Discours du consul honoraire de Hongrie le 14 septembre 2012

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Discours du consul honoraire de Hongrie le 14 septembre 2012
Votre Excellence, Monsieur l’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire
de Hongrie,
Monsieur le Sous-Préfet d’Aix-en-Provence,
Monsieur le Député des Bouches-du-Rhône, Président du Conseil Régional de
Provence-Alpes-Côte d’Azur,
Monsieur le Sénateur des Bouches-du-Rhône, Président du Conseil Général
des Bouches du Rhône,
Monsieur le Sénateur des Bouches-du-Rhône, Maire de Marseille,
Madame le Maire d’Aix-en-Provence,
Madame le Maire d’Avignon,
Monsieur le Maire de Gordes,
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des services de l’Etat,
Monsieur le Doyen du Corps consulaire,
Mesdames et Messieurs les représentants du Corps consulaire,
Chers amis, hongrois, français et d’ailleurs.
Vous ne serez pas étonnés que je rende hommage à mes grands-parents sans
lesquels la Hongrie ne serait pas présente en moi, depuis si longtemps.
Mon grand-père, Viktor VASARHELYI, dit VASARELY, aurait sans aucun doute
grandement apprécié d’être parmi nous ce jour tant son pays d’origine lui était
cher. Et tant sans doute, il aurait aimé et aurait été fier que la France et la
Hongrie puissent se retrouver ainsi représentées dans un membre de sa
famille.
VASARELY n’a jamais quitté sa langue maternelle, tout au long de sa vie
française, de 1930 (son arrivée à ARCUEIL) à 1997 (son décès à PARIS).
Né à PECS le 9 avril 1906 et décédé à PARIS le 15 mars 1997, « Gyözö »,
comme son épouse, ses deux fils et moi-même l’appelions affectueusement,
aimait parler de l’attachement qu’il avait pour la Hongrie et pour sa ville natale
dont il connaissait si bien l’histoire.
A titre anecdotique, ses souvenirs de petit garçon sont rappelés dans un
ouvrage qu’il a publié en 1979 « Vasarely Plasticien », aux Editions Robert
Laffont :
« …De ma petite enfance, il me reste avant tout des impressions
visuelles, un peu comme des instantanés, des photographies de la
mémoire.
Je suis venu au monde dans la ville de Pécs, et je me souviens très bien
de la cour devant notre maison, et qui me paraissait immense…
J’aimais beaucoup l’architecture de la ville, une sorte de baroque
oriental tout en jaune et chrome foncé ; elle était animée, comme c’est en
général le cas pour les villes universitaires.
A ce titre, elle me rappelle un peu Aix-en-Provence.
J’avais quatre ans lorsque nous avons quitté Pécs …».
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Je me souviens alors que je l’accompagnais à PECS en 1987, de sa joie intense
à parcourir les ruelles jouxtant son musée, inauguré en 1976 ; la même année
d’ailleurs où était inaugurée sa Fondation à AIX-EN-PROVENCE.
Sa nostalgie d’alors alimentait en moi un désir persistant de double
appartenance et de retour aux sources.
Quelques jours plus tard, avec Claire, ma grand-mère, nous inaugurions avec
lui son musée de BUDAPEST. Un menu spécial avait été préparé à l’occasion
du dîner : goulash, poivrons farcis, foie gras hongrois, körözött. Le sang du
taureau « Egri Bikavér» coulait à flot, les musiciens déversaient leurs
musiques tsiganes. VASARELY évoquait le rôle essentiel d’Alexandre
BORTNYIK, son maître au MUHELY (Bauhaus de BUDAPEST dont VASARELY
a suivi les cours de 1928 à 1930)), sur sa carrière de plasticien mais également
ses thèmes de prédilection : la politique, la religion, le jazz, les échecs, la
pétanque, les femmes, la grande époque de l’équipe de football de PUSKAS, …
Vinrent ensuite les premières danses (csardas, Charleston), les discours en
hongrois et l’Internationale chantée en hongrois, le verre le Tokay « 6
Puttonyos » à la main.
Les officiels français et hongrois étaient médusés.
De tout cela Victor VASARELY était fier.
Depuis toujours, je revendique et assume, consciemment ou inconsciemment,
cet héritage.
