Le culte du Sacré-Cœur : rendre à Jésus amour pour amour
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Le culte du Sacré-Cœur : rendre à Jésus amour pour amour
Le culte du Sacré-Cœur : rendre à Jésus amour pour amour «P EUT-ON TROUVER UNE FORME DE PIETE supé- rieure au culte du Cœur de Jésus, qui réponde mieux au caractère propre de la foi catholique, qui subvienne mieux aux besoins actuels de l’Église et du genre humain ? Quel culte est plus noble, plus doux, plus salutaire que celui-là, tout entier dirigé vers l’amour même de Dieu ? » Ainsi s’exprimait le vénérable pape Pie XII dans son encyclique Haurietis Aquas du 15 mai 1956 (n° 69). C’est cette encyclique, qui constitue le dernier grand document du Magistère sur le SacréCœur, que nous résumons à grands traits ci-dessous, afin de nous nous préparer, à la fête du vendredi 11 juin, solennisée le dimanche 13 juin : la belle fête du Sacré-Cœur . L’essentiel en tient en peu de mots : « Le Culte du SacréCœur suppose avant tout que nous rendions amour pour amour à ce divin Amour » (n°4). Le Rédempteur nous aime d’un triple amour. Évoquant les progrès réalisés par le culte du Sacré-Cœur à l’époque de Ste MargueriteMarie, le pape Pie XII estime que cette « admirable progression tenait à ce qu’il convenait parfaitement à la nature de la religion chrétienne, qui est une religion d’amour » (n°52). « Dieu est amour », nous enseigne St Jean ; s’Il crée, c’est par amour, pour notre bonheur ; s’Il se fait homme, c’est encore par amour ; et s’Il nous sauve, c’est encore par amour. Or, si l’on veut mieux « connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance », comme dit St Paul, il convient de reconnaître en Lui, notre Rédempteur, un triple amour (nos 21-22) : - un amour divin tout d’abord, qu’Il nourrit comme Dieu au même titre que le Père et le Saint-Esprit ; - un amour humain ensuite, qu’Il nourrit comme homme véritable, et qui possède une double face : un amour spirituel lié à la volonté, un amour sensible lié au Cœur physique « partie très excellente du corps. » Pour illustrer cette distinction dans l’amour humain (que nous avons en commun avec Jésus), on pourrait dire que l’adage qui aime bien châtie bien se rapporte plutôt à l’amour spirituel, et que les baisers dont la maman couvre son bébé relèvent davantage de l’amour sensible. Le symbolisme du Cœur de Jésus. Le Cœur de Jésus, nous dit encore Pie XII, est « le signe www.motuproprio94.org et le principal symbole de ce triple amour dont le divin Rédempteur aime et continue d’aimer son Père éternel et tous les hommes » (n°27). Car s’il évoque d’une manière plus naturelle et directe l’amour humain sensible, il est aussi un signe adéquat de cet amour humain spirituel et de cet amour divin qui habitent Jésus. Ces trois amours en effet, en l’unique personne de Jésus, sont liés et ordonnés entre eux ; ils sont liés, car c’est la même personne qui les exerce, la personne de l’Homme-Dieu ; ils sont ordonnés, car l’amour humain est soumis à l’amour divin et l’amour sensible à l’amour spirituel, en sorte que le Cœur jamais ne va contre la volonté humaine ni a fortiori contre la volonté divine de Jésus. Si bien que « ce Cœur, plus que tout autre membre du Corps du Christ, est signe naturel de son immense charité envers le genre humain » (n°12). N’oublions pas que l’unique personne de Jésus possède pleinement les deux natures divine et humaine : il en résulte que le culte rendu au Cœur physique de Jésus, ce Cœur qui est « membre saint du Corps de Jésus-Christ », « la plus noble part de sa nature humaine » (n°12), est rendu au Cœur d’un Dieu. Ce Cœur est proprement divin puisqu’il est le Cœur de Jésus qui est vraiment Dieu. 1 Un culte digne de ce nom. Par où l’on voit que ce culte n’est pas à mettre sur le même plan qu’une forme particulière de dévotion (nos 6-7). Il est même, dit Léon XIII (cité au