couleurs étaient les mêmes que
celles de la vraie - on peut encore en voir un exemplaire au musée du chemin de fer de
Mulhouse -, il lui manquait seulement deux fenêtres, et un curieux fourgon spécial Compagnie
du Nord, à deux conteneurs, placés de chaque côté d'une petite cabine occupée par le chef de
train. Ces trains fonctionnant à courant alternatif, à attelage automatique, étaient d'un
maniement facile pour les enfants. La Flèche d'or est aujourd'hui très recherchée par les
collectionneurs.
JEP fournira aussi, pour un public plus modeste, un grand nombre de trains bon marché qui
seront, par excellence, synonymes de trains jouets pour plusieurs générations de petits Français.
Le train fut en effet, jusqu'à l'apparition des robots transformables et des jeux électroniques, le
rêve de tous les petits garçons et souvent même de leurs pères qui ne les possédèrent que
rarement dans leur jeunesse.
Seul Jouet produit encore en France des trains à l'échelle Ho, mettant à la portée de tous
le modélisme ferroviaire avec toutes ses nouveautés, comme par exemple le TGV Atlantique.
JEP reste néanmoins la première marque de train-jouet, tant par la quantité que par la
qualité des trains qu'elle a produits.
Les voitures miniatures - Solido. - Les premières petites voitures françaises furent
créées en 1932 par Ferdinand de Vaizelles pour son fils. Il eut l'idée d'utiliser pour leur
fabrication, dans sa fonderie de Nanterre, l'injection de métal et le zamac. Le 22 novembre
1934, il dépose la marque de jouets Solido. Son premier catalogue décrit ses voitures comme
des jouets « amusants, instructifs, incas-sables et français, et le meilleur marché à l'heure
actuelle ». Les autos dominèrent bientôt les fabrications de la fonderie ; l'usine s'installa à
Versailles, puis à Ivey-la-Bataille - elle occupe aujourd'hui 9 400 m2 à Oulins, près d'Anet.
Ces idées se développèrent, donnant naissance à de nombreux modèles de voiture ainsi
qu'à` des véhicules agricoles. De 1937 à 1957, Solido proposa aux jeunes garçons des châssis
et carrosseries pour réaliser, à l'aide de vis et d'écrous, les modèles de leur choix.
En 1957 commence une nouvelle période avec la fabrication de miniatures à l'échelle de
1/43, dont le premier modèle est une Jaguar de type D. Ces nouvelles voitures sont réalisées
d'après les plans des constructeurs ou des documents photographiques pour les voitures
anciennes de la ligne « Age d'Or ». Leur suspension et leurs portes ouvrantes sont brevetées
par la firme.
Dès 1961, elle produit une importante gamme militaire, dont les chenilles en métal furent
aussi une exclusivité - le char Patton fut produit à un million d'exemplaires.
Les véhicules publicitaires, les plus recherchés des collectionneurs d'aujourd'hui, figurent aussi
dans les spécialités de Solido. La première de ces miniatures créées à des fins promotionnelles fut
celle des bougies Gergovia. Lors de l'incendie de ses ateliers, en 1978, J.-C. Decaux envoya à ses
clients une miniature Solido Incendie pour leur signaler que, malgré son sinistre, ses activités
continuaient. La série du cirque Amar (1979-1982) comprend tous les véhicules d'un cirque
ambulant.
Aujourd'hui Solido, filiale de Majorette, produit des véhicules haut de gamme, objets de
collection.
Le Monopoly, jeu de chance et de stratégie - Kenner-Parker. - Parmi les jeux inventés par les
fabricants américains depuis la fin du XIXème' siècles, le Monopoly de Parker Brothers
occupe la première place. Créé dans les années 1880 par George Parker, Parker Brothers fit
partie du groupe General Mills, et aujourd'hui de Hasbro.
Cette firme produisit, dès ses débuts, de nombreux jeux basés sur la Bourse et le gain. Le
plus ancien, inspiré par Wall Street, se nommait « Bulls and Bears » et datait de 1883. Il fut
suivi, en 1904, d'un jeu de cartes « Pit », et en 1936 d'une version modernisée par C. Darrow
de « Bulls and Bears ». C'est à ce dernier que l'on doit la paternité, contestée quelquefois il est
vrai, du Monopoly.
Inventé au moment de la crise de 1929 par Charles B. Darrow, alors au chômage, ce jeu
est le symbole de l'anticrise. Parker Brothers en acquiert les droits en 1935, il en simplifie les
règles et le lance sur le marché avec une importante promotion.