Il y a un peu plus de deux ans, alors que j’étais le Parrain de PECS2010,
capitale européenne de la culture, Catherine FEIDT, Consul honoraire de
France à PECS, me demanda d’envisager de devenir le représentant de la
Hongrie dans la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ; je dois avouer, au-delà
de ma surprise, de ma totale ignorance de ce que recouvrait cette fonction de
Consul honoraire et plus encore sur ma capacité à être le digne représentant
de la Hongrie dans notre région. Je ne suis d’ailleurs toujours pas certain d’en
mesurer ni toutes les dimensions ni tous les risques…
Ceci dit, la Hongrie ne m’est pas totalement étrangère et mon appétit de
l’inconnu et du risque ne vous est pas inconnu !
J’eus l’occasion, en 2003 de faire un voyage initiatique en Hongrie avec ma
femme et mes enfants. A partir de BUDAPEST, où nous logions chez mon ami
Miklos, et après avoir traversé l’Italie et l’Autriche en voiture, nous avions
sillonné tout le pays : allant à TOKAJ, A GYÖR, A KECSKEMET, AU LAC
BALATON, A SZEGED, A EGER, A PECS. C’était l’été et l’occasion de découvrir
pour Ugo, notre jeune fils, les bains « cramants », les fameuses sources
thermales chaudes, que nous fréquentions de villes en villages. Sensation
pour moi, au-delà de la découverte, d’être un peu chez moi.
Je revins plus officiellement en Hongrie, à PECS plus particulièrement, en
septembre 2006 invité à inaugurer la restauration de la sculpture monumentale
VASARELY en céramique de ZSOLNAY.
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C’est à partir de cette date que je retournais de façon régulière tant à
BUDAPEST qu’à PECS, notamment aux deux musées VASARELY.
Depuis 2008 des accords de coopération ont été signés entre les Universités
de droit, les Ecoles Supérieures d’Art, les lycées d’AIX-EN-PROVENCE et de
PECS. De nombreux échanges sont organisés régulièrement , notamment dans
le cadre de la semaine de la francophonie organisée à PECS. Jeunes et moins
jeunes hongrois et français peuvent ainsi se retrouver chez eux, d’une certaine
façon, de part et d’autre d’une frontière qui s’estompe.
Au-delà des clichés, volontairement réducteurs, de ma description du fameux
dîner de 1987 qui faisait se rapprocher la France à la Hongrie (vins, foie gras et
gastronomie), il existe une autre Hongrie, beaucoup plus profonde dont
l’histoire porte encore les cicatrices des combats acharnés qu’elle a menés
pour préserver son indépendance et son identité nationale, puisant dans la
prodigieuse énergie dont elle est capable face à l’adversité.
Je voudrais d’ailleurs reprendre quelques mots émouvants de ce grand poète
populaire Sandor PETÖFI, intitulé : « Je suis hongrois. »
« Je suis hongrois ; profonde est ma nature,
comme le sont les notes graves de nos violons.
Si parfois un léger sourire détend mes lèvres,
Jamais je ne m’abandonne aux fous rires.
Le plaisir suprême qui se lit dans mes yeux brillants
S’accompagne souvent d’une larme silencieuse.
Avec sérénité, je supporte toute peine,
Et ne veux pas surtout que l’on me plaigne… ».
Au-delà de ces pensées personnelles et attribuées, je voudrais, Monsieur
l’Ambassadeur, cher Laszlo, vous remercier sincèrement et amicalement, ainsi
que Laszlo NIKICSER, votre prédécesseur, pour la confiance que vous
m’accordez aux côtés de celle de l’Etat français par cette nomination en tant
que Consul honoraire et pour être surtout, au-delà de l’accueil de vos
compatriotes, un correspondant officiel de votre pays.
Ce Pays, carrefour entre l’Union Européenne et l’Europe centrale et orientale,
sans accès à la mer, a des frontières avec 7 pays.
La Hongrie est intellectuellement homogène, avec une tradition scientifique et
culturelle forte.
Ce n’est pas un hasard si votre pays compte 13 « Prix Nobel » et si, au 20ème
siècle, Bela BARTOK, en précurseur et en serviteur constant de la Hongrie,
recueillant les chansons folkloriques, paysannes et de terroir, créera une
musique hongroise novatrice, reconnue et adoptée par l’Europe occidentale.
Cela fera bientôt 10 ans, le 1er mai 2004, que la Hongrie a adhéré à l’Union
Européenne. Ce moment historique où l’Est a rejoint l’Ouest a permis à la
Hongrie de reprendre toute sa place parmi les nations européennes.
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Au plan économique la France se situe au 5ème rang des investissements
étrangers en Hongrie et y compte plus de 350 implantations représentant plus
de 60.000 emplois.
