L`histoire des marchés turbulents en bref
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L`histoire des marchés turbulents en bref
Août 2011 Commentaire : L’histoire des marchés turbulents en bref Par : Unité Gestion de portefeuilles de SEI Pendant les périodes de turbulence et d'incertitude, il n'est pas rare que l'on se réfère à des crises antérieures pour évaluer la situation actuelle. Et comme ces périodes ne manquent pas, la mise en perspective est aisée pour les investisseurs. Tout au long de leur histoire, les économies monétaires ont été régulièrement aux prises avec des crises économiques et financières. Même si aucunes de ces crises n'ont été identiques – elles varient par leur taille, leur étendue, leurs causes et leur durée – elles tendent à présenter certaines ressemblances. Les craintes à l'égard des dettes de plusieurs gouvernements de l'Union monétaire européenne, les négociations politiques difficiles aux États-Unis (et la décote de la note AAA de longue date du gouvernement qui s'en est suivie) et le risque d'un ralentissement de la croissance au sein des marchés émergents sont tous des sources d'inquiétude actuellement. Tout comme pour les périodes d'incertitude économique passées, les comparaisons avec d'autres crises pleuvent, incluant les comparaisons avec la Grande Crise de 1929 à 1932, le malaise des années 1970, et la crise financière mondiale de 2008 et 2009. Les investisseurs peuvent tirer certaines leçons importantes de ces comparaisons. Ressemblances entre les crises On note plusieurs caractéristiques clés, communes à presque toutes les périodes de turbulence financière et économique sérieuses. • • • Perte de confiance dans les secteurs bancaire et financier Erreurs sur le plan des politiques adoptées Augmentation de l'aversion pour le risque et perte de confiance des investisseurs Or, tous ces éléments sont présents à un certain degré dans la conjoncture actuelle. La confiance dans le secteur financier a été durement ébranlée encore une fois, les banques européennes se trouvant à l'épicentre. On ne s'entend pas si des erreurs de politiques ont été commises ou non, mais on se questionne. Par exemple, les mesures d'austérité ont-elles été instaurées trop tôt? ou alors n'ont-elles pas une portée assez grande pour empêcher de telles crises? Enfin, à en juger les récents mouvements sur le marché, la confiance des investisseurs a chuté et l'aversion pour le risque est encore une fois en hausse. SEI / Commentaire / ©2011 SEI Un aperçu de la Grande Crise La crise de 1929 est la principale référence en ce qui concerne les crises économiques et financières, principalement en raison de son étendue et de sa durée. Elle a débuté officiellement en 1929, après le krach boursier, elle a duré neuf ans et a englobé deux profondes récessions de 1929 à 1933 et de 1937 à 1938. Comme l'a dit l'économiste Robert Margo : « La Grande Crise est à l'économie, ce que le Big Bang est à la physique...et elle continue de hanter les générations subséquentes d'économistes ». Depuis, les causes de la Crise ont fait l'objet de débats orageux, quoique l'on s'entende généralement pour dire qu'elle est issue de la récession légère qui a précédé le krach de 1929 et a été aggravée par les politiques mal avisées qui ont suivi, dont la guerre tarifaire et le resserrement des mesures monétaires par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque de France (BdF). Les gestes de ces deux banques ont menacé d'amener les prix au niveau où ils étaient avant que la Première Guerre mondiale n'éclate en 1914, provoquant une déflation spectaculaire. Des mesures similaires ont été entreprises par la Banque d'Angleterre aux alentours de 1920, puis abandonnées car elles menaçaient de jeter le monde en dépression. Or, dix années plus tard, une nouvelle génération de dirigeants à la Fed et à la BdF a fait fi de ces événements et s'est bornée dans cette voie, poussant éventuellement la plupart des pays à abandonner l'étalon-or dans les années 30 dans le but de limiter les conséquences de la déflation. Pendant que la dépression battait son plein, le chômage a explosé bien au-dessus de 10 % dans la majorité des pays, la capacité de production restant inexploitée et la déflation provoquant des crises financières et bancaires à répétition. Ce sont là les conséquences de la déflation, car cette dernière provoque une chute des revenus nominaux tandis que le coût du service de la dette demeure généralement stable. Par conséquent, les créanciers finissent par être insolvables, les actifs des banques (prêts) se détériorent et les dépositaires cherchent tous en même temps à retirer leurs fonds des banques en défaut. D'ailleurs, le nombre de défauts bancaires qui sont survenus pendant la Grande Crise est étourdissant, même dans le contexte actuel. En fait, la situation est devenue si problématique que les gens ont cessé d'utiliser des chèques et réglaient la majorité de leurs transactions