pour tout l`or du paillon

Transcription

pour tout l`or du paillon
LUMIÈRES DE VILLE
LUMIÈRES DE VILLE
POUR TOUT L’OR
DU PAILLON
Après l’aménagement du
tramway, terminé en 2008, le
réaménagement du Paillon
est un pas décisif dans la
requalification des espaces
publics du centre-ville de Nice.
Le plan lumière imaginée par
l’agence Coup d’Éclat doit
donner une identité propre à ce
site urbain.
L
’ouverture d’un parc rénové sur le
court du Paillon s’inscrit dans plus de
150 années de rapports tumultueux
de la ville à son fleuve. Le cours d’eau prend
sa source dans les montagnes, à une trentaine de kilomètres au nord de la ville, pour
déboucher dans la mer sur la promenade
des Anglais. Son lit servait d’axe de pénétration vers l’arrière-pays. S’il connut des
crues importantes, elles ne sont plus qu’un
souvenir dans la cité niçoise. Son débit, en
particulier l’été, se réduit à un filet d’eau. La
couverture du Paillon s’est avérée la plus
importante des opérations d’urbanisme et
d’assainissement entreprise par la ville de
Nice après son rattachement à la France en
1860. D’abord pour offrir aux pensionnaires
et propriétaires un panorama plus agréable
que celui d’un oued fétide, ensuite pour créer
des espaces publics, telle la place Massena.
En un peu plus d’un siècle, elle gagna une
esplanade continue de 2,3 km sur une largeur moyenne de 80 mètres, depuis le Palais
des expositions jusqu’à la mer. L’ancien lit
du Paillon devint une sorte de parc équipé,
recevant le casino municipal, puis, à partir
des années 1970, un parking public, une gare
routière, une station-service et des équipements sportifs. Cet ensemble occupait l’emprise de jardins, qui se retrouvèrent sur le
toit des bâtiments : suspendus et difficiles
à entretenir, ils faisaient partie d’un aménagement qui coupait la ville en deux. La gare
routière fut détruite en 2012, et le sol rendu
au jardin, suivant un projet confié au paysagiste Michel Pena avec l’agence Coup d’Éclat
pour la partie éclairage. Les 12 hectares de
nouveaux jardins jouent sur les thèmes de
l’eau et de la verdure, avec des espèces de
plantes provenant de tous les continents.
Une première phase de travaux a été inaugurée en juin 2012, l’achèvement des travaux
fut complet en octobre 2013.
Vue du nouveau jardin. Des traversées automobiles ont été conservées dans le ruban.
Le mobilier urbain est signé par le designer Arturo Erbsman.
26 lux
Photos © Alexis Nollet
CRÉER UNE IDENTITÉ PROPRE
Plan général de l’aménagement. Le jardin occupe l’ancien cours du fleuve le Paillon, croise
la place Massena et débouche sur la Méditerranée par la promenade des Anglais.
La présence d’un concepteur lumière avait
été demandée par la ville dès la phase du
concours : « À l’époque où il n’y avait plus de promenade mais la gare routière, un parking et autres, subsistait une partie de jardin ouvert, avec un éclairage dispensé par des lanternes vieillissantes, installé lors de la création du parc un siècle auparavant. Nous avons voulu un éclairage de qualité, et plutôt que des prescriptions de matériel, nous avons demandé aux équipes qu’elles suggèrent une ambiance particulière », se souvient Miguel
Jaunatre, coordinateur de la coulée verte
à la communauté d’agglomération Nice
Côte d’Azur. Le plan lumière recoupe une
série d’enjeux où image urbaine et écologie
sont mêlées. « Il s’agissait de rétablir un lien lux 27
LUMIÈRES DE VILLE
entre les deux rives de l’ancien fl euve qui ont gardé des caractéristiques spécifi ques malgré la disparition du cours d’eau : la rive sud est plus patrimoniale, quand la rive nord est plus commerçante. L’éclairage des façades, les enseignes, et du contexte viaire sont pris en compte dans l’élaboration du projet », explique Caterina Colle, qui a suivi le projet pour l’agence Coup d’Éclat. La lumière
devait aussi donner une identité propre au
parc, qui le différencie des illuminations de
la promenade des Anglais ou de l’axe JeanMédecin, avenue s’achevant sur la place
Massena. Plutôt que l’éclairement puissant
de ces voies, le projet a prévu une illumination douce, qui puisse offrir un parcours
calme et intime jusqu’à la mer. Ces abaissements de luminosité ne devaient pas
favoriser un sentiment d’insécurité. Sur le
plan écologique, a été privilégié le matériel
présentant une grande efficacité lumineuse,
n’émettant que faiblement des rayons UV et
infrarouges, et évitant l’émission de lumière
au delà de l’horizontale. L’aspect modulaire,
permettant la variation de l’intensité en
fonction des heures d’ouverture du parc
était également recherché.