Les jumelages existants témoignent également de l’attachement réciproque
entre nos deux pays.
La Ville d’AIX-EN-PROVENCE ne vient-elle pas de signer en 2011 des accords
de collaboration avec la Vile de PECS. Le département de Vaucluse n’est-il pas
lié également au département du BARANYA ?
La Hongrie, idéalement placée au cœur de l’Europe centrale est un pays voisin
puisqu’il suffit de deux heures pour s’y rendre (au départ de PARIS) alors
qu’en pratique, et je le vis quasiment chaque semaine, il faut trois heures pour
se rendre de MARSEILLE à PARIS… en train !
Vous verrez qu’un jour s’ouvrira une ligne MARSEILLE – BUDAPEST !…
Je voudrais de nouveau vous remercier, Monsieur l’Ambassadeur, ainsi que
Messieurs Laszlo NIKICSER, votre prédécesseur, Sándor TARI, Ministre
Plénipotentiaire, Chef de Section Consulaire, et Miklos NOTT, son
prédécesseur, vous qui m’avez permis depuis de nombreux mois de me
préparer, au moins sur le plan formel, à cette tâche de Consul honoraire.
Merci à Madame Krisztina DOOR-TRÓCSÁNYI, votre épouse.
Merci à Madame Catherine FEIDT, ancien Consul honoraire de France à PECS.
Merci à Monsieur Roland NICOLIN, Consul honoraire de Hongrie à TOURS,
mon collègue et parrain,
Merci à Messieurs Zsolt PAVA, Maire de PECS, et à Peter TASNADI, son
prédécesseur, aujourd’hui décédé,
Merci à toutes celles et à tous ceux qui se reconnaîtront, qui, à mes côtés, ont
œuvré au développement des relations culturelles, touristiques, universitaires
et économiques entre les villes de PECS et d’AIX-EN-PROVENCE.
Merci à titre posthume à GYÖZÖ et BONZI, mes grands parents, et à YVARAL,
mon père, qui m’ont fait appréhender, à leur façon, la langue et la culture
hongroises et ce je-ne-sais-quoi inscrit au fond de moi et que je peux exprimer
en ce jour.
Merci à ma mère, GENEVIEVE, et à mon oncle, ANDRE, aujourd’hui présents.
Un énorme merci à mon épouse CAROLINE, à mes fils UGO et TEO, à
CLEMENTINE et ARNAUD avec qui je souhaite partager cette nomination.
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Merci enfin à vous tous pour votre présence ce soir, membres du monde
culturel, politique et économique, amis de divers horizons, vos paroles, votre
présence, sont autant d’accompagnements que je reçois avec amitié, bonheur
et fierté.
Comptez, Monsieur l’Ambassadeur, Cher Laszlo, sur mon engagement à mieux
comprendre, à accompagner et à servir votre pays et votre nation. J’apporterai
la réserve nécessaire à l’exercice de la mission que vous m’avez confiée. Dans
le même temps, comptez sur ma disponibilité à développer avec votre pays et
les départements des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse les relations
économiques et culturelles et bien sûr à porter l’image de votre pays au sein
de notre belle Région.
Je vais vous lire maintenant un petit poème en hongrois : merci à nos amis
hongrois de leur indulgence et bonne compréhension !
Kölcsey Ferenc : Huszt
Bús düledékeiden, Husztnak romvára megállék;
Csend vala, felleg alól szállt fel az éjjeli hold.
Szél kele most, mint sír szele kél; s a csarnok elontott
Oszlopi közt lebegő rémalak inte felém.
És mond: Honfi, mit ér epedő kebel e romok ormán ?
Régi kor árnya felé visszamerengni mit ér ?
Messze jövendővel komolyan vess öszve jelenkort;
Hass, alkoss, gyarapíts: s a haza fényre derűl !
Mesdames et Messieurs, je vous remercie.
Avant de lever nos verres à la Hongrie, à la France, à notre Région et à AIX-ENPROVENCE, je voudrais donner la parole à Enikö SOMBRIN qui va vous parler
des festivités qui ont eu lieu à la Fondation avant les discours et vous
annoncer le programme du cocktail !
Un grand merci donc à Enikö ainsi qu’à Ildikö VIRAG-PATOCS, Présidente de
l’Association Hongroise de Provence, pour le soutien logistique apporté à
l’occasion de l’organisation de cette soirée.
Fondation Vasarely - Aix-en-Provence, le 14 septembre 2012.
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