par opérations de troc ou en argent comptant. La Grande Crise par rapport à aujourd'hui Lors de la Grande Crise, les trois facteurs clés énumérés ci-dessus étaient clairement présents. En effet, il y eu une perte de confiance importante dans le système financier, des erreurs graves ont été commises sur le plan des politiques adoptées et les investisseurs ont démontré une très grande aversion pour le risque, comme en témoigne la chute de 91 % de la moyenne industrielle Dow Jones entre 1929 et 1932. Or, bien que dans plusieurs économies développées le taux de chômage demeure élevé et le chômage persistant, la conjoncture actuelle n'est pas aussi grave qu'elle l'était pendant la Grande Crise. Les politiques anticycliques et les mesures institutionnelles telles que les prestations d'emploi, les bons alimentaires et l'assurance sur les dépôts y sont pour quelque chose. Par ailleurs, les décideurs adoptent désormais une approche beaucoup plus dynamique en temps de crises. Pensons par exemple aux récentes mesures prises par les banques centrales telles que l’achat par la Banque centrale européenne (BCE) de titres d'état de l'Italie et de l'Espagne ou la deuxième tranche d'assouplissement quantitatif de la Fed. Mises à part ces mesures, les banques centrales sont, en général, beaucoup plus pacifistes qu'au début des années 30. Les partisans d'efforts soutenus de stimulation (et les détracteurs de l'adoption de mesures d'austérité prématurées) soulèvent le point intéressant selon lequel la récession de 1937-38 aurait été précipitée par l'adoption de mesures de resserrement monétaire et budgétaire prématurées. Il reste à voir si l'économie mondiale pourra supporter les nombreuses mesures adoptées dans plusieurs pays aujourd'hui. Les années 70 Une autre période de tumulte des marchés bien connue est celle qui a débuté à la fin des années 60 et s’est poursuivie jusqu'au début des années 80. Le monde a connu une série de crises, incluant la fin du système monétaire international qui a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale, les guerres et l'agitation politique au Moyen Orient, les différents chocs pétroliers dans le sillage de l'émergence de l'Arabie saoudite comme producteur d'appoint et fixeur de prix secondaire du pétrole brut dans le monde. Cette période doit sa turbulence en partie aux tendances qui sont nées avant les années 70 et qui se sont maintenues jusqu'au début des années 80. Les SEI / Commentaire / ©2011 SEI économies du Japon et de l'Allemagne de l'Ouest ont retrouvé la proéminence dont elles jouissaient avant la Seconde Guerre mondiale. Les baby boomers dans plusieurs économies développées ont commencé à fonder des familles en masse, entraînant des changements à l'activité économique et une fluctuation importante des prix relatifs, du fait que les changements démographiques dictaient la demande. C'est pendant cette période que les emprunts des ménages et des consommateurs ont amorcé une hausse qui s’est poursuivi pendant quarante ans. Les marchés émergents, spécialement les marchés producteurs de pétrole, sont devenus des destinations prisées pour investir des capitaux. L'inflation galopante, accompagnée d’un taux de chômage et des taux d’intérêt élevés et volatils, a contribué à l'incertitude des décideurs et à un malaise généralisé sur les marchés financiers. De 1965 à 1982, environ, les marchés boursiers ont été en proie à une forte volatilité sans pour autant progresser. Or, une tendance à la volatilité, quoique surtout haussière, est également à l'œuvre aujourd'hui en ce qui concerne le prix de la plupart des produits de base. Dans ce contexte, les investisseurs, les décideurs et le grand public se sont mis à craindre une hausse de l'inflation. Toutefois, dans la plupart des économies développées, il n'a en général été question que de fluctuations relatives des prix, c'est-à-dire que lorsque les consommateurs ont dû débourser davantage pour certains biens, comme la nourriture ou l'énergie, ils ont réduit leurs dépenses dans d'autres secteurs. Par conséquent, l'inflation selon son sens propre (trop d'argent pour trop peu de biens) ne s'est pas installée dans les économies développées, contrairement à ce qui a été observé dans les années 1970. En fait, maintenant que les baby boomers partent à la retraite, on commence à craindre de plus en plus la déflation plutôt que l'inflation. (Il est d'ailleurs intéressant de constater que le baby boom au Japon a précédé d'environ dix ans le baby boom dans les autres économies développées.) Dans ce même ordre d'idée, les taux d'intérêt aujourd'hui se situent à des bas inégalés, contrairement aux taux de plus de 10 % enregistré au cours de cette période. Il est toutefois important d’admettre que plusieurs économies développées ont connu des pressions à la hausse sur les prix et les taux d'intérêt au cours de la dernière décennie, ce qui rappelle les difficultés rencontrées par les économies développées dans