PAILLETTE D’OR
« Le grand défi du projet lumière est de concilier l’optimisation des flux et connexions viaires, l’apport d’un nouvel usage de loisirs au cœur de la ville et la composition d’une image nocturne séduisante et identitaire », synthétise Caterina
Colle. Une image, celle des paillettes d’or
qui auraient donné leur nom au fleuve, ont
guidé le projet lumière. Au centre du jardin a été mise en place une série d’événements lumineux baptisés « dripping light »
par la conceptrice, « de la même façon que Jackson Pollock laissait couler des gouttes de couleur sur ses toiles, des gouttes de lumière coulent sur le jardin, créant un tableau nocturne. Une représentation même de la ville, dans la ville, qui s’approprie des éléments LUMIÈRES DE VILLE
nocturnes existants pour les modeler, comme l’on modèle les couleurs à l’échelle d’un pinceau et de la toile ». Des taches de
lumière, éventuellement produites par du
matériel de type gobos, soulignent tel ou
tel détail, accompagnent les différentes
séquences mises en place par Michel Pena.
Certaines restent allumées après la fermeture du parc, qui a lieu à 21 heures l’hiver
et 23 heures l’été. Elles contribuent à éviter le sentiment de trou noir autour d’un
parc qui reste encadré par la circulation :
« Nous souhaitions qu’au travers de la clôture transparente se passe quelque chose »,
explique Miguel Jaunatre. Une série de
mâts courbes de trois hauteurs différentes
vient faire l’interface entre le parc et la
ville, donnant un éclairage blanc. Orientés
chacun de façon indépendante, ils offrent
une lumière uniforme sans pour autant
apparaître comme rangés au garde à vous
le long de l’avenue, assurant une transition
douce entre la nature et l’urbain. ON
En bordure du parc, des lampadaires font la jonction entre l’éclairage
du parc et celui des voies publiques. Les mâts sont courbes ; leur
implantation suivant leurs orientations variables permet de
conserver une homogénéité d’éclairement tout en conservant
un aspect foisonnant.
FICHE PROJET
Aménagement de la
promenade du Paillon,
Nice
MAÎTRISE D’OUVRAGE
Ville de Nice et Métropole Nice
Côte d’Azur
MAÎTRISE D’ŒUVRE
Michel Péna – Péna & Peña
Paysagistes DPLG
BET
Fontainerie : Jacky Aguilar – Zekton
/ EGIS France
L’illumination imaginée par l’atelier Coup d’Éclat comprend de nombreux éclairages dynamiques à grande échelle et des points lumineux ponctuels, mystérieux, parfois laissés
allumés après la fermeture du parc qui advient à onze heures les soirs d’été. Des illuminations dynamiques s’étendent sur le théâtre voisin
28 lux
CONCEPTION LUMIÈRE
Atelier Coup d’Éclat
Chef de projet : Catarina Colle
SURFACE
12 hectares
BUDGET
32 millions d’euros dont lumière
2,5 millions
MATÉRIEL UTILISÉ
Esplanade de la Bourgada
- voiries console murale INDAL
- fond de l’esplanade, ponctuel,
façade théâtre, abords mâts et
colonnes de treille TECHNILUM
- arbres encastré de sol PHILIPS
Parc Massena et jardin Albert 1er
- éclairage général du parc mâts
TECHNILUM / encastré de sol LEC
/ balise solaire ECO-INNOV
- édicules barre linéaire LED KKDC
lux 29