Un discret débat autour du port du foulard
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Un discret débat autour du port du foulard
Rédaction l'Objectif 1752 Villars-sur-Glâne 1 026/ 409 72 72 www.lobjectif.ch Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 11'000 Parution: 26x/année u Date: 26.11.2010 N° de thème: 377.4 N° d'abonnement: 1082024 Page: 5 Surface: 112'777 mm² A l'Hôpital cantonal de Fribourg ainsi qu'au Conseil d'Etat Un discret débat autour du port du foulard Révélé par L'Objectif, repris par dit à son personnel le port de « signes l'HFR », disait Anne-Claude Demierre la presse romande, par la radio extérieurs d forte portée symbolique, qu'il et par la télévision, le port du s'agisse de vêtements ou de bijoux. A titre foulard islamique par deux in- d'exemple, les signes revêtant ostensiblefirmières et une femme médecin ment une croyance ou une appartenance à l'Hôpital fribourgeois durant religieuse ne sont pas admis (soutanes, l'exercice de leur fonction a dé- kippas, foulard, etc.) ». La directive du clenché l'ouverture de discrets CHUV « Tenue du personnel & hygiène débats tant au sein de l'hôpital au travail » s'applique à tout collaboqu'au niveau de la direction du rateur, employé ou mandaté par les personnel de l'Etat. à L'Objectif. A l'avenir, il pourrait bien y en avoir. A l'Hôpital fribourgeois, selon médecin chef, un groupe de travail se penche sur cette question de directives, ce que dément toutefois le porte-parole de l'HFR. LA VOIE JURIDIQUE OU CELLE DE LA NÉGOCIATION? Comment le patient qui n'apprécie Hospices-CHUV, travaillant pour son pas les messages religieux des soipropre compte ou pour celui de l'ins- gnants en milieu hospitalier peut-il Forban-Marc Angsiloz titution, indépendamment de son réagir? Anne1arie Bollier, déléguée redaction@lobjectifch taux d'activité. Le paragraphe inti- pour la Suisse romande de l'OrganisaSelon le Tribunal fédéral (TF) et la tulé « Signes extérieurs à forte portée symtion suisse des patients, rappelle que Cour européenne des droits de l'hom- bolique » stipule que «Par respect pour le les lois sanitaires cantonales stipume (CEDH), le port du foulard est un patient, les usagers et les autres membres lent que, pour le patient, la liberté de «symbole religieux forts qui peut avoir du personnel, les collaborateurs ne doivent choix du soignant est restreinte dès un «effet prosélytique ». Et en Turquie, pas porter de signe extérieur à forte portée lors qu'on est en institution: « En ampays musulman mais au régime hic, symbolique ou révélant ostensiblement une bulatoire, j'aurais le choix de ne pas aller personne ne dément cette analyse: le croyance, une appartenance politique ou chez le médecin qui porte une grosse croix port du foulard y était interdit dans les lieux publics, y compris aux étudiantes universitaires, jusqu'à l'arrivée au pouvoir du parti islamo-conservateur en 2008. Aujourd'hui, en Turquie, le foulard islamique est encore interdit dans les administrations religieuse. En outre, les éventuels piercings, ou chez la doctoresse qui porte un foulard tatouages, etc., doivent rester discrets. Les islamique ». Elle estime toutefois que, scarifications (ndlr: tatouages) et autres pour le patient qui est dérangé par la signes visibles sont à proscrire ou doivent tenue du soignant, la voie juridique être portés de manière à ne pas être visibles n'est pas la bonne: «il vaut mieux népendant les heures de travail ». Une vio- gocier, dire qu'on a des sensibilités qui sont lation de la directive expose le con- peut-être exacerbées mais que cela évoque et dans les écoles. Les laïcs, dont l'ar- trevenant aux mesures disciplinaires un certain nombre de choses qui me démée, le considèrent comme un défi prévues par la loi sur lé personnel de rangent, que c'est contre mes convictions, à la laïcité et craignent toute mesure l'Etat de Vaud. Porte-parole du CHUV, etc. ». Le patient qui reconnaît que qui assouplirait son interdiction. Darcy Cluisten précise: «La directive cela est