les années 1970. Il est évident que le développement économique dans le monde a joué un rôle de premier plan dans la montée des prix et la volatilité accrue de plusieurs produits de base. Sans être une certitude, cette forte demande pourrait avoir été provoquée par le passage des baby boomers à l'âge adulte dans ces pays. La volatilité des prix des produits de base peut aussi être le reflet de changements séculaires en ce qui concerne les titres que les investisseurs dans le monde préfèrent détenir dans leur portefeuille. En effet, un nombre croissant d'experts en répartition de l'actif recommande d'investir dans les produits de base. Au début des années 1980, l'inflation et la stagflation ont cédé la place à ce que l'on appelle désormais la « désinflation », ou la chute rapide du taux d'inflation. Cette période peut par ailleurs être vue comme le début de la finance moderne, marqué par l'une des premières crises bancaires suivant la Grande Crise. Après une période de dérèglementation, les institutions financières aux États-Unis, dont les institutions spécialisées dans l'épargne et les prêts, étaient en mesure d'emprunter et d'accorder des prêts plus risqués, ce qu'elles ont fait, jusqu'à ce que le resserrement de la situation financière et une profonde récession entraînent des défauts à un rythme alarmant. C'est à cette époque que le gouvernement américain a créé la Resolution Trust Corporation (RTC) qui devait veiller à ce que les institutions en faillite soient liquidées en bonne et due forme. La RTC est un bon exemple de distinctions entre la période de la Grande Crise et le contexte institutionnel moderne. Il y a cependant lieu de se demander si les politiques adoptées à la suite de la Grande Crise ont encouragé la tendance à la dérèglementation et la prise excessive de risque, observées à plusieurs reprises au cours des trente dernières années, et plus particulièrement lors de la crise financière mondiale de 2008 et aujourd'hui, avec les nouvelles pressions découlant des dettes souveraines. Il est également important de noter que des mesures similaires à la formation de la RTC n'ont pas été adoptées à l'échelle planétaire depuis la crise de 2008 et ne sont pas encore envisagées en Europe, en raison du phénomène controversé du « trop grand pour échouer » (too big to fail). Jadis par rapport à aujourd'hui On note des similarités intéressantes entre les années 1970 et aujourd'hui, mais également des différences évidentes : • La situation des institutions et les réactions observées pendant la Grande Crise, puis au cours de ces deux périodes sont considérablement différentes. Les décideurs sont intervenus beaucoup plus et ont fait preuve de beaucoup plus de flexibilité comparativement aux années 20 et 30. • La dérèglementation du secteur de la finance et l'expansion du crédit dans le secteur privé, soit deux sujets chauds des cinq dernières années, tirent leur origine des années 70. La période actuelle marquerait-elle la fin de ces tendances. SEI / Commentaire / ©2011 SEI • Les fluctuations importantes de la composition démographique pourraient avoir un grand rôle à jouer. Quoique cette fois-ci, les pressions inflationnistes sont concentrées sur les économies émergentes, alors que des tendances déflationnistes menacent plus probablement les économies développées. (Le Japon étant peut-être le principal exemple, et le plus pertinent.) Le parallèle clair à tracer est le suivant : les marchés boursiers pendant la Grande Crise se sont déplacés de façon latérale et ont été en proie à une volatilité considérable pendant près de vingt ans. Or, nombreux sont les marchés boursiers aujourd'hui qui suivent cette tendance. La crise financière mondiale de 2008 La crise à laquelle les investisseurs sont probablement le plus enclins à comparer la situation actuelle est la crise financière mondiale et la récession de 2008 et 2009. Les craintes à propos de la fragilité systémique du secteur financier et les actions des décideurs, sans compter l'explosion de la volatilité et les dégringolades fulgurantes des marchés ne sont pas sans rappeler cette période. Dans un éditorial intéressant, Francesco Guerrera, du Wall Street Journal, commentait récemment qu'il existe certaines différences fondamentales entre aujourd'hui et 2008. La crise de 2008 est née dans le secteur immobilier, alors que la crise d'aujourd'hui provient des marchés des titres d'État; les ménages consommaient le crédit à outrance avant 2008 alors qu'ils sont en mode remboursement aujourd'hui; enfin, la solution à la crise de 2008, qui était principalement une crise de liquidité, était claire, tandis que les problèmes actuels proviennent d'un manque de confiance et d'une faiblesse généralisée de la demande, problèmes qui requièrent des solutions beaucoup plus créatives (et peut-être plus risquées). Or, les deux premières affirmations de Guerrera ne sont peut-être pas aussi évidentes qu'il le laisse entendre. Si la longue période de dérèglementation est l'une des causes principales des crises financières à répétition qui sont survenues au cours des dernières décennies, alors la crise actuelle, à l'instar de 2008, est simplement une autre crise parmi d'autres. Et, bien que le secteur privé de certaines économies avancées importantes se soit efforcé d'épargner et de rembourser ses dettes au cours des dernières années, ce même secteur privé ne s'est pas montré aussi sage dans d'autres parties du monde. De fait, dans certains pays, le ratio de la dette des ménages se situe à des niveaux observés dans plusieurs pays développés avant 2008. La troisième affirmation de Guerrera est importante, surtout dans un contexte de resserrement des politiques à l'échelle mondiale. En 2008 et 2009, on craignait que les gouvernements n'en fassent trop pour stimuler l'économie nationale et mondiale. Aujourd'hui, presque tout le monde s'entend pour dire que la croissance mondiale est loin d'être ce qu'elle pourrait être. La question clé est de savoir si les gouvernements ont assez de marge de manœuvre et les décideurs, un esprit assez créatif (sans compter un esprit de collaboration dans certains pays), pour profiter du plein potentiel du secteur privé. Là n'était pas la question en 2008. Notre opinion Peu importe l'ère ou l'épisode que traversent les marchés financiers, les investisseurs tendent à croire que « cette fois-ci, c'est différent ». Et d'une certaine façon, ce sera toujours vrai. Chaque crise présente des caractéristiques uniques qui, réunies, occasionnent des difficultés sur les plans économique et politique, amènent de la volatilité sur les marchés et suscitent des craintes et de l'incertitude chez les investisseurs. Malgré des perspectives plutôt sombres à court terme, la décote de la note AAA du gouvernement américain par la S&P n'est pas le début de la prochaine Grande crise. Pas plus que ne l'est la crise de la dette européenne, à condition que la BCE soit prête à offrir son soutien aux gouvernements en difficultés au besoin. Et on peut raisonnablement s'attendre à ce que les décideurs coordonnent leurs efforts pour affronter toute crise, inconnue à l'heure actuelle, qui pourrait naître au sein des marchés émergents. Le parallèle intéressant avec aujourd’hui, s’il y en a un, concerne l'adoption de 1936 à 1938 de mesures d'austérité prématurées qui sembleraient avoir causé « une récession en période de dépression ». Or, certains croient que les décideurs risquent de faire la même Àerreur aujourd'hui, mais cette erreur n'a pas encore été commise jusqu'à présent. Même si les parallèles à faire sont nombreux entre aujourd'hui et la période qui s'étend du milieu des années 1960 au début des années 1980, on note également certaines différences importantes. Cette fois-ci, les marchés émergents sont aux prises avec des forces inflationnistes, tandis que les économies avancées sont, elles, confrontées à une croissance lente, voire inexistante, et un fort ralentissement économique. Par ailleurs, la tendance sur plusieurs décennies à la dérèglementation du secteur financier et à l'expansion du crédit, qui est née au cours des années 70, pourrait bien se terminer dans cette période-ci, pour les économies développées à tout le moins. SEI / Commentaire / ©2011 SEI Enfin, une vision à long terme nous permet d’examiner la crise actuelle dans le contexte des onze dernières années. On s'aperçoit ainsi que les différences l'emportent haut la main sur les ressemblances. Les quelques similarités sont les suivantes : • Incertitude politique et financière omniprésente • Les investisseurs sont déchirés entre la crainte et la cupidité, tantôt embrassant le risque, tantôt le haïssant. • Les marchés boursiers peuvent parfois être volatils et connaître des turbulences pendant une période prolongée. Si l'on se fie au passé, il semble que les fluctuations aléatoires des onze dernières années pourraient se poursuivre. Lorsque la conjoncture est difficile, il est important que les investisseurs : 1) adoptent et conservent un horizon de placement approprié compte tenu de leur situation; 2) adhèrent à une stratégie de répartition d'actifs bien conçue et s'ajustent lorsque leur situation change; 3) maintiennent une discipline de rééquilibrage saine qui leur permet de tirer parti de la volatilité des marchés en achetant à faible coût et en vendant à prix fort. Le présent document est une évaluation de la situation du marché à un moment précis et ne constitue pas une prévision d’événements à venir ou une garantie de rendements futurs. Le lecteur ne devrait pas se fier au présent document comme s’il s’agissait de résultats de recherche ou de conseils en placement au sujet des fonds ou d’un titre en particulier. Le présent document ne devrait pas non plus être interprété comme une recommandation quant à l’achat ou à la vente d’un titre (y compris les contrats à terme). 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