Utilisant un plateau constitué par les rues d'Atlantic City, trois à huit joueurs devront
gagner en se constituant un véritable empire immobilier. Ils pourront construire des maisons
et des hôtels,' utilisant pour cela des liasses de faux billets de banque, ce qui fascine toujours
les enfants.
Parmi les jeux modernes, le Monopoly est sans doute celui qui s'est le plus vendu dans le
monde : 100 millions d'exemplaires depuis sa mise sur le marché. Du Portugal à la Chine, du
Japon à Cuba, chaque pays a sa version, utilisant sa langue et les mes célèbres de sa capitale,
sauf pour le Japon dont les rues n'ont pas de noms. Il existe même une version en braille. A- la
demande de la NASA, Parker Brothers conçut des jeux spéciaux pour être joués à bord des vols
dans l'espace. Il fut l'objet de nombreux marathons, comme cette partie jouée par cinq joueurs
pendant vingt-six jours, ou celle jouée sous l'eau pendant deux jours dans un aquarium de
Boston. Le Monopoly a donné naissance à un grand nombre de jeux basés sur le principe de la
possession - et même à un « Anti-Monopoly » (Ferriot).
Il reste néanmoins encore et toujours un des best-sellers de tous les jeux de société, et donne
lieu à de nombreux championnats.
Le Scrabble, jeu de lettres - Habourdin. - Le Scrabble fait partie de la famille des jeux de
lettres qui naquirent au XIX ème siècles avec les jeux de mots publiés dans les journaux de
l'époque. Il appartient à la famille de ceux nés des mots croisés - Diamino, Lexicon et plus tard
Jarnac.
Comme le Monopoly, il fut inventé aux États-Unis après la crise de 1929, par Alfred Butts,
architecte au chômage. Utilisant la « une » du New York Times pour calculer la fréquence des
lettres qui s'y trouvaient, il met le jeu sur un plateau qui ressemble à une grille de mots croisés
et ajoute des cases à prime pour en augmenter l'intérêt. La guerre intervient, et ce n'est que la
paix revenue que Brunot convaincra son ami Butts de l'autoriser à commercialiser son jeu de
« Crisscross » et à lui donner un nom plus attractif - le Scrabble. Mais c'est seulement en 1954,
à la suite d'une gigantesque promotion chez Macy's à New York, que les ventes décollent,
atteignant 4 500 000 jeux vendus dans l'année. Leurs auteurs avaient fait fortune.
En France, popularisé en 1966 par le Club Méditerranée, le Scrabble occupe une place
importante parmi les jeux de société (42%). En cyrillique, en japonais, en braille, « la grande
messe de l'alphabet combinatoire » réunit des millions d'adeptes dans le monde. Il en existe de
nombreuses versions, l'une réduite et aimantée pour le voyage, une autre électronique - on peut
même y jouer sur le Minitel.
Le Scrabble se joue à deux, trois ou quatre sur un plateau de 225 cases avec
102 lettres/pions qui valent de 0 à 10 points. Chaque joueur dispose de 7 lettres pour former
un mot qu'il place sur les grilles du plateau, le but étant de marquer plus de points que ses
adversaires. Il existe une Fédération internationale et des Fédérations nationales de joueurs de
Scrabble qui participent à des tournois, certains concurrents allant jusqu'à apprendre le
dictionnaire par coeur !
Le Trivial Pursuit, jeu de connaissances - Kenner-Parker. - Le Trivial Pursuit est né du hasard
en 1978. Trois journalistes canadiens, s'ennuyant lors d'une soirée entre copains, inventent un
jeu en partant d'une idée simple - ils se posent des questions sur toutes les choses futiles qu'ils
ont sues un jour et oubliées.
Il restait à vendre leur invention, pari difficile, car il est tout le contraire des jeux
électroniques, individuels et sophistiqués.
Il faut attendre 1982 pour que le succès arrive et que le Trivial Pursuit devienne le
phénomène de société qu'il est aujourd'hui: 35 millions d'exemplaires vendus dans le monde,
dont 600 000, en France.
Jeu de connaissance et de chance, le Trivial se joue sur un plateau de 73 cases avec un dé et
des cartes contenant des questions, 1 000 à 6 000 différentes suivant le jeu. Aujourd'hui, les
versions sont nombreuses, ciblées sur des thèmes: Trivial Poursuit IV pour les fanatiques du
petit écran, Olympiques avec 1 500 questions sur les jeux, et des versions Junior pour les
enfants.
Le jeu n'est jamais épuisé car chaque année de nouvelles questions sont proposées.