subjectif; qui dit qu'il est déjà LE CHUV ET LES HUG ONT DES DIRECTIVES STRICTES concerne tout ce qui est de nature à mon- mal à l'aise d'être à l'hôpital plutôt trer de manière ostentatoire un message qu'à la maison aura plus de chance la réflexion qui se pose au premier politique ou religieux. Car si ces signes sont d'être entendu et qu'une solution soit niveau n'est pas politique ou re_lig' opposés à la conviction du patient, cela trouvée dit Mme Bollier : « On touche à peut créer un problème relationnel,. des choses très personnelles, très intimes. Il se: elle porte sur la tenue vestimentaire du personnel hospitalier ainsi que sur le respect des sensibilités des patients. A Genève, la directive des hôpitaux universitaires (HUG) inter. vaut mieux entamer des négociations que «Il n'existe aucune directive quant au port monter aux barricades » de signes religieux pour le personnel de LES DROITS DU PATIENT A FRIBOURG: ON DISCUTE Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Réf. Argus: 40741224 Coupure page: 1/4 Rédaction l'Objectif 1752 Villars-sur-Glâne 1 026/ 409 72 72 www.lobjectif.ch Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 11'000 Parution: 26x/année Dominique Sprumont, directeur adjoint à l'Institut de droit de la santé, et professeur à l'Université de Neuchâtel, se réfère à la loi fribourgeoise sur la santé dont l'un des principes de base est, pour le patient, le droit aux soins dans le respect de sa dignité, si possible dans son cadre de vie habituel. Le droit aussi au respect des sensibilités philosophiques, religieuses et autres qui appartient à chacun. L'Hôpital fribourgeois devrait-il adopter la directive des HUG ou celle du CHUV? M. Sprumont rappelle qu'il u Date: 26.11.2010 N° de thème: 377.4 N° d'abonnement: 1082024 Page: 5 Surface: 112'777 mm² Et d'ajouter: « On n'adopte pas des nor- venir systématiquement et de manière resmes pour adopter des nonnes. A Fribourg, à ma connaissance, on n'a pas de problèmes signalés, pas de difficultés particulières. Vous ne pensez pas que les patients préruent que la direction du HFR se concentre sur les activités essentielles plutôt que de produire des nonnes qui ne sont pas indispensables? Les institutions genevoises sont plus grandes, elles ont plus de ressources et ont ainsi pu se pourvoir de cette norme sur les tenues vestimentaires. A Fribourg, on fait des direCtives sem qui est absolument nécessaire. Pour ce qui est souhaitable, on le fait quand on a le temps. Ce qui ne veut trictive, au moindre voile ou crucifix. PEU IMPORTE LE CONTENU... Pour Ale.x Mouron, directeur de l'Ins- titut d'éthique biomédicale de l'Uni- versité de Genève, il ne sert à rien d'envisager les problèmes de coexistence entre croyances sous l'aspect théologique: « La directive des HUG, avec laquelle je suis pleinement d'accord', n'entre pas en matière avec le contenu de telle ou telle religion particulière. Elle estime que les patients sont des personnes en position vulnérable, qu'ils ont droit à des s'agit de directives qui concernent la tenue vestimentaire et qui parlent pas dire que la règle est différente à Fri- protections supplémentaires et que le fait d'afficher des signes ostensibles d'appartedes exigences relatives à la sécurité. bourg qu'à Genève ou Lausanne ». nance religieuse peut être considéré comme « C'est important de souligner cela, car on Si Fribourg édicte une règle, elle sera une agression, un abus de pouvoir et n'a pourrait donner le sentiment que les HUG donc la même que dans les hôpitaux passa place chez les professionnel% chez les ou le CHIN ont fait une directive spéciale universitaires romands? « Globalemembres et employés des HUG qui dive> pour les questions religieuses. Or les ques- ment, je ne vois pas comment Fribourg sent des soins ». tions religieuses ne concernent que l'une pourrait faire différemment. Leurs règles Peut-on généraliser ce point de vue des cinq questions abordées parmi, les rè- me paraissent tout àfait raisonnables, resà l'ensemble de la Suisse? « A Genève, gles spécifiques. Elles ne figurent pas dans pectueuses aussi bien des patients que des cette position paraît particulièrement les règles générales. D'ailleurs, le fait que droits des professionnels de la santé. Elles justifiée et s'inscrit dans une tradition de l'établissement soit laie ou pas n'est pas tel- n'ont rien de choquant ou de problématilaïcité affirmée de façon plus nette que lement important. L'important, c'est d'of. que d'un point de vue juridique. » dans d'autres cantons. A titre personnel, frir aux patients des soins dans les règles Le professeur n'omet pas de soulije pense que c'est la bonne solution, et pas de l'art et dans le respect de leur dignité. » gner d'autre part que les soignants, seulement pour Genève. Ce qui est politi- FRIBOURG COMME GENÈVE qu'ils aient ou non des convictions Les règles sont-elles différentes entre religieuses, ont aussi des droits. Et Genève et Lausanne 'd'une part, et qu'à partir de là, « il faut faire une peFribourg et d'autres hôpitaux canto- sée d'intérêts. S'assurer qu'on donne aux naux d'autre part? « Non, les hôpitaux patients une image professionnelle crédiuniversitaires romands ont formalisé une' ble, rassurante, et qu'on évite tout ce qui pratique qui, à Fribourg, n'est pas diffé- pourrait perturber cette image de manière rente. En tant que juriste qui a collaboré à l'adoption de la loi sur la santé du canton de Fribourg comme celle du canton de Genève, je constate que les mêmes règles fondamentales s'appliquent dans les établissements sanitaires. Dans les deux cantons, la loi sur la santé est quasiment identique en ce qui concerne les droits des patients et les obligations des professionnels de la santé. » quement possible dans d'autres cantons sera évalué en fonction de l'histoire de la figure publique du religieux, qui defere passablement d'un canton à l'autre », nous dit Alex Mauron, qui, d'origine fribourgeoise, connaît bien l'histoire de notre canton. (jma) disproportionnée et qui ne soit pas absolument indispensable. Dans ces directives, Il n'y a rien qui s'oppose à Ja liberté religieuse des personnes concernées: on leur demande simplement que, lorsqu'elles ont des convictions religieuses fortes, celles-ci n'apparaissent pas de manière ostensible dans leur activité. Ces règles permettent de s'adapter aux circonstances et n'impliquent pas, en particulier, de devoir inter- Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Réf. Argus: 40741224 Coupure page: 2/4 Rédaction l'Objectif 1752 Villars-sur-Glâne 1 026/ 409 72 72 www.lobjectif.ch Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 11'000 Parution: 26x/année u Date: 26.11.2010 N° de thème: 377.4 N° d'abonnement: 1082024 Page: 5 Surface: 112'777 mm² COMMENTAIRE Les patients Ia d'abord , directive des hôpitaux la puissance symbolique de A l'époque où certains s'en L'universitaires de Genève et de Lausanne est stricte: le personnel ne porte pas de signes extérieurs à forte portée symbolique, qu'il s'agisse de vêtements ou de bijoux. Soutanes, kippas, foulards, etc., ne sont l'image à tel point que cer- prennent aux croix sur les mon- moutons blancs qui expulsent un mouton noir...Sur le lieu de travail, le droit à l'expression de ses convictions personnelles est donc, pour le personnel la politique et des religions. tains éthiciens n'hésitent pas à tagnes, où d'autres au contraire parler d'abus de pouvoir lorsqu'un soignant inflige au patient, ne fût-ce que par la vue, des symboles forts, politiques prônent la multiplication des ou religieux notamment. reprocher aux autorités de réaf- crucifix dans des espaces publics ou le port sans réserve du voile islamique, qui pourrait pas admis durant le service. Dans les hôpitaux de haut ni- firmer le devoir de réserve au Pas question non plus de por- veau les professionnels, qui sein du personnel de l'Etat de ter la casquette du syndicat, sont au service exclusif de la Fribourg qui doit se montrer l'emblème du Che Guevara ou médecine et du patient, ne doile T-shirt d'une affiche avec des vent pas alimenter un forum de confessionnellement et politiAu vu de l'histoire du canton, l'Hôpital fribourgeois doit-il se montrer plus « cool » ou plus quement neutre? Jean-Marc An éloz libéral envers son dévoué personnel soignant que les hôpiC'est que le patient et le per- taux universitaires? Doit-il, à la sonnel hospitalier n'ont pas la demande de ses employés les même liberté de manifestation plus engagés ou militants, faire de leurs croyances. Le patient a une différence entre la propale droit de les exprimer, et il ne gande religieuse et la propadoit subir aucune discrimination gande politique? La réponse fondée sur son appartenance ne se situe pas seulement sur le religieuse. Le personnel doit, au plan médico-hospitalier, mais contraire, respecter une stricte aussi au niveau de la loi dans la neutralité, au point que les pa- mesure où le personnel méditients ne doivent pas être tenus cal, qui fait partie du personnel au courant des convictions reli- de l'Etat de Fribourg, est soumis au devoir de réserve attendu de gieuses de leurs soignants. Dahs les hôpitaux, - le patient chaque collaboratrice et collaest, par définition, en situation borateur. de dépendance, voire de fragisoignant, très restreint. lité, de faiblesse physique ou psychique. Il a droit à un égard particulier, à être protégé de Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Réf. Argus: 40741224 Coupure page: 3/4 Date: 26.11.2010 Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 11'000 Parution: 26x/année N° de thème: 377.4 N° d'abonnement: 1082024 Page: 5 Surface: 112'777 mm² u Rédaction l'Objectif 1752 Villars-sur-Glâne 1 026/ 409 72 72 www.lobjectif.ch Le Gouvernement sera invité à se pencher sur la question Le chef du Service du personnel et d'organisation de l'Etat de Fribourg, Marlcus Hayoz, rappelle que le devoir de réserve des employés d'Etat leur demande, lorsqu'ils sont exposés au public, de s'abstenir dupaiter des signes politiques, religieux ou autres n'ekis*e vo$seuleineflltftice au public, mais à adopter seront vraisemblablement données à l'ensemble du .personnel: .tje pense qu'ire nécessaire de dire clairement l'administration et l'administré qu'entre .1é!PéestilUiét.ét lé:::rnent:il faut faire en sorS te que le port de 'signes ne Olt. de problèmes, sié complications ou. .traves à la bonne entente ou à la cohésion: Cela veut dire que le personnel doit s'abstenir de porter de tels signes, qu'il s'agisse du pull d'un parti politique, d'un foulard islamique ou autre. On ne doit pas être gêné au-delà du problème à résoudre entre l'administration et le bénéficiaire de 1.1" 'et* On phi; détaillées, le directeur des Finances. Glande Lâsser, portera la question au Conseil d'Etat. prestations car finalement cela fait des « Nous prendrons les mesures d'infortnation nécessaires », dit M. Hayoz. frais, soit de nature financière, soit de nature psychologique. C'est le devoir de réserve, le devoir de respect et la neutralité des attitudes qui sont attendus du person- Les employés du Réseau hospitalier nel de rEtat », dit le chef du Service du et des autres établissements d'Etat sont-ils soumis aux mêmes règles que le personnel administratif inter- de Fribourg. (Obj) personnel et d'organisation de l'Etat ne de l'Etat? 'En principe oui, ils sont tous soumis d la loi sur le personnel de /Etat (LPers) sur ce point, dit M. Hayoz, rappelant cependant que pour les enseignants, une directive leur interdit déjà le port du voile pendant l'exercice de leurs fonctions. » « LE PERSONNEL DE L'ÉTAT DOIT S'ABSTENIR DE PORTER DE TELS SIGNES » Des directives plus précises sur les attitudes, comportements et tenues Alex Mauron, Dominique directeur de l'Ins- Sprumont, Markus Hayoz, Bolli 'éléguée chef du Service du titut d'éthique biomédicale de directeur adjoint de l'Organisation personnel et orgaà l'Intitut de droit suisse nisation de l'Etat des patients. l'Université (GE). de la santé. de Fribourg. Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Réf. Argus: 40741224 Coupure page: 4/4