n°8), « la forme de religion la plus estimable. » Et cela se comprend : car ce culte s’attache à honorer ce triple amour dont Jésus nous aime et même aussi, l’Amour dont le Père et le SaintEsprit nous entourent (nos 46-47). Rendre un culte au Sacré-Cœur, c’est vraiment aimer Dieu car c’est signifier que le principal motif de servir Dieu c’est « la bonté de Dieu lui-même » (n°63). Ce pour quoi, finalement, « il est impossible qu’une âme fidèle qui pratique ce culte assidûment ne parvienne pas à cette douce connaissance de l’amour du Christ » (n° 55) qui est comme le résumé de la vie chrétienne. Statue du Sacré-Cœur Eglise de Saint-Servais (Namur) Fêter le Sacré-Cœur dans nos familles. « Le Cœur transpercé est le vivant témoignage et le signe de l’amour du divin Rédempteur pour nous » (n° 4). Son culte, dit également Pie XII, doit conduire à la plénitude de la charité (n° 60). La fête du Sacré-Cœur est donc une occasion privilégiée de considérer avec attention et d’honorer l’amour de Jésus pour nous, une occasion privilégiée de Lui rendre amour pour amour, de développer en nous la vertu théologale de charité. Il est remarquable que Pie XII, tout au long de son encyclique, désigne habituellement Jésus par son titre de Rédempteur. Le mystère de la Rédemption est un mystère d’amour, explique-t-il, et un mystère d’amour miséricordieux (n° 20). C’est donc tout spécialement dans l’exercice de sa mission de Rédempteur, de Sauveur, que Jésus nous dévoile son amour et se donne à aimer. Aussi devons-nous nous attacher à méditer sur le thème suivant : Jésus nous a aimés d’un amour infini en nous sauvant, en nous rachetant. Cherchons ainsi à développer en nous notre amour de Jésus, notre charité. Observons à cette fin dans l’Évangile Jésus comme travaillé par son amour ardent pour nous (nos 30-33) : - dans ses miracles, spécialement la guérison d’infirmes et la délivrance de possédés ; - dans ses innombrables courses et travaux apostoliques : par exemple, quand, fatigué, Il s’assoit au puits de Jacob et demande à boire à la samaritaine (Jn 4) ; ou encore, quand, poursuivi par ses ennemis, obligé de se cacher, menacé de lapidation, Il n’en persévère pas moins... par amour pour nous ; - dans ses prières ; - dans ses enseignements, surtout ces paraboles où Il nous instruit de sa miséricorde à notre égard (la drachme perdue, la bre- www.motuproprio94.org bis égarée, le fils prodigue : Lc 15) ; - dans le mystère de sa Passion : par exemple comment Il appelle Judas qui le livre « ami », ou comment Il prie son Père de pardonner à ses bourreaux, et bien sûr comment « le sacrifice cruel (sanglant) de la Croix » constitue « le témoignage principal de son intime et infini amour » (n° 38). En réalité, c’est tout l’Evangile qui est œuvre d’amour et de miséricorde, et les épisodes sont innombrables, qui peuvent servir à illustrer notre propos. Il ne faut pas manquer non plus de considérer dans l’Eucharistie, dans laquelle Jésus s’offre pour nous, un don de son amour pour nous. Cet amour continue à s’exercer puisque le Cœur glorifié de Jésus ne cesse de battre pour nous ; dans les cieux en effet, Jésus intercède sans cesse auprès de son Père en notre faveur (n° 44). D’un point de vue pratique, on peut envisager, dans la semaine qui sépare la Fête-Dieu (solennisée le 6 juin) de celle du Sacré-Cœur (solennisée le 13 juin), de méditer davantage sur l’amour du Cœur de Jésus. Outre ce qui précède, les litanies du Sacré-Cœur, l’acte de charité, la vie et l’invocation de Ste Marguerite-Marie permettront de donner à la prière familiale une tonalité adaptée au mystère célébré ; sans omettre le dessin du Cœur entouré d’épines. Que le Sacré-Cœur de Jésus nous accorde cette grâce de le fêter dignement ; ainsi nous goûterons combien « le culte du Cœur très sacré de Jésus est l’école la plus efficace de l’amour divin » (n°72). Abbé